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J'étais à l'aube de la plus grande découverte de l'humanité, j'avais
inventé le téléporteur ! Et je m'aprêtais à le tester. Le compte à rebours
commençait : Cinq, quatre , trois, deux, un...
Une sensation de froid très désagréable me tira du sommeil. Je me
levai, j’étais dans l’eau. Je ne comprenais rien. Je me souvenais… d’un
tunnel de vent, du bruit de quelque chose qui tombe puis plus rien, le trou.
Je regardais autour de moi. J’étais sur une plage et je flottais à quelques
mètres au-dessus du sol. Deux hautes tours en pierre me faisaient face, se
détachant sur un ciel bleu immaculé. Sur leur sommet était visible un
plateau délimité par des rochers pointus. Au-delà, une épaisse forêt
s’étendait jusqu’à d’immenses montagnes. Je tentai de faire quelques pas
sur le sable en direction de deux petites boîtes noires, en vain. Je ne
pouvais poser pied à terre. Je réfléchi… Si j’étais dans l’eau, peut-être
pouvais-je nager ! Je tentais quelques mouvements maladroits qui me
permirent de me rapprocher des boîtes noires. L’une était ouverte et
laissait entrevoir des câbles électriques, l’autre était intacte, une ampoule
rouge clignotant sur sa face supérieure. C’était mon téléporteur, mais il
était inutilisable. Comment allai-je pouvoir rentrer chez moi ? Comment
quitter cette île étrange ou semblait se mêler le ciel et la mer ? Je décidai
de nager (ou voler ?) au plus haut pour tenter de me repérer.
Je montais vers le ciel, en brasse coulée. L’île toute entière se dévoilait à
mes yeux. La vue était sublime : la forêt était d’un vert extraordinaire,
tantôt pomme tantôt émeraude, et devait bien s’étendre sur plusieurs
hectares. A sa suite, je vis quelque chose qui ressemblait à un bosquet de
flammes violettes. Puis des rivières, des plaines, ce qui ressemblait à une
mer intérieure, un gouffre obscure derrière lequel des collines
s’enchaînaient.
Des montagnes formaient un horizon hérissé. De nombreuses cascades
dégringolaient des hauteurs et terminaient leurs courses en lacs. ça et là,
des geysers se montraient arrosant toutes choses alentours. Je restais
flottant, à admirer ce paysage pendant plusieurs minutes lorsque soudain,
un terrible tremblement de terre ébranla ce monde magnifique. Je tombais
lentement vers la terre quand il se mit à neiger.
J’atterri en douceur sur un arbre de la forêt. Il était couvert de
neige et j’étai étonné que les flocons ne fondent pas au contact de ma peau.
Un grand silence s’était abattu sur l’île, lorsque un nouveau
tremblement de terre me pris par surprise. Je fus jeté à bas de l’arbre et me
retrouvais sur le sable blanc… comme neige. Des flocons virevoltaient de
nouveau, puis le ciel redevint aussitôt bleu.
Ce monde était trop instable. Cette île ne menaçait-elle pas de se détruire ?
Etait-elle volcanique ? Il fallait que je la quitte, au plus vite, et me mis à
courir en direction de la mer, à travers la plage. Le choc fut rude et me
projeta sur les fesses. Mon nez irradiait de douleur. Je me redressai,
avançai prudemment, mains en avant. Mes paumes ouvertes entrèrent en
contact avec une surface lisse et invisible.
Tout à coup une voix tonitruante sortie de Dieu sait où, et se mit à geindre
d’un air dégoûté :
« Maman ! Il y a une bête dans ma boule à neige ! »

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  • 1. J'étais à l'aube de la plus grande découverte de l'humanité, j'avais inventé le téléporteur ! Et je m'aprêtais à le tester. Le compte à rebours commençait : Cinq, quatre , trois, deux, un... Une sensation de froid très désagréable me tira du sommeil. Je me levai, j’étais dans l’eau. Je ne comprenais rien. Je me souvenais… d’un tunnel de vent, du bruit de quelque chose qui tombe puis plus rien, le trou. Je regardais autour de moi. J’étais sur une plage et je flottais à quelques mètres au-dessus du sol. Deux hautes tours en pierre me faisaient face, se détachant sur un ciel bleu immaculé. Sur leur sommet était visible un plateau délimité par des rochers pointus. Au-delà, une épaisse forêt s’étendait jusqu’à d’immenses montagnes. Je tentai de faire quelques pas sur le sable en direction de deux petites boîtes noires, en vain. Je ne pouvais poser pied à terre. Je réfléchi… Si j’étais dans l’eau, peut-être pouvais-je nager ! Je tentais quelques mouvements maladroits qui me permirent de me rapprocher des boîtes noires. L’une était ouverte et laissait entrevoir des câbles électriques, l’autre était intacte, une ampoule rouge clignotant sur sa face supérieure. C’était mon téléporteur, mais il était inutilisable. Comment allai-je pouvoir rentrer chez moi ? Comment quitter cette île étrange ou semblait se mêler le ciel et la mer ? Je décidai de nager (ou voler ?) au plus haut pour tenter de me repérer. Je montais vers le ciel, en brasse coulée. L’île toute entière se dévoilait à mes yeux. La vue était sublime : la forêt était d’un vert extraordinaire, tantôt pomme tantôt émeraude, et devait bien s’étendre sur plusieurs hectares. A sa suite, je vis quelque chose qui ressemblait à un bosquet de flammes violettes. Puis des rivières, des plaines, ce qui ressemblait à une mer intérieure, un gouffre obscure derrière lequel des collines s’enchaînaient. Des montagnes formaient un horizon hérissé. De nombreuses cascades
  • 2. dégringolaient des hauteurs et terminaient leurs courses en lacs. ça et là, des geysers se montraient arrosant toutes choses alentours. Je restais flottant, à admirer ce paysage pendant plusieurs minutes lorsque soudain, un terrible tremblement de terre ébranla ce monde magnifique. Je tombais lentement vers la terre quand il se mit à neiger. J’atterri en douceur sur un arbre de la forêt. Il était couvert de neige et j’étai étonné que les flocons ne fondent pas au contact de ma peau. Un grand silence s’était abattu sur l’île, lorsque un nouveau tremblement de terre me pris par surprise. Je fus jeté à bas de l’arbre et me retrouvais sur le sable blanc… comme neige. Des flocons virevoltaient de nouveau, puis le ciel redevint aussitôt bleu. Ce monde était trop instable. Cette île ne menaçait-elle pas de se détruire ? Etait-elle volcanique ? Il fallait que je la quitte, au plus vite, et me mis à courir en direction de la mer, à travers la plage. Le choc fut rude et me projeta sur les fesses. Mon nez irradiait de douleur. Je me redressai, avançai prudemment, mains en avant. Mes paumes ouvertes entrèrent en contact avec une surface lisse et invisible. Tout à coup une voix tonitruante sortie de Dieu sait où, et se mit à geindre d’un air dégoûté : « Maman ! Il y a une bête dans ma boule à neige ! »