Mairies communes du Pays de Fouesnant --phpba qzou
Chateau & seignerie de Fouesnant i3jf0j
1. René BLEUZEN
De nouveaux éclairages intéressants sur
le domaine de CHEFFONTAINES
SERGE DUIGOU, l'historien bien connu pour ses recherches et découvertes sur les
origines de tout ce qui touche notre vieille Armorique, et tout particulièrement le pays
bigouden qui est le sien, a découvert aux archives départementales la preuve que tout n'a
pas été dit sur le domaine de CHEFFONTAINES en Clohars-Fouesnant.
Serge nous a fait tenir copie des documents concernés qui contiennent des
précisions sur des constructions jusque là ignorées, leur estimation, leur emplacement,
comme des précisions sur l'architecture de certaines salles du château ou encore sur le
moulin de KERGOAT qui en dépend et les redevances du meunier au propriétaire.
Aimablement, l'inventeur nous autorise à exploiter le contenu de ces documents dans la
revue périodique FOEN IZELLA, apportant ainsi une précieuse collaboration à l'intérêt de
nos publications. Toute l'équipe animatrice de FOEN IZELLA remercie vivement son ami
Serge DUIGOU.
Il est bien connu que le domaine DE PENFEUNTEUNIO, francisé DE
CHEFFONTAINES (qui en est la traduction littérale), s'étendait sur quelques 3.000
hectares depuis Clohars-Fouesnant sur toutes les paroisses voisines formant l'actuel canton
de Fouesnant, avec quelques autres biens épars plus éloignés..
La famille est de haute et noble lignée. Au XVIII ème siècle la baronnie était érigée
en marquisat et admise aux honneurs de la Cour. Monsieur le Marquis, Jonathas,
Hyacinthe DE CHEFFONTAINES, faisait alors bâtir la résidence correspondant à son
niveau dans l'échelle sociale. C'est le superbe et imposant château que le passant découvre
depuis la route de Clohars-Fouesnant / Pleuven, barrant l'horizon au bout d'une longue et
large allée toute droite, entre des hêtres dont les parures vertes la belle saison, d'or en
automne et spectrales l'hiver, comptent les années d'une construction bâtie pour défier le
temps qui passe.
On sait aussi que le Marquis JONATHAS Hyacinthe DE CHEFFONTAINES
émigra après la Révolution et que tous ses biens furent saisis et vendus comme " biens
nationaux ".
Le château et ses dépendances étaient vendus (après une première offre demeurée sans
suite) le 14 frimaire an IV (le 2 décembre 1796) au citoyen Paul CELARIE DAMIGUET
dit VERNON, ensuite ces biens passaient par les familles CALLOC'H DE KERILLIS,
Etienne LE BOURHIS, QUEMPER DE LARNASCOL, puis revinrent en 1872 DE
CHEFFONTAINES, rachetés par le Comte Louis Marie Frédéric Hyacinthe DE
PENFENTENYO.
L'ensemble des biens proposés aux enchères comprenait "le manoir, les terres en
dépendant, la métairie de Kergoat et de Penanguer, bois de haute futaie et taillis des
communes de Pleuven, Clohars et Perguet". Ils étaient adjugés au 2 ème feu pour la somme
de 1.203.000 livres.
1/8
2. La présence d'écuries n'est pas mentionnée dans l’énumération des constructions.
Jusqu'à ce jour les historiens ont affirmé que " les écuries et autres bâtiments annexes n'ont
jamais vu le jour. Et chacun de supposer que la révolution, éclatée un an après
l'achèvement du château avait mis un terme aux projets du châtelain. Et c'est ici que la
découverte de Serge DUIGOU met en lumière des éléments qui avaient jusque là échappé
aux investigations des chercheurs.
EXPERTISE DES BIENS DE L'HERITAGE DES ENFANTS VERNON.
Ces renseignements qui font l'objet du présent papier dormaient dans les archives
du département du Finistère et Serge DUIGOU les a mis en lumière.
- Série 15 U 22/18 (Tribunal Civil de Quimper, expertises 1813). Extrait du
document concernant l'expertise des biens hérités par les enfants VERNON à la succession
de leur mère, née Jeanne Marie COIGNARD, en vue d'un partage en quatre loties. Un
partage qui, finalement ne sera pas fait parce qu'il " était impossible à réaliser sans
diminuer grandement la valeur de l'ensemble ".
L'expert décrit et estime chaque construction ou pièce de terre et c'est ainsi que l'on
trouve sous les numéros 13 et 14 : N° 13: AU COUCHANT DE L'AVANT COUR
L’ECURIE AYANT DE LONGUEUR DIX METRES TRENTE, DE LARGEUR
INTERIEURE SEPT METRES. COUVERTE EN ARDOISES AVEC GRENIER
«ARRENTE » TRO I S FRANCS HORS MARGE N° 14 : LA BUANDERIE
AYANT DE LONGUEUR SEPT METRES ET DE LARGEUR INTERIEURE CINQ
METRES « ARRENTE » TRO I S FRANCS HORS MARGE.
