Présentation réalisée par le Dr Jean-Marc RETBI, pédiatre, lors de la conférence consacrée aux allergies qui s'est déroulée à Courbevoie le 14 juin 2017.
1. Pathologies allergiques
du jeune enfant
Dr J-M RETBI
Réunion du 14 juin 2017
Allergies alimentaires
Eczéma constitutionnel
(Asthme du nourrisson)
2. Allergies alimentaires
Allergie alimentaire
• 2 phases
• 1) Sensibilisation
• 1ere rencontre avec l’allergène
réponse immunitaire d’un type
particulier
• 2) Réaction allergique
• 2e rencontre avec l’allergène
réaction allergique, qui peut être
immédiate ou retardée.
• Il en sera de même à
chaque nouvelle rencontre
avec l’allergène.
Intolérance alimentaire
• On peut être allergique au
blé/ intolérant au gluten
(dérèglement auto-immun)
• On peut être allergique aux
protéines du lait de vache/
intolérant au lactose (déficit
enzymatique)
3. Allergies alimentaires
• 2 types d’allergies
• 1) IgE-médiées manifestations immédiates
• Dans ce type d’allergie, la voie Th2 est privilégiée
• A la 2e rencontre avec l’allergène se produit une cascade
d’évènements
• production d’IgE par les LB libération de médiateurs par
les mastocytes (forme circulante: PN basophiles) qui se
« dégranulent ».
• Médiateurs: histamine ( anti-H1), leucotriènes (
Singulair) et prostaglandines, PAF, etc.
• 2) Non IgE-médiées manifestations retardées
• E.g. IDR à la tuberculine
5. Allergies alimentaires
• Les IgE peuvent être dosées dans le sang
• 1) IgE totales: sans valeur
• 2) IgE spécifiques (dirigées contre un ou plusieurs allergènes
donnés)
• - Tests multi-allergéniques: Phadiatop, Trophatop
enfant (n=3: fx26: blanc d’œuf, lait de vache, moutarde; fx27:
arachide, poisson, noisette, soja, blé; fx28: crevette, kiwi, bœuf,
sésame)
• - RAST de 2e génération: CAP System, etc.
• Un test + à un allergène signifie que le patient est sensibilisé, mais
pas forcément qu’il est allergique
7. Prévalence des allergies alimentaires
• En augmentation
• 1. Avant 6 mois: que les PLV!
• 2. Après 6 mois
• - œuf de poule
• - arachide
• - lait de vache
• - légumineuses (hors arachide)
• - fruits à coque (noisette …)
• - groupe latex (kiwi …)
• Rareté des allergies multiples
• chez le jeune enfant
• Etude de F Rancé (2005)
• Enquête transversale par Q
• - 3 500 enfants de 2 à 14 ans,
scolarisés
• - prévalence par tranche d’âge
• cumulée : 6,7%
• 2-5 ans: 4%
• 6-10 ans: 6,8%
• 11-14 ans: 3,4%
• - aliments en cause: lait de vache
(11,9%), œuf de poule (9,4%), kiwi
(9%), arachide (8,2%), poisson (7,8%),
fruits à coque autres que arachide
(7,8%), crevettes (5,3%).
8. La marche allergique
Q: Peut-on l’arrêter? « Les enfants atteints de rhinite allergique désensibilisés
aux acariens auraient un moindre risque de développer un asthme ».
9. Manifestations cliniques
• - Dermatite atopique (syn. eczéma constitutionnel)
• - Urticaire, angio-œdème (syn. œdème de Quincke)
• - Asthme
• - Choc anaphylactique (physiopathologie: vasodilatation)
• - Troubles digestifs: diarrhée, vomissements, sang dans les selles,
douleurs abdominales
• - Syndrome oral: picotements des lèvres, etc.
• - Rhino-conjonctivite
• Séquence: ingestion de l’aliment/ manifestations cliniques,
plus ou moins resserrée
• NB Dans quelques cas, le contact avec l’aliment ou son inhalation produit
le même effet que son ingestion.
12. Histoire naturelle des allergies
alimentaires
Age de début
• 1. Avant 6 mois: juste les PLV
• 2. Après 6 mois
• - œuf de poule
• - arachide
• - lait de vache
• - légumineuses (soja …)
• - fruits à coque (noisettes …)
• - divers: blé, moutarde,
poisson, crustacés, kiwi …
Evolution
• 1. Allergie transitoire:
• Lait de vache, œuf de poule,
soja, blé
• 2. Allergie définitive
• Arachide
• 3. Pour les autres?
