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Photo 1
Le Festival International des Arts de la Rue de Chassepierre ne peut être
considéré de prime abord comme une attraction touristique et encore moins
comme un événementiel mais doit être envisagé plutôt comme un acte
culturel. Une manifestation culturelle qui depuis 42 ans unit
traditionnellement les forces vives de tout un village, des artistes venus des
4 coins du monde et des bénévoles passionnés qui viennent, eux, des 4
coins de la Belgique.
Et puis Chassepierre, c’est aussi un public (photo 2) de 25 à 30 000
personnes qui chaque année, se déplacent dans ce village de 200 âmes.
Un public local, national et international qui bénéficie des capacités
d’accueil de Florenville et de ses environs. Beaucoup profitent des jours
d’avant ou d’après le festival pour découvrir les richesses naturelles et
patrimoniales qui font la spécificité et l’attrait de ce pays rural.
Comme vous le voyez, la réussite du culturel se répercute largement sur le
tourisme et l’économie de toute une région.
Le Festival de Chassepierre réunit ces diverses composantes dont la
rencontre paraissait improbable, je veux parler des habitants, des artistes,
des bénévoles et du public. Et toutes ces composantes se sont avérées
indispensables pour donner à cette vraie manifestation culturelle
l’envergure et le retentissement qu’elle a aujourd’hui.
Cette manifestation culturelle a de nombreuses particularités qui la
distinguent de ses semblables. Elle s’est fondée dans la durée puisque
Chassepierre est le plus vieux festival des arts de la rue en Europe. Cette
manifestation est également devenue au fil des ans le plus important
festival de rue de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et puis surtout, cette
manifestation culturelle est unique en son genre puisqu’elle concerne une
espèce artistique en voie d’apparition dans les années 70, une espèce
artistique a priori urbaine mais qui dans ce petit village du bout de la
Gaume a trouvé l’’crin naturel qui lui convient. Cette ampleur, cette durée,
cette transposition d’un art fait pour la ville dans la ruralité, a fait la fierté
d’un village. Mais son succès est dû principalement à l’existence d’un esprit
qui n’a d’équivalent nulle part ailleurs.
C’est un esprit d’échange, de respect, de solidarité et d’accueil qui trouve
sa source dans les festivals folk du début des années 70 comme Champs
2
la Rivière (photo 3), près de Bastogne, ou le Temps des Cerises, à l’abbaye
de Floreffe, là où aujourd’hui se déroule le festival Esperanzah. A l’époque,
Bernard Gillain, l’animateur radio, et des chanteurs comme Jofroi ou Julos
Beaucarne ont ressenti le besoin d’inscrire la poésie dans le terroir. Ils
avaient compris que ce public des campagnes est bien souvent relégué
dans les oubliettes de la culture par les grands décideurs mais qu’il est
aussi très demandeur.
C’est précisément cet esprit-là, cet esprit qui consiste à mettre la culture à
portée de la ruralité que j’ai eu envie d’implanter dans la région quand, en
1976, j’ai été engagé par le Foyer Culturel de la Moyenne Semois, qui s’est
agrandi aujourd’hui pour devenir le Centre Culturel du Beau Canton. Il y
avait déjà Chassepierre. Je veux dire que le festival de Chassepierre
existait déjà depuis deux ans. C’est la poétesse Marie Fizaine qui l’avait
créé. Ce n’était pas une manifestation d’art de rue mais une réunion de
poètes (photo 4 1ère
affiche). Il y avait entre autres Georges Linze, Francis
André, Yvon Zondag ou encore Jean-Pierre Bissot, l’actuel directeur du
Gaume Jazz Festival. Le choix de Chassepierre s’était imposé à Marie
Fizaine presque logiquement. Le village, le charme de ce village, appelait
sur lui la poésie. Tout se déroulait autour de l’église, cette belle église du
début du 18ème
siècle qui lui donne une bonne part de son identité. Il y avait
des lectures de poèmes, bien entendu, mais aussi la messe des artistes, le
bal et le repas pris en commun. Figurez-vous qu’à cette occasion, il avait
été prévu de régaler les convives de 100 kg de riz complet. En fin de
journée, il en restait 90 dans les casseroles en cuisine. Personne ne
connaissait cette étrange nourriture. Personne n’a donc voulu se risquer à
en consommer.
Mais au-delà de cette anecdote amusante, je voudrais vous faire
comprendre que tout n’a pas été facile au début puisque la plupart des
portes des villageois sont restées fermées devant l’arrivée de cette poignée
de poètes. L’année suivante déjà beaucoup de portes vont s’ouvrir. Deux
ans plus tard, quand le premier artiste de rue va se produire à
Chassepierre, les habitants viendront à sa rencontre.
Ce premier artiste de rue s’appelait Prosper (photo 5). Le Père Prosper. Il
parcourait les rues du village et haranguait les gens. Il bousculait leurs
certitudes en leur parlant de manière humoristique de la royauté ou en
critiquant le gouvernement, ce qui à l’époque et dans ce milieu assez
3
conservateur était une nouveauté. Ce côté piquant était tempéré par
une grande gentillesse de l’artiste. Le Festival a su conserver à travers
4 décennies cet aspect, je ne dirais pas provocateur, mais plutôt cette
fonction d’interpellation. Parce que l’art, je le pense, est là pour muer
les convictions en questions. A partir de ces premières années, l’esprit
qui fait la particularité de Chassepierre a subsisté, un esprit de famille et
d’échange qui se manifeste notamment tous les dimanches du festival par
le verre de l’amitié qui rassemble dans la prairie les habitants, leurs amis et
tous les gens qui sont liés au Festival. Le Festival, à travers toute son
expansion, malgré les milliers de visiteurs et son succès présent, ne s’est
donc jamais éloigné de ses racines. Elles sont son soutien et elles
assurent la croissance de l’arbre aux ramures multiples qu’il est
devenu.
Tout n’a pas été simple, je vous l’ai dit. Le village ne s’est pas ouvert
d’emblée à des gens qui lui apparaissaient comme des étrangers. Mais
certaines personnes ont contribué à cette ouverture. Des habitants dont la
parole était respectée et écoutée dans ce monde paysan aux usages
encore très traditionnels il y a une quarantaine d’années. Je pense ici au
curé qui vendait son vin à la tablée des artistes mais surtout à cet homme
que vous voyez sur cette photo aux côtés du Père Prosper. Il s’appelait
Hubert Antoine. Il était à la fois trésorier au Centre Culturel, vétérinaire et
inséminateur. Il avait donc accès aux intérieurs des fermes et aux esprits
des agriculteurs. D’ailleurs les gens l’accueillaient comme s’il faisait partie
de leur famille. Ils l’appelaient très familièrement et très amicalement
« L’Hubert ». Eh bien « L’Hubert » a fait féconder dans les esprits pas mal
d’idées nouvelles qui ont littéralement ouvert des portes à ce qui jusque-là
leur semblait original ou bizarre, ce qui aurait suffi à être un objet de rejet
dans un village aussi isolé que l’était Chassepierre à l’époque. C’est grâce
à de telles personnes, dévouées à la culture et à leur travail dans
lacampagne, que le village a accueilli en son sein les diverses formes
d’expression artistiques qui lui étaient proposées, en particulier les arts de
la rue, mais aussi les plasticiens et les artisans de création.
