Publicidad
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Publicidad
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Publicidad
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Publicidad
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Publicidad
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Publicidad
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Publicidad
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Publicidad
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Publicidad
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Publicidad
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Mémoire M1
Próximo SlideShare
Azizi_Pionniers de l'anthropologie urbaine en franceAzizi_Pionniers de l'anthropologie urbaine en france
Cargando en ... 3
1 de 63
Publicidad

Más contenido relacionado

Publicidad

Mémoire M1

  1. Julie CHOPIN Université Catholique de l'Ouest Institut des Sciences de la Communication et de l’Education d’Angers Année universitaire 2011 - 20012 MASTER 1 MEMOIRE DE RECHERCHE Information et Communication dans l’espace local et régional Portraits culturels en milieu dit « socialement défavorisé » : l’exemple des 15-24 ans habitant à la Roseraie et fréquentant le Centre Jean Vilar. Directeur de mémoire : Bertrand Bergier Session : Septembre 2012
  2. 2
  3. 3 Je, soussigné(e) Julie CHOPIN étudiant(e) à l'ISCEA en Master 1, certifie que le texte présenté comme dossier (validé officiellement dans le cadre d'un diplôme d'Etat) est strictement le fruit de mon travail personnel. Toute citation (sources internet incluses) doit être formellement notée comme telle, tout crédit (photo, illustration diverse) doit également figurer sur le document remis. Tout manquement à cette charte entraînera la non prise en compte du dossier. Fait à ANGERS le 20 aout. Signature
  4. 4 Remerciements  Merci à M. Bergier, pour sa disponibilité et sa réactivité face à mes questions, mes inquiétudes mais aussi mon enthousiasme. Merci à Jérémy, animateur au Centre Jean Vilar, sans qui mon terrain de recherche se serait révélé difficile à aborder. Merci à M. Lemaître pour m’avoir ouvert les portes de la Résidence des Jeunes Travailleurs de La Roseraie. Merci à mon père qui s’est montré d’un grand soutien.                
  5. 5 TABLE DES MATIERES  INTRODUCTION .....................................................................................................................7 I- Cadre contextuel et question de recherche......................................................................9 1. La Roseraie : un quartier populaire d’Angers..................................................................9 2. Un accès à la culture et aux loisirs : le Centre Jean Vilar ..............................................10 2.1 La Fédération Léo Lagrange...................................................................................10 2.2 Le Centre Jean Vilar................................................................................................ 11 3. L’offre culturelle du Centre Jean Vilar...........................................................................12 II- Equipement théorique.....................................................................................................15 1. La Culture : éléments de définition...............................................................................15 2. Remise en question des fondements sociologiques dans l’étude des pratiques culturelles ............................................................................................................................. 18 2.1. Légitimité culturelle, un concept reconsidéré........................................................... 18 2.2 Une hétérogénéité des goûts individuels : les « variations intra-individuelles ».......19 3. Les portraits culturels : dissonances et consonances. ..................................................21 III- Déploiement méthodologique.....................................................................................22 1. Les outils d’investigation............................................................................................... 22 1.1. Entretien exploratoire semi-directif avec Jérémy Lach, animateur du Centre Jean Vilar. ................................................................................................................................ 22 1.2. Construction du questionnaire pour l’enquête sur les « Offres et goûts culturels dans le quartier de La Roseraie »......................................................................................24 1.3. Présentation du questionnaire ..............................................................................26 1.4. Conditions d’administration des outils..................................................................31 IV- Analyse des résultats....................................................................................................33 1. La photo de classe des 15-24 ans habitant La Roseraie et fréquentant le Centre Jean Vilar.......................................................................................................................................33 1.1 Qui sont-ils ? ..........................................................................................................33 1.2. Quels sont leurs goûts culturels ?..............................................................................36 1.3. Quelles sont leurs pratiques culturelles ?..................................................................46
  6. 6 2. Eléments de portraits culturels.....................................................................................49 2.1. Un portrait culturel consonant ..............................................................................49 2.2. Un portrait culturel dissonant................................................................................52 3. Le rapport à l’offre culturelle du Centre Jean Vilar.......................................................54 3.1. Ce qui a du succès / ce qui est délaissé. ................................................................ 54 3.2. Ce qui est sous investi............................................................................................ 55 3.3. Ce qui est surinvesti............................................................................................... 56 CONCLUSION............................................................................................................................ 57 BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................................ 59 SITOGRAPHIE ........................................................................................................................... 60 ANNEXES ..................................................................................................................................61 
  7. 7 INTRODUCTION  Ce travail de recherche universitaire est consacré à l’étude du rapport à la culture des 15 – 24 ans en milieu défavorisé et s’attache à construire les différents profils culturels du public ciblé. Le choix de ce sujet s’inscrit dans une démarche personnelle conforme à mes attentes et à mon futur projet professionnel. En effet, mon souhait serait d’exercer le poste de chargée de communication au sein d’une structure culturelle afin d’impulser de nouveaux projets culturels et de dynamiser le rapport du public aux « objets culturels »1 . Cette étude est l’occasion de conjuguer ces aspirations professionnelles à une dimension universitaire qui me permettra d’éclairer les enjeux du rapport à la culture entretenu par un public éloigné. La culture étant singulière dans le collectif, elle est manifestée, transmise et vécue par l’individu au sein de l’espace social, la sociologie occupe une place importante dans l’étude des notions de communication et de culture. La communication apparaît comme le support de la culture, pour la découvrir ou pour la transmettre. C’est ce rapport entre la communication et la culture qui crée des interrelations au sein de l’espace public. Ces interrelations prennent la forme d’influences au cœur de l’espace social, l’entourage jouant un rôle majeur dans les préférences et les pratiques culturelles d’un individu. L’étude de ces préférences et de ces pratiques culturelles a tendance à produire des profils généralisés et triés par catégories préconçues par le chercheur. En procédant de la sorte, les portraits dressés sont loin d’être réalistes. En effet, on ne saisit alors que la partie émergée et visible de l’iceberg et on laisse dans l’ombre une grande partie de ce qui fait la complexité des goûts des adolescents et des jeunes adultes. En réduisant l’identité culturelle de ce public venant de milieu défavorisé à des a priori de goûts et d’intérêts pour la culture dite « de masse », « commerciale » ou encore « illégitime », nous en oublions que leurs pratiques et préférences culturelles sont le résultat de tant de « liens d’interdépendances »2 créés au sein de la famille, 1 Termes de Bernard Lamizet dans son ouvrage La médiation culturelle (1999) 2 Bernard Lahire, Misère de la division du travail sociologique : le cas des pratiques culturelles adolescentes (2005)
  8. 8 des amis ou encore du contexte professionnel. La culture ne se définit par une seule et même couleur, c’est une palette aux teintes et aux vivacités toutes plus différentes les unes que les autres. De ce fait, les portraits culturels ne sont pas lisses et homogènes, bien au contraire… Dans une première partie, nous définirons le cadre contextuel de la recherche, ensuite nous verrons les différents équipements théoriques. Dans une troisième partie, nous présenterons la méthodologie. Pour finir, nous analyserons les résultats de l’enquête, puis nous conclurons. .
  9. 9 I- Cadre contextuel et question de recherche 1. La Roseraie : un quartier populaire d’Angers La Roseraie est un des plus importants quartiers d’Angers, comptant environ 17 000 habitants répartis dans des logements très majoritairement collectifs, dont 55% sont des Habitations à Loyers Modérés. Avec plus de 18% de taux de chômage, et 20% de la population vivant sous le seuil de pauvreté, il est considéré comme la « banlieue sud d’Angers ». Concernant les infrastructures scolaires, le quartier comprend trois collèges, un lycée professionnel ainsi qu’un lycée général, technologique et professionnel. L’échec scolaire y est assez présent puisque 40 % des élèves entrent en 6ème avec un retard scolaire, contre une moyenne de 25 % à l’échelle du département. Construit à partir du milieu des années 60, La Roseraie a récemment bénéficié d’une rénovation urbaine. Plusieurs immeubles ont été rénovés ou démolis à cause du délabrement, une nouvelle résidence pour personnes âgées a vu le jour, le Centre culturel et social Jean Vilar a retrouvé des couleurs, et les espaces verts ont pris une place un peu plus importante. Depuis juin 2011, la première (et pour l’instant unique) ligne du récent tramway dessert bien le quartier, ce qui n’est pas sans rapport avec la rénovation urbaine dont le quartier a profité. Concentrons nous à présent sur les chiffres3 concernant la population des 15- 24 ans puisque c’est cette tranche d’âge qui anime nos recherches. Le quartier de La Roseraie compte 2 298 habitants âgés entre 15 et 24 ans, ce qui représente 13,5% de la population globale. Sur ces 2 298 habitants, Il y 46% d’actifs et 12% de chômeurs, les étudiants n’étant pas considérés comme actifs. 3 AURA : Agence d’Urbanisme de la Région Angevine.
