20. La priorisation est assez rapide :
- Construire des centres de traitement (ETU)
- Former le personnel
- Gérer les déchets contaminés
… et assurer la coordination générale, l’élaboration de la stratégie nationale et
la définition des normes et standards !
Et moi, dans tout ça, je fais quoi ?
24. Retour de mission au Liberia
20 sept-12 Décembre 2014
Christophe Valingot
Des Questions ?
Notas del editor
Rappel : Le contexte Fin Août - Septembre 2014
L’épidémie décolle – on approche 5000 cas et 2500 décès
La croissance est exponentielle avec + de 800 cas/semaine (on double le nombre de nouveaux cas chaque 20 jours)
La psychose s’installe - Toute la planete ne parle plus que d’Ebola
Le CDC (Center for Disease Control) americain fait meme des projections entre 500 000 et 1,4 millions de personnes affectées pour janvier 2015 - SI RIEN N’EST FAIT
Heureusement, les predictions ne se sont pas materialisees : mais au 11 janvier, on a tout de meme 21 296 cas et plus de 8 429 décès.
Les questions qui me viennent immédiatement à l’esprit
Historique des débuts – une réponse rapide MSF / OMS / ECHO
L’épidémie semble sous contrôle – puis manque de vigilance ? et de moyens de surveillance…
La propagation se fait rapidement dans les 3 pays – jusque dans les capitales
Uniquement le contact direct avec des fluides corporels des malades Ebola (symptomatiques) – donc déjà en mauvais état – généralement pas en état de prendre le bus ou de se ballader
Ou bien des objets ayant été en contact avec ces fluides, comme des seringues par exemple ou du matériel médical souillé.
En général, la contamination se fait :
d’un malade envers un membre de sa famille qui prend soin de lui
d’un malade vers un personnel soignant non protégé
Lors des cérémonies funéraires traditionnelles et manipulation des cadavres
----- Meeting Notes (20/01/2015 16:28) -----
Pour se protéger, une seule solution :
Les équipements de protection individuels (PPE)
le respect des pratiques d'hygiène de base
pour l'ensemble de la communauté (lavage des mains)
Et des mesures pour limiter les contacts :
- Ne pas serrer les mains ou s'embrasser
- Eviter de toucher les personnes malades
- Eviter les rassemblements
En arrivant au Liberia je me pose la question
Les 4 volets les plus importants de la réponse
La réponse est sensée être apportée par les équipes décentralisées du Ministère de la Santé, les équipes cadres de district :
Manque de moyens
Manque de personnel –et de personnel qualifié
Manque de compétence en gestion des épidémies
Méconnaissance de la maladie EBOLA (c’est une nouvelle maladie)
----- Meeting Notes (20/01/2015 16:28) -----
Peur du personnel d'attraper la maladie
MSF intervient rapidement, envoie du personnel médical qualifié, monte des centres d’isolement/traitement
Des Laboratoires étrangers compétents (classe 4) acceptent d’envoyer du matériel spécialisé et du personnel qualifié mais ça prends du temps
La situation se complique, plusieurs zones éloignées les unes des autres sont affectées,
On a besoin de plus de laboratoires et de centres de traitement mais les capacités ne sont pas là
Le problème devient sérieux, les autres ministères sont désormais impliqués et la présidence coordonne et suit les progrès au quotidien
La communauté internationale se réveille, l’OMS et les autres agences des nations unies déploient du personnel et des moyens pour venir en appui au gouvernement
D’autres pays étrangers, agences spécialisées, bailleurs de fonds arrivent dans le pays (plus de place dans les hotels).
Tout le monde veut aider – Personne ne sait vraiment comment – Tout le monde veut de l’information – Quelle est la situation – Qui fait quoi, pourquoi personne ne fait rien !
C’est confus, et le gouvernement a du mal à gérer cet afflux de nouvelles agences / personnes à qui il faut en plus donner de l’information !
Le gouverment s’organise, une cellule de gestion de crise (QG de la réponse à l’épidémie) est mis en place avec l’appui des bailleurs
Chaque agence (ou presque) peut avoir un bureau au QG- ce qui facilite l’échange d’information – des Réunions sont organisées chaque jour + des tas de réunions thématiques.
