Les enjeux de la formation du citoyen à l'éclairage du numérique.
À destination des profs docs et des CPE du bassin de St-Germain, académie de Versailles
2. La question centrale
des missions de l’école
• Le « c’était mieux avant » reste l’argument ultime du débat sur l’éducation
• Le contexte :
– La société a changé
– Les jeunes ont des pratiques numériques massives, ils n’ont pas grand-chose à
voir avec leurs aînés
– La mission traditionnelle assignée à l’école de transmission de connaissances,
l’héritage culturel qui passe d’une génération à l’autre, est en train, sans
disparaître totalement, de s’estomper
– L’école a pour mission de répondre, d’une manière ou d’une autre, aux
besoins de l’économie et ainsi de préparer les jeunes au monde du travail…
Oui, mais quel travail, et quelles compétences pour ces besoins ? Qui le sait ?
3. Préparer les élèves à apprendre à coopérer, à
collaborer, à être acteurs et producteurs
• Emmanuel Davidenkoff : « Combien de temps faudra-t-il pour que
l’enseignement scolaire comprenne que les entreprises attendent
des jeunes diplômés qu’ils sachent coopérer ? »
• La mission fondamentale : former des citoyens
– Le nouveau privilège historique d’accéder à l’exercice complet de
droits fondamentaux
– Développer toutes les formes de démocratie scolaire, de l’école
maternelle à l’université, prendre l’avis des élèves mandataires
– Développer autonomie, initiative, capacité au travail de groupe,
émancipation, sens critique, accès à l’information et aux médias,
responsabilité, participation à la construction de règles de vie et de
conventions communes, engagement
http://www.lexpress.fr/education/l-ecole-du-futur-passera-par-la-pedagogie-
cooperative_1312770.html
4. Quelles compétences numériques
pour demain ?
• « C’est une nouvelle responsabilité pour l’École :
faire acquérir aux élèves les savoirs et les
compétences qui leur permettront de vivre
demain en citoyens libres et responsables,
autonomes et créatifs, capables de collaborer, de
participer et d’échanger, ayant acquis une
maîtrise suffisante des nouveaux langages et
modes d’expression et de production induits par
les outils numériques »
http://forum.ecolenumerique.education.gouv.fr/
5. Des compétences fondamentales
• L’esprit critique pour ne pas être influencé et penser par soi-même
– Production de contenus
– Évaluation de l’information et de son traitement
• La créativité pour développer l’innovation et encourager
l’expression citoyenne
– Publication
– Confrontation de son opinion à celle des autres
– Programmer, concevoir, développer
• La communication interculturelle car l’Internet n’a pas de frontières
et il permet d’échanger
6. Publier, une nouvel apprentissage
• Olivier Ertzscheid : « [Il devient nécessaire d’]enseigner l'activité de
publication et [d’]en faire le pivot de l'apprentissage de l'ensemble des
savoirs et des connaissances, avec la même importance et le même soin
que l'on prend, dès le cours préparatoire, à enseigner la lecture et
l'écriture, apprendre à renseigner et à documenter l'activité de publication
dans son contexte, dans différents environnements »
• Bernard Stiegler : « La démocratie est toujours liée à un processus de
publication - c'est à dire de rendu public - qui rend possible un espace
public : alphabet, imprimerie, audiovisuel, numérique »
7. Un peu d’histoire
• Faire savoir au-delà des cercles de proximité
– Temps, distance
– Scribes égyptiens sur pierre et papyrus
– Moines copistes
• L’imprimerie, première technologie subversive
– Chacun peut accéder à la connaissance
– Cet accès réel à pouvoir lire pour chaque citoyen n’a eu
lieu qu’avec l’école
– Freinet
8. Internet et le numérique
• Internet, deuxième technologie subversive
• Chacun peut écrire
• Chacun peut accéder à l’exercice d’un droit fondamental, la
liberté d’expression
• Un droit mais non opposable (pas d’atteinte à la liberté