  10. 10 2. Un accès à la culture et aux loisirs : le Centre Jean Vilar 2.1 La Fédération Léo Lagrange Le Centre Jean Vilar existe sous l’égide de la Fédération Léo Lagrange4 qui est un réseau d’associations d’éducation populaire ainsi qu’un employeur de l’économie sociale reconnu d’utilité publique. Son ambition est d’être l’ambassadrice de la jeunesse et du développement personnel, avec pour leitmotiv la culture et l’art comme droit fondamental participant à la formation citoyenne. A travers son activité, la fédération Léo Lagrange met en place des actions visant à développer l’autonomie, l’expression des talents ainsi que le sentiment d’appartenance citoyenne. Ses objectifs sont éducatifs et sociaux :  Donner les moyens à tous de s’épanouir et de s’emparer de sa citoyenneté.  Agir, en complément de l’école et de la famille, pour favoriser l’égalité des chances.  Proposer aux publics de tous âges des loisirs et activités permettant de contribuer au progrès social.  Être l’ambassadrice de la jeunesse en offrant aux jeunes un espace d’engagement citoyen.  Permettre à chacun d’allier la découverte de soi à l’envie d’aller vers l’autre. La Fédération Léo Lagrange dispose de plusieurs programmes, celui qui nous intéresse, parce qu’il est en lien direct avec le Centre Jean Vilar, est le partenariat avec des collectivités locales. En effet, reconnue d’utilité publique, la Fédération Léo Lagrange est partenaire des collectivités dans leurs politiques sociales, éducatives, culturelles et d’insertion. Les collectivités peuvent faire appel à elle pour :  déléguer la gestion d’un équipement, d’un dispositif ou d’un programme.  organiser ou monter une action ponctuelle.  offrir des formules de vacances.  faire progresser le professionnalisme de leurs équipes.  établir un diagnostic. 4 http://www.leolagrange.org/
  11. 11 C’est dans cette démarche que la ville d’Angers a mis en place ce partenariat avec Léo Lagrange Ouest, dans le cadre d’une délégation de Service public. 2.2 Le Centre Jean Vilar 1989, le Centre Jean Vilar 5 ouvre ses portes. Il se situe au cœur du quartier de La Roseraie, et comprend un centre social et de loisirs, une bibliothèque et un gymnase. L’actuel directeur quitte sa fonction, il sera remplacé à la rentrée prochaine. Le Centre contribue au développement du quartier en partenariat avec les habitants, les travailleurs sociaux, les acteurs municipaux ainsi que les associations, et accueille toutes celles et tous ceux qui souhaitent un renseignement, un conseil, une information sur les animations et les loisirs, une salle, un lieu pour organiser un spectacle. Le Centre Jean Vilar propose des loisirs pour tous, pour la famille, pour la jeunesse, pour les habitants, et les bénévoles associatifs. C’est à la fois un lieu de vie avec des espaces de rencontres et d'échanges, ainsi qu’un lieu d'animation où l'accompagnement de projets reste une priorité. Le Centre Jean Vilar, son équipe et ses partenaires sont présents pour donner les moyens à tous de trouver des espaces d'épanouissement et pour proposer aux publics de tous âges des loisirs et des activités permettant de contribuer au progrès social. 5 http://www.angerslaroseraie.fr/centre-jean-vilar.html
  12. 12 3. L’offre culturelle du Centre Jean Vilar L’offre culturelle du Centre Jean Vilar6 se divise en différentes animations qui comprennent divers ateliers. Ainsi on retrouve :  Animation familiale : Accompagnement au départ en vacances, Roseraie plage, Café des familles, Commission vie familiale et intergénérationnelle.  Animation pour tous : Atelier cuisine, Atelier des doigts, B’elle, bô et zen, Sorties familiales.  Animation jeunesse (10-12, 12-14, et 15-25) : Accompagnement à la scolarité, Activités sportives et culturelles (Fustal, musique, danses, création d’ateliers…), Accompagnement de projets et d’initiatives.  Vie associative et bénévolat : Espace ressources pour les associations et habitants du territoire.  Ateliers : Danse Hip Hop, danses orientales, danse africaine, danse du monde, danse Modern Jazz, danse Latino-Brésilienne au Féminin, Gym douce, gym pleine forme, Yoga, Yoga adapté, technique de bien-être. Animation musicale, atelier découvertes musicales, batterie, guitare, guitare basse, percussions africaines, expression libre (Slam, Rap). Locaux de répétition. Théâtre enfant, adolescent, et adulte.  Ateliers et associations accueillis : Cirque, danse orientale, body karaté, self défense féminine, gym d’entretien adulte, gym douce, Qi Gong (gym douce chinoise), biodanza, cours de polonais. Tassamouth, Football club Angers/Jean Vilar/La Roseraie, Aptira, Les Complices 49, Happy Swing, Centre de Jour Césame, Lire Ecrire Compter, Association « le Petit Pont », Les Petits Tigrous, Camaf (coordination assistants maternels assistants familiaux), Les Jardins de Cocagne.  Les temps forts de l’année : Journée d’animation avec Peuples Solidaires, Puces de la Roseraie, Zoom sur la Roseraie, Salpinte et ses voisins en fête, Mon voisin l’Artiste, Bourse aux jouets, 6 Cf. Plaquette en annexe.
  13. 13 Confidences sonores, Carnaval, Festival « Boule de Gomme », Le Monde en Fête, Voici Gala, Soirée théâtre. En considérant avec attention la plaquette informative du Centre Jean Vilar, nous constatons qu’il offre un large choix d’activités tant culturelles que sportives, culinaires ou encore sociales, et ce, pour un public relativement large aux goûts divers. Ce qui va nous intéresser au sein de ce programme, c’est l’offre proposé au 15-24 ans, c’est-à-dire celle qui correspond à « l’animation jeunesse ». On remarque que l’objectif, en adéquation avec la mission que se donne la Fédération Léo Lagrange, est concentré sur l’accompagnement de projets et d’initiatives. En effet, l’activité principale des animateurs est de guider les jeunes dans leurs démarches administratives et financières afin de mener à bien leurs projets culturels, sportifs ou sociaux. Par exemple, un animateur du Centre Jean Vilar a aidé un groupe de jeunes de 17 à 23 ans, passionnés par la culture japonaise, à organiser un voyage de quelques jours à Paris afin de se rendre à la « Japan Expo »7 . Nous comprenons, à travers les objectifs fixés par la Fédération Lagrange, la plaquette du Centre Jean Vilar et le discours des animateurs8 , que l’intérêt est d’amener les jeunes du quartier de La Roseraie à accéder aux objets culturels auxquels ils sont sensibilisés, tout en les incitant à la prise d’initiative. En effet, c’est en montant eux-mêmes leurs projets qu’ils aboutissent à leurs désirs. « Il n’est plus question de faire un ciné-kebab pour faire un ciné-kebab à 2€, aujourd’hui on discute du film avec eux, il faut qu’il y ait une démarche derrière sinon ça ne sert à rien », déclare Jérémy, animateur du Centre Jean Vilar. Le ton est donné, le Centre Jean Vilar n’existe pas pour servir de la culture sur un plateau d’argent mais plutôt pour provoquer chez les jeunes une prise d’initiatives qui va les éduquer culturellement certes, mais aussi socialement en les responsabilisant dans la mise en place d’un projet (demander des fonds, trouver des prix préférentiels, planifier, recherches des partenariats, travailler en équipe…). Ces jeunes, que les préjugés et les a priori décrivent comme un public éloigné, désintéressé de toute forme de culture, exceptée peut-être celle du monde urbain (Rap, graffiti…), se retrouvent-ils dans cette démarche proposée par le Centre Jean Vilar ? Qu’en est-il de l’articulation entre l’ancrage culturel de ce public et 7 http://www.japan-expo.com/ 8 Entretien avec Jérémy, animateur au CJV, et rencontres informelles avec d’autres animateurs.
  14. 14 l’offre culturelle du Centre Jean Vilar ? Qu’en est-il des portraits culturels9 de 15- 24 ans habitant le quartier de La Roseraie et fréquentant le Centre Jean Vilar ? 9 Pour emprunter les termes de B.Lahire dans La culture des individus (2004)
  15. 15 II- Equipement théorique 1. La Culture : éléments de définition « Il n’y a de culture que là où il y a société » (J.Caune, 2006, p.53), Jean Caune, dans son ouvrage Culture et communication, parle de la « culture » comme d’un « mot valise ». En effet, emprunté dans tant de domaines différents (la linguistique, l’anthropologie, la sociologie, ou encore la psychosociologie), le mot « culture » mêle à lui seul bon nombre de définitions, d’idées et de concepts. Cependant, la définition que nous retiendrons – parce qu’elle est particulièrement explicite face au sujet traité – est celle que nous livre Bernard Lahire dans Le dictionnaire des sciences humaines : « Dans son usage le plus lâche, la notion de «culture» peut être utilisée pour nommer tout ensemble plus ou moins organisé de savoirs, de codes, de valeurs ou de représentations associés à des domaines réguliers de pratiques. Définition «anthropologique», précise-t-on alors souvent, qui permettra de parler aussi bien de cultures professionnelle, technique, culinaire ou vestimentaire que de cultures scolaire, littéraire ou artistique. Le terme désigne en ce cas davantage une dimension - symbolique - de toute pratique sociale, des plus ordinaires et matérielles aux plus savantes, qu'un domaine spécifique de pratiques distinct d'autres domaines. Mais un autre usage, plus restrictif, plus valorisant et, du même coup, plus polémique, réserve le qualificatif de « culturel » ou attribue le mot de « culture » à une partie seulement des pratiques sociales. La question sociale et politique qui se pose alors est de savoir où commence la culture et où elle se termine, ce qui mérite d’être considéré comme relevant de la culture et ce qui doit être renvoyé à de la « sous culture » ou de la « non-culture ». Le renvoi de l’ « autre » à la « nature », à la « non-culture » ou à la « barberie » est le principe de tout ethnocentrisme (Lévi- strauss [1952] 1987) De ce point de vue, il apparaît clairement que, dans les sociétés industrielles modernes, ce qu’on appelle « culture » dépend de l’état des rapports de force entre toutes les institutions (écoles, ministère chargé de la culture, grandes institutions culturelles, presse écrite, radio, télévision, etc.) et tous les agents sociaux (enseignants, producteurs culturels, critiques, journalistes culturels, etc.) prétendant imposer – avec quelque chance d’y parvenir- leur vérité sur le monde culturel. Les
  16. 16 oppositions symboliques – entre la « haute culture » et la « sous-culture », entre le « culturel » qui élève et « sous-culturel » qui « abaisse », entre le « raffiné » qui enrichit et le « grossier » qui « abêtit » - qui structurent nombre de discours sur la culture sont le produit d’un travail permanent de séparation du bon grain culturel et de l’ivraie sous-culturelle. Le sociologue ne peut ici trancher pour donner raison aux uns et tort aux autres (en prenant, par exemple, la défense de ceux qui pensent que le rock , le rap, la BD ou les graffitis ne relèvent pas de la culture contre ceux qui se battent pour les faire reconnaître comme des genres culturels à part entière) ou pour les renvoyer dos à dos (en décrétant leur égale valeur culturelle à partir d’un relativisme culturel de nature plus politique que méthodologique), mais il doit s’en tenir à constater que tout ne se vaut pas dans un monde social différencié et hiérarchisé à enregistrer l’état des rapports de force et à étudier ses éventuelles modifications au cours du temps (par exemple, avec le processus de légitimation de certains arts ou certains genres considérés initialement comme mineurs : photographie, jazz, roman policier, etc.). Culture légitime, foi culturelle et inégalités Prenant acte des rapports de domination culturels qui ont de l’arbitraire culturel des élites « la Culture », la « Grande culture » ou la « Haute culture » (en ses modalités les plus variées : académiques, scolarisées, avant-gardistes, « branchées », mondaines, etc.), la sociologie a étudié les distances et les rapports socialement différenciés à la culture légitime, les fonctions sociales de cette culture ainsi que les effets sociaux de sa domination sur les groupes les plus démunis culturellement (Bourdieu & Boltanski, 1965 ; Bourdieu & Darbel, 1969 et Bourdieu, 1979). Elle a inspiré jusqu’aux grandes enquêtes du ministère de la culture sur les pratiques culturelles des Français (Donnat, 1994 et 1998). Bâtie contre l’idéologie du don ou du goût naturel, cette sociologie a mis en évidence la distribution inégale des compétences et des pratiques culturelles et le fait que la sensibilité culturelle ou esthétique n’est pas une chose innée et inéducable. Sociologie des inégalités culturelles et des fonctions sociales de la culture dominante et, en tout premier lieu, celle de la distinction culturelle, elle met au jour la correspondance statistique entre la hiérarchie des arts, des genres ou des pratiques
  17. 17 et la hiérarchie sociale/scolaire des consommateurs ou des publics et s’attache à montrer qu’il existe un profit de distinction à se démarquer du « vulgaire » (dans les deux sens du terme : le « commun » et le « grossier »). On ne peut parler de culture légitime dominante que si l’on observe au sein du monde social une forte croyance en la supériorité de certaines activités et de certains biens culturels par rapport à d’autres. Et la croyance en la supériorité d’une culture ne parvient à s’instaurer que dans le cadre de rapports de domination culturels. C’est parce que certains produits culturels et certaines activités culturelles disposent de puissants moyens d’imposition de leur légitimité (l’Ecole étant centrale puisqu’elle est la seule, par l’obligation scolaire et son système d’évaluation-sanction des produits de son inculcation , à disposer d’un public captif, alors que l’ensemble des autres instituions – bibliothèques, musées, médias culturels, éditeurs culturels, etc. – essaie de déployer des stratégies en vue de captiver le public), que celle-ci peut-être reconnue largement , y compris par une partie de ceux qui n’ont pas accès à celle-ci ou ne la maîtrise pas. La croyance en la légitimité culturelle d’un bien ou d’une pratique est donc indissociable de ce que l’on pourrait appeler le degré de « désirabilité collective » entretenue à son égard. Ce qui marque l’écart entre une simple différence sociale et une inégalité sociale d’accès à toute une série de biens, pratiques, institutions, etc., c’est bien le fait que l’on a affaire, dans le second cas de figure, à des objets qui sont définis collectivement et de manière assez large comme hautement désirables. Si l’on ne parle généralement pas de l’inégalité sociale devant la mécanique ou le travail ménager, c’est parce que ces pratiques (compétences, savoirs ou savoir-faire), dont on peut objectivement constater la distribution différentielle dans le monde social (selon la classe social ou le sexe), sont assez globalement perçues comme des pratiques spécialisées (plutôt que générales) et secondaires (plutôt que primordiales et nobles). Il n’y a donc inégalité culturelle que parce qu’il y a forte désirabilité collectivement entretenue. »10 10 Définition de la Culture par Bernard Lahire dans Le dictionnaire des sciences humaines.
