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Tohu bahu   n3 - février 2017
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Tohu bahu n3 - février 2017

  1. JOURNAL DU LYCEE IMMACULÉE CONCEPTION février 2017 Rédacteurs : Louis Dréano, Coline Lappeman, Jennifer Collin, Anne Dubouch, P-A Gallouet Éditorial par Louis Dréano Si le terme fait peur, il faut être lucide : nous sommes en crise politique car tous les repères sautent : implosion du PS, affaire polémique pour le candidat des Républicains, réorganisation dynamique autour du Front de Gauche, montée en force du FN dans les statistiques, la nébuleuse « En Marche » qui floute le clivage gauche-droite. Phénomène des faux- semblants ? En ce début de février, il y a ce dangereux sentiment d’être bouleversé à trois mois des élections. Comme si tout se renversait et allait continuer à se renverser. Outre Atlantique, notre ami Donald continue de faire trembler le monde : retour sur la loi de régulation financière Dodd-Franck, l’ancien de la Goldman Sachs Steven Mnuchin au Trésor, le fervent libre-échangiste Sean Spicer en tant que porte-parole de la Maison Blanche… Quelle incohérence ! Les Américains ont voulu combattre les « élites » technocrates, c’est plutôt les grands banquiers qu’ils protègent, ceux qui ont fait sauté la finance en 2007 ! Le 27 janvier, Trump signe un décret interdisant aux ressortissants de sept pays musulmans jugés dangereux d’entrer sur le territoire américain. La réaction a eu une ampleur considérable (en photo ci-dessus, des hommes en prière à l’aéroport de Dallas). Lors de l’éditorial d’octobre 2016, on soutenait que le journal était un « mur d’expression », un lieu de confrontation où chacun pouvait écrire. Pour ce numéro, l’effectif est excessivement réduit. Ainsi on ne peut assumer à la fois la quantité et la qualité du journal. Cela suppose une question peu sympathique : les lycéens de l’Immac ont-ils des choses à dire ? De ciel et terre, on vous attend au tournant pour la prochaine publication. 1 Source : Dallas Morning News
  2. Le Manifeste des quatre commandements du journaliste libre par Albert Camus Les extraits que nous publions sont issus d’un article qui devait paraître le 25 novembre 1939 dans « Le Soir républicain », un quotidien limité à une feuille recto verso qu’Albert Camus codirigeait à Alger. Camus dénonce ici la désinformation qui gangrène déjà la France en 1939, mais son manifeste va plus loin. Il est une réflexion sur le journalisme en temps de guerre, et plus largement, sur le choix de chacun, plus que celui de la collectivité, de se construire en homme libre. Tombant dessus, nous ne pensions pas qu’il pouvait sonner, à bien des égards, toujours aussi juste. « Ce qu'il nous plairait de définir ici, ce sont les conditions et les moyens par lesquels, au sein même de la guerre et de ses servitudes, la liberté peut être, non seulement préservée, mais encore manifestée. Ces moyens sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus, l'ironie et l'obstination. La lucidité suppose la résistance aux entraînements de la haine et au culte de la fatalité. Dans le monde de notre expérience, il est certain que tout peut être évité. La guerre elle-même, qui est un phénomène humain, peut être à tous les moments évitée ou arrêtée par des moyens humains. Il suffit de connaître l'histoire des dernières années de la politique européenne pour être certains que la guerre, quelle qu'elle soit, a des causes évidentes. Cette vue claire des choses exclut la haine aveugle et le désespoir qui laisse faire. Un journaliste libre, en 1939, ne désespère pas et lutte pour ce qu'il croit vrai comme si son action pouvait influer sur le cours des événements. Il ne publie rien qui puisse exciter à la haine ou provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir. […] En face de la marée montante de la bêtise, il est nécessaire également d'opposer quelques refus. Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu'un esprit un peu propre accepte d'être malhonnête. » (...) « On peut poser en principe qu'un esprit qui a le goût et les moyens d'imposer la contrainte est imperméable à l'ironie. On ne voit pas Hitler, pour ne prendre qu'un exemple parmi d'autres, utiliser l'ironie socratique. Il reste donc que l'ironie demeure une arme sans précédent contre les trop puissants. Elle complète le refus en ce sens qu'elle permet, non plus de rejeter ce qui est faux, mais de dire souvent ce qui est vrai. […] La vérité et la liberté sont des maîtresses exigeantes puisqu'elles ont peu d'amants. » (...) « Cette attitude d'esprit brièvement définie, il est évident qu'elle ne saurait se soutenir efficacement sans un minimum d'obstination. Bien des obstacles sont mis à la liberté d'expression. Ce ne sont pas les plus sévères qui peuvent décourager un esprit. Car les menaces, les suspensions, les poursuites obtiennent généralement en France l'effet contraire à celui qu'on se propose. Mais il faut convenir qu'il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée, l'inintelligence agressive, et nous en passons. Là est le grand obstacle dont il faut triompher. L'obstination est ici vertu cardinale. Par un paradoxe curieux mais évident, elle se met alors au service de l'objectivité et de la tolérance. » (...) « Voici donc un ensemble de règles pour préserver la liberté jusqu'au sein de la servitude. Et après ? dira-t-on. Après ? Ne soyons pas trop pressés. Si seulement chaque Français voulait bien maintenir dans sa sphère tout ce qu'il croit vrai et juste, s'il voulait aider pour sa faible part au maintien de la liberté, résister à l'abandon et faire connaître sa volonté, alors et alors seulement cette guerre serait gagnée, au sens profond du mot. » (...) « Oui, c'est souvent à son corps défendant qu'un esprit libre de ce siècle fait sentir son ironie. Que trouver de plaisant dans ce monde enflammé ? Mais la vertu de l'homme est de se maintenir en face de tout ce qui le nie. Personne ne veut recommencer dans vingt-cinq ans la double expérience de 1914 et de 1939. Il faut donc essayer une méthode encore toute nouvelle qui serait la justice et la générosité. Mais celles-ci ne s'expriment que dans des cœurs déjà libres et dans les esprits encore clairvoyants. Former ces cœurs et ces esprits, les réveiller plutôt, c'est la tâche à la fois modeste et ambitieuse qui revient à l'homme indépendant. Il faut s'y tenir sans voir plus avant. L'histoire tiendra ou ne tiendra pas compte de ces efforts. Mais ils auront été faits. » 2
  3. INTERNATIONAL À travers l’Asie par Louis Dréano – selon Le Monde et Asialyst Chine Le président chinois Xi Jinping (en photo ci-contre) a frappé un grand coup lors de son discours d’entrée à la conférence de Davos. En profitant du profil bas des dirigeants américains, en pleine transition entre deux administrations, et du désarroi actuel du camp occidental, il a volé la vedette à tout le monde en se présentant comme le champion toutes catégories de la mondialisation et du libre- échange. C’est bien le monde à l’envers que présente cette édition 2017 de Davos : dans les démocraties du monde occidental développé, la mondialisation et le libre- échange sont la cible des attaques d’un puissant courant politique, incarné par Donald Trump. Et c’est le président chinois, héritier de Mao, qui vient rassurer les élites du monde des affaires sur le bien- fondé de ce concept qui a révolutionné l’économie mondiale depuis la fin du XXe siècle. Pour exposer les solutions possibles, Xi Jinping n’a pas reculé devant des accents quasi sociaux- démocrates : il faut « amortir » les chocs de la mondialisation « de telle sorte qu’elle bénéficie à tous », « rééquilibrer le processus », le rendre « plus inclusif et durable », « trouver un équilibre entre efficacité et égalité ». Il s’est même fait applaudir lorsqu’il a assuré que c’était là « une responsabilité que doivent endosser les dirigeants de notre temps : c’est ce que les peuples attendent de nous ». Cela, semblerait-il, marque un tournant qui affirme la Chine comme pouvoir rayonnant dans le monde. Face à Trump, Xi Jinping annonce une véritable guerre commerciale. Corée du Sud Annoncé comme le favori de la présidentielle sud-coréenne, Ban Ki-moon a brusquement annoncé son retrait de la course ce mercredi 1er février, et même de la politique en général. Depuis son retour en Corée du Sud le 12 janvier dernier après dix ans passés à New York, le diplomate avait pourtant sérieusement envisagé de se présenter à la présidentielle sud-coréenne. Bien qu’il n’ait jamais officiellement déclaré être en course, il avait organisé une série d’apparitions publiques et était largement attendu pour rejoindre le parti au pouvoir Saenuri de la présidente Park Geun-hye. Probablement, les espoirs présidentiels de Ban ont vacillé à cause des attaques politiques continuelles des partis d’opposition et des médias progressistes, sans oublier les accusations de corruption impliquant ses proches et lui-même. Deux affaires ont terni son image. La première concerne 230,000 dollars de pots-de-vin touchés par l’ex-patron de l’ONU des mains de l’homme d’affaire sud-coréen Park Yeon-cha. Ce que Ban a nié en bloc. Deuxième affaire gênante : le bureau du procureur général des Etats-Unis à New York accuse le frère et le neveu du haut diplomate d’avoir tenté de corrompre un fonctionnaire du Moyen-Orient pour faciliter la vente d’un bâtiment au Vietnam. « Mon patriotisme pur et ma fierté ont été souillés par des calomnies et de fausses informations. Mon objectif d’un changement fondamental de la politique a perdu de son sens », a ainsi déclaré Ban Ki- moon (en photo ci-dessous). États-Unis En se rendant à Séoul le jeudi 2 février et à Tokyo le lendemain, le nouveau secrétaire à la défense, James Mattis, a insisté sur la solidité de l’engagement américain auprès de ces alliés. Ce message est bien nécessaire pour les rassurer. Pas seulement parce que le voisin nord-coréen dit s’approcher de son premier essai de missile balistique de longue portée. Mais surtout parce que, durant sa campagne, Donald Trump a menacé de retirer une partie des 28 500 soldats américains 3