Ce type d’artisanat, l’artisanat de création (photo 6), en était à ses débuts.
Alors que les marchés fermiers et les articles artisanaux sont très à la mode
maintenant, Chassepierre a une fois de plus joué le rôle de
précurseur. Les artisans sélectionnés (photo6) présentaient des objets
4
confectionnés à partir de matières nobles et naturelles dans un souci
d’authenticité.
Oui, l’authenticité. L’authenticité, c’est une autre de ces valeurs qui
ont fait du Festival de Chassepierre ce qu’il est. L’authenticité, c’est ce qui
fait reposer tout l’édifice de la manifestation sur les habitants du village. Ils
ont d’abord fondé leur propre Comité des Fêtes en 75-76, puis, en 1986,
pour se rendre autonomes par rapport au Foyer Culturel local, ils se sont
organisés en ASBL. Pour la présider, le choix s’est porté sur Marc Poncin
(photo 7). Il en est toujours le président aujourd’hui, ce qui illustre bien
cette continuité et cette fidélité dans l’adaptation et dans l’évolution
qui font la force du Festival de Chassepierre.
Après la dixième année de ce qui s’appelait la Foire aux Artistes et pas
encore la Fête ni le Festival, il restait dans les caisses de la nouvelle
association 11 000 francs belges, soit environ 275 € (photo 8). Une
somme dérisoire bien sûr. Mais c’était l’argent du village et plus celui d’une
autre structure. Ce montant maigrelet n’a pas empêché le Comité de
décider de poursuivre l’expérience et de voir où elle mènerait. Cette
autonomie dans la gestion de la manifestation allait quant à moi m’obliger à
prendre une décision très importante. Après avoir démissionné de mon
emploi d’animateur au Foyer Culturel pour me consacrer à la direction du
tout nouveau Centre d’Art Contemporain du Luxembourg Belge que j’avais
mis en place, le comité de Chassepierre m’a demandé de l’épauler comme
directeur artistique avec le statut d’indépendant, ce que j’ai accepté bien
volontiers.
(photos 9, 10, 11)
J’aimerais en quelques mots évoquer devant vous ce Centre d’Art très
particulier. Le Centre d’Art Contemporain existe maintenant depuis plus de
trente ans avec pour mission, la diffusion et l’intégration des arts plastiques
contemporains en milieu rural. Pendant des années, le centre a été
nomade. C’est ainsi qu’il organisait ses manifestations dans différents sites
patrimoniaux et touristiques de la province du Luxembourg. L’abbaye
d’Orval ou encore le village du Livre de Redu par exemple.
Il s’est ensuite sédentarisé. Il a trouvé refuge dans un premier temps à la
Grange du Faing à Jamoigne pour ensuite être obligé de la quitter après
une réorientation dans la politique culturelle locale. A la suite de certaines
5
décisions communales, le centre s’est senti indésirable.
Cette incompatibilité a eu d’heureuses conséquences puisque, depuis 8
ans maintenant, le centre d’art développe ses activités sur un site qui allie
l’art, la nature et le patrimoine. C’est le site magnifique de Montauban, près
du village de Buzenol dans la commune d’Etalle.
Dans une vallée, à côté d’un étang et des ruines d’une ancienne forge, des
œuvres contemporaines s’intègrent à l’esprit très particulier de ce lieu retiré
et hors du temps. Le public y vient en nombre. Plusieurs milliers de
visiteurs se déplacent du printemps à l’automne. Il y a bien sûr des gens
des alentours mais aussi des vacanciers et des amateurs d’art qui, sur le
même week-end, peuvent découvrir le Centre Pompidou de Metz, le
Mudam à Luxembourg et ensuite, venir se perdre au fond de la forêt
gaumaise pour mieux trouver des formes d’art qui fusionnent avec une
nature préservée. Récemment, 4 containers maritimes ont été installés à
l’ombre d’un sous-bois. Ils forment une croix ou un signe « plus », offrant
un espace idéal et original à l’expression d’artistes plasticiens venus
d’horizons géographiques et culturels très divers.
Mes collaboratrices et moi avons constaté que le public extérieur, comme
par exemple les touristes saisonniers, est très intéressé et positivement
étonné de découvrir durant son séjour en Luxembourg belge des œuvres
d’art contemporain. Souvent, il ne prend pas le temps de faire ce voyage
géographique et artistique durant sa période de travail. Des échanges très
enrichissants ont lieu avec ce public. Il est devenu au fil des années l’un de
nos meilleurs ambassadeurs.
Cette idée du public comme « ambassadeur », c’est aussi celle qui a fait la
force du festival de Chassepierre.
Revenons donc à Chassepierre, à sa Fête des Artistes, à son public, au
village et à ses habitants. Nous les avions laissés au moment où ils étaient
fiers d’avoir acquis une certaine autonomie en se fondant en ASBL. Ils
allaient être fiers de bien d’autres choses. Surtout de l’existence, au sein
même de la Fête, des expositions que tout un village organisait dans les
murs de son école. Ces expositions aux thèmes variés concernaient la
nature ou encore le patrimoine local.
Leur responsable était un spécialiste de la nature gaumaise, du nom
d’Alfred Lejeune. Il exerçait la curieuse profession de chef piégeur de rats
6
musqués. Son père, originaire de Chassepierre avait une vision très
universelle de son village. C’est lui qui a implanté la mappemonde qui
regarde Chassepierre depuis le panorama de la route entre Bouillon et
Florenville. C’est lui aussi qui est à l’origine de la fondation de
Chassepierre en tant que village mondialisé, le premier du genre en
Belgique. Le Conseil Communal s’était réuni un jour et avait déclaré que si
une guerre éclatait, quel que soit l’adversaire, jamais Chassepierre
n’enverrait l’un de ses enfants tuer ou se faire tuer. C’était une déclaration
forte et assez utopique mais qui révélait bien l’esprit d’un village et sa
capacité d’accueil d’une Fête telle que la Fête des Artistes.