  18. 18 2. Remise en question des fondements sociologiques dans l’étude des pratiques culturelles 2.1. Légitimité culturelle, un concept reconsidéré Bernard Lahire, dans son ouvrage La culture des individus, dissonances culturelles et distinction de soi, aborde la question de la culture chez les individus en discutant le concept de légitimité culturelle qu’il trouve restreint compte tenu du champ d’action que représente l’étude des pratiques et des préférences culturelles des individus. D’après Eric Maigret et Eric Macé dans leur ouvrage Penser les médiacultures, nouvelles pratiques et nouvelles approches de la représentation du monde (2005), la légitimité culturelle désigne le fait que les objets culturels sont marqués par les rapports sociaux entre les groupes ou les classes, qui sont des rapports de hiérarchisations et de dominations. Ils citent Jean-Claude Passeron : « les pratiquants d’une culture populaire se trouvent, qu’ils le veuillent ou non, qu’ils le sachent ou non, objectivement mesurés dans la réalité des rapports sociaux aux critères de la culture dominante » (in E.Maigret et E.Macé, 2005). Eric Maigret et Eric Macé formulent deux postulats : - La légitimité ou l’illégitimité d’une pratique est définie par la position élevée ou basse de ceux qui l’exercent. - Les positions sociales les plus élevées tendent à avoir les pratiques les plus légitimes. C’est la position qui définit socialement la légitimité. Bien que ces postulats ne soient pas sans rappeler les deux grandes façons de dominer culturellement évoquées par B. Lahire « dominer par le nombre et la popularité », ou « dominer par la rareté et la noblesse » (B.Lahire, 2004, p.63), l’auteur formule quelques critiques à l’encontre de la théorie de la légitimité, non pas tant sur le fond mais plutôt sur la forme (qui du coup influe sur le fond). En effet, Bernard Lahire reproche à la théorie de la légitimité culturelle d’avoir réalisé des enquêtes en catégorisant et hiérarchisant à la fois les pratiques culturelles, les préférences culturelles ainsi que les individus interrogés (diplômes, âges, sexe, CSP…). Les résultats de ces enquêtes ont permis de saisir les grands déterminants sociaux de pratiques culturelles des individus, comme c’est le cas dans l’étude des
  19. 19 Pratiques culturelles des français d’Olivier Donnat (2008). En revanche, les catégories étant présupposée par le chercheur, il s’efforcera de rentrer ses enquêtés dans ces cases. Cependant les goûts et les pratiques de chacun sont loin d’être homogènes, ils sont au contraire formés d’ambivalences et de paradoxes. C’est sur ce point que Bernard Lahire s’est attaché à travailler. Les frontières culturelles restent mouvantes et trompeuses. Telle pratique pourra faire l'objet au fil du temps d'une légitimation progressive. Ce fut par exemple le cas du jazz qui a bénéficié d'une réévaluation à la hausse au long du XX° siècle. Une même pratique peut en outre être jugée plus ou moins légitime en fonction du cadre dans lequel nous nous y adonnons. Finalement, le degré de légitimité d’une pratique culturelle est liée au capital économique puisque que plus la pratique est chère plus elle sera adoptée par une minorité privilégiée qui semble occuper la place d’élite culturelle au sein de la société. Le rôle des institutions étant d’ouvrir l’accès à la culture au plus grand nombre, cette pratique « rare » va se démocratiser, et puisqu’elle ne sera plus réservée à une minorité, elle perdra sa « haute légitimité ». Ainsi, on constate que la légitimité culturelle n’est pas liée à la noblesse de la pratique, elle est plutôt comparable à un effet de mode. 2.2 Une hétérogénéité des goûts individuels : les « variations intra-individuelles » Bernard Lahire va à l’encontre de la position de Pierre Bourdieu qui estime que l’école et les institutions culturelles reproduisent les inégalités de position sociale puisqu’il remet en question ce sur quoi se fonde cet argumentaire en supposant que les pratiques culturelles des dominants, comme celles des dominés, ne sont pas toujours conformes à leurs positions sociales. Les exemples que Bernard Lahire se plaît à donner dans son ouvrage, tel que celui du philosophe Ludwig Wittgenstein qui apprécie particulièrement lire des romans policiers ou se balader dans les fêtes foraines, ne sont pas de rares exceptions. Pour l’auteur, il convient d'admettre sans réserve que les individus, sauf exception, révèlent écarts et variations, non seulement par rapport aux groupes d'appartenance autres que le leur mais également au sein de leur propre groupe d'appartenance (variations inter- individuelles) et surtout jusqu'en eux-mêmes (variations intra-individuelles). C’est en cela que Bernard Lahire s’oppose à l’analyse sociologique récurrente des pratiques
  20. 20 culturelles qui se base sur la notion de légitimité culturelle et qui se contente de diviser les consommateurs culturels en consommateur de « haute culture » ou de « sous-culture » sans traiter l’hétérogénéité que révèlent les goûts de chacun. Cette hétérogénéité se constate par des « particularités » dans les pratiques ou préférences culturelles des individus. Bernard Lahire les définit comme des dissonances ou des consonances culturelles qui viendront confirmer ou infirmer les règles préétablies de la légitimité culturelle. L’idée que Bernard Lahire défend dans cet ouvrage est qu’il n’y a pas de modèle de goûts prédéfinis pour chaque catégorie sociale, et qu’il n’est pas systématique de pratiquer la culture proportionnellement à son degré dans la hiérarchie sociale. La catégorie socioprofessionnelle, l’âge ou le sexe sont des facteurs qui peuvent contribuer aux préférences et aux pratiques culturelles, mais sans être uniquement des contraintes. Il va à l’encontre des présupposés sociologiques en tentant une approche inédite de ces questions, puisqu’il va essayer, à travers des entretiens individuels, de mettre en évidence les paradoxes, qu’il appellera « variations intra-individuelles », de chaque individu dans leurs pratiques et préférences culturelles. Contrairement à Pierre Bourdieu qui défend l’idée que la pratique culturelle d’un individu dépend de son habitus, c’est-à-dire ce qu’il a assimilé et intériorisé des valeurs dépendant de son groupe social d’appartenance, Bernard Lahire estime que le travail d’un sociologue est de s’interroger sur les « nuanciers culturels individuels » c’est-à-dire les différences notoires de goûts et de pratiques d’un même individu selon un domaine ou une pratique, plutôt que de supposer que le passé d’un individu pèse en permanence sur notre vécu. Ce que cherche Bernard Lahire, ce n’est pas de proportionner une population dans diverses catégories de pratiques ou de préférences culturelles, c’est de faire ressortir dans chaque individu les variations qui font toute la complexité du rapport entretenu entre l’individu et la culture.