d’expression)
• Rendre ses opinions publiques, les confronter à la critique
d’un auditoire universel
• Gratuit, facile (réseaux sociaux, blogs, commentaires)
9. Publier, après lire, écrire et compter
• Publier, une nouvelle compétence fondamentale
(voir socle)
• Cela doit s’apprendre à l’école, comme l’exercice
de la liberté d’expression
• Un choc culturel, une chance, un privilège, un
nouvel enjeu éducatif
• Personne ne s’en remet vraiment (institutions,
médias, école)
10. Benjamin Bayart : « Les problèmes qui se posent sont beaucoup
plus fondamentaux. S’exprimer en public est quelque chose de
compliqué, qu’on ne peut pas apprendre tout seul en bricolant
sur un logiciel. Ça, c’est un boulot de prof de français, de prof de
philo, ça peut s’apprendre tout petit... Savoir qu’on ne dit pas la
même chose sur Facebook devant tout le monde que ce qu’on
dit dans la cour de récré ou entre copains, ça s'apprend. Et ça
me parait être un enjeu beaucoup plus structurant que le fait de
savoir écrire dix lignes de HTML »
http://www.nextinpact.com/news/88717-interview-initier-enfants-au-code-pas-urgent-
selon-benjamin-bayart.htm
11. • Les journaux scolaires, le droit de
publication
• Les blogues
• Les réseaux sociaux
• La censure, le procès, la répression,
l’absence de réponse éducative
• Les règlements intérieurs fixent les
modalités de l’exercice des droits à
s’exprimer (contradictions avec la loi
parfois)
• La vie lycéenne, la vie collégienne, la
vie écolière
http://www.culture-numerique.fr/?p=222
http://www.culture-numerique.fr/?p=1400
L’expression des
élèves
14. Nouvelles pratiques citoyennes
• Choc, basculement culturel, sociétal
• Se connecter, publier, créer, partager, contribuer, s’entraider, co-construire,
échanger
• Le co et le trans
• Le nous est plus important que le je
• Chaque citoyen, chaque jeune citoyen peut être acteur et producteur plutôt que
consommateur ou usager
– Renverser la logique du vocabulaire et sortir de la sclérose de l’outillage et des usages
• Chaque citoyen, chaque jeune citoyen peut devenir média et prendre part au
débat
• Prise de contrôle des citoyens et remise en cause des médiations
• La crise de l’autorité, de la représentation
• L’école est concernée au 1er chef
15. Petite histoire de l’expression
sur Internet
• Septembre sans fin
• Les débuts de l’Internet
• La nécessité de réfléchir
à des repères et de
définir des convenances
• La nétiquette,
document négocié
16. Le septembre sans fin de l’école
• Les skyblogs 2002 mais surtout
2005
• 32 millions de blogs et 4,4
milliards de commentaires
• La France, championne du
Monde
• « Au collège, si tu n’avais pas
de blog, ça voulait dire que ta
vie sociale était pourrie »
• « C’était un espace de liberté,
une échappatoire bienvenue »
http://apps.rue89.com/2014-sky/
17. Incompréhension et répression
• Déni, sanctions, exclusions, répression
• La confrontation de l’école avec l’Internet et sa réalité
de l’universalité de la diffusion
18. La non-réponse éducative
• Quelques heureuses initiatives : les
mémotices
• Les chartes d’usage
• Le renforcement des règlements intérieurs
• Internet responsable
• B2i
• Les initiatives collatérales (CNIL, Hadopi,
CSA, France TV, Canopé, RSF…)
• Clemi ?
• Et aujourd’hui, Facebook, Twitter, Snapchat,
Instagram, Whatsapp, Ask.fm, Yax…
19. 10 ans après les skyblogs
http://www.la-croix.com/Famille/Education/Dans-les-lycees-les-reseaux-sociaux-sous-
surveillance-2013-05-22-963111
20. L’éducation aux médias et à l’information
dans la stratégie numérique
• Objectifs
– « Permettre aux élèves d'exercer leur citoyenneté dans une société de
l'information et de la communication, former des « cybercitoyens »
actifs, éclairés et responsables de demain »
– « Permettre la compréhension et l'usage autonome des médias par les
élèves et les enseignants qui sont à la fois lecteurs, producteurs et
diffuseurs de contenus »
• Comment ?
