1. QUEL SPORT POUR QUEL ENFANT ?
Robert Elbaum
Orthopédie et traumatologie pédiatrique
C.H.I.R.E.C Orthopaedic Group
Clinique Edith Cavell
Hôpital Universitaire Erasme
Bruxelles
Introduction
Le sport a considérablement évolué parmi nos jeunes ces vingt dernières. Non seulement en
quantité mais également en intensité.
Cependant, faire du sport n’est pas sans conséquence. Et dans certains cas, l’enfant ou
l’adolescent en paiera le prix fort. Notamment, le sujet jeune en pleine période de croissance.
Sa maquette ostéo-cartilagineuse n’est pas toujours apte à subir des contraintes mécaniques
aussi importantes que celles subies par un adulte normalement constitué.
Lors de nos consultations, nous sommes confrontés depuis un certain nombre d’années, à un
accroissement inquiétant de pathologies liées à une pratique sportive de plus en plus intensive
chez nos jeunes patients. Un grand nombre de ces lésions sont liées à des contraintes
mécaniques répétées sur un squelette en croissance. Ces lésions appelées « pathologie de
surcharge »peuvent survenir chez des patients de plus en plus jeunes et touchent actuellement
indifféremment les garçons que les filles.
Les localisations sont multiples, mais le genou représente une des articulations la plus
fréquemment touchée. Ainsi, les ostéochondroses et tendinopathies d’insertion (maladie
d’Osgood-Schlatter, maladie de Sinding-Larsen, tendinite de la patte d’oie …), les
chondropathies fémoro-patellaires, les ostéochondrites représentent une cause de consultation
très fréquente et de motifs d’incapacité.
Par ailleurs, les lésions méniscales ou ligamentaires chez le sujet jeune sont également de plus
en plus fréquentes. Elles sont probablement liées à leur diagnostic plus précoce grâce à
l’imagerie par résonnance magnétique mais aussi et surtout à l’intensité de la pratique sportive
que nous ne connaissions pas il y a plus d’une vingtaine d’années.
Cependant, comme l’a reconnu l’OMS (1), l’activité physique et donc le sport en
particulier représente un moyen de se défendre contre un grand nombre de maladies,
notamment les pathologies cardio-vasculaires, l’obésité voire même la dépression et la
pratique du sport chez le sujet jeune lui permet de développer ses capacités physiques,
mentales et stimule son autonomie.
Alors pourquoi ne pas commencer tôt. Dès lors, comment déterminer si tel ou tel sport sera
plus adapté à un enfant ou si telle ou telle morphologie est nécessaire à la pratique d’un sport
en particulier.
2. La croissance du système ostéoarticulaire de l’enfant
Le système locomoteur est caractérise par ses composants élémentaires (os, muscles tendons)
et par son système de jonction (articulations).
La croissance de ces différents éléments devra être harmonieuse et équilibrée au cours des
différentes poussées de croissance.
Si un de ces éléments est altéré, c’est l’ensemble du système ostéoarticulaire qui est
compromis.
La croissance peut être divisée en trois ou quatre périodes et il faudra mettre à profit cette
période croissance pour permettre à l’enfant d’acquérir ses compétences :
• La petite enfance comprenant également la première année de vie.
• l’enfance qui s’étend jusqu’à la période de la préadolescence.
• L’adolescence avec sa dernière poussée de croissance et la maturation sexuelle qui la
caractérise.
Au cours de la petite enfance, une forte poussée de croissance va permettre le développement
de différents systèmes et fonctions de l’organisme. (Fig 1)
Au cours de cette période, on verra apparaître une maturation progressive du système
nerveux, avec un contrôle musculaire de plus en plus élaboré. Ce phénomène permettra
d’affiner la coordination ainsi que la psychomotricité. Ces modifications passant d’abord par
la verticalisation progressive et une adaptation de la posture du corps à la marche et aux
mouvements. Ce n’est qu’à partir de l’âge de +/- sept ans que le mode de fonctionnement
structural et fonctionnel va s’installer de façon plus définitive.(2) Par ailleurs, l’harmonisation
entre les muscles agonistes et antagonistes responsables des mouvements ne se réalisent que
vers l’âge de neuf ou dix ans.
La préadolescence sera le siège d’un deuxième pic de croissance ( Pic de Sempé). (fig. 2)
A la puberté, la croissance s’accélère au delà de 6 cm par an, avec une prise de taille de 25cm
chez le garçon et 18 cm chez la fille en moyenne.