  21. 21 3. Les portraits culturels : dissonances et consonances. Par dissonance culturelle, B. Lahire entend l'existence chez un individu d'une ou plusieurs pratiques culturelles marquant un écart au sein d'un ensemble de pratiques plus ou moins homogènes du point de vue de leur légitimité. Dans cette perspective, est qualifié de "dissonant légitime" un individu ayant des pratiques considérées habituellement comme très légitimes tout en sacrifiant à telle ou telle pratique un peu légitimité. Inversement, tel autre individu doté d'un faible capital culturel pourra être qualifié de "dissonant illégitime" s'il rompt l'homogénéité d'habitudes culturelles perçues comme faiblement légitimes (karaoké par exemple) par telle ou telle pratique davantage valorisée (programmes d'Arte ou spectacles de danse classique). D’après Bernard Lahire, « Il n'y a rien de plus statistiquement fréquent que la singularité individuelle et (...) par conséquent, les exceptions statistiques n'ont rien d'exceptionnel : elles sont tout ce qu'il y a de plus ordinaire et touchent au bout du compte la quasi-totalité des individus composant les différents groupes. » (2004) Les profils homogènes et cohérents en termes de pratiques culturelles ne concernent ainsi qu'un effectif très restreint d'individus. Peu nombreux sont les individus voués à des pratiques culturelles exclusivement légitimes. Rares sont les individus livrés perpétuellement aux pratiques culturelles les moins légitimes. L'auteur explique cette forte présence de dissonance chez les individus par la multiplicité des instances de socialisation auxquelles ils sont soumis. Successivement ou simultanément, les pratiques culturelles sont influencées par la fréquentation des personnes de l’entourage (familles, amis, collègues), le temps de travail, le temps de loisir… La combinaison et la concurrence de ces déterminants génèrent des variations au sein des pratiques culturelles de l’individu.
  22. 22 III- Déploiement méthodologique 1. Les outils d’investigation 1.1. Entretien exploratoire semi-directif avec Jérémy Lach, animateur du Centre Jean Vilar. Afin de mieux appréhender mon terrain de recherche, j’ai pris l’initiative de contacter le Centre Jean Vilar (CJV) pour présenter mon travail, et demander l’autorisation de diffuser mon questionnaire. J’ai d’abord été mise en relation avec l’adjointe de direction qui, intéressée par mon travail, m’a ensuite redirigé vers Jérémy, animateur jeunesse du Centre Jean Vilar. Enthousiasmée par mon travail, elle souhaitait que je me réfère à un animateur proche des futurs enquêtés et que je lui présente le cadre de mon investigation.. J’ai donc contacté Jérémy par mail : Après quelques échanges, nous avons décidé d’une date à laquelle nous nous sommes rencontrés. Dans un premier temps j’ai défini mon travail et ma démarche à Jérémy. Il s’est montré à l’écoute et intéressé mais ne m’a pas caché les a priori qu’il avait envers moi : « je me suis dit que t’avais un peu l’air d’une petite bourgeoise dans ses grandes études et je me demandais un peu ce que tu venais faire par ici. » Le portrait tiré était clair, mais les préjugés ont rapidement disparu lorsque je lui ai précisé que si j’avais choisi de réaliser mon terrain de recherche dans le quartier de La Roseraie c’est que j’y ai grandi pendant plus de 16 ans. Suite
  23. 23 à cela il m’a apporté son aide en me conseillant de créer un groupe Facebook11 et en m’assurant de diffuser le questionnaire au maximum. Il était plus percutant et plus efficace qu’il diffuse les enquêtes lui-même car d’après lui « moi ils me connaissent, je pourrais les convaincre, toi ils ne te connaissent pas et n’auront pas confiance. En plus, il y a des endroits ici où en tant que fille tu ne peux pas aller toute seule, surtout si t’es inconnue du secteur. » Son jugement s’est avérée tout à fait juste quand j’ai essayé d’appréhender des jeunes autour du CJV, ils n’ont en effet pas été très réceptifs. Ayant beaucoup apprécié l’enthousiasme et la franchise de Jérémy lors de notre premier rendez-vous je l’ai sollicité pour un entretien semi-directif autour de la question de l’offre culturelle et du dispositif mis en place par le Centre Jean Vilar. L’entretien12 s’est déroulé le 2 mai de 18h à 19h30 dans une salle du Centre Jean Vilar, il s’est avéré plus long que prévu (20 à 30 min avait été définie). Nous avons d’abord pris le temps de revenir sur le parcours de Jérémy et son arrivée au CJV. Ensuite nos avons évoqué l’impact du Centre sur les quartiers ainsi que les difficultés auxquelles Jérémy a pu être confronté. Pour finir nous avons essayé de définir le rôle des animateurs à travers le Centre. Les propos de Jérémy concordent avec l’analyse des résultats de l’enquête. Nous pouvons remarquer une certaine franchise et beaucoup de passion lorsqu’il parle. Ce fût un entretien très enrichissant. 11 Explication ci-après : 1.3 Condition d’administration des outils. 12 Cf. annexe 4
  24. 24 1.2. Construction du questionnaire pour l’enquête sur les « Offres et goûts culturels dans le quartier de La Roseraie ». Afin de mener à bien mon travail sur le terrain de recherche, j’ai réalisé un questionnaire13 à l’aide de l’outil Google Docs. Le questionnaire permet de dresser les portraits culturels des 15-24 ans du quartier de La Roseraie. Il est donc composé d’une première partie concernant les goûts, travaillée avec des questions ouvertes pour éviter d’influencer l’enquêté. En effet, Bernard Lahire explique dans son ouvrage La culture des individus, dissonances culturelles et distinction de soi, qu’en proposant différent choix le chercheur effectue une première sélection subjective en fonction de ce qu’il pense, ce qui influencera automatiquement l’enquêté. Il va même plus loin en prônant la valorisation des entretiens individuels au détriment des questionnaires qui, d’après lui, tentent de faire entrer les gens dans des catégories. Pour des raisons évidentes de temps et de disponibilité, je n’avais pas la possibilité de m’entretenir avec la cinquantaine d’enquêtés qui ont répondu à mon questionnaire. La rédaction de questions ouvertes étaient donc un bon compromis pour ne pas influencer l’enquêté et le laisser s’exprimer librement. Son portrait culturel devenait ainsi beaucoup plus personnel puisque sa réponse pouvait être unique. La seconde partie du questionnaire porte sur les pratiques culturelles, et plus exactement sur la fréquence de ces pratiques. Pour réaliser cette partie, je me suis référée à l’enquête d’Olivier Donnat sur les Pratiques culturelles des français à l’ère du numérique. J’ai repris la formulation des questions et les différentes options proposées. Olivier Donnat étant reconnu pour ces enquêtes des pratiques culturelles sur le territoire national, cela représentait pour moi un moyen sûr d’offrir des propositions dans lesquelles le public interrogé trouverait une réponse qui lui conviendrait. La troisième partie du questionnaire porte exclusivement sur le Centre Jean Vilar, les questions étant à la fois ouvertes et fermées. Il s’agissait, dans cette partie, de connaître d’une part la fréquence et les raisons de la venue au CJV, et d’une autre part ce qui y est apprécié ou regretté. C’est dans ces réponses qu’il sera possible d’observer le rapport des 15-24 ans à l’offre culturelle du CJV. 13 https://docs.google.com/spreadsheet/viewform?pli=1&formkey=dE9RRG1JZVJwM1pyNGkydmVaWEJ UY3c6MQ#gid=0
  25. 25 La quatrième et dernière partie du questionnaire dresse l’identité de l’enquêté. Bien sûr le questionnaire est tout à fait anonyme, mais cette partie va permettre de réaliser un premier portrait grâce aux données en termes de sexe, d’âges, de niveau scolaire, de logements, etc… Elle est donc composée de questions fermées. Pour répondre au questionnaire il était primordial de remplir trois conditions : - Avoir en 15 et 24 ans - Habiter le quartier de La Roseraie - Fréquenter le Centre Jean Vilar
  26. 26 1.3. Présentation du questionnaire Habitez-vous à la Roseraie ? Oui Non Si oui, dans quel type de logement ? Appartement Maison Logement HLM Autre :
  27. 27 I- Les goûts Qu'est-ce qu'une bonne musique ? Qu'est-ce qu'un bon film ? Qu'est-ce qu'un bon spectacle ? Qu'est-ce qu'un bon livre ? A quoi vous fait penser le mot " Art " ?
  28. 28 II- Les pratiques Ecoutez-vous la musique, chez vous, en voiture ou ailleurs ? Tous les jours ou presque Environ 3 ou 4 jours par semaine Environ 1 ou 2 jours par semaine Plus rarement Jamais En moyenne, au cours des douze derniers mois, êtes-vous allé au cinéma ? Plusieurs fois par semaine Environ 1 fois par semaine Environ 1 ou 2 fois par mois Plus rarement Jamais, ou pratiquement jamais En moyenne, au cours des douze derniers mois, avez-vous assisté à un spectacle ? Plusieurs fois par semaine Environ 1 fois par semaine Environ 1 ou 2 fois par mois Plus rarement Jamais, ou pratiquement jamais En moyenne, au cours des douze derniers mois, êtes-vous allé voir une exposition ? Plusieurs fois par semaine Environ 1 fois par semaine Environ 1 ou 2 fois par mois Plus rarement Jamais, ou pratiquement jamais En moyenne, au cours des douze derniers mois, êtes-vous allé à la bibliothèque ? Plusieurs fois par semaine Environ 1 fois par semaine Environ 1 ou 2 fois par mois Plus rarement Jamais, ou pratiquement jamais
  29. 29 III- Le Centre Jean Vilar En moyenne, venez-vous au Centre Jean Vilar ? Plusieurs fois par semaine Environ 1 fois par semaine Environ 1 ou 2 fois par mois Plus rarement Jamais, ou pratiquement jamais Que venez-vous y faire ? Animation familiale Animation jeunesse Vie associative Ateliers (danse, musique, détente) Festivals Bibliothèque Autre : Qu'appréciez-vous au Centre Jean Vilar ? Que regrettez-vous ? Suggestions ?
  30. 30 IV- Identité Sexe Femme Homme Age Situation professionnelle Etudiant Salarié Non salarié Sans emploi Autre : Si étudiant, quel niveau d'étude ? Bac +1 Bac +2 Bac +3 Bac +4 Bac +5 Logement Indépendance Foyer familial Situation familiale Célibataire En couple Parent Non parent
  31. 31 1.4. Conditions d’administration des outils En termes d’investigation, le questionnaire a été administré sous trois différentes formes. Au début, il était question de le diffuser sous format papier auprès des jeunes de 15-24 ans dans le quartier de La Roseraie, autour du Centre Jean Vilar. Ne pouvant pas assurer une présence constante sur le Central Jean Vilar aux périodes de fréquentation importante car j’étais en stage, j’ai fait le choix de déposer une cinquantaine de questionnaire au sein du CJV, ainsi qu’à Résidence des Jeunes Travailleurs se trouvant juste à côté. Cette première démarche n’a pas remporté le succès attendu. C’est à la suite de mon premier rendez-vous avec Jérémy, que le second mode d’administration a vu le jour. En effet, face à l’échec de ma première tentative. Jérémy a émis l’idée de le diffuser via internet, un média qui touche particulièrement bien la tranche d’âge des enquêtés. Ainsi, j’ai réalisé un « évènement » sur le réseau social Facebook pour lequel le compte Facebook du Centre Jean Vilar (contrôlé par Jérémy) était principal hôte. Les « amis » Facebook du Centre Jean Vilar ont donc été invités à participer au questionnaire.
