1. Les mutilations sexuelles
(UE 15 – Corps et Sexualité)
DIU « Sexologie » & DIU « Études de la sexualité humaine »
Deuxième Année
Dr Harlicot Jean Philippe
CHU Rennes
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2. Généralités (1):objectifs de
l’enseignement
• Citer les principales typologies de MSF
• Connaître l’importance épidémiologique des MSF
et les déterminants sociologiques et
psychologiques qui les favorisent
• Expliquer les enjeux médico-légaux des MSF
• Connaître les conséquences médicales,
psychosociales et sexuelles
• Connaître les différentes modalités de prise en
charge des MSF : gynécologiques,
psychologiques, sexologiques et chirurgicales.
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3. Généralité (2):Le problème en
pratique
• Des patientes assez nombreuses
• Sujet difficile et complexe car au minimum
« ethno-obstetrico-psycho-sexo-social »
• Que faire devant un cas
• sans plainte fonctionnelle
• Evoquer le souffrance ?
• Proposer une prise en charge ,la chirurgie
• Orienter systématiquement ?
• Ou orienter ?
3
4. l’OMS distingue 4 types de mutilations
sexuelles féminines
• La clitoridectomie : ablation partielle ou totale du
clitoris.
• L’excision : ablation partielle ou totale du clitoris et des
petites lèvres, avec ou sans ablation des grandes
lèvres.
• L’infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par
ablation et accolement des petites lèvres et/ou des
grandes lèvres, avec ou sans ablation du clitoris.
• Les formes non-classées de MSF : toutes les autres
interventions nocives ou potentiellement nocives
pratiquées sur les organes sexuels féminins à des fins
non thérapeutiques
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6. Excision du prépuce et du
clitoris
Excision du prépuce
Source : HUSTON P. Rapport compilé pour le groupe de travail fédéral interministériel sur les mutilations
des organes génitaux féminins. Bureau pour santé des femmes, Santé Canada, Automne 2000.
TYPE I
vision schématique
6
7. 7
Excision du clitoris avec excision des petites lèvres
Source : HUSTON P. Rapport compilé pour le groupe de travail fédéral interministériel sur les mutilations des
organes génitaux féminins. Bureau pour santé des femmes, Santé Canada, Automne 2000.
TYPE II
8. 8
Infibulation avec fermeture quasi-complète de la vulve
Source : HUSTON P. Rapport compilé pour le groupe de travail fédéral interministériel sur les mutilations
des organes génitaux féminins. Bureau pour santé des femmes, Santé Canada, Automne 2000.
Avant Après
TYPE III
11. L’importance épidémiologique des MSF
• Au moins 200 millions de femmes ont subi
une forme de mutilation sexuelle dans le
monde. En Afrique 1 femme sur 3 en a été
victime.
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Afrique Sub-saharienne et du Nord-est
Asie : Indonésie, Malaisie, Inde
Péninsule arabique : Yémen, Oman, Syrie,
Emirats, Arabie saoudite
Amérique du Sud : Pérou, Brésil
Europe occidentale et Amérique du Nord à
cause des mouvements migratoires
12. Des grands chiffres…
• Dans le monde :Le 5 février 2016, l’UNICEF nouveau bilan chiffré du
nombre de femmes et de filles ayant subi une mutilation sexuelle.
Elles seraient 200 millions, dont près de la moitié vivent en Egypte,
en Ethiopie et en Indonésie. (dernier recensement de 2014, ce
chiffre était de 140 millions).
• on estime que 3 millions de filles, pour la majorité de moins de 15
ans, risquent d’être soumises à la pratique chaque année.
• En France, en 2004, on estimait à 53 000 environ le nombre de
femmes adultes excisées résidant sur le territoire.
• En Europe Dans sa résolution de mars 2009, le Parlement européen
estime que 500 000 filles et femmes excisées vivraient dans l’Union
Européenne. L’Organisation mondiale de la santé estime
que 180 000 filles vivant dans l’UE risqueraient chaque année d’être
excisées.
– http://eige.europa.eu/content/female-genital-mutilation.
– https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/focus/mutilations-
sexuelles-france/
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13. à quel âge
• Dans l’immense majorité des cas, les filles sont
excisées avant l’âge de 15 ans. Dans la moitié des 29
pays qui pratiquent l’excision, la majorité des filles
subissent les mutilations sexuelles féminines avant
l’âge de 5 ans.
• En Égypte, en République centrafricaine, en Somalie et
au Tchad, au moins 80 % des filles sont excisées entre 5
et 14 ans, parfois dans le cadre de rites marquant le
passage à l’âge adulte.
• Cette moyenne cache cependant des disparités
puisque l’âge peut varier d’une ethnie à l’autre ou
d’une génération à l’autre.