Toutes ces étapes vont déterminer une adaptation du système musculo-squelettique à la
charpente ostéo-articulaire. Cependant ces poussées de croissance ont comme corollaire, un
déséquilibre entre la croissance osseuse et la croissance musculo-tendineuse ;En effet de
nombreuses études ont démontré une différence entre la vitesse de croissance de l’os par
rapport à celle du couple muscle-tendon.(3,4) Ce déséquilibre aura comme conséquences chez
le jeune enfant ,des manifestations douloureuses reprisent sous le terme « douleur de
croissance » mais surtout chez le plus grand et le sportif en particulier une série de
pathologies de surcharges et de technopathies.
Sport et somatotypes
Nous sommes tous égaux mais tellement différents ...
Dès la première mitose, le déterminisme génétique va nous attribuer nos premières
caractéristiques.
C’est au cours de la deuxième enfance et surtout de la préadolescence que les caractéristiques
morphologiques commenceront à se définir. Enfant longiligne, petit trapu, marche en rotation
externe associant des pieds plats valgus ou en rotation interne. Enfant en surcharge pondérale.
Présence ou non d’un trouble de la statique rachidienne (hyperlordose,cyphose, scoliose).
Toutes ces caractéristiques orienteront en partie vers tel ou tel sport ou les contrindiqueront
Quelle sera la répercussion de ces déformations sur la morphologie à plus long terme.
Ces schémas prédisposeront ils à certaines activités ou plutôt les contre-indiquer ?
3. Prenons l’exemple des troubles rotationnels des membres inférieurs. L’antéversion exagérée
aura-t-elle une influence sur les performances d’une jeune danseuse ? Une torsion tibiale
excessive améliore-t-elle le démarrage du jeune sprinter ? Très peu d’études en parlent.
Staheli (5) évoquait déjà cette notion de morphologie en étudiant les performances de certains
sportifs qui présentaient une antéversion exagérée du col fémoral. Cette morphologie
semblait leur apporter un atout pour certains et leur permettait d’exceller dans leur discipline
grâce à une biomécanique adaptée.
Ces différences morphologiques sont à intégrer dans la notion de somatotypie. C’est-à-dire
les différents types fondamentaux de corps humains: (Fig 3)
• L’endomorphe présente un centre de gravité bas associant un bon équilibre et une
bonne puissance musculaire au niveau des membres inférieurs.
C’est dans cette catégorie que l’on retrouvera les lutteurs, les judoka, les skieurs, les
rugbymen…
Leur point faible sera le genou (rupture méniscale, lésion du pivot central, arthrose
compartimentale médiale…)
• L’ectomorphe est plutôt longiligne avec un centre de gravité plus élevé .Il est
caractérisé par ses propriétés d’endurance et d’élasticité.
Ce morphotype se retrouvera plutôt dans les sports comme le basket, l’escalade, le
cyclisme, la course à pied…
Il sera plus fréquemment affecté par des lésions du rachis, voire même d’autres
articulations.
• Le mésomorphe correspond au type intermédiaire. Il sera impliqué dans tous type de
sport en fonction de sa taille .Les petits gabarits se retrouveront plutôt dans la
gymnastique ou les sports acrobatiques, le moyens dans la nage ou le sprint et enfin
les grandes tailles dans tous les sports sauf les sports acrobatiques.
La technique de somatotypie de Heath et Carter (1967) permet de mettre en évidence le
développement relatif des composantes morphologiques en calculant la formule typologique
et de répertorier ainsi les caractéristiques des différents sportifs (Fig 4)
Il faut également tenir compte d’autres critères, tels que les rapports
anthropométriques concernant le tronc et les membres qui doivent être surveillé pendant la
période de croissance, notamment au moment de la poussée pubertaire.
Ainsi dans certaines disciplines sportives, une proportion déterminée peu constituer un atout
ou un inconvénient. Un exemple typique est celui du nageur ou les rapports entre ses épaules
(distance bi-acromial) et son bassin (distance bi-crête) ainsi que le diamètre transverse et
antéropostérieur du thorax sont souvent évalués.
Cependant, les caractères morphologiques ne sont pas le seul déterminant dans le
choix d’un sport.