J’en viens aux artistes précisément. Les artistes qui sont la
deuxième composante à partir de laquelle le Festival est devenu ce
qu’il est. Ce sont des artistes de rue. Les arts de la rue se fondent sur
une longue tradition qui remonte au Moyen-Age mais ils ont réapparu sous
des formes nouvelles après le grand mouvement de libération des esprits
qu’a été mai 68. Des artistes ont désiré amener la culture dans la rue et
aller à la rencontre du public plutôt que de l’attendre dans des salles. Les
arts de la rue mêlent des disciplines qui traditionnellement étaient séparées,
je veux parler du cirque, de la danse, du théâtre, de la musique, des
marionnettes ou encore des arts plastiques. Ce mélange rend les
spectacles créés très originaux. Ils restent abordables au plus grand
nombre tout en ne se limitant pas à un simple divertissement. Si les
spectateurs veulent bien les voir et bien les vivre, ils vont, en plus de les
faire rire, de les émouvoir ou de les réjouir, les interroger et les questionner
sur ce qu’ils sont, eux et la société qui les entoure. Exactement, mais en
plus complexe, comme notre Père Prosper des débuts.
Au départ, ces artistes étaient des amateurs. Puis, après leur
reconnaissance officielle, ils se sont professionnalisés. L’une des
premières compagnies professionnelles renommée qui s’est produite à
Chassepierre a été le Théâtre de l’Unité, avec son spectacle « La Femme-
Chapiteau ». (photo 12) C’était en 1981. Une femme haut perchée
haranguait la foule par-dessus une jupe très large qui formait un chapiteau
bigarré. Elle voulait du mâle, des hommes, des vrais. Et elle voulait que
ces mâles pénètrent sous sa jupe-chapiteau. Là, ils verraient ce qu’ils
verraient. Et ce qu’ils verraient, maintenant qu’il y a prescription je peux
bien vous le dire. Ce qu’ils voyaient, c’étaient 2 maquettes de Vérone et 2
troupes de souris, des noires et des blanches, qui représentaient les 2
7
familles rivales, les Montaigu et les Capulet. Vu sous cet angle, de sous les
jupes d’une femme, la tragédie était très drôle. Le mâle sortant avait
interdiction de dire ce que l’intimité de cette femme lui avait révélé. Si bien
qu’un jour, peu après la fin du Festival, j’ai reçu une lettre du président du
centre culturel qui relayait soi-disant les propos d’une dame outrée par le
fait que de tels spectacles, je cite « pornographiques », puissent être
présentés dans les rues du village. Cette lettre était elle-même très drôle.
Mais elle m’a confirmé dans l’option de proposer chaque année
quelques spectacles qui pourraient questionner le public et remettre
en cause des idées trop bien ancrées.
D’une dizaine d’artistes à l’origine, pour la plupart issus des environs, le
Festival accueille à présent une cinquantaine de compagnies venues des
horizons les plus divers et parfois les plus lointains, comme le Japon, la
Turquie ou encore la France (photos 13, 14, 15) Tous sont accueillis lors
de leur arrivée, nourris et aidés pendant leurs spectacles par des
bénévoles, une petite troupe fidèle qui se retrouve une fois par an et qui
forme avec les habitants les plus impliqués ce que j’appelle la famille
Chassepierre. De nombreuses associations locales, comme les clubs
sportifs ou les clubs de jeunes, participent aussi au Festival en tenant
certains bars, en étant aux parkings ou aux entrées. Il est important de
souligner que le Festival travaille en collaboration avec ces associations et
qu’il les rétribue. En effet, le Festival ne demande aucune aide aux
commerces de la région. Il n’a recours qu’à des sponsors régionaux ou
nationaux, (photo 16 affiche) certes dans le but de s’assurer des rentrées
financières, mais aussi pour ne pas risquer de porter atteinte au monde
associatif local. Là encore, il est question de respect du milieu dans lequel
le Festival a grandi.
Ses moyens, le Festival les trouve donc dans le sponsoring et dans les
subventions que lui octroient les divers pouvoirs publics, la commune, la
province, la Région wallonne et la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pour la
petite histoire, il faut savoir que le budget global du Festival est passé de
750 € en 1976 à 650 000 € en 2015. Mais au-delà des chiffres bruts, il est
surtout important de noter qu’à aucun moment et à aucun niveau, le
Festival n’est noyauté par le monde politique. Les politiques sont des
courroies de transmission qui servent à obtenir certaines aides matérielles
ou financières mais ils n’ont aucun pouvoir de décision sur la tenue du
Festival. L’ASBL s’est créée il y a 30 ans dans un souci d’indépendance et
8
désire se tenir en dehors des influences et des jeux de pouvoir.
Je tiens à redire ici que le Festival de Chassepierre est une manifestation
avant tout culturelle et qu’il doit le rester. D’ailleurs il dispose d’une autre
source de financement que celles que je viens de mentionner. C’est
d’ailleurs sa ressource principale. Je veux parler du prix d’entrée que paye
le public pour assister aux spectacles. Dans les années 70, l’entrée à la
Foire des Artistes était volontaire. La participation financière du public était
sollicitée par la vente d’autocollants. Mais les temps ont changé. Il est
impossible de procéder encore de cette manière. Des prix fixes sont
demandés en prévente ou aux entrées. 67 % du budget provient de ces
sommes contre 33 % qui sont fournis par les pouvoirs publics. Voilà
pourquoi Chassepierre est un festival payant. C’est pour s’assurer une
autonomie vis-à-vis des modes de financements publics.
Il est impératif cependant que le prix d’entrée reste abordable. S’il a
quelque peu augmenté ces dernières années, il pourrait tout aussi bien
baisser dans l’avenir. Chassepierre n’est pas une manifestation qui
recherche le profit à n’importe quel prix ni même qui sent l’argent. Le
Festival ne vise d’ailleurs pas un accroissement continuel du nombre de
ses spectateurs mais à se stabiliser autour d’un accueil de 25 à 30 000
personnes par an. J’aimerais illustrer cette absence d’ambition lucrative
par un exemple. Il y a 3 ans, si vous vous souvenez, une forte canicule
s’était abattue sur le pays. La température avait atteint un pic de 38° à
l’ombre et Chassepierre est un village sans ombres. Des mesures rapides
et efficaces (photo 17) ont dû être prises avec le concours actif de l’ancien
bourgmestre de Florenville. Le débit d’eau dans les canalisations a été
accru par les autorités wallonnes, des robinets ont été installés et ouverts
dans les rues, des berlingots d eau froides de la Protection Civile ont été
distribués au public, des pulvérisateurs ont été achetés dans l’urgence. Le
montant de toutes ces mesures a été chiffré par la suite entre 6000 et 7000
€ à la charge du Festival. Mais elles étaient indispensables pour le bien-
être du public. Elles ont donc été prises sans tenir compte de leur coût.
Ce n’était pas le premier effet recherché, mais ces mesures se sont
avérées excellentes au niveau de la communication. Le bouche-à-
oreille a vanté l’accueil extraordinaire réservé au public. Le Festival est
sorti de cette expérience avec une image qui correspond à sa réalité,
celle du respect de tous et de ses spectateurs en particulier.