  4. stationnés au sud du 38e parallèle si Séoul n’acceptait pas de payer davantage pour leur présence. Il est allé jusqu’à ne pas s’opposer à l’idée que Japonais ou Sud- Coréens développent, à leur tour, l’arme nucléaire pour assurer leur propre défense de manière autonome. Pareillement, l’abandon par les Etats-Unis de l’accord commercial TPP (Partenariat Transpacifique) entre treize États, sans la Chine, a été acté dès le premier lundi de Donald Trump dans le bureau Ovale, le 23 janvier. Faute d’avoir avancé un plan B, ce retrait laisse toute la région dans le doute. La ministre des affaires étrangères australienne, Julie Bishop, a exhorté vendredi 27 janvier l’Amérique à ne pas reculer dans la région : « Nous pensons que les États-Unis sont la puissance indispensable dans tout l’Indo-Pacifique. » Japon Akihito (en photo ci-contre), âgé de 83 ans, souhaite se retirer, ce qui devrait être réglé par une loi spéciale. La commission chargée par le premier ministre Shinzo Abe d’examiner la question d’abdication, a rendu ses recommandations, lundi 23 janvier. Deux hypothèses sont envisagées : une révision du code de la Maison impériale ou bien une loi spéciale autorisant Akihito, et lui seul, à abdiquer. Cette dernière option est privilégiée par la commission. Ces scénarios doivent servir de base au débat entre les dirigeants des partis afin de parvenir à la rédaction d’un projet de loi qui sera soumis aux parlementaires en avril. L’abdication pourrait intervenir fin 2017. Il paraît raisonnable qu’en raison de son âge, l’empereur Akihito envisage de se retirer. Son attachement aux valeurs libérales incite aussi à penser qu’il pourrait souhaiter mettre la monarchie japonaise en accord avec son temps. En abdiquant, il « humaniserait » la figure impériale. Philippines Le président Rodrigo Duterte a temporairement suspendu les raids antidrogues menés par la police, le temps d’épurer ses rangs corrompus, mais il a promis que la lutte contre les narcotrafiquants se poursuivrait jusqu’en 2022. Cette annonce fait suite à la mort de l’homme d’affaires sud-coréen Jee Ick-joo, enlevé à l’automne par la brigade des stupéfiants, puis assassiné au siège même de la PNP à Quezon City, au nord de Manille. Dans un discours aux accents comminatoires, le président Rodrigo Duterte (en photo ci-contre) n’a pas hésité à jeter l’opprobre sur les forces de l’ordre : « Vous, les policiers, vous êtes corrompus jusqu’à la moelle. C’est dans votre sang » ; estimant que 40 % d’entre eux se livraient à des activités illégales. Plus de 7 000 personnes ont été tuées dans cette lutte antidrogue qu’Amnesty International condamne de « crime contre l’humanité ». Taïwan L’avènement de Donald Trump à la Maison-Blanche ouvre à Taïwan une période d’incertitude à l’aube de l’année du coq. Alors que le gouvernement de Tsai Ing-wen semble miser sur un resserrement des relations avec la nouvelle administration républicaine, l’opinion publique taïwanaise a peur des représailles économiques de la Chine. Effectivement, début janvier, Tsai Ing-wen s’est non seulement rendue en Amérique centrale (Honduras, Nicaragua, El Salvador et Guatemala), mais lors de son voyage par Houston, elle s’est entretenue avec plusieurs responsables républicains de premier plan comme le sénateur Ted Cruz. Autant de gestes qui mobilisèrent les habituels contre-feux de la fière République Populaire. Un degré supérieur dans la tension diplomatique sino-taïwanaise ? Envie de vous exprimer ? Envoyez-vos articles à l’adresse : louis.dreano@sfr.fr 4
  5. La construction démocratique birmane toujours sous le joug du Tatmadaw par Louis Dréano Depuis le 1er novembre 2016, près de trente mille Rohingyas, victimes d’exactions, ont fui le Myanmar. Si Aung San Suu Kyi a instauré une conférence de paix avec tous les groupes armés en septembre dernier, des divisions ethniques demeurent. Un an après son élection, toujours tributaire des généraux, elle doit aussi faire face aux problèmes économiques intérieurs. Démocratie sous obéissance Il subsiste encore ce sentiment paradoxal parmi les parlementaires birmans. L’armée, dite « Tatmadaw », reste effectivement une menace consciente sur cette démocratie naissante. « À tout moment, nous pourrions être emmenés en prison », ironise le député Win Htein, fidèle d’Aung San Suu Kyi. Sous différentes formes, une junte militaire dirigeait le pays depuis 1962. Aujourd’hui elle encadre encore le nouveau régime : « Les généraux ont pris l’initiative du changement, et ils sont incontournables » admet le journaliste Myint Zaw. Certes, la dictature n’est plus, mais ce premier gouvernement civil, opéré par Htin Kyaw mais principalement mené par Mme Suu Kyi, doit se satisfaire d’une Constitution écrite en 2008 par et pour l’armée. Et tant que cette dernière ne sera pas amendée, on ne pourra pas parler de véritable démocratie au Myanmar car il faut avant tout relever le défi de la cohésion nationale. « L’obéissance est absolument nécessaire. C’est pour le bien de la construction démocratique et de la réconciliation nationale. La situation demeure très fragile. Il nous faut assurer la cohésion face aux militaires » assume Win Htein. Volontariste, Mme Suu Kyi (ci-dessus) a convoqué, du 31 août au 4 septembre 2016, une conférence dite de « Panglong du XXIe » – en référence à celle organisée par son père en 1947, dessinant à l’époque les contours d’une Union birmane. « Sans la paix, nous ne pouvons répondre aux besoins des citoyens » affirme-t-elle. Or, comment établir la paix quand le pays n’a connu que la guerre depuis l’indépendance en 1948 ? Ainsi négocier avec la Tatmadaw reste essentiel : « par le passé, note l’analyste Min Zin, on voyait la junte militaire comme l’ennemi commun. Désormais la Tatmadaw travaille en collaboration avec le gouvernement sur le processus de paix ». Lors de la conférence de septembre 2016, il était difficile de s’entendre et d’ouvrir les négociations. De surcroît, il y avait de grands absents : notons l’armée Wa, l’armée Ta’ang de libération – sur lequel le cinéaste chinois Wang Bing a réalisé un saisissant documentaire en 2016 – l’armée de l’Arakan et l’armée de l’alliance démocratique nationale du Myanmar. Le projet de fédéralisme, autrefois écarté par l’armée, est aujourd’hui à l’ordre du jour et garant de la cohésion du pays. Toutefois, « on risque de voir apparaître une fédération d’États dessinée sur des bases ethniques », explique Carine Jaquet, spécialiste du Myanmar. En somme, « une reproduction de ce que la majorité Bamar a imposé durant des décennies aux minorités ». Une icône démocratique Pourtant, les Birmans comptent sur Aung San Suu Kyi, opposante historique, adulée et prix Nobel de la paix en 1991. Son portrait est vendu sur les trottoirs aux côtés de celui de son père, le général Aung San, héros de l’indépendance assassiné quand elle avait 2 ans. Les mêmes phrases reviennent en boucle : « Aung San Suu Kyi notre mère » ; « Je lui fais confiance » ; « Elle lutte pour notre pays ». Certains dénoncent un culte de la personnalité autour d’une femme réputée peu conciliante. Elle doit aujourd’hui se montrer à la hauteur de ces espoirs. Toutefois, « les problèmes ne peuvent être résolus par un seul cerveau » alerte Lut Latt Soe, directrice du journal The People’s Age. Le peuple a aussi sa part à jouer. 5
  6. Prisonniers politiques oubliés Le sort des prisonniers politiques restant en détention reste un sujet piquant, en dépit du nombre important de prisonniers libérés à la fin de la mandature précédente. La LND – Ligue Nationale pour la Démocratie, parti d’Aung San Suu Kyi – avait effectivement promis de libérer. Dès avril 2016, 180 auraient été libérés mais rien d’autre n'aurait abouti après le printemps. Le passé de ces habitants réprimés demeure une chape de plomb latente au Myanmar. Ils seraient 200 à avoir succombé à la torture ou aux mauvais traitements entre 1962 et 2011, pour la plupart lors de la répression du mouvement démocratique de 1988. Ils n’auront pas vu le résultat des combats auxquels ils ont participé. Selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), deux mille personnes ont été détenues pour raisons politiques au plus fort de la répression. « Une réconciliation ne peut se faire sans une reconnaissance de ce qui s’est passé » plaide le directeur de l’AAPP, M. Bo Kyi. A ses yeux, un monument du souvenir ou un travail de mémoire serait essentiel. Le gouvernement se montre malgré tout timide. Potentiel économique sous tension La Birmanie, qui était l’un des pays les plus riches d’Asie du Sud-Est dans les années 1950, est aujourd’hui classée dans la catégorie des pays les moins avancés. En 2014 et 2015, elle a réalisé des taux de croissance de l’ordre de 7,5 % – 8,3 % prévus pour 2016 selon la Banque mondiale – l’un des plus forts de la région, tiré par le secteur de la construction, de l’industrie manufacturière et le dynamisme des exportations de gaz. A la suite de la rencontre avec Obama en septembre 2016, la levée des sanctions internationales doivent en outre accélérer l’afflux et la diversification des IDE. Le pays dispose effectivement d’atouts importants : des matières premières abondantes (mines, bois, gaz et pétrole), un marché de plus de 51 millions de consommateurs, une main d’œuvre bon marché, un potentiel touristique encore largement sous-exploité et une intégration régionale forte, du fait de son appartenance à l’ASEAN depuis 1997 et de ses liens étroits avec la Chine et l’Inde. Cependant, l’ouverture aux marchés extérieures ne profite pas véritablement aux paysans qui correspondent à 70 % de la population. En effet, la confiscation des terres pour des projets de développement par l’armée ou par des entreprises cronies augmente le nombre de paysans sans ressources. Durant des années, l’armée a assuré l’enrichissement des hauts gradés en développant des consortiums impliqués dans tous les secteurs de l’économie. Un véritable État dans l’État. L’extraction du gaz, des pierres précieuses et des ressources naturelles dans des zones où vivent les minorités ethniques a servi de manne. Ce faisant, le gouvernement de Mme Suu Kyi souhaite remettre à plat les licences octroyées pour l’extraction minier dans l’État kachin notamment. De même, il a promis de redonner les terres aux propriétaires spoliés d’ici à avril 2017. « Nous devons offrir des emplois, et également former notre main d’œuvre, déclare M. Ki Ki Gyi, l’un des dirigeants de Génération 88, mouvement de la jeunesse pour la démocratie. Je crains que les entreprises étrangères ou les organisations non gouvernementales qui s’installent, attirées par les évolutions récentes de notre pays, ne monopolisent les ressources humaines au détriment des investisseurs et des projets locaux ». Intolérance religieuse face aux Rohingyas « La peur, l’angoisse, la violence sont enracinées dans notre société » rappelle l’écrivaine et directrice du Pen Club Ma Thida. Ainsi, les 6