La communauté humanitaire s’organise aussi, et active les CLUSTERS (des groupes de travail sectoriels) pour mieux harmoniser le travail de chacun au niveau national
Les organisations ONG, Croix-Rouge, agences UN, ont maintenant un cadre plus rigide pour travailler et les nouveaux arrivant peuvent construire sur l’existant (stratégies, progrès, tout est archivé et partagé).
Par contre, tout ce processus prends beaucoup de temps – Enormément de Réunions - surtout quand il faut tout réinventer : normes et standards –
Et mobilise beaucoup de RH, en capitales, au détriement des activités sur le terrain, ou on ne retrouve que peu d’acteurs finalement;
MSF, puis quelques ONG comme International Medical Corps, puis IOM se lancent dans la gestion des ETU et la prise en charge des malades.
Sinon, les autres acteurs sont TRES FRILEUX des lors qu’il s’agit d’approcher les patients.
Beaucoup d’argent et de mobilisation, OUI, mais le goulot d’étranglement reste quand meme les Organisations et le personnel Médical.
Les américains par exemple, ont beaucoup aidé, premier contributeur financier à la réponse, ils ont envoyé 3000 soldats mais aucun militaire pour approcher un malade ou suspect.
C’est uniquement pour construire les ETU (appui logistique). C’est SUPER, il faut le dire, mais personne n’ose prendre le risque de soigner les patients EBOLA.
Finalement, une derniere couche – LA MISSION SPECIALE DES NATIONS UNIES pour la lutte contre EBOLA – basée a ACCRA, pour la coordination de la réponse dans l’ensemble des pays affectés;
DISPROPORTION des moyens et des actions mises en oeuvre sur le terrain.
La Tâche est ENORME, beaucoup de travail et pas assez de monde pour le faire – comme souvent;
Mais là en plus il faut tout re-penser à la lumière du risque EBOLA, donc s’assurer que les choses sont bien réflechies AVANT de faire – et diffuser les bonnes pratiques le plus rapidement pour éviter que les autres acteurs ne ré-inventent la roue à leur tour ou ne commettent des erreurs.
IL FAUT PRIORISER, en 3 mois on ne pourra pas tout faire, à 3 personnes;
Un ETU, c’est compliqué, très compliqué.
Il faut accueillir 400 patients et plus de 600 personnels : c’est très grand.
Une véritable ville, à aménager pour faciliter le travail et la vie de chacun sur le site (eau, electricité, toilettes, douches, réseau d’assainissement, bureaux, salles de repos, nursing stations, salles de stockage, pharmacies, etc.)
Et de plus, les procédures de prévention et contrôle de l’infection sont très strictes et imposent des flux à sens unique pas toujours évident à appliquer sur le terrain;
Cela est plus ou moins résolu par la séparation stricte entre GREEN ZONE (personnel) et RED ZONE (patients EBOLA, AIRES DE GESTION DES DECHETS, MORGUES, etc.)
ET la création de SAS, un SAS pour se mettre en tenue de protection (PPE), un SAS pour se décontaminer et l’enlever en toute sécurité.
AUCUN ETU de ce genre n’avait jamais été construit auparavant, il a fallu tout adapter / réinventer à partir des principes de bases de contrôle de l’infection et des plans MSF pour 30 patients.
On a travaillé pour cela en etroite collaboration avec MSF et avec un ARCHITECTE, BENNIE (que je remercie ici pour son dévouement sans faille et les centaines de corrections de plans qu’il a du faire).
EXEMPLE de l’ETU de MSF à Monrovia, un des premiersETU urbain de grande taille à etre construit :
250 lits
Plus de 650 personnels
Ceux que j’ai construit pour l’OMS étaient de 400 lits
DIAPORAMA
Juste qq commentaires rapides sur les photos
POUR CONCLURE, QQ IMPRESSIONS GENERALES
1 - Participer a la lutte contre une épidemie de ce type : Passionant !
Tout est à (ré-inventer)
Je suis en reprise d’études Epidémiologiste, ISPED
2 - Travailler avec l’OMS :
Impressionnant : plus de 180 experts détachés du monde entier, rien qu’au Liberia.
Rencontre avec des personnes aux profils très variés - IPC
Mais cruel manque d’opérationalité – l’OMS n’est pas une organisation d’urgence !
3 - D’un point de vue personnel :
Des craintes évidemment, avant le départ et en arrivant – rapidement dissipées
Gestion de la famille et les reactions de l’entourage (surtout au retour)
Se réhabituer au contact humain – difficile transition
3 mois c’est long !