Le facteur ethnique est également un élément à considérer. Il suffit de voir les performances
sportives des coureurs de fonds éthiopiens ou jamaïcains lors des jeux olympiques. De
nombreuses études ont démontré que les critères de vélocité et de puissance étaient
particulièrement marqués chez des sportifs de race noire. Le basket en est un exemple avec
une majorité de joueurs noirs au sein de la NBA. Par contre, en natation, ce sont des athlètes
blancs qui sont omniprésents.
La psychologie de l’enfant a également toute son importance. Ainsi, l’esprit de groupe ou
d’entraide sera favorisé par la pratique de sports d’équipe (football et rugby), les capacités de
concentration et tactiques par des sports plus individuels (tennis et arts martiaux) et également
la volonté de réussite ou le goût de l’effort par des sports beaucoup plus physiques tels que le
cyclisme. Un enfant agressif ou hyperkinétique pourra être mieux canalisé par des sports
intensifs ou d’équipe
4. L’encadrement familial et le rôle des parents n’est pas étranger à ce choix. Leur
questionnement est d’ailleurs à considérer.
Faut-il ou non obliger son enfant à faire du sport ? Est-il capable de le pratiquer ? Quels sont
les risques qu’il encoure à court et à long terme ?
L’aspect social et géographique a également son importance dans ce choix. Grandir à
Marseille ou à Rio va naturellement orienter de nombreux jeunes vers le football. On
pratiquera plus fréquemment le golf si on habite le 16ème
que la Seine-Saint Denis. Vivre au
bord de l’océan Atlantique incitera aux sport nautiques (planche à voile, kite surf…)
Traumatologie spécifique au sport chez l’enfant (tableau 1 et 2)
Afin de proposer au mieux ou encourager une activité sportive chez un enfant, il faut avant
tout tenir compte d’un certain nombre de paramètres (morphologiques, somatotypes, âge,
poids, sexe…).
Méconnaître ces données c’est courir le risque de voir apparaitre une série de pathologies
pour lesquelles le sport pratiqué va entrainer des lésions parfois irréversible.
Ces lésions sont liées à « la rencontre d’un corps en formation et d’un sport avec ses
particularités » (P.Chrestian)
L’os de l’enfant et sa maquette cartilagineuse ont des caractéristiques mécaniques différentes
de l’adulte. La pièce squelettique de petite taille est moins solide que celle d’un adulte du fait
de sa moindre minéralisation tant absolue que relative au volume (6)
L’os de l’enfant par contre présente une élasticité particulière liée à sa trame organique et à
son manchon périosté plus épais. Sa capacité de remodelage et de réparation face à un
traumatisme aigu est également remarquable et notamment en région métaphysaire.
1. Les fractures ostéoariculaires :
Elle sont communes à l’ensemble de la traumatologie ostéoarticulaire pédiatrique et
surviendront lors de choc d’intensité modérée a forte notamment lors de la pratique de
sport de contact ou de haute intensité(football, rugby, équitation, ski…)
Ces lésions traumatiques comprendront aussi bien les décollements épiphysaires
(Classification de Salter Harris)(Fig 5) que les fractures diaphysaires complètes
(fémur ,tibia ,avant-bras…)ou les avulsions apohysaires aigues (tubérosité tibiale
antérieur chez le basketteur, Epine iliaque antérieur chez le footballeur, petit trochiter
chez le sauteur…) (Fig.6)
2. Les lésions ligamentaires aigues :
Les attaches capsuloligamentaires présentent une plus grande résistance chez le jeune
enfant, expliquant la moins grande fréquence d’entorse ou de luxation à cet âge.
Cependant actuellement les entorses vraies sont de plus en plus fréquentes.
Probablement en raison de la précocité et de l’intensité de certain sports pratiqués ou
d’erreur d’échauffements
La lésion du pivot central du genou ne doit plus être méconnue actuellement.
Le football, le hockey et le ski sont les principaux pourvoyeurs.
Tout traumatisme sportif du genou avec hémarthrose ou non implique, après une
bonne évaluation clinique, la réalisation d’une imagerie complémentaire (IRM) voire
même d’une arthroscopie afin d’exclure une lésion ligamentaire corporéale comme
celle rencontrée chez l’adulte, ainsi qu’une lésion méniscale souvent associée. (7) Ces
lésions se rencontrent de plus en plus tôt même partir de l’âge de 8 ans.
