2. v¡¢£¤¥¦¥¡§Mercredi 18 février 2015
SOCIÉTÉ II
danger !
DANIEL SZEFTEL, un des direc-
teurs du cabinet de conseil en santé
Jalma, analyse les résultats de son
étude, qui a ciblé sept maladies en
France. Pour lui, des solutions peu-
vent être mises en place pour ac-
compagner les patients qui ne sui-
vent pas leur traitement.
Le non-respect des traitements
serait donc une cause
de mortalité majeure ?
DANIEL SZEFTEL. 12 000 décès
en résultent, en effet, chaque année.
Et nous sommes sans doute en deçà
de la réalité, car cette étude ne s’est
concentrée que sur
quelques patho-
logies comme
l a B P C O
(NDLR : broncho-pneumopathie
chronique obstructive), le diabète,
les maladies cardiovasculaires, le
VIH ou le cancer du sein. En Fran-
ce, le taux d’observance des traite-
ments est situé entre 40 et 70 %. Le
100 % est impossible, mais 80 %,
c’est atteignable.
C’est le cas également
pour des malades
dont la pathologie est mortelle…
Cela a été une de mes découvertes
personnelles.
Dans le cadre de
nos missions,
nous avons égale-
ment constaté que
dans le suivi
des chimio-
thérapies par exemple, qui se
font à l’hôpital par intravei-
neuse, et pas en prenant un
médicament sur un coin de
table, les services hospita-
liers nous font part de non-
venues, de gens perdus de
vue, alors qu’il y a un vrai
risque pour leur vie.
Comment êtes-vous arrivé
à ce chiffre de
12 000 décès ?
Nous avons calculé pathologie
par pathologie. Par exemple,
s u r l e c a n c e r d u s e i n .
573 000 patientes vivent avec
cette maladie. Le nombre de décès
est estimé à 11 886. Le taux annuel
de décès est donc de 2,1 %. Une étu-
de internationale montre que les
patientes qui ne suivent pas correc-
tement leur traitement meurent
1,2 fois plus souvent que les autres.
Elle montre aussi que 17 % des pa-
tientes ne prennent pas leur traite-
ment. En appliquant ces données
au taux de décès moyen observé en
France, nous avons un taux de dé-
cès chez les pa-
tientes non obser-
vantes de 2,4 %. Si
l’ensemble des pa-
tientes consom-
maient bien leur
traitement, pour le
cancer du sein, on pourrait donc
éviter 391 décès.
Quel est le profil des personnes
qui sont « non observantes » ?
Deux phénomènes bien distincts
apparaissent. Il y a celles qui ne
vont pas acheter leur traitement, et
celles qui font la démarche de les
acheter, mais qui ne les consom-
ment pas.
Que faudrait-il faire ?
Autour de l’oubli, des solutions sim-
ples peuvent marcher comme l’en-
voi d’un SMS par le pharmacien.
Pour les autres malades, des outils
existent pour les identifier, comme
ces questionnaires tournés de telle
façon que le patient ne peut pas
répondre « oui je prends mon trai-
tement » simplement pour faire
plaisir à son médecin. Ces docu-
ments peuvent déjà donner une
bonne indication. Ensuite, sur cer-
taines pathologies et notamment les
plus coûteuses, le pilulier électroni-
que peut être une solution.
Propos recueillis par C.M.
«12 000décès
enrésultentchaqueannée»
Daniel Szeftel, un des directeurs du cabinet de conseil en santé Jalma
Selon Daniel Szeftel, le taux
d’observance des
traitements en France
est situé entre
40 et 70 %.
(Govin Sorel.)
«fghijkilnondes chimiothérapies les
services hospitaliers nous
font part de non-venues»
LA SOCIÉTÉ néerlandaise Mars
One, qui a lancé le projet fou d’en-
voyer 24 volontaires coloniser Mars,
a présélectionné cent candidats par-
mi plus de 200 000 postulants. Dans
la liste, un seul Français : Jérémy
Saget, un médecin originaire de la
région de Bordeaux. « Cela fait un
plaisir immense. C’est un projet pour
lequel je vibre réellement. C’est le
rêve qui se frotte à la réalité. Mainte-
nant, il reste beaucoup de travail à
faire », se réjouit l’homme de 37 ans,
interrogé par « Sud Ouest ».
Physicien en aérospatiale, Jé-
rémy Saget est également mé-
decin de vol parabolique au
sein de l’équipe médicale de
Novespace, filiale du Cnes im-
plantée à Mérignac (Gironde).
A partir de 2024, Mars One
entend envoyer deux astronautes
par an coloniser Mars. Cer-
tains jugent l’aventure
impossible, notam-
ment en raison du
risque qu’elle fait
courir aux astro-
nautes. Selon une
étude du Massa-
chusetts Insti-
tute of Tech-
nology (MIT)
parue en octobre dernier, ces explo-
rateurs risquent pourtant de mourir
au bout de soixante-huit jours. Pas
de quoi décourager l’intrépide volon-
taire. Jérémy Saget ne nie pas les
dangers de la mission, mais, selon
lui, le « risque principal » est « psy-
chologique ». « Nous avons notam-
ment estimé le niveau de radiations
auquel seraient exposés les colons.
