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Au pénitencier national, toutes les conditions sont réunies pour réduire un citoyen
coupable d’un forfait à sa plus simple expression. Outre la liberté dont il est privé,
il perd aussi le droit de rester un « être humain ». Il est brutalisé, violé, agressé et
humilié à longueur de journée. S’il se blesse ou tombe malade, il ne peut espérer
recevoir de soin. « La réalité n’est pas différente dans les autres centres d’incarcération
du pays », raconte un ancien détenu qui, aujourd’hui, est coordonnateur général de
l’organisation « kore prizonye neglije yo » KPNY.
» P. 21
» P. 17
»   P. 6
SPORT
CULTURE
» lire page 4
» suite page 14
Le championnat
national d'athlétisme
Sylvio Cator dans
l'impasse !
par Kenson Désir
En route vers
la réforme de
l'administration
pénitentiaire
Par Evens RÉGIS
J'ai à cœur
ma planète
par Elisée Décembre
Entre complicité, promiscuité
et deshumanisationPar Joe Antoine Jn-Baptiste
HAÏTI / BUDGET
LUNDI 6 JUILLET 2015 NUMÉRO 32
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ACTUALITÉ
2015-2016 : un pari
sur l'agriculture
Le ministre de l’Économie et des Finances, Wilson Laleau. / Photo : J.J. Augustin
HAÏTI SOCIÉTÉ / DROITS HUMAINS / PÉNITENCIER NATIONAL
«
Il y a beaucoup plus d’innocents
incarcérés que de coupables
réels à la prison civile de Port-
au-Prince. Il est beaucoup plus
facile pour un détenu de devenir un
criminel notoire et sans scrupule après
avoir fait la prison. Aucune correction
possible ne peut être envisagée dans
les centres d’incarcération du pays »,
a fait savoir Valcin Rodelin Jr.
CC’est ce qu’a fait savoir cet ancien
détenu au cours d’une interview
accordée à Le National. Son séjour
de six mois et trois jours lui a effec-
tivement prouvé que, dans les cen-
tres d’incarcération du pays, les
prisonniers ne jouissent d’aucun
droit. Même pas celui de manger.
Dans des cellules de quatre mètres
carrés sont enfermés 80 à 90 pris-
onniers. C’est dans leur carré qu’ils
dorment, mangent, se baignent,
étendent leur lingerie, font leurs
besoins, tout. Ils y vivent dans
des conditions les plus inimag-
inables où complicité, promiscuité
et deshumanisation ponctuent à
chaque seconde leur quotidien.
2 | N0
32 LUNDI 6 JUILLET 2015
TRIBUNE
C
e samedi quatrième jour du
mois de juillet devait être
pour moi un jour faste. Leo
Messi allait enfin remporter
son premier trophée majeur avec
l’Albiceleste et mon frère Claude
Delatour devait convoler en justes
noces. Il est minuit passé, les enfants
sont couchés, mon épouse fait sem-
blant de dormir pour édulcorer mon
chagrin. Elle sait que je vais passer
une nuit blanche. Le Chili a remporté
sa Copa America. Mon frère Claude
a été sauvagement abattu de plus-
ieurs balles en plein cœur de Pétion-
Ville par des hommes-Karanklous.
Chaque fois que je ferme les yeux,
je revois Claude heureux comme
un enfant recevant un merveil-
leux présent de son père, venir
nous inviter, Berto et moi, à son
mariage. Il avait l’air léger. Il était
resplendissant comme s’il savait
qu’il ne tarderait pas à entrer dans
la lumière. Mais comment diable
pouvait-il savoir que son épouse,
sa fille, sa mère, son père et tous
ses amis seraient réunis chez lui
en ce samedi pour se remémorer
sa vie, ses gestes ? Comment en
est-on arrivé là ? Comment est-ce
que les Haïtiens peuvent-ils con-
tinuer à vivre dans de telles condi-
tions ?
Je me demande combien de Claude
nous devons mettre en terre avant
que la colère, l’indignation nous
envahissent et nous contraignent à
nous mobiliser contre ces bandits qui
ne se cachent plus pour accomplir
leur basse besogne ? Car, pour tous
ceux qui l’ont connu, Claude était
un homme, que dis-je ? demeure un
homme sans méchanceté. Il exerce
sa profession en toute intégrité et
vit au milieu des siens simplement.
Mais, dans notre pays livré aux ban-
dits de tous poils, vivre en homme
libre en toute simplicité n’est pas
un gage de longévité. Ainsi, ce soir,
Claude repose quelque part dans un
tiroir glacé, le corps sans vie. Nous ne
pourrons plus rire aux éclats après
une blague de Dominique, sa sœur
chérie. Nous ne pourrons plus rire
de voir Domi contrariée par nos atti-
tudes enfantines. Comment peut-on
continuer à vivre dans cette merde
? Tankou Beetova ta di si nou viv
nou pa moun. La vie est une fête en
larmes, nous dit Jean d’Ormesson.
On vit, on pleure tout à la fois. Ou
plutôt, certains rient pendant que
d’autres ne savent comment noyer
leur chagrin. Des millions de Chiliens
célèbrent cette première consécra-
tion continentale alors que nous
sommes des dizaines, peut-être des
milliers à pâtir de la disparition sau-
vage de Claude.
Combien vaut une vie ? Un million,
un milliard de dollars ? Dans ce cas,
Steve Jobs serait encore en vie. La
vie n’a pas de prix ! Il faut la protéger
envers et contre tout. Comment com-
prendre notre nonchalance devant les
actes de barbarie répétés d’assassins
sans vergogne ? Comment accepter
sans un geste que des lâches tuent
des hommes, des femmes sous nos
yeux, et s’en vont à bord d’une moto
ou d’un véhicule quelconque ? La
solidarité a-t-elle disparu de chez
nous ?
Ou serait-elle devenue un vain mot ?
Je sais que je vais recouvrer le
sommeil. Je sais aussi que je
continuerai à vivre en pensant à
mon frère Claude. Mais je voudrais
qu’il n’y en ait plus d’autres Claude.
Je suis fatigué. Fatigué de compter
mes amis assassinés. Fatigué de lire
dans les journaux que des inconnus
armés viennent de commettre un for-
fait et sont repartis cahin-caha.
Certaines sociétés célèbrent la vie
lors même qu’elles doivent faire face
au terrorisme. Nous, nous célébrons
la banalité de la vie en tuant à crédit,
pour s’acheter une bagnole ou pour se
débarrasser d’un concurrent. Allons-
nous tous périr comme des lâches
sous les balles ou réaliser un grand
coumbite pour enrayer ce fléau ?
M
esdames, Messieurs les
Chefs d’État et de gouver-
nement,
Mesdames, Messieurs les Minis-
tres,
Monsieur le Secrétaire général de
la CARICOM,
Mesdames, Messieurs les Délé-
gués,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais, tout d’abord, remercier
l’Honorable Perry CHRISTIE,
Premier ministre des Bahamas et
président sortant de la CARICOM
pour l’excellent travail qu’il a
effectué au cours de son mandat.
J’en profite pour saluer l’arrivée
de l’honorable Freundel STUART,
Premier ministre de la Barbade, à
la présidence de la Communauté.
Sachez, Monsieur le Président, que
je suis à votre disposition.
Qu’il me soit permis de vous dire que
ce n’est pas de gaieté de cœur que
je m’adresse à cette assemblée pour
parler des relations de la République
d’Haïti avec la République Dominic-
aine. Aujourd’hui, ces relations nous
interpellent et interpellent les amis
de la CARICOM compte tenu du
sort réservé aux Haïtiens vivant en
situation irrégulière en République
Dominicaine. Depuis le mercredi
17 juin 2015, date de l’échéance du
Plan national de régularisation des
étrangers (PNRE), mettant en appli-
cation l’Arrêt 168-13 du Tribunal
Constitutionnel dominicain, des mil-
liers d’Haïtiens ont rejoint les postes
frontaliers haïtiano-dominicains.
Si certains ont décidé de retourner
volontairement en Haïti, d’autres,
plus nombreux que les premiers ont,
en revanche, été arrêtés et conduits
manu militari aux frontières.
Les autorités dominicaines préfèrent
parler de rapatriement volontaire
assisté, alors qu’il s’agit de déporta-
tions souvent violentes.
La République d’Haïti, dans le cadre
de toutes les rencontres bilatérales
sur les questions migratoires, n’a
jamais nié le droit souverain de la
République Dominicaine de légiférer
sur sa politique migratoire nationale
et de prendre toutes les disposi-
tions subséquentes concernant les
étrangers, notamment les Haïtiens.
La position du gouvernement, con-
formément au respect des normes
de Droit International Public régis-
sant la matière, est et a toujours été
d’accueillir en Haïti toute personne
jouissant de la nationalité haïtienne,
mais vivant en situation irrégulière,
que ce soit en République Domini-
caine ou dans n’importe quel autre
pays.
C’est, respectueuse de ce principe et
en harmonie avec les normes inter-
nationales que la partie haïtienne,
à toutes les réunions bilatérales, a
invité la partie dominicaine à con-
sidérer la nécessité et l’urgence de
négocier un protocole d’Accord sur le
processus ou les mécanismes de rapa-
triement dans le seul et unique but
de respecter les droits des migrants.
Les autorités dominicaines, en util-
isant tous les subterfuges possibles,
ont systématiquement refusé de
négocier, non seulement ledit proto-
cole, mais encore tout autre qu’elle
pourrait courtoisement présenter. En
conséquence, la partie haïtienne est
en droit de considérer que le gou-
vernement dominicain veut effectuer
les déportations sans tenir compte
des droits élémentaires des migrants
haïtiens.
Mesdames, Messieurs les Chefs d’État
et de Gouvernement,
Monsieur le Secrétaire Général de la
CARICOM,
Face à cette situation intolérable, la
République d’Haïti lance un vibrant
appel aux États membres de la CAR-
ICOM, de l’Organisation des États
Américains et de l’Organisation des
Nations Unies afin de porter les auto-
rités dominicaines à traiter les res-
sortissants haïtiens avec dignité en
respectant leurs droits conformément
à tous les protocoles et toutes les con-
ventions internationales et région-
ales existant en matière migratoire.
La communauté internationale ne
peut pas se taire quand des familles
nucléaires se divisent arbitrairement
et que des enfants sont séparés de
leurs parents et conduits à des postes
frontaliers.
La communauté internationale ne
peut garder le silence lorsque des
personnes dont la force de travail
a été exploitée pendant plusieurs
décennies et qu’un beau jour on leur
demande de débarrasser le plancher
sans avoir la possibilité de toucher
une pension, voir le droit à récupérer
leur maigre patrimoine. La Répub-
lique d’Haïti demande à la com-
munauté internationale de soutenir
la position du gouvernement dans
sa tentative de souscrire un accord
avec la République dominicaine qui
respecte les droits humains des res-
sortissants haïtiens.
La République d’Haïti ne dispose pas
de forces armées. Aussi fait-elle de
la diplomatie sa première ligne de
défense. Si dans un premier temps,
elle avait privilégié l’approche bila-
térale, c’est parce qu’elle avait cru
en la bonne foi des autorités domini-
caines à tenir leurs promesses de ne
pas organiser de rapatriement massif
encore moins de violer les droits
des migrants haïtiens. Toutefois, le
constat sur le terrain du nombre de
déportés que nos institutions et les
agences humanitaires internationales
ont pu accueillir au cours des deux
dernières semaines annonce déjà des
signes d’une catastrophe humanitaire
pouvant déstabiliser le pays et son
économie.
Mesdames, Messieurs les chefs d’État
et de Gouvernement
Monsieur le Secrétaire Général de la
CARICOM,
La République Haïti s’engage dans
un processus électoral devant per-
mettre le renouvellement de son
personnel politique. La gestion de
ce processus exige calme, sérénité
et clairvoyance. Les déportations
massives et indiscriminées de res-
sortissants haïtiens sont de nature
à fragiliser le processus et saper la
fragilité politique du pays. Sur le plan
économique et social les maigres res-
sources dont dispose l’État haïtien ne
pourront lui permettre de faire face
à ces déportations massives qui ris-
quent de mettre en danger la paix et
la sécurité régionales.La République
d’Haïti renouvelle son engagement
à résoudre ce conflit d’une manière
pacifique conformément à l’article 33
de la Charte de l’ONU. Cependant, elle
demeure convaincue que ce drame
humanitaire auquel elle fait face avec
dignité, ne manquera pas de susciter
la solidarité des peuples frères et des
organisations internationales, régio-
nales et sous-régionales comme cela
a toujours été le cas dans le passé.
Je vous remercie.
Banalité de la vie
Par Franck VANEUS, av.
Intervention du Président de la République, S.E.M. Michel Joseph Martelly au
36e
Sommet des Chefs d'État et de Gouvernement de la CARICOM sur la crise
migratoire entre Haïti et la République Dominicaine.
A
fin de contrecarrer les actes
de banditisme qui gagnent
du terrain au niveau du
département de l’Artibonite,
la direction départementale de la
police a lancé le vendredi 3 juillet
2015 une nouvelle opération bapti-
sée « Sere Koud ».
Conscient de la recrudescence
de l’insécurité dans l’Artibonite,
le directeur départemental de
la police, Berson Soljour, s’est
montré plus que déterminé à
rétablir la sécurité dans tout le
département.
« Ces dernières semaines, la direc-
tion départementale a répertorié
plusieurs cas de vols domestiques,
de braquage, de vols de nuit et
autres infractions », a informé le
directeur.
« Plusieurs cas de braquage sont
recensés, notamment, à Savane
Désolée (entrée sud de la ville)
et à Terre Noire (entrée nord de
la ville de Saint-Marc) », a-t-on
appris. Pour pallier cette situa-
tion, Berson Soljour, se propose
de mobiliser toutes ses ressourc-
es. « Nous demandons à tous les
collègues policiers de faire un
dépassement d’horaire, en vue
d’avoir un niveau de sécurité opti-
mal dans la région », a déclaré M.
Soljour.
« À l’approche de la campagne
électorale, nous voulons garder
un environnement de sécurité
stable » a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, le chef départemental
de la police a fait savoir qu’il est en
attente de l’accomplissement de
la promesse faite par la direction
générale de la police en matière
de renforcement de l’équipe et
de ressources matérielles.
Berson Soljour a enfin lancé une
mise en garde aux chauffeurs de
taxi-moto soupçonnés de vols à
la tire. « Plusieurs plaintes ont
été déposées au commissariat
pour des vols à la tire de valises,
de bijoux et de téléphones por-
tables », a-t-il indiqué.
LUNDI 6 JUILLET 2015 N0
32 | 3
ACTUALITÉ
Pour une révolution mentale
Lasuccessiondesévénementsquinoustombentsurlesépaulesnousmontreque
nousnesommespasprèsdesortirduplanélaborédepuisdesdécenniespourimmo-
biliserlepaysdansuneimpasse.Cesévènementsseprécipitentavecunrythmequi
laissecroirequ’ilyauraitcommeungénialhorlogerquimanipulenotremécanique
socialepournous«monter»lesunscontrelesautresetmêmedésarticuler,defaçon
dangereuse,nosinterrelationshumaines.
Nousserionsdéjàloindelaluttedesclasses.Nousnousinstallerions,sansyprendre
garde,dansunegigantesquesituationoù,faceàdessolutionsquimanquentou
à des alternatives qui paraissent impossibles, nous chercherions un bouc émis-
saire. Dans les plus grands rituels, celui-là doit payer pour toutes les fautes de la
République.
La situation des Haïtiens en République dominicaine, à quelques jours de ce qui
devraitêtreladatedelacélébrationdel’occupationaméricaineenHaïti,le28juillet
1915,vientempirerunesituationoùnotreidentitéestmiseàmaletnotreéquilibre
depeupledésarticuléphysiquementetpsychologi-quement.Aumomentoùtoutes
lescomposantesnationalesdevraient,dansunélandepatriotisme,semettreenun
faisceaupourdire«Non»àcetteentreprisemacabre longtempsmiseenlaboratoire,
on constate plutôt une course contre la montre vers le « Palais national » détruit
parleséismedu12janvier2010.Oùsedirigent-ilstous?Versquelsbureaux?Et
pourquoiaujourd’huitouteslescontestationssocialessont-ellesmisesenberne?
Est-ce parcequelarouteverslaprésidenceestouverteàtous?
NousnoustrouvonsencoreaumomentoùlescitoyensdelaRépubliqueattendent
un discours fort pour qu’ils reprennent confiance. En temps de catastrophes, le
leadership doit se manifester ouvertement pour que chaque Haïtien arrive à la
conclusionquedanssondomainequelquechosedoitêtrefaitpositivementpour
reveniraudestinplanifiédepuislagestede1804.
On est passé à côté après le séisme. Après le choléra, nous avons pris l’épidémie
comme une des plaies de l’Égypte. Avec les déportations massives, à la suite des
échecsdenotrediplomatieetlesmanquesd’articulationduministèredesHaïtiens
vivantàl’étranger,nousvoilà,dansunaffaiblissementinstitutionnel,entrainde
recevoir des milliers de compatriotes dépourvus de leurs biens comme au temps
del’Exode.
On ne demande pas la révolution. On exige plutôt que chacun, des plus hautes
instancesdel’ÉtatauplussimpleHaïtien,delacommerçantedesruesàl’homme
descience,s’investissedansune révolutionmentale,quipourraitencorefaired’Haïti
lanationinéditeetimprévisible.Celapeutseréalisersinouslevoulons.
Le National
ÉditoArtibonite-insécurité :
La DDA-PNH lance une
nouvelle opération contre
les bandits
par Dieulivens Jules
Le directeur départemental de l’Artibonite de la PNH, Berson Soljour.
Photo : Dieulivens Jules
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•••••••••••••
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LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A
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4 | N0
32 LUNDI 6 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
2015-2016 : un pari
sur l'agriculturepar Jean Michel Cadet
HAÏTI/BUDGET
Préoccupé par les problèmes chroniques de développement liés au manque de
ressources financières disponibles, le gouvernement haïtien s’est tourné vers
l’agriculture. Dans cette perspective se sont tenus, les 3 et 4 juillet derniers à
l’hôtel Kinam, des ateliers de réflexion autour du thème : l’agriculture au service du
développement durable d’Haïti : orientation stratégique pour le budget 2015-2016.
D
urant ces deux jours, dif-
férents secteurs vitaux
du pays, répondant à
l’invitation du gouverne-
ment, ont débattu en ateliers de
l’opportunité de faire du secteur agri-
cole une locomotive de croissance à
travers le budget de l’exercice fiscal
qui débute dans trois mois. Les
acteurs en présence ont convenu de
la nécessité d’adresser les problèmes
fonciers et infrastructurels au niveau
agricole. Le ministre de l’Économie et
des Finances, Wilson Laleau, estime
même que 5 % du PIB national, soit
20 milliards de gourdes environ, per-
mettraient de développer les potenti-
alités de la terre et l’eau, deux prin-
cipaux axes moteurs de l’agriculture.
Les propositions concrètes issues de
ces discussions, cependant, se font
attendre. Une synthèse des réflex-
ions entamées et d’autres ateliers de
discussions sont prévues prochaine-
ment.
L’agriculture,
un choix stratégique
Orienter le budget du prochain
exercice fiscal vers l’agriculture
répond à un besoin impérieux
pour le pays d’augmenter ses
recettes internes. Le Premier
ministre Évans Paul, intervenant
à ces assises, l’a clairement
exprimé. « L’économie nationale
subit une contraction de l’aide
internationale et une diminution
des ressources de Petrocaribe.
Le gouvernement doit mobiliser
d’autres ressources nationales
pour financer les investissements
publics et assurer la pérennité ses
actions », a t-il déclaré. En effet,
le budget 2014-2015 en cours
a accusé, au cours du premier
trimestre, un manque à gagner de
10 milliards de gourdes provenant
des fonds petrocaribe, soit une
réduction de près 49 % des recettes
internes prévues. À cela s’ajoute la
chute des investissements de 16,5
%. Et L’aide internationale sur
lequel repose ce budget à 60 % n’a
pas comblé les espérances. C’est
ce qui a expliqué que le budget
rectificatif a été revu à la baisse
: 122,6 milliards de gourdes
prévues initialement contre
109,7 milliards. Les espérances
de croissance ont alors diminué
de 4,5 % à 2,5 %.
C’est dans ce contexte qu’a germé
l’idée d’orienter le budget 2015-
2016 dans le sens d’une plus
grande cohérence des politiques
publiques. Un budget plus
intelligent, réaliste et efficient
au niveau de l’affectation des
ressources, selon M. Pressoir
Exéus, directeur du budget.
Pour apporter ces nouvelles
orientations, l’agriculture a été
préférée à l’éducation, au terme
des consultations engagées au
niveau du gouvernement, comme
vecteur de croissance et de
développement.
Il s’agit pour le grand argentier
de la République d’un choix
stratégique compte tenu des
potentiels à court terme du
secteur agricole. Et, renchérit-il,
c’est une source d’effets positifs
pour le processus de croissance
des autres secteurs.
Abondant dans le même sens, le
Premier ministre souligne que
les exportations dans le secteur
agricole s’estiment à 25 millions
de dollars américains en moyenne
au cours des cinq dernières années
en dépit d’une forte demande des
produits agricoles. Aussi croit-il
que le développement du secteur
agricole contribuera rapidement
au développement de l’emploi,
au renforcement de la sécurité
alimentaire et à l’amélioration de
la balance commerciale dont le
déficit a cru de 203,97 millions de
dollars américains à 1,4 milliard.
Le coût d’une banque
d’investissement
Les débats sur la nécessité de
développer l’agriculture ne datent
pas d’hier. Ce secteur, selon
l’économiste Eddy Labossière,
depuis la présidence de Jean
Claude Duvalier, a été une priorité
pour tous les gouvernements qui
se sont succédé. Pourtant le niveau
de productivité du secteur est très
faible. Tout en saluant l’initiative
du gouvernement, M. Labossière
recommande aux décideurs
publics de développer des filières
spécifiques de l’agriculture en lieu
et place de vouloir tout embrasser.
Sinon les résultats ne seront pas
manifestes en dépit des efforts
qui auraient été consentis. Car,
interroge-il, comment partager
l’enveloppe budgétaire tellement
faible entre le secteur agricole
et les autres secteurs dont les
besoins sont incompressibles ?
Augmenter la pression fiscale
ne serait pas un élément de
réponse, poursuit le président
de l’Association haïtienne des
économistes. Les perceptions
de corruption des contribuables
vis-à-vis de leurs dirigeants
constituent, selon lui, un frein
majeur à cette démarche. Aussi
préconise-t-il la création d’une
banque d’investissement pour
faciliter notamment aux PME
des prêts à long terme tandis
que les banques commerciales
s’occuperont des crédits à court
terme.
Cependant, une telle entreprise
(banque d’investissement) a
un coût. Elle demande aux
gouvernants, pour le professeur,
beaucoup de courage compte tenu
de puissants intérêts économiques
et politiques en jeu. Elle
permettra, croit-il, de mettre sur
pied une politique de substitution
aux produits provenant de la
République dominicaine et de
réduire la dépendance alimentaire
d’Haïti vis-à-vis des puissances
économiques mondiales. Ce qui,
dit-il, ne plaira pas à ces pays,
pour lesquels Haïti est un marché
de prédilection pour exporter
leurs produits.
Eddy Labossière estime que le pays
a besoin de dirigeants qui puisent
une double légitimité, provenant,
d’une part, de la population aux
prochaines élections et, d’autre
part, au niveau de toutes les élites
du pays. Laquelle légitimité,
explique-t-il, permettra aux
nouveaux dirigeants d’adresser
les problèmes de développement
d’Haïti à l’instar de Paul Kagame,
dirigeant africain d’un grand
mérite pour avoir transformé le
Rwanda qui revenait d’un génocide
tributaire de luttes intestines.