5. L’entorse grave de cheville est devenue également une réalité et ne doit plus être
considéré comme un simple décollement épiphysaire et son passage à la chronicité
avec présence parfois d’un ossicule sous fibulaire, nécessitera dans certain cas une
intervention chirurgicale permettant de reconstruire l’appareil ligamentaire externe.
3. Les lésions ostéoarticulaires de surcharges « Overuse syndrom »
La pratique intensive du sport en période de croissance peut être source de conflit
résultant de tractions musculaires répétitives exercées sur l'apophyse osseuse et son
cartilage de conjugaison, zone immature et fragile ou de contraintes mécanique répétées
sur des zones d’ossification.
De ce conflit et ces contraintes résultent l’ostéochondrose, les apophysoses et les
fractures de fatigue (stress fracture)
l'ostéochondrose, pathologie douloureuse fréquente mais souvent bénigne, est
relativement spécifique de l'enfant sportif.
Ces lésions sont liées à une inadéquation entre la résistance mécanique de l’appareil
locomoteur et les sollicitations auxquelles il est soumis.
Ces pathologies de surcharge englobent également les technopathies .
Cette entité regroupe l’ensemble des atteintes tendineuses chroniques liées à une pratique
sportive en particulier. Cependant elles diffèrent de celle de l’adulte sportif de par sa
localisation. En effet, chez l’enfant et l’adolescent , elles se situent au niveau de la
jonction os-cartilage-tendon. Il s’agira de véritable tendinopathie d’insertion.(Osgod
Shlatter, Sever, Sinding…)
Il faudra distinguer entre les ostéochondroses épiphysaires, apophysaires ou épiphyso-
métaphsaires (tableau 2).
Toutes les épiphyses et apophyse peuvent être le siège de lésion de surcharge
Elles ne surviennent cependant pas uniquement lors d’une pratique sportive .En effet, elles
ne sont pas exceptionnelle chez les enfants hyperactifs et turbulents dont l'activité
incessante se rapproche des contraintes d'un entraînement intensif.
Citons quelques exemples :
la maladie de Sever ou talalgie de l’enfant.(Fig 7) Cette affection se rencontre
fréquemment chez les jeunes hockeyeurs , footballeurs ou encore les basketteurs
notamment lors de la pratique sur des surfaces synthétique (strat ,gazon
synthètique…).L’enfant se présente avec une boiterie aigue ou chronique et une douleur
élective à la palpation de l’apophyse calcanéenne postérieure. La contraction tricipitale
peut entrainer également une sensibilité.
Un trouble de la statique de l’arrière pied avec notamment un valgus calcanéen est
fréquemment associé à ce type de pathologie. L’arrêt sportif temporaire et la prescription
de petite talonnettes de soutient ou de semelles orthopédiques permettra souvent une
résolution rapide de la symptomatologie. Une kinésithérapie axée sur les chaines
musculaires postérieures pourra également être prescrite dans la mesure où une rétraction
tricipitale est fréquemment associé chez ces patients.
La maladie de Panner ou ostéochondrose du condyle huméral médial.
Cette pathologie est parfois associée à certains sports sollicitant le membre supérieur de
façon excessive (tennis, Base Ball, badminton).
Dans les formes instables, la chirurgie avec fixation du fragment sera indiquée sinon seul
le repos sportif sera prescrit.
6. La maladie de Scheuermann ou ostéochondrose vertébrale de croissance associe une
cunéiformisation vertébrale, des douleurs rachidiennes et une hypercyphose thoracique.
L’origine microtraumatique est évoquée et la relation avec une pratique sportive excessive
est actuellement reconnue. Soit par des traumatismes répétés sur le rachis (judo,
plongeons) et dans l’axe (équitation, gymnastique) ou encore par mobilisation excessive
au niveau des charnières cervico-dorsales(kayak, planche à voile) ou encore de
tiraillements excessifs dans l’axe du rachis ( basket, volley…).
Les fractures de fatigues surviennent rarement chez l’enfant mais plutôt chez
l’adolescent. Les localisations habituelles sont le tibia proximal , le péroné distal, le
calcanéum plus rarement. Leur prise en charge est particulièrement difficile de par leur
chronicité et le refus de certains patients d’arrêter temporairement leur activité sportive.
La Spondylolyse est un exemple caractéristique d’une fracture isthmique de stress
favorisée par le sport. Cependant la dysmorphie régional associé (sacrum horizontal ou
vertical) peuvent aggraver le glissement. Rossi (8) a démontré une incidence
particulièrement élevée (18%) chez les jeunes gymnastes ou athlètes par rapport à une
population normale du même âge.