La description de ces deux constructions dans l'ensemble des biens de
CHEFFONTAINES nous vaut cette observation pertinente de l’inventeur. « On a ainsi la
preuve incontestable que les communs ont bien été construits ». Mon hypothèse est qu'ils
ont été utilisés par Etienne LE BOURHIS pour la fabrique de bleu de Prusse et donc
tellement dégradés que les propriétaires suivants, soit les QUEMPER DE LARNASCOL
soit les CHEFFONTAINES, ont jugé préférable de les démolir. Et il ajoute " L'existence
même de cette fabrique de Bleu de Prusse vers 1835 est un indice de la présence à l'époque
de communs importants car on ne voit pas l'installation d'une telle entreprise extrêmement
salissante dans le château lui-même "
Et l'intérêt de ce document d'expertise ne s'arrête pas à la découverte de l'existence
de ces deux constructions réputées " n'avoir vu le jour ". L'expert fait l’inventaire détaillé
des biens concernés, les décrit, les situe et leur donne valeur en francs, ce qui ne manque
pas de surprendre.
LE CHATEAU DANS SON ENVIRONNEMENT, SON ARCHITECTURE
ET SON INTERIEUR.
Cette belle et imposante demeure est évaluée 400 francs. Après avoir inscrit ces
chiffres en marge, l'expert ajoute en nota :
(QUOIQUE NOUS N'AIONS ESTIME LE CHATEAU QUE COMME PIERRE A
MONCEAUX NOUS NOUS CROIONS OBLIGE DE DECLARER QUE LES MURS
LA CHARPENTE ET LA TOITURE SONT DANS LE MEILLEUR ETAT ET
N'ONT PAS SOUFFERT ".
2/8
7. Suivent, numérotées, les estimations de chaque construction ou parcelle
N° 2 : la basse cour avec un puits: 3 francs.
N° 3 : un jardin avec espalier et bassin maçonné: 49 francs.
N° 4 : la cour au Nord du château : 4,90 francs.
N° 5 : un jardin neuf cerné de murs : 14,70 francs.
N° 6 : l'avant cour avec fossés: 13,20 francs.
N° 7 : les remises à cinq arcades, et deux pavillons formant habitation : 60 francs.
N° 8 : la cour au levant des remises: 4 francs.
N° 9 : la maison du pressoir, recouverte de chaume : 6 francs.
N° 10 : appentis avec forge: 3 francs.
N° 11 : le vieux jardin: 8,17 francs.
N° 12 : le pacage "prat ar feunteun" 9,35 francs.
N° 13 : l'écurie: 3 francs.
N° 14 : la buanderie: 3 francs.
N° 15 : la cour de la buanderie et l'écurie: 0,65 franc.
N° 16 : la cour des chiens, cernée de murs: 4 francs.
7/8
8. N° 17 : un contre espalier : 13,24 francs.
N° 18 : un autre contre espalier : 2,15 francs.
N° 19 : le parc au mydi du château (10 hectares, 47 a 80 ca) et la maison du vieux château de
Kergoat couverte de paille: 142,92 francs.
N° 20 : la grande allée Nord avec 4 rangs de hêtres de chaque côté dans la partie méridionale
et 3 rangs dans la partie nord (1ha78 de terre labourable et 5 ha de terre froide) :
185,52 francs.
N° 21 : un grand pré au sud-ouest de la chaussée du moulin d'en haut : 147,65 francs.
L'estimation se poursuivait le lendemain:
N° 22 : le taillis et les chênes de K/arrich : 11,60 francs
N° 23 : le taillis de Maner bihan (55 ares): 7,92 francs.
Soit un total de DIX HUIT CENT CINQUANTE QUATRE FRANCS TRENTE
DEUX CENTIMES (1854,32 francs)
LE MOULIN DE KERGOAT
L'expert en arrive ensuite à l'expertise du moulin de Kergoat.
"Il est tenu à titre de ferme à grand renable par Guillaume K/RADENNEC et Françoise
SAUVEUR son épouse par bai1 au rapport de PARQUER, à Fouesnant à la charge de payer
annuellement dix mesures de blé noir du poids de soixante quinze quilogrammes, douze
mesures de seigle même poids, douze mesures de froment du poids de soixante
quilogrammes, deux mesures d'orge même mesure et dix mesures d'avoine du poids de
cinquante quilogrammes, dix quilogrammes de beurre, deux couples de canards et deux
couples de poulets. "
Suivent les détails de l'estimation : maison en pierres de taille couverte d'ardoises, le
moulin et un appentis: 147,20 francs.
Parc ar veiI: 33,00 francs, un herbier au midy : 7,9 francs.
Foennec ar veil : 26,80 francs.
Parc veil an traon et prat veil an traon: 8,20 francs
Tous ces prix fixés par l'expert sont de toute évidence ridiculement bas "pour tout ce
qui concerne le château et les dépendances", ce qui l'oblige à préciser pour lever toute
équivoque, que le château est en bon état. Nous n'avons aucune explication à l'opération et ne
pouvons que laisser le lecteur à son imagination pour l'heure.
Signalons cependant que le nom de Paul CELARIE DAMIGUET dit VERNON
apparaît bien souvent dans les ventes aux enchères des biens nationaux.
Le 11 frimaire an IV il achète le château DE CHEFFONTAINES et ses dépendances
pour 1.203.000 livres. Le 13 vendémiaire an V, il achète le moulin de Kergoat pour13.021
livres. Le 5 germinal an VII, il est déclaré acquéreur du lieu-dit LE COSQUER, pour 605
francs. Pontesguen : 605 francs. Bréminou : 1225 francs. Kerren : 985 francs. Kerambourdiec
: 1175 francs. Kergarec Huelle : 1350 francs. Keriou : 4600 francs. Kerviorn : 2400 francs.
8/8