  7. violences exercées depuis 2012 contre la minorité musulmane, en particulier les Rohingyas, sont à ses yeux des conséquences du passé : « On opprime le plus faible par crainte du plus fort. La fureur qui ne pouvait s’exprimer autrefois par peur de la junte se libère sans retenue ? Elle est attisée par les rumeurs qui se répandent sur les réseaux sociaux ». Par ailleurs, Aung San Suu Kiy se montre très circonspecte et creuse face à l’intolérance religieuse grandissante. Alors que l’armée est accusée de nettoyage ethnique dans l’Arakan, elle s’agace des critiques récurrentes de la communauté internationale sur le sort des Rohingyas : des centaines de personnes ont ainsi défilé à Kuala Lumpur, à Jakarta, à Bangkok devant l’ambassade de Birmanie en demandant l’arrêt du « génocide » en décembre dernier. Cependant, le gouvernement birman rejette avec force les accusations de massacres et a annoncé la mise en place d’un comité national en charge d’enquêter sur la situation dans cet État. Sous le précédent gouvernement, les extrémistes bouddhistes invoquaient régulièrement un prétendu boom démographique musulman qui risquait de diluer la culture et les traditions bouddhistes. Ils estimaient que la porosité de la frontière avec le Bangladesh permettait à de nombreux immigrés musulmans de s’infiltrer. Ils expliquaient que la polygamie pratiquée par certains hommes musulmans, faisait galoper la natalité dans les régions proches du Bangladesh. L’Arakan semble aujourd’hui faire face à une autre menace liée à ces restrictions : la radicalisation de certains d’entre eux et l’utilisation des tensions par les réseaux djihadistes. Le gouvernement a attribué la responsabilité des attaques au groupe Aqa Mul Mujahidin, lié au RSO, un mouvement rohingya fondé dans les années 1980 pourtant considéré dissous. Financé par l’extérieur et dirigé par un Bangladais entraîné par les Talibans pakistanais, le groupe de 400 militants aurait armé et persuadé des jeunes de recourir à la violence. En septembre 2014, Al-Qaïda avait déjà annoncé la création d’une branche qui « hisserait le drapeau du djihad » en Inde, au Bangladesh et en Birmanie, au moment où l’État islamique tentait d’étendre son pouvoir en Afghanistan, au Pakistan et au Cachemire. Une Commission consultative sur l’Arakan, dirigée par Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU, a été mise en place le 23 août 2016. D’ici un an, elle a pour objectif de proposer à la conseillère d’État Aung San Suu Kyi des solutions pour la prévention des conflits, la protection des droits fondamentaux, l’assistance humanitaire, la mise en place d’institutions et le développement de l’État d’Arakan. À la fin janvier, Ko Ni, conseiller juridique musulman d’Aung San Suu Kyi, a été tué par balle à l’aéroport de Rangoun. Cet homicide constitue un reflet des lourdes tensions interconfessionnelles du pays auxquelles le gouvernement du LND doit résolument faire face. « L’icône de la démocratie birmane ménage les militaires » par Christine Chaumeau – Le Monde Diplomatique, Janvier 2017, n°754 « Les prisonniers politiques oubliés » par Christine Chaumeau – Le Monde Diplomatique, Janvier 2017, n°754 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2017/01/31/la-birmanie-rongee-par-l-intolerance- religieuse_5071973_3216.html#tqYu60rVjT02u1bU.99 http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/birmanie/presentation-de-la-birmanie/ http://www.info-birmanie.org/wp-content/uploads/2007/03/La-Birmanie-un-nouvel-eldorado_-10-id %C3%A9es-re%C3%A7ues_Info-Birmanie_-Janvier-2014.pdf https://asialyst.com/fr/2016/11/25/birmanie-armee-accusee-nettoyage-ethnique-contre-rohingya/ https://asialyst.com/fr/2016/11/21/birmanie-quelle-appartenance-religieuse-pour-51-millions- dhabitants-du-pays/ 7
  8. Minerais au cœur des groupes armées et des intérêts étrangers en RDC par Louis Dréano « L’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve au Congo. » Un demi- siècle après l’indépendance de l’ancien Congo belge, en 1960, le mot de Frantz Fanon – un des fondateurs du courant tiers-mondiste – sonne toujours aussi juste. À Kinshasa – capitale de la République démocratique du Congo (RDC) – l’impéritie politique accentue les tensions internes et armées du pays. Effectivement, le gouvernement congolais nommé le 20 décembre, date de la fin du second et du dernier mandat du président Joseph Kabila (en photo ci- dessous), voit son sort déjà scellé. Après trois semaines interminables de dialogue sous l’égide de l’église catholique, l’accord entre la majorité présidentielle et l’opposition a enfin été signé le 31 décembre 2016, offrant à Joseph Kabila le temps de la transition d’un an pour enfin organiser des élections fin 2017. D’ici-là demeure le chaos. En deçà de l’instabilité politique, le Congo cristallise des intérêts de ressources tant pour les groupuscules armés que les investisseurs étrangers. À l’est du Congo, la région du Kivu constitue un lieu de conflit sans nom qui perdure depuis vingt ans. La journaliste Justine Brabant rappelle que les humanitaires dénombrent jusqu’à 7 millions de tués – chiffre contestable car il est strictement impossible de pouvoir compter les victimes. Initialement, le génocide rwandais aurait provoqué cette série de conflits par un afflux de réfugiés et de génocidaires au Zaïre – ancien nom de RDC – depuis 1994. Il subsiste depuis une frontière très poreuse entre être rebelle et participer à l’armée, entre être en guerre et être en paix, dans la mesure où, dès 1996, le gouvernement de Kinshasa a financé ces groupes armés qui règnent en partie aujourd’hui et maltraitent la population congolaise. Toutefois, géant économique de l’Afrique centrale, la République démocratique du Congo détient les premières réserves mondiales de coltan et les quatrièmes de cuivre. Cela fait d’elle une zone stratégique pour les industries du monde entier : australiennes, chinoises, canadiennes, sud- africaines ou américaines, ces sociétés se sont vu qualifier par l’écrivain In Koli Jean Bofane de « touristes à but lucratif ». Depuis 2003, plusieurs rapports du groupe d’experts des Nations unies sur les causes économiques du conflit dans l’est de la RDC ont mis en lumière le lien entre les milices armées et l’exploitation, pour le compte de sociétés étrangères, de minerais stratégiques indispensables à la fabrication de certains appareils électroniques comme les téléphones portables. Affichant une volonté de changer les pratiques, Washington veille désormais à effectuer avec diligence toutes les vérifications concernant l’origine de ses approvisionnements en minerais. Les Etats-Unis ont même abandonné le Nord- Kivu après l’adoption en 2010 de la loi Dodd-Frank. Celle-ci exige que les sociétés cotées en Bourse outre-Atlantique rendent publique l’origine de certaines matières premières – étain, tantale, tungstène, or – contenues dans leurs produits, afin de prouver qu’elles ne proviennent pas de la RDC ou de l’un de ses neuf pays limitrophes. En mai 2016, un groupe américain, Freeport- McMoRan, a par ailleurs cédé à China Molybdenum, pour 2,6 millards de dollars, la plus grande mine de cuivre et de cobalt de RDC, Tenke Fungurume, située dans le Katanga. Une mine très lucrative aussi pour les groupes armés présents en RDC : le trafic illégal de charbon décime la forêt du plus ancien parc naturel africain dans le Nord- Kivu. Samedi 7 janvier, Etienne Kivu Mabwanano, 44 ans et chef traditionnel du groupement Bishusha, a été assassiné de trois balles alors 8
  9. qu’il se rendait vers la forêt. Certains avancent une querelle de chefferie, les sicaires auraient pris la fuite. Il est ainsi aisé de disparaître dans les collines et les hauts plateaux de cette région frontalière du Rwanda et de l’Ouganda, ravagée par les guerres et toujours infestée par une myriade de groupes armés. Dans la forêt d’où se dégagent d’épaisses fumées grises, des bûcherons et des manutentionnaires s’attellent à couper les arbres à la hache ou à la tronçonneuse, à brûler le bois et à empaqueter les braises dans des conditions effroyables, sous la surveillance d’hommes armés de kalachnikovs. Qu’importe si le parc national des Virunga est classé sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité « en péril ». Sous pression foncière et démographique décuplée par l’arrivée de deux millions de réfugiés rwandais fuyant le génocide, les maîtres de ce business déjà recherchés pour « crimes de guerre » et visés par des sanctions des Nations unies. Nichés dans des poches du parc naturel le plus ancien d’Afrique, les rebelles rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) règnent sur cette industrie lucrative avec la complaisance de certains militaires et politiques congolais, selon l’ONU. La production illégale de charbon estimée à 293 000 tonnes par an assure aux organisations criminelles de la région un profit net variant entre 12 et 35 millions de dollars, selon un rapport d’avril 2015 du programme des Nations unies pour l’environnement. Suffisant donc pour entretenir des milliers de combattants, acquérir armes et munitions et corrompre des officiels. Face à cette pétaudière, il n’est que trop difficile pour la communauté internationale d’assurer la stabilité et la sécurité en RDC. Le bilan de la MONUSCO – Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo créée en 1999 par la résolution 1279 pour maintenir la paix – reste particulièrement contestable dans la mesure où elle n’a pas dénoncé le rôle néfaste du Rwanda qui finançait des mouvements armés déstabilisants l’est du Congo. De même, elle n’a pas remis en question les fraudes autour des élections de 2011 qui établirent l’arrivée de Joseph Kabila au pouvoir. « Omniprésence des intérêts étrangers » par Sébastien Broca – Le Monde Diplomatique, décembre 2016, n°753 https://www.youtube.com/watch?v=O6ODgLCBqX0 – Justine Brabant sur Médiapart http://lemonde.fr/planete/article/2017/01/14/en-rdc-le-trafic-du-charbon-de-bois-seve-de-la- guerre_5062692_3244.html http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/01/04/en-rdc-la-crise-est-aussi-economique-5057573- 3212.html#3WMu3gTeHce5f2jB.99 http://lemonde.fr/afrique/article/2016/12/31/en-rdc-pouvoir-et-opposition-sont-pratiquement- arrives-a-un-accord_5056038_3212.html Piotr Pavlenski, ennemi de Poutine, demande l’asile en France par Louis Dréano Le 23 janvier dernier, Médiapart a organisé une grande réunion publique intitulé « Sonnons l’arme ! » au Théâtre du Rond-Point à Paris. Parmi les invités qui partagèrent leurs témoignages se trouva Piotr Pavlenski. L’homme aux traits enfoncés vient effectivement de demander l’asile en France ce mois-ci, dans le risque d’écoper dix ans de prison en Russie et de perdre la garde de ses deux enfants. Piotr Pavlenski est un artiste politique. Il a pu se faire entendre par ses performances de chaire, de souffrance physique, celles où le corps est l’unique matériel d’expression. Pour lui, « l’art est le sens (existence) et un travail avec ses sens (corps) ». En 2012, il se coud la bouche immobile (ci-contre) devant le tribunal où les Pussy Riots seront condamnées à deux ans de 9