Les sports et leurs conséquences chez l’enfant
Il existe une pathologie spécifique de l’enfant liée à la pratique sportive. Parmi l’éventail de
sports proposés au sein de nos écoles, de nos fédérations et autres clubs sportifs, le choix est
difficile. Sans être exhaustif, voici quelques-uns des plus populaires ainsi que leurs
répercussions sur le squelette de l’enfant en croissance :
1. Le football :
C’est probablement un des sports les plus pratiqués parmi les jeunes. Il s’agit d’un sport
d’équipe par excellence mais où l’individualisme n’est pas rare.
Le somatotype est plutôt mésomorphe de taille moyenne.
L’âge idéal pour débuter ce type de sport se situe vers cinq/six ans en sachant que,
pendant cette période, il doit rester ludique et éviter tout contact brutal qui risquerait de
créer des lésions traumatiques avec des conséquences fâcheuses sur la croissance
résiduelle (fracture du coude , du poignet, du tibia, fracture atteignant les cartilages de
croissance avec risque d’épiphysiodèse, …). Cependant, c’est surtout à partir de l’âge de
neuf ou dix ans que le petit footballeur va commencer à s’affirmer sur le terrain.
Les pathologies de surcharge les plus fréquemment rencontrés sont diverses et affectent
principalement le genou mais également la hanche.
l’ostéochondrose de la pointe de la rotule, maladie de Sinding-Larsen, qui touche les tout
jeunes adolescents et la maladie d’Osgood-Schlatter qui affecte les adolescents plus âgés.
Ces deux affections dont la pathogénie est similaire ont fort heureusement une évolution
bénigne mais, dans certains cas, un passage à la chronicité avec calcification intra-
tendineuse voire même une avulsion de la tubérosité tibiale ont été décrites, pour la
maladie d’Osgood-Schlatter (Fig 9).
Les tendinites d’insertion ou les avulsions de l’épine iliaque antéro-supérieure sont surtout
causées par le shoot régulier ou contre résistance Des erreurs d’entraînement, une
musculature peu échauffée ainsi qu’une rétraction des chaînes musculaires postérieures
sont souvent à l’origine de ce type d’affection. Viennent ensuite les fractures de stress ou
autres périostites similaires à celles décrites chez les adultes. Les tendinites d’insertion
du droit antérieur sont également fréquemment décrites chez nos jeunes footballeurs. Les
traumatismes aigus ainsi que les entorses de genou associant des lésions ligamentaires ou
7. méniscales représentent une part également importante de nouvelles pathologies et lié au
mécanisme de pivot fréquent dans ce sport.
2. Le basket :
C’est également un sport d’équipe mais où l’esprit tactique sera beaucoup plus sollicité.
Dans ce type de sport, la morphologie jouera évidemment un rôle. Une grande taille sera
bien sûr un atout. On retrouvera plutôt un somatotype ectomorphe. Cependant, grand
nombre d’équipes nationales ou internationales dont la NBA possèdent au sein de leur
« team » des joueurs de taille moyenne, parfois plus agiles et plus rapides que leurs
coéquipiers de plus grande taille.
C’est dans ce type de sport de détente où les contraintes mécaniques peuvent entraîner des
lésions de surcharge très fréquentes notamment par des mécanismes de traction sur les
apophyses. Aucune partie du squelette ne sera épargnée, aussi bien le membre supérieur
avec ses pathologies de l’épaule, le rachis avec le risque accru de spondylolyse ainsi que
l’ensemble des pathologies de surcharge du membre inférieur. Des fractures de stress sont
fréquentes et responsables d’un nombre croissant également d’incapacités sportives.
3. Le rugby :
Le rugby représente la quintessence même du sport de contact. Ce sport est très apprécié
car c’est un sport collectif et où l’esprit d’équipe est très fort.
Tous les gabarits sont acceptés et les facteurs anthropométriques (poids, taille, masse
corporelle) sont plutôt utilisés dans le choix de la position du jeune sportif sur le terrain.
Les plus légers ou rapides se retrouveront, soit comme demi de mêlée, soit dans les lignes
arrière. Les plus lourds joueront avec les avants ou seront piliers.