L’une de ces actions dont les
dirigeants haïtiens pourraient
s’inspirer, croit M. Labossière,
consiste en la réorientation de
l’aide externe via les ONG dans
le sens des besoins prioritaires
du pays et non selon l’agenda de
l’international.
L’économie haïtienne ne reposerait
plus sur l’agriculture. En 2013,
selon des données de la banque
mondiale, sur un total de 800
millions de dollars américains
d’exportations de produits
haïtiens, 90 % provenaient du
Textile alors que l’agriculture n’y
a contribué qu’à 7 %.
Racisme et insultes, les expulsés haïtiens
racontent leur vie dominicainepar Amélie BARON, AFP
LUNDI 6 JUILLET 2015 N0
32 | 5
ACTUALITÉ
Beltha Désir erre sur le perron de l’école qui lui sert de refuge. / Photo : AFP
B
eltha Désir erre sur le perron
de l’école qui lui sert de
refuge, son nourrisson de 10
mois au sein: pas une seule
seconde, elle ne lâchera l’enfant,
unique membre de sa famille avec
lequel elle a été expulsée de Répub-
lique dominicaine.
La semaine dernière, des officiers
de l’immigration dominicaine ont
arrêté cette Haïtienne de 30 ans
et l’ont reconduite à la frontière,
son bébé au cou.
« Ils m’ont dit de retourner dans
mon pays: « vas retrouver le
président Michel Martelly, on n’a
plus besoin des Haïtiens. Que
vous ayez des papiers ou non,
retournez chez vous » », a raconté
lentement Beltha, qui vivait
depuis 10 ans en République
dominicaine et était vendeuse
de rue. Mais un changement
de la politique migratoire en
République dominicaine est venu
bouleverser sa vie et celle de
milliers d’étrangers.
Le Plan national de régularisation
des étrangers (PNRE) – plus de
250 000 personnes concernées,
surtout des Haïtiens – a pris fin
le 17 juin, mais la procédure
était inachevée pour des milliers
d’entre eux qui sont désormais
expulsés sans coup férir. Selon
les services dominicains, 31 225
Haïtiens étaient de retour dans
leur pays au 1er juillet.
Beltha n’a même pas pu prévenir
son mari, qui se trouvait seulement
à une cinquantaine de mètres
d’elle. « Il ne sait même pas que
je suis ici en Haïti. Je n’ai pas pu
lui parler parce qu’il n’a pas de
téléphone ».
Elle a deux autres enfants, de 5 et
6 ans, restés avec leur père mais «
comment peuvent-ils comprendre
que je ne suis plus avec eux
maintenant ».
Outre la douleur d’être séparée
et sans nouvelle de sa famille,
la jeune femme a entendu des
insultes racistes durant tout le
trajet vers la frontière.
« Ils m’ont dit que les Dominicains
n’ont pas le même sang et que je
devais aller retrouver ceux de mon
sang en Haïti », a-t-elle raconté.
A ses côtés, Rose Hippolyte
acquiesce: « Quand ils voient un
Haïtien, les Dominicains disent
« regarde le cochon, Haitiano
diablo » ».
Racisme et insultes
au quotidien
Le visage marqué par les années
à travailler dans les champs
de canne à sucre, elle décrit la
discrimination au quotidien: « On
nous traite comme des bêtes.
Parfois, quand on s’assoit à côté
d’un Dominicain, il s’écarte en
faisant comprendre qu’il ne veut
pas que notre peau touche la
sienne ».
Expérience similaire pour Francky
Dorseli, qui maîtrise mal le créole
car il n’a passé que ses quatre
première années en Haïti. Il a 43
ans et, expulsé seul, il est sans
nouvelles de sa femme et de ses
quatre enfants.
« Les Dominicains maltraitent
les Haïtiens: c’est tous les jours
qu’on se fait insulter, même des
fois par les policiers », a-t-il
déploré. Beltha, Franky, Rose
et les (dizaines) de personnes
ayant trouvé refuge dans l’école
communautaire de Fond-Bayard,
dans la petite ville de Fond
Parisien, n’ont même pas eu la
possibilité de récupérer quelques
affaires chez eux. « J’ai travaillé
depuis 1981 à couper la canne à
sucre. Je ne gagnais pas grand-
chose mais j’avais réussi à me
construire une petite maison », a
expliqué Rose Hippolyte, 52 ans.
Elle était arrivée en République
dominicaine à 8 ans. « Tout est
resté là-bas, je n’ai plus rien. La
femme du pasteur du village ici
m’a offert cette robe pour me
changer », a-t-elle confié, lissant
lentement le tissu fleuri sur ses
cuisses.
Les maigres dons de la com-
munauté religieuse voisine et
les distributions sporadiques
de quelques ONG ou de simples
citoyens ne suffisent pas à offrir
aux réfugiés des conditions de vie
décente. Sans eau, ni électricité.
En deux semaines, aucun médecin
n’est passé.
Habillés de vêtements sales et
souvent trop grands pour eux,
une quarantaine d’enfants jouent
aux osselets avec des cailloux. Les
nourrissons sont couchés à même
la dalle en béton, sous le regard
distrait des femmes épuisées.
Aucune des 81 personnes réfugiées
dans l’école n’envisage néanmoins
de retourner en République
dominicaine, pour ne pas subir
encore insultes et agressions.
Contraints de vivre dans leur pays
d’origine, ces expulsés désirent
s’en sortir sans attendre la charité.
Beltha tient à faire savoir qu’elle
peut et veut travailler: « j’ai été
superviseuse dans une usine
textile, et aussi caissière en
supermarché. Je ne veux pas de
l’argent ou de la nourriture mais
un travail, pour pouvoir faire venir
mes enfants et mon mari ici, qu’on
vive ensemble tranquillement ».
En route vers la réforme de l'administration
pénitentiaire
Par Evens RÉGIS
6 | N0
32 LUNDI 6 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
HAÏTI/DAP
Malgré les vingt ans d’existence de l’Administration pénitentiaire nationale (Apena), on s’interroge encore sur
son utilité et sa mission. En la circonstance, la direction tente, d’une part, d’apporter des réponses appropriées et,
d’autre part, de dégager les perspectives pour les années à venir.
L
’Apena a été créée dans le but
de garder des prisonniers,
soit des personnes placées
en détention préventive ou
des condamnés. Sa mission est de
les corriger, les réhabiliter et les réin-
sérer dans la société. L’Apena apporte
une contribution à la sécurité pub-
lique. Elle compte aujourd’hui 1540
employés, dont 1038 agents de police
et 502 cadres du personnel adminis-
tratif. Ses problèmes sont nom-
breux, ses structures sont inef-
ficaces et ne permettent pas de
garder les détenus avec dignité.
Selon les statistiques, elle gère
11 165 détenus, dont seulement
27 % de condamnés, la majorité
étant des personnes placées en
détention préventive prolongée.
Ses bâtiments ont des structures
désuètes, plus d’espace pour rece-
voir des prisonniers. La prison
civile de Port-au-Prince a plus de
4000 prisonniers, alors qu’elle a
été construite pour en recevoir
seulement 800. Il faudrait réin-
venter la vie, et le fonctionnement
des agents de l’administration
pénitentiaire. L’Apena fonctionne
à l’image du pays, a martelé James
Louis, un agent de la DAP. Les dif-
ficultés auxquelles nous faisons
face, poursuit-il, font partie des
difficultés de tous les jours, ren-
contrées par tout le monde. Aucun
avantage social, au niveau du
salaire, pas de satisfaction totale.
Les choses ne vont pas bien,
mais cela n’empêche cet agent II
de la DAP de croire en l’avenir,
en espérant que leur problème
va être pris en considération par
l’Administration.
Les agents de l’Apena, selon
Muscadin Jean Gardy, sont
quotidiennement confrontés à
toute sorte de risques. De même
que les prisonniers, ils font face
à l’environnement d’insalubrité.
Ils sont exposés aux risques de
maladie et sont souvent victimes
de la tuberculose. Ils affrontent
chaque jour des détenus dangereux
qui les menacent toujours. Si
on n’a jamais été à leur place,
il serait difficile d’imaginer leur
insatisfaction, leur souci, leur
inquiétude et leur angoisse,
explique le DG de la DAP.
Un survol du bilan
et des perspectives
Les mineurs placés au Cermicol
et au centre de détention de
Pétion-Ville sont actuellement
scolarisés jusqu’à la 9e AF. Grâce
aux supports des partenaires,
des projets de formation ont été
mis en œuvre à la prison civile
de Port-au-Prince. À en croire
le DG, des cours en plomberie,
cuisine-pâtisserie, coupe-
couture, et en informatique y
sont actuellement dispensés. Dans
le plan de développement 2014-
2016, informe l’administrateur
de l’institution, des projets
sociaux sont prévus pour tous les
policiers, y compris les agents de
l’Administration pénitentiaire. « En
tant qu’unité spécialisée, ajoute-t-il,
nous sommes en train d’effectuer
des démarches auprès des autorités
concernés, pour l’obtention par
les agents de l’Administration
pénitentiaire d’un frais de prime
de risque. »
Pour stimuler la performance,
la Direction générale de la PNH
promet à cette occasion d’élever
le grade de 40 agents de police,
et quatre cadres intermédiaires
de l’Administration pénitentiaire
selon des critères d’ancienneté,
de compétence et de discipline.
Comme facteur de motivation,
12 plaques d’honneur et 170
lettres d’encouragement ont
été adressées à des agents
et membres du personnel de
soutien des différentes entités de
l’administration.
Le cap est également mis vers des
programmes de réhabilitation,
de réinsertion et d’une garde
sécuritaire efficace. En plus
d’un projet d’uniforme pour les
détenus, des programmes de
formation financés par la Minustah
et l’ambassade américaine sont
en cours de réalisation, en faveur
des agents et des membres de
l’administration. Avec l’appui du
MSPP, et du CICR, des séances
de formation pour une meilleure
prise en charge des détenus sont
aussi en perspective. Le 15 juillet
2015 marquera le début d’un
programme de scolarisation et
de professionnalisation pour les
mineurs à Cap-Haïtien.
Par ailleurs, l’inspecteur général
en chef, Ralph Stanley Jean
Brice, nous a informé du projet
de construction de deux prisons,
à Cabaret et à Morne-Caste (Nord-
Est), au moment de son allocution,
lors de la cérémonie qui a été
organisée vendredi dernier au
local de la DAP à Delmas 75, pour
rehausser l’éclat des vingt années
d’existence de l’Administration
pénitentiaire.
ÉCHO
Anse-à-Galets : le BEC
incapable de publier sa
liste électorale
Le BEC d’Anse-à-Galets fait face à
de graves difficultés pour rendre
publique sa liste électorale en raison
de l’indisponibilité des juges devant
statuer sur les cas des candidats con-
testés. « Jusqu’à présent, les dossiers
en contestation sont restés dans les
tiroirs », a révélé un membre du BEC
dans la presse locale.
Rapatriement : Michel
Martelly sollicite
l'intervention des pays
amis
Au 36e Sommet des chefs d’État
et de gouvernement de la Commu-
nauté caribéenne (CARICOM) qui
s’est déroulé du 2 au 4 Juillet 2015
à Bridgetown (Barbade), le président
de la République, Michel Joseph
Martelly, a fustigé le comportement
arbitraire des autorités dominicaines
dans le processus de rapatriement
des illégaux haïtiens. « Les autori-
tés dominicaines préfèrent parler de
rapatriement volontaire assisté, alors
qu’il s’agit de déportations souvent
violentes. La communauté interna-
tionale ne peut pas se taire quand
des familles nucléaires se divisent
arbitrairement et que des enfants
sont séparés de leurs parents et
conduits à des postes frontaliers »,
a soutenu le chef de l’État haïtien.
RD, un député demande
le rappel du personnel
diplomatique dominicain
en Haïti
Le député dominicain Vinicio Cas-
tillo Semán, de la Force nationale
progressiste (FNP), a demandé au
président Danilo Medina de retirer le
personnel diplomatique dominicain
accrédité en Haïti. « Danilo devrait
retirer le personnel diplomatique
en Haïti où ils seront à risque dans
les prochaines semaines », a écrit le
parlementaire sur son compte Twit-
ter. Selon les nouvelles, le député a
annoncé que le gouvernement d’Haïti
« va radicaliser son offensive contre
la République dominicaine, manip-
ulant sa population pour atteindre
une explosion de colère contre les
Dominicains ».
Le changement de
centre de vote est
possible du 1er au 8
juillet 2015
Les candidats et les électeurs
désireux de changer de centre de
vote à cause d’un changement
d’adresse peuvent se présenter au
Bureau électoral départemental
(BED) et au Bureau électoral com-
munal (BEC) le plus proche de leur
domicile pour effectuer cette modi-
fication. C’est ce qu’a informé le
Conseil électoral provisoire (CEP)
indiquant que ce changement doit
s’effectuer du 1er au 8 juillet 2015.
L’intéressé doit être muni de sa carte
d’identification nationale (CIN) ou
d’un certificat émis par l’Office
national d’identification (ONI).
Le Pnud, formation en
diagnostic et techniques
de renforcement
Le Programme des Nations unies
pour le développement (Pnud) via
le projet « Plan prévention séisme
Grand Nord », offre à l’intention
de trente ingénieurs des départe-
ments du Nord, du Nord-Est et du
Nord-Ouest une formation en diag-
nostic et techniques de renforce-
ment. Cette formation qui se tient
du 6 au 10 juillet 2015 intègre les
dernières techniques d’évaluation
des infrastructures et de renforce-
ment recommandées par le ministère
des Travaux publics, Transports et
Communications et reconnues sur le
plan international, informe le Pnud
dans un communiqué.
L’inspecteur général en chef de la PNH,
Ralph Stanley Jean Brice. / Photo :
Evens Régis
Pamela White met en garde contre
tout gouvernement de transition
Par Noclès Débréus
LUNDI 6 JUILLET 2015 N0
32 | 7
ACTUALITÉ
HAÏTI/ÉLECTIONS
Alors que le Conseil électoral provisoire fonce de plain-pied dans le calendrier
électoral en vue de l’organisation des prochaines élections en Haïti, certains
observateurs, pour le moins avisés, se montrent plutôt pessimistes quant à la
tenue de ces joutes cette année et présagent déjà un gouvernement de transition.
L’actuelle ambassadrice des États-Unis accréditée en Haïti, Pamela Anne White,
semble avoir entendu ce même son et met en garde contre tout gouvernement de
transition.
L
e Conseil électoral provisoire
envoie des signaux clairs et
forts dans le processus élector-
al avec les mises en place déjà
effectuées pour les prochaines législa-
tives. Tous les matériels non sensibles
sont déjà en Haïti. Les bulletins de
vote sont actuellement sous presse
et doivent être livrés dans quelques
jours, selon les propos de l’ingénieur
Philippe augustin, directeur du Reg-
istre électoral. Le recrutement du
personnel vacataire (superviseurs,
formateurs, agents de sécurité et
autres) est lancé. Les partis politiques
sont invités le mardi 7 juillet à statuer
sur les membres des bureaux de vote
(MBV). Ces avancées semblent toute-
fois n’être pas suffisantes pour dis-
siper les doutes, calmer les esprits et
donner une garantie à la tenue des
élections en Haïti cette année tant
le pessimisme est grandissant chez
certains acteurs de la société civile, et
même au sein de la classe politique,
en dépit du fait qu’ils sont parties pre-
nantesdu processusélectoral.Malgré
les doutes, l’avenir du processus
électoral se précise de jour en
jour. Quarante-quatre millions de
dollars américains dans le fonds
des élections, c’est un bon pas,
mais le gouvernement haïtien doit
encore puiser dans ses ressources
et s’activer auprès des bailleurs
de fonds pour trouver les 22 mil-
lions manquants pour compléter
le budget et, parallèlement, créer
un climat économique et social
stable pour le bon déroulement
des scrutins.
Parlant du budget des élections,
Pamela Anne white, l’ambassadrice
sortante des États-Unis en Haïti,
a récemment lancé un appel aux
bailleurs internationaux en vue
de venir en renfort au processus
électoral dans le pays. Madame
white, qui est en fin de mission en
Haïti, dit voir de grands espoirs
pour Haïti et prévient en ce sens
toute idée de gouvernement de
transition. « Il y a de grands espoirs
que les élections se tiendront cette
année. Pas seulement de l’espoir,
mais un besoin. Haïti ne peut
progresser aussi rapidement qu’elle
le devrait sans un gouvernement
élu. Chers amis, un gouvernement
de transition ne fera pas l’affaire »,
a-t-elle lancé à l’occasion du 239e
anniversaire de l’indépendance des
États-Unis, célébré en Haïti, le 2
juillet dernier.
Le monde regardera Haïti comme
un pays bloqué si un relâchement
des tensions en ce qui concerne
les élections ne se fait pas sentir
bientôt, a précisé Pamela White
qui invite les acteurs à cesser de
se chamailler sur des détails.
« Le temps des commentaires et
déclarations est terminé. Le temps
des compromis et engagements
envers le processus électoral est
révolu. Exigez l’organisation des
élections. Exigez la démocratie
et le droit à la pensée libre », a
fait savoir la diplomate en bonne
donneuse de leçons avant d’inviter
tout un chacun à supporter le
processus électoral ainsi que les
candidats de son choix.
Le Premier ministre Évans Paul
et l’ambassadrice White parlent
de la même voix. Pour le chef du
gouvernement, la démocratie est
la forme de gouvernement qui
contribue à garantir le mieux les
libertés individuelles. Ainsi, dit-
il, son gouvernement s’engage
déjà à créer des conditions
favorables au renouvellement des
institutions par l’organisation
cette année d’élections crédibles
et transparentes.
L’Ambassadrice américaine, Pamela
White. / Photo : J. J. Augustin
8 | N0
32 LUNDI 6 JUILLET 2015
MONDE
Q
uelque 5 000 Guaté-
maltèques ont à nouveau
manifesté samedi soir à
Guatemala pour exiger la
démission du président Otto Pérez,
soupçonné d’être impliqué dans un
vaste scandale de fraude et de corrup-
tion aux taxes douanières et menacé
de perdre son immunité.
« Dehors Otto Perez », « Halte à
la corruption », ont notamment
lancé les manifestants, qui se
sont rendus du siège de la Cour
suprême de justice au Palais
National, dans le centre histo-
rique de la capitale, à la lueur de
flambeaux et de bougies et bran-
dissant des pancartes contre Otto
Pérez. Certains d’entre eux étaient
accompagnés de chiens recouverts
du drapeau du Guatemala.
« Nous sommes fatigués et indignés
», répétait à l’envie dans un haut-
parleur, un jeune à la barbe rouge,
un foulard jaune autour du cou,
symbole distinctif de l’école
d’architecture de l’université de
San Carlos.
Pour l’ex-ministre des Finances
Juan Alberto Fuentes, membre
du collectif social Semilla, qui a
participé au cortège, « le renon-
cement du président constitue
un point de départ et clarifiera la
situation ».
“Nous ne résoudrons pas tous les
problèmes, mais (cette démis-
sion) constituera une bonne étape
pour faire avancer la lutte contre
la corruption et le débat sur les
profondes réformes nécessaires au
pays”, a ajouté M. Fuentes inter-
rogé par l’AFP.
Ce nouveau rassemblement, qui
suit de nombreux autres ces
dernières semaines, est survenu
alors que vendredi une commis-
sion parlementaire a recommandé
au parlement guatémaltèque la
levée de l’immunité du président
Perez.
Une crise gouvernementale avait
éclaté en avril au Guatemala lors
de la mise au jour d’un réseau de
fraude et de corruption aux taxes
douanières qui avait entraîné la
démission de la vice-présidente
Roxana Baldetti le 8 mai.
Guatemala: cinq mille manifestants
réclament la démission du présidentSources : afp
Manifestation dans le centre historique de Guatemala city, le 4 juillet 2015 pour réclamer la démission du président Otto
Pérez. / Photo: BAFP/AFP
Départ du pape François pour un périple
dans trois pays d'Amérique LatineSources : afp
L
e pape François est parti
dimanche à 07H00 GMT de
l’aéroport de Rome-Fiumicino
pour un périple de huit jours
sur son continent d’origine, qui le
conduira d’abord en Equateur, puis
en Bolivie et au Paraguay.
Lors de ce neuvième déplacement
à l’étranger au programme chargé,
le premier pape jésuite et latino-
américain, âgé de 78 ans, pronon-
cera 22 discours et prendra sept
fois l’avion sur un parcours de 24
000 km.
Le pape voyage à bord d’un Airbus
A330 de la compagnie Alitalia. Le
vol dure 13 heures.
François s’est rendu samedi soir à
la basilique Sainte-Marie Majeure
de Rome, comme il le fait avant
chaque voyage, pour prier la
Vierge pour lequel il a une grande
dévotion et lui confier son voyage.
Il a déposé un bouquet de fleurs
aux couleurs des trois drapeaux
des pays qu’il visitera: rouge,
jaune, vert, blanc et bleu.
Quito, où il est attendu à 15h
(heure locale) sera la première
étape du voyage. Il sera en Bolivie
du 8 au 10 juillet, et au Paraguay
du 10 au 12 juillet.
La participation de l’Eglise
catholique au « débat démocra-
tique », le respect de « l’identité
culturelle de chaque pays »,
l’objectif de l’unité du continent,
les cultures des peuples indigènes,
la protection de l’environnement
et des familles, l’injustice sociale,
la lutte contre la corruption et les
trafics, sont autant de thèmes
que le pape abordera durant son
voyage.
Illustration du Pape François. - / Photo: POL EMILE / SIPA
LUNDI 6 JUILLET 2015 N0
32 | 9
MONDE
E
ntre reprise hypothétique
des négociations et possible
panique bancaire, le scénario
de l’après-référendum est des
plus flous. «Référendum grec: vous
pouvez répéter la question?»,
titrait samedi Libération. La
remarque vaut aussi pour l’après-
vote, qui a vu le «non» l’emporter
avec, selon les projections du
ministère de l’Intérieur, autour
de 61 % des voix, ce dimanche 5
juillet.
«Gardez à l’esprit que les choses
peuvent mal se passer que le
résultat soit oui ou non», écrivait
dimanche matin l’économiste
Tyler Cowen. «Je ne suis même pas
sûr que le résultat du référendum
fera une telle différence, puisque
tout repose sur l’accord qui suivra,
ou son absence.» Samedi, le
professeur de sciences politiques
Joshua Tucker expliquait lui
dans le Washington Post que le
référendum grec ressemblait à «un
jeu d’échecs en trois dimensions
mal conçu», où les électeurs grecs
étaientàlafoisamenésàs’exprimer
sur la politique économique de
leur pays, sur la confiance qu’ils
accordent au gouvernement
Tsipras et sur les relations
qu’ils veulent entretenir avec la
troïka (FMI, BCE, Commission
européenne) et les gouvernements
de l’Union européenne, ce qui
rend l’interprétation des résultats
extrêmement compliquée.
Il pointait, par exemple, que
les électeurs étaient amenés à
s’exprimer sur un plan de réformes
que l’Union européenne a déjà
retiré de la table des négociations:
«Le référendum [...] sera un vote
sur l’acceptation ou non d’un
accord qui n’existe probablement
pas. (Et si vous trouvez que cela
ressemble un peu à deux collégiens
qui affirment tous les deux avoir
rompu avec l’autre en premier,
vous n’en êtes peut-être pas si
loin.)» Et il s’interrogeait aussi
sur la position futur de la Grèce
dans les relations internationales:
«Un vote “non” va-t-il simplement
renforcer la position de la Grèce
dans les négociations? Ou va-t-il
à l’inverse l’affaiblir?»
