Le rapport de Stage de fin d'études dans l’entreprise EDF SA, premier producteur et fournisseur d'électricité en France, au sein du Département Grands Projets et plus précisément dans l’équipe s’occupant du projet de la première centrale nucléaire en Pologne
Le processus de transformation politique de la Pologne a commencé en juin 1989, avec les premières élections libres organisées depuis la Seconde Guerre mondiale. Malgré une évolution significative de la conjoncture politique, économique et sociétale de la Pologne, avec entres autres, son intégration dans les instances internationales telles que l’OTAN, le 8 juillet 1997, et l’adhésion de cette dernière à l'Union européenne le 1er mai 2004, force est de constater que ce processus de transition n’est toujours pas achevé en particulier dans le domaine de l’énergie. Ainsi, la Pologne doit aujourd’hui faire face à de nouveaux défis.
La Pologne produit environ 88% de l’énergie électrique à la base de charbon, dont 54% à base de charbon noir et 34% à base de lignite. Le système énergétique actuel est dominé par les centrales électriques ayant environ 30 ans et la plupart des centrales en fonction aujourd'hui disparaîtront dans les années 2030-2040. Le secteur de l’énergie polonais attend donc une profonde modernisation.
C’est la raison pour laquelle, les choix politiques et économiques concernant la sécurité énergétique polonaise devront être pris rapidement pour éviter une perte de capacité et des pannes de courant à larges échelles plus connues sous le nom de blackouts.
Depuis 2009 , le document officiel – la Politique Énergétique Polonaise 2030 – concernant la politique et la stratégie à mettre en œuvre laisse entendre la possibilité pour la Pologne de se lancer dans la préparation et la construction de la première centrale nucléaire. Cette volonté a été confirmée récemment par l’adoption, le 28 janvier 2014, du programme d’énergie nucléaire en Pologne – PPEJ – le premier document complet relatif à l'énergie nucléaire en Pologne. Par ailleurs, l’histoire du projet de la centrale nucléaire à Żarnowiec dans les années 80 montre que l’État polonais n’est jamais resté indifférent à la technologie nucléaire. De plus, les réalisations et les participations des Polonais comme Maria Curie-Sklodowska ou Kazimierz Piotr Zaleski, mais aussi beaucoup d’autres