2. Contexte mondialisé ;
Dialogue et compétence interculturels ;
Intercompréhension ;
Interstices problématiques entre identité et communication.
3. Impact symbolique des langues : pouvoir et influence ;
Poids démo-linguistique et statistique des langues (L.- J. Calvet) ;
Français : prestige, mais fragilité et déclin ;
Émergence de cultures qui s’expriment en d’autres langues ;
Contrainte du dialogue et de la négociation interculturelle.
4. Francophonie simultanément productrice, résultat et atout de
la mondialisation ;
Réduction des distances physiques et logistiques dans le
monde global n’implique pas l’extranéité culturelle (islam) ;
Si la diversité culturelle des langues, des religions, des
cultures s’impose au monde, le multiculturalisme est le
moyen de gérer cette diversité au sein des États-nations.
5. Rôle des langues, - et du français en particulier -, dans la
communication ou dans la conflictualité interculturelle
contemporaine ;
Apories de la communication (proximité vs distance culturelle) ;
« triangle infernal » : « les rapports entre identité - culture et
communication » (Wolton) ;
Socle identitaire vs nécessité de mobilité ;
6. Figure de la créolisation ;
Figure du métissage culturel ;
Méfiance à l’égard des connotations culturelles et idéologiques des
langues ;
« Il n’y a pas de culture sans langue » (Wolton), d’où la question du
statut des langues, et du français en particulier, dans le dialogue /
ou conflit culturel et civilisationnel contemporain ;
« La diversité culturelle est la condition de la mondialisation, et non
son obstacle » (Wolton).
7. Les langues ne sont pas uniquement des instruments
communicationnels, mais des ancrages symboliques et
identitaires irremplaçables qui vont au-delà du fait
informationnel (Maalouf, 1998) ;
La communication ne se réduit pas à l’information » la
« communication interculturelle » plus aiguë et plus problématique
;
Réticences françaises à l’égard de la conception des « langues de
services » instituées par le Conseil de l’Europe, et le Cadre
(Maurer).
8. Langue étrangère = une certaine vision du monde et des rapports interculturels ?
Ch. Dufour : « civilisation de langue française » ;
« La civilisation de langue française est la seule à proposer un modèle de cité universelle
qui se rattache au passé, tout en n’étant pas fermé à la modernité ni totalement associé
au capitalisme » (Dufour, 2006) ;
Claude Hagège : « assises libérales de l’anglais » (2006) ;
Élargissement ou dissolution de l’Union Européenne, et l’adoption majoritaire de
l’anglais » libéralisme anglo-saxon et menace de la laïcité (Coûteaux, 2006).
9. « Démotivation » idéologique de la langue française, connotée avec la clarté,
l’universel, et le combat antilibéral ou de résistance au marché capitaliste ;
(Pierre Encrevé) : « La langue française en elle-même n’a aucune vocation
particulière à servir ces valeurs-là [valeurs d’universalité] plus que d’autres (…).
La langue française, comme les autres, peut exprimer à tout moment les valeurs
les plus opposées » ;
« Les langues n’ont intrinsèquement rien à voir avec les discours qu’elles
accueillent et les valeurs qu’ils expriment ; mais, c’est ainsi que se fait l’histoire
du monde, on lie les langues à certains seulement des textes qu’elles ont
engendrés (…) »
10. Pistes réflexives
« Dénationalisation » de la langue française ;
Assomption des réalités plurielles du monde contemporain (Glissant) :
Relation, Tout-Monde, créolisation ;
Caractère et rôle transculturels de la langue française pour rendre
plusieurs cultures ;
Dépassement du cliché irrationnel de l’anglais en tant qu’unique langue-
monde par confusion des domaines de l’information, de la communication
et de l’identité.
11. Claude Hagège (2006) cliché de l’anglais langue facile ;
Importance de la traduction comme médiation culturelle et du traducteur
comme acteur de cette médiation ;
(Pierre Encrevé) : « Une langue peut porter toutes les cultures écrites par
le moyen de la traduction, et une culture peut être portée par toutes les
langues, par le même moyen ».