La première option, celle d’une
partie grecque renforcée pour
revenir à la table des négociations,
figure, par exemple, dans cette
note de la banque britannique
HSBC. Mais dans un post de blog,
l’ancien secrétaire au Trésor de
Bill Clinton, Larry Summers, a
estimé que ceux qui pensaient que
la négociation pouvait revenir à la
situation de la mi-juin ignoraient
à quel point la situation avait
changé depuis une semaine: «Le
référendum n’est probablement
que le deuxième évènement le
plus important de la semaine en
Grèce. Quel que soit le résultat,
les banques grecques vont se
retrouver à court de liquidités en
début de semaine, probablement
lundi.» Dès lundi sont prévues
plusieurs réunions de haut
niveau, par exemple du côté des
directeurs du Trésor de la zone
euro ou encore d’Angela Merkel
et François Hollande, qui se
rencontreront à l’Elysée.
La question la plus importante,
bien sûr, est celle du maintien
de la Grèce dans la zone euro:
un schéma assez simpliste
de la chaîne CNN en a fait la
conséquence quasi-automatique
d’un «non». Une majorité de Grecs
est pourtant pour le maintien de
la monnaie unique dans le pays.
Dimanche, dans une interview à la
radio allemande Deutschlandfunk,
le président de la Commission
européenne Martin Schulz (SPD)
estimait que si la Grèce disait
non, elle devrait introduire
une nouvelle devise après le
référendum. Le président de la
Commission européenne, Jean-
Claude Juncker, avait lui affirmé
que le référendum constituait un
vote sur l’appartenance de Grèce
à la zone euro. Mais d’autres
dirigeants adoptent un ton plus
conciliant: Emmanuel Macron a
ainsi affirmé dimanche que «quel
que soit le vote, nous devons dès
demain reprendre des discussions
politiques».
«Il est évident que, le jour
d’après, on devra se remettre
à parler», a lancé de son côté
dans Il Messaggero le chef du
gouvernement italien, Matteo
Renzi. La seule certitude qu’on
peut avoir, c’est qu’Alexis Tsipras
(qui n’avait, au contraire de son
ministre des Finances Yanis
Varoufakis, pas annoncé qu’il
démissionnerait en cas de victoire
du «oui») va pouvoir pour l’instant
se maintenir au pouvoir.
Dans un bureau de vote de Crète, le 5 juillet 2015.- REUTERS/Stefanos Rapines.
Les Grecs ont répondu «non».
Mais quelle était la question ?
Repéré par Jean-Marie Pottier
Hollande et Merkel lundi soir à Paris pour
« évaluer les conséquences du référendum en Grèce »
Le Monde.fr avec AFP
L
e non au plan des créanciers
l’emporterait à 61 % des suf-
frages à l’issue du référendum
organisé par le gouvernement
grec d’Alexis Tsipras, selon les pro-
jections du ministère de l’intérieur
publiées à 20 heures.
Merkel et Hollande à Paris
lundi soir
Avant même l’annonce des résul-
tats officiels, François Hollande et
la chancelière allemande, Angela
Merkel, ont annoncé qu’ils se ren-
contreraient à l’Elysée lundi 6 juil-
let au soir pour « un entretien suivi
d’un dîner de travail pour évaluer
les conséquences du référendum
en Grèce ».
Cette rencontre, organisée au len-
demain du référendum, « s’inscrit
dans le cadre de la coopération
permanente entre la France et
l’Allemagne pour contribuer à
une solution durable en Grèce »,
précise l’Elysée dans un commu-
niqué.
La Grèce va demander à la BCE
de relever son soutien aux
banques
Le porte-parole du gouvernement
grec Gabriel Sakellaridis a de
son côté assuré dimanche que «
les initiatives pour arriver à un
accord » entre Athènes et ses
créanciers — Union européenne
et Fonds monétaire international
(FMI) — « allaient s’intensifier à
partir de ce soir ».
M. Sakellaridis a également
annoncé que la banque centrale
du pays allait demander à la BCE
de relever le plafond des liquidités
d’urgence accordées aux banques
grecques. Ces liquidités fournies
aux banques grecques par la BCE
dans le cadre de sa fourniture de
liquidité d’urgence (« emergency
liquidity assistance », ELA) leur
sont devenues pratiquement
indispensables pour poursuivre
leur activité.
Les banques sont fermées en Grèce
depuis l’annonce du référendum
le 26 juin et les retraits aux dis-
tributeurs automatiques sont pla-
fonnés à 60 euros par jour et par
personne.
Réunion des directeurs du
Trésor des pays
de la zone euro lundi
Une réunion des directeurs du
Trésor de la zone euro se tien-
dra dès lundi. La tenue de cette
réunion, de l’Euroworking group,
instance préparatoire aux rencon-
tres des 19 ministres des finances
de la zone euro (Eurogroupe), a été
confirmée alors que les premiers
sondages donnaient le non vain-
queur. Mais aucun Eurogroupe
n’est encore prévu.
Mercredi dernier, le président
de l’Eurogroupe, Jeroen Dijs-
selbloem, avait indiqué que si la
Grèce n’était pas prêts à « accept-
er des mesures désagréables », il
n’existerait « aucune base pour un
nouveau programme d’aide ».
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32 LUNDI 6 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
Cuba : En route vers le développement
des énergies propresPar Patricia Grogg / IP
Il y a plus d’une décennie, l’électricité solaire a changé la vie de plusieurs communautés de montagne à Cuba.
Aujourd’hui, cette source d’énergie renouvelable et d’autres apparaissent comme de meilleures options
disponibles pour développer l’énergie durable à travers l’île.
“
Si le potentiel d’énergie propre
au monde dépasse nos besoins
de consommation, pourquoi
insistons-nous sur l’utilisation
de celle qui pollue?”, a demandé Luis
Bérriz, directeur de la Société cuba-
ine pour la promotion des sources
d’énergie renouvelables et le respect
de l’environnement (CUBASOLAR),
une organisation non gouvernementa-
le qui promeut l’utilisation de sources
d’énergie alternatives et respectueus-
es de l’environnement.
Selon ses calculs, la quantité de
rayonnement solaire que Cuba
reçoit équivaut à 50 millions
de tonnes de pétrole par jour.
“Si nous couvrions l’autoroute
nationale longue de 1.000
kilomètres de panneaux solaires,
nous produirions toute l’énergie
consommée actuellement, sans
utiliser de combustibles fossiles
ou occuper un seul mètre carré de
terre agricole”, a expliqué Bérriz à
IPS dans une interview.
En outre, “personne ne peut
bloquerlesoleil;ilappartientànous
tous”, a-t-il ajouté. Bérriz est un
chercheur et un ardent défenseur
de longue date des sources
d’énergie renouvelables, qui
préfère parler de “renversement”
des changements climatiques -
qui, selon lui, sont causés par “les
actions destructrices des sociétés
d’aujourd’hui” - au lieu de leur
“adaptation”.
Selon lui, s’adapter à ce que
d’autres détruisent ressemble
plus au “conformisme”. Les pays
industrialisés sont responsables
de 75 pour cent de toutes les
émissions de gaz à effet de serre
(GES) d’origine anthropogénique,
qui provoquent le réchauffement
de la planète. Le principal GES est
le dioxyde de carbone (CO2).
Pour Bérriz, le meilleur plan
d’action est de passer du pétrole
à des sources d’énergie propres,
qui dépassent les besoins
énergétiques. La manière de le
faire, c’est de développer les
connaissances, la technologie et
l’industrie nécessaires pour puiser
dans les diverses sources d’énergie
renouvelables les plus disponibles
dans chaque région, dit-il.
Les principales composantes de
ce processus, affirme Bérriz, sont
la formation des scientifiques,
des techniciens et d’agents
qualifiés pour couvrir les besoins
en ressources humaines, et la
création d’une culture énergétique
et environnementale qui permettra
de mener la sensibilisation,
essentielle pour le développement
de l’énergie solaire basée sur
“l’équité et la solidarité”.
Le plus grand exploit de Cuba dans
ce sens, c’est dans le domaine du
développement scientifique et
de l’éducation, qu’il partage avec
d’autres pays de la région à travers
des efforts de coopération.
La contribution de l’énergie
éolienne, hydroélectrique et de
l’équipement de la biomasse de
canne à sucre au Système national
d’énergie électrique de Cuba en
2010 était de 178,1 gigawatts/
heure, ce qui équivaut à la quantité
d’électricité produite en quatre
jours et remplace près de 46.000
tonnes de pétrole.
Selon le tableau des statistiques
officielles publiées par ‘Energía y
Tú’, le magazine de CUBASOLAR,
Cuba dispose de 9.624 panneaux
solaires, 8.677 moulins à vent,
6.447 chauffe-eau solaires, 554
usines de biogaz, 173 centrales
hydroélectriques, quatre parcs
éoliens avec 20 turbines éoliennes,
et de 608 poêles pour la production
de biomasse à granulés de bois.
En outre, l’île dispose de 57
turbogénérateurs et de 67
chaudières dans 61 moulins à
sucre. La nouvelle relance de
l’industrie sucrière – gérée par
un groupe d’entreprises depuis
2011 - comprend l’augmentation
du potentiel de production
d’électricité à base de la bagasse
et d’autres sous-produits de canne
à sucre pour approvisionner le
secteur durant toute l’année. Les
experts considèrent comme un bon
signe la décision du gouvernement
de puiser dans la gamme des
sources d’énergie renouvelables, en
donnant la priorité à celles qui ont
le plus grand impact économique,
tel qu’il est défini dans un vaste
programme visant à moderniser
l’économie et à améliorer son
efficacité, lancé en avril 2011.
“Le pays s’améliore en termes
d’organisation. Le travail et les
efforts de planification pour les
prochaines années sont en cours
dans ce secteur et dans d’autres
domaines relatifs aux énergies
renouvelables”, a déclaré Bérriz,
insistant que Cuba a toutes les
conditions pour progresser dans
l’utilisation des infrastructures
d’énergies propres.
Les plans comprennent la
réactivation des usines éoliennes,
la revitalisation de l’industrie
des turbines hydroélectriques,
et le développement accru de la
production de panneaux solaires,
autant que possible, car ces plans
ont été les meilleures options dans
un programme d’électrification
rurale mis en œuvre au cours des
10 dernières années.
“Nous ne pouvons pas passer à
un rythme plus rapide (dans le
développement de l’industrie) en
raison des énormes contraintes
financières du pays. Avec plus de
ressources, nous pourrions avancer
beaucoup plus vite sur le chemin
de l’énergie renouvelable et la
partager avec d’autres nations”,
indique l’expert.
D’autres experts notent que
Cuba a besoin d’un mécanisme
d’appui spécifique pour accélérer
l’introduction et l’utilisation de
générateurs alternatifs “vers
un développement énergétique
durable” qui n’accable pas
l’Etat, et que cela constitue une
option attrayante et fiable pour
les investisseurs étrangers, et
encourage les industries nationales
à utiliser ces sources.
Dans ce sens, Conrado Moreno, un
chercheur et membre du conseil
d’administration de CUBASOLAR,
présente les coopératives agricoles
comme une “niche encore
inexploitée”, où, avec la production
et la vente des aliments, les
sources d’énergie renouvelables
apparaissent comme “une solution
prometteuse dans le modèle
économique qui approche”.
Selon Moreno, cette forme de
production recevra des incitations
grâce à une législation actuellement
en discussion et qui sera adoptée
sous peu.
Plusieurs pays d’Amérique latine,
y compris l’Argentine, le Brésil, le
Mexique, El Salvador, le Nicaragua
et la République dominicaine, ont
déjà des cadres juridiques en place
pour fournir un appui politique et
financier pour le développement
de générateurs respectueux de
l’environnement.
ÉNERGIESALTERNATIVES
La quantité de rayonnement solaire que Cuba reçoit équivaut à 50 millions de tonnes de pétrole par jour.
Photo :vimeo.com
LUNDI 6 JUILLET 2015 N0
32 | 11
ÉCONOMIE
De nouveau, la Grèce peut sauver
l'Occident***Par Dr. Paul Craig Roberts
L’AUTREPOINTDEVUE
P
eu de gens comprennent que
le sort de la liberté occiden-
tale, ce qu’il en reste, est en
jeu dans le conflit et, en fait,
le sort de la vie sur terre. Il est certain
que le gouvernement allemand ne le
comprend pas. Sigmar Gabriel, un
vice-chancelier allemand, a déclaré
que le gouvernement grec était une
menace pour l’ordre européen. Ce
qu’il entend par ordre européen est
le droit des pays les plus forts de piller
les plus faibles..
La crise grecque n’est pas à propos
de la dette. La dette est la propa-
gande à laquelle l’Empire recourt
pour nier la souveraineté partout
dans le monde occidental.
Le gouvernement grec a demandé
à la brochette de pays qui compo-
sent la démocratique Union euro-
péenne une prolongation d’une
semaine pour rembourser la dette
afin de permettre au peuple grec
d’approuver ou de désapprouver
les conditions léonines imposées à
la Grèce par la Commission euro-
péenne, la Banque centrale euro-
péenne et le FMI, sur l’insistance
de Washington.
La réponse de l’Europe et du FMI,
et de Washington, a été NON.
Ils ont dit au gouvernement grec
que la démocratie ne s’applique
pas lorsque les créanciers sont
déterminés à faire payer les citoy-
ens grecs pour les erreurs de leurs
créanciers, avec la diminution des
pensions de retraite, la réduction
des soins de santé, de l’éducation,
de l’emploi et des services sociaux.
La position de l’Empire est que le
peuple grec est responsable des
erreurs de ses créanciers étrang-
ers, et que le peuple grec doit
payer pour les erreurs de ses cré-
anciers, en particulier les erreurs
[et magouilles comptables, NdT]
commises par Goldman Sachs.
Comme cela a été définitivement
prouvé, l’affirmation de l’Empire
est fausse. Les mesures d’austérité
qui ont été imposées à la Grèce ont
fait chuter l’économie de 27%, aug-
mentant ainsi le ratio de la dette
par rapport au PIB et aggravant la
situation financière du pays. Tout
ce que l’austérité a fait est de tirer
le peuple grec encore plus bas, ce
qui rend le remboursement de la
dette impossible.
L’Empire a rejeté le référendum
démocratique de la Grèce de
dimanche prochain, parce que
l’Empire ne croit pas à la démocra-
tie. L’Empire, comme tous les
empires, croit en la soumission.
La Grèce n’est pas soumise. Donc
la Grèce doit être punie. Les Perses
Darius et Xerxès avaient la même
vision que Washington et l’UE. Le
gouvernement grec est censé faire
ce que les précédents gouverne-
ments grecs ont fait, accepter de
rembourser et autoriser le pillage
de la Grèce.
Le pillage est la seule manière
qui reste au système financier
occidental pour faire de l’argent.
Dans la course aux profits à court
terme, les sociétés occidentales,
encouragées et contraintes par le
secteur financier, ont délocalisé à
l’étranger l’industrie, la fabrica-
tion et les compétences professi-
onnelles, ainsi que la technologie
de l’information et l’ingénierie
des logiciels. Tout ce qui reste à
l’Occident, ce sont les paris de
casino sur les produits dérivés à
effet de levier. Apple est une socié-
té américaine, mais pas un seul
ordinateur Apple n’est fabriqué
aux États-Unis.
Les gouvernements allemand, fran-
çais et néerlandais, avec Washing-
ton et le système financier occiden-
tal, se sont prononcés en faveur
du pillage. Pour qu’un pays puisse
être pillé, il faut que la voix de son
peuple soit réduite au silence. Voilà
pourquoi les Allemands et l’UE
contestent au gouvernement grec
le pouvoir de confier au peuple
grec le droit de décider de l’avenir
de la Grèce.
En d’autres termes, en Occident
aujourd’hui, la souveraineté des
peuples et la responsabilité des
gouvernements sont incompatibles
avec les intérêts financiers du 1%.
Pour conclure : si la démocratie
peut être détruite en Grèce, elle
peut être détruite dans toute
l’Europe.
Le peuple ne tient pas seulement le
sort de la démocratie occidentale
entre ses mains, mais aussi le sort
de la vie sur la terre. La méthode
de Washington pour créer un con-
flit avec la Russie est l’UE et l’Otan.
En violation des accords[verbaux,
NdT] passés entre Gorbatchev et
les précédents gouvernements
états-uniens, Washington a amené
l’Otan aux frontières de la Russie
et déploie actuellement plus de
troupes, d’armements et de mis-
siles sur les frontières russes, tout
en tenant des propos agressifs à
l’égard de la Russie.
La Russie n’a pas d’autre choix
que de viser ces déploiements
militaires insensés. Comme ces
derniers augmentent et que la pro-
pagande occidentale irresponsable
et totalement faussaire contre la
Russie et le gouvernement russe
dégénère, la guerre peut éclater.
Il est clair que Washington et ses
États vassaux ont évité la diploma-
tie et ont recouru en lieu et place
à la diabolisation et à des tenta-
tives de coercition pour forcer la
Russie à satisfaire les demandes
de l’Empire. Cette politique irre-
sponsable se poursuit malgré les
nombreux avertissements du gou-
vernement russe à l’Occident de ne
pas poser d’ultimatum à la Russie.
Comme les empires se caractéri-
sent par l’arrogance et l’hybris,
l’Empire n’entend pas les avertisse-
ments.
Nous avons récemment eu des
menaces britanniques contre la
Russie de la part du Premier min-
istre marionnette de Washington
à Londres, en dépit du fait que
le Royaume-Uni ne peut engager
aucune force contre la Russie
et peut être détruit en quelques
minutes par celle-ci. Cette sorte
d’insanité est ce qui mène à la
guerre. Le Premier ministre bri-
tannique est cinglé, il pense qu’il
peut défier la Russie.
Washington prépare l’Armageddon.
Mais la Grèce peut nous sauver.
Tout ce que le peuple a à faire est
de soutenir son gouvernement
et d’insister pour que ce gouver-
nement, le premier depuis long-
temps à représenter les intérêts
du peuple grec, envoie l’UE cor-
rompue au diable, fasse défaut sur
la dette et se tourne vers la Russie.
Cela serait le début de la fin de
l’UE et de l’Otan et cela sauverait
le monde de l’Armageddon.
Très probablement, l’Italie et
l’Espagne suivraient la Grèce et
sortiraient de l’UE et de l’Otan,
puisque ces pays sont aussi visés
par un pillage sans merci. L’UE et
l’Otan, les supplétifs utilisés par
Washington pour créer un conflit
avec la Russie, se déliteraient.
Le monde serait sauvé et devrait
son salut à la capacité des Grecs
à réaliser ce qui est réellement en
jeu. Exactement comme ils l’ont
fait à Marathon, aux Thermopyles,
à Platées et à Mycale.
Il est difficile d’imaginer un autre
scénario qui nous sauverait de la
Troisième Guerre mondiale. Prions
pour que les Grecs comprennent la
responsabilité qui est entre leurs
mains, non seulement celle de la
liberté mais aussi de la vie sur la
terre.
*Cet article est une traduction
de l’article original en anglais
“Greece Again Can Save The West”
[ http://www.mondialisation.ca/
de-nouveau-la-grece-peut-sauver-
loccident/5460271 ] pour Le Saker
francophone.
**L’ex-Secrétaire d’Etat Adjoint
Paul Craig Roberts est très impli-
qué dans des activités universita-
ires aux Etats-Unis. Il est l’auteur
de plusieurs publications du
Global Research.
Comme à Marathon, aux Thermopyles, à Platées et à Mycale, il y a environ 2500 ans, de nouveau, la liberté
occidentale dépend de la Grèce. Aujourd’hui, Washington et son empire d’États vassaux européens jouent le rôle
de l’Empire perse, et les Grecs ont, tardivement, formé un gouvernement, Syriza, qui refuse de se soumettre à
l’Empire de Washington.
La dette est la propagande à laquelle l’Empire recourt pour nier la souveraineté
partout dans le monde occidental. / Photo: Mondialisation.ca
12 | N0
32 LUNDI 6 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
200 agro-entrepreneurs ciblés
dans un projet innovantSource : Des jardins Développement International
Une enquête démontre les impacts positifs d’un projet pilote mené par un consortium en Haïti afin de structurer
et professionnaliser le secteur financier agricole.
CRÉDITAGRICOLE
L
’organisme canadien de coo-
pération internationale «
Développement international
Desjardins » (DID), vient de
compléter une enquête auprès de
200 entrepreneurs agricoles collabo-
rant avec les institutions financières
qui participent au projet « Système
de financement et d’assurance agri-
cole en Haïti (SYFAAH) » financé par
le ministère canadien des Affaires
étrangères, du Commerce et du Dével-
oppement (MAECD).
D’après cette enquête, « des
impacts extrêmement positifs
pour les emprunteurs » sont
déjà enregistrés dans le cadre
de ce projet dont la finalité est
de stimuler l’économie agricole
et rurale, de créer des emplois et
d’améliorer la sécurité alimentaire
en Haïti :
97 % des emprunteurs rappor-
tent que « l’officier de crédit avec
lequel ils ont fait affaire a bien
analysé leurs besoins et leur a
donné de bons conseils, résultat
direct de la formation reçue par
ces officiers ». Plus de 95% des
répondants disent que le crédit
reçu leur a permis « d’augmenter
la superficie cultivée, d’acquérir
de l’équipement, d’augmenter leur
production ou d’augmenter leurs
profits ».
Les répondants sont par ail-
leurs plus de 90% à déclarer «
avoir dégagé un surplus de fonds
après avoir remboursé leur prêt
» et auraient donc amélioré leur
situation financière grâce au
crédit reçu. Grâce à cette amé-
lioration, 95 % des répondants
auraient réussi à mieux nourrir
leur famille, 91,5 % réinvestissent
dans leurs activités de production,
92 % financent l’éducation de
leurs enfants et 84 % améliorent
la résidence familiale.
Les résultats de l’enquête révèlent
que 90,5 % des emprunteurs
manifestent leur intention de
renouveler leur crédit auprès de la
même institution financière dans
les douze mois à venir.
Ce projet, réalisé conjointement
par DID, Financière agricole du
Québec – Développement inter-
national inc. (FAQDI) et l’Institut
Interaméricain de Coopération
pour l’Agriculture (IICA), vise à
mettre en place en Haïti un système
de financement et d’assurances
agricoles, structurant ainsi de
façon globale l’offre de services
financiers destinés aux agro-
entrepreneurs dans le but ultime
de relancer l’économie agricole et
rurale, créer des emplois et amé-
liorer la sécurité alimentaire en
Haïti.
Ce système implique la professi-
onnalisation du secteur en entier,
c’est-à-dire le renforcement des
capacités des agro-entrepreneurs,
des institutions financières et de
l’État afin de gérer efficacement
deux fonds nationaux de garantie
et d’assurances.
Le projet SYFAAH est réalisé par
un consortium formé de Dével-
oppement international Desjar-
dins (DID), Financière agricole du
Québec – Développement interna-
tional (FADQDI) et l’Institut inter-
américain de coopération pour
l’agriculture (IICA), en partenariat
avec le ministère de l’Agriculture,
des Ressources naturelles et du
Développement rural (MARNDR)
d’Haïti.
Il vise à mettre en place en Haïti
un système de financement et
d’assurances agricoles, struc-
turant ainsi de façon globale l’offre
de services financiers destinés aux
agro-entrepreneurs dans le but
ultime de relancer l’économie agri-
cole et rurale, créer des emplois et
améliorer la sécurité alimentaire
en Haïti.
Ce système implique la professi-
onnalisation du secteur en entier,
c’est-à-dire le renforcement des
capacités des agro-entrepreneurs,
des institutions financières et de
l’État afin de gérer efficacement
deux fonds nationaux de garantie
et d’assurances
À ce jour, trois institutions finan-
cières haïtiennes y sont pleine-
ment engagées dans le finance-
ment de l’agriculture. Un fonds
de garantie est en opération, un
système d’assurance récolte est
conçu pour la filière riz et de
l’appui conseil est offert aux agro-
entrepreneurs.