Malheureusement, ce sport, par son intensité et ses contacts, sera également responsable
d’un grand nombre de lésions traumatiques parfois graves (entorse du genou avec rupture
du pivot central, traumatisme du rachis cervical, fracture du membre supérieur ou du
massif facial). Ce sport sera donc contre-indiqué chez un certain nombre d’enfants,
notamment ceux qui présentent des pathologies rachidiennes ou une fragilité osseuse
constitutionnelle. Cependant, le rugby a le mérite d’être une excellente école de vie,
surtout chez des jeunes enfants pour lesquels un besoin d’encadrement est nécessaire.
4. Le hockey :
Le hockey est devenu ces dernières années un sport très populaire en Europe et en
particulier dans notre pays. Il a l’avantage d’attirer aussi bien les garçons que les filles.
Des critères physiques particuliers ne sont pas nécessaires à la pratique de ce sport.
Cependant, l’endurance comme dans beaucoup d’autres sports est fondamentale.
Le hockey malheureusement, comme l’ensemble des sports de contact, est pourvoyeur
d’un grand nombre de lésions, qu’elles soient de surcharge ou de lésions aiguës.
Malheureusement la posture permanente en flexion du tronc dans ce sport en avant n’est
pas recommandé au patient souffrant de pathologies rachidiennes (dystrophie vertébrale
de croissance ,Maladie de Scheuermann )
5. La natation :
La natation reste probablement le sport par excellence. Cependant, sa popularité n’égalise
pas celle du football et son attrait est malheureusement moins grand. Ses vertus ne sont
8. plus à démontrer mais ce sport nécessite une réelle motivation pour persévérer. Pour les
jeunes nageurs, il est vivement conseillé d’alterner les différents types de nage.
La pratique des quatre nages (crawl, brasse, papillon, dos crowle) nécessite cependant
chacune une morphologie particulière.
L’ectomorphe pour la brasse ou le dos, le mésomorphe de grande taille pour le crawl ou le
papillon.
Il ne faut pas oublier non plus les sous disciplines tel que la natation synchronisée, la nage
avec palmes, la plongée sous-marine…
Ce sport est idéal pour les jeunes présentant notamment des troubles de la statique
rachidienne (scoliose, cyphose) et représente un bon complément chez des adolescents qui
se plaignent régulièrement de lombalgies d’origine indéterminée.
Par ailleurs, la natation sera vivement recommandé chez des enfants atteints de
pathologies orthopédiques chroniques (maladie de Legg-Calvé-Perthes, IMOC,…) ou lors
d’une revalidation postopératoire (arthrodèse vertébrale, ligamentoplastie, …).
Cependant, ce sport malgré l’ensemble de ses qualités peut dans certaines situations être
pourvoyeur de pathologies voir même être contre-indiqué.
Ainsi la brasse ou le plongeon sera contre-indiqué en cas de spondylolyses .
La brasse sera également moins recommandée en cas de pathologie fémoro-patellaire.
Le crawl par ses mouvements de circumduction de l’épaule peut entrainer des lésions de
surcharge notamment au niveau de la coiffe des rotateurs. Il sera également contre-indiqué
en cas d’instabilité chronique (luxation récidivante) ou constitutionnelle de l’épaule
(Ehler-Denlos)
6. Les arts martiaux :
Les arts martiaux peuvent être également proposés à des enfants qui nécessitent bien
souvent de canaliser leur énergie ou un certain encadrement.
Aucune disposition morphologique particulière n’est requise. Les enfants sont de toute
façon répartis en fonction de leur poids et de leur catégorie.
Certains sports, comme le judo, pourront cependant être contre-indiqués en cas de
problème rachidien notamment. En dehors d’une fragilité osseuse constitutionnelle, il n’y
a pas d’autre contre-indication à la pratique de ce type de sport.
7. La danse classique :
La danse classique représente une sport admirable par sa grâce mais à risque par les
contraintes et les déformations qu’elle entraine. Ce qui fait que ses exigences au fur et à
mesure de la croissance rendent ce sport moins attrayant voire même ingrat. Beaucoup de
jeunes préadolescentes l’abandonnent alors qu’elles sont en plein progrès.
Il est vrai que la danse classique, de par sa rigueur, ses gestes précis et ses contraintes
mécaniques, entraîne une série de pathologies chroniques ou de lésions de surcharge qui
découragent nombre de futurs petits rats. Ainsi, les ostéochondroses du pied (Maladie
d’Iselin, maladie de Sever, maladie de Freiberg) et autres sésamoïdites sont légion. Des
périostites du tibia et les hanches à ressaut ne sont pas rares non plus.