  10. prison pour vandalisme et incitation à la haine religieuse. Cette performance symbolise le silence de l’opinion publique russe face au pouvoir. Le 10 novembre 2013, il réalise « fixation », performance extraordinaire dans laquelle il se cloue nu les testicules sur la Place Rouge de Moscou – de surcroît le jour de la fête de la police russe (!). Résolument politique, Piotr parle ici d’une métaphore du fatalisme dans la société russe. L’année suivante, il se tranche le lobe de son oreille gauche, assis sur le mur du centre psychiatrique Serbsky de Moscou, dénonçant ainsi comment l’État russe utilise la psychiatrie pour des fins éminemment politiques (en photo ci-dessous). « Le corps est un élément que le pouvoir et l’État essaient de discipliner. Quand j’utilise mon corps dans mes performances, je montre ce que l’État fait à la société. C’est une métaphore de ce qui arrive au corps social ». Lors de la soirée de Médiapart, Piotr Pavlenski offre un témoignage de l’intérieure de la Russie de Poutine. Depuis l’élection de Poutine en mars 2012, il y a ce sentiment d’être confronter à un pouvoir formellement bureaucratique où les accusations mineures et administratives deviennent lourdes et pénales. Le FSB – service secret de sécurité russe, ancien KGB – s’est émergée progressivement dans la société comme une solide structure protégeant le pouvoir. Celui-ci se compose de groupuscules paramilitaires cherchant à provoquer la pagaille – on pense à son implication en Ukraine lors de l’annexion de la Crimée à la Russie (2014). A bien des égards, cette violence, cette « terreur rouge » est comme enracinée dans la culture russe. La présidence de Poutine montre bien l’affirmation de la légitimité du FSB tant il est le porte-parole même de cette organisation. Après 7 mois de prison, la libération de Piotr Pavlenski en 2016 est instrumentalisée en un exemple du « bon traitement » de l’État russe au regard de ses opposants. Comme si finalement l’administration de Poutine était humaniste et compréhensible. Pour Piotr, cette libération s’inscrit plutôt dans un processus pervers et volontariste du FSB. En effet, après sa sortie, des hommes lui propose des armes pour faire un attentat contre le Kremlin. Finement déguisée par le FSB, cette invitation au terrorisme est refusée par Piotr, ne souhaitant pas finir comme Oleg Sentsov en Ukraine – en août 2015 ce réalisateur ukrainien est condamné à 20 ans de prison pour « préparation d’actes terroristes » lors de la crise de Crimée. Plus tard, en septembre 2016, Piotr fait la rencontre d’une jeune femme se disant comédienne dans un théâtre d’opposition. Celle-ci dénonça une supposée invitation de l’artiste russe et de son amie à une soirée qui aurait mal tourné chez eux – évidemment, Piotr révèle ici encore un coup monté. Appelée « piège de miel », cette pratique de la délation rappelle les temps sombres du KGB. En cela, Piotr est convaincu que « le totalitarisme, ce n’est pas que les camps, ce sont des millions de citoyens qui font de la délation ». https://www.youtube.com/watch?v=WyI5nHF-Or4 – Soirée Médiapart « Sonnons l’alarme! » http://www.courrierinternational.com/video/russie-piotr-pavlenski-lartiste-de-lextreme 10
  11. La politique de l’offre sous François Hollande par Louis Dréano Le bilan économique de François Hollande restera contrasté, à l'image de l'inversion timide en 2016 de la courbe du chômage, qui avait été érigée comme un « enjeu majeur » de son mandat. Pour cela, la politique de l’offre devait contrecarrer la conjoncture. Le 31 décembre 2013, le Président de la République annonce des futurs allègements massifs des cotisations sociales dans le cadre du « Pacte de responsabilité ». Un an plus tôt, dans la foulée du rapport de Louis Gallois, le gouvernement avait déjà créé le Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi – CICE – qui attribuait aux entreprises un crédit d’impôt équivalent à 4% de la partie de leur masse salariale inférieure à 2,5 fois le SMIC, un taux qui sera progressivement porté à 7% en 2017. Au total, ce sont 41 milliards d’euros, soit quasiment deux points de PIB, qui abonderont les caisses des entreprises cette année. L’objectif de cette politique de l’offre était de baisser le coût du travail pour que les entreprises puissent embaucher plus, réduire leurs prix pour regagner des parts de marché et intensifier leurs efforts en matière de recherche et développement (R&D) et d’investissement. Quatre ans après l’entrée en vigueur du CICE, les résultats se font encore attendre : le dernier rapport du comité de suivi du projet montre qu’aucun effet observable sur l’investissement, la R&D et les exportations s’est fait sentir. Le déficit commercial a replongé au premier semestre de 2016, seulement entre 50 000 et 100 000 emplois créés ou sauvegardés selon France Stratégie. Sur l'année 2016, 100 000 chômeurs ont quitté les listes de Pôle emploi et le taux de chômage baisser de 0,4 point, pour se stabiliser à 10 % au troisième trimestre de 2016. Cette baisse du coût du travail s‘est également accompagnés de contrats aidés, de primes aux très petites entreprises (TPE), et d‘une considérable réforme du code du travail avec la loi El Khomri (2016) après la tentative de libéralisation économique de la loi Macron (2015). Par ailleurs, cette dernière n’a pas tenu ses promesses : la libéralisation du transport, symbole de la loi, a fait exploser l’offre dans un premier temps, sans pour autant éviter sa concentration comme aujourd’hui. Toutefois, une politique de l’offre ne porte théoriquement ses fruits qu’à moyen terme. D’ici-là, il faudra encore attendre, à moins que la prochaine élection fasse renverser la donne. L’échec de la politique de l’offre peut s’expliquer par la mauvaise concentration des aides sur des secteurs plus exposés à la concurrence internationale. En effet, nos voisins européens et principaux concurrents ont également baissé le coût du travail, ce qui a écarté l’Hexagone du bénéfice d’une compétitivité hors-prix. Sans aucune contrepartie exigée, les entreprises ont pu gérer à leur gré ce cadeau et maintenir à flots leur trésorerie asséchée par l’austérité. A contrario, les dépenses publiques ont sensiblement baissé, déprimant la demande intérieure et risquant de dégrader la qualité des biens publiques indispensables à la compétitivité des entreprises. Finalement, pour l’économiste Philippe Aghion, François Hollande ne s’est pas mis en position de réaliser le défi de réconcilier innovation et mobilité sociale. Il ne serait venu à cette économie de l’offre que peu à peu, trop tard, à reculons et de manière trop indécise. Pour Thomas Piketty, il faut remettre en question les critères de convergence européens. Les États-Unis ont su faire preuve de plus de souplesse budgétaire pour relancer la machine. A contrario en France, le chômage a grimpé de 7 à 10% en dix ans, ce n’est pas à cause de la rigidité du marché du travail mais plus probablement à cause de la rigidité des critères budgétaires. « La politique de l’offre fait un flop » par Marc Chevallier – Alternatives Economiques, Janvier 2017, n°364 https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-economique/retour-sur-le-bilan-economique- duquinquennat-hollande http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/election-presidentielle2017/20161202.OBS2080/francois- 11
  12. DOSSIER L’histoire en question ? entretien réalisé auprès de Loïc Bouillé et Marie-Agathe Schousboë En septembre 2016 est publié Le Récit du commun de Jocelyn Letourneau et Françoise Lantheaume. Contre les idées reçues d’un manque de connaissances historiques et de l’absence de tout récit commun, l’enquête dévoile un rapport enchanté qu’entretiennent des élèves français issus de tout horizon avec leur « histoire nationale ». Cette étude établit un constat positif de l’enseignement de l’histoire. Loïc Bouillé et Marie-Agathe Schousboë ont accepté de participer à l’entretien pour nous donner leur éclairage sur cet enseignement et son évolution, ils ont des choses à dire ! A quoi sert l’histoire ? Loïc Bouillé : D’abord, cela permet d’avoir une culture générale pour comprendre le présent. Sans connaître le passé, on ne peut pas se situer. Il permet aussi de prendre du recul par rapport aux événements. On n’est pas dans la réaction immédiate, sans réflexion. L’histoire doit également permettre de développer l’analyse de manière générale, non pas seulement par rapport aux événements mais par rapport à n’importe quelle situation. C’est une gymnastique mentale qui nous permet de prendre un positionnement argumenté. Marie- Agathe Schousboë : L’Histoire est l’étude du passé. Sert-elle à quelque chose ? C’est une question délicate qui appelle à des réponses variées. Aux uns elle servira à la construction d’une identité (stéréotype de l’histoire comme outil idéologique), aux autres elle sera un divertissement parmi d’autres (stéréotype de l’histoire anecdotique). Au pire, elle est perçue comme une longue liste de dates et personnages. Chacun doit construire sa propre relation avec l’Histoire. A titre personnel, je vois l’Histoire comme une grille de lecture incontournable du monde qui nous entoure et parfois, aussi, comme un moyen de lui échapper. Quels sont les objectifs de l’enseignement de l’histoire au lycée ? Diffèrent-ils de ceux d’il y a vingt ans ? M-A. S : L’enseignement de l’Histoire au lycée et les débats dont il fait l’objet révèle à quel point c’est un sujet critique dans notre société. On notera l’objectif de l’année de Terminale : « initiation au monde contemporain ». Le but est de comprendre notre passé à différentes échelles mais aussi de travailler des compétences intellectuelles indispensables à tout adulte : analyse, argumentation, critique. L.B. : Pour ce qui est de l’enseignement, on passe d’un cours d’histoire au collège où l’on commence à analyser, à un cours au lycée où l’on réalise une réflexion beaucoup plus complète. Quand on commence en seconde avec l’analyse de document, il faut être sûr que l’élève comprenne bien ce que l’on lui propose. A partir cela, il utilise sa culture, ses connaissances et les constats qu’il émet, pour se faire une idée du problème à régler. Ce n’est plus « 1515 Marignan » ou la connaissance pour la connaissance, ce qui était le cas jusqu’aux années 70 et 80 où l’on apprenait les départements français, les dates par cœur. Désormais c’est terminé, l’histoire est un outil car face à n’importe quel événement, on a recours aux connaissances et à une réflexion pour se positionner. Trump, par exemple, c’est l’histoire immédiate auquel on peut faire des parallèles avec des anciens présidents américains. Ce n’est plus uniquement avoir une opinion par rapport à sa chevelure. Il faut prendre du recul. Quelles sont les nécessités de la société auxquelles l’enseignement de l’histoire au lycée peut répondre ? M-A. S. : Voici quelques propos d’historiens célèbres, dans lesquels je me retrouve totalement : - Antoine Prost : « La première finalité de l'enseignement de 12