9
Pour les rallier chaque été, pour qu’ils reviennent ou qu’un nouveau public
soit attiré, la mise en place d’une communication structurée en devenue
indispensable. A ses débuts, la Foire des Artistes se faisait connaître par
des articles dans la presse locale ou par de grandes affiches dont une,
réalisée par Jean-Claude Servais alors qu’il n’était pas encore l’auteur de
bandes dessinées renommé qu’il est devenu. C’était déjà un premier pas
en vue de faire de Chassepierre autre chose qu’une manifestation locale ou
régionale. Aujourd’hui, le Festival s’est associé et a fidélisé de fortes
relations avec des médias nationaux. Le journal « Le Soir » permet de
toucher un public plus vaste que la presse écrite de la province, notamment
celui de Bruxelles. La RTBF, radio et télévision avec la Une et la Première,
est aussi un partenaire de longue date. Les sollicitations de la concurrence
n’ont pas manqué mais elle ne semblait pas correspondre au public que le
Festival souhaitait atteindre en priorité et le comité a décidé de garder sa
confiance à la chaîne publique.
De nos jours, les spectateurs viennent de plus en plus loin, de France, du
Grand-Duché, des Pays-Bas. Parfois de pays plus éloignés encore. Ils
logent dans les hôtels, les gîtes, les chambres d’hôtes et les campings
(photo 18) qui sont mis à leur disposition et mangent dans les restaurants
des environs. Ils restent plusieurs jours sur place et contribuent ainsi à
faire fonctionner le secteur touristique de toute une région.
Il serait presque possible de ne pas parler du public mais des publics de
Chassepierre. Les gens sont de tous âges, de moins de 7 à plus de 77 ans
et de toutes conditions sociales. Certains se transmettent le Festival
comme un cadeau de famille depuis 3 générations (photo19). Voici
d’ailleurs une photo prise cette année qui montre un couple qui avait
souhaité fêter ses 60 ans de mariage à Chassepierre!)
Chassepierre a su fidéliser ses publics sur la durée mais accueille
également chaque année de nouveaux découvreurs de rêve.
Malheureusement, à ce jour, aucun outil professionnel n’existe pour
mesurer précisément les retombées touristiques et économiques d’une telle
manifestation. Nous espérons toutefois que ce vide sera comblé très
prochainement. Parce que, contrairement au centre d’art à Montauban où
un rapport direct existe avec le public, il est difficile pour le festival de
Chassepierre, compte tenu de leur nombre et de leur diversité, de connaître
les provenances exactes de ses festivaliers.
10
Chassepierre a la chance de posséder un public respectueux et le plus
souvent initié aux arts de la rue. L’ambiance générale est paisible grâce à
cette foule composée de milliers d’individus qui savent que le Festival les
prend tous en considération. Des infrastructures (photos 20 et 21) sont
mises en place pour leur accueil, certaines qui ne sont que provisoires
comme ce chapiteau Duvel qui est une voile dans la prairie, d’autres qui
sont plus durables, comme la passerelle permanente qui enjambe la
Semois depuis 2013. Cette passerelle (photo 22) contribue à fluidifier la
circulation des spectateurs pendant le Festival et représente un nouvel
atout touristique pour le village et la région tout au long de l’année. La vue
sur l’église y est d’ailleurs superbe. Elle a été construite sur l’assise d’un
ancien pont détruit en 1940, ce qui a permis de préserver un patrimoine
menacé. Ce lien entre deux rives ne porte pas atteinte à l’aspect rural du
lieu mais au contraire le souligne parfaitement.
Il en est de même des moyens techniques de plus en plus sophistiqués
déployés pendant le Festival qui ne doivent pas prendre le pas sur l’esprit
du village. L’authenticité ici encore doit primer et la culture doit s’y intégrer.
C’est ainsi qu’il subsiste un chemin protégé, un chemin de terre le long
duquel aucun spectacle n’a lieu, un chemin le long duquel le public de
passage est applaudi par des moutons, des chèvres ou des vaches (photo
23) dans leur pré. Ce chemin est également bordé d’un imposant tas de
bois, l’un de ceux qu’il serait inimaginable de rencontrer dans une ville.
Les banderoles et calicots de nos sponsors sont déployés avec parcimonie
pour ne pas porter préjudice au site ni à son esprit. C’est tout cela qui
contribue à faire apprécier au public ce week-end privilégié dans une
ruralité ouverte.
Je tiens à préciser que la même attention est portée par le centre d’art à la
préservation de l’esprit du site naturel et historique de Montauban.
Le jour des 10 ans de ce qui était alors la Fête des Artistes, c’était il y a
plus de 30 ans, je me souviens que sa fondatrice Marie Fizaine m’avait dit
« L’important n’est pas de commencer mais de continuer. » Toute la famille
Chassepierre a agi dans ce sens. L’avenir du Festival est en train de se
façonner. De nouvelles prairies ont été acquises récemment par l’ASBL
ainsi qu’un grand hangar qui sert d’entrepôt pour le matériel de sonorisation
et d’éclairage. Les finances du Festival ont permis ces achats avec l’aide
des pouvoirs publics. Une nouvelle collaboratrice nous a rejoints en 2012.
11
Charlotte Charles-Heep (photo 24) est depuis lors devenue la nouvelle
directrice artistique de la manifestation. Mais l’avenir se façonne dans le
respect du passé et de l’esprit du village. L’anniversaire des 40 ans a été
l’occasion pour tous de dérouler le récit d’une histoire commune. Un livre
de plus de 300 pages a été publié aux éditions Weyrich (photo 25). Ce livre
retrace la vie du Festival racontée par son premier artiste de rue, le Père
Prosper. Cet objet littéraire renoue le lien avec les premiers poètes qui
avaient hanté les rues de Chassepierre (photo 26). Charlotte elle-même a
pris possession de l’esprit du Festival en retraçant son histoire. Elle a écrit
une gazette hebdomadaire pendant 40 semaines, à raison, vous l’aurez
compris, d’une année de la manifestation par exemplaire publié.
Ce retour en arrière permet aujourd’hui à Charlotte d’imprimer sa propre
personnalité sur le contenu du Festival, par le choix des spectacles et leur
inscription dans le lieu, tout en respectant son autonomie, son authenticité
et son esprit. Je garde pour l’instant auprès d’elle un rôle de consultant.
Charlotte va faire évoluer Chassepierre vers de nouvelles formes
artistiques, qui intégreront notamment le numérique. L’accent sera mis de
plus en plus sur l’aspect durable du Festival et sur le respect de
l’environnement. Enfin de nouvelles perspectives vont s’ouvrir à lui puisqu’il
va s’associer à d’autres festivals des arts de rue européens. Mais toujours
le désir sera présent d’apporter la culture dans des lieux qu’elle oublie et de
rapprocher deux univers distants, celui des villes et celui de la ruralité.