Environ 1 000 millisieverts au cours
de la mission, dont la moitié au cours
du voyage. Cela correspond à la dose
admise pour un astronaute au cours
de sa carrière », explique-t-il. Outre
le Français, 49 hommes et
50 femmes, âgés de 19 à 60 ans,
ont été sélectionnés. Trente-
neuf viennent d’Amérique,
31 d’Europe, 16 d’Asie, 7 d’Afri-
que et autant d’Océanie. Son
rêve finira peut-être par de-
venir réalité.
GAËL LOMBART
Bordeaux
(Gironde), lundi.
Jérémy Saget est le
dernier Français en
lice pour le projet
de colonisation de
la planète Mars.
pqrstuvwxxq ywz{ |}{~
ESPACE. Jérémy Saget, médecin bordelais de 37 ans,
fait partie des 100 candidats retenus pour aller sur
Mars en 2024. Il n’a pas peur, malgré les risques.
demi-vies (vingt-deux heures), elle
sera de 25 % ; après trois demi-
-vies, de 12,5 % ; après quatre
demi-vies, de 6,25 %. En règle gé-
nérale, les médicaments n’ont plus
d’effet pharmacologique quatre
demi-vies après administration de
la dernière dose. Mais, attention,
ce temps dépend de chaque médi-
cament. Il peut durer de quelques
minutes à plusieurs semaines.
C.M.
médicament régulièrement, si be-
soin, pour relancer ce grand voyage.
La durée de vie du principe
actif. On appelle demi-vie d’un
médicament le temps qu’il faut
pour que son principe actif dimi-
nue de moitié par rapport à sa va-
leur initiale. Exemple : à raison de
6 % par heure, la demi-vie est d’en-
viron onze heures (pour autant
que le produit ne soit plus admi-
nistré entre-temps). Après deux
chaque prise. Parfois, elle est mise
en place progressivement avec aug-
mentation petit à petit des doses, ce
qui permet d’identifier la dose effi-
cace minimale susceptible d’entraî-
ner le moins d’effets indésirables.
Cette augmentation progressive
doit être respectée, même si l’effica-
cité paraît longue à se manifester.
Souvent, il est important de savoir
attendre.
Un médicament, comment ça
marche ? C’est le système sanguin
qui permet au médicament d’attein-
dre l’organe visé. C’est pourquoi la
voie injectable est la voie d’action la
plus rapide. Par la voie orale, le prin-
cipe actif doit d’abord franchir la
paroi de l’estomac pour aller dans le
sang. Transporté par le sang, le mé-
dicament passe d’abord par le foie,
va jusqu’au cœur, qui le redistribue
par les artères dans tout l’organisme
avant de revenir au cœur par les
veines. Ce circuit se répète à main-
tes reprises, le foie et les reins fil-
trant à chaque fois une partie du
principe actif qui finit, de passage
en passage, par disparaître (c’est ce
qu’on appelle la demi-vie). D’où l’in-
dispensable nécessité de prendre le
debiensuivrel’ordonnance
€‚ƒ„…†‡„ˆ‰Šˆ‹†‚Œ‡„Œ€‚ŒˆŽŠ‚‘‹‚ˆ‚ƒƒ‚†ˆˆ‚‘Žaires,
de la composition et des risques d’interactions de son traitement.
(LP/PhilippeLavieille.)
BOSTON (ÉTATS-UNIS), comme on
l’avait rarement vu… Le mois de
février a déjà battu le record du mois
le plus neigeux jamais enregistré dans
la capitale du Massachusetts, avec
dix fois plus de flocons tombés que
pendant un hiver moyen. Une bonne
partie de l’est et du centre des Etats-
Unis sont paralysés par la neige et un
froid perçant. Washington, recouvert
d’une bonne couche de poudreuse,
tournait aussi au ralenti hier. « Les
agences fédérales sont fermées », a
indiqué le gouvernement américain
sur son site. Cette décision suit celle
d’une centaine de villes et d’Etats qui
ont eux aussi fermé leurs
administrations. La tempête Octavia
a plongé quelque 50 millions
d’Américains sous des températures
glaciales qui n’ont pas fini de
descendre. On attend des -20 °C à
New York dans les prochains jours,
bien en deçà des normales de saison.
Froid polaire aux Etats-Unis
L’INFO EN IMAGE
’“”•–—˜™šš›œžŸ ¡
LE SÉNAT a supprimé hier la date
limite d’utilisation optimale (DLUO)
sur les produits alimentaires non
périssables, différente de la date
limite de consommation, afin de
limiter le gaspillage alimentaire.
« La date limite d’utilisation
optimale est souvent source de
confusion pour le consommateur
qui l’apparente à une date limite de
consommation », a souligné Evelyne
Didier (Groupe communiste,
républicain et citoyen), qui a déposé
un amendement en ce sens. « D’une
part, cela conduit à jeter des
produits encore consommables.
D’autre part, cette mention ne
présente pas d’intérêt sanitaire », a-
t-elle ajouté. « Les laboratoires l’ont
prouvé, un yaourt peut être
consommé trois semaines après sa
date limite d’utilisation optimale »,
a relevé pour sa part la ministre de
l’Ecologie, Ségolène Royal, en
pointant « un prélèvement sur le
pouvoir d’achat des ménages ».
FinilaDLUO
(PhotoPQR/«SudOuest»/PhilippeBelhache.)
m˜™˜deis_before_rename