  32. 32 En un clic, ils se trouvaient redirigés vers la page Google Docs de mon questionnaire ce qui permettait en plus le traitement automatique des réponses. En effet, Google Docs génère des diagrammes pour toutes les questions fermées. Cette idée a remporté un franc succès les premiers jours, mais l’engouement s’est atténué au fil du temps. Cependant, elle a séduit les enquêtés qui, d’après Jérémy, se laissait plus facilement prendre au jeu lorsqu’il s’agissait de prendre la « souris » pour répondre que le « stylo ». De plus, elle m’a permis un gain de temps important dans le traitement de mes résultats. La troisième méthode utilisée pour l’administration du questionnaire a été mise en place en coopération avec la Résidence des Jeunes Travailleurs. Le directeur de la Résidence « Mistral » des Jeunes Travailleurs m’a permis d’assurer deux permanences au sein de l’établissement afin d’administrer mon enquête. Aidée de mon père, retraité, j’ai pu prendre le temps d’accompagner les résidents, en situation très défavorisée pour la plupart (certains ne parlent pas ou très peu le français, n’ont pas d’emplois, pas de familles…), dans l’appropriation du questionnaire. Cette méthode n’est pas celle qui m’a rapporté le plus en termes de quantité de questionnaire. En revanche, c’est celle qui qualitativement et humainement m’a apporté le plus de matière pour mon travail. Effectivement, d’être présente lors de l’administration du questionnaires permet d’observer la réaction de l’enquêté face notamment aux questions ouvertes. Durant cette méthode, l’enquêté s’est souvent senti obligé de me justifier ses réponses. A la question « qu’est-ce qu’un bon livre ? », beaucoup ont répondu « je ne sais pas car je ne lis pas » et ont ensuite rajouté « je n’ai pas le temps de lire vous voyez, je cherche du travail et tout donc je me pose pas beaucoup ». Cette observation peut être mise en parallèle avec les propos de Bernard Lahire dans son ouvrage La culture des individus, dissonances culturelles et distinction de soi. En effet il explique que lors des entretiens qu’il a menés, des enquêtés ont justifié leurs réponses. Cela peut prendre diverses formes : « fatigue, curiosité, contrainte, second degré, etc. » (B.Lahire, 2004, p29).
  33. 33 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 15 ans 16 ans 17 ans 18 ans 19 ans 20 ans 21 ans 22 ans 23 ans 24 ans IV- Analyse des résultats 1. La photo de classe des 15-24 ans habitant La Roseraie et fréquentant le Centre Jean Vilar 54 personnes entre 15 et 24 ans, habitant le quartier de la Roseraie et fréquentant le Centre jean Vilar ont été interrogées pour mener à bien mon enquête de terrain sur les pratiques et préférences culturelles au sein de ce quartier. Découvrons les résultats de cette enquête. 1.1 Qui sont-ils ? Sexe : . Age : Femme 26 4,8/10 Homme 28 5,2/10 Femme 26 4,8/10 Homme 28 5,2/10 Sur 54 personnes, l’écart entre le nombre d’hommes et de femmes interrogés est très mince. Nous pouvons ainsi en déduire que le Centre Jean Vilar est fréquenté quasiment à part égal, dans la tranche des 15-24 ans, par des femmes que par des hommes. Sur 54 personnes, la grande majorité a 15 ans. On constate donc que sur la tranche d’âge 15-24 ans, ce sont les plus jeunes qui fréquentent le Centre Jean Vilar. D’autant plus que les personnes majeures ont été interrogées à la Résidence des Jeunes Travailleurs car il était difficile d’en trouver au CJV.
  34. 34 Situation professionnelle : Niveau d’études : Etudiant 27 5/10 Salarié 6 1,1/10 Non salarié 0 0/10 Sans emploi 10 1,9/10 Autres 11 2/10 BAC 2 0,4/10 BAC + 1 à BAC + 3 5 0,9/10 BAC + 4 à BAC + 5 0 0/10 CAP 0 0/10 BEP 8 1,5/10 BEPC 5 0,9/10 Autres 34 6,3/10 En concordance avec la moyenne d’âge, nous retrouvons dans la situation professionnelle une majorité d’étudiant. En effet, les personnes fréquentant le Centre Jean Vilar étant non seulement mineur, mais en plus âgé de moins de 16 ans l’école est encore obligatoire. Ils sont donc étudiants au collège ou au lycée. Pour les majeurs, ou les personnes âgée de plus de 16 ans ayant quittées le circuit scolaire, elles sont majoritairement sans emplois, ou « autres » c’est-à-dire en formation pour la plupart. Ici, on remarque que l’écrasante majorité se situe dans la catégorie « autres ». L’explication est en fait que, comme nous l’avons vu précédemment, la majorité des enquêtés est âgée de 15 ans et ont une année de retard, ils n’ont donc pas encore validés leur BEPC. « Autres » est donc la catégorie des « non diplômés » que j’avais fait le choix de ne pas indiquer pour ne pas entraîner le sentiment d’être jugé. En effet, l’enquête ne porte pas sur leur niveau d’études mais sur les préférences et pratiques culturelles. Cette explication m’a été dévoilée par Jérémy lorsque nous avons étudié et analysé les résultats.
  35. 35 0 10 20 30 40 Célibataire En couple Célibataire + Parent En couple + Parent Lieu de vie : Situation familiale : Foyer familial 37 69% 6,9/10 Indépendance 17 31% 3,1/10 Célibataire 38 7/10 En couple 12 2,2/10 Célibataire + Parent 2 0,4/10 En couple + Parent 2 0,4/10 Pour cette catégorie, toujours en concordance avec l’âge, la grande majorité vit encore au sein du foyer familial. Ici aussi nous pouvons constater que les résultats sont en adéquation avec le reste des résultats. La majorité des enquêtés ayant quinze ans et vivant encore dans le foyer familial, ils sont pour la plupart célibataires. D’autant plus que sur les 12 ayant répondu « en couple », certains ne sont pas en couple au sens « concubin » où je l’entendais dans le questionnaire mais plutôt au sens « sortir avec une fille » ou « sortir avec un garçon ». En effet, certains enquêtés que j’ai pu accompagner dans leurs réponses se sont déclarés « en couple » puisque « je sors avec mon copain depuis bientôt un mois » (enquêtée n°23).
  36. 36 Parole avec du sens Tout selon les humeurs et le contexte Musique intemporelle / non commerciale Musique qui fait danser Musique qui fait ressentir quelque chose RAP, Hip-hop, Zouk, Reggae, R’n’B Tout dépend des goûts de chacun Variétés françaises Envoûtante, entraînante Rock, Pop Années 80, 90 Autres (non classables) 1.2. Quels sont leurs goûts culturels ? Qu’est-ce qu’une bonne musique ? Parole avec du sens 10 1,85/10 Tout selon les humeurs et le contexte 2 0,38/10 Musique intemporelle / non commerciale 2 0,38/10 Musique qui fait danser 11 2,03/10 Musique qui fait ressentir quelque chose 9 1,66/10 RAP, Hip-hop, Zouk, Reggae, R’n’B 6 1,11/10 Tout dépend des goûts de chacun 3 0,55/10 Variétés françaises 1 0,18/10 Envoûtante, entraînante 5 0,92/10 Rock, Pop 2 0,38/10 Années 80, 90 2 0,38/10 Autres (non classables) 1 0,18/10
  37. 37 Les enquêtés sont sensibles au message, qu’il soit textuel ou instrumental, que transmet la musique. La troisième réponse revenue régulièrement est « musique qui fait danser ». Cette réponse concorde avec les styles de musiques les plus écoutés « RAP, Hip-Hop, Zouk, Reggae, R’n’B » ainsi qu’avec la réponse « envoûtante, entraînante » qui se classe 5ème parmi les réponses les plus données. D’après ces réponses nous pouvons conclure que les enquêtés apprécient les musiques transmettant une émotion et un message, ainsi que les musiques rythmées. La variété française, le Rock ou le style années 80 ne remportent pas un franc succès auprès des enquêtés.
  38. 38 Film avec suspens, humour, sentiments, morale Tout dépend de l’humeur et du contexte de chacun Film qui décrit la réalité, histoire plausible Film qui suscite l’émotion Film qui fait réfléchir Film qui nous marque Film auquel on peut s’identifier Film bien ficelé et bien joué Film comique / humoristique Autres (non classables) Qu’est-ce qu’un bon film ? Film avec suspens, humour, sentiments, morale 16 2,96/10 Tout dépend de l’humeur et du contexte de chacun 7 1,31/10 Film qui décrit la réalité, histoire plausible 2 0,38/10 Film qui suscite l’émotion 9 1,66/10 Film qui fait réfléchir 3 0,55/10 Film qui nous marque 5 0,92/10 Film auquel on peut s’identifier 1 0,18/10 Film bien ficelé et bien joué 7 1,31/10 Film comique / humoristique 1 0,18/10 Autres (non classables) 3 0,55/10
  39. 39 En pole position, nous trouvons la réponse « film avec suspense, humour, sentiments, morale » qui décrit les ingrédients du blockbuster américain de base mêlant action, histoire d’amour, quelques répliques cocasses et bien sûre la morale du bien contre du mal avec une « happy end ». Le but ici n’est pas de faire une critique cinématographique, ni même une critique des goûts cinématographiques. Cependant, il est possible de constater que les préférences culturelles des enquêtés se tournent vers un film contenant la recette « de base » pour fonctionner. D’ailleurs la recette fonctionne, et de bons films sont cités parmi les réponses tels que Roméo + Juliette de Baz Luhrmann, American Beauty de Sam Mendesou Kick ass de Matthew Vaughn qui, sans être des chefs d’œuvres du cinéma, sont loin d’être des « nanars » pour emprunter le terme de l’enquêté n°3.