13.
14. Spectre de l’APLV
IgE-médiée
Début immédiat (< 2 h)
Mécanisme mixte Non IgE-médiée
Début retardé
Urticaire
Syndrome oral, œdème
des lèvres
Réaction intestinale
(vomissements, diarrhée,
douleurs abd., sang)
Rhinite, conjonctivite
Asthme (sévérité)
Choc anaphylactique
(10%)
Pathologie digestive à
éosinophiles (oesophagite,
gastrite, colite)
Syndrome d’entérocolite
induite par les protéines
alimentaires [SEIPA]
Eczéma
Reflux gastro-
oesophagien sévère,
Vomissements
Constipation/ Diarrhée
Rectorragies
Douleurs abdominales
Retard de croissance
Irritabilité, troubles du
sommeil
15. Dx d’une APLV (DRACMA)
Prescription
• 1. Anamnèse: le biberon de
complément en maternité…
• 2. Prick test : + si d > 3 mm
• 3. Patch test
• 4. Eosinophilie
• 5. IgE spécifiques (CAP system): VPN si
< 0,35 kUI/l
• Ces tests ne peuvent être prescrits que par
un allergologue et sont limités à 5 par
ordonnance
• 6. Tests multi-allergéniques
• 7. Test de provocation orale
[TPO]: gold standard, mais dangereux si
choc anaphylactique.
• Sert pour la réintroduction des PLV
Interprétation
• Dx improbable: Prick tests –
et/ou IgE spé. <0,35 kUI/l.
Faux négatifs: 2-4%. Pas de
TPO
• Dx probable: un TPO est
indispensable
• Dx certain: Prick tests +
et/ou IgE > 0, 70kUI/l. Faux
positifs: 2-4%. Pas de TPO
16. APLV: substituts du lait de vache
• 1. Hydrolysats poussés de PLV
• 2. Hydrolysats de riz :Modilac riz, Novalac riz
• 10% d’allergies aux hydrolysats de protéines
• 3. Formules d’acides aminés: Néocate (0-1 an), Néocate Advance (1-
10 ans), Nutramigen AA
de caséine de protéines solubles du
lactosérum
Nutramigen LGG
Allernova (AR)
Nutriben
Prégestimil (+ TCM)
Peptijunior
Alfaré
Galliagène (+ lactose)
17. Allergie à l’œuf de poule
• La majorité des réactions sont IgE-médiées
• Les allergènes identifiés sont surtout présents dans le blanc, mais…
• Les réactions immédiates surviennent habituellement avant l’âge d’un an, parfois
dès la 1ère ingestion.
• Certains enfants sont seulement sensibles à l’œuf cru ou partiellement cuit.
• Le diagnostic repose sur l’histoire, le prick-test et le dosage des IgE spécifiques.
• Le TPO est utile pour tester l’acquisition d’une tolérance.
• L’allergie croisée aux œufs d’autres oiseaux est habituelle.
• L’exclusion de tous les produits contenant de l’œuf est le Tt classique. Mais l’œuf
cuit est toléré par certains enfants (à tester chez l’allergologue).
• Tout enfant allergique à l’œuf doit avoir un plan d’action et une trousse d’urgence
(adrénaline).
• La durée de l’allergie à l’œuf est très variable d’un enfant à l’autre.
• Et les vaccins?
• L’allergie non IgE médiée se voit dans la dermatite atopique, des oesophagites à
éosinophiles et des entérocolites induites par les allergènes alimentaires .
18. Allergie et vaccinations
• Vaccins « produits sur embryon de poulet »
ROR: pas de précaution
Grippe : pas de précaution si teneur en ovalbumine < 1,2
mcg/dose
Fièvre jaune: prick test avec vaccin dilué au 1/100 (?)
Rage (Pasteur): pas de précaution
19. Allergies aux plantes
• Deux parties « allergisantes » dans les plantes
• 1. Les graines (ovules fécondés + réserves des spermatophytes) trophallergènes
• - graines nues (gymnospermes): conifères, gingko biloba
• - graines incluses dans un fruit (angiospermes)
• fruits secs: graminées, légumineuses (dont arachide et soja), noisette, etc.
• fruits charnus: drupes (noix = noyau de la drupe du noyer), baies (kiwi,
tomate, autres fruits à pépins), etc.
