1. Transforming Europe: WWI and Its Consequences 1918 - 2018
Lisez les poèmes sélectionnés et faites les exercises
1. Quels poèmes créent-ils une image positive et lequels négative?
Positive Négative
2. Notez dix mots liés à la guerre qu’on peut trouver dans les poèmes
3. Quel est l’image de la guerrecréée par Apollinaire?
4. Comment les autres oeuvres présentent-ils l’image de la guerre?
2. Transforming Europe: WWI and Its Consequences 1918 - 2018
5. Quelles collocations sont juxtaposés dans les poémes?
COLLOCATIONS
POSITIVES NÉGATIVES
6. Et pour toi, quel auteur est plus proche en décrivant la 1ère Guerre Mondiale? Que lest ton image
personelle?
Les Oeuvres:
Guillaume Apollinaire Le Départ, Carte postale, La France
Albert-Paul Granier, Haïr
Emile Verhaeren, Au Reichtag
3. Transforming Europe: WWI and Its Consequences 1918 - 2018
Émile VERHAEREN
Au Reichstag
On m'affirmait :
" Partout où les cités de vapeurs s'enveloppent,
Où l'homme dans l'effort s'exalte et se complaît,
Bat le coeur fraternel d'une plus haute Europe.
De la Sambre à la Ruhr, de la Ruhr à l'Oural,
Et d'Allemagne en France et de France en
Espagne
L'ample entente disperse un grand souffle
auroral
Qui va de ville en plaine et de plaine en
montagne.
Ici le charbon fume et là-bas l'acier bout,
Le travail y est sombre et la peine y est rude,
Mais des tribuns sont là dont le torse est debout
Et dont le verbe éclaire au front les multitudes.
Aux soirs d'émeute brusque et de battant tocsin,
Quand se forme et grandit la révolte brutale,
Pour qu'en soient imposés les voeux et les
desseins
Leurs gestes fulguraux domptent les capitales.
Ils maîtrisent les Parlements astucieux
Grâceà leur force franche, ardente et
réfractaire,
Ils ont le peuple immense et rouge derrière eux
Et leur grondant pouvoir est fait de son
tonnerre.
Leurs noms sont lumineux de pays en pays ;
Dans les foyers où l'homme et la femme
travaillent,
Où la fille est la servante des plus petits,
Leur image à deux sous s'épingle à la muraille.
On les aime : ne sont-ils point simples et droits,
Avec la pitié grande en leur âme profonde ?
Et quand s'étend en sa totale ampleur leur voix,
Ne couvre-t-elle point de sa force le monde ? "
Et l'on disait encor :
" Eux seuls tissent les rets où sera pris le sort.
Qu'un roi hérisse un jour de ses armes la terre,
Leur ligue contre lui arrêtera la guerre. "
Ainsi
S'abolissait l'effroi, le trouble et le souci
Et s'exaltait la foi dans la concorde ardente.
La paix régnait déjà, normale et évidente
Comme un déroulement de jours, de mois et
d'ans.
On se sentait heureux de vivre en un tel temps
Où tout semblait meilleur au monde, où les
génies
Juraient de le doter d'une neuve harmonie,
Où l'homme allait vers l'homme et cherchait
dans ses yeux
On ne sait quoi de grand qui l'égalait aux Dieux,
Quand se fendit soudain, en quelle heure
angoissée !
Cette tour où le rêve étageait la pensée,
Ce fut en août, là-bas, au Reichstag, à Berlin,
Que ceux en qui le monde avait mis sa foi folle
Se turent quand sonna la mauvaise parole.
Un nuage passa sur le front du destin.
Eux qui l'avaient proscrite, accueillirent la
guerre.
La vieille mort casquée, atroce, autoritaire,
Sortit de sa caserne avec son linceul blanc,
Pour en traîner l'horreur sur les pays sanglants.
Son ombre s'allongea sur les villes en flammes,
Le monde se fit honte et tua la grande âme
Qu'il se faisait avec ferveur pour qu'elle soit
Un jour l'âme du Droit
Devant l'audace inique et la force funeste.
Aux ennemis dont tue et ravage le geste,
Il fallut opposer un coeur qui les déteste ;
On s'acharna ensemble à se haïr soudain,
Le clair passé glissa au ténébreux demain,
Tout se troublait et ne fut plus, en somme,
Que fureur répandue et que ragedardée ;
Au fond des bourgs et des campagnes
On prenait peur d'être un vivant,
Car c'est là ton crime immense, Allemagne,
D'avoir tué atrocement
L'idée
Que se faisait pendant la paix,
En notre temps,
L'homme de l'homme.
4. Transforming Europe: WWI and Its Consequences 1918 - 2018
Albert-Paul Granier
Haïr
Ô vous, les doux rêveurs, mes frères,
les caressants charmeurs de songe,
vous, les chevaucheurs de chimères,
pacifiques héros dont l'âme s'éparpille
en frissons volatils, sur l'univers,
ô les adorateurs d'étoiles,
il nous faut laisser fuir la danse ensorcelante
des magiques envols de rêves chatoyants,
le calme exubérant des chambres bienveillantes,
la quiétude des reflets, dans les miroirs,
la caresse dorée de la lampe attentive,
- ô la douceur des soirs, sous l'abat-jour,
à faire luire et miroiter, dans le silence,
comme une femme qui regarde des bijoux,
les vers fluorescents dans l'écrin blanc des livres,
ô les nuits fébriles de Pensée ivre,
penchés sur des poèmes,
comme un orfèvre ciselant des pierreries.
Tout ! Il faut tout laisser derrière nous,
- ô nous, les butineurs d'Idées -
il faut tendre nos volontés,
vieux arcs depuis longtemps lassés,
et darder, darder la Haine !
Haïr ! Haïr ! mot dur à l'âme !
Haïr, il nous faut haïr !
Haïr jusqu'à l'enthousiasme !
5. Transforming Europe: WWI and Its Consequences 1918 - 2018
Guillaume Apollinaire
La France
Poète honore-là
Souci de la Beauté non souci de la Gloire
Mais la Perfection n’est-ce pas la Victoire
Ô poètes des temps à venir ô chanteurs
Je chante la beauté de toutes nos douleurs
J’en ai saisi des traits mais vous saurez bien mieux
Donner un sens sublime aux gestes glorieux
Et fixer la grandeur de ces trépas pieux
L’un qui détend son corps en jetant des grenades
L’autre ardent à tirer nourrit les fusillades
L’autre les bras ballants porte des seaux de vin
Et le prêtre-soldat dit le secret divin
J’interprète pour tous la douceur des trois notes
Que lance un loriot canon quand tu sanglotes
Qui donc saura jamais que de fois j’ai pleuré
Ma génération sur ton trépas sacré
Prends mes vers ô ma France Avenir Multitude
Chantez ce que je chante un chant pur le prélude
Des chants sacrés que la beauté de notre temps
Saura vous inspirer plus purs plus éclatants
Que ceux que je m’efforce à moduler ce soir
En l’honneur de l’Honneur la beauté du Devoir
17 décembre 1915
6. Transforming Europe: WWI and Its Consequences 1918 - 2018
Guillaume Apollinaire
Le Départ
Et leurs visages étaient pâles
Et leurs sanglots s’étaient brisés
Comme la neige aux purs pétales
Ou bien tes mains sur mes baisers
Tombaient les feuilles automnales
Carte postale
Je t’écris de dessous la tente
Tandis que meurt ce jour d’été
Où floraison éblouissante
Dans le ciel à peine bleuté
Une canonnade éclatante
Se fane avant d’avoir été