DID agira à titre de gestionnaire
du projet et contribuera à renforc-
er l’offre de crédit agricole par les
activités suivantes:
•Sélectionner des institutions
financières participantes;
•Analyser leur marché potentiel
dans le secteur agricole;
•Établir une stratégie de profes-
sionnalisation en crédit agricole;
•Proposer une structure organisa-
tionnelle adéquate;
•Définir des produits de crédit
adaptés;
•Former le personnel spécialisé en
crédit agricole;
•Élaborer et mettre en place
des normes de gestion et
d’encadrement du risque de
crédit.
Développement international Des-
jardins est une société canadienne
spécialisée en appui technique et
en investissement dans le secteur
de la finance de proximité dans
les pays en développement et en
émergence.
Le « zai » est une méthode qui leur a permis de revitaliser des sols et de produire à nouveau sur des terrains jadis impropres à l’agriculture. / Photo : © Ecodufaso
LUNDI 6 JUILLET 2015 N0
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32 LUNDI 6 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
» suite de la première page
HAÏTISOCIÉTÉ/DROITSHUMAINS/PÉNITENCIERNATIONAL
« Vivre dans un centre de déten-
tion en Haïti, c’est apprendre à
mener une vie en enfer », a laissé
entendre Valcin Rodelin Jr, coor-
donnateur général de KPNY.
Le pénitencier national, un des
plus grands centres de détention
du département de l’Ouest, a été
construit pour accueillir huit cent
prisonniers. Aujourd’hui, plus
de cinq mille prisonniers y sont
enfermés. L’intérieur de ce centre
de détention est divisé en zone.
Chaque zone comprend plusieurs
cellules. Chacune des cellules est
contrôlée par un prisonnier. Il est
surnommé « Major ». Ce dernier
obtient cette fonction pour plus-
ieurs raisons. Il peut être le plus
violent, le plus « aksyonè » et/ou le
plus ancien de la prison. Le major
de la cellule doit faire son rapport
au « major général » : celui qui a le
contrôle de tous les autres majors
de son carré. « Pour vivre dans
une telle structure, il faut avoir
le sens du respect », a expliqué
l’ancien détenu.
À « Titanic »1, 2, 3, 4, une des
plus grandes zones ou sections de
la prison civile de Port-au-Prince,
une cellule d’une superficie de
quatre mètres carrés environ peut
contenir entre 80 à 90 détenus. «
Ti Acier », en est une autre. Dans
cette section, les cellules mesurent
1m 50. C’est dans cette section
qu’on place ceux qui n’ont pas
les moyens. Plus de 80 détenus
y sont enfermés. Dans une autre
zone nommée « Brick », 180 à 200
prisonniers partagent quelques
mètres carrés. Ils y sont entas-
sés comme des sardines. Sur des
matelas pour enfants retrouvés
dans cet espace, raconte Valcin
Rodelin Jr, il faut 10 000 gourdes
à un prisonnier s’il veut s’allonger.
Sur deux de ces matelas réunis,
six détenus peuvent s’entendre
pour y passer la nuit.
« Le pire, à l’intérieur de la prison
civile de Port-au-Prince, c’est le
business. Est vendu tout ce que
l’on peut trouver dans la rue. La
marijuana et la drogue aussi. On
peut même jouer à la borlette, au
poker. Tout y est vendu avec la
complicité des geôliers et le major
général de la prison. Les prison-
niers font également du kidnap-
ping à l’intérieur. Tout passe et
doit passer par le major général
avant d’atteindre les agents »,
explique Valcin.
La population carcérale, estime
par ailleurs le coordonnateur
général de KPNY représente 1, 2 %
de la population nationale. « Elle
peut être gérée moyennant une
prise en charge et un respect scru-
puleux de ses droits ». Dans les
différentes zones du Pénitencier
national, il n’y a pas de toilettes.
On en trouve seulement dans le «
Hall 7», là où l’élite de la prison
est incarcérée. Seuls les privilé-
giés de la section peuvent faire
leurs besoins dans un canal, où
une puanteur exagérée peut hor-
rifier les narines de ceux qui n’y
sont pas habitués. Une puanteur
à laquelle s’ajoutent mouches,
cafards et autres insectes nuisi-
bles. Ce qui empoisonne davan-
tage l’existence des prisonniers.
Les incarcérés ne veulent pas
entendre parler d’isolement.
Selon Valcin Rodelin Jr. c’est
le plus grand mal qu’un geôlier
puisse faire à un détenu. « Anba
mach ». C’est un espace minus-
cule, obscur, sous un escalier, où
des bestioles de toutes sortes ont
élu domicile.
Le prisonnier, une fois qu’il s’y
trouve, doit se recroqueviller pen-
dant des jours sans avoir la possi-
bilité de se tenir debout même une
fois. C’est sous l’escalier qu’on lui
apporte à manger. Si, au moment
de trainer le chariot, un paquet de
matière fécale tombe dans la nour-
riture, raconte Valcin, on enlève
le paquet et on donne le plat au
prisonnier qui doit s’empresser
de le recevoir pour ne pas crever
de faim.
« La prison civile de Port-au-
Prince est génératrice de malades
mentaux, d’infirmes et surtout
de criminels endurcis. Passer six
mois, un an voire dix ans dans ce
centre, et on est pareil à quelqu’un
qui se trouverait dans un drôle
de coma. Cependant, il existe au
Pénitencier national, des jeunes
âgés entre 14 et 24 ans enfermés
sans savoir pourquoi ils sont en
prison et sans avoir rencontré
même une fois leur juge naturel.
C’est injuste », se plaint Valcin
Rodelin Jr.
Jugé non coupable, Valcin
Rodelin Jr a été libéré, le 20
décembre 2013 après six mois
d’emprisonnement. Aujourd’hui,
il veut travailler pour le respect
des détenus du pays. Pour cela,
il vient de mettre sur pied une
organisation.
Sa mission consiste à plaider la
cause des prisonniers, surtout
ceux en situation irrégulière et
qui se voient obligés de purger
une peine allant de six mois à dix
ans pour avoir volé un téléphone,
couché avec la femme d’un com-
missaire et pour voies de fait etc.
Le coordonnateur de cette nou-
velle organisation prévoit de
leur fournir assistance juridique,
éducative et médicale.
Entre complicité, promiscuité
et deshumanisationpar Joe Antoine Jn-Baptiste
LUNDI 6 JUILLET 2015 N0
32 | 15
SOCIÉTÉ
A
près le dernier amende-
ment constitutionnel, il ne
demeure pas moins vrai que
la loi mère de la société est
loin d’être un roman à lire pour chas-
ser l’ennui. Il s’agit évidemment des
prescritslégauxetjuridiquesrégissant
les rapports entre les hommes et les
institutions. À cet égard, l’éducation
est définie dans son accessibilité par
cette même constitution qui a été
amendée au cours d’une période de
tensions et de doutes politiques. C’est
dans les articles 32 à 34.1 que sont
définies les conditions d’accessibilité
à l’éducation dont la principale fonc-
tion est la formation des individus de
la société haïtienne. L’éducation a été
l’arme de la propagande et de la cam-
pagne électorale du président Michel
Joseph Martelly. Et le programme de
scolarisation universelle, gratuite et
obligatoire (PSUGO) a été l’initiative
du gouvernement pour concrétiser
les promesses électorales. Mais, tou-
jours est-il qu’il faut questionner la
correspondance entre le PSUGO, les
lois constitutionnelles et les résultats
enregistrés dans le système éducatif.
La constitution stipule dans ses
articles 32, 32.1, 32.3, que le
droit à l’éducation pour tous, sans
aucune discrimination, est garanti
par l’État. Et l’article 32.6 qui a
été amendé, l’idée de méritocratie
traduisant la discrimination, est
supprimée pour la garantie absolue
de ce droit. Mais, les conditions
objectives de l’application de ces
lois n’ont jamais été crées par les
pouvoirs publics.
Ainsi, avons-nous toujours assisté
à l’exclusion d’un nombre croissant
des gens du système d’éducation
publique. Mais, depuis le lancement
du programme de scolarisation
universelle gratuite et obligatoire et
le décaissement des fonds pour son
opérationnalisation, on s’attendait
à voir la concrétisation des lois
constitutionnelles sur l’éducation.
En effet, ces subventions publiques
auraient du permettre à ceux qui
ont été toujours exclus du système
éducatif, d’avoir un accès véritable
au droit à l’éducation. Mais, les
faits ne correspondent nullement
aux attentes. Au fait, l’observation
révèle qu’il n’y a eu aucune
construction d’établissements
scolaires pouvant accueillir les
fils et les filles du pays, aucune
formation de nouveaux enseignants,
aucun nouveau programme scolaire
élaboré en vue d’uniformiser
la formation académique, qui
auraient pu améliorer le système
de l’enseignement scolaire.
Certes, certaines difficultés
observables dans le fonctionnement
du système éducatif haïtien sont
certainement liées au séisme
dévasteur du 12 janvier 2010. Mais,
il convient de faire remarquer que
ce système a toujours enregistré des
défaillances en raison de l’absence
d’une vision étatique pour la
massification et la démocratisation
de l’éducation en Haïti. Les articles
de la constitution relatifs au bien
de l’éducation, parce qu’ils n’ont
jamais été appliqués avec efficacité
et efficience pour répondre aux
besoins de la population, n’existent
que pour être contradictoires aux
faits du système éducatif. Nul
ne peut prétendre ignorer les
conditions dans lesquelles les
enfants reçoivent la formation
scolaire dont la qualité est très
lacunaire. L’éducation demeure
un bien de capitalisation privé qui
profite aux directeurs d’écoles.
Le tableau descriptif du système
éducatif exprime qu’il s’agit
plutôt d’un marché où l’État n’est
pas le principal fournisseur de
la formation. D’où la nécessité
de questionner le programme de
scolarisation universelle gratuite et
obligatoire, qui aurait dû annoncer
une réforme en profondeur du
système éducatif.
En quoi ce programme pouvait
contribuer à solutionner un
problème dont les causes sont
politiques et historiques ? À quoi
étaient destinés les fonds qui ont
été décaissés pour opérationnaliser
le programme ? Quel lien existe-t-il
entre les exigences d’une formation
scolaire devant être offerte par les
institutions bénéficiaires du PSUGO
et les exigences de la constitution
? En somme, comment le PSUGO
aurait pu contribuer à améliorer le
système éducatif, s’il ne l’a pas déjà
rendu plus défaillant ?
Ce sont autant de questionnements
que nous devrions adresser aux
décideurs politiques dont la
mission est d’élaborer une politique
d’éducation pour réaliser les vœux
exprimés par les articles de la
Constitution. En attendant que
des réponses soient proposées
pour apaiser les inquiétudes, la
population doit croire que tout
programme d’éducation devra
permettre de massifier et de
démocratiser l’éducation, en tenant
compte d’une bonne formation
scolaire. Car, elle a compris, du
moins elle devrait comprendre
que les programmes de réforme
éducative ne correspondant pas
aux besoins de la population,
profitent aux dirigeants populistes
et ne pourront jamais résoudre
les problèmes d’un système
dysfonctionnel. L’éducation ne doit
plus être un outil de propagande,
quand nous relisons les articles 32
et 32.7 de la Constitution haïtienne
amendée qui fixe les droits des
citoyens et les devoirs de l’État :
Article 32
« L’État garantit le droit à
l’éducation. Il veille à la formation
physique, intellectuelle, morale,
professionnelle, sociale, et civique
de la population »
Qui se lit désormais comme suit
dans la constitution amendée
«L’Étatgarantitledroitàl’éducation.
L’enseignement est libre à tous les
degrés. Cette liberté s’exerce sous
le contrôle de l’État »
Article 32.7
«L’État doit veiller a ce que
chaque collectivité territoriale,
section communale, commune,
département soit doté
d’établissements indispensables
adaptés aux besoins de son
développement, sans toutefois
porter préjudice à la priorité
de l’enseignement agricole,
professionnel, coopératif, et
technique qui doit être largement
diffusé »
Qui se lit désormais comme suit
dans la constitution amendée
« L’État doit veiller à ce que chaque
collectivité territoriale soit dotée
d’établissements adaptés à son
développement »
On suppose qu’il doit y avoir un
rapport de complémentarité entre
les lois constitutionnelles et les
programmes gouvernementaux.
C’est dans cette perspective qu’une
société deviendra réellement
l’émanation des lois que les citoyens
se sont donné pour garantir le bien-
être de tous.
Si le PSUGO rend des services au
gouvernement de Michel Joseph
Martelly, il n’en rend aucun au
peuple haïtien dont les fils et les
filles n’ont pas toujours eu un accès
réel à une éducation de bonne
qualité.
Quel lien entre le PSUGO et les lois
constitutionnelles haïtiennes ?par CHERISCLER Evens (Boukman)
HAÏTISOCIÉTÉ/ÉDUCATION/PROGRAMMEPSUGO
Si, dans le pays, certaines pratiques et certains produits tendent à disparaître, il y en a qui existe encore et qui,
semble-t-il, reste en vie malgré l’évolution de la société. Aujourd’hui, les « fresko » par exemple se vendent dans
toutes les rues de la Capitale et dans ses agglomérations. Mais avec un élan vers la modernité qui tue le côté
original et traditionnel du « Fresko » des années 90.
16 | N0
32 LUNDI 6 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
T
rente-six lauréats du prix
Nobel, réunis sur l’île de
Mainau, sur le lac de Con-
stance, en Allemagne, ont
signé une déclaration dite « de
Mainau » sur le changement clima-
tique vendredi 3 juillet. Cinq mois
avant la Conférence de l’ONU sur les
changements climatiques (COP21),
lors de laquelle 195 Etats pourraient
adopter le premier accord universel
sur le climat, le texte appelle « à pren-
dre des mesures décisives afin de lim-
iter les futures émissions mondiales
de gaz à effet de serre ».
Nous soussignés, scientifiques
lauréats du prix Nobel, avons
rejoint les rives du lac de Con-
stance dans le sud de l’Allemagne
afin d’échanger nos points de vue
avec de jeunes chercheurs prom-
etteurs qui viennent comme nous
du monde entier. Il y a près de
soixante ans, ici, à Mainau, une
assemblée similaire de lauréats
du prix Nobel de sciences a publié
une déclaration sur les dangers
inhérents à la nouvelle technolo-
gie des armes nucléaires — une
technologie résultant des avancées
dans les sciences fondamentales.
Jusqu’ici, nous sommes parve-
nus à éviter une guerre nucléaire,
même si la menace demeure.
Nous pensons que notre monde
est aujourd’hui confronté à une
autre menace d’une ampleur com-
parable. Des générations succes-
sives de chercheurs ont contribué
à créer un monde de plus en plus
prospère. Cette prospérité s’est
faite au prix d’une augmentation
rapide de la consommation des
ressources de la planète.
En l’absence de maîtrise, notre
demande sans cesse croissante en
produits alimentaires, en eau et
en énergie finira par dépasser la
capacité de la terre à satisfaire les
besoins de l’humanité, et mènera
à une tragédie humaine générale.
Déjà, les scientifiques qui étudi-
ent le climat de la terre constatent
l’impact des activités humaines.
En réponse au changement cli-
matique généré par l’homme,
l’Organisation des Nations unies
a créé le Groupe d’experts inter-
gouvernemental sur l’évolution du
climat (GIEC) afin de fournir aux
décideurs mondiaux un résumé de
l’état actuel des connaissances sci-
entifiques pertinentes. Bien que
loin d’être parfaits, les efforts qui
ont conduit à l’actuel cinquième
Rapport d’évaluation du GIEC
représentent, à notre avis, la
meilleure source d’information
concernant l’état actuel des con-
naissances sur le changement cli-
matique. Nous ne le disons pas en
tant qu’experts dans le domaine
du changement climatique, mais
plutôt comme un groupe diversifié
de scientifiques qui ont un pro-
fond respect et une compréhen-
sion de l’intégrité du processus
scientifique.
Bien qu’il subsiste une incerti-
tude quant à l’étendue exacte du
changement climatique, les con-
clusions de la communauté scien-
tifique contenues dans le dernier
rapport du GIEC sont alarmantes,
en particulier concernant le main-
tien de la prospérité humaine, en
cas d’une augmentation de plus de
2 °C de la température moyenne
mondiale. Le rapport conclut que
les émissions anthropiques de gaz
à effet de serre sont la cause prob-
able du réchauffement climatique
actuel de la Terre.
Les prévisions formulées à
partir des modèles climatiques
indiquent que ce réchauffement
va très probablement, au cours du
prochain siècle, augmenter la tem-
pérature de la Terre de plus de 2 °C
par rapport à son niveau préindus-
triel, à moins que des réductions
spectaculaires ne soient faites
dans les émissions anthropiques
de gaz à effet de serre au cours des
prochaines décennies.
D’après les évaluations du GIEC,
le monde doit faire de rapides
progrès dans la réduction des émis-
sions actuelles et futures de gaz à
effet de serre afin de minimiser
les risques importants de change-
ment climatique. Nous pensons
que les nations du monde doivent
profiter de l’occasion donnée par
la Conférence sur les changements
climatiques des Nations unies à
Paris, en décembre 2015, pour
prendre des mesures décisives
afin de limiter les futures émis-
sions mondiales.
Cet effort exigera la coopération
de toutes les nations, dévelop-
pées ou en développement, et il
devra être poursuivi à l’avenir, en
accord avec les évaluations sci-
entifiques actualisées. L’inaction
soumettra les générations futures
de l’humanité à un risque inad-
missible et inacceptable.
Peter Agre, Michael Bishop, Eliza-
beth Blackburn, Martin Chalfie,
Claude Cohen-Tannoudji, Steven
Chu, James Cronin, Peter Doherty,
Gerhard Ertl, Edmond Fischer,
Walter Gilbert, Roy Glauber, David
Gross, John Hall, Stefan Hell,
Serge Haroche, Jules Hoffmann,
Klaus von Klitzing, Harold Kroto,
William Moerner, Ferid Murad,
Ei-Ichi Negishi, Saul Perlmutter,
William Phillips, Richard Roberts,
Kailash Satyarthi, Brian Schmidt,
Hamilton Smith, George Smoot,
Jack Szostak, Roger Tsien, Harold
Varmus, Robin Warren, Arieh
Warshel, Robert Wilson, Torsten
Wiesel.
Le glacier Colony au nord d’Anchorage, en Alaska. / Photo : Mark Thiessen /AP
36 Prix Nobel appellent à une action
urgente contre le changement climatiqueSource: Le Monde.fr
Sida: Un vaccin expérimenté sur des
singes donne des résultats encourageantsSource: 20minutes.fr
E
tude D’après les chercheurs,
le vaccin serait la meilleure
stratégie de protection contre
le VIH chez les humains...
Un pas de plus dans la lutte
contre le sida. Un vaccin expéri-
mental contre le VIH (virus de
l’immunodéficience humaine),
testé sur des singes, a donné des
résultats encourageants, selon
une étude publiée ce jeudi dans
la revue américaine Science.
Ce vaccin « à double détente »
consiste, dans un premier temps,
à préparer le système immunitaire
avec un autre agent pathogène
avant de le doper avec une pro-
téine se trouvant sur l’enveloppe
du VIH. Celui-ci pourrait, d’après
les auteurs de l’étude, être la
meilleure stratégie de protection
contre une infection par ce virus
chez les humains.
50 % des singes ont été
protégés grâce au vaccin
Pour mesurer les effets du sérum,
les chercheurs ont tout d’abord
injecté à des singes un vaccin
contre un adénovirus (des virus
liés à de nombreuses infections
humaines) de façon à mettre en
éveil leur système immunitaire.
Dans un deuxième temps, ils leur
ont donné une sorte de rappel
avec, cette fois, une protéine
purifiée formant l’enveloppe du
VIH, déclenchant ainsi une réac-
tion plus vigoureuse des cellules
immunitaires.
Si l’on en croit les résultats
de l’étude, le vaccin a permis
d’obtenir une protection totale
chez la moitié des douze singes
contre une infection par le virus
de l’immunodéficience simienne
(VIS), similaire au VIH chez les
humains.
De surcroît, ces travaux démon-
trent qu’il existe un lien très fort
entre la capacité de protection de
ce vaccin et le nombre d’anticorps
produits pour combattre le virus.
Des essais sur l’homme
devraient voir le jour
D’après Dan Barouch, virologue et
professeur à la faculté de méde-
cine de l’Université de Harvard,
qui a participé à l’étude, cet essai
« ouvre la voie à l’évaluation d’un
vaccin candidat pour les humains
». C’est pourquoi le groupe phar-
maceutique américain Johnson
& Johnson, dont des chercheurs
participent à ces travaux, recrute
actuellement 400 volontaires aux
Etats-Unis et au Rwanda pour
mener un premier essai clinique.
D’autres volontaires devraient
être enrôlés en Afrique du Sud,
en Ouganda et en Thaïlande.
LUNDI 6 JUILLET 2015 N0
32 | 17
CULTURE
P
lus d’un milliard de jeunes
vivent sur la planète. Dans
l’espace francophone, on
dénombre à nos jours plus de
245 millions dans les États et gouver-
nements membres de l’Organisation
internationale de la Francophonie
(OIF). Et ces jeunes femmes et
hommes constituent la plus grande
opportunité pour l’avenir de la fran-
cophonie. Consciente de l’importance
de leur rôle dans la promotion du
développement durable de nos socié-
tés, la francophonie les a toujours
encouragés à s’investir pleinement
sur la scène internationale afin qu’ils
contribuent activement aux discus-
sions sur les enjeux mondiaux. À ce
titre, l’un des plus grands défis actuel
pour la jeunesse est sans doute celui
des changements climatiques.
Dans ce contexte, la secrétaire
générale de la Francophonie,
Michaëlle Jean, invite la jeunesse
à une grande consultation sur le
développement durable dans la
perspective de la 21e Session de
la Conférence des parties à la con-
vention-cadre des Nations unies
sur les changements climatiques
(CdP21), un rendez-vous incon-
tournable de l’agenda internation-
al qui se tiendra à Paris, France,
du 30 novembre au 15 décembre
2015.
Plus de 5000 jeunes y ont déjà
participé, soit à titre individuel,
soit dans le cadre des réseaux de
la jeunesse francophone. Les pre-
miers résultats de cette mobili-
sation affichent cinq priorités
pour lutter contre les change-
ments climatiques : diversité et
solidarité, eaux et forêts, énergies
propres, emplois verts, recyclage.
S’inscrivant dans la continuité de
cette campagne, un appel à can-
didatures est lancé pour identifier
une cinquantaine de jeunes fran-
cophones engagés pour prendre
part à un atelier international sur
les changements climatiques.
C’est ainsi que l’Organisation
internationale de la Francophonie
(OIF) invite les jeunes franco-
phones à postuler pour partici-
per à l’Atelier international fran-
cophone de concertation sur les
changements climatiques qui se
tiendra du 27 au 30 juillet 2015
en Afrique centrale (le pays reste à
préciser). Les candidats sélection-
nés bénéficieront d’une prise en
charge complète (transport, assur-
ances, hébergement et restaura-
tion) pour participer à cet atelier
international francophone.
Les participants à l’atelier part-
ageront leurs expériences en
matière de changements clima-
tiques et recevront de nouvelles
compétences pour les renforcer
dans leurs activités de plaidoyer
et de sensibilisation pour une par-
ticipation bénéfique au sommet
« Paris Climat 2015». De plus,
parmi les participants, certains
auront peut-être la chance de par-
ticiper au Sommet « Paris Climat
», en décembre prochain à Paris,
qui rassemblera environ cinq mille
jeunes en plus des nombreuses
personnalités et personnes atten-
dues.
À une cause aussi noble, l’artiste
haïtien Jean Jean Roosevelt
affirme qu’il ne saurait rester les
bras croisés. Médaillé d’or au con-
cours culturel de la chanson lors
de la 7e édition des Jeux de la
francophonie, sa carrière a connu
depuis une envolée fulgurante tant
sur la scène nationale haïtienne
que sur la scène internationale.