  13. l'histoire est de permettre aux élèves de comprendre le monde social et politique dans lequel ils vivent en leur donnant le vocabulaire et la syntaxe nécessaires pour nommer les réalités (aristocratie vs bourgeoisie, population agricole vs population rurale, gouvernement vs administration, etc.). Si l'histoire constitue aujourd'hui encore le moyen privilégié de penser la société, c'est parce que la France s'est pensée elle- même depuis le milieu du XIXe siècle à travers l'histoire » - Philippe Joutard : « Il est en effet indispensable de construire chez les élèves le sens du temps, en combattant d'une part le « présentisme » par lequel notre société remplace les héros par des stars éphémères et érige le zapping au rang de pratique reine, et l'immobilisme d'autre part, qui se traduit tant par les fondamentalismes, qui souhaitent fixer la société dans un âge d'or mythique, que par les excès de la patrimonialisation, lorsqu'elle est synonyme d'enfermement dans le passé et non de libération par la connaissance raisonnée de ce passé. Il est important d'apprendre aux élèves la bonne gestion du temps et de ses différents niveaux ». L.B. : Il s'agit des nécessités à la fois de l’histoire et de l’enseignement civique. On a besoin de faire comprendre aux élèves qu’ils doivent être acteurs, citoyens. Quand on étudie une période, admettons l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933, il est important de savoir quel a été le rôle du citoyen pour que l’élève puisse se demander : pourquoi voter ou pourquoi ne pas voter ? et si oui, pour qui ? Fondamentalement, l'histoire sert à faire des citoyens qui réfléchissent. De plus, lorsque les élèves comparent différentes périodes ou pays, il faut qu’ils comprennent que ce qu’ils auraient pu entendre de leur environnement personnel n’est finalement qu’une manière de considérer les choses. Par exemple, la Guerre d’Algérie était taboue pour la génération qui me précédait. Aujourd’hui ça ne l’est plus car on est moins influencé par les acteurs de cette guerre. Entre le témoignage et l’étude scientifique de l’événement, il faut se faire une idée globale et non pas « émotionnelle ». Sinon, on n’est plus citoyen mais partisan. Par ailleurs on a toujours l’impression que ce que l’on vit est normal et existe depuis très longtemps. Mais par exemple, pour arriver à un système politique convenable, depuis la Révolution française, on en a passé des révolutions ! De même que pour le droit de vote. Aujourd’hui cela paraît normal de voter dans un isoloir. Peut-être demain, le système évoluera, on voudra voter et faire des référendums numériquement comme cela a été proposé en Espagne, sans passer par des intermédiaires. Il faudra des citoyens au sens critique aiguisé dès lors car on demandera de s'exprimer sur beaucoup plus de sujets... Quelle est l’évolution de l’enseignement de l’histoire en termes de pédagogie ? L.B. : Jusqu’aux années 80 et 90, on faisait des cours magistraux où l’élève devait uniquement apprendre. Aujourd’hui on doit faire réfléchir l’élève qui doit utiliser ses connaissances pour répondre de manière organisée à un sujet problématisé. Également, les supports vont être totalement changés, on fait appel au numérique et au web, non pas pour obtenir uniquement des informations mais pour exercer son esprit critique. Autre élément, le professeur va aborder un autre positionnement. Hier il apportait son savoir, aujourd’hui tous les élèves ont accès aux ressources et aux connaissances. Le professeur va donc devenir, de plus en plus, un « consultant de luxe ». Il va être là pour confirmer certains aspects et faire réfléchir sur la connaissance que l’élève aura trouvée. On parle de « pédagogie inversée », c’est l’élève qui apporte la connaissance et non le professeur. Le cours magistral utilisé seul est une manière d’enseigner qui devient complètement caduque, on est dans une révolution numérique donc je crois que cela va encore changer. C’est d'ailleurs pourquoi on commence à repenser différemment nos infrastructures. Pour 2018, dans le futur amphithéâtre, on pourra fonctionner comme à la fac avec des cours magistraux, puis à côté, on ajoutera des heures en petits groupes pour que l’élève travaille la mise en action de la réflexion. Pour l’anecdote en 2004, c’était les élèves qui montraient au professeur comment fonctionnait un ordinateur. Si on ne s’adapte pas à cette évolution rapide, on risque d'être dépassé. 13
  14. M-A. S. : Sous la IIIe République, l’Histoire est vue à travers le prisme Républicain, elle doit servir de roman national, avec des héros. Il s’agit surtout de cours magistral, de faits et dates à apprendre par cœur. Avec les guerres mondiales, notre matière devient le support pour enseigner les droits de l’Homme. L’UNESCO conseille « d’enseigner une histoire aussi universelle que possible dans laquelle le passé des peuples non-européens serait considéré en lui-même ». Les programmes ne l’intègrent toutefois pas tout de suite et c’est plus les méthodes qui évoluent : des méthodes plus actives basées sur la critique documentaire. Les manuels multiplient les documents qui deviennent lentement les supports de méthodes plus inductives. - Les années 1960 et 1970 sont marquées par de dynamiques débats sur l’école. Le contexte est favorable aux pédagogies actives, souhaitant attiser la curiosité des enfants et le désir d’apprendre en décloisonnant les disciplines. Introduction de l’histoire économique et sociale et revendication d’une « pédagogie par objectifs » - Les années 80 s’érigent en période de retour à une histoire plus traditionnelle. Alain Decaux, en « Une » du Figaro magazine lance un cri d’alarme : « Français, on n’enseigne plus l’histoire à vos enfants ». Les nouveaux programmes en reviennent à une écriture traditionnelle : continue, politique, événementielle. - Les années 90 : la pédagogie en histoire est basée sur le document. - Actuellement, c'est le retour du récit, un meilleur équilibre entre magistral, dialogué, activités à partir de documents, comme l'explique M. Bouillé. Quelle est la différence entre l’histoire enseigné au lycée et l’histoire enseigné à l’université ? L.B. : Face à des professeurs qui ont réalisé des thèses pendant toute leur carrière, à la faculté, on n’est plus du tout dans le même registre. A mon époque, le professeur donnait un cours qui n’était pas toujours complet, parfois un peu orienté, on devait lire d’autres historiens qui donnaient une version un peu différente et il fallait, le jour des examens, répondre avec le cours du professeur mais critiquer à l’aune des autres sources. L’université a dû changer. Aujourd’hui il y a les « MOOC », c’est-à-dire des cours sur internet à distance. Tout est dématérialisé mais on garde le besoin d’une présence humaine car il n’y a pas que le savoir en tant que tel. En tant que responsable du lycée, je pense qu'il ne doit pas y avoir une trop grande distorsion entre l’enseignement au lycée, en terminale, et dans l’enseignement supérieur. M-A. S. : Plusieurs éléments diffèrent tant sur le fond que la forme : les cours d’Histoire en université se déroulent en Cours Magistral et Travaux Dirigés. Lors des cours magistraux, le professeur communique son cours sans que vous puissiez intervenir, en particulier dans les grands amphis. Dans de petites facultés, cela peut être différent. Les TDs, en petit groupes, permettent plus d’interactions et de travailler la méthode de critique de document. Les volumes horaires consacrés à chaque sujet sont bien évidemment la raison pour laquelle on approfondit beaucoup plus à l’université : on étudie les faits historiques mais pas seulement, nous avons également le temps de nous interroger sur les courants historiques, les interprétations de tel ou tel événements. Chaque année, les quatre périodes historiques sont étudiées (rappel : Antiquité, Médiévale, Moderne et Contemporaine). Les sujets au sein de ces périodes varient d’une université à l’autre en fonction des objectifs de l’université, des professeurs et du cursus choisi. Il faut donc être très autonome en faculté, savoir prendre des notes et rapidement, aller consulter de soi-même les références bibliographiques. L'accès aux sources est aussi plus facile grace au numérique. Comment devient-on historien ? Quelle est la différence entre l’enseignant d’histoire et l’historien ? L.B. : L’historien va rechercher pour produire de l’histoire. Ecrire un livre, c’est comme mener une enquête policière. Il faut trouver les ressources, les croiser pour les valider, prendre du recul, lire des travaux complémentaires ou précédents. C’est un travail de synthèse sans pour autant faire une compilation. L’historien va prendre des sources pour les interroger différemment. L’histoire va donc être en perpétuelle 14
  15. évolution à laquelle contribue l’historien. Par exemple, il y a toute l’histoire sociale qui s’est considérablement développée dans les années 70. De même, on commence à étudier des thèmes qui semblaient complètement inintéressants il y a encore dix ans comme l’histoire de l’informatique. Certains disent effectivement que son ampleur relève de la découverte de l’imprimerie ou de l’Amérique en 1492. Avant l’histoire, c’était de l’événementiel alors qu’aujourd’hui, il y a beaucoup plus d’histoire sociale, économique, technologique, les contenus sont largement différenciés. C’est en croisant différents pans que l’on crée une nouvelle branche de l’histoire, en réactualisant les sources. A côté, le professeur est un « porte-parole » qui va sensibiliser et faire comprendre l’histoire. M-A. S. : Pour devenir historien, le parcours classique est de suivre une formation universitaire en Histoire (Licence, Master puis Doctorat), voire Histoire de l’Art ou Archéologie. A partir du niveau Master – mais même avant si possible – il ne faut pas hésiter à faire des stages en chantiers de fouilles, laboratoire, musée, pour se constituer un réseau et surtout, commencer des publications d’articles. Les premières publications sont en général basées sur les mémoires de master et doctorat bien évidemment. Ce parcours peut toutefois varier en fonction de la période étudiée. Un historien de l’Antiquité devra maîtriser les langues anciennes et peut ainsi débuter ses études par l’ENS/prépa littéraires. Il existe ensuite de nombreuses passerelles pour rejoindre un master d’Histoire ou d’Archéologie. L’essentiel est d’acquérir des bases disciplinaires étendues et solides et d’avoir une rigueur scientifique de mise. Etre historien se définit à mon sens par une activité de recherche et de publication scientifique. La recherche est une activité passionnante ! On cherche, on enquête, on vit, on respire les sources ! A ce titre, être historien et être professeur d’histoire dans le secondaire sont deux métiers très différents. Rares sont les enseignants du secondaire à être historien, c’est-à-dire toujours impliqués dans la recherche scientifique. La