– Un cadre de référence sera élaboré…
– Le CSP sera missionné pour proposer les modalités d'intégration de
l’ÉMI dans les programmes et le socle commun
http://eduscol.education.fr/cid72525/education-aux-medias-information.html
21. Éducation aux usages responsables
d’Internet et des réseaux sociaux
• Une refonte du B2i avec la rénovation de ses compétences au lycée,
point de départ d'une rénovation de l'ensemble des trois niveaux du
B2i
• L'organisation, dans chaque établissement, de réunions
d'information/formation à destination des enseignants et des parents
sur l'usage responsable d'internet et des réseaux sociaux dès la rentrée
• La mise à disposition des chefs d'établissement et des équipes
pédagogiques d'un guide pratique de prévention et de gestion des
situations problématiques quand le climat scolaire est troublé par les
nouveaux médias (« cyberharcèlement » de nature xénophobe,
sexiste, raciste, homophobe, diffamatoire, etc.)
22. Une ÉMI rénovée et distribuée ?
• À la lumière de l’actualité
• 15 janvier au Sénat :
– David Assouline : « Ne faudrait-il pas un apprentissage à l'école, dès six
ans, du décryptage des médias, de l'image, du traitement de
l'actualité ? »
– Najat Vallaud-Balkacem : « Je partage votre préoccupation. L'école doit
développer l'esprit critique et la liberté de jugement des enfants, leur
apprendre à faire le tri entre information et rumeur […] L'éducation
aux médias sera comprise dans l'enseignement moral et civique que
j'ai évoqué, à raison d'une heure par semaine. »
• Qui s’en charge ? À quel niveau ? Sur quels horaires ?
http://www.senat.fr/cra/s20150115/s20150115_2.html#par_338
23. Une ÉMI en prise avec l’actualité
• Liberté de conscience, liberté d'expression : outils pédagogiques pour réfléchir et
débattre avec les élèves
• Une compétence nécessaire aux enseignants et aux chefs d’établissement : savoir
organiser un débat
• Une autre compétence nécessaire : savoir déjouer les théories du complot, exercer
sa raison
• Les valeurs de l’école de la République : laïcité, égalité, liberté(s)
• La liberté d’expression doit impérativement s’enseigner
http://www.liberation.fr/monde/2015/01/17/apres-charlie-hebdo-la-theorie-du-
complot-relancee_1182921
https://www.internet-signalement.gouv.fr/
http://eduscol.education.fr/cid85297/liberte-de-conscience-liberte-d-
expression-outils-pedagogiques-pour-reflechir-avec-les-eleves.html
25. Les terminaux numériques des jeunes :
smartphones et tablettes
• Des pratiques numériques massives
– Un téléphone qui ne sert pas à
téléphoner
– De riches pratiques sociales et
médiatiques
– L’accès à des connaissances multiples
– Jamais les jeunes n’ont autant écrit
– Sous la table, sous la couette
• BYOD
• Le mépris
• Les examens, le baccalauréat
• Le scandale du filtrage et de la
censure
• 41 % des enfants et adolescents de
12 à 17 ans disposent d’une tablette
http://www.cgeiet.economie.gouv.fr/Rapports/DTIC-2014-presentation.pdf
26. Modifier les règlements intérieurs des lycées
Règles de vie commune
L’usage des terminaux personnels mobiles numériques par les élèves est libre et autorisé dans l’ensemble des espaces du lycée, dans les couloirs et salles comme dans la cour. Il constitue, dans
bien des cas, un apport non négligeable aux apprentissages qui doit être encouragé.
On distinguera cependant, selon les lieux, des conventions d’usage différentes.
En classe
Il va de soi que les enseignements en classe nécessitent attention et disponibilité qui ne sont pas compatibles avec l’usage personnel d’un téléphone mobile. C’est la raison pour laquelle les
élèves s’abstiendront de la mise en œuvre de certaines fonctionnalités (musique, photographie, échanges téléphoniques ou par textos, échanges sur les réseaux sociaux, consultation du web,
etc.) sauf autorisation expresse du professeur responsable.