Voici brossé en quelques mots le portrait de deux institutions qui marquent
de leur empreinte le monde rural et qui contribuent par leur souci
d’authenticité, la qualité des oeuvres et des spectacles à réunir un public
régional mais aussi national et international. Ces deux expériences
montrent combien des actes culturels originaux participent au
développement touristique et à l’image positive d’une région comme la
province de Luxembourg.
LUXEMBOURG CREATIVE 2015 2/2 : Création culturelle et tourisme
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Champs'la'Rivière'1973'
1ère'affiche'1974'
En'1976,'Père'Prosper,'Marie'Fizaine'et'Hubert'Antoine'
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Les'plaisirs'des'10'ans'de'la'manifestaHon'
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  • 1. 1 Photo 1 Le Festival International des Arts de la Rue de Chassepierre ne peut être considéré de prime abord comme une attraction touristique et encore moins comme un événementiel mais doit être envisagé plutôt comme un acte culturel. Une manifestation culturelle qui depuis 42 ans unit traditionnellement les forces vives de tout un village, des artistes venus des 4 coins du monde et des bénévoles passionnés qui viennent, eux, des 4 coins de la Belgique. Et puis Chassepierre, c’est aussi un public (photo 2) de 25 à 30 000 personnes qui chaque année, se déplacent dans ce village de 200 âmes. Un public local, national et international qui bénéficie des capacités d’accueil de Florenville et de ses environs. Beaucoup profitent des jours d’avant ou d’après le festival pour découvrir les richesses naturelles et patrimoniales qui font la spécificité et l’attrait de ce pays rural. Comme vous le voyez, la réussite du culturel se répercute largement sur le tourisme et l’économie de toute une région. Le Festival de Chassepierre réunit ces diverses composantes dont la rencontre paraissait improbable, je veux parler des habitants, des artistes, des bénévoles et du public. Et toutes ces composantes se sont avérées indispensables pour donner à cette vraie manifestation culturelle l’envergure et le retentissement qu’elle a aujourd’hui. Cette manifestation culturelle a de nombreuses particularités qui la distinguent de ses semblables. Elle s’est fondée dans la durée puisque Chassepierre est le plus vieux festival des arts de la rue en Europe. Cette manifestation est également devenue au fil des ans le plus important festival de rue de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et puis surtout, cette manifestation culturelle est unique en son genre puisqu’elle concerne une espèce artistique en voie d’apparition dans les années 70, une espèce artistique a priori urbaine mais qui dans ce petit village du bout de la Gaume a trouvé l’’crin naturel qui lui convient. Cette ampleur, cette durée, cette transposition d’un art fait pour la ville dans la ruralité, a fait la fierté d’un village. Mais son succès est dû principalement à l’existence d’un esprit qui n’a d’équivalent nulle part ailleurs. C’est un esprit d’échange, de respect, de solidarité et d’accueil qui trouve sa source dans les festivals folk du début des années 70 comme Champs
  • 2. 2 la Rivière (photo 3), près de Bastogne, ou le Temps des Cerises, à l’abbaye de Floreffe, là où aujourd’hui se déroule le festival Esperanzah. A l’époque, Bernard Gillain, l’animateur radio, et des chanteurs comme Jofroi ou Julos Beaucarne ont ressenti le besoin d’inscrire la poésie dans le terroir. Ils avaient compris que ce public des campagnes est bien souvent relégué dans les oubliettes de la culture par les grands décideurs mais qu’il est aussi très demandeur. C’est précisément cet esprit-là, cet esprit qui consiste à mettre la culture à portée de la ruralité que j’ai eu envie d’implanter dans la région quand, en 1976, j’ai été engagé par le Foyer Culturel de la Moyenne Semois, qui s’est agrandi aujourd’hui pour devenir le Centre Culturel du Beau Canton. Il y avait déjà Chassepierre. Je veux dire que le festival de Chassepierre existait déjà depuis deux ans. C’est la poétesse Marie Fizaine qui l’avait créé. Ce n’était pas une manifestation d’art de rue mais une réunion de poètes (photo 4 1ère affiche). Il y avait entre autres Georges Linze, Francis André, Yvon Zondag ou encore Jean-Pierre Bissot, l’actuel directeur du Gaume Jazz Festival. Le choix de Chassepierre s’était imposé à Marie Fizaine presque logiquement. Le village, le charme de ce village, appelait sur lui la poésie. Tout se déroulait autour de l’église, cette belle église du début du 18ème siècle qui lui donne une bonne part de son identité. Il y avait des lectures de poèmes, bien entendu, mais aussi la messe des artistes, le bal et le repas pris en commun. Figurez-vous qu’à cette occasion, il avait été prévu de régaler les convives de 100 kg de riz complet. En fin de journée, il en restait 90 dans les casseroles en cuisine. Personne ne connaissait cette étrange nourriture. Personne n’a donc voulu se risquer à en consommer. Mais au-delà de cette anecdote amusante, je voudrais vous faire comprendre que tout n’a pas été facile au début puisque la plupart des portes des villageois sont restées fermées devant l’arrivée de cette poignée de poètes. L’année suivante déjà beaucoup de portes vont s’ouvrir. Deux ans plus tard, quand le premier artiste de rue va se produire à Chassepierre, les habitants viendront à sa rencontre. Ce premier artiste de rue s’appelait Prosper (photo 5). Le Père Prosper. Il parcourait les rues du village et haranguait les gens. Il bousculait leurs certitudes en leur parlant de manière humoristique de la royauté ou en critiquant le gouvernement, ce qui à l’époque et dans ce milieu assez
  • 3. 3 conservateur était une nouveauté. Ce côté piquant était tempéré par une grande gentillesse de l’artiste. Le Festival a su conserver à travers 4 décennies cet aspect, je ne dirais pas provocateur, mais plutôt cette fonction d’interpellation. Parce que l’art, je le pense, est là pour muer les convictions en questions. A partir de ces premières années, l’esprit qui fait la particularité de Chassepierre a subsisté, un esprit de famille et d’échange qui se manifeste notamment tous les dimanches du festival par le verre de l’amitié qui rassemble dans la prairie les habitants, leurs amis et tous les gens qui sont liés au Festival. Le Festival, à travers toute son expansion, malgré les milliers de visiteurs et son succès présent, ne s’est donc jamais éloigné de ses racines. Elles sont son soutien et elles assurent la croissance de l’arbre aux ramures multiples qu’il est devenu. Tout n’a pas été simple, je vous l’ai dit. Le village ne s’est pas ouvert d’emblée à des gens qui lui apparaissaient comme des étrangers. Mais certaines personnes ont contribué à cette ouverture. Des habitants dont la parole était respectée et écoutée dans ce monde paysan aux usages encore très traditionnels il y a une quarantaine d’années. Je pense ici au curé qui vendait son