  40. 40 Spectacle mêlant plusieurs disciplines Tout dépend de l’humeur et du contexte de chacun Spectacle vivant, dans lequel on peut participer Spectacle avec acteurs de qualités Spectacle qui marque Spectacle agréable / bon moment Spectacle qui suscite l’émotion / captivant Spectacle comique Spectacle avec un beau décor / bien monté Danse Musique Théâtre Je ne sais pas Autres (non classable) Qu'est-ce qu'un bon spectacle ? Spectacle mêlant plusieurs disciplines 1 0,18/10 Tout dépend de l’humeur et du contexte de chacun 3 0,55/10 Spectacle vivant, dans lequel on peut participer 2 0,38/10 Spectacle avec acteurs de qualités 2 0,38/10 Spectacle qui marque 2 0,38/10 Spectacle agréable / bon moment 5 0,92/10 Spectacle qui suscite l’émotion / captivant 8 1,48/10 Spectacle comique 12 2,18/10 Spectacle avec un beau décor / bien monté 7 1,31/10 Danse 2 0,38/10 Musique 3 0,55/10 Théâtre 2 0,38/10 Je ne sais pas 2 0,38/10 Autres (non classable) 3 0,55/10
  41. 41 L’adjectif le plus utilisé pour qualifier un « bon spectacle » est « comique ». Dans ce premier constat il est possible de faire le lien avec la culture du « stand up », monologue comique sous la forme d’un « one-man’show, qui connaît son succès auprès de la tranche d’âge des enquêtés. En effet, Gad Elmaleh, Omar et Fred, Florence Foresti ou encore Jamel Debbouze et son Jamel Comedy Club sont les icones de toute cette génération qui s’identifie aux histoires de vies racontées dans leurs sketchs. En seconde position, nous retrouvons des adjectifs qui ne sont pas sans rappeler ceux utilisés pour la question précédente : captivant et suscitant l’émotion. On peut constater que les résultats de ces deux questions sont relativement similaires. Les arguments d’un bon film et d’un bon spectacle sont donc quasiment les mêmes pour les enquêtés, à la seule différence que le comique est particulièrement assimilé aux spectacles.
  42. 42 Livre avec action, morale, sentiments, humour et suspens Tout dépend de l’humeur et du contexte de chacun Pas trop long / Pas ennuyeux Livre qui suscite l’émotion / captivant Livre qui raconte la réalité Livre qui suscite de l’imagination / le voyage Livre bien écrit / rédaction importante Livre auquel on peut s’identifier Avec des images Manga Littérature anglaise Magazine, journal, PQR Historique Je ne sais pas / Je ne lis pas Autres (non classables) Qu'est-ce qu'un bon livre ?
  43. 43 Livre avec action, morale, sentiments, humour et suspens 7 1,31/10 Tout dépend de l’humeur et du contexte de chacun 2 0,38/10 Pas trop long / Pas ennuyeux 5 0,92/10 Livre qui suscite l’émotion / captivant 12 2,18/10 Livre qui raconte la réalité 1 0,18/10 Livre qui suscite de l’imagination / le voyage 5 0,92/10 Livre bien écrit / rédaction importante 2 0,38/10 Livre auquel on peut s’identifier 2 0,38/10 Avec des images 1 0,18/10 Manga 3 0,55/10 Littérature anglaise 1 0,18/10 Magazine, journal, PQR 2 0,38/10 Historique 3 0,55/10 Je ne sais pas / Je ne lis pas 4 0,75/10 Autres (non classables) 4 0,75/10 Ici encore, nous retrouvons les mêmes critères que pour un bon film ou un bon spectacle : être captivant et susciter l’émotion. « Suspens, humour, sentiment, morale », les qualificatifs utilisés pour définir un bon livre sont exactement les mêmes que ceux d’un bon film. Nous pouvons constater que les enquêtés recherchent les mêmes sensations en lisant un livre qu’en regardant un film, comme s’ils « calquaient » leur rapport aux films sur de la lecture. Plus rares sont ceux à désirer une sensation de « voyage » et d’imaginaire, se démarquant de l’émotion recherchée dans les films ou les spectacles. Une caractéristique semble aussi importante, la longueur du livre. En effet, parmi les réponses les plus données, les enquêtés ne souhaitent pas de livre « trop long » qu’ils assimilent à « ennuyeux ».
  44. 44 Exprimer les émotions Exprimer la réalité sous forme d’art Sentiment abstrait et subjectif Imagination / inspiration La délicatesse représentée XVII ème et XVIII ème siècles Universalité et intemporalité Unique Un don Les arts plastiques Dessins Aux arts en général (film, danse, musiques…) Arts urbains Arts martiaux Peinture Au néant l’Artiste Musée Je ne sais pas A quoi vous fait penser le mot " Art " ?
  45. 45 Exprimer les émotions 11 2,03/10 Exprimer la réalité sous forme d’art 1 0,18/10 Sentiment abstrait et subjectif 2 0,38/10 Imagination / inspiration 3 0,55/10 La délicatesse représentée 1 0,18/10 XVII ème et XVIII ème siècles 1 0,18/10 Universalité et intemporalité 1 0,18/10 Unique 1 0,18/10 Un don 1 0,18/10 Les arts plastiques 6 1,15/10 Dessins 2 0,38/10 Aux arts en général (film, danse, musiques…) 10 1,85/10 Arts urbains 1 0,18/10 Arts martiaux 2 0,38/10 Peinture 4 0,75/10 Au néant 1 0,18/10 l’Artiste 1 0,18/10 Musée 1 0,18/10 Je ne sais pas 3 0,55/10 Rien 1 0,18/10 Il est intéressant de mettre en parallèle les deux réponses les plus données par les enquêtés : d’une part « exprimer les émotions » est une réponse dans laquelle la démarche d’une réflexion est palpable, d’une autre part « aux Arts en général » est une réponse relativement pragmatique. Nous pouvons constater que ces réponses représentent l’écrasante majorité des réponses données, et ont été quasiment également réparties au sein des enquêtés. Nous avons donc deux profils différents qui ressortent au sein de ces résultats. Nous pouvons également souligner l’originalité de certaines réponses telles que « la délicatesse représentée », « le néant », ou encore « XVIIème et XVIIIème siècles ».
  46. 46 1.3. Quelles sont leurs pratiques culturelles ? Ecoutez-vous la musique, chez vous, en voiture ou ailleurs ? En moyenne, au cours des douze derniers mois, êtes-vous allé au cinéma ? Tous les jours 50 9,2/10 Environ 3 ou 4 jours / semaine 2 0,4/10 Environ 1 ou 2 jours / semaine 0 0/10 Plus rarement 2 0,4/10 Jamais 0 0/10 Plusieurs fois / semaine 2 0,4/10 Environ 1 fois / semaine 5 0,9/10 Environ 1 ou 2 fois / mois 21 3,9/10 Plus rarement 22 4,1/10: Jamais ou pratiquement jamais 4 0,7/10 La musique fait partie intégrante du quotidien des enquêtés qui l’écoutent très majoritairement tous les jours (ou presque). Jérémy, animateur au Centre Jean Vilar, explique ce phénomène par l’aspect gratuit et très accessible de la musique. Youtube, Deezer, la Radio, le téléchargement illégal, permettent une écoute gratuite. Le téléphone portable, les baladeur mp3, et les ordinateurs en facilitent l’accès. Nous pouvons constater que le cinéma ne remporte pas beaucoup plus de succès que le spectacle auprès des enquêtés. En effet, près de la moitié des enquêtés disent y aller moins d’une fois par mois. En revanche, l’écart se creuse entre la pratique du spectacle et du cinéma puisque près de 4 personnes sur 10 vont au cinéma environ 1 ou 2 fois par mois, alors que c’est seulement 1,3 personnes sur 10 qui va voir un spectacle à cette même fréquence.
  47. 47 En moyenne, au cours des douze derniers mois, avez-vous assisté à un spectacle ? En moyenne, au cours des douze derniers mois, êtes-vous allé voir une exposition ? Plusieurs fois / semaine 2 0,4/10 Environ 1 fois / semaine 2 0,4/10 Environ 1 ou 2 fois / mois 7 1,3/10 Plus rarement 26 4,8/10 Jamais ou pratiquement jamais 17 3,1/10 Plusieurs fois / semaine 2 0,4/10 Environ 1 fois / semaine 1 0,2/10 Environ 1 ou 2 fois / mois 7 1,3/10 Plus rarement 20 3,7/10 Jamais ou pratiquement jamais 24 4,4/10 Ces résultats sont assez proches de ceux concernant la fréquence des spectacles. Ils sont encore plus prononcés sur l’absence de cette pratique avec un taux de « jamais ou pratiquement jamais » plus important. En effet, c’est plus de 4 personnes sur 10 qui ne vont « jamais, ou pratiquement jamais » voir une exposition. Les enquêtées assistent très peu, voire pas du tout à des spectacles. Près de la moitié des enquêtées disent y aller moins d’une fois par mois. Ici encore, Jérémy évoque l’aspect pécuniaire pour expliquer ces résultats. D’après lui les jeunes de 15-24 ans du quartier de La Roseraie ne sont pas dans la dynamique d’investir de l’argent pour une activité culturelle. « Et d’ailleurs ce ne sont pas que les jeunes de La Roseraie, les jeunes en général ne mettent pas de sous dans la Culture », précise-t-il.
  48. 48 En moyenne, au cours des douze derniers mois, êtes-vous allé à la bibliothèque ? Plusieurs fois / semaine 10 1,9/10 Environ 1 fois / semaine 15 2,8/10 Environ 1 ou 2 fois / mois 12 2,2/10 Plus rarement 6 1,1/10 Jamais ou pratiquement jamais 11 2,0/10 Les résultats associés à la fréquentation de la bibliothèque du Centre Jean Vilar sont intéressants puisqu’ils sont également répartis entre les deux extrémités de propositions. En effet, près de 2 personnes sur 10 disent y aller « plusieurs fois par semaine » et 2 personnes sur 10 disent ne « jamais ou pratiquement jamais » y aller. Nous pouvons tout de même constater que la majorité des enquêtés fréquentent régulièrement la bibliothèque puisque 37 enquêtés sur 54 fréquentent la bibliothèque au moins « 1 ou 2 fois par mois » (si nous comptabilisons les trois premières réponses). D’après Jérémy, il faut relativiser ce résultat car nombreux sont ceux qui vont à la bibliothèque pour l’accès à Internet (jeux sur Internet, réseaux sociaux, consultation de mails…).
