Voilà déjà 7 mois que je suis en interCHU à l’étranger, dans le service de radiologie de l’hôpital Erasme à Bruxelles. Une situation rare parmi les internes, mais tellement enrichissante que je voudrais donner envie à d’autres de partir.
Je suis partie pour rapprochement familial, afin de suivre mon compagnon. C’était une très bonne nouvelle pour moi car j’ai la bougeotte : après avoir effectué mon parcours dans 3 facultés différentes je me suis dit que partir un peu plus loin, découvrir un autre système de santé et un autre mode de fonctionnement ne pouvait qu’être bénéfique à ma formation de radiologue.
Comme je voulais partir pour raisons personnelles, mon dossier ne pouvait pas être accepté sans que je trouve moi-même mon financement. Grâce à l’appui de mon patron, j’ai obtenu de mon futur chef de service une attestation que je serai rémunérée en tant que candidate spécialiste (équivalent belge d’interne), et mon projet a été validé par la commission des interCHU. En effet l’hôpital belge peut engager les candidats spécialistes uniquement sur leur diplôme, sans qu’ils soient inscrits à l’université belge. Il m’était donc plus facile de partir à l’étranger qu’en France. Je suis partie pour deux semestres consécutifs, ce qui est la durée maximale théorique d’un interCHU à l’étranger.
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Le rôle central de la médecine interne dans l’évolution des systèmes de santé...
En inter chu à bruxelles
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En interCHU à Bruxelles
Je suis partie pour rapprochement fa-
C’était une très bonne nouvelle pour
moi car j’ai la bougeotte : après avoir
effectué mon parcours dans 3 facultés
différentes je me suis dit que partir
un peu plus loin, découvrir un autre
système de santé et un autre mode de
fonctionnement ne pouvait qu’être bé-
Comme je voulais partir pour raisons
personnelles, mon dossier ne pouvait
pas être accepté sans que je trouve
à l’appui de mon patron, j’ai obtenu
de mon futur chef de service une
attestation que je serai rémunérée
en tant que candidate spécialiste
(équivalent belge d’interne), et mon
projet a été validé par la commission
des interCHU. En effet l’hôpital belge
peut engager les candidats spécialistes
uniquement sur leur diplôme, sans
qu’ils soient inscrits à l’université
belge. Il m’était donc plus facile de
partir à l’étranger qu’en France. Je suis
partie pour deux semestres consécutifs,
ce qui est la durée maximale théorique
d’un interCHU à l’étranger.
Les statuts sont très différents entre
internes belges et français. Alors que
les internes français sont nommés et
affectés à un hôpital, les candidats
spécialistes sont diplômés et engagés
par l’hôpital. Ils sont déjà docteurs
(mais non spécialistes), car ils passent
leur deuxième cycle, et sont inscrits à
l’ordre des médecins. Heureusement
pour nous, il existe depuis 2005 une
directive européenne sur l’équivalence
des diplômes de médecine et j’ai
effectué une demande d’équivalence
du grade de docteur en médecine
cycle des études médicales. Il faut
prendre en compte le temps nécessaire
pour récupérer le diplôme auprès de
sa faculté, ainsi que quelques autres
pièces (deux mois pour moi). Ensuite,
un délai incompressible de trois
mois au ministère belge de la santé
publique pour recevoir l’équivalence
du diplôme. Puis l’immatriculation à
l’INAMI (la sécurité sociale belge) et
l’inscription à l’ordre des médecins,
qui peut prendre du temps selon la
fréquence des séances d’inscription
à l’ordre. Tout cela me permet
une convention de stage de candidate
spécialiste et d’être payée en tant que
telle, tout en restant inscrite dans mon
université d’origine.
A l’hôpital, je me suis très rapidement
sentie à l’aise, d’abord parce qu’il
est francophone, et parce qu’il y a
beaucoup d’internes et de médecins
étrangers, dont des Français. En effet
les universités belges acceptent chaque
année un quota d’étudiants avec un
diplôme étranger, venus faire ou refaire
un troisième cycle et qui obtiendront
un diplôme belge de spécialité à
l’issue de leur séjour. Les candidats
spécialistes sont appelés "assistants"
ou "PG" (pour post-graduate), les
"internes" sont les étudiants, donc
les externes de chez nous, ce qui
peut prêter à confusion lorsque vous
postulez. Le travail au quotidien est
semblable à celui d’un CHU français,
avec un encadrement, une formation
et une responsabilisation variables
selon les services et les personnes. Par
exemple, j’ai ici plus de cours et staffs
hebdomadaires que dans mon CHU
d’origine, mais il n’y a quasiment
aucun sénior de garde sur place, y
compris aux urgences et dans les réas.