vin à la tablée des artistes mais surtout à cet homme que vous voyez sur cette photo aux côtés du Père Prosper. Il s’appelait Hubert Antoine. Il était à la fois trésorier au Centre Culturel, vétérinaire et inséminateur. Il avait donc accès aux intérieurs des fermes et aux esprits des agriculteurs. D’ailleurs les gens l’accueillaient comme s’il faisait partie de leur famille. Ils l’appelaient très familièrement et très amicalement « L’Hubert ». Eh bien « L’Hubert » a fait féconder dans les esprits pas mal d’idées nouvelles qui ont littéralement ouvert des portes à ce qui jusque-là leur semblait original ou bizarre, ce qui aurait suffi à être un objet de rejet dans un village aussi isolé que l’était Chassepierre à l’époque. C’est grâce à de telles personnes, dévouées à la culture et à leur travail dans lacampagne, que le village a accueilli en son sein les diverses formes d’expression artistiques qui lui étaient proposées, en particulier les arts de la rue, mais aussi les plasticiens et les artisans de création. Ce type d’artisanat, l’artisanat de création (photo 6), en était à ses débuts. Alors que les marchés fermiers et les articles artisanaux sont très à la mode maintenant, Chassepierre a une fois de plus joué le rôle de précurseur. Les artisans sélectionnés (photo6) présentaient des objets
  • 4. 4 confectionnés à partir de matières nobles et naturelles dans un souci d’authenticité. Oui, l’authenticité. L’authenticité, c’est une autre de ces valeurs qui ont fait du Festival de Chassepierre ce qu’il est. L’authenticité, c’est ce qui fait reposer tout l’édifice de la manifestation sur les habitants du village. Ils ont d’abord fondé leur propre Comité des Fêtes en 75-76, puis, en 1986, pour se rendre autonomes par rapport au Foyer Culturel local, ils se sont organisés en ASBL. Pour la présider, le choix s’est porté sur Marc Poncin (photo 7). Il en est toujours le président aujourd’hui, ce qui illustre bien cette continuité et cette fidélité dans l’adaptation et dans l’évolution qui font la force du Festival de Chassepierre. Après la dixième année de ce qui s’appelait la Foire aux Artistes et pas encore la Fête ni le Festival, il restait dans les caisses de la nouvelle association 11 000 francs belges, soit environ 275 € (photo 8). Une somme dérisoire bien sûr. Mais c’était l’argent du village et plus celui d’une autre structure. Ce montant maigrelet n’a pas empêché le Comité de décider de poursuivre l’expérience et de voir où elle mènerait. Cette autonomie dans la gestion de la manifestation allait quant à moi m’obliger à prendre une décision très importante. Après avoir démissionné de mon emploi d’animateur au Foyer Culturel pour me consacrer à la direction du tout nouveau Centre d’Art Contemporain du Luxembourg Belge que j’avais mis en place, le comité de Chassepierre m’a demandé de l’épauler comme directeur artistique avec le statut d’indépendant, ce que j’ai accepté bien volontiers. (photos 9, 10, 11) J’aimerais en quelques mots évoquer devant vous ce Centre d’Art très particulier. Le Centre d’Art Contemporain existe maintenant depuis plus de trente ans avec pour mission, la diffusion et l’intégration des arts plastiques contemporains en milieu rural. Pendant des années, le centre a été nomade. C’est ainsi qu’il organisait ses manifestations dans différents sites patrimoniaux et touristiques de la province du Luxembourg. L’abbaye d’Orval ou encore le village du Livre de Redu par exemple. Il s’est ensuite sédentarisé. Il a trouvé refuge dans un premier temps à la Grange du Faing à Jamoigne pour ensuite être obligé de la quitter après une réorientation dans la politique culturelle locale. A la suite de certaines
  • 5. 5 décisions communales, le centre s’est senti indésirable. Cette incompatibilité a eu d’heureuses conséquences puisque, depuis 8 ans maintenant, le centre d’art développe ses activités sur un site qui allie l’art, la nature et le patrimoine. C’est le site magnifique de Montauban, près du village de Buzenol dans la commune d’Etalle. Dans une vallée, à côté d’un étang et des ruines d’une ancienne forge, des œuvres contemporaines s’intègrent à l’esprit très particulier de ce lieu retiré et hors du temps. Le public y vient en nombre. Plusieurs milliers de visiteurs se déplacent du printemps à l’automne. Il y a bien sûr des gens des alentours mais aussi des vacanciers et des amateurs d’art qui, sur le même week-end, peuvent découvrir le Centre Pompidou de Metz, le Mudam à Luxembourg et ensuite, venir se perdre au fond de la forêt gaumaise pour mieux trouver des formes d’art qui fusionnent avec une nature préservée. Récemment, 4 containers maritimes ont été installés à l’ombre d’un sous-bois. Ils forment une croix ou un signe « plus », offrant un espace idéal et original à l’expression d’artistes plasticiens venus d’horizons géographiques et culturels très divers. Mes collaboratrices et moi avons constaté que le public extérieur, comme par exemple les touristes saisonniers, est très intéressé et positivement étonné de découvrir durant son séjour en Luxembourg belge des œuvres d’art contemporain. Souvent, il ne prend pas le temps de faire ce voyage géographique et artistique durant sa période de travail. Des échanges très enrichissants ont lieu avec ce public. Il est devenu au fil des années l’un de nos meilleurs ambassadeurs. Cette idée du public comme « ambassadeur », c’est aussi celle qui a fait la force du festival de Chassepierre. Revenons donc à Chassepierre, à sa Fête des Artistes, à son public, au village et à ses habitants. Nous les avions laissés au moment où ils étaient fiers d’avoir acquis une certaine autonomie en se fondant en ASBL. Ils allaient être fiers de bien d’autres choses. Surtout de l’existence, au sein même de la Fête, des expositions que tout un village organisait dans les murs de son école. Ces expositions aux thèmes variés concernaient la nature ou encore le patrimoine local. Leur responsable était un spécialiste de la nature gaumaise, du nom d’Alfred Lejeune. Il exerçait la curieuse profession de chef piégeur de rats