• Pour en savoir plus, consulter le rapport statistique de l’Unicef, publié en
2013.https://www.unicef.org/french/publications/index_69875.html
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14. origine de l’excision
• avant le christianisme et l’islam
– Certaines recherches lui trouvent une origine en
Nubie, dans la Corne de l’Afrique, dans les régions qui
correspondent aujourd’hui à l’Egypte et au Soudan.
Des momies égyptiennes présenteraient en effet des
marques attestant de la pratique.
– d’abord sur les des classes sociales les plus élevées.
• La pratique se serait ensuite répandue vers l’ouest
de l’Afrique et dans l’est, au Yémen.
– appropriation et intégration dans leurs propres
traditions, c’est pourquoi une multitude de
justifications peuvent aujourd’hui être invoquées par
les groupes qui perpétuent la pratique.
• En Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis,
– jusque dans les années (l’hystérie, l’épilepsie, les
troubles mentaux, la masturbation, la nymphomanie, la
mélancolie ou encore l’homosexualité).
– Aujourd’hui liée aux mouvements migratoires.
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15. déterminants sociologiques et psychologiques
qui les favorisent
• Aucune raison liée à « la culture, la coutume, la religion, la
tradition ou le prétendu “honneur”» (Convention d’Istanbul)
ne saurait justifier les mutilations sexuelles féminines
• reflet d’une inégalité entre les sexes
• traduisent le contrôle exercé par la société sur les femmes.
• Le maintien de la pratique est sous-tendu par un ensemble
de croyances culturelles, religieuses et sociales. Les raisons
invoquées par les groupes qui perpétuent l’excision peuvent
varier selon la région, l’ethnie ou la communauté et peuvent
se cumuler.
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16. « une norme sociale »
• De façon transversale, l’excision constitue une norme sociale
– sentiment d’obligation sociale très fort.
– perpétuer la pratique pour ne pas subir jugement moraux et sanctions sociales (comme par exemple
l’impossibilité pour une fille de se marier ; dans les sociétés où l’on choisit son partenaire à
l’intérieur du groupe
• MGF n’est considérée ni comme dangereuse, ni comme une
violation des droits humains.
• Elle constitue une étape nécessaire dans la bonne éducation
d’une fille
• lui permettre de se marier
• Les parents font exciser leurs filles afin de leur garantir le
meilleur futur possible.
• L’honneur familial et les attentes sociales jouent un grand
17. • Les justifications suivantes sont notamment
invoquées par les groupes qui pratiquent
l’excision :
– Le contrôle de la sexualité des femmes et le
maintien de la domination masculine
– Les croyances liées à la religion
– D’autres croyances, les mythes
– Le maintien d’une identité et d’une tradition
culturelle
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18. qui pratique l’excision
• variable suivant les cas
• les matrones ou accoucheuses traditionnelles.
– En Afrique de l’ouest francophone
– des femmes âgées dont le savoir a été transmis par leur mère et qui
disposent d’un statut particulier dans leur communauté,
– des accoucheuses traditionnelles.
• médicalisation actuelle +++
– professionnels de santé.
– En Egypte, par exemple, en 2015 75% des excisions sont pratiquées
par des professionnels de la santé, contre 24% en 19951.
• La médicalisation de la pratique présente le risque de lui donner un
caractère officiel.
• En France, le Conseil de l’Ordre des médecins interrogé à ce sujet
n’a pu que rappeler la teneur du code de déontologie : « Aucune
intervention mutilante ne peut être pratiquée sans motif médical
très sérieux… » (Art/41, Décret n°95-1000 du 6 septembre 1995
portant sur le code de déontologie médicale).
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20. enjeux médico-légaux des MSF
• Les mutilations sexuelles féminines, quel qu’en soit le type,
sont internationalement reconnues comme une pratique
néfaste et une triple violation des droits humains des filles et
des femmes, en tant qu’être humain, femme et fille.
• Elles vont notamment à l’encontre des droits suivants :
• Droit à l’intégrité physique et mentale ;
• Droit universel à la santé ;
• Droit de ne pas subir de discrimination fondée sur le sexe ;
• Droits de l’enfant (droit à atteindre tout son potentiel, droit à
ce que son opinion soit pris en compte ect.);
• Droit de ne pas subir de traitements cruels, inhumains et
dégradants ;
• Droit à la vie (lorsque la pratique entraîne la mort)…..
• 21
21. Conséquences juridiques
Condamnations
Peines prévues par le Code pénal pour l’auteur d’une mutilation :
Art. 222-9 : 10 ans d’emprisonnement et de 150 000€ d’amende
Art. 222-10 : 20 ans de réclusion criminelle, si mutilation commise
sur un mineur, par un ascendant légitime
Art. 222-8 : 30 ans de réclusion criminelle, si mort d’un mineur
par un ascendant, sans intention de la donner
Art. 223-6 : 5 ans d’emprisonnement et 762 245€ d’amende, si
refus d’assistance à personne en danger
La loi française s’applique aussi à des faits commis à l’étranger
Avril 2006 application quelque soit la nationalité des parents
(Source : Commission des droits de l’homme – 2004)
LÉGISLATION FRANÇAISE
22. Appeler soit :
le procureur de la République au Tribunal de grande instance du lieu de
résidence,
les services sociaux et médico-sociaux, notamment le Service
départemental de protection maternelle et infantile et le Service
départemental de l’aide sociale à l’enfance.