Mais le ressenti d’être déjà "docteur"
et considéré comme tel est différent
par rapport à la France, valorisant et
plus responsabilisant que notre statut
d’interne. Mon salaire, la fréquence
et la rémunération des gardes sont de
même ordre qu’en France, mais cela
varie selon l’hôpital où l’on travaille.
Partir à l’étranger, avec ses contraintes
matérielles et psychologiques, force
à une souplesse d’esprit et apporte
une grande ouverture. Cela permet
de découvrir un nouveau pays au-
delà des idées reçues et d’observer le
sien avec un œil neuf. On s’amuse au
quotidien à repérer les petits détails
beaucoup de la situation actuelle de
la Belgique et de l’actualité française
dont les Belges sont très au courant.
la vie à Bruxelles, à la fois si proche
par la langue et la civilisation et si
cosmopolite par sa population, riche
touristiquement, culturellement …et
gastronomiquement.
J’espère vous avoir donné envie et
surtout vous avoir montré que c’est
possible. Si l’expérience vous tente,
je suis à votre disposition pour toute
information
Un Semestre à Boston
Sur le plan personnel, un voyage de
6 mois constitue un échange cultu-
rel d’exception et permet de devenir
bilingue! Au cœur de la Nouvelle-
Angleterre, Boston est connue pour
ses prestigieuses universités (Har-
vard, MIT…) et son environnement
agréable, maritime et multiculturel.
-
péenne : son centre a gardé de nom-
-
niale, ses rues ne sont pas rectilignes et
la cité réserve de nombreux axes aux
piétons ou aux vélos. Des dizaines de
milliers d’étudiants et de chercheurs
issus de tous les pays sont attirés par
le rayonnement mondial de ce lieu ex-
ceptionnel et contribuent à en assurer
le caractère amical et attachant.
Boston étant idéalement placée, il est
aussi aisé de se rendre rapidement à
Cape Cod, New York, Philadelphie,
Washington DC ou Montréal!
Sur le plan professionnel, un semestre
à l’étranger permet d’appréhender un
nouveau modèle médical. Le modèle
force de ses moyens donne accès à
des techniques innovantes, parfois
non disponibles sur le sol français.
L’échange inter hospitalier permet
aussi de travailler sur un projet
cohérent avec la formation actuelle,
de renforcer les liens entre deux
services et de se perfectionner dans
Cet InterCHU au Massachusetts
General Hospital fut une formidable
échappée au cours de l’internat. La
première moitié du stage s’est déroulée
en consultation, dédiée au traitement
et au suivi de patientes admises pour
une tumeur du sein. Il fut remarquable
de constater la dynamique apportée
par un système informatique global,
renforcée par des échanges réactifs,
exclusivement par emails. Il fut aussi
particulier d’observer des médecins de
génie, fondateurs de progrès médicaux
majeurs, expliquer chaque détail de
la prise en charge (articles à l’appui)
à des patients rendus extrêmement
exigeants par le montant des sommes
investies.
La deuxième partie du semestre fut
consacrée à un travail de recherche
clinique portant sur les résultats
d’innovations thérapeutiques en
oncologie. La disponibilité et la
gentillesse de l’ensemble des équipes
ont rendu la réalisation de ce travail
possible et permis de libérer le temps
États Unis!
Lapréparationd’unInterCHUdemande
quelques préparatifs. Il est prudent de
commencer les démarches un an avant
votre départ. La première étape est de
trouver un contact à l’étranger par le
biais de votre équipe médicale ou de
votre réseau personnel. Le dossier
de demande à l’ARS devra contenir
les mêmes pièces qu’un interCHU
« classique ». La Commission
Médicale d’Etablissement (CME)
donne son accord quelques mois avant
le début du semestre concerné. Il sera
alors temps de plonger dans la culture
de votre pays favori! Le monde s’offre
à vous, n’hésitez pas!
Antonin LEVY