Il fait usage de sa notoriété gran-
dissante pour porter des messages
d’amour, de solidarité et de part-
age aux quatre coins du monde.
Ainsi il associe ses écrits et sa
voix à cette mobilisation comme
il le fait aussi bien pour d’autres
causes depuis le début de sa « Bal-
lade ».
« Je pense que ça peut aider à
cette vaste campagne en vue
d’attirer l’attention des gens du
monde entier sur le réchauffement
climatique », nous confie l’artiste.
Les paroles ont une résonnance
particulière au sein des commu-
nautés francophones liées par la
langue française et par le partage
de valeurs communes.
J'ai à cœur ma planètepar Elisée Décembre
Jean Jean Roosevelt. / Photo: J. J. Augustin
L’ATELIER,LACHANSON
Dans l’objectif de sensibiliser les jeunes aux changements climatiques, la secrétaire générale de la Francophonie,
Michaëlle Jean, ex-gouverneure du Canada, lance une campagne de consultation jeunesse sur l’environnement
et le climat. Pour applaudir ce mouvement, le chanteur Jean Jean Roosevelt sort son nouvel opus : J’ai à cœur ma
planète, thème même de cette mobilisation.
La musique a fêté Havana Guitar Nightpar walcam
L
a fête pour les sept ans de
Havana Guitar Night a été
grandiose et les mordus du
rendez-vous des jeudis avaient
répondu aux organisateurs le 2 juillet
à l’hôtel Royal Oasis.
Le jardin de l’hôtel Royal Oasis
a été pris d’assaut très tôt par
de nombreux fans et musiciens
venus faire la fête avec Berthony
Raphaël et Harry Luc, les deux
principaux animateurs de Havana
Guitar Night.
Dans l’assistance on a remarqué
le commentateur politique Valéry
Numa, le speaker Ed Lozama, Gary
Bodeau, Mick Avin, le sénateur
Steven Benoit, le délégué Wadner
Joseph, Sandro (Ti Micky) Martel-
ly, la styliste et fleuriste Ketty C.
Defay, la commentatrice Shelove
Perin, Patrick Moussignac P.-D.G.
de la radiotélévision Caraïbes, et
j’en passe.
Les retardataires ont eu tort.
Jusqu’à minuit trente, les specta-
teurs ont applaudi les différents
artistes qui ont défilé sur le
podium. Il était clair que Havana
Guitar Nigth leur manquait.
Les Queen B., Mandela et Charline
ont charmé et bien servi les spec-
tateurs avec leurs compositions.
Et comme la mission de Havana
Guitar Night est de nous faire
découvrir de nouveaux talents, des
jeunes étaient au rendez-vous. De
très jeunes chanteurs ont chanté
pour le public qui n’a pas hésité à
les applaudir. Ces jeunes voix sont
à suivre, selon le musicien, pein-
tre et professeur Richard Barbot.
La fête allait continuer avec les
confirmés, les ténors. D’abord,
Dadou Pasquet qui, après une
première prestation, a exécuté
des morceaux instrumentaux
et chanté des titres à succès de
Magnum Band.
C’est lui qui allait introduire
la chanteuse guadeloupéenne
Tanya Saint-Val en l’invitant à
l’accompagner pour chanter « Se
verite » ; point besoin de vous dire
ce qui s’est passé dans les jardins
de l’hôtel.
La chanteuse guadeloupéenne
nous a offert des compositions de
Malavoi et a terminé son heure
avec de la « biguine », le rythme
de son pays.
BIC, qui vient tout juste d’Europe,
a débarqué pour ne pas rater cet
anniversaire.
Avec ses musiciens, sous les
applaudissements du public, il a
lancé son « chic-choc ». En profes-
sionnel, la star a mis le feu sous
les arbres à l’arrivée de Rutshelle
Guillaume Dauphin.
C’est cette dernière qui a clôturé
cette belle soirée pour les sept
années de Havana Guitar Night,
sans oublier le passage éclair du
rappeur Black Alex dans un jam
avec elle.
Bonne fête, Havana !
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  • 1. Au pénitencier national, toutes les conditions sont réunies pour réduire un citoyen coupable d’un forfait à sa plus simple expression. Outre la liberté dont il est privé, il perd aussi le droit de rester un « être humain ». Il est brutalisé, violé, agressé et humilié à longueur de journée. S’il se blesse ou tombe malade, il ne peut espérer recevoir de soin. « La réalité n’est pas différente dans les autres centres d’incarcération du pays », raconte un ancien détenu qui, aujourd’hui, est coordonnateur général de l’organisation « kore prizonye neglije yo » KPNY. » P. 21 » P. 17 »   P. 6 SPORT CULTURE » lire page 4 » suite page 14 Le championnat national d'athlétisme Sylvio Cator dans l'impasse ! par Kenson Désir En route vers la réforme de l'administration pénitentiaire Par Evens RÉGIS J'ai à cœur ma planète par Elisée Décembre Entre complicité, promiscuité et deshumanisationPar Joe Antoine Jn-Baptiste HAÏTI / BUDGET LUNDI 6 JUILLET 2015 NUMÉRO 32 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI ACTUALITÉ 2015-2016 : un pari sur l'agriculture Le ministre de l’Économie et des Finances, Wilson Laleau. / Photo : J.J. Augustin HAÏTI SOCIÉTÉ / DROITS HUMAINS / PÉNITENCIER NATIONAL « Il y a beaucoup plus d’innocents incarcérés que de coupables réels à la prison civile de Port- au-Prince. Il est beaucoup plus facile pour un détenu de devenir un criminel notoire et sans scrupule après avoir fait la prison. Aucune correction possible ne peut être envisagée dans les centres d’incarcération du pays », a fait savoir Valcin Rodelin Jr. CC’est ce qu’a fait savoir cet ancien détenu au cours d’une interview accordée à Le National. Son séjour de six mois et trois jours lui a effec- tivement prouvé que, dans les cen- tres d’incarcération du pays, les prisonniers ne jouissent d’aucun droit. Même pas celui de manger. Dans des cellules de quatre mètres carrés sont enfermés 80 à 90 pris- onniers. C’est dans leur carré qu’ils dorment, mangent, se baignent, étendent leur lingerie, font leurs besoins, tout. Ils y vivent dans des conditions les plus inimag- inables où complicité, promiscuité et deshumanisation ponctuent à chaque seconde leur quotidien.
  • 2. 2 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015 TRIBUNE C e samedi quatrième jour du mois de juillet devait être pour moi un jour faste. Leo Messi allait enfin remporter son premier trophée majeur avec l’Albiceleste et mon frère Claude Delatour devait convoler en justes noces. Il est minuit passé, les enfants sont couchés, mon épouse fait sem- blant de dormir pour édulcorer mon chagrin. Elle sait que je vais passer une nuit blanche. Le Chili a remporté sa Copa America. Mon frère Claude a été sauvagement abattu de plus- ieurs balles en plein cœur de Pétion- Ville par des hommes-Karanklous. Chaque fois que je ferme les yeux, je revois Claude heureux comme un enfant recevant un merveil- leux présent de son père, venir nous inviter, Berto et moi, à son mariage. Il avait l’air léger. Il était resplendissant comme s’il savait qu’il ne tarderait pas à entrer dans la lumière. Mais comment diable pouvait-il savoir que son épouse, sa fille, sa mère, son père et tous ses amis seraient réunis chez lui en ce samedi pour se remémorer sa vie, ses gestes ? Comment en est-on arrivé là ? Comment est-ce que les Haïtiens peuvent-ils con- tinuer à vivre dans de telles condi- tions ? Je me demande combien de Claude nous devons mettre en terre avant que la colère, l’indignation nous envahissent et nous contraignent à nous mobiliser contre ces bandits qui ne se cachent plus pour accomplir leur basse besogne ? Car, pour tous ceux qui l’ont connu, Claude était un homme, que dis-je ? demeure un homme sans méchanceté. Il exerce sa profession en toute intégrité et vit au milieu des siens simplement. Mais, dans notre pays livré aux ban- dits de tous poils, vivre en homme libre en toute simplicité n’est pas un gage de longévité. Ainsi, ce soir, Claude repose quelque part dans un tiroir glacé, le corps sans vie. Nous ne pourrons plus rire aux éclats après une blague de Dominique, sa sœur chérie. Nous ne pourrons plus rire de voir Domi contrariée par nos atti- tudes enfantines. Comment peut-on continuer à vivre dans cette merde ? Tankou Beetova ta di si nou viv nou pa moun. La vie est une fête en larmes, nous dit Jean d’Ormesson. On vit, on pleure tout à la fois. Ou plutôt, certains rient pendant que d’autres ne savent comment noyer leur chagrin. Des millions de Chiliens célèbrent cette première consécra- tion continentale alors que nous sommes des dizaines, peut-être des milliers à pâtir de la disparition sau- vage de Claude. Combien vaut une vie ? Un million, un milliard de dollars ? Dans ce cas, Steve Jobs serait encore en vie. La vie n’a pas de prix ! Il faut la protéger envers et contre tout. Comment com- prendre notre nonchalance devant les actes de barbarie répétés d’assassins sans vergogne ? Comment accepter sans un geste que des lâches tuent des hommes, des femmes sous nos yeux, et s’en vont à bord d’une moto ou d’un véhicule quelconque ? La solidarité a-t-elle disparu de chez nous ? Ou serait-elle devenue un vain mot ? Je sais que je vais recouvrer le sommeil. Je sais aussi que je continuerai à vivre en pensant à mon frère Claude. Mais je voudrais qu’il n’y en ait plus d’autres Claude. Je suis fatigué. Fatigué de compter mes amis assassinés. Fatigué de lire dans les journaux que des inconnus armés viennent de commettre un for- fait et sont repartis cahin-caha. Certaines sociétés célèbrent la vie lors même qu’elles doivent faire face au terrorisme. Nous, nous célébrons la banalité de la vie en tuant à crédit, pour s’acheter une bagnole ou pour se débarrasser d’un concurrent. Allons- nous tous périr comme des lâches sous les balles ou réaliser un grand coumbite pour enrayer ce fléau ? M esdames, Messieurs les Chefs d’État et de gouver- nement, Mesdames, Messieurs les Minis- tres, Monsieur le Secrétaire général de la CARICOM, Mesdames, Messieurs les Délé- gués, Mesdames, Messieurs, Je voudrais, tout d’abord, remercier l’Honorable Perry CHRISTIE, Premier ministre des Bahamas et président sortant de la CARICOM pour l’excellent travail qu’il a effectué au cours de son mandat. J’en profite pour saluer l’arrivée de l’honorable Freundel STUART, Premier ministre de la Barbade, à la présidence de la Communauté. Sachez, Monsieur le Président, que je suis à votre disposition. Qu’il me soit permis de vous dire que ce n’est pas de gaieté de cœur que je m’adresse à cette assemblée pour parler des relations de la République d’Haïti avec la République Dominic- aine. Aujourd’hui, ces relations nous interpellent et interpellent les amis de la CARICOM compte tenu du sort réservé aux Haïtiens vivant en situation irrégulière en République Dominicaine. Depuis le mercredi 17 juin 2015, date de l’échéance du Plan national de régularisation des étrangers (PNRE), mettant en appli- cation l’Arrêt 168-13 du Tribunal Constitutionnel dominicain, des mil- liers d’Haïtiens ont rejoint les postes frontaliers haïtiano-dominicains. Si certains ont décidé de retourner volontairement en Haïti, d’autres, plus nombreux que les premiers ont, en revanche, été arrêtés et conduits manu militari aux frontières. Les autorités dominicaines préfèrent parler de rapatriement volontaire assisté, alors qu’il s’agit de déporta- tions souvent violentes. La République d’Haïti, dans le cadre de toutes les rencontres bilatérales sur les questions migratoires, n’a jamais nié le droit souverain de la République Dominicaine de légiférer sur sa politique migratoire nationale et de prendre toutes les disposi- tions subséquentes concernant les étrangers, notamment les Haïtiens. La position du gouvernement, con- formément au respect des normes de Droit International Public régis- sant la matière, est et a toujours été d’accueillir en Haïti toute personne jouissant de la nationalité haïtienne, mais vivant en situation irrégulière, que ce soit en République Domini- caine ou dans n’importe quel autre pays. C’est, respectueuse de ce principe et en harmonie avec les normes inter- nationales que la partie haïtienne, à toutes les réunions bilatérales, a invité la partie dominicaine à con- sidérer la nécessité et l’urgence de négocier un protocole d’Accord sur le processus ou les mécanismes de rapa- triement dans le seul et unique but de respecter les droits des migrants. Les autorités dominicaines, en util- isant tous les subterfuges possibles, ont systématiquement refusé de négocier, non seulement ledit proto- cole, mais encore tout autre qu’elle pourrait courtoisement présenter. En conséquence, la partie haïtienne est en droit de considérer que le gou- vernement dominicain veut effectuer les déportations sans tenir compte des droits élémentaires des migrants haïtiens. Mesdames, Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement, Monsieur le Secrétaire Général de la CARICOM, Face à cette situation intolérable, la République d’Haïti lance un vibrant appel aux États membres de la CAR- ICOM, de l’Organisation des États Américains et de l’Organisation des Nations Unies afin de porter les auto- rités dominicaines à traiter les res- sortissants haïtiens avec dignité en respectant leurs droits conformément à tous les protocoles et toutes les con- ventions internationales et région- ales existant en matière migratoire. La communauté internationale ne peut pas se taire quand des familles nucléaires se divisent arbitrairement et que des enfants sont séparés de leurs parents et conduits à des postes frontaliers. La communauté internationale ne peut garder le silence lorsque des personnes dont la force de travail a été exploitée pendant plusieurs décennies et qu’un beau jour on leur demande de débarrasser le plancher sans avoir la possibilité de toucher une pension, voir le droit à récupérer leur maigre patrimoine. La Répub- lique d’Haïti demande à la com- munauté internationale de soutenir la position du gouvernement dans sa tentative de souscrire un accord avec la République dominicaine qui respecte les droits humains des res- sortissants haïtiens. La République d’Haïti ne dispose pas de forces armées. Aussi fait-elle de la diplomatie sa première ligne de défense. Si dans un premier temps, elle avait privilégié l’approche bila- térale, c’est parce qu’elle avait cru en la bonne foi des autorités domini- caines à tenir leurs promesses de ne pas organiser de rapatriement massif encore moins de violer les droits des migrants haïtiens. Toutefois, le constat sur le terrain du nombre de déportés que nos institutions et les agences humanitaires internationales ont pu accueillir au cours des deux dernières semaines annonce déjà des signes d’une catastrophe humanitaire pouvant déstabiliser le pays et son économie. Mesdames, Messieurs les chefs d’État et de Gouvernement Monsieur le Secrétaire Général de la CARICOM, La République Haïti s’engage dans un processus électoral devant per- mettre le renouvellement de son personnel politique. La gestion de ce processus exige calme, sérénité et clairvoyance. Les déportations massives et indiscriminées de res- sortissants haïtiens sont de nature à fragiliser le processus et saper la fragilité politique du pays. Sur le plan économique et social les maigres res- sources dont dispose l’État haïtien ne pourront lui permettre de faire face à ces déportations massives qui ris- quent de mettre en danger la paix et la sécurité régionales.La République d’Haïti renouvelle son engagement à résoudre ce conflit d’une manière pacifique conformément à l’article 33 de la Charte de l’ONU. Cependant, elle demeure convaincue que ce drame humanitaire auquel elle fait face avec dignité, ne manquera pas de susciter la solidarité des peuples frères et des organisations internationales, régio- nales et sous-régionales comme cela a toujours été le cas dans le passé. Je vous remercie. Banalité de la vie Par Franck VANEUS, av. Intervention du Président de la République, S.E.M. Michel Joseph Martelly au 36e Sommet des Chefs d'État et de Gouvernement de la CARICOM sur la crise migratoire entre Haïti et la République Dominicaine.
  • 3. A fin de contrecarrer les actes de banditisme qui gagnent du terrain au niveau du département de l’Artibonite, la direction départementale de la police a lancé le vendredi 3 juillet 2015 une nouvelle opération bapti- sée « Sere Koud ». Conscient de la recrudescence de l’insécurité dans l’Artibonite, le directeur départemental de la police, Berson Soljour, s’est montré plus que déterminé à rétablir la sécurité dans tout le département. « Ces dernières semaines, la direc- tion départementale a répertorié plusieurs cas de vols domestiques, de braquage, de vols de nuit et autres infractions », a informé le directeur. « Plusieurs cas de braquage sont recensés, notamment, à Savane Désolée (entrée sud de la ville) et à Terre Noire (entrée nord de la ville de Saint-Marc) », a-t-on appris. Pour pallier cette situa- tion, Berson Soljour, se propose de mobiliser toutes ses ressourc- es. « Nous demandons à tous les collègues policiers de faire un dépassement d’horaire, en vue d’avoir un niveau de sécurité opti- mal dans la région », a déclaré M. Soljour. « À l’approche de la campagne électorale, nous voulons garder un environnement de sécurité stable » a-t-il poursuivi. Par ailleurs, le chef départemental de la police a fait savoir qu’il est en attente de l’accomplissement de la promesse faite par la direction générale de la police en matière de renforcement de l’équipe et de ressources matérielles. Berson Soljour a enfin lancé une mise en garde aux chauffeurs de taxi-moto soupçonnés de vols à la tire. « Plusieurs plaintes ont été déposées au commissariat pour des vols à la tire de valises, de bijoux et de téléphones por- tables », a-t-il indiqué. LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 3 ACTUALITÉ Pour une révolution mentale Lasuccessiondesévénementsquinoustombentsurlesépaulesnousmontreque nousnesommespasprèsdesortirduplanélaborédepuisdesdécenniespourimmo- biliserlepaysdansuneimpasse.Cesévènementsseprécipitentavecunrythmequi laissecroirequ’ilyauraitcommeungénialhorlogerquimanipulenotremécanique socialepournous«monter»lesunscontrelesautresetmêmedésarticuler,defaçon dangereuse,nosinterrelationshumaines. Nousserionsdéjàloindelaluttedesclasses.Nousnousinstallerions,sansyprendre garde,dansunegigantesquesituationoù,faceàdessolutionsquimanquentou à des alternatives qui paraissent impossibles, nous chercherions un bouc émis- saire. Dans les plus grands rituels, celui-là doit payer pour toutes les fautes de la République. La situation des Haïtiens en République dominicaine, à quelques jours de ce qui devraitêtreladatedelacélébrationdel’occupationaméricaineenHaïti,le28juillet 1915,vientempirerunesituationoùnotreidentitéestmiseàmaletnotreéquilibre depeupledésarticuléphysiquementetpsychologi-quement.Aumomentoùtoutes lescomposantesnationalesdevraient,dansunélandepatriotisme,semettreenun faisceaupourdire«Non»àcetteentreprisemacabre longtempsmiseenlaboratoire, on constate plutôt une course contre la montre vers le « Palais national » détruit parleséismedu12janvier2010.Oùsedirigent-ilstous?Versquelsbureaux?Et pourquoiaujourd’huitouteslescontestationssocialessont-ellesmisesenberne? Est-ce parcequelarouteverslaprésidenceestouverteàtous? NousnoustrouvonsencoreaumomentoùlescitoyensdelaRépubliqueattendent un discours fort pour qu’ils reprennent confiance. En temps de catastrophes, le leadership doit se manifester ouvertement pour que chaque Haïtien arrive à la conclusionquedanssondomainequelquechosedoitêtrefaitpositivementpour reveniraudestinplanifiédepuislagestede1804. On est passé à côté après le séisme. Après le choléra, nous avons pris l’épidémie comme une des plaies de l’Égypte. Avec les déportations massives, à la suite des échecsdenotrediplomatieetlesmanquesd’articulationduministèredesHaïtiens vivantàl’étranger,nousvoilà,dansunaffaiblissementinstitutionnel,entrainde recevoir des milliers de compatriotes dépourvus de leurs biens comme au temps del’Exode. On ne demande pas la révolution. On exige plutôt que chacun, des plus hautes instancesdel’ÉtatauplussimpleHaïtien,delacommerçantedesruesàl’homme descience,s’investissedansune révolutionmentale,quipourraitencorefaired’Haïti lanationinéditeetimprévisible.Celapeutseréalisersinouslevoulons. Le National ÉditoArtibonite-insécurité : La DDA-PNH lance une nouvelle opération contre les bandits par Dieulivens Jules Le directeur départemental de l’Artibonite de la PNH, Berson Soljour. Photo : Dieulivens Jules
  • 4. WWW.LENATIONAL.HT 2, DELMAS 40 B EMAIL: INFO@LENATIONAL.HT PUBLICITE@LENATIONAL.HT REDACTION@LENATIONAL.HT (509) 4611-1010 / 3214-5554 PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. 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Dans cette perspective se sont tenus, les 3 et 4 juillet derniers à l’hôtel Kinam, des ateliers de réflexion autour du thème : l’agriculture au service du développement durable d’Haïti : orientation stratégique pour le budget 2015-2016. D urant ces deux jours, dif- férents secteurs vitaux du pays, répondant à l’invitation du gouverne- ment, ont débattu en ateliers de l’opportunité de faire du secteur agri- cole une locomotive de croissance à travers le budget de l’exercice fiscal qui débute dans trois mois. Les acteurs en présence ont convenu de la nécessité d’adresser les problèmes fonciers et infrastructurels au niveau agricole. Le ministre de l’Économie et des Finances, Wilson Laleau, estime même que 5 % du PIB national, soit 20 milliards de gourdes environ, per- mettraient de développer les potenti- alités de la terre et l’eau, deux prin- cipaux axes moteurs de l’agriculture. Les propositions concrètes issues de ces discussions, cependant, se font attendre. Une synthèse des réflex- ions entamées et d’autres ateliers de discussions sont prévues prochaine- ment. L’agriculture, un choix stratégique Orienter le budget du prochain exercice fiscal vers l’agriculture répond à un besoin impérieux pour le pays d’augmenter ses recettes internes. Le Premier ministre Évans Paul, intervenant à ces assises, l’a clairement exprimé. « L’économie nationale subit une contraction de l’aide internationale et une diminution des ressources de Petrocaribe. Le gouvernement doit mobiliser d’autres ressources nationales pour financer les investissements publics et assurer la pérennité ses actions », a t-il déclaré. En effet, le budget 2014-2015 en cours a accusé, au cours du premier trimestre, un manque à gagner de 10 milliards de gourdes provenant des fonds petrocaribe, soit une réduction de près 49 % des recettes internes prévues. À cela s’ajoute la chute des investissements de 16,5 %. Et L’aide internationale sur lequel repose ce budget à 60 % n’a pas comblé les espérances. C’est ce qui a expliqué que le budget rectificatif a été revu à la baisse : 122,6 milliards de gourdes prévues initialement contre 109,7 milliards. Les espérances de croissance ont alors diminué de 4,5 % à 2,5 %. C’est dans ce contexte qu’a germé l’idée d’orienter le budget 2015- 2016 dans le sens d’une plus grande cohérence des politiques publiques. Un budget plus intelligent, réaliste et efficient au niveau de l’affectation des ressources, selon M. Pressoir Exéus, directeur du budget. Pour apporter ces nouvelles orientations, l’agriculture a été préférée à l’éducation, au terme des consultations engagées au niveau du gouvernement, comme vecteur de croissance et de développement. Il s’agit pour le grand argentier de la République d’un choix stratégique compte tenu des potentiels à court terme du secteur agricole. Et, renchérit-il, c’est une source d’effets positifs pour le processus de croissance des autres secteurs. Abondant dans le même sens, le Premier ministre souligne que les exportations dans le secteur agricole s’estiment à 25 millions de dollars américains en moyenne au cours des cinq dernières années en dépit d’une forte demande des produits agricoles. Aussi croit-il que le développement du secteur agricole contribuera rapidement au développement de l’emploi, au renforcement de la sécurité alimentaire et à l’amélioration de la balance commerciale dont le déficit a cru de 203,97 millions de dollars américains à 1,4 milliard. Le coût d’une banque d’investissement Les débats sur la nécessité de développer l’agriculture ne datent pas d’hier. Ce secteur, selon l’économiste Eddy Labossière, depuis la présidence de Jean Claude Duvalier, a été une priorité pour tous les gouvernements qui se sont succédé. Pourtant le niveau de productivité du secteur est très faible. Tout en saluant l’initiative du gouvernement, M. Labossière recommande aux décideurs publics de développer des filières spécifiques de l’agriculture en lieu et place de vouloir tout embrasser. Sinon les résultats ne seront pas manifestes en dépit des efforts qui auraient été consentis. Car, interroge-il, comment partager l’enveloppe budgétaire tellement faible entre le secteur agricole et les autres secteurs dont les besoins sont incompressibles ? Augmenter la pression fiscale ne serait pas un élément de réponse, poursuit le président de l’Association haïtienne des économistes. Les perceptions de corruption des contribuables vis-à-vis de leurs dirigeants constituent, selon lui, un frein majeur à cette démarche. Aussi préconise-t-il la création d’une banque d’investissement pour faciliter notamment aux PME des prêts à long terme tandis que les banques commerciales s’occuperont des crédits à court terme. Cependant, une telle entreprise (banque d’investissement) a un coût. Elle demande aux gouvernants, pour le professeur, beaucoup de courage compte tenu de puissants intérêts économiques et politiques en jeu. Elle permettra, croit-il, de mettre sur pied une politique de substitution aux produits provenant de la République dominicaine et de réduire la dépendance alimentaire d’Haïti vis-à-vis des puissances économiques mondiales. Ce qui, dit-il, ne plaira pas à ces pays, pour lesquels Haïti est un marché de prédilection pour exporter leurs produits. Eddy Labossière estime que le pays a besoin de dirigeants qui puisent une double légitimité, provenant, d’une part, de la population aux prochaines élections et, d’autre part, au niveau de toutes les élites du pays. Laquelle légitimité, explique-t-il, permettra aux nouveaux dirigeants d’adresser les problèmes de développement d’Haïti à l’instar de Paul Kagame, dirigeant africain d’un grand mérite pour avoir transformé le Rwanda qui revenait d’un génocide tributaire de luttes intestines. L’une de ces actions dont les dirigeants haïtiens pourraient s’inspirer, croit M. Labossière, consiste en la réorientation de l’aide externe via les ONG dans le sens des besoins prioritaires du pays et non selon l’agenda de l’international. L’économie haïtienne ne reposerait plus sur l’agriculture. En 2013, selon des données de la banque mondiale, sur un total de 800 millions de dollars américains d’exportations de produits haïtiens, 90 % provenaient du Textile alors que l’agriculture n’y a contribué qu’à 7 %.