• autres fruits: fraises
•
• D’un point de vue botanique, les fruits à coque (ou à écale) sont un groupe
hétérogène: arachide, noix du noyer, noisette et noix exotiques.
• 2. Les pollens (organes mâles des fleurs à étamine) pneumallergènes (HS)
22. Tt des allergies alimentaires
• Principes du traitement
• 1. Eviction de l’allergène
• Attention aux allergènes masqués, aux contaminations.
• Risque de carences
• 2. Traitement symptomatique
• Antihistaminiques (anti-H1 de 2e génération), corticoïdes (par ex.
Célestène), adrénaline
• + les bronchodilatateurs dans l’asthme
• + les dermocorticoïdes, les émollients dans l’eczéma
• 3. Gestion du risque
• Education… des parents (lire les étiquettes), trousse d’urgence, PAI,
carte
23. Stylo d’ANAPEN 0,15 mg/ 0,30 mg
Marques : Anapen, Epipen, Jext . Nombre de stylos d’avance: n = 2
Dose: 10 µg/kg 0, 15 mg jusqu’à 30 kg/ 0,30 mg au-dessus de 30 kg.
Appel du 15 systématique après une injection
24. Auto-injection d’adrénaline
Gloaguen A et al. Prise en charge de l’anaphylaxie en médecine d’urgence.
Recommandations de la Société française de médecine d’urgence (SFMU) en partenariat
avec la Société française d’allergologie (SFA) et le Groupe francophone de réanimation et
d’urgences pédiatriques (GFRUP), et le soutien de la Société pédiatrique de pneumologie et
d’allergologie (SP2A). Ann. Fr. Med. Urgence 2016;6:342-64
25. Projet d’Accueil Individualisé [PAI]
• Circulaire n° 2003-135, parue au BO le 18/09/2003
• 1. Objet: être prêt à réagir de façon adaptée à la
crèche, à l’école, etc.
• 2. Contenu
• - coordonnées des personnes à contacter,
• - besoins particuliers de l’enfant
• - prise en charge médicale de la maladie
• - CAT en cas d’urgence
• - composition de la trousse d’urgence et endroit où elle
est gardée
26. Induction de la tolérance alimentaire
• Une nouvelle approche? Non. Cf. Mithridate
et les grands-mères!
• Principe: une augmentation progressive des
doses de trophallergène.
• En pratique, ça dépend de
• - l’aliment (nature des allergènes)
• - la dose réactogène… quand elle peut être
déterminée.
27. Prévention des allergies alimentaires
• Prévention primaire
• 1. Avant la naissance: 0
• 2. Après la naissance
• - allaitement, sans régime de la mère
• Problème des compléments : lait HA ou hydrolysats poussés
de protéines?
• - introduction des aliments potentiellement allergisants
et du gluten pendant la fenêtre de 4 à 6 mois.
• - immunomodulation, avec des AGPI à chaîne longue
(oméga-3), des prébiotiques (fibres non digestibles), des
probiotiques (Lactobacillus, etc.)
30. Dermatite atopique
• Début précoce: entre 3 et 6 mois
• Triade clinique
• - érythème avec microvésicules
• - sécheresse cutanée (xérose)
• - prurit
• Evolution par poussées
• 30% d’allergies alimentaires
31.
32. Cas clinique n°1
• Petite fille vue à 12 mois
• Allaitement 9 mois. Yaourts à 7 mois pendant une semaine: RAS
• A 9 mois introduction d’un lait 2e âge: 1er biberon; 2e biberon:
urticaire suivie de diarrhée pendant 7 jours. Peptijunior et yaourts
de brebis. Diversification complète.
• Prick tests: pas de papule pour le lait de vache et le jus de soja
• CAT
• - poursuivre le même régime
• - faire un dosage d’IgE
• - selon le résultat, réintroduire plus ou moins rapidement le lait de
vache
• - trousse d’urgence: anti-H1, corticoïdes
33. Cas clinique n°2
• Petite fille vue à 28 mois
• - père allergique aux chats et aux pollens
• - à 28 mois, mange ¼ de cerneau de noix. Aussitôt: rougeur
péribuccale, vomissements, voix rauque. Résolution
spontanée.
• Avait déjà mangé des noix.
• Prick tests: papule de 6 mm pour la noix de pécan et 2 mm
pour la noix (du noyer).
• CAT
• - dosage des IgE à faire.
• - en attendant, exclure noix et noix de pécan. Trousse
d’urgence avec stylo d’adrénaline