préoccupation de l’enseignant est principalement de savoir comment enseigner tel ou tel aspect de l’histoire tandis que l’historien s’interroge sur l’Histoire elle-même. Face aux critiques de «laxisme», dans quelle mesure peut-on dire que les programmes d’histoire au lycée ont été amincis ? Y a-t-il une vraie baisse quantitative des connaissances ? L. B. : Tout dépend de ce que l’on donne comme objectifs à l’histoire. Si ce n’est uniquement que les connaissances, « c’était mieux avant ! » car il n’y avait pas cet accès à l’information. Par contre, savoir utiliser ses connaissances, ça devient là plus intéressant. En l’occurrence, on ne va pas dire que les gens connaissaient plus de choses hier qu’aujourd’hui, on va utiliser les faits historiques différemment. C’est devenu un faux débat que de traiter l'histoire quantitativement car les connaissances utilisées évoluent comme les technologies pour les exploiter. Pour les programmes « amincis », on croise maintenant les chapitres au lieu de les réciter. C’est plus la réflexion qui prime sur la connaissance pure. M-A. S. : Les programmes sont très vastes. Ce qui est aminci c’est le volume horaire pour traiter ces programmes, qui eux, sont toujours si ce n’est encore plus chargés ! Les exigences au bac sont différentes. A mon époque par exemple, nous devions constituer les croquis par nous même, les sujets tombant au bac étant différent de ceux- étudiés dans l'année. L’étude de documents devait comporter un tableau de confrontation des documents puis une synthèse. Pourquoi le programme de Terminale s’intéresse-t-il à des périodes plus longues, plus vastes et plus actuelles ? (« Les États-Unis et le monde depuis 1918 à nos jours », « La Chine et le monde depuis 1949 ») L.B. : Depuis que Fernand Braudel a étudié le temps long avec sa fameuse « Méditerranée », on étudie avec plusieurs échelles chronologiques. La difficulté en histoire est de faire des analyses d’une histoire immédiate validée. On va parler d’événements importants aujourd’hui, car très médiatisés, et quand on prend du recul sur celles plus anciennes, on se rend compte que dix ans après les gens qui 15
  16. analysent la situation immédiatement ont effectivement fait des erreurs car ils n'avaient pas tous les éléments, toutes les archives, etc. Donc faire la comparaison entre aujourd’hui et il y a cent ans nous permet de poser des questions – procédé que l’on ne faisait pas il y a cinquante ans. Etudier des temps longs permet de réaliser une analyse de l’histoire immédiate peut- être plus complète. De plus, lorsque l’on analyse les événements, très souvent on voit que les racines qui peuvent les provoquer sont très anciennes, et beaucoup plus que ce que l’on ne le croit car la mentalité des gens s’ancre dans les générations précédentes. C’est peut-être moins vrai aujourd’hui grâce aux différentes sources d’information, mais il faut s’en méfier. M-A. S. : Les programmes tentent de concilier les avancées historiographiques et la demande de la société. Des questions assez inédites ont fait leur apparition comme l’étude des royaumes africains médiévaux. Des reformulations témoignent de la volonté d’intégrer les dynamiques scientifiques récentes (ex : « la colonie » appréhendée comme l’espace géographique de la rencontre coloniale) ou de rendre intelligibles des débats mémoriels (introduction de l’étude de la traite transatlantique en 4e). Les nouveaux programmes de Lycée sont davantage en rupture avec les cycles précédents. Ils zooment sur des moments historiques spécifiques ou étudient une question sur le temps long, héritage de l'histoire Braudélienne (Terminale/ex : « Médias et opinion publique depuis l’affaire Dreyfus). Cela dépend aussi fortement des personnalités présentes dans le Conseil Supérieur des Programmes. La commission chargée des programmes est contrainte par un cadrage horaire très strict, contraignant. Y aurait-il pas un manque de recul face aux événements d’hier (élections d’Obama) qui deviennent très vite des objets d’études historiographiques ? L.B. : Le recul est uniquement possible si on tire expérience des erreurs d’interprétation d’hier. C’est d’autant plus difficile de faire de l’histoire contemporaine avec des élèves qui n’ont pas forcément la culture ou l’intérêt. Il faut que les événements immédiats soient des objets d’étude car sinon, l’histoire serait déconnectée, on parlerait toujours de nos amis les Gaulois et les élèves ne comprendraient pas dans quel monde ils vivent, ni le lien entre le passé qui peut servir d’expérience et le présent. M-A. S. : Oui, pour l'historien il y a clairement un manque de recul. Toutefois, comme dit plus haut, c’est aussi un besoin de la République et des citoyens. Quelques remarques : - Les programmes intègrent des éléments très récents (jusqu’à la crise économique de 2007/2008). C'est l'histoire des temps présents, courant historique aujourd'hui reconnu. Si les faits chronologiques qu’on nous demande d’enseigner sont incontestables, il faut faire attention à leur interprétation historique, les historiens n’ayant pas tous les tenants et aboutissants pour analyser ces faits. Il faut donc être très prudent et critique. - On nous demande de commenter les événements actuels (attentats, élections etc.). Ce n’est pas de l’histoire mais du journalisme. Toutefois, c’est là un des enjeux de notre travail d’enseignants d’Histoire : expliquer ces événements à la lumière de la rigueur historique et faire comprendre comment on fait l'histoire de l'histoire ! Pourquoi étudier des périodes plus vastes et donc moins précises ? : « la place des femmes dans la société au XXe », « la population active dans la société française au XXe » (programme de Première S) L.B. : Quand on est dans la précision, on va être dans un contexte particulier, alors que comprendre les différentes crises dans le temps va nous faire penser que nous sommes actuellement dans une situation qui soit loin d’être pérenne. Également, étudier plusieurs approches nous permet de valider le mode de réflexion. L’histoire, c’est aussi savoir ce qu’il nous reste comme explications face aux événements passés. M-A. S. : Ces sujets sont en réalité très intéressants et des clés de lecture de nos sociétés. On ne peut pas comprendre l’évolution de la société occidentale jusqu’à nos jours (objectif des programmes) sans étudier ces deux aspects. Hélas, ces sujets doivent être traités en tellement peu 16
  17. d’heures qu’effectivement, ils perdent toute leur substance et leur intérêt. Est-ce la fin des Rois de France et de Napoléon ? Les programmes d’histoire de Première et Terminale abordent en unique perspective le XXe (hormis « la difficile affirmation républicaine entre 1880 et 1890 ») M-A. S. : Rois de France et Napoléon sont traités en collège, ils font donc partie de la scolarité obligatoire. L.B. : Je n’ai jamais vu Napoléon en histoire à l’université, et en une ou deux heures en lycée. On va alors être dans une manière d’appréhender les diverses connaissances plutôt que de tout connaître en profondeur. Personnellement, ça ne me dérange pas de survoler que des parties de l’histoire de France dès lors que les élèves ont les outils pour approfondir. Ici encore, on est entre l’histoire quantitative et l’histoire qui sert d’outil d’analyse. On a l’impression de survoler car il n’y a plus ces repères obligatoires, mais c’est plus intéressant aujourd’hui d’avoir les outils que d’apprendre bêtement. A partir de quand peut-on parler d’instrumentalisation de l’histoire et non plus de symboles communs ? L.B. : On peut parler d’instrumentalisation ou de tentative d’instrumentalisation, et cela s’est fait à différentes époques. Par exemple, à la fin du XIXe siècle lorsqu’il a fallu reconquérir l’Alsace-Lorraine. On a alors utilisé l’histoire pour cette reconquête et formé à l'école de bons petits soldats. De même, on pense au régime de Vichy en 39-45, qui validait un certain nombre d’idées qui leur étaient propres. Aujourd’hui on peut toujours avoir cette disposition-là. Par contre, le fait d’être plus « éclairé » grâce aux facilités d'accès à l'information – je pense par exemple aux prises de position des intellectuels, des académiciens, au corps d’agrégés en histoire qui est extrêmement puissant – cela permet de mettre justement en garde. Quand il était question de faire un musée de l’histoire de France il y a quelques années, ces gens-là se sont exprimés et cela a évité de faire peut-être une erreur, il y a eu des débats intéressants qui en sont sortis. Ici, je ne parle pas d’instrumentalisation mais dans la mesure où l’on veut faire un musée de l’histoire de France, on ne part pas avec les mêmes objectifs pour tout le monde. L’instrumentalisation volontaire ou involontaire peut exister, maintenant l’intérêt est de laisser les gens qui ont un avis sur le sujet s’exprimer et contredire pour avertir des interprétations possibles. Peut-on enseigner l’histoire et rester impartial ? L.B. : Je peux avoir mon avis personnel sur une question à traiter mais je n’ai pas le droit de le dire en classe. A partir du moment où il y a une situation polémique, il faut donner la parole aux différents protagonistes, on n’a pas de jugement à donner. C’est pareil que lorsque l’on écrit un livre d’histoire, on ne doit pas être dérangé par notre positionnement. Et justement, je peux me faire l’avocat du diable dans les débats en EMC pour faire réagir ! Quels sont les thèmes controversés et difficiles à aborder au lycée ? L.B. : Pour la Guerre d’Algérie, il aura fallu attendre le début des années 2000 pour que l’on puisse faire un cours sans rencontrer l’animosité de certains parents d'élèves car eux avaient vécu cette période- là. Ce que l’on pouvait affirmer avec du recul et l’analyse historique ne correspondait pas toujours avec ce qu’ils avaient vécu. Après cela dépend du lycée où l’on est. Aborder le conflit israélo-palestinien dans un lycée où il y aurait les deux obédiences revient plus à se référer aux faits et éviter la confrontation, sans pour autant ne pas laisser nécessairement la parole aux élèves. Un thème est difficile à aborder lorsque l’événement a été douloureux et aura suscité des émotions. Il faut grossièrement trois générations pour que l’émotion commence à s'estomper. Il faut du temps pour calmer les esprits. C’est pourquoi c’est difficile d’être professeur d’histoire. Il y a la passion, la soif de connaissance, la volonté de se positionner et puis la volonté de transmettre la possibilité de comprendre le monde qui nous entoure. 17