« Les cultures sont séparables de leurs langues d’origine » (Bible) ;
« Les cultures se transmettent par la traduction » ;
Ce qui implique qu’il n’y a pas de langue sacrée ;
Traduction comme langue de l’Europe (Eco).
12. « Il faut qu’il y ait du désir pour une langue. Et là aussi le désir naît
du manque ».
Pistes didactiques
Ceci implique une perspective différente de l’enseignement-
apprentissage du FLE :
1. Dénationaliser la langue enseignée, loin des clichés
hexagonaux d’usage ;
2. Ouvrir les références des manuels et autres matériels
pédagogiques aux espaces francophones ;
3. Intégrer des productions symboliques francophones à
portée globale dans les matériels et didacticiels ;
13. 4. Investir dans la chanson et paroles françaises contemporaines / rythmes
à projection globale ;
5. Mettre à profit les atouts du cinéma contemporain de langue française ;
6. Recourir habituellement aux médias francophones en ligne ;
7. Valoriser la présence française dans l’affichage public et l’étiquetage de
produits cosmétiques ;
8. Miser sur le caractère pragmatique du français dans les domaines où,
habituellement, il est exclu : entreprise, etc.
14. Pour l’enseignement-apprentissage du FLE, il faut désormais considérer les
aspects suivants :
L’intercompréhension des langues, notamment romanes et entre l’anglais
et le français, notamment dans le cadre du Conseil de l’Europe (écrit);
La revalorisation de l’oral avec les contraintes que cela implique ;
La démystification de la monumentalité et de la norme de la langue,
notamment dans certains aspects orthographiques, voire
morphosyntaxiques ;
15. Nécessité de jouer le jeu de la concurrence des langues : argumentaire,
dépliant / brochure promotionnels pour l’option du français comme langue
étrangère ;
Revoir les représentations et les clichés véhiculés par l’enseignement-
apprentissage du français : culture livresque et élitiste ou Humanités ;
Ne pas manipuler les chiffres statistiques ou la géographie de la présence
du français ;
Insister sur toutes les composantes du poids de la langue française.
16. Démarche proactive (lobby et mouvement associatif) ;
Plus que pour d’autres langues, les méthodes actionnelles ont pour effet en
FLE de dépêtrer / débloquer la communication, orale notamment ;
Raison pour laquelle l’application du Cadre Européen suscite plus de
réticences en France et en FLE que pour l’enseignement-apprentissage
d’autres langues étrangères (Maurer) ;
Et ce, malgré une énorme panoplie de matériels et un souci de renouveau
de didacticiels pour le FLE, notamment au Portugal.
17. Faire passer l’image du français comme langue simultanément productrice
et résultat de la mondialisation ;
Démultiplier les représentations de la langue ;
Multiplier les références culturelles.
18. Dès lors, en didactique du FLE (plus que pour d’autres langues), la
compétence culturelle se revêt d’une importance capitale et implique une
approche problématique de ses composantes (Puren)
Prégnance traditionnelle de la composante transculturelle : grands textes,
valeurs universelles, traduction ;
Résistance de la composante métaculturelle : documents authentiques en
vue de connaissances et d’une interprétation, méthodologie pré-
communicative ;
Persistance de la composante interculturelle : contacts ponctuels, initiaux,
représentations, découvrir (touriste), approche communicative ;
Émergence de la composante pluriculturelle : vivre en sociétés
multiculturelle, comportement, vivre avec (conviver), Cadre ;
Nécessité problématique de la composante co-culturelle : agir ensemble,
valeurs contextuelles, agir avec, Cadre.
19. Apories
Pour le FLE, ne risque-t-on pas de retomber dans le cliché hexagonal?
Voir l’exemple avancé par Christian Puren lui-même.