1. 3éme journées francophones des Pratiques Narratives à Bordeaux
Le 16 juin
Présentation du travail collectif sur l’éthique spécifique des interventions narratives
dans les organisations
Préparation
Noëllyne Bernard
Natacha Rozentalis
Martine Compagnon
Bertrand Baudez
Pierre Blanc Sahnoun
Dialogue entre l’éthique (Noëllyne) et un praticien narratif (Natacha)
Nous sommes là pour vous parler de l’éthique spécifique des interventions narratives dans les
organisations, nous sommes tous ici praticiens narratifs habitués à utiliser le remembrement, le
témoin extérieur, et l’utilisation du subjonctif, alors nous vous invitons à imaginer un dialogue avec
l’éthique.
Je vais demander à Noëllyne de venir interpréter l’éthique.
Noëllyne dit bonjour et rentre dans le personnage
PN : Bonjour Ethique, merci d’être là aujourd’hui pour ces 3éme journées francophone de la PN
Alors dis moi, Ethique, que pourrions nous dire de toi, qui es tu donc ? On dit que tu as une sœur : la
morale, souvent l’on vous confond. Etes vous jumelle ?
E : Oui en effet, je viens du grec et morale vient du latin toutes deux nous sommes relatives aux
moeurs (mores en latin , ethos en grec)
Nous pourrions dire que Morale emporte avec elle une idée d’obligation, de normes
Moi j’ai le beau rôle, je suis une visée de la vie bonne, avec et pour les autres, comme le dit Paul
Ricoeur
PN : Et si nous disions Sagesse pratique, est-ce que cela te conviendrait ?
E : C’est intéressant, sagesse pour l’expérience et la responsabilité, pratique car c’est ce qui permet à
l’intervention d’être utile et efficace.
Donc chez les praticiens narratifs, vous parlez souvent de moi ?
PN: oui, tu sais la plupart d’entre nous ont choisi les PN pour intervenir en ton nom.
Notre travail dans les organisations ce n’est pas toujours facile.
Rappelle toi l’an dernier par exemple, quand j’ai été appelée dans cette grande entreprise qui
menaçait de fermer un service entier pour mésentente et incompétence. Tu m’as beaucoup
soutenue pour sortir le problème des personnes et écouter les voix minoritaires. Tu m’as vraiment
aidée, ta présence, ton soutien est indispensable pour nous donner la force d’intervenir dans les
organisations.
2. E : oui je m’en rappelle très bien.
J’étais en colère que le récit dominant de profit pour l’actionnaire ait fait subir à cette équipe 15
fusions en 17 ans.
OUI, c’est dur, sauve moi, emmène moi avec toi …
PN : Tu étais déjà avec nous, avec la Charte des droits narratifs des clients nous n’étions pas
complétements nus
E: oui c’est vrai, cette charte permet en 7 articles seulement de préciser ma place au sein des PN.
PN : Cette charte s’adresse à tous les clients dans tous les secteurs d’intervention.
Lorsque nous sommes allés dans les organisations, là de nouveaux défis nous attendaient.
N’allons-nous pas masser les galériens comme le dit Ann Epston à Pierre BS pour se moquer un peu ?
E: Oui je me souviens, je me souviens aussi de Nantes où Pierre Blanc Sahnoun a présenté les récits
dominants et vos responsabilités spécifiques. Il a parlé de moi et ceci a ébranlé nombre d’entre
vous ?
Les big five sont puissants, c’est très difficile pour moi.
La croissance infinie…
le profit pour l’actionnaire,
la conformité,
la performance,
la compétition
PN: oui et j’en ai même trouvé un petit dernier qui t’inquiète tant : le changement permanent
E: Je me sens soulagée que les praticiens narratifs s’interrogent sur ces récits dominants et
comprennent qu’ils peuvent devenir des histoires de problème et recruter même les plus aguerris
d’entre vous.
PN : oui et à Nantes, après le discours de Pierre un homme s’est levé : Bertrand Baudez, il a été voir
Pierre et lui a dit : il faut faire qqchose.