  • 6. 6 musqués. Son père, originaire de Chassepierre avait une vision très universelle de son village. C’est lui qui a implanté la mappemonde qui regarde Chassepierre depuis le panorama de la route entre Bouillon et Florenville. C’est lui aussi qui est à l’origine de la fondation de Chassepierre en tant que village mondialisé, le premier du genre en Belgique. Le Conseil Communal s’était réuni un jour et avait déclaré que si une guerre éclatait, quel que soit l’adversaire, jamais Chassepierre n’enverrait l’un de ses enfants tuer ou se faire tuer. C’était une déclaration forte et assez utopique mais qui révélait bien l’esprit d’un village et sa capacité d’accueil d’une Fête telle que la Fête des Artistes. J’en viens aux artistes précisément. Les artistes qui sont la deuxième composante à partir de laquelle le Festival est devenu ce qu’il est. Ce sont des artistes de rue. Les arts de la rue se fondent sur une longue tradition qui remonte au Moyen-Age mais ils ont réapparu sous des formes nouvelles après le grand mouvement de libération des esprits qu’a été mai 68. Des artistes ont désiré amener la culture dans la rue et aller à la rencontre du public plutôt que de l’attendre dans des salles. Les arts de la rue mêlent des disciplines qui traditionnellement étaient séparées, je veux parler du cirque, de la danse, du théâtre, de la musique, des marionnettes ou encore des arts plastiques. Ce mélange rend les spectacles créés très originaux. Ils restent abordables au plus grand nombre tout en ne se limitant pas à un simple divertissement. Si les spectateurs veulent bien les voir et bien les vivre, ils vont, en plus de les faire rire, de les émouvoir ou de les réjouir, les interroger et les questionner sur ce qu’ils sont, eux et la société qui les entoure. Exactement, mais en plus complexe, comme notre Père Prosper des débuts. Au départ, ces artistes étaient des amateurs. Puis, après leur reconnaissance officielle, ils se sont professionnalisés. L’une des premières compagnies professionnelles renommée qui s’est produite à Chassepierre a été le Théâtre de l’Unité, avec son spectacle « La Femme- Chapiteau ». (photo 12) C’était en 1981. Une femme haut perchée haranguait la foule par-dessus une jupe très large qui formait un chapiteau bigarré. Elle voulait du mâle, des hommes, des vrais. Et elle voulait que ces mâles pénètrent sous sa jupe-chapiteau. Là, ils verraient ce qu’ils verraient. Et ce qu’ils verraient, maintenant qu’il y a prescription je peux bien vous le dire. Ce qu’ils voyaient, c’étaient 2 maquettes de Vérone et 2 troupes de souris, des noires et des blanches, qui représentaient les 2
  • 7. 7 familles rivales, les Montaigu et les Capulet. Vu sous cet angle, de sous les jupes d’une femme, la tragédie était très drôle. Le mâle sortant avait interdiction de dire ce que l’intimité de cette femme lui avait révélé. Si bien qu’un jour, peu après la fin du Festival, j’ai reçu une lettre du président du centre culturel qui relayait soi-disant les propos d’une dame outrée par le fait que de tels spectacles, je cite « pornographiques », puissent être présentés dans les rues du village. Cette lettre était elle-même très drôle. Mais elle m’a confirmé dans l’option de proposer chaque année quelques spectacles qui pourraient questionner le public et remettre en cause des idées trop bien ancrées. D’une dizaine d’artistes à l’origine, pour la plupart issus des environs, le Festival accueille à présent une cinquantaine de compagnies venues des horizons les plus divers et parfois les plus lointains, comme le Japon, la Turquie ou encore la France (photos 13, 14, 15) Tous sont accueillis lors de leur arrivée, nourris et aidés pendant leurs spectacles par des bénévoles, une petite troupe fidèle qui se retrouve une fois par an et qui forme avec les habitants les plus impliqués ce que j’appelle la famille Chassepierre. De nombreuses associations locales, comme les clubs sportifs ou les clubs de jeunes, participent aussi au Festival en tenant certains bars, en étant aux parkings ou aux entrées. Il est important de souligner que le Festival travaille en collaboration avec ces associations et qu’il les rétribue. En effet, le Festival ne demande aucune aide aux commerces de la région. Il n’a recours qu’à des sponsors régionaux ou nationaux, (photo 16 affiche) certes dans le but de s’assurer des rentrées financières, mais aussi pour ne pas risquer de porter atteinte au monde associatif local. Là encore, il est question de respect du milieu dans lequel le Festival a grandi. Ses moyens, le Festival les trouve donc dans le sponsoring et dans les subventions que lui octroient les divers pouvoirs publics, la commune, la province, la Région wallonne et la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pour la petite histoire, il faut savoir que le budget global du Festival est passé de 750 € en 1976 à 650 000 € en 2015. Mais au-delà des chiffres bruts, il est surtout important de noter qu’à aucun moment et à aucun niveau, le Festival n’est noyauté par le monde politique. Les politiques sont des courroies de transmission qui servent à obtenir certaines aides matérielles ou financières mais ils n’ont aucun pouvoir de décision sur la tenue du Festival. L’ASBL s’est créée il y a 30 ans dans un souci d’indépendance et
  • 8. 8 désire se tenir en dehors des influences et des jeux de pouvoir. Je tiens à redire ici que le Festival de Chassepierre est une manifestation avant tout culturelle et qu’il doit le rester. D’ailleurs il dispose d’une autre source de financement que celles que je viens de mentionner. C’est d’ailleurs sa ressource principale. Je veux parler du prix d’entrée que paye le public pour assister aux spectacles. Dans les années 70, l’entrée à la Foire des Artistes était volontaire. La participation financière du public était sollicitée par la vente d’autocollants. Mais les temps ont changé. Il est impossible de procéder encore de cette manière. Des prix fixes sont demandés en prévente ou aux entrées. 67 % du budget provient de ces sommes contre 33 % qui sont fournis par les pouvoirs publics. Voilà pourquoi Chassepierre est un festival payant. C’est pour s’assurer une autonomie vis-à-vis des modes de financements publics. Il est impératif cependant que le prix d’entrée reste abordable. S’il a quelque peu augmenté ces dernières années, il pourrait tout aussi bien baisser dans l’avenir. Chassepierre n’est pas une manifestation qui recherche le profit à n’importe quel prix ni même qui sent l’argent. Le Festival ne vise d’ailleurs pas un accroissement continuel du nombre de ses spectateurs mais à se stabiliser autour d’un accueil de 25 à 30 000 personnes par an. J’aimerais illustrer cette absence d’ambition lucrative par un exemple. Il y a 3 ans, si vous vous souvenez, une forte canicule s’était abattue sur le pays. La température avait atteint un pic de 38° à l’ombre et Chassepierre est un village sans ombres. Des mesures rapides et efficaces (photo 17) ont dû être prises avec le concours actif de l’ancien bourgmestre de Florenville. Le débit d’eau dans les canalisations a été accru par les autorités wallonnes, des robinets ont été installés et ouverts dans les rues, des berlingots d eau froides de la Protection Civile ont été distribués au public, des pulvérisateurs ont été achetés dans l’urgence. Le montant de toutes ces mesures a été chiffré par la suite entre 6000 et 7000 € à la charge du Festival. Mais elles étaient indispensables pour le bien- être du public. Elles ont donc été prises sans tenir compte de leur coût. Ce n’était pas le premier effet recherché, mais ces mesures se sont avérées excellentes au niveau de la communication. Le bouche-à- oreille a vanté l’accueil extraordinaire réservé au public. Le Festival est sorti de cette expérience avec une image qui correspond à sa réalité, celle du respect de tous et de ses spectateurs en particulier.