  49. 2. Eléments de portraits culturels Les résultats observés précédemment nous livrent une « photo de classe ». Pour apprécier la consonance ou la dissonance culturelle de 15-24 ans habitant la Roseraie et fréquentant le Centre Jean Vilar, il faut raisonner à l’échelle individuelle. Ici nous allons étudier de plus près les réponses de deux profils culturels afin de mettre en évidence leur consonance ou dissonance culturelle face à leur faible ou forte légitimité culturelle. 2.1. Un portrait culturel consonant A forte légitimité culturelle : enquêté n°3. L’enquêté n°3 est un homme, célibataire, de 22 ans. Il vit dans une maison au sein du foyer familial et poursuit des études supérieures avec un niveau actuel BAC+4. Au cours de ces douze derniers mois, il dit écouter la musique « tous les jours ou presque », aller à la bibliothèque et au cinéma « environ une fois par semaine », et se rendre à une exposition « environ une ou deux fois par mois ». En revanche, il a déclaré aller « rarement » voir un spectacle. Ses pratiques culturelles peuvent être qualifiées de relativement régulières face aux résultats que nous avons dressé lors de la « photo de classe ». A la question « qu’est-ce qu’une bonne musique ? », il a répondu « une musique Soul l’après midi, le matin un son ambiant voir Jazz, et le soir de l’électro progressive, puis en pleine soirée de la techno house ». Ses goûts pour la musique ne sont pas ce que l’on qualifierait de hautement légitime, puisque la musique électronique n’est pas considérée comme la musique classique. En revanche, l’éclectisme dont il paraît faire preuve et la démarche explicative selon le moment de la journée démontre une pratique réfléchie. De plus, comparativement aux résultats de l’ensemble des enquêtés, ils ne citent pas une « musique qui bouge », « qui fait danser », ni les styles de musiques les plus écoutés tels que « RAP, Reggae, R’n’B ». Il répond à la question « qu’est-ce qu’un bon film » avec une démarche relativement semblable à la question précédente. En effet, il cite différents styles de
  50. 50 films en nous fournissant des exemples. Il paraît important ici de faire remarquer que sur 54 enquêtés seuls trois on fournit des titres de films pour appuyer leur réponse. Ainsi, il cite « un film avec une moral (Lord of War) » qui obtient en termes de critique cinématographique : 4 étoiles sur 5 sur Allo Ciné14 , ainsi que les trois « T » de Télérama15 . Il cite également « un film exagéré (Tarantino) » dont les récompenses seraient trop longues à énumérées (Palme d’Or du Festival de Cannes en 1994 entre autres). Ensuite, l’enquêté cite « un film qui fait réfléchir (American Beauty) », ce film a décroché cinq Oscars en 2000, obtient 4 étoiles sur 5 à la critique Allo Ciné ainsi qu’un « T » de Télérama. Pour finir, il cite « un bon nanar (American Pie) », film pour adolescent ayant remporté non pas un Oscar ni la Palme d’Or c’est certain, mais un succès important auprès des jeunes entre 15 et 30 ans. Outre le dernier film cité, mais que l’enquêté reconnaît être un film de divertissement, nous pouvons estimer la pratique culturelle cinématographique comme fortement légitime. La réponse de l’enquêté n°3 à la question « qu’est-ce qu’un bon spectacle ? » vient confirmer la légitimité de ses pratiques culturelles. En effet, dans un premier temps il définit un bon spectacle par « un spectacle de danse , une bonne pièce de théâtre ou les comédiens vivent leurs personnages et font ressentir aux spectateurs l'intégralité de l’œuvre de l'auteur ». Il ajoute ensuite « Je pense a l'art chinois, Georges Dandin16 que j'ai vu au NTA , LILIOm17 qui était réussi ». Pour finir , il révèle à nouveau son éclectisme « Ou encore en spectacle humoristique (Jamel Comedy Club, Gad Elmaleh ) ». Sur ce dernier point, l’enquêté correspond aux résultats de la photo de classe qui plaçaient l’humour comme premier adjectif d’un bon spectacle. Pour le reste de la réponse, c’est-à-dire la majeure partie, il fait preuve d’une forte légitimité dans sa pratique culturelle. A la question « qu’est-ce qu’un bon livre ? », l’enquêté n°3 répond « Un livre où les sentiments de l'auteur sont retranscrits a travers ces mots Thérèse Raquin18 , La chute19 , Le rivage des Syrtes20 , l'œuvre de Proust ... ». Dans cette réponse, il fait fi de ses goûts moins légitimes pour nous livrer une pratique de la lecture que nous pouvons qualifier de légitime. 14 http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=54676.html 15 http://www.telerama.fr/cinema/films/lord-of-war,244664.php 16 comédie-ballet en trois actes de Molière, avec musique de Jean-Baptiste Lully. 17 http://www.lequai-angers.eu/fr/saison/th-atre/bdd/sid/170 18 Roman d’Emil Zola publié en 1867. 19 Roman d’Albert Camus publié en 1956. 20 Roman de Julien Gracq publié en 1951.
  51. 51 Enfin l’enquêté n°3 nous livre ce à quoi lui fait penser le mot « Art » : « Aux arts majeurs et mineurs (peinture, sculpture, poésie, cinéma, gravure etc.). A un sentiment abstrait reconnu et connu par une évasion subjective de l'esprit. » Son explication, sans être d’une grande clarté il faut le reconnaître, révèle tout de même une réflexion dont peu d’enquêtés ont fait preuve au cours du questionnaire. Par le portrait dressé, sa comparaison face aux résultats globaux, et la constance des réponses, nous pouvons définir l’enquêté n°3 comme un profil consonnant à forte légitimité culturelle. A faible légitimité culturelle : n° 20 L’enquêté n°20 est un collégien de 14 ans. Il vit dans un logement HLM au sein du foyer familial. Il écoute la musique « tous les jours ou presque » et se rend à la bibliothèque « plusieurs fois par semaine ». Il ne va « jamais ou pratiquement jamais » voir un spectacle ou une exposition. En revanche, il va « environ une ou deux fois par mois » au cinéma. Les réponses aux questions ouvertes de l’enquête sont relativement concises. En effet, à la question « qu’est-ce qu’une bonne musique ? », l’enquêté nous livre un style de musique le « rap » qui n’est actuellement pas reconnu comme une musique à forte légitimité. Il nous livre ensuite sa définition d’un bon film : « action ». Un style de film assez large. Il est vrai que sans précision il est difficile d’analyser cette réponse. Cependant, nous pouvons nous risquer à dire que le film d’action est un style général qui n’est pas particulièrement associé à une forte légitimité. Concernant la question portant sur le spectacle, sa réponse fait écho aux résultats globaux analysés précédemment. En effet, pour l’enquêté la définition d’un bon spectacle est « sketch humoristique ». Ensuite, à la question « qu’est-ce qu’un bon livre ? », l’enquêté répond « un livre qui parle de foot ». Ici encore, nous ne disposons pas d’exemples pour analyser complètement cette réponse, mais nous pouvons souligner que le foot est un sport très populaire en France.
  52. 52 A la question « à quoi vous fait penser le mot Art ? » l’enquêté répond « dessins ». Rares sont les enquêtés a avoir donné une réponse aussi succincte et pragmatique. Les réponses fournies par l’enquêté n°20 ne révèlent pas des pratiques culturelles très légitime. En revanche, autant sur le fond que sur la forme les réponses sont constantes. Nous pouvons définir le portrait culturel de l’enquêté n°20 comme consonnant à faible légitimité. 2.2. Un portrait culturel dissonant A forte légitimité culturelle : enquêtée n°43 L’enquêté n°43 est une femme célibataire de 16 ans. Elle est étudiante en BEP, et vit dans un logement HLM au sein du foyer familial. Elle écoute la musique « tous les jours ou presque », fréquente la bibliothèque « plusieurs fois par semaine » et se rend à des expositions « environ une ou deux fois par mois ». En revanche elle va « rarement » au cinéma ou voir un spectacle. A la question « qu’est-ce qu’une bonne musique ? », l’enquêtée répond une « musique des années 60-70-80, musique classique ». Il est difficile d’analyser cette réponse puisque nous pouvons estimer que les années citées ont connu de la musique de styles et de qualités différentes. Rock’n Roll, variétés ou disco ? Le fait que l’enquêtée ne précise pas quel genre musical elle a apprécié laisse perplexe. En revanche, nous savons qu’elle apprécie la musique classique. L’enquêtée définit un bon film par « un film sur la psychologie et les maladies mentales, film de guerre médiévale, science-fiction ». Elle est la seule parmi les enquêtés a avoir cité ces types de films. Là encore, il est difficile de juger puisqu’elle ne cite pas d’exemples, mais nous pouvons retenir l’originalité de la réponse. Sa réponse à la question « qu’est-ce qu’un bon spectacle ? » est claire : « théâtre classique » ce qui tend à penser une pratique culturelle légitime. Concernant la question « qu’est-ce qu’un bon livre ? », il est aussi difficile d’émettre une analyse puisqu’elle répond « un livre autobiographique, récit de vies, nouvelles » sans donner de titres. Le genre autobiographique est un genre littéraire reconnu mais qui est progressivement devenu commercial par l’engouement des
  53. 53 célébrités à en (faire) écrire. Vipère au poing d’Hervé Bazin ou Les Confessions de Jean Jacques Rousseau ne sont pas comparables à Elle m’appelait Miette de Loana, Lorsque l’enquêté n°43 nous livre ce à quoi à lui fait penser le mot « Art » c’est assez concis. En effet, elle répond « musée ». Rares sont les enquêtés à avoir donner une réponse aussi succincte à cette réponse, et elle est la seule qui définit l’Art par un lieu, celui dans lequel sont exposés les œuvres. Sans explication plus poussée de sa part, nous pouvons penser que c’est une réponse relativement pragmatique. La relative simplicité – l’enquêté ne donne pas d’exemples et donne des réponses brèves – et l’hétérogénéité des réponses de l’enquêté nous amène à la définir comme un profil plutôt dissonant. Nous pouvons estimer qu’il est légitime par les préférences culturelles légitimes qu’elle a citées telles que « la musique classique » et le « théâtre classique ».