  • 5. Racisme et insultes, les expulsés haïtiens racontent leur vie dominicainepar Amélie BARON, AFP LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 5 ACTUALITÉ Beltha Désir erre sur le perron de l’école qui lui sert de refuge. / Photo : AFP B eltha Désir erre sur le perron de l’école qui lui sert de refuge, son nourrisson de 10 mois au sein: pas une seule seconde, elle ne lâchera l’enfant, unique membre de sa famille avec lequel elle a été expulsée de Répub- lique dominicaine. La semaine dernière, des officiers de l’immigration dominicaine ont arrêté cette Haïtienne de 30 ans et l’ont reconduite à la frontière, son bébé au cou. « Ils m’ont dit de retourner dans mon pays: « vas retrouver le président Michel Martelly, on n’a plus besoin des Haïtiens. Que vous ayez des papiers ou non, retournez chez vous » », a raconté lentement Beltha, qui vivait depuis 10 ans en République dominicaine et était vendeuse de rue. Mais un changement de la politique migratoire en République dominicaine est venu bouleverser sa vie et celle de milliers d’étrangers. Le Plan national de régularisation des étrangers (PNRE) – plus de 250 000 personnes concernées, surtout des Haïtiens – a pris fin le 17 juin, mais la procédure était inachevée pour des milliers d’entre eux qui sont désormais expulsés sans coup férir. Selon les services dominicains, 31 225 Haïtiens étaient de retour dans leur pays au 1er juillet. Beltha n’a même pas pu prévenir son mari, qui se trouvait seulement à une cinquantaine de mètres d’elle. « Il ne sait même pas que je suis ici en Haïti. Je n’ai pas pu lui parler parce qu’il n’a pas de téléphone ». Elle a deux autres enfants, de 5 et 6 ans, restés avec leur père mais « comment peuvent-ils comprendre que je ne suis plus avec eux maintenant ». Outre la douleur d’être séparée et sans nouvelle de sa famille, la jeune femme a entendu des insultes racistes durant tout le trajet vers la frontière. « Ils m’ont dit que les Dominicains n’ont pas le même sang et que je devais aller retrouver ceux de mon sang en Haïti », a-t-elle raconté. A ses côtés, Rose Hippolyte acquiesce: « Quand ils voient un Haïtien, les Dominicains disent « regarde le cochon, Haitiano diablo » ». Racisme et insultes au quotidien Le visage marqué par les années à travailler dans les champs de canne à sucre, elle décrit la discrimination au quotidien: « On nous traite comme des bêtes. Parfois, quand on s’assoit à côté d’un Dominicain, il s’écarte en faisant comprendre qu’il ne veut pas que notre peau touche la sienne ». Expérience similaire pour Francky Dorseli, qui maîtrise mal le créole car il n’a passé que ses quatre première années en Haïti. Il a 43 ans et, expulsé seul, il est sans nouvelles de sa femme et de ses quatre enfants. « Les Dominicains maltraitent les Haïtiens: c’est tous les jours qu’on se fait insulter, même des fois par les policiers », a-t-il déploré. Beltha, Franky, Rose et les (dizaines) de personnes ayant trouvé refuge dans l’école communautaire de Fond-Bayard, dans la petite ville de Fond Parisien, n’ont même pas eu la possibilité de récupérer quelques affaires chez eux. « J’ai travaillé depuis 1981 à couper la canne à sucre. Je ne gagnais pas grand- chose mais j’avais réussi à me construire une petite maison », a expliqué Rose Hippolyte, 52 ans. Elle était arrivée en République dominicaine à 8 ans. « Tout est resté là-bas, je n’ai plus rien. La femme du pasteur du village ici m’a offert cette robe pour me changer », a-t-elle confié, lissant lentement le tissu fleuri sur ses cuisses. Les maigres dons de la com- munauté religieuse voisine et les distributions sporadiques de quelques ONG ou de simples citoyens ne suffisent pas à offrir aux réfugiés des conditions de vie décente. Sans eau, ni électricité. En deux semaines, aucun médecin n’est passé. Habillés de vêtements sales et souvent trop grands pour eux, une quarantaine d’enfants jouent aux osselets avec des cailloux. Les nourrissons sont couchés à même la dalle en béton, sous le regard distrait des femmes épuisées. Aucune des 81 personnes réfugiées dans l’école n’envisage néanmoins de retourner en République dominicaine, pour ne pas subir encore insultes et agressions. Contraints de vivre dans leur pays d’origine, ces expulsés désirent s’en sortir sans attendre la charité. Beltha tient à faire savoir qu’elle peut et veut travailler: « j’ai été superviseuse dans une usine textile, et aussi caissière en supermarché. Je ne veux pas de l’argent ou de la nourriture mais un travail, pour pouvoir faire venir mes enfants et mon mari ici, qu’on vive ensemble tranquillement ».
  • 6. En route vers la réforme de l'administration pénitentiaire Par Evens RÉGIS 6 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015 ACTUALITÉ HAÏTI/DAP Malgré les vingt ans d’existence de l’Administration pénitentiaire nationale (Apena), on s’interroge encore sur son utilité et sa mission. En la circonstance, la direction tente, d’une part, d’apporter des réponses appropriées et, d’autre part, de dégager les perspectives pour les années à venir. L ’Apena a été créée dans le but de garder des prisonniers, soit des personnes placées en détention préventive ou des condamnés. Sa mission est de les corriger, les réhabiliter et les réin- sérer dans la société. L’Apena apporte une contribution à la sécurité pub- lique. Elle compte aujourd’hui 1540 employés, dont 1038 agents de police et 502 cadres du personnel adminis- tratif. Ses problèmes sont nom- breux, ses structures sont inef- ficaces et ne permettent pas de garder les détenus avec dignité. Selon les statistiques, elle gère 11 165 détenus, dont seulement 27 % de condamnés, la majorité étant des personnes placées en détention préventive prolongée. Ses bâtiments ont des structures désuètes, plus d’espace pour rece- voir des prisonniers. La prison civile de Port-au-Prince a plus de 4000 prisonniers, alors qu’elle a été construite pour en recevoir seulement 800. Il faudrait réin- venter la vie, et le fonctionnement des agents de l’administration pénitentiaire. L’Apena fonctionne à l’image du pays, a martelé James Louis, un agent de la DAP. Les dif- ficultés auxquelles nous faisons face, poursuit-il, font partie des difficultés de tous les jours, ren- contrées par tout le monde. Aucun avantage social, au niveau du salaire, pas de satisfaction totale. Les choses ne vont pas bien, mais cela n’empêche cet agent II de la DAP de croire en l’avenir, en espérant que leur problème va être pris en considération par l’Administration. Les agents de l’Apena, selon Muscadin Jean Gardy, sont quotidiennement confrontés à toute sorte de risques. De même que les prisonniers, ils font face à l’environnement d’insalubrité. Ils sont exposés aux risques de maladie et sont souvent victimes de la tuberculose. Ils affrontent chaque jour des détenus dangereux qui les menacent toujours. Si on n’a jamais été à leur place, il serait difficile d’imaginer leur insatisfaction, leur souci, leur inquiétude et leur angoisse, explique le DG de la DAP. Un survol du bilan et des perspectives Les mineurs placés au Cermicol et au centre de détention de Pétion-Ville sont actuellement scolarisés jusqu’à la 9e AF. Grâce aux supports des partenaires, des projets de formation ont été mis en œuvre à la prison civile de Port-au-Prince. À en croire le DG, des cours en plomberie, cuisine-pâtisserie, coupe- couture, et en informatique y sont actuellement dispensés. Dans le plan de développement 2014- 2016, informe l’administrateur de l’institution, des projets sociaux sont prévus pour tous les policiers, y compris les agents de l’Administration pénitentiaire. « En tant qu’unité spécialisée, ajoute-t-il, nous sommes en train d’effectuer des démarches auprès des autorités concernés, pour l’obtention par les agents de l’Administration pénitentiaire d’un frais de prime de risque. » Pour stimuler la performance, la Direction générale de la PNH promet à cette occasion d’élever le grade de 40 agents de police, et quatre cadres intermédiaires de l’Administration pénitentiaire selon des critères d’ancienneté, de compétence et de discipline. Comme facteur de motivation, 12 plaques d’honneur et 170 lettres d’encouragement ont été adressées à des agents et membres du personnel de soutien des différentes entités de l’administration. Le cap est également mis vers des programmes de réhabilitation, de réinsertion et d’une garde sécuritaire efficace. En plus d’un projet d’uniforme pour les détenus, des programmes de formation financés par la Minustah et l’ambassade américaine sont en cours de réalisation, en faveur des agents et des membres de l’administration. Avec l’appui du MSPP, et du CICR, des séances de formation pour une meilleure prise en charge des détenus sont aussi en perspective. Le 15 juillet 2015 marquera le début d’un programme de scolarisation et de professionnalisation pour les mineurs à Cap-Haïtien. Par ailleurs, l’inspecteur général en chef, Ralph Stanley Jean Brice, nous a informé du projet de construction de deux prisons, à Cabaret et à Morne-Caste (Nord- Est), au moment de son allocution, lors de la cérémonie qui a été organisée vendredi dernier au local de la DAP à Delmas 75, pour rehausser l’éclat des vingt années d’existence de l’Administration pénitentiaire. ÉCHO Anse-à-Galets : le BEC incapable de publier sa liste électorale Le BEC d’Anse-à-Galets fait face à de graves difficultés pour rendre publique sa liste électorale en raison de l’indisponibilité des juges devant statuer sur les cas des candidats con- testés. « Jusqu’à présent, les dossiers en contestation sont restés dans les tiroirs », a révélé un membre du BEC dans la presse locale. Rapatriement : Michel Martelly sollicite l'intervention des pays amis Au 36e Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Commu- nauté caribéenne (CARICOM) qui s’est déroulé du 2 au 4 Juillet 2015 à Bridgetown (Barbade), le président de la République, Michel Joseph Martelly, a fustigé le comportement arbitraire des autorités dominicaines dans le processus de rapatriement des illégaux haïtiens. « Les autori- tés dominicaines préfèrent parler de rapatriement volontaire assisté, alors qu’il s’agit de déportations souvent violentes. La communauté interna- tionale ne peut pas se taire quand des familles nucléaires se divisent arbitrairement et que des enfants sont séparés de leurs parents et conduits à des postes frontaliers », a soutenu le chef de l’État haïtien. RD, un député demande le rappel du personnel diplomatique dominicain en Haïti Le député dominicain Vinicio Cas- tillo Semán, de la Force nationale progressiste (FNP), a demandé au président Danilo Medina de retirer le personnel diplomatique dominicain accrédité en Haïti. « Danilo devrait retirer le personnel diplomatique en Haïti où ils seront à risque dans les prochaines semaines », a écrit le parlementaire sur son compte Twit- ter. Selon les nouvelles, le député a annoncé que le gouvernement d’Haïti « va radicaliser son offensive contre la République dominicaine, manip- ulant sa population pour atteindre une explosion de colère contre les Dominicains ». Le changement de centre de vote est possible du 1er au 8 juillet 2015 Les candidats et les électeurs désireux de changer de centre de vote à cause d’un changement d’adresse peuvent se présenter au Bureau électoral départemental (BED) et au Bureau électoral com- munal (BEC) le plus proche de leur domicile pour effectuer cette modi- fication. C’est ce qu’a informé le Conseil électoral provisoire (CEP) indiquant que ce changement doit s’effectuer du 1er au 8 juillet 2015. L’intéressé doit être muni de sa carte d’identification nationale (CIN) ou d’un certificat émis par l’Office national d’identification (ONI). Le Pnud, formation en diagnostic et techniques de renforcement Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) via le projet « Plan prévention séisme Grand Nord », offre à l’intention de trente ingénieurs des départe- ments du Nord, du Nord-Est et du Nord-Ouest une formation en diag- nostic et techniques de renforce- ment. Cette formation qui se tient du 6 au 10 juillet 2015 intègre les dernières techniques d’évaluation des infrastructures et de renforce- ment recommandées par le ministère des Travaux publics, Transports et Communications et reconnues sur le plan international, informe le Pnud dans un communiqué. L’inspecteur général en chef de la PNH, Ralph Stanley Jean Brice. / Photo : Evens Régis
  • 7. Pamela White met en garde contre tout gouvernement de transition Par Noclès Débréus LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 7 ACTUALITÉ HAÏTI/ÉLECTIONS Alors que le Conseil électoral provisoire fonce de plain-pied dans le calendrier électoral en vue de l’organisation des prochaines élections en Haïti, certains observateurs, pour le moins avisés, se montrent plutôt pessimistes quant à la tenue de ces joutes cette année et présagent déjà un gouvernement de transition. L’actuelle ambassadrice des États-Unis accréditée en Haïti, Pamela Anne White, semble avoir entendu ce même son et met en garde contre tout gouvernement de transition. L e Conseil électoral provisoire envoie des signaux clairs et forts dans le processus élector- al avec les mises en place déjà effectuées pour les prochaines législa- tives. Tous les matériels non sensibles sont déjà en Haïti. Les bulletins de vote sont actuellement sous presse et doivent être livrés dans quelques jours, selon les propos de l’ingénieur Philippe augustin, directeur du Reg- istre électoral. Le recrutement du personnel vacataire (superviseurs, formateurs, agents de sécurité et autres) est lancé. Les partis politiques sont invités le mardi 7 juillet à statuer sur les membres des bureaux de vote (MBV). Ces avancées semblent toute- fois n’être pas suffisantes pour dis- siper les doutes, calmer les esprits et donner une garantie à la tenue des élections en Haïti cette année tant le pessimisme est grandissant chez certains acteurs de la société civile, et même au sein de la classe politique, en dépit du fait qu’ils sont parties pre- nantesdu processusélectoral.Malgré les doutes, l’avenir du processus électoral se précise de jour en jour. Quarante-quatre millions de dollars américains dans le fonds des élections, c’est un bon pas, mais le gouvernement haïtien doit encore puiser dans ses ressources et s’activer auprès des bailleurs de fonds pour trouver les 22 mil- lions manquants pour compléter le budget et, parallèlement, créer un climat économique et social stable pour le bon déroulement des scrutins. Parlant du budget des élections, Pamela Anne white, l’ambassadrice sortante des États-Unis en Haïti, a récemment lancé un appel aux bailleurs internationaux en vue de venir en renfort au processus électoral dans le pays. Madame white, qui est en fin de mission en Haïti, dit voir de grands espoirs pour Haïti et prévient en ce sens toute idée de gouvernement de transition. « Il y a de grands espoirs que les élections se tiendront cette année. Pas seulement de l’espoir, mais un besoin. Haïti ne peut progresser aussi rapidement qu’elle le devrait sans un gouvernement élu. Chers amis, un gouvernement de transition ne fera pas l’affaire », a-t-elle lancé à l’occasion du 239e anniversaire de l’indépendance des États-Unis, célébré en Haïti, le 2 juillet dernier. Le monde regardera Haïti comme un pays bloqué si un relâchement des tensions en ce qui concerne les élections ne se fait pas sentir bientôt, a précisé Pamela White qui invite les acteurs à cesser de se chamailler sur des détails. « Le temps des commentaires et déclarations est terminé. Le temps des compromis et engagements envers le processus électoral est révolu. Exigez l’organisation des élections. Exigez la démocratie et le droit à la pensée libre », a fait savoir la diplomate en bonne donneuse de leçons avant d’inviter tout un chacun à supporter le processus électoral ainsi que les candidats de son choix. Le Premier ministre Évans Paul et l’ambassadrice White parlent de la même voix. Pour le chef du gouvernement, la démocratie est la forme de gouvernement qui contribue à garantir le mieux les libertés individuelles. Ainsi, dit- il, son gouvernement s’engage déjà à créer des conditions favorables au renouvellement des institutions par l’organisation cette année d’élections crédibles et transparentes. L’Ambassadrice américaine, Pamela White. / Photo : J. J. Augustin
  • 8. 8 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015 MONDE Q uelque 5 000 Guaté- maltèques ont à nouveau manifesté samedi soir à Guatemala pour exiger la démission du président Otto Pérez, soupçonné d’être impliqué dans un vaste scandale de fraude et de corrup- tion aux taxes douanières et menacé de perdre son immunité. « Dehors Otto Perez », « Halte à la corruption », ont notamment lancé les manifestants, qui se sont rendus du siège de la Cour suprême de justice au Palais National, dans le centre histo- rique de la capitale, à la lueur de flambeaux et de bougies et bran- dissant des pancartes contre Otto Pérez. Certains d’entre eux étaient accompagnés de chiens recouverts du drapeau du Guatemala. « Nous sommes fatigués et indignés », répétait à l’envie dans un haut- parleur, un jeune à la barbe rouge, un foulard jaune autour du cou, symbole distinctif de l’école d’architecture de l’université de San Carlos. Pour l’ex-ministre des Finances Juan Alberto Fuentes, membre du collectif social Semilla, qui a participé au cortège, « le renon- cement du président constitue un point de départ et clarifiera la situation ». “Nous ne résoudrons pas tous les problèmes, mais (cette démis- sion) constituera une bonne étape pour faire avancer la lutte contre la corruption et le débat sur les profondes réformes nécessaires au pays”, a ajouté M. Fuentes inter- rogé par l’AFP. Ce nouveau rassemblement, qui suit de nombreux autres ces dernières semaines, est survenu alors que vendredi une commis- sion parlementaire a recommandé au parlement guatémaltèque la levée de l’immunité du président Perez. Une crise gouvernementale avait éclaté en avril au Guatemala lors de la mise au jour d’un réseau de fraude et de corruption aux taxes douanières qui avait entraîné la démission de la vice-présidente Roxana Baldetti le 8 mai. Guatemala: cinq mille manifestants réclament la démission du présidentSources : afp Manifestation dans le centre historique de Guatemala city, le 4 juillet 2015 pour réclamer la démission du président Otto Pérez. / Photo: BAFP/AFP Départ du pape François pour un périple dans trois pays d'Amérique LatineSources : afp L e pape François est parti dimanche à 07H00 GMT de l’aéroport de Rome-Fiumicino pour un périple de huit jours sur son continent d’origine, qui le conduira d’abord en Equateur, puis en Bolivie et au Paraguay. Lors de ce neuvième déplacement à l’étranger au programme chargé, le premier pape jésuite et latino- américain, âgé de 78 ans, pronon- cera 22 discours et prendra sept fois l’avion sur un parcours de 24 000 km. Le pape voyage à bord d’un Airbus A330 de la compagnie Alitalia. Le vol dure 13 heures. François s’est rendu samedi soir à la basilique Sainte-Marie Majeure de Rome, comme il le fait avant chaque voyage, pour prier la Vierge pour lequel il a une grande dévotion et lui confier son voyage. Il a déposé un bouquet de fleurs aux couleurs des trois drapeaux des pays qu’il visitera: rouge, jaune, vert, blanc et bleu. Quito, où il est attendu à 15h (heure locale) sera la première étape du voyage. Il sera en Bolivie du 8 au 10 juillet, et au Paraguay du 10 au 12 juillet. La participation de l’Eglise catholique au « débat démocra- tique », le respect de « l’identité culturelle de chaque pays », l’objectif de l’unité du continent, les cultures des peuples indigènes, la protection de l’environnement et des familles, l’injustice sociale, la lutte contre la corruption et les trafics, sont autant de thèmes que le pape abordera durant son voyage. Illustration du Pape François. - / Photo: POL EMILE / SIPA
  • 9. LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 9 MONDE E ntre reprise hypothétique des négociations et possible panique bancaire, le scénario de l’après-référendum est des plus flous. «Référendum grec: vous pouvez répéter la question?», titrait samedi Libération. La remarque vaut aussi pour l’après- vote, qui a vu le «non» l’emporter avec, selon les projections du ministère de l’Intérieur, autour de 61 % des voix, ce dimanche 5 juillet. «Gardez à l’esprit que les choses peuvent mal se passer que le résultat soit oui ou non», écrivait dimanche matin l’économiste Tyler Cowen. «Je ne suis même pas sûr que le résultat du référendum fera une telle différence, puisque tout repose sur l’accord qui suivra, ou son absence.» Samedi, le professeur de sciences politiques Joshua Tucker expliquait lui dans le Washington Post que le référendum grec ressemblait à «un jeu d’échecs en trois dimensions mal conçu», où les électeurs grecs étaientàlafoisamenésàs’exprimer sur la politique économique de leur pays, sur la confiance qu’ils accordent au gouvernement Tsipras et sur les relations qu’ils veulent entretenir avec la troïka (FMI, BCE, Commission européenne) et les gouvernements de l’Union européenne, ce qui rend l’interprétation des résultats extrêmement compliquée. Il pointait, par exemple, que les électeurs étaient amenés à s’exprimer sur un plan de réformes que l’Union européenne a déjà retiré de la table des négociations: «Le référendum [...] sera un vote sur l’acceptation ou non d’un accord qui n’existe probablement pas. (Et si vous trouvez que cela ressemble un peu à deux collégiens qui affirment tous les deux avoir rompu avec l’autre en premier, vous n’en êtes peut-être pas si loin.)» Et il s’interrogeait aussi sur la position futur de la Grèce dans les relations internationales: «Un vote “non” va-t-il simplement renforcer la position de la Grèce dans les négociations? Ou va-t-il à l’inverse l’affaiblir?» La première option, celle d’une partie grecque renforcée pour revenir à la table des négociations, figure, par exemple, dans cette note de la banque britannique HSBC. Mais dans un post de blog, l’ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton, Larry Summers, a estimé que ceux qui pensaient que la négociation pouvait revenir à la situation de la mi-juin ignoraient à quel point la situation avait changé depuis une semaine: «Le référendum n’est probablement que le deuxième évènement le plus important de la semaine en Grèce. Quel que soit le résultat, les banques grecques vont se retrouver à court de liquidités en début de semaine, probablement lundi.» Dès lundi sont prévues plusieurs réunions de haut niveau, par exemple du côté des directeurs du Trésor de la zone euro ou encore d’Angela Merkel et François Hollande, qui se rencontreront à l’Elysée. La question la plus importante, bien sûr, est celle du maintien de la Grèce dans la zone euro: un schéma assez simpliste de la chaîne CNN en a fait la conséquence quasi-automatique d’un «non». Une majorité de Grecs est pourtant pour le maintien de la monnaie unique dans le pays. Dimanche, dans une interview à la radio allemande Deutschlandfunk, le président de la Commission européenne Martin Schulz (SPD) estimait que si la Grèce disait non, elle devrait introduire une nouvelle devise après le référendum. Le président de la Commission européenne, Jean- Claude Juncker, avait lui affirmé que le référendum constituait un vote sur l’appartenance de Grèce à la zone euro. Mais d’autres dirigeants adoptent un ton plus conciliant: Emmanuel Macron a ainsi affirmé dimanche que «quel que soit le vote, nous devons dès demain reprendre des discussions politiques». «Il est évident que, le jour d’après, on devra se remettre à parler», a lancé de son côté dans Il Messaggero le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi. La seule certitude qu’on peut avoir, c’est qu’Alexis Tsipras (qui n’avait, au contraire de son ministre des Finances Yanis Varoufakis, pas annoncé qu’il démissionnerait en cas de victoire du «oui») va pouvoir pour l’instant se maintenir au pouvoir. Dans un bureau de vote de Crète, le 5 juillet 2015.- REUTERS/Stefanos Rapines. Les Grecs ont répondu «non». Mais quelle était la question ? Repéré par Jean-Marie Pottier Hollande et Merkel lundi soir à Paris pour « évaluer les conséquences du référendum en Grèce » Le Monde.fr avec AFP L e non au plan des créanciers l’emporterait à 61 % des suf- frages à l’issue du référendum organisé par le gouvernement grec d’Alexis Tsipras, selon les pro- jections du ministère de l’intérieur publiées à 20 heures. Merkel et Hollande à Paris lundi soir Avant même l’annonce des résul- tats officiels, François Hollande et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont annoncé qu’ils se ren- contreraient à l’Elysée lundi 6 juil- let au soir pour « un entretien suivi d’un dîner de travail pour évaluer les conséquences du référendum en Grèce ». Cette rencontre, organisée au len- demain du référendum, « s’inscrit dans le cadre de la coopération permanente entre la France et l’Allemagne pour contribuer à une solution durable en Grèce », précise l’Elysée dans un commu- niqué. La Grèce va demander à la BCE de relever son soutien aux banques Le porte-parole du gouvernement grec Gabriel Sakellaridis a de son côté assuré dimanche que « les initiatives pour arriver à un accord » entre Athènes et ses créanciers — Union européenne et Fonds monétaire international (FMI) — « allaient s’intensifier à partir de ce soir ». M. Sakellaridis a également annoncé que la banque centrale du pays allait demander à la BCE de relever le plafond des liquidités d’urgence accordées aux banques grecques. Ces liquidités fournies aux banques grecques par la BCE dans le cadre de sa fourniture de liquidité d’urgence (« emergency liquidity assistance », ELA) leur sont devenues pratiquement indispensables pour poursuivre leur activité. Les banques sont fermées en Grèce depuis l’annonce du référendum le 26 juin et les retraits aux dis- tributeurs automatiques sont pla- fonnés à 60 euros par jour et par personne. Réunion des directeurs du Trésor des pays de la zone euro lundi Une réunion des directeurs du Trésor de la zone euro se tien- dra dès lundi. La tenue de cette réunion, de l’Euroworking group, instance préparatoire aux rencon- tres des 19 ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe), a été confirmée alors que les premiers sondages donnaient le non vain- queur. Mais aucun Eurogroupe n’est encore prévu. Mercredi dernier, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijs- selbloem, avait indiqué que si la Grèce n’était pas prêts à « accept- er des mesures désagréables », il n’existerait « aucune base pour un nouveau programme d’aide ».