  • 9. 9 Pour les rallier chaque été, pour qu’ils reviennent ou qu’un nouveau public soit attiré, la mise en place d’une communication structurée en devenue indispensable. A ses débuts, la Foire des Artistes se faisait connaître par des articles dans la presse locale ou par de grandes affiches dont une, réalisée par Jean-Claude Servais alors qu’il n’était pas encore l’auteur de bandes dessinées renommé qu’il est devenu. C’était déjà un premier pas en vue de faire de Chassepierre autre chose qu’une manifestation locale ou régionale. Aujourd’hui, le Festival s’est associé et a fidélisé de fortes relations avec des médias nationaux. Le journal « Le Soir » permet de toucher un public plus vaste que la presse écrite de la province, notamment celui de Bruxelles. La RTBF, radio et télévision avec la Une et la Première, est aussi un partenaire de longue date. Les sollicitations de la concurrence n’ont pas manqué mais elle ne semblait pas correspondre au public que le Festival souhaitait atteindre en priorité et le comité a décidé de garder sa confiance à la chaîne publique. De nos jours, les spectateurs viennent de plus en plus loin, de France, du Grand-Duché, des Pays-Bas. Parfois de pays plus éloignés encore. Ils logent dans les hôtels, les gîtes, les chambres d’hôtes et les campings (photo 18) qui sont mis à leur disposition et mangent dans les restaurants des environs. Ils restent plusieurs jours sur place et contribuent ainsi à faire fonctionner le secteur touristique de toute une région. Il serait presque possible de ne pas parler du public mais des publics de Chassepierre. Les gens sont de tous âges, de moins de 7 à plus de 77 ans et de toutes conditions sociales. Certains se transmettent le Festival comme un cadeau de famille depuis 3 générations (photo19). Voici d’ailleurs une photo prise cette année qui montre un couple qui avait souhaité fêter ses 60 ans de mariage à Chassepierre!) Chassepierre a su fidéliser ses publics sur la durée mais accueille également chaque année de nouveaux découvreurs de rêve. Malheureusement, à ce jour, aucun outil professionnel n’existe pour mesurer précisément les retombées touristiques et économiques d’une telle manifestation. Nous espérons toutefois que ce vide sera comblé très prochainement. Parce que, contrairement au centre d’art à Montauban où un rapport direct existe avec le public, il est difficile pour le festival de Chassepierre, compte tenu de leur nombre et de leur diversité, de connaître les provenances exactes de ses festivaliers.
  • 10. 10 Chassepierre a la chance de posséder un public respectueux et le plus souvent initié aux arts de la rue. L’ambiance générale est paisible grâce à cette foule composée de milliers d’individus qui savent que le Festival les prend tous en considération. Des infrastructures (photos 20 et 21) sont mises en place pour leur accueil, certaines qui ne sont que provisoires comme ce chapiteau Duvel qui est une voile dans la prairie, d’autres qui sont plus durables, comme la passerelle permanente qui enjambe la Semois depuis 2013. Cette passerelle (photo 22) contribue à fluidifier la circulation des spectateurs pendant le Festival et représente un nouvel atout touristique pour le village et la région tout au long de l’année. La vue sur l’église y est d’ailleurs superbe. Elle a été construite sur l’assise d’un ancien pont détruit en 1940, ce qui a permis de préserver un patrimoine menacé. Ce lien entre deux rives ne porte pas atteinte à l’aspect rural du lieu mais au contraire le souligne parfaitement. Il en est de même des moyens techniques de plus en plus sophistiqués déployés pendant le Festival qui ne doivent pas prendre le pas sur l’esprit du village. L’authenticité ici encore doit primer et la culture doit s’y intégrer. C’est ainsi qu’il subsiste un chemin protégé, un chemin de terre le long duquel aucun spectacle n’a lieu, un chemin le long duquel le public de passage est applaudi par des moutons, des chèvres ou des vaches (photo 23) dans leur pré. Ce chemin est également bordé d’un imposant tas de bois, l’un de ceux qu’il serait inimaginable de rencontrer dans une ville. Les banderoles et calicots de nos sponsors sont déployés avec parcimonie pour ne pas porter préjudice au site ni à son esprit. C’est tout cela qui contribue à faire apprécier au public ce week-end privilégié dans une ruralité ouverte. Je tiens à préciser que la même attention est portée par le centre d’art à la préservation de l’esprit du site naturel et historique de Montauban. Le jour des 10 ans de ce qui était alors la Fête des Artistes, c’était il y a plus de 30 ans, je me souviens que sa fondatrice Marie Fizaine m’avait dit « L’important n’est pas de commencer mais de continuer. » Toute la famille Chassepierre a agi dans ce sens. L’avenir du Festival est en train de se façonner. De nouvelles prairies ont été acquises récemment par l’ASBL ainsi qu’un grand hangar qui sert d’entrepôt pour le matériel de sonorisation et d’éclairage. Les finances du Festival ont permis ces achats avec l’aide des pouvoirs publics. Une nouvelle collaboratrice nous a rejoints en 2012.
  • 11. 11 Charlotte Charles-Heep (photo 24) est depuis lors devenue la nouvelle directrice artistique de la manifestation. Mais l’avenir se façonne dans le respect du passé et de l’esprit du village. L’anniversaire des 40 ans a été l’occasion pour tous de dérouler le récit d’une histoire commune. Un livre de plus de 300 pages a été publié aux éditions Weyrich (photo 25). Ce livre retrace la vie du Festival racontée par son premier artiste de rue, le Père Prosper. Cet objet littéraire renoue le lien avec les premiers poètes qui avaient hanté les rues de Chassepierre (photo 26). Charlotte elle-même a pris possession de l’esprit du Festival en retraçant son histoire. Elle a écrit une gazette hebdomadaire pendant 40 semaines, à raison, vous l’aurez compris, d’une année de la manifestation par exemplaire publié. Ce retour en arrière permet aujourd’hui à Charlotte d’imprimer sa propre personnalité sur le contenu du Festival, par le choix des spectacles et leur inscription dans le lieu, tout en respectant son autonomie, son authenticité et son esprit. Je garde pour l’instant auprès d’elle un rôle de consultant. Charlotte va faire évoluer Chassepierre vers de nouvelles formes artistiques, qui intégreront notamment le numérique. L’accent sera mis de plus en plus sur l’aspect durable du Festival et sur le respect de l’environnement. Enfin de nouvelles perspectives vont s’ouvrir à lui puisqu’il va s’associer à d’autres festivals des arts de rue européens. Mais toujours le désir sera présent d’apporter la culture dans des lieux qu’elle oublie et de rapprocher deux univers distants, celui des villes et celui de la ruralité. Voici brossé en quelques mots le portrait de deux institutions qui marquent de leur empreinte le monde rural et qui contribuent par leur souci d’authenticité, la qualité des oeuvres et des spectacles à réunir un public régional mais aussi national et international. Ces deux expériences montrent combien des actes culturels originaux participent au développement touristique et à l’image positive d’une région comme la province de Luxembourg.