QUE FAIRE en cas de menace d’excision de fillettes ou
d’adolescentes, en France ou à l’étranger ?
(Sources : Protégeons nos petites filles de l’excision – 2005 - Site : www.droits-femmes.gouv.fr
et Plaquette « AGIR FACE AUX MUTILATIONS SEXUELLES FEMININES » – Préfecture de la Région d’Ile de France)
Conséquences juridiques
Dans certains cas, la tutelle aux prestations sociales
(aux allocations familiales notamment) pourra être
ordonnée.
SI MENACE D’EXCISION ?
23. Connaître les conséquences médicales,
psychosociales et sexuelles
• Les mutilations sexuelles féminines ne présentent aucun
avantage pour la santé et entraînent de graves conséquences
physiques et psychologiques tout au long de la vie des
femmes.
• Des douleurs intenses
• Des saignements voire une hémorragie
• Des infections
• La mort
• Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH)
• problèmes urinaires et menstruels
•
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24. • Les conséquences sur la vie sexuelle :
– douleurs
– plaisir sexuel diminué au cours des rapports
sexuels(raison des dommages liés à l’ablation de
tissus sensibles tel que le gland du clitoris)
– cicatrices résultant de leur excision
– souvenirs traumatisants liés à l’intervention.
25. • Les complications obstétricales :
– saignements excessifs,
– des déchirures du périnée et ont souvent recours à des
épisiotomies.
– Un travail prolongé ou un accouchement difficile
– fistules obstétricales
• Les répercussions sur le nouveau-né :
– étude menée par l’Organisation mondiale de la Santé sur
28 000 femmes dans différents pays, les taux de décès
périnatal chez les nouveau-nés sont plus (supérieur de 15
% pour les enfants dont les mères ont subi une mutilation
de type I, de 32 % lorsque les mères ont subi une
mutilation de type II, et de 55 % lorsqu’il s’agit d’une
mutilation sexuelle de type III)
26. • Les conséquences psychologiques :
– un traumatisme,
– La douleur et/ou l’hémorragie peuvent
entraîner un choc au moment de la mutilation.
– crainte des rapports sexuels
– un état de stress post-traumatique,
– d’anxiété,
– de dépression,
– de perte de mémoire.
27. Connaître les différentes modalités de prise en charge
des MSF : gynécologiques, psychologiques,
sexologiques et chirurgicales
• la chirurgie :
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CLITORIDOPLASTIE
DÉSINFIBULATION
36. les étapes:
37
1. Entretien psychologique voire sexologique sur l’anatomie, les
changements du corps, le rôle des organes érectiles, la sexualité
2. Informations sur les principes techniques, les suites opératoires
immédiates, les incidents et les résultats espérés
3. Enquête préalable sur la sexualité afin d’évaluer l’amélioration
envisageable
4. Suivi médico-psychologique
37. 38
Prise en charge pluridisciplinaire
Accompagnement des femmes pour une
réparation clitoridienne
1. Unité de prise en charge chirurgicale ouverte depuis sept. 2005
2. Equipe pluridisciplinaire
• Sage-femme
• Psychologue, ethno psychothérapeute
• Sexologue
• Infirmier de la cellule antidouleur
• Chirurgien, anesthésiste
3. Accompagnement primordial, tout au long de la démarche de
réparation
38. parvenir à l’abandon de l’excision
• Au niveau national
La réforme de la législation et des politiques
• La mise en place des programmes et des services de santé
pertinents
• Le personnel soignant doit être formé au repérage et à la
prise en charge des complications liées aux mutilations
sexuelles féminines.
• Des programmes de sensibilisation par les médias
• Créer des ponts entre les pays d’origine et les communautés
de diaspora
• Agir sur les territoires nationaux
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41. les sources pour aller plus loin :
• https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-
demo/focus/mutilations-sexuelles-france/
• http://eige.europa.eu/content/female-genital-mutilation.
• site sur
l’interdisciplinarité:http://francois.muller.free.fr/diversifier/interdis.
htm
• « Eliminer les mutilations sexuelles féminines – Déclaration
interinstitutions. HCDH, OMS, ONUSIDA, PNUD, UNCEA UNESCO,
UNFPA, UNHCR, UNICEF, UNIFEM », Organisation mondiale de la
Santé 2008.
• Le document « Mettre fin aux mutilations génitales féminines.
Stratégie pour les institutions de l’Union européenne » du réseau
END FGM (pages 11 à
13) : http://www.endfgm.eu/content/assets/ENDFGM_Strategy-
FR.pdf
• rapport statistique de l’Unicef, publié en 2013
:https://www.unicef.org/french/publications/index_69875.html42