C’est ainsi que nous avons pris le problème à bras le corps
On s’est mis au boulot, sous la bannière de Pierre une dizaine de praticiens particulièrement touchés
par cette question l’ont suivi.
E : Peux-tu raconter à nos amis comment tout cela s’est passé, j’aime bien quand tu racontes cette
histoire
PN : Au début nous étions une dizaine de praticiens et nous avons produit une centaine de questions,
tu nous inspires beaucoup…... Puis nous les avons regroupées, nous les avons simplifiées pour en
retenir 30.
Et puis l’on s’est dit, il faut tester ces questions auprès de praticiens en entreprise.
Nous avons invité la communauté narrative à un forum narréthique. 60 praticiens sont venus de
toute la France au Forum 104 à Paris pour un crash test de ces questions
Projeter la photo du forum
3. C’était un moment vraiment beau et magique
Et nous avons abouti au Vélo narratif. Nous étions fiers de cette trouvaille : vélo pour Vision Ethique
de l’Intervention en Organisation- il fallait le trouver non ? et bien sûr un hommage à MW et DE
Le soir, nous sommes tous rentrés chez nous, et nous sommes repartis bosser !
6 mois plus tard nous avons fait une récolte d’expériences et finalement cette métaphore n’était pas
très aidante, elle ne nous aidait pas à mémoriser les questions importantes. Alors nous, les 5
praticiens à avoir continué l’expérience,
avons pris l’initiative de reprendre la logique de la carte narrative et de ses lignes de questions. Le
document est simple et chacun peut le personnaliser
E : OUF ! je suis à vos cotés pour interroger votre responsabilité, pour interroger le rôle que vous
jouez dans le monde, et particulièrement dans les entreprises.
PN : Bien sur, au service de quoi sommes nous? ??
E : Alors sous quelle forme allez-vous m’emmener avec vous.
PN : Nous avons regroupé les questions que tu nous poses en 3 lignes de questions
Ton rôle peut –être interprété par un collègue ou un superviseur. Cette trame d’entretiens peut bien
évidemment être développée et améliorée par le praticien qui posera les questions.
E : Merci pour cet effort et cette intention de m’emmener avec toi dans tes interventions. Je me
rappelle de vos discussions. J’ai apprécié vos efforts pour me respecter et me tenir près de vous.
PN : Si tu veux bien nous allons la présenter.
Est ce que certains dans la salle connaissent déjà cette carte éthique ?
PN : Je vais maintenant lire à nos amis les 3 grandes étapes de questionnement que nous avons
balisées vers toi.
E: J’aime bien cette idée, tu sais comme j’aime poser des questions
PN : Oui, on le sait bien même si parfois on aimerait avoir des réponses …
Projeter questions 1
PN : 1ére ligne : Est-ce que tu me tiens à l’écart de l’influence des discours dominants du business
?
E : oui je veux connaître de quelle façon les exigences de la rentabilité, du chiffre d’affaires ou du
business peuvent influencer tes intentions et tes choix ? S’infiltrer dans ton contexte de travail ?
PN: Et tu me disais l’autre jour, « Quels sont les éléments de ma proposition, les mots, les
expressions commerciales qui risquent de t’affaiblir ?
Evidemment quand je propose une intervention de 2 jours alors que 10 sont nécessaires.
Ou quand je parle d’accompagner le changement vers la performance …
4. Projeter questions 2
PN : 2éme ligne : «Est-ce que je t’emmènes avec moi lorsque je vais dans les entreprises ? »
Ou est ce que je te laisse dans mon cabinet bien au chaud ?
E : tu sais à quel point je tiens à ce que les Pratiques Narratives aident à restituer la dignité et la
beauté dans la vie des personnes et des groupes?
PN : Oui, tu te souviens l’organisation dont nous parlions tout à l’heure
E : celle aux 15 fusions en 17 ans ?
PN : oui, il y avait une grande souffrance dans cette équipe, je me heurtais à des problèmes qui me
paraissaient insurmontables. J’ai même eu peur. Grâce à notre conversation j’ai pu sortir de
l’impasse en externalisant leur problème. Les personnes se confrontaient chaque jour à un problème
d’insécurités professionnelles : technique, relationnelles et d’identité en interne
J’ai fait des entretiens et je les ai restitués à toute l’équipe de façon à ce qu’elles passent d’un statut
de « personnes incompétentes avec mauvais état d’esprit » à celui de « résistant contre l’insécurité
professionnelle ».
