Réaction du collectif périgord occitan au rejet par les députés socialistes d'une loi préservant les langues régionales
1. La République n’était pourtant pas en danger !
Cela aurait pu passer inaperçu, mais à l’heure d’internet et des réseaux sociaux …
Dans la nuit de jeudi à vendredi 15 janvier, le député Paul Molac a soumis une loi offrant enfin
une protection aux langues régionales de France, suite au refus par les sénateurs de ratifier la Charte
Européenne des langues régionales (charte ratifiée déjà par tous les pays de l’Europe à l’exception de
la France et de la Grèce). La démocratie française étant ce qu’elle est, seuls 24 députés présents sur
577 ont décidé du sort de l’ensemble des langues historiques de France, dont la langue occitane
parlée en Périgord par un quart de la population et comprise par la moitié de ses citoyens.
Le texte des députés écologistes porté par Paul Molac n’était pourtant pas révolutionnaire. Il
voulait simplement que l’enseignement immersif (calandreta, diwan, bressolas, etc) soit protégé,
reconnu et financé; que l’enseignement public bilingue puisse se développer; que ces langues
régionales soient visibles et présentes dans la signalétique, que ce soit sur les routes mais aussi dans
les lieux publics comme les gares. Et enfin que l’on puisse voir davantage de programmes en langues
régionales sur les médias de service public. Rien de nouveau sous le soleil donc puisque c’est à peu
près ce que tous les futurs présidents depuis 1981 promettent aux militants défenseurs des langues
régionales, mais qu’ils se gardent bien de mettre en place une fois élus.
Le pire est que ce vote s’est fait légalement mais dans un déni complet de démocratie et de
respect des valeurs dont nos dirigeants nous abreuvent à longueur de médias : seulement 10
députés Socialistes Républicains et Citoyens étaient présents mais 4 « absents » ont donné leur
délégation (cette pratique de délégation de votes, pourtant interdite par le nouveau règlement
semble encore permise dans certains cas...). 4 délégations PS dont celles de Pascal Deguilhem et
Pascal Terrasse, deux députés qui ne manquent jamais d’afficher leur soutien à langue d’oc ont fait
pencher la balance de l’autre côté. Sachant que la majorité en faveur du « non » s'est jouée à une
seule voix ! Jusqu’où pourra aller la solidarité de ces députés à un parti qui nie et bafoue leurs
convictions les plus affichées dans leurs circonscriptions ?
Le mépris répété par le gouvernement actuel pour les 6 millions de locuteurs d’une langue
historique de France de métropoles et pour tous ceux qui habitent dans les DOM TOM n’est plus
acceptable.
Nous ne pouvons plus accepter de voir notre Premier Ministre déclarer d’un coup de menton
qu’il n’existe qu’une seule et unique langue en France alors qu’il va se prêter complaisamment à des
interviews en langue catalane à Barcelone.
Nous ne pouvons plus accepter qu’au nom de la lutte contre le communautarisme nos
sénateurs ou nos députés rejettent systématiquement toute proposition de loi qui permettrait de
sécuriser l’avenir de nos langues et leur offrirait la possibilité d’être transmises aux jeunes
générations sans risquer de disparaître de l’enseignement publique, comme ce fut le cas lors des
trois dernières réformes qui ont eu lieu ces 15 dernières années. Les locuteurs de langue bretonne,
de langue basque ou de langue occitane ne sont pas des communautaristes ! Ils font partie des
peuples qui constituent la nation française, comme autant de parties indiscociables d'un même
corps. Ils n'ont jamais menacé l'unité de la France mais contribuent à sa force, sa richesse et son
rayonnement. Les enfants qui apprennent les langues régionales en classes immersives, en classes
bilingues publiques ou en option n'appartiennent pas à des sectes fondamentalistes. Ce sont les
enfants du peuple des régions où sont enseignées ces langues sans distinction d’origine, de couleur,
de sexe, de religion. Nous ne pouvons plus accepter des amalgames qui ne sont donnés que pour
pouvoir gagner du temps en laissant chaque jour mourir un peu plus nos langues.
Si la langue française donne corps à la nation française nous réaffirmons que les langues
régionales, les « petites patries » comme les appelaient si bien Jean Jaurés, sont son âme. Elles
2. offrent à notre pays une grande part de son originalité et de sa richesse culturelle qui fait de la
France un pays unique au monde.
Depuis ce vote honteux, les commentaires des membres des 44 associations qui composent le
Collectif Périgord Occitan, soit 2267 militants répartis sur l’ensemble du Périgord, n’ont de cesse
d’arriver et il sont extrêmement agacés, voir « esrufits » par autant de mépris de la part des députés
socialistes et apparentés qui avec leurs seules 14 voix ont fait capoter une loi somme toute très
modeste dans ses ambitions mais fondamentale pour la pérennité et le développement des langues
historiques de France. Et ce sentiment de trahison ne se limite pas à la Dordogne puisque de toute la
France, du Languedoc, de la Bretagne, du Pays Basque, des voix se font déjà entendre pour dénoncer
cette tartufferie.
Les discours de tribunes de suffisent plus, le Collectif Périgord Occitan demande donc
officiellement à nos quatre députés de Dordogne, qui avaient jusqu’à présent toujours pris fait et
cause pour les langues régionales :
d'expliquer les raisons de leur vote négatif (Pascal Deguilhem) ou de leur non-vote (
Colette Langlade et Germinal Peiro) sur le texte de loi proposé par le député Paul
Molac le 15 janvier 2016.
d’être rapidement les porteurs d’une loi équivalente à celle du député Paul Molac qui
vient d’être rejetée par seulement 14 voix contre 13 à l’assemblée nationale dans le
plus grand mépris de la démocratie et des citoyens qui délèguent leur pouvoir aux
députés et sénateurs.
Le Collectif Périgord Occitan remercie par ailleurs Madame Brigitte Allain, députée de la 2ème
circonscription, qui en votant en faveur de la loi, a montré le respect de ses engagements auprès de
ses électeurs et la constance de ses convictions.