9. 8. La gymnastique sportive :
La gymnastique sportive représente, quant à elle, une spécialité où les critères
morphologiques auront probablement leur importance. En effet, il suffit de voir les jeunes
gymnastes lors des jeux olympiques pour comprendre qu’une constitution physique avec
une taille pas trop grande et une musculature bien développée est nécessaire pour la bonne
pratique de cette activité.
Rappelons cependant que certaines affections orthopédiques peuvent être favorisées par la
pratique de ce sport (Spondylolyse, maladie de Panner, Madelung-like)
9. Le ski alpin et ses variantes (surf,snowboard…)
Le ski est devenu de plus en plus populaire et s’est fort démocratisé ces vingt dernières
années. Dès son plus jeune âge, l’enfant est déjà sur les planches.
Il n’y a pas de morphologie particulière pour la pratique de ce sport cependant le type
mésomorphe grâce à un centre de gravité plus bas et une bonne musculature des
membres inférieurs aura plus de facilité à dévaler les pistes.
Ce sport est cependant grevé d’un très haut pourcentage de traumatisme avec
notamment les fractures spiroides du tibia.
Garrick (9) décrit un taux de 10 traumatismes pour 1000 skieurs par jours. La tranche
d’âge la plus touchée se situe entre 12 et 15 ans.
D’autres auteurs ont également démontré que malgré l’amélioration des fixations et
des bottines de ski ainsi que des mesures de sécurité sur piste, cela n’a pas diminué le
nombre de traumatismes chez les jeunes.
Près de 30% des fractures spiroides du tibia se produisent chez les moins de 10ans.
Le genou et la cheville sont une des principales localisations. Des études ont montré
que la fille était plus fréquemment lésée que le garçon.
Les lésions ligamentaires du genou ainsi que les ruptures du LCA sont également
devenues très fréquentes et notamment chez les surfeurs en raison du verrouillage de
la cheville sur la planche avec un mécanisme de « pivot shift » lors de certaines
chutes. Le poignet est également fréquemment touché avec des décollements
épiphysaires Salter 2 nécessitant bien souvent une réduction. En effet l’enfant ou
l’adolescent lors de sa chute se réceptionnera sur les mains, l’utilisation des bâtons de
ski étant actuellement de plus en plus « ringardes ».
Enfin, un des derniers risques de ce sport de glisse, est représenté par la collision entre
un skieur adulte non confirmé qui descend une piste à vive allure et percute
violemment un tout jeune skieur qu’il ne peut éviter. Peuvent en résulter, des lésions
multiples aussi bien ostéoarticulaires que des organes internes (thoracique,splénique
rénal …).La gravité de ces lésions sera lié à l’importance de la vitesse et des masses
corporelles lors de la collision. Les traumatismes crâniens, surtout en cas de hors
pistes ou lors du slalom entre les sapins, lorsque l’enfant ne porte pas de casque de
protection sont également fréquemment décrits.
10. Conclusion : Quel sport pour quel enfant ?
Le sport présente un rôle bénéfique pour l’enfant grâce à différents paramètres :
Développement de la musculature
Développement de la trophicité osseuse
Amélioration des postures souvent hypotoniques
Amélioration cardio-respiratoire
Bien-être physique et psychologique
Cependant si la pratique du sport chez le sujet jeune doit rester avant tout un loisir et lui
permettre de se construire au fur et à mesure de sa croissance, une pratique excessive peut
progressivement avoir l’effet inverse, avec des lésions ostéocartilagineuses dont les
conséquences à long terme risquent de compromettre son avenir fonctionnel.
Une répercussion sur la croissance staturale avec décalage du pic est également une des
conséquences néfastes des entrainements intensifs .
En contrepartie, il ne faut pas perdre de vue que pour certains, il représente un véritable défi et
une raison d’être.
Pour d’autres encore le sport représente leur avenir et ils décideront d’en faire leur métier.
C’est surtout à cette dernière catégorie de jeune que la prévention s’adresse car leur
performance sportive aura un impact sur leur squelette en croissance.
L’activité sportive chez l’enfant et l’adolescent doit respecter un cahier des charges :
Chez le jeune au cours de la période pré pubertaire, le sport doit avoir un caractère
polymorphe permettant une amélioration de la coordination et une maturation des gestes.