Il en va de même des ordinateurs portables et tablettes dont l’usage en classe est réservé à la seule saisie de notes. De même que pour les téléphones mobiles, les élèves s’abstiendront avec ces
outils de faire usage d’autres services, sauf s’ils sont autorisés à le faire à la demande du professeur.
Hors la classe
Dans les lieux de circulation et de détente, il est préférable que les appareils numériques de grande taille, tablettes et ordinateurs, soient rangés dans leur sacoche.
En revanche, il est permis de se servir des téléphones mobiles, des smartphones ou des baladeurs, y compris pour des usages personnels, dans le respect du voisinage et des activités
pédagogiques en cours.
Formation des élèves
Dans la majorité des cas, l’ensemble des fonctionnalités offertes par l’appareillage numérique, quel qu’il soit, contribue à enrichir la pédagogie et les apprentissages. Néanmoins, dans certains
cas, un usage excessif ou intrusif peut aboutir à dégrader sensiblement les relations dans la classe entre les élèves ou avec les adultes, professeurs ou personnels administratifs du lycée.
C’est pourquoi, avec l’aide des élus de la vie lycéenne et des représentants des parents, des temps de formation seront proposés chaque début d’année à tous les membres de la communauté
éducative pour comprendre, expliquer et intégrer les règles de vie ci-dessus. Un moment particulier sera consacré aux responsabilités de chacun pour respecter et faire respecter un certain
nombre de droits fondamentaux (image, intimité, lieux de silence et de calme, temps de concentration et de réflexion, santé…).
Mise à jour de ces règles de vie
En fin de chaque année scolaire, le bilan du bon fonctionnement de ces règles de vie commune sera fait, en liaison avec les représentants des diverses composantes de la communauté éducative,
dont les élus lycéens de la vie lycéenne et des représentants des délégués. Des propositions seront éventuellement faites pour faire évoluer ces conventions, à la lumière des usages existants et
des progrès techniques, les soumettre pour avis au Conseil de la vie lycéenne et à la commission permanente avant d’être portées au vote du Conseil d’administration.
Égalité
Pour respecter l’égalité des élèves quant aux enseignements qui leur sont dus, ceux qui en seraient dépourvus pourraient se faire prêter par le lycée, de manière non durable, des appareils
numériques du type tablette leur permettant la saisie de notes et l’accès à des documents pédagogiques en ligne.
Sanctions
Contrevenir à ces règles de vie commune expose à des sanctions prévues par ailleurs au règlement intérieur.
27. La censure des pratiques
• La représentation de soi, la présence, la notoriété
• La vie privée et l’identité numérique, des
problèmes de vieux c..
• Les données personnelles et l’intimité
• La copie, le copier-coller, le plagiat
• le travail collectif et son évaluation
• La contestation de la légitimité
http://www.culture-numerique.fr/?p=120
http://www.culture-numerique.fr/?p=2250
28. Le droit à l’oubli
• Une fausse bonne idée
• Yann Leroux : « Effacer les traces laissées en ligne, c’est leur donner une importance qu’elles
n’ont en général pas. C’est faire peser sur des actes d’enfants des valeurs d’adulte. C’est nier
que cette expérimentation a eu en son temps de la valeur. C’est empiéter sur ce temps
d’exploration de soi dont les adolescents ont besoin. C’est sacrifier les fragiles
expérimentations de soi sur l’autel de l’appropriation des valeurs familiales et sociales »
• Yann Leroux : « Le droit à l’oubli transforme les mises en scène de soi
en réalités condamnables ou honteuses »
• Serge Tisseron : Il serait dangereux de laisser grandir nos enfants avec l’idée d’un effacement
facile de traces qu’ils ont délibérément pris la décision, à un moment donné, de rendre
visibles. Leur apprendre, âge par âge, à s’autoréguler. Car l’éducation, la vraie, ne consiste
pas à guider et à protéger l’enfant, mais à lui apprendre à s’autodiriger et à s’autoprotéger. »
http://libertescheries.blogspot.fr/2015/01/google-et-le-droit-loubli-une.html
http://psychologik.blogspot.fr/2012/12/le-droit-loubli-une-fbi.html
http://www.culture-numerique.fr/?p=228