  18. AU CŒUR DU LYCÉE Oscar Wilde or the importance of a theatrical activity: A special interview with the Secondes E by Coline Lappeman Last December 2016 Year 11 students had the opportunity to profit from a drama workshop. Thanks to this activity, organized by the English teachers, they all acted in front of their classmates throughout the three-hour-long program. The editor-in-chief and journalist, Louis Dréano, and I, Coline Lappeman, asked one of the classes to know more about this experience. Louis: Hello everyone. Thank you for having us here today. As we all know you participated in a group activity a few weeks ago. So to begin with, could you maybe sum up the content of the workshop you did? What did it consist in? Julian: We had different activities. For example, we had to act parts of a play, which was the major activity. We also created status in pairs. Louis: When was it? Did you do this in “A.P.” or in your regular English Class? Gauthier: It happened in the regular English Class. Coline: How long did it last? Julian: About three hours. Louis: First of all, what was the first step? Coline: Did you have to act out a scene? Théo H.: For most of us, we could act with gestures. Coline: Did you have to recite lines from the play and act out some scenes? Louis: Did you have to learn it by heart? Theo G: Yes, indeed, although we played a scene we had already studied and learned in class. Coline: What is the name of the play? Theo G: The Importance of Being Earnest by Oscar Wilde. Coline: Well then, did you learn something about Oscar Wilde? Who was he? Gauthier: He was Irish and born in Dublin. He was imprisoned because of his sexual orientation, as he was homosexual and it was not accepted at the time. He died in Paris on 13th November right at the beginning of the 20th century, in 1900. Louis: And you did this acting workshop with an Australian woman, didn't you ? Is she Still in France? Where is she now? How old is she and what is her name? Theo H.: Hannah is thirty. But now she is gone. She has gone back to Paris a couple weeks ago. Louis: What was your interaction with her? Obviously, as she is a native speaker, was it difficult to understand her? And what about her accent? Theo G: We understood most of what she said quite well and her accent didn't bother us. Louis: Actually what did you learn from this activity? How do you feel now? Are you more self-confident when you speak in English? Coline: Did it help you to speak more easily in English class or in general? Gauthier: Yes, it has helped usa lot. We had an English test about our scenes the day after so Anna helped us a lot with the pronunciation and the emotions. Louis: Before the activity, did you have anxiety, stress, fear? You had indeed to speak three hours long, didn't you ? Gauthier: Not really, because it seems it went by very quickly for us. Coline: Has it been difficult for some of you? Was it the first time you act? Or maybe some of you are part of a dram club? Gauthier: It's not been difficult, because personally last year I dit drama in class. Louis: But it was in French, wasn't it? Gauthier: No it wasn't. It was in English. 18
  19. Louis: Now, we are going to move to another aspect of this activity, which would be your point of view about this experience. For you, what were the advantages of this? Did you enjoy it? [unanimous affirmative answer!] Louis: Have you improved your English? Martin: Yes, we have and now we have the ability to act much better. Louis: What about the negative sides? Julian: According to our schedule, we normally have two classes on Tuesday afternoons. Alexis: In order to prepare this activity we had to stay an extra hour. Gauthier: Then the day of the activity, we worked three hours, which was hard. Louis: Would you like to do it again? Unanimous response:: It was quite a good experience. Louis: We would like now to focus more on the content of the story. Firstly, do some of you still have in mind the text? Can someone say some words of the play? Gauthier [quotes the play]: “Yes, Lady Bracknell, I was [found] in a handbag – a somewhat large, black leather handbag with handles to it – a [normal] ordinary handbag in fact.” Coline: Which character is it? Is it an important one? Gauthier: The character Jack plays a major role in the play. Louis: Then how many characters are there? Simon: Five. Louis: Could you tell us their names ? Simon: We have Jack, Miss Prism, Algernon, Gwendolen, Cecily Cardew and Lady Bracknell. Louis: What is the story about? Simon: Jack deeply loves Gwendole and Algernon who falls in love with Cecily. How does the story end ? Killian: Jack discovered he was the cousin of Gwendolyn. Did you like this story? Theo H.: I did like it, because it was quite unexpected. What surprised you the most ? Theo H.: The fact that Jack discovered his identity and that his name was not actually Jack but Ernest. Romain: Jack also discovered that he is the brother of Algernon. [We then asked how many Jacks, Gwendolens and Algernons had been played; each time, four hands were raised] For you, what was the most interesting character to play? Gauthier: Jack is the most enjoyable one. He possesses different personalities and names. At the beginning, his name is Jack and Ernest. What is funny moreover is that Gwendolyn first liked Earnest better than Jack. Louis: So he has to change, doesn't he ? Gauthier: And in the end he finally can be called the name Ernest because it is originally his. Coline: Who was the villain, the “bad guy” in the story? Lea: From my point of view, Algernon and Gwendolyn are the bad characters, I didn't really like them. Gauthier: Personally I think it is Lady Bracknell because she doesn't approve the marriage between Jack and Gwendolyn. What type of relations are there between Jack, Gwendolen and Lady Bracknell? Killian: Lady Bracknell is Jack's aunt at the end of the story and Gwendolyn is Lady Bracknell's daughter. Coline: Before we leave, we would like to know more about what you think of your future. What do you plan on doing after Seconde? Has the beginning of the year influenced you enough to think about higher education, later, that would involve English? Louis: Do you think English is important for you? 19
  20. [Editor's note: For some of them, it is difficult to learn English, but we clearly saw they tried their best.] Julian: After school, I want to go to Australia, so English means a lot to me. Louis: Is it because of the Australian comedian actress [Editor's note: Hannah, formerly mentioned] you've met? Julian: No actually it is a dream. Louis : What do you plan on doing there? Julian: Just to live there. Louis: Traveling all over the country? What about work? Julian: What is the most essential for me is to travel, yes. Then I would also like to work. Killian: English is very important for our future jobs because everybody speaks English and it is an international language. Coline: Do you have anything else to add? Theo G: The drama workshop was very interesting and important for us, because it can help us to express more easily our feelings using body language. As for me, it has helped me a lot. Louis and Coline: Thank you very much for your attention and your time, that was a pleasure meeting you and talking all together. We would like to thank the English teacher Mrs Madelon, who genuinely offered us the opportunity to interview her class and let us discover this wonderful activity. Immaculée Conception par Jennifer Colin Une institution composée d’histoires, Passée de la guerre à l’éducation D’un champ d’observation à une salle de classe, Mais un unique la compose. L’appréhension d’un devoir ou d’une attaque, Des élèves ou des soldats non présents, Peu importe école ou quartier général Des valeurs avant tout. Une foi chrétienne transmise, Des connaissances divulguées, Des relations partagées, Des découvertes fascinantes. Une culture enseignée, Un savoir-faire exercé, Bref, une seule organisation L’Immaculée Conception. Envoyez vos textes, écrits, poèmes, chansons, articles, etc. à l’adresse : louis.dreano@sfr.fr 20
  21. EXPRESSION Top 4 des personnages de Jeux-Vidéos m'ayant marqué par Pierre-Ambroise Gallouet J'ai plusieurs loisirs au quotidien. Je lis, je sors, je dessine, j'écris... Et puis, je joue à des jeux-vidéos. Une fois n'est pas coutume, je voulais vous parler brièvement de mon expérience avec le monde vidéoludique ! J'ai donc choisi 5 personnages qui m'ont marqué afin d'en parler à travers eux. Histoire de vous avertir : je vais spoiler sans pitié. Alors, si vous désirez jouer à ces jeux et apprécier l'histoire qu'ils racontent, méfiez-vous ! Vous êtes prêt ? ... AU DERNIER ÉPISODE DE GAME OF THRONE, GEORGE MARTIN ARRIVE ET TUE TOUT LE MONDE AVANT DE REPARTIR SUR LE FAUCON MILLÉNIUM ! Pardon, pour cette frayeur. C'était tentant ! Bref. Allons- y ! Sans (Undertale) Sorti en 2015, Undertale a beaucoup fait parler de lui sur la toile ! C'est donc un jeu qui m'a marqué très récemment mais assez pour que j'en parle. Vous incarnez un enfant qui tomba dans le royaume des monstres. Votre mission va donc consister à rentrer chez vous en atteignant la barrière magique retenant tous les monstres sous terre. Tâche ardue ! Car, au cours de votre périple, vous rencontrerez une flopée de personnages loufoques mais attachants. Parmi eux : Sans le squelette. Sans est un squelette grand comme votre personnage, fainéant avec un amour pour les jeux de mots et autres traits humoristiques. Paradoxalement, il semble être l'un des personnages les plus occupés entre son poste de sentinelle, de juge, d'humoriste, de vendeur de hot-dog etc... Il est le grand frère de Papyrus, membre de la garde royale, qui le fait enrager devant son laisser-aller. Alors, qu'est-ce que ce personnage a d'intéressant ? Sans vient d'un milieu scientifique où il apprit l'existence d'un moyen de sauvegarder pour le joueur. A partir de là, va s'opérer un déclic chez lui : toutes ses évolutions, tout ce qu'il se passe autour de lui n'a aucun sens. Puisque, sans crier gare, tout peut se réinitialiser et redevenir comme avant les aventures du joueur. À partir de là, Sans va tomber dans une espèce de nihilisme où son sourire et sa fainéantise masqueront son désespoir. Il va volontairement refuser de s'impliquer dans votre aventure (pour vous arrêter par exemple). Ce n'est qu'à la toute fin de la route Génocide, consistant à massacrer tous les monstres sans pitié, qu'il va agir. Car ce n'est bien qu'après vous avoir vu assassiner tous ses amis et son frère chéri qu'il ne va plus pouvoir "n'en avoir rien à faire". Et comment va-t- il agir ? En vous faisant vivre le combat le plus "casse-dents" de votre vie contre lui. En bref : « a bad time » ! Le Prince de Perse (Prince of Persia: la Trilogie des Sables du Temps) Tout le monde commet des erreurs. Mais si vous aviez le pouvoir de remonter dans le temps, beaucoup penserait à les changer pour les fuir. L'histoire du Prince de Perse est celle-ci : un jeune prince veut prouver sa valeur auprès de son Père. Au cours d'une guerre contre le Maharadja, il récupère un artefact magique : la dague du temps. Celle-ci lui offre le pouvoir de manipuler le temps à sa guise. Le Maharadja vaincu, le père du prince s'en va chez son ami le sultan de Azad. Alors, qu'en signe d'amitié, le roi lui offre le sablier du temps, son vizir pousse le prince à l'ouvrir grâce à la dague. Malgré lui, le Prince va libérer les sables du temps transformant toutes les personnes du palais en monstres. Toutes, sauf trois : le Prince, le Vizir et la fille du Mahardja : Farah. Au bout de nombreuses péripéties, incluant la mort du Roi de Perse des mains de son fils, le Prince et Farah vont s'allier et parvenir à changer le cours de l'histoire. Ils avertissent le Maharadja de la traîtrise du Vizir et tout rentre dans l'ordre. Seulement, à peine sortit du guêpier, le Prince se voit poursuivi par le gardien du Temps : le Dahaka des mythes perses. Il parvient à le semer et à se réfugier sur l'île du Temps. Parvenant à le vaincre et à sauver l'Impératrice de l’Île, le Prince part avec elle pour Babylone. Seulement, arrivés là-bas, la ville est mise à sac par personne d'autre que... Le 21