  • 10. 10 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015 ÉCONOMIE Cuba : En route vers le développement des énergies propresPar Patricia Grogg / IP Il y a plus d’une décennie, l’électricité solaire a changé la vie de plusieurs communautés de montagne à Cuba. Aujourd’hui, cette source d’énergie renouvelable et d’autres apparaissent comme de meilleures options disponibles pour développer l’énergie durable à travers l’île. “ Si le potentiel d’énergie propre au monde dépasse nos besoins de consommation, pourquoi insistons-nous sur l’utilisation de celle qui pollue?”, a demandé Luis Bérriz, directeur de la Société cuba- ine pour la promotion des sources d’énergie renouvelables et le respect de l’environnement (CUBASOLAR), une organisation non gouvernementa- le qui promeut l’utilisation de sources d’énergie alternatives et respectueus- es de l’environnement. Selon ses calculs, la quantité de rayonnement solaire que Cuba reçoit équivaut à 50 millions de tonnes de pétrole par jour. “Si nous couvrions l’autoroute nationale longue de 1.000 kilomètres de panneaux solaires, nous produirions toute l’énergie consommée actuellement, sans utiliser de combustibles fossiles ou occuper un seul mètre carré de terre agricole”, a expliqué Bérriz à IPS dans une interview. En outre, “personne ne peut bloquerlesoleil;ilappartientànous tous”, a-t-il ajouté. Bérriz est un chercheur et un ardent défenseur de longue date des sources d’énergie renouvelables, qui préfère parler de “renversement” des changements climatiques - qui, selon lui, sont causés par “les actions destructrices des sociétés d’aujourd’hui” - au lieu de leur “adaptation”. Selon lui, s’adapter à ce que d’autres détruisent ressemble plus au “conformisme”. Les pays industrialisés sont responsables de 75 pour cent de toutes les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine anthropogénique, qui provoquent le réchauffement de la planète. Le principal GES est le dioxyde de carbone (CO2). Pour Bérriz, le meilleur plan d’action est de passer du pétrole à des sources d’énergie propres, qui dépassent les besoins énergétiques. La manière de le faire, c’est de développer les connaissances, la technologie et l’industrie nécessaires pour puiser dans les diverses sources d’énergie renouvelables les plus disponibles dans chaque région, dit-il. Les principales composantes de ce processus, affirme Bérriz, sont la formation des scientifiques, des techniciens et d’agents qualifiés pour couvrir les besoins en ressources humaines, et la création d’une culture énergétique et environnementale qui permettra de mener la sensibilisation, essentielle pour le développement de l’énergie solaire basée sur “l’équité et la solidarité”. Le plus grand exploit de Cuba dans ce sens, c’est dans le domaine du développement scientifique et de l’éducation, qu’il partage avec d’autres pays de la région à travers des efforts de coopération. La contribution de l’énergie éolienne, hydroélectrique et de l’équipement de la biomasse de canne à sucre au Système national d’énergie électrique de Cuba en 2010 était de 178,1 gigawatts/ heure, ce qui équivaut à la quantité d’électricité produite en quatre jours et remplace près de 46.000 tonnes de pétrole. Selon le tableau des statistiques officielles publiées par ‘Energía y Tú’, le magazine de CUBASOLAR, Cuba dispose de 9.624 panneaux solaires, 8.677 moulins à vent, 6.447 chauffe-eau solaires, 554 usines de biogaz, 173 centrales hydroélectriques, quatre parcs éoliens avec 20 turbines éoliennes, et de 608 poêles pour la production de biomasse à granulés de bois. En outre, l’île dispose de 57 turbogénérateurs et de 67 chaudières dans 61 moulins à sucre. La nouvelle relance de l’industrie sucrière – gérée par un groupe d’entreprises depuis 2011 - comprend l’augmentation du potentiel de production d’électricité à base de la bagasse et d’autres sous-produits de canne à sucre pour approvisionner le secteur durant toute l’année. Les experts considèrent comme un bon signe la décision du gouvernement de puiser dans la gamme des sources d’énergie renouvelables, en donnant la priorité à celles qui ont le plus grand impact économique, tel qu’il est défini dans un vaste programme visant à moderniser l’économie et à améliorer son efficacité, lancé en avril 2011. “Le pays s’améliore en termes d’organisation. Le travail et les efforts de planification pour les prochaines années sont en cours dans ce secteur et dans d’autres domaines relatifs aux énergies renouvelables”, a déclaré Bérriz, insistant que Cuba a toutes les conditions pour progresser dans l’utilisation des infrastructures d’énergies propres. Les plans comprennent la réactivation des usines éoliennes, la revitalisation de l’industrie des turbines hydroélectriques, et le développement accru de la production de panneaux solaires, autant que possible, car ces plans ont été les meilleures options dans un programme d’électrification rurale mis en œuvre au cours des 10 dernières années. “Nous ne pouvons pas passer à un rythme plus rapide (dans le développement de l’industrie) en raison des énormes contraintes financières du pays. Avec plus de ressources, nous pourrions avancer beaucoup plus vite sur le chemin de l’énergie renouvelable et la partager avec d’autres nations”, indique l’expert. D’autres experts notent que Cuba a besoin d’un mécanisme d’appui spécifique pour accélérer l’introduction et l’utilisation de générateurs alternatifs “vers un développement énergétique durable” qui n’accable pas l’Etat, et que cela constitue une option attrayante et fiable pour les investisseurs étrangers, et encourage les industries nationales à utiliser ces sources. Dans ce sens, Conrado Moreno, un chercheur et membre du conseil d’administration de CUBASOLAR, présente les coopératives agricoles comme une “niche encore inexploitée”, où, avec la production et la vente des aliments, les sources d’énergie renouvelables apparaissent comme “une solution prometteuse dans le modèle économique qui approche”. Selon Moreno, cette forme de production recevra des incitations grâce à une législation actuellement en discussion et qui sera adoptée sous peu. Plusieurs pays d’Amérique latine, y compris l’Argentine, le Brésil, le Mexique, El Salvador, le Nicaragua et la République dominicaine, ont déjà des cadres juridiques en place pour fournir un appui politique et financier pour le développement de générateurs respectueux de l’environnement. ÉNERGIESALTERNATIVES La quantité de rayonnement solaire que Cuba reçoit équivaut à 50 millions de tonnes de pétrole par jour. Photo :vimeo.com
  • 11. LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 11 ÉCONOMIE De nouveau, la Grèce peut sauver l'Occident***Par Dr. Paul Craig Roberts L’AUTREPOINTDEVUE P eu de gens comprennent que le sort de la liberté occiden- tale, ce qu’il en reste, est en jeu dans le conflit et, en fait, le sort de la vie sur terre. Il est certain que le gouvernement allemand ne le comprend pas. Sigmar Gabriel, un vice-chancelier allemand, a déclaré que le gouvernement grec était une menace pour l’ordre européen. Ce qu’il entend par ordre européen est le droit des pays les plus forts de piller les plus faibles.. La crise grecque n’est pas à propos de la dette. La dette est la propa- gande à laquelle l’Empire recourt pour nier la souveraineté partout dans le monde occidental. Le gouvernement grec a demandé à la brochette de pays qui compo- sent la démocratique Union euro- péenne une prolongation d’une semaine pour rembourser la dette afin de permettre au peuple grec d’approuver ou de désapprouver les conditions léonines imposées à la Grèce par la Commission euro- péenne, la Banque centrale euro- péenne et le FMI, sur l’insistance de Washington. La réponse de l’Europe et du FMI, et de Washington, a été NON. Ils ont dit au gouvernement grec que la démocratie ne s’applique pas lorsque les créanciers sont déterminés à faire payer les citoy- ens grecs pour les erreurs de leurs créanciers, avec la diminution des pensions de retraite, la réduction des soins de santé, de l’éducation, de l’emploi et des services sociaux. La position de l’Empire est que le peuple grec est responsable des erreurs de ses créanciers étrang- ers, et que le peuple grec doit payer pour les erreurs de ses cré- anciers, en particulier les erreurs [et magouilles comptables, NdT] commises par Goldman Sachs. Comme cela a été définitivement prouvé, l’affirmation de l’Empire est fausse. Les mesures d’austérité qui ont été imposées à la Grèce ont fait chuter l’économie de 27%, aug- mentant ainsi le ratio de la dette par rapport au PIB et aggravant la situation financière du pays. Tout ce que l’austérité a fait est de tirer le peuple grec encore plus bas, ce qui rend le remboursement de la dette impossible. L’Empire a rejeté le référendum démocratique de la Grèce de dimanche prochain, parce que l’Empire ne croit pas à la démocra- tie. L’Empire, comme tous les empires, croit en la soumission. La Grèce n’est pas soumise. Donc la Grèce doit être punie. Les Perses Darius et Xerxès avaient la même vision que Washington et l’UE. Le gouvernement grec est censé faire ce que les précédents gouverne- ments grecs ont fait, accepter de rembourser et autoriser le pillage de la Grèce. Le pillage est la seule manière qui reste au système financier occidental pour faire de l’argent. Dans la course aux profits à court terme, les sociétés occidentales, encouragées et contraintes par le secteur financier, ont délocalisé à l’étranger l’industrie, la fabrica- tion et les compétences professi- onnelles, ainsi que la technologie de l’information et l’ingénierie des logiciels. Tout ce qui reste à l’Occident, ce sont les paris de casino sur les produits dérivés à effet de levier. Apple est une socié- té américaine, mais pas un seul ordinateur Apple n’est fabriqué aux États-Unis. Les gouvernements allemand, fran- çais et néerlandais, avec Washing- ton et le système financier occiden- tal, se sont prononcés en faveur du pillage. Pour qu’un pays puisse être pillé, il faut que la voix de son peuple soit réduite au silence. Voilà pourquoi les Allemands et l’UE contestent au gouvernement grec le pouvoir de confier au peuple grec le droit de décider de l’avenir de la Grèce. En d’autres termes, en Occident aujourd’hui, la souveraineté des peuples et la responsabilité des gouvernements sont incompatibles avec les intérêts financiers du 1%. Pour conclure : si la démocratie peut être détruite en Grèce, elle peut être détruite dans toute l’Europe. Le peuple ne tient pas seulement le sort de la démocratie occidentale entre ses mains, mais aussi le sort de la vie sur la terre. La méthode de Washington pour créer un con- flit avec la Russie est l’UE et l’Otan. En violation des accords[verbaux, NdT] passés entre Gorbatchev et les précédents gouvernements états-uniens, Washington a amené l’Otan aux frontières de la Russie et déploie actuellement plus de troupes, d’armements et de mis- siles sur les frontières russes, tout en tenant des propos agressifs à l’égard de la Russie. La Russie n’a pas d’autre choix que de viser ces déploiements militaires insensés. Comme ces derniers augmentent et que la pro- pagande occidentale irresponsable et totalement faussaire contre la Russie et le gouvernement russe dégénère, la guerre peut éclater. Il est clair que Washington et ses États vassaux ont évité la diploma- tie et ont recouru en lieu et place à la diabolisation et à des tenta- tives de coercition pour forcer la Russie à satisfaire les demandes de l’Empire. Cette politique irre- sponsable se poursuit malgré les nombreux avertissements du gou- vernement russe à l’Occident de ne pas poser d’ultimatum à la Russie. Comme les empires se caractéri- sent par l’arrogance et l’hybris, l’Empire n’entend pas les avertisse- ments. Nous avons récemment eu des menaces britanniques contre la Russie de la part du Premier min- istre marionnette de Washington à Londres, en dépit du fait que le Royaume-Uni ne peut engager aucune force contre la Russie et peut être détruit en quelques minutes par celle-ci. Cette sorte d’insanité est ce qui mène à la guerre. Le Premier ministre bri- tannique est cinglé, il pense qu’il peut défier la Russie. Washington prépare l’Armageddon. Mais la Grèce peut nous sauver. Tout ce que le peuple a à faire est de soutenir son gouvernement et d’insister pour que ce gouver- nement, le premier depuis long- temps à représenter les intérêts du peuple grec, envoie l’UE cor- rompue au diable, fasse défaut sur la dette et se tourne vers la Russie. Cela serait le début de la fin de l’UE et de l’Otan et cela sauverait le monde de l’Armageddon. Très probablement, l’Italie et l’Espagne suivraient la Grèce et sortiraient de l’UE et de l’Otan, puisque ces pays sont aussi visés par un pillage sans merci. L’UE et l’Otan, les supplétifs utilisés par Washington pour créer un conflit avec la Russie, se déliteraient. Le monde serait sauvé et devrait son salut à la capacité des Grecs à réaliser ce qui est réellement en jeu. Exactement comme ils l’ont fait à Marathon, aux Thermopyles, à Platées et à Mycale. Il est difficile d’imaginer un autre scénario qui nous sauverait de la Troisième Guerre mondiale. Prions pour que les Grecs comprennent la responsabilité qui est entre leurs mains, non seulement celle de la liberté mais aussi de la vie sur la terre. *Cet article est une traduction de l’article original en anglais “Greece Again Can Save The West” [ http://www.mondialisation.ca/ de-nouveau-la-grece-peut-sauver- loccident/5460271 ] pour Le Saker francophone. **L’ex-Secrétaire d’Etat Adjoint Paul Craig Roberts est très impli- qué dans des activités universita- ires aux Etats-Unis. Il est l’auteur de plusieurs publications du Global Research. Comme à Marathon, aux Thermopyles, à Platées et à Mycale, il y a environ 2500 ans, de nouveau, la liberté occidentale dépend de la Grèce. Aujourd’hui, Washington et son empire d’États vassaux européens jouent le rôle de l’Empire perse, et les Grecs ont, tardivement, formé un gouvernement, Syriza, qui refuse de se soumettre à l’Empire de Washington. La dette est la propagande à laquelle l’Empire recourt pour nier la souveraineté partout dans le monde occidental. / Photo: Mondialisation.ca
  • 12. 12 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015 ÉCONOMIE 200 agro-entrepreneurs ciblés dans un projet innovantSource : Des jardins Développement International Une enquête démontre les impacts positifs d’un projet pilote mené par un consortium en Haïti afin de structurer et professionnaliser le secteur financier agricole. CRÉDITAGRICOLE L ’organisme canadien de coo- pération internationale « Développement international Desjardins » (DID), vient de compléter une enquête auprès de 200 entrepreneurs agricoles collabo- rant avec les institutions financières qui participent au projet « Système de financement et d’assurance agri- cole en Haïti (SYFAAH) » financé par le ministère canadien des Affaires étrangères, du Commerce et du Dével- oppement (MAECD). D’après cette enquête, « des impacts extrêmement positifs pour les emprunteurs » sont déjà enregistrés dans le cadre de ce projet dont la finalité est de stimuler l’économie agricole et rurale, de créer des emplois et d’améliorer la sécurité alimentaire en Haïti : 97 % des emprunteurs rappor- tent que « l’officier de crédit avec lequel ils ont fait affaire a bien analysé leurs besoins et leur a donné de bons conseils, résultat direct de la formation reçue par ces officiers ». Plus de 95% des répondants disent que le crédit reçu leur a permis « d’augmenter la superficie cultivée, d’acquérir de l’équipement, d’augmenter leur production ou d’augmenter leurs profits ». Les répondants sont par ail- leurs plus de 90% à déclarer « avoir dégagé un surplus de fonds après avoir remboursé leur prêt » et auraient donc amélioré leur situation financière grâce au crédit reçu. Grâce à cette amé- lioration, 95 % des répondants auraient réussi à mieux nourrir leur famille, 91,5 % réinvestissent dans leurs activités de production, 92 % financent l’éducation de leurs enfants et 84 % améliorent la résidence familiale. Les résultats de l’enquête révèlent que 90,5 % des emprunteurs manifestent leur intention de renouveler leur crédit auprès de la même institution financière dans les douze mois à venir. Ce projet, réalisé conjointement par DID, Financière agricole du Québec – Développement inter- national inc. (FAQDI) et l’Institut Interaméricain de Coopération pour l’Agriculture (IICA), vise à mettre en place en Haïti un système de financement et d’assurances agricoles, structurant ainsi de façon globale l’offre de services financiers destinés aux agro- entrepreneurs dans le but ultime de relancer l’économie agricole et rurale, créer des emplois et amé- liorer la sécurité alimentaire en Haïti. Ce système implique la professi- onnalisation du secteur en entier, c’est-à-dire le renforcement des capacités des agro-entrepreneurs, des institutions financières et de l’État afin de gérer efficacement deux fonds nationaux de garantie et d’assurances. Le projet SYFAAH est réalisé par un consortium formé de Dével- oppement international Desjar- dins (DID), Financière agricole du Québec – Développement interna- tional (FADQDI) et l’Institut inter- américain de coopération pour l’agriculture (IICA), en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR) d’Haïti. Il vise à mettre en place en Haïti un système de financement et d’assurances agricoles, struc- turant ainsi de façon globale l’offre de services financiers destinés aux agro-entrepreneurs dans le but ultime de relancer l’économie agri- cole et rurale, créer des emplois et améliorer la sécurité alimentaire en Haïti. Ce système implique la professi- onnalisation du secteur en entier, c’est-à-dire le renforcement des capacités des agro-entrepreneurs, des institutions financières et de l’État afin de gérer efficacement deux fonds nationaux de garantie et d’assurances À ce jour, trois institutions finan- cières haïtiennes y sont pleine- ment engagées dans le finance- ment de l’agriculture. Un fonds de garantie est en opération, un système d’assurance récolte est conçu pour la filière riz et de l’appui conseil est offert aux agro- entrepreneurs. DID agira à titre de gestionnaire du projet et contribuera à renforc- er l’offre de crédit agricole par les activités suivantes: •Sélectionner des institutions financières participantes; •Analyser leur marché potentiel dans le secteur agricole; •Établir une stratégie de profes- sionnalisation en crédit agricole; •Proposer une structure organisa- tionnelle adéquate; •Définir des produits de crédit adaptés; •Former le personnel spécialisé en crédit agricole; •Élaborer et mettre en place des normes de gestion et d’encadrement du risque de crédit. Développement international Des- jardins est une société canadienne spécialisée en appui technique et en investissement dans le secteur de la finance de proximité dans les pays en développement et en émergence. Le « zai » est une méthode qui leur a permis de revitaliser des sols et de produire à nouveau sur des terrains jadis impropres à l’agriculture. / Photo : © Ecodufaso
  • 13. LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 13
  • 14. 14 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015 SOCIÉTÉ » suite de la première page HAÏTISOCIÉTÉ/DROITSHUMAINS/PÉNITENCIERNATIONAL « Vivre dans un centre de déten- tion en Haïti, c’est apprendre à mener une vie en enfer », a laissé entendre Valcin Rodelin Jr, coor- donnateur général de KPNY. Le pénitencier national, un des plus grands centres de détention du département de l’Ouest, a été construit pour accueillir huit cent prisonniers. Aujourd’hui, plus de cinq mille prisonniers y sont enfermés. L’intérieur de ce centre de détention est divisé en zone. Chaque zone comprend plusieurs cellules. Chacune des cellules est contrôlée par un prisonnier. Il est surnommé « Major ». Ce dernier obtient cette fonction pour plus- ieurs raisons. Il peut être le plus violent, le plus « aksyonè » et/ou le plus ancien de la prison. Le major de la cellule doit faire son rapport au « major général » : celui qui a le contrôle de tous les autres majors de son carré. « Pour vivre dans une telle structure, il faut avoir le sens du respect », a expliqué l’ancien détenu. À « Titanic »1, 2, 3, 4, une des plus grandes zones ou sections de la prison civile de Port-au-Prince, une cellule d’une superficie de quatre mètres carrés environ peut contenir entre 80 à 90 détenus. « Ti Acier », en est une autre. Dans cette section, les cellules mesurent 1m 50. C’est dans cette section qu’on place ceux qui n’ont pas les moyens. Plus de 80 détenus y sont enfermés. Dans une autre zone nommée « Brick », 180 à 200 prisonniers partagent quelques mètres carrés. Ils y sont entas- sés comme des sardines. Sur des matelas pour enfants retrouvés dans cet espace, raconte Valcin Rodelin Jr, il faut 10 000 gourdes à un prisonnier s’il veut s’allonger. Sur deux de ces matelas réunis, six détenus peuvent s’entendre pour y passer la nuit. « Le pire, à l’intérieur de la prison civile de Port-au-Prince, c’est le business. Est vendu tout ce que l’on peut trouver dans la rue. La marijuana et la drogue aussi. On peut même jouer à la borlette, au poker. Tout y est vendu avec la complicité des geôliers et le major général de la prison. Les prison- niers font également du kidnap- ping à l’intérieur. Tout passe et doit passer par le major général avant d’atteindre les agents », explique Valcin. La population carcérale, estime par ailleurs le coordonnateur général de KPNY représente 1, 2 % de la population nationale. « Elle peut être gérée moyennant une prise en charge et un respect scru- puleux de ses droits ». Dans les différentes zones du Pénitencier national, il n’y a pas de toilettes. On en trouve seulement dans le « Hall 7», là où l’élite de la prison est incarcérée. Seuls les privilé- giés de la section peuvent faire leurs besoins dans un canal, où une puanteur exagérée peut hor- rifier les narines de ceux qui n’y sont pas habitués. Une puanteur à laquelle s’ajoutent mouches, cafards et autres insectes nuisi- bles. Ce qui empoisonne davan- tage l’existence des prisonniers. Les incarcérés ne veulent pas entendre parler d’isolement. Selon Valcin Rodelin Jr. c’est le plus grand mal qu’un geôlier puisse faire à un détenu. « Anba mach ». C’est un espace minus- cule, obscur, sous un escalier, où des bestioles de toutes sortes ont élu domicile. Le prisonnier, une fois qu’il s’y trouve, doit se recroqueviller pen- dant des jours sans avoir la possi- bilité de se tenir debout même une fois. C’est sous l’escalier qu’on lui apporte à manger. Si, au moment de trainer le chariot, un paquet de matière fécale tombe dans la nour- riture, raconte Valcin, on enlève le paquet et on donne le plat au prisonnier qui doit s’empresser de le recevoir pour ne pas crever de faim. « La prison civile de Port-au- Prince est génératrice de malades mentaux, d’infirmes et surtout de criminels endurcis. Passer six mois, un an voire dix ans dans ce centre, et on est pareil à quelqu’un qui se trouverait dans un drôle de coma. Cependant, il existe au Pénitencier national, des jeunes âgés entre 14 et 24 ans enfermés sans savoir pourquoi ils sont en prison et sans avoir rencontré même une fois leur juge naturel. C’est injuste », se plaint Valcin Rodelin Jr. Jugé non coupable, Valcin Rodelin Jr a été libéré, le 20 décembre 2013 après six mois d’emprisonnement. Aujourd’hui, il veut travailler pour le respect des détenus du pays. Pour cela, il vient de mettre sur pied une organisation. Sa mission consiste à plaider la cause des prisonniers, surtout ceux en situation irrégulière et qui se voient obligés de purger une peine allant de six mois à dix ans pour avoir volé un téléphone, couché avec la femme d’un com- missaire et pour voies de fait etc. Le coordonnateur de cette nou- velle organisation prévoit de leur fournir assistance juridique, éducative et médicale. Entre complicité, promiscuité et deshumanisationpar Joe Antoine Jn-Baptiste