Une activité intensive sera contre-indiquée et l’entrainement nécessitera une éducation
musculaire qualitative au détriment d’une musculation excessive(E.Tys)
Par contre, chez l’adolescent, les entrainements seront plus spécialisés avec comme finalité
de s’impliquer d’avantage dans la compétition et lorsque l’ensemble des critères sont réunis
(morphotype, somatotype…) ils pourront, s’ils le désirent, passer du sport amateur au sport
compétition.
Enfin, le choix d’un sport chez l’enfant ne sera pas uniquement lié à des caractéristiques
physiques mais également à des caractéristiques psychologiques (besoin de s’exprimer ou
d’éliminer une part d’agressivité) à l’entourage familial,(parents omniprésents ou qui se
surinvestissent) éducatif , au conditions socio- culturelles (le football représente une
échappatoire pour les enfants des banlieues ou des Favella)
Mais quel que soit leur tropisme initial, la pratique du sport devra malgré tout rester, pour la
plupart de ces enfants, un moyen de s’exprimer, de se défouler, de se dépenser et de se
socialiser.
1.
11. Bibliographie
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6. Rombouts.J-J. Traumatologie du sport. L’Enfant et le Sport De Boeck Université 1998
7. Chrestian P, Lecoq C. Apport de l’arthroscopie dans la chirurgie du genou de l’enfant et de
l’adolescent . La Gazette de la SOFOP N° 36 juin juillet 2012
8. Rossi F, Dragoni S Lumbar spondylolysis: occurrence in competitive athletes. Updated
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9. Garrick J.G, Requa RH. Injury patterns in children and adolescent skiers .Am.J.Sports.Med.7:245
1979
Communications orales:
• P.Chrestian : Quel Sport pour quel enfant : Somatotypes et risques traumatiques.
Rouen , avril 2009
• B de Billy,J Langlais,P Chrestian : Epidémiologie des accidents sportifs de l’enfant
Entretiens de Bichat sept 2004
• P Chrestian ,MC Maximin :L’enfant et le football
Livres recommandés:
• Micheli LJ. Pediatric and adolescent Sport Medicine. Little,Brown and Company
1984
• Micheli LJ. Pediatric and Adolescents Sport Injuries Clinics in Sports Medicine Vol
9 October 2000
• Thiebauld CM, Sprumont P. L’Enfant et le Sport De Boeck Université 1998
• Karantanas A H . Sport injuries in Children and Adolescent. Medical Radiology
Springer-Verlag 2011
12. • Chrestian P. de Billy B. Guide illustré des fractures des membres de l'enfant Sauramps
Medical
Figures :
Fig 1 Les 5 premières années sont représentées par une forte poussée de croissance
Fig 2 : Courbe de croissance et Pic pubertaire de Sempé
13. Fig 3 : Les différents somatotypes
Fig 4 : Représentation de la somatotypie selon Heath et Carter
14. Fig 5 : Classification de Salter et Harris
Fig 6 : Avulsion simultanée bilatérale de la tubérosité tibiale antérieure chez un jeune
sportif
15. Fig 7 : Etiopathogénie de la maladie de Sever (d’après P.Chrestian)
Fig 8 :Spondylolyse et fracture de stress. Effet « Woody Wood Pecker »
16. Fig 9 : Maladie d’Osgood Schlatter et calcification intratendineuse
17. Tableaux :
Tableau 1 Pathologie microtraumatique de l’enfant sportif
► Pathologie traumatique aigue
Fractures ostéochondrales
Décollements épiphysaires (Salter-Harris)
Avulsions apophysaires
Entorses ligamentaires
► Pathologie micro-traumatique (hyper sollicitation) ou de Surcharge (Overuse Syndrom)
• ostéochondroses
• ostéochondrites
• Apophysites et apophysoses
• Fractures de fatigue
Tableau 2 Classification des ostéochondroses
• Ostéochondroses articulaires
Ostéochondrite disséquante du genou et autre
Ostéochondrose multiple du genou
Legg-Calve-Perthes
Freiberg
Kohler
Kienbôck
• Ostéochondroses non articulaires
Sites d’insertion tendineuse (EIAS, ischion ,Osgood Shlatter, Sinding Larsen,
Sever…)
Sites d’insertion ligamentaires (epitrochlée, vertèbres, malléole médiale)
Site d’impact (Sever)
• Ostéochondroses physaires (Blount,Scheuermann)