Nous avons fait un remembrement avec le fondateur de l’entreprise d’origine qui était : un grand
résistant de la 2eme guerre mondiale !
Et nous avons pu honorer leurs résistances face à ce problème immense et découvrir leur histoire
préférée de satisfaction de leurs clients.
Projeter questions 3
PN : la 3éme ligne retenue :« Est-ce que je t’offre une occasion de passer au premier plan de mes
interventions pour que tu me soutiennes de ta présence ? »
Est-ce que cela t’inspire ?
E : oui, je tiens beaucoup à ce que ton intervention soutienne l’idée que la personne n’est pas le
problème. Peux-tu confirmer que ton intervention contribue à rendre auteures les personnes que tu
accompagnes ?
PN : c’est mon intention, j’ai souvent besoin d’en discuter avec mes collègues pour trouver une voie
d’intervention qui facilite les initiatives personnelles et révèlent une contre histoire suffisamment
forte et partagée pour lutter contre les problèmes.
E : Quelles précautions as-tu mises en place pour que la documentation des récits des personnes
dont la vie est au centre reste leur propriété et ne soit pas détournée par les discours dominants et
leurs intentions ?
PN : Nous prenons bien soin que les mots et les expressions des personnes soient sauvés, pour que
soient respectées les voix minoritaires. Il nous est arrivé de préparer une belle documentation et
qu’au dernier moment le DG nous refusent de l’intégrer aux slides officiels. C’est dur !
Alors nous avons quand même rencontré un dilemme dans toute notre aventure
5. et si nous voulions t’emmener avec nous dans notre portefeuille, quelle image de toi aimerions nous
mettre ???
E : Penses-tu que nous pourrions là maintenant inviter chaque personne à réfléchir à l’image qu’elle
a de moi ?
PN : oui bonne idée, laissons quelques minutes à la salle pour réfléchir à cela, quel personnage,
portrait, photo, vous aimeriez garder à vos côtés pour personnifier l’éthique ?
Et après nous vous dirons ce que nous avons choisi
….interroger quelques personnes dans la salle
Et bien nous …
Nous avons essayé avec l’image d’une vieille chamane Inuit, une jeune chamane Awa, il y a eu des
échanges animés à ce sujet. Il y a des magnifiques visages qui nous ont inspiré. Mais tu nous as
questionné
C’était difficile de prendre la photo de quelqu’un sans lui demander son autorisation.
Comment pourrions nous mettre un visage sans manquer de respect à la personne dont c’est le
visage ?
Alors nous avons convoqué une forêt de Séquoïa puis la jeune pandorienne d’Avatar, Neytiri.
…Impossible de nous mettre d’accord.
C’est à cette occasion que nous nous sommes rendu compte que chacun a vraiment une
représentation personnelle et intime de toi.
Tu sais Ethique, là maintenant je me sens vraiment plus forte parce que tu es avec moi et cela m’aide
d’avoir une image de toi. Je l’ai mise sur ma carte de questions.
Et je sais aussi que je ne suis pas seule, la communauté des praticiens narratifs est avec moi, vous
êtes avec moi !
Alors je vais demander à nos amis qui ont participés au forum narréthique de venir nous rejoindre
sur la scène.
PN : Es-tu d’accord que nous arrêtions là et demander à Noëllyne de revenir pour donner la parole à
la salle
Noellyne s’ébroue
Bertrand et Martine, compagnons de toutes les heures de cette aventure vont maintenant vous lire
quelques documentations de notre rencontre à Paris au forum narrethique
Merci
Maintenant nous allons demander à ceux de la salle qui se sentent concernés par l’éthique dans les
organisations de nous rejoindre sur la scène
Référents de l’expérience 2016/2018
Natacha Rozentalis Martine Compagnon
Bertrand Baudez Pierre Blanc Sahnoun
Noëllyne Bernard