  54. 54 3. Le rapport à l’offre culturelle du Centre Jean Vilar En moyenne, venez-vous au Centre Jean Vilar ? 3.1. Ce qui a du succès / ce qui est délaissé. Que venez-vous y faire ? Plusieurs fois / semaine 13 2,4/10 Environ 1 fois / semaine 15 2,8/10 Environ 1 ou 2 fois / mois 10 1,9/10 Plus rarement 11 2,0/10 Jamais ou pratiquement jamais 5 0,9/10 Animation familiale 0 0/10 Animation jeunesse 12 2,2/10 Vie associative 5 0,9/10 Ateliers 12 2,2/10 Festivals 1 0,2/10 Bibliothèque 15 2,8/10 Autres 9 1,7/10 Les résultats sont assez explicites, le Centre Jean Vilar est très régulièrement fréquenté par les 15-24 ans du quartier. Rare sont ceux à ne « jamais ou pratiquement jamais » y aller. Ce sont la bibliothèque (ce qui vient confirmer les résultats étudiés précédemment), les animations jeunesses et les ateliers (décrits en I- 3- L’offre culturel du Centre Jean Vilar) qui remportent le plus de succès. Nous pouvons nous étonner du peu de réponses concernant les animations familiales et les festivals. Les enquêtés ne fréquentent donc pas le Centre Jean Vilar en famille. Jérémy a évoqué à plusieurs reprises le festival « Boule de Gomme » (cf.presse) comme un franc succès (lors de l’entretien), or le public ciblé fait parti des personnes interrogées qui ne semblent pas fréquenter les festivals du Centre Jean Vilar. Le festival « Boule de gomme » semble attirer des jeunes au-delà du quartier de La Roseraie.
  55. 55 3.2. Ce qui est sous investi Qu'appréciez-vous au Centre Jean Vilar ? L’accueil / l’équipe / L’ambiance 27 5/10 Activités diverses 8 1,48/10 Association Tassamouth / soirée Raï 2 0,38/10 Le lieu / décors / locaux 2 0,38/10 Spectacle / musique 1 0,18/10 Club billard / café 1 0,18/10 Bibliothèque 3 0,55/10 Je ne sais pas / ne se prononce pas 10 1,85/10 0 10 20 30 L’accueil / l’équipe / L’ambiance Activités diverses Association Tassamouth / soirée Raï Le lieu / décors / locaux Spectacle / musique Club billard / café Bibliothèque Je ne sais pas / ne se prononce pas Etonnement la bibliothèque ne fait pas partie des équipements appréciés au Centre jean Vilar, ce qui est plutôt contradictoire avec les résultats concernant sa fréquentation par les enquêtés. Les spectacles et la musique ne remportent pas non plus un grand succès. Les « activités diverses » arrivent en seconde place mais force est de constater l’écart entre les deux premiers résultats. Finalement les activités proposées ne sont pas particulièrement appréciées, nous pouvons alors nous interroger sur les raisons de leur fréquentation du Centre. D’après Jérémy, et en observant l’environnement du Centre Jean Vilar, les 15-24 ans du quartier de La Roseraie semblent aussi fréquenter le Centre Jean Vilar simplement pour se retrouver et partager un moment ensemble, en ne faisant aucune activité proposée par le Centre.
  56. 56 3.3. Ce qui est surinvesti L’accueil / l’équipe / L’ambiance 27 5/10 Activités diverses 8 1,48/10 Association Tassamouth / soirée Raï 2 0,38/10 Le lieu / décors / locaux 2 0,38/10 Spectacle / musique 1 0,18/10 Club billard / café 1 0,18/10 Bibliothèque 3 0,55/10 Je ne sais pas / ne se prononce pas 10 1,85/10 0 5 10 15 20 25 30 L’accueil / l’équipe / L’ambiance Activités diverses Association Tassamouth / soirée Raï Le lieu / décors / locaux Spectacle / musique Club billard / café Bibliothèque Je ne sais pas / ne se prononce pas Ici encore les résultats parlent d’eux mêmes : ce qui est apprécié au Centre Jean Vilar est indéniablement « l’accueil, l’équipe ainsi que l’ambiance » qui semblent être le fer de lance du succès du CJV auprès des enquêtés. En seconde place, viennent les activités diverses, ce qui confirme les résultats concernant la question « que venez-vous y faire ? ». En revanche, nous pouvons nous étonner du nombre relativement important de personnes qui ne savent pas et/ou ne se prononcent pas. Il paraît confirmer ce qui a été dit précédemment, le Centre est un lieu où les jeunes du quartier semblent se retrouver. Ils apprécient l’ambiance générale mais ne viennent pas y chercher d’activités précises et/ou particulières. Nous retrouvons dans ces résultats les propos de Jérémy (voir entretien) concernant la culture d’engagement dont font preuves les animateurs et l’importance de l’accompagnement de projets à travers cet engagement.
  57. 57 CONCLUSION  Cette approche réalisée dans le quartier de La Roseraie, et plus spécifiquement autour du Centre Jean Vilar m’a permis d’appréhender le rapport d’un public face à son environnement culturel. Cette enquête a été jalonnée de rencontres tant avec des acteurs qu’avec des consommateurs culturels. Les conversations entretenues avec ces personnes (animateur du CJV, directrice adjointe du CJV, directeur de la Résidence des Jeunes Travailleurs et certains enquêtés) ont été fructueuses non seulement pour mon travail de recherche puisqu’elles m’ont éclairées sur des points de vues différents, mais aussi pour mon projet professionnel en me permettant de mieux comprendre certains enjeux de la culture (l’importance de l’accompagnement de projet par exemple). D’un point de vue personnel, la réflexion et la confrontation à la réalité, que m’a apporté ce mémoire, ont été particulièrement enrichissantes, et parfois troublantes. Bien sûr ce travail de recherche s’est heurté à des limites. Face au désintérêt de mon public cible lors de mon enquête, j’ai dû revoir à la baisse le nombre de personnes interrogées. En effet, au début de ma démarche, j’avais l’ambition d’une centaine de personnes, et j’ai finalement peiné à en trouver une cinquantaine. Mais cette « résistance » de mon terrain était un nouveau facteur à prendre en considération dans mon travail. Pourquoi ce désintérêt face à mon enquête ? Est-ce lié à l’âge ? Ou justement au contexte social ? Qu’aurait-il fallu faire pour déclencher chez mon public cible un intérêt pour mon travail ? J’ai commencé mon étude de terrain en m’obligeant à mettre mon opinion, mes idées reçues (souvent influencées par celles renvoyées par la société) ou encore certains clichés de côté pour tenter d’appréhender mes rencontres avec le plus de neutralité possible. En revanche, ce que je n’avais pas prévu, c’était de me confronter à tous les a priori des personnes que j’allais rencontrer. Effectivement ma probable naïveté – et certainement une forme de culpabilité – m’avait amené à croire que je serai l’unique détentrice de préjugés, mais j’ai réalisé que ceux-ci, comme des parasites, ne figuraient pas que dans un sens. Ce ne sont pas seulement les élitistes quelque peu égocentriques qui formulent des clichés sur les goûts et comportements culturels des classes moyennes voire défavorisées, la réciproque se vérifie aussi très
  58. 58 aisément. Cette confrontation dénote d’ailleurs ce manque de communication flagrant entre les différents « styles » de culture (classique, urbaine, élitiste, commerciale…) qui, plutôt que de s’accepter et de cohabiter, se jugent sans cesse. De ces remarques, j’ai vu apparaître une nouvelle perspective à mes recherches, celle d’une étude comparative entre des jeunes de quartiers favorisés et des jeunes de quartiers populaires. Une même enquête, deux terrains de recherches différents, et une analyse comparative des résultats, est-ce que les clichés des uns sur les autres se confirmeraient ? Dans cette nouvelle perspective, il serait souhaitable de poursuivre le travail que j’ai mené dans cette enquête en allant plus loin – ce que je n’ai pu faire faute de temps – en détaillant (grâce notamment à des entretiens approfondis) les portraits culturels de ces publics. Pour conclure, c’est avec enthousiasme, doutes, intérêt, volonté et inquiétudes que je me suis aventurée dans ce travail, c’est avec autant d’émotions qu’il m’a apporté tant humainement que professionnellement.
  59. 59 BIBLIOGRAPHIE  Auclair E. Comment les arts et la culture peuvent-ils participer à la lutte contre les phénomènes de ségrégation dans les quartiers en crise ?, Hérodote, N°122, 2006 p. 212-220. Calmet, M. (2004). Médiathèque, publics empêchés, publics éloignés : les enjeux d’un projet de service spécifique. Mémoire d’étude, Ecole Nationale Supérieur des Sciences de l’Information et des Bibliothèques, 86 p. Caune, J. Culture et communication, Grenoble, PUG, 2006, 164 p. Donnat, Olivier. Les pratiques culturelles des français à l’ère du numérique. Eléments de synthèses 1997-2008. Département des études, de la prospective et des statistiques, ministère de la culture et de la communication, 2009, 12 p. Lamizet, B. La médiation culturelle. Paris, L’Harmattan, 1999, 447 p. Lahire, B. La culture des individus : dissonances culturelles et distinction de soi. Paris, Editions La Découverte, 2004, 739p. Lahire, B. Misère de la division du travail sociologique : le cas des pratiques culturelles adolescentes. Education et sociétés, 2005/2 no 16, p. 129-136. Macé E. , Maigret E. Penser les médiacultures, nouvelles pratiques et nouvelles approches de la représentation du monde. Paris, INA, 2006, 186 p. Mesure, S. , Savidan,P. Le dictionnaire des sciences humaines, Paris, PUF, Quadrige, 2006, 1277p. Patureau, F. Les pratiques culturelles des jeunes. Paris, La Documentation française, 1992, 219 p. Sfez L. La communication : élément structurant du culturel. Quaderni. N°22, 1994. pp. 141-146. Voutat B. , Knuesel R. La question des minorités. Une perspective de sociologie politique. Politix. Vol. 10, N°38, 1997. pp. 136-149
  60. 60 SITOGRAPHIE    http://www.cairn.info/  http://www.persee.fr/web/guest/home  http://www.universalis.fr/  http://www.laviedesidees.fr/La-fabrication-sociale-d-un.html (entretien vidéo de B.Lahire)  http://www.culturecommunication.gouv.fr/
  61. 61 ANNEXES  Annexe 1 : Centre Jean Vilar – Animations jeunesse Annexe 2 : Mail prise de contact avec AURA Annexe 3 : Tableau récapitulatif des résultats de l’enquête Annexe 4 : Entretien avec Jérémy Lach
  62. 62
  63. 63
Publicidad