  22. Vizir qui n'est jamais mort à cause du retour dans le Temps. En possession de la dague du temps, le vieillard se transforme en divinité et s'apprête à réduire en esclavage la ville. Le Prince, alors partiellement corrompu par les sables, va partir l'arrêter et apprendre que son père fut tué par des monstres. Au début jeune et orgueilleux, le Prince va tout au long de son voyage initiatique s'assagir et apprendre à ne plus fuir ses erreurs. Cette série est véritablement emplie de poésie et nous plonge dans une atmosphère orientale complètement magique. Et comme on nous le rappelle si joliment tout au long de l'intrigue « Certains voient le Temps comme une rivière, au cours certain et tranquille. Mais je peux vous le dire : ils se trompent ! Le Temps est un océan en pleine tempête ! » Jade (Beyond Good & Evil) S'il y a un truc qui m'agace sur les réseaux sociaux, ce sont les personnes sur les pages de journaux. Il n'y a pas, je crois, un article sans quelqu'un pour crier au "complot du grand méchant système", à de "l'endoctrinement" ou encore à "la manipulation des médias par les grands méchants politiques/illuminatis/capital/ milliardaires/InsérerUnCroque mitaineTrèsVilainPasBeau" à chaque article ne leur faisant pas plaisir. Car, bien évidemment, un bon article doit avant tout être en accord avec leurs idées. Bon, le sujet de cet article n'étant ni le fanatisme ni les complotistes, je ne vais pas m'étendre dessus. Toutefois, quel est le lien avec ce jeu ? Et bien c'est simple : vous incarnez... une journaliste en herbe devant révéler au public un complot militaire d'envergure. Dans ce jeu, vous incarnez Jade. C'est une jeune femme journaliste qui s'occupe d'orphelin dans le phare d'Hyllis. La planète est sous invasion extraterrestre. Au fil de l'aventure, Jade va découvrir que cette invasion est sous complicité de la force armée locale : les Sections Alphas. Celles-ci kidnappent les hyliens afin de les livrer aux envahisseurs. Le travail de Jade, aidée par le réseau Iris, un groupe de résistants, sera de dévoiler la vérité sur ce complot à la population. De fil en aiguille, d'action en action, d'infiltration en espionnage, Jade va se révéler être plus qu'une simple hylienne. Elle sera à la fois le symbole du mensonge des militaires et, littéralement, la source des pouvoirs du chef des envahisseurs aliènes : le prêtre Domz. (D'où son attaque. En plus, c'est une jolie allégorie de la Vérité.). Cela va donc la placer au cœur même de l'avenir de la planète, elle qui peut faire se soulever la force du peuple ou l'avidité des tueurs. Je crois que c'est grâce à ce jeu que j'ai acquis du respect pour le journalisme. Alors à ceux prêts à insulter de pauvres gens qui ne font que vous informer, écoutez mes sages paroles : arrêtez de rager chez mon berger. Le Lion Rouge (The Legend of Zelda : The Wind Waker) : Zelda ! Ma franchise préférée de jeu- vidéo ! Poésie, action, personnages attachants, histoire épique... Quoi de mieux pour me plaire ? Et le personnage dont je vais vous parler est tiré du premier jeu Zelda auquel j'ai joué. Il y a longtemps, un héros tout de vert vêtu triomphait du mal. C'était le héros du Temps d'Ocarnia of Time, triomphant de Ganondorf. Depuis, le monde a été englouti sous les flots et n'est plus qu'un vaste océan parsemé d'îles. Pourquoi ? Le héros du temps n'est jamais revenu. Et Ganondorf, lui, si. Les dieux, pour empêcher Ganondorf fraîchement libéré de nuire (en mettant la main sur la Triforce, pouvoir divin), vont engloutir le royaume. Mais lorsque Ganon se réveilla, et à l'impulsion de ses kidnappings de jeunes filles aux oreilles pointues, le bateau nommé "Lion Rouge" va se réveiller. Le Lion Rouge est le bateau de Link, le héros principal des jeux. Il s'agit d'un bateau parlant à tête de lion est de couleur... ben rouge. Il est le compagnon de notre jeune héros dans sa quête. Au milieu de l'aventure, il va révéler sa véritable identité : le roi défunt du royaume d'Hyrule. C'est une âme perdue qui n'a pu se détacher de la terre par amour de son royaume. Royaume, dont il ne reste plus que le château et une maigre bande de terre protégées sous les flots par les dieux. Ce n'est qu'à la toute fin du jeu qu'il parvient enfin à se détacher du passé et à accepter de confier le flambeau à la nouvelle génération. Il va alors demander aux dieux de détruire pour de bon Hyrule et 22
  23. de donner un avenir à Link et Zelda, qu'il appelle affectueusement « ses enfants ». Il est l'exemple de l'adulte qui refuse de céder la place, hanté par la gloire du passé qu'il contemple au travers d'artefacts sans valeur. En cela, sa fin est belle. Et elle est d'autant plus belle qu'elle a annoncé un souffle nouveau dans la saga : une renaissance d'Hyrule débarrassé des cycles de la haine. Et c'est peut-être ça qui est beau : ce phœnix renaissant éternellement de la cendre. Opinion par Anne Dubouch Maman fut choquée lorsqu'elle l'apprit. Elle dit c'est l'Apocalypse, et son visage tout déconfit le confirmait. Je ne pouvais pas comprendre sa pensée : rien de grave ne s'était passé, alors pourquoi penser à une future éventuelle catastrophe ? Les médias avaient donné une mauvaise image de LUI, et maman se trouvait influencée par eux. Elle n'avait pas d'opinion personnelle, donc elle suivait juste les idées actuelles. Elle me décevait. Papa déclara que c'était une bonne chose. Il dit que le pays avait besoin d'un homme énergique et déterminé pour le guider. Son sourire traduisait son sentiment enthousiaste. Je pouvais comprendre qu'un homme énergique serait utile à la nation, qu'il redonnerait du travail aux chômeurs, qu'il réduirait l'immigration clandestine, mais je ne pouvais pas voir une personne avec un petit peu d'expérience en politique prendre le pouvoir. De plus, IL était raciste... Quant à moi, je n'étais ni pour quelqu'un, ni contre qui que ce soit : j'étais tout simplement perdue. Je ne pouvais pas choisir de camp, puisque les opinions des médias étaient en contradiction avec les autres, donc il n'y avait pas de vérité. Tout cela me fatiguait. Donald Trump était élu aux Présidentielles aux États-Unis, et bientôt il vivrait à la Maison Blanche. Quelques conseils autour des élections par Pierre-Ambroise Gallouet Ça peut paraître évident mais on consulte les programmes de chaque candidat avant de voter pour l'un d'eux. Cela vous permettra de savoir lequel est plus en accord avec vos convictions intimes et la raison. On ne dirait peut-être pas ainsi, mais de nombreuses personnes votent plus pour un parti ou une tête qu'un programme. Bien sûr qu'il est important de voir la personnalité du candidat ! Toutefois, ce n'est pas parce qu'un Adolf Hitler paraissait sympathique en 1933 qu'il laissa une Allemagne bien grande à sa sortie... (Et hop! 1 point Godwin facile!)* Ne consultez pas les réseaux sociaux pour en apprendre plus sur un candidat. Les réseaux sociaux sont souvent un fourre-tout de ragots, rumeurs, on-dits etc. Et pour cause : ils ne sont pas informés et spécialistes ! Oui oui. C'est dur à croire mais Internet n'est pas le refuge de la Vérité. Même si Antoine Daniel disait que «tout ce qui est sur Internet est vrai» ! N'ayez pas peur de consulter des livres émanant de des spécialistes ou tout simplement les sites officiels des partis afin de tenir pour sûres vos informations.* Je sais que c'est une tradition sur le net, mais ne vous laissez pas abuser par ceux qui disent que le grand méchant «système» est secrètement dirigé par les banques, les riches, les européens, les américains... Et pourquoi pas les illumatis, les reptiliens ou les reptilluminazis tant qu'on y est ? D'abord, il va falloir le prouver... et c'est généralement là où les complotistes ont tendance à perdre patience... Hein? Quoi? Mais non je ne suis pas dans le complot voyons! Quelle question! rire jaune* Ne partez pas du principe que votre vote ne sert à rien. Bien sûr qu'il sert à quelque chose ! À exprimer son opinion. Ce serait illusoire de se dire que son seul vote a peu de pouvoir. D'abord, car si vous raisonnez à l'échelle 1 contre 60 millions, évidemment que vous pèserez moins que ces millions de gens. Vous n'êtes pas le nombril du monde quand même! Ensuite, si vous raisonnez sur le principe de «si on perd ça sert à rien », non car vous aurez exprimé dans quelle partie de la population vous vous trouvez idéologiquement. Si un (bon) 23
  24. candidat gagne une élection à 51% contre 49%, il aurait tout intérêt à tendre un peu l'oreille vers son opposition car il ne disposerait pas d'une majorité confortable comme un De Gaulle.* Plaît-il? Si aucun candidat ne vous sied que faire? C'est simple: voter blanc. Au moins vous aurez exprimé votre indécision. Car, dans le cas où vous penserez qu'il est préférable de s'abstenir, ne venez pas vous plaindre après que des candidats ne vous plaisant pas soient élus: vous ne pourrez pas dire grand-chose. Vous avez refusé de vous exprimer. Tant pis! «Tant fait pas mon p'tit loup, c'est la vie ne pleure pas» comme disait Perret. Vous me trouvez acide ? Il y a de quoi : nos ancêtres se sont battus pour obtenir le pouvoir de s'exprimer et d'être un poids dans la vie politique. Si maintenant, on crache dans la soupe, nous nous mettons en danger nous-mêmes : on accepterait volontairement de ne plus avoir ce pouvoir de décision. Et pour des gens qui haïssent la dictature, cela serait ironique. Le vote est un droit de citoyen. Alors, tous aux urnes ! La Méditerrannée – photo prise par Giorgos Moutafis et publiée dans The Guardian Mamahba, Guinéen de 17 ans, secouru au large de la Libye par le chalutier Golfo Azzurro Envie de réagir ? Envoyez vos écrits à l‘adresse : louis.dreano@sfr.fr 24
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