  • 15. LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 15 SOCIÉTÉ A près le dernier amende- ment constitutionnel, il ne demeure pas moins vrai que la loi mère de la société est loin d’être un roman à lire pour chas- ser l’ennui. Il s’agit évidemment des prescritslégauxetjuridiquesrégissant les rapports entre les hommes et les institutions. À cet égard, l’éducation est définie dans son accessibilité par cette même constitution qui a été amendée au cours d’une période de tensions et de doutes politiques. C’est dans les articles 32 à 34.1 que sont définies les conditions d’accessibilité à l’éducation dont la principale fonc- tion est la formation des individus de la société haïtienne. L’éducation a été l’arme de la propagande et de la cam- pagne électorale du président Michel Joseph Martelly. Et le programme de scolarisation universelle, gratuite et obligatoire (PSUGO) a été l’initiative du gouvernement pour concrétiser les promesses électorales. Mais, tou- jours est-il qu’il faut questionner la correspondance entre le PSUGO, les lois constitutionnelles et les résultats enregistrés dans le système éducatif. La constitution stipule dans ses articles 32, 32.1, 32.3, que le droit à l’éducation pour tous, sans aucune discrimination, est garanti par l’État. Et l’article 32.6 qui a été amendé, l’idée de méritocratie traduisant la discrimination, est supprimée pour la garantie absolue de ce droit. Mais, les conditions objectives de l’application de ces lois n’ont jamais été crées par les pouvoirs publics. Ainsi, avons-nous toujours assisté à l’exclusion d’un nombre croissant des gens du système d’éducation publique. Mais, depuis le lancement du programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire et le décaissement des fonds pour son opérationnalisation, on s’attendait à voir la concrétisation des lois constitutionnelles sur l’éducation. En effet, ces subventions publiques auraient du permettre à ceux qui ont été toujours exclus du système éducatif, d’avoir un accès véritable au droit à l’éducation. Mais, les faits ne correspondent nullement aux attentes. Au fait, l’observation révèle qu’il n’y a eu aucune construction d’établissements scolaires pouvant accueillir les fils et les filles du pays, aucune formation de nouveaux enseignants, aucun nouveau programme scolaire élaboré en vue d’uniformiser la formation académique, qui auraient pu améliorer le système de l’enseignement scolaire. Certes, certaines difficultés observables dans le fonctionnement du système éducatif haïtien sont certainement liées au séisme dévasteur du 12 janvier 2010. Mais, il convient de faire remarquer que ce système a toujours enregistré des défaillances en raison de l’absence d’une vision étatique pour la massification et la démocratisation de l’éducation en Haïti. Les articles de la constitution relatifs au bien de l’éducation, parce qu’ils n’ont jamais été appliqués avec efficacité et efficience pour répondre aux besoins de la population, n’existent que pour être contradictoires aux faits du système éducatif. Nul ne peut prétendre ignorer les conditions dans lesquelles les enfants reçoivent la formation scolaire dont la qualité est très lacunaire. L’éducation demeure un bien de capitalisation privé qui profite aux directeurs d’écoles. Le tableau descriptif du système éducatif exprime qu’il s’agit plutôt d’un marché où l’État n’est pas le principal fournisseur de la formation. D’où la nécessité de questionner le programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire, qui aurait dû annoncer une réforme en profondeur du système éducatif. En quoi ce programme pouvait contribuer à solutionner un problème dont les causes sont politiques et historiques ? À quoi étaient destinés les fonds qui ont été décaissés pour opérationnaliser le programme ? Quel lien existe-t-il entre les exigences d’une formation scolaire devant être offerte par les institutions bénéficiaires du PSUGO et les exigences de la constitution ? En somme, comment le PSUGO aurait pu contribuer à améliorer le système éducatif, s’il ne l’a pas déjà rendu plus défaillant ? Ce sont autant de questionnements que nous devrions adresser aux décideurs politiques dont la mission est d’élaborer une politique d’éducation pour réaliser les vœux exprimés par les articles de la Constitution. En attendant que des réponses soient proposées pour apaiser les inquiétudes, la population doit croire que tout programme d’éducation devra permettre de massifier et de démocratiser l’éducation, en tenant compte d’une bonne formation scolaire. Car, elle a compris, du moins elle devrait comprendre que les programmes de réforme éducative ne correspondant pas aux besoins de la population, profitent aux dirigeants populistes et ne pourront jamais résoudre les problèmes d’un système dysfonctionnel. L’éducation ne doit plus être un outil de propagande, quand nous relisons les articles 32 et 32.7 de la Constitution haïtienne amendée qui fixe les droits des citoyens et les devoirs de l’État : Article 32 « L’État garantit le droit à l’éducation. Il veille à la formation physique, intellectuelle, morale, professionnelle, sociale, et civique de la population » Qui se lit désormais comme suit dans la constitution amendée «L’Étatgarantitledroitàl’éducation. L’enseignement est libre à tous les degrés. Cette liberté s’exerce sous le contrôle de l’État » Article 32.7 «L’État doit veiller a ce que chaque collectivité territoriale, section communale, commune, département soit doté d’établissements indispensables adaptés aux besoins de son développement, sans toutefois porter préjudice à la priorité de l’enseignement agricole, professionnel, coopératif, et technique qui doit être largement diffusé » Qui se lit désormais comme suit dans la constitution amendée « L’État doit veiller à ce que chaque collectivité territoriale soit dotée d’établissements adaptés à son développement » On suppose qu’il doit y avoir un rapport de complémentarité entre les lois constitutionnelles et les programmes gouvernementaux. C’est dans cette perspective qu’une société deviendra réellement l’émanation des lois que les citoyens se sont donné pour garantir le bien- être de tous. Si le PSUGO rend des services au gouvernement de Michel Joseph Martelly, il n’en rend aucun au peuple haïtien dont les fils et les filles n’ont pas toujours eu un accès réel à une éducation de bonne qualité. Quel lien entre le PSUGO et les lois constitutionnelles haïtiennes ?par CHERISCLER Evens (Boukman) HAÏTISOCIÉTÉ/ÉDUCATION/PROGRAMMEPSUGO Si, dans le pays, certaines pratiques et certains produits tendent à disparaître, il y en a qui existe encore et qui, semble-t-il, reste en vie malgré l’évolution de la société. Aujourd’hui, les « fresko » par exemple se vendent dans toutes les rues de la Capitale et dans ses agglomérations. Mais avec un élan vers la modernité qui tue le côté original et traditionnel du « Fresko » des années 90.
  • 16. 16 | N0 32 LUNDI 6 JUILLET 2015 SOCIÉTÉ T rente-six lauréats du prix Nobel, réunis sur l’île de Mainau, sur le lac de Con- stance, en Allemagne, ont signé une déclaration dite « de Mainau » sur le changement clima- tique vendredi 3 juillet. Cinq mois avant la Conférence de l’ONU sur les changements climatiques (COP21), lors de laquelle 195 Etats pourraient adopter le premier accord universel sur le climat, le texte appelle « à pren- dre des mesures décisives afin de lim- iter les futures émissions mondiales de gaz à effet de serre ». Nous soussignés, scientifiques lauréats du prix Nobel, avons rejoint les rives du lac de Con- stance dans le sud de l’Allemagne afin d’échanger nos points de vue avec de jeunes chercheurs prom- etteurs qui viennent comme nous du monde entier. Il y a près de soixante ans, ici, à Mainau, une assemblée similaire de lauréats du prix Nobel de sciences a publié une déclaration sur les dangers inhérents à la nouvelle technolo- gie des armes nucléaires — une technologie résultant des avancées dans les sciences fondamentales. Jusqu’ici, nous sommes parve- nus à éviter une guerre nucléaire, même si la menace demeure. Nous pensons que notre monde est aujourd’hui confronté à une autre menace d’une ampleur com- parable. Des générations succes- sives de chercheurs ont contribué à créer un monde de plus en plus prospère. Cette prospérité s’est faite au prix d’une augmentation rapide de la consommation des ressources de la planète. En l’absence de maîtrise, notre demande sans cesse croissante en produits alimentaires, en eau et en énergie finira par dépasser la capacité de la terre à satisfaire les besoins de l’humanité, et mènera à une tragédie humaine générale. Déjà, les scientifiques qui étudi- ent le climat de la terre constatent l’impact des activités humaines. En réponse au changement cli- matique généré par l’homme, l’Organisation des Nations unies a créé le Groupe d’experts inter- gouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) afin de fournir aux décideurs mondiaux un résumé de l’état actuel des connaissances sci- entifiques pertinentes. Bien que loin d’être parfaits, les efforts qui ont conduit à l’actuel cinquième Rapport d’évaluation du GIEC représentent, à notre avis, la meilleure source d’information concernant l’état actuel des con- naissances sur le changement cli- matique. Nous ne le disons pas en tant qu’experts dans le domaine du changement climatique, mais plutôt comme un groupe diversifié de scientifiques qui ont un pro- fond respect et une compréhen- sion de l’intégrité du processus scientifique. Bien qu’il subsiste une incerti- tude quant à l’étendue exacte du changement climatique, les con- clusions de la communauté scien- tifique contenues dans le dernier rapport du GIEC sont alarmantes, en particulier concernant le main- tien de la prospérité humaine, en cas d’une augmentation de plus de 2 °C de la température moyenne mondiale. Le rapport conclut que les émissions anthropiques de gaz à effet de serre sont la cause prob- able du réchauffement climatique actuel de la Terre. Les prévisions formulées à partir des modèles climatiques indiquent que ce réchauffement va très probablement, au cours du prochain siècle, augmenter la tem- pérature de la Terre de plus de 2 °C par rapport à son niveau préindus- triel, à moins que des réductions spectaculaires ne soient faites dans les émissions anthropiques de gaz à effet de serre au cours des prochaines décennies. D’après les évaluations du GIEC, le monde doit faire de rapides progrès dans la réduction des émis- sions actuelles et futures de gaz à effet de serre afin de minimiser les risques importants de change- ment climatique. Nous pensons que les nations du monde doivent profiter de l’occasion donnée par la Conférence sur les changements climatiques des Nations unies à Paris, en décembre 2015, pour prendre des mesures décisives afin de limiter les futures émis- sions mondiales. Cet effort exigera la coopération de toutes les nations, dévelop- pées ou en développement, et il devra être poursuivi à l’avenir, en accord avec les évaluations sci- entifiques actualisées. L’inaction soumettra les générations futures de l’humanité à un risque inad- missible et inacceptable. Peter Agre, Michael Bishop, Eliza- beth Blackburn, Martin Chalfie, Claude Cohen-Tannoudji, Steven Chu, James Cronin, Peter Doherty, Gerhard Ertl, Edmond Fischer, Walter Gilbert, Roy Glauber, David Gross, John Hall, Stefan Hell, Serge Haroche, Jules Hoffmann, Klaus von Klitzing, Harold Kroto, William Moerner, Ferid Murad, Ei-Ichi Negishi, Saul Perlmutter, William Phillips, Richard Roberts, Kailash Satyarthi, Brian Schmidt, Hamilton Smith, George Smoot, Jack Szostak, Roger Tsien, Harold Varmus, Robin Warren, Arieh Warshel, Robert Wilson, Torsten Wiesel. Le glacier Colony au nord d’Anchorage, en Alaska. / Photo : Mark Thiessen /AP 36 Prix Nobel appellent à une action urgente contre le changement climatiqueSource: Le Monde.fr Sida: Un vaccin expérimenté sur des singes donne des résultats encourageantsSource: 20minutes.fr E tude D’après les chercheurs, le vaccin serait la meilleure stratégie de protection contre le VIH chez les humains... Un pas de plus dans la lutte contre le sida. Un vaccin expéri- mental contre le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), testé sur des singes, a donné des résultats encourageants, selon une étude publiée ce jeudi dans la revue américaine Science. Ce vaccin « à double détente » consiste, dans un premier temps, à préparer le système immunitaire avec un autre agent pathogène avant de le doper avec une pro- téine se trouvant sur l’enveloppe du VIH. Celui-ci pourrait, d’après les auteurs de l’étude, être la meilleure stratégie de protection contre une infection par ce virus chez les humains. 50 % des singes ont été protégés grâce au vaccin Pour mesurer les effets du sérum, les chercheurs ont tout d’abord injecté à des singes un vaccin contre un adénovirus (des virus liés à de nombreuses infections humaines) de façon à mettre en éveil leur système immunitaire. Dans un deuxième temps, ils leur ont donné une sorte de rappel avec, cette fois, une protéine purifiée formant l’enveloppe du VIH, déclenchant ainsi une réac- tion plus vigoureuse des cellules immunitaires. Si l’on en croit les résultats de l’étude, le vaccin a permis d’obtenir une protection totale chez la moitié des douze singes contre une infection par le virus de l’immunodéficience simienne (VIS), similaire au VIH chez les humains. De surcroît, ces travaux démon- trent qu’il existe un lien très fort entre la capacité de protection de ce vaccin et le nombre d’anticorps produits pour combattre le virus. Des essais sur l’homme devraient voir le jour D’après Dan Barouch, virologue et professeur à la faculté de méde- cine de l’Université de Harvard, qui a participé à l’étude, cet essai « ouvre la voie à l’évaluation d’un vaccin candidat pour les humains ». C’est pourquoi le groupe phar- maceutique américain Johnson & Johnson, dont des chercheurs participent à ces travaux, recrute actuellement 400 volontaires aux Etats-Unis et au Rwanda pour mener un premier essai clinique. D’autres volontaires devraient être enrôlés en Afrique du Sud, en Ouganda et en Thaïlande.
  • 17. LUNDI 6 JUILLET 2015 N0 32 | 17 CULTURE P lus d’un milliard de jeunes vivent sur la planète. Dans l’espace francophone, on dénombre à nos jours plus de 245 millions dans les États et gouver- nements membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Et ces jeunes femmes et hommes constituent la plus grande opportunité pour l’avenir de la fran- cophonie. Consciente de l’importance de leur rôle dans la promotion du développement durable de nos socié- tés, la francophonie les a toujours encouragés à s’investir pleinement sur la scène internationale afin qu’ils contribuent activement aux discus- sions sur les enjeux mondiaux. À ce titre, l’un des plus grands défis actuel pour la jeunesse est sans doute celui des changements climatiques. Dans ce contexte, la secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, invite la jeunesse à une grande consultation sur le développement durable dans la perspective de la 21e Session de la Conférence des parties à la con- vention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CdP21), un rendez-vous incon- tournable de l’agenda internation- al qui se tiendra à Paris, France, du 30 novembre au 15 décembre 2015. Plus de 5000 jeunes y ont déjà participé, soit à titre individuel, soit dans le cadre des réseaux de la jeunesse francophone. Les pre- miers résultats de cette mobili- sation affichent cinq priorités pour lutter contre les change- ments climatiques : diversité et solidarité, eaux et forêts, énergies propres, emplois verts, recyclage. S’inscrivant dans la continuité de cette campagne, un appel à can- didatures est lancé pour identifier une cinquantaine de jeunes fran- cophones engagés pour prendre part à un atelier international sur les changements climatiques. C’est ainsi que l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) invite les jeunes franco- phones à postuler pour partici- per à l’Atelier international fran- cophone de concertation sur les changements climatiques qui se tiendra du 27 au 30 juillet 2015 en Afrique centrale (le pays reste à préciser). Les candidats sélection- nés bénéficieront d’une prise en charge complète (transport, assur- ances, hébergement et restaura- tion) pour participer à cet atelier international francophone. Les participants à l’atelier part- ageront leurs expériences en matière de changements clima- tiques et recevront de nouvelles compétences pour les renforcer dans leurs activités de plaidoyer et de sensibilisation pour une par- ticipation bénéfique au sommet « Paris Climat 2015». De plus, parmi les participants, certains auront peut-être la chance de par- ticiper au Sommet « Paris Climat », en décembre prochain à Paris, qui rassemblera environ cinq mille jeunes en plus des nombreuses personnalités et personnes atten- dues. À une cause aussi noble, l’artiste haïtien Jean Jean Roosevelt affirme qu’il ne saurait rester les bras croisés. Médaillé d’or au con- cours culturel de la chanson lors de la 7e édition des Jeux de la francophonie, sa carrière a connu depuis une envolée fulgurante tant sur la scène nationale haïtienne que sur la scène internationale. Il fait usage de sa notoriété gran- dissante pour porter des messages d’amour, de solidarité et de part- age aux quatre coins du monde. Ainsi il associe ses écrits et sa voix à cette mobilisation comme il le fait aussi bien pour d’autres causes depuis le début de sa « Bal- lade ». « Je pense que ça peut aider à cette vaste campagne en vue d’attirer l’attention des gens du monde entier sur le réchauffement climatique », nous confie l’artiste. Les paroles ont une résonnance particulière au sein des commu- nautés francophones liées par la langue française et par le partage de valeurs communes. J'ai à cœur ma planètepar Elisée Décembre Jean Jean Roosevelt. / Photo: J. J. Augustin L’ATELIER,LACHANSON Dans l’objectif de sensibiliser les jeunes aux changements climatiques, la secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, ex-gouverneure du Canada, lance une campagne de consultation jeunesse sur l’environnement et le climat. Pour applaudir ce mouvement, le chanteur Jean Jean Roosevelt sort son nouvel opus : J’ai à cœur ma planète, thème même de cette mobilisation. La musique a fêté Havana Guitar Nightpar walcam L a fête pour les sept ans de Havana Guitar Night a été grandiose et les mordus du rendez-vous des jeudis avaient répondu aux organisateurs le 2 juillet à l’hôtel Royal Oasis. Le jardin de l’hôtel Royal Oasis a été pris d’assaut très tôt par de nombreux fans et musiciens venus faire la fête avec Berthony Raphaël et Harry Luc, les deux principaux animateurs de Havana Guitar Night. Dans l’assistance on a remarqué le commentateur politique Valéry Numa, le speaker Ed Lozama, Gary Bodeau, Mick Avin, le sénateur Steven Benoit, le délégué Wadner Joseph, Sandro (Ti Micky) Martel- ly, la styliste et fleuriste Ketty C. Defay, la commentatrice Shelove Perin, Patrick Moussignac P.-D.G. de la radiotélévision Caraïbes, et j’en passe. Les retardataires ont eu tort. Jusqu’à minuit trente, les specta- teurs ont applaudi les différents artistes qui ont défilé sur le podium. Il était clair que Havana Guitar Nigth leur manquait. Les Queen B., Mandela et Charline ont charmé et bien servi les spec- tateurs avec leurs compositions. Et comme la mission de Havana Guitar Night est de nous faire découvrir de nouveaux talents, des jeunes étaient au rendez-vous. De très jeunes chanteurs ont chanté pour le public qui n’a pas hésité à les applaudir. Ces jeunes voix sont à suivre, selon le musicien, pein- tre et professeur Richard Barbot. La fête allait continuer avec les confirmés, les ténors. D’abord, Dadou Pasquet qui, après une première prestation, a exécuté des morceaux instrumentaux et chanté des titres à succès de Magnum Band. C’est lui qui allait introduire la chanteuse guadeloupéenne Tanya Saint-Val en l’invitant à l’accompagner pour chanter « Se verite » ; point besoin de vous dire ce qui s’est passé dans les jardins de l’hôtel. La chanteuse guadeloupéenne nous a offert des compositions de Malavoi et a terminé son heure avec de la « biguine », le rythme de son pays. BIC, qui vient tout juste d’Europe, a débarqué pour ne pas rater cet anniversaire. Avec ses musiciens, sous les applaudissements du public, il a lancé son « chic-choc ». En profes- sionnel, la star a mis le feu sous les arbres à l’arrivée de Rutshelle Guillaume Dauphin. C’est cette dernière qui a clôturé cette belle soirée pour les sept années de Havana Guitar Night, sans oublier le passage éclair du rappeur Black Alex dans un jam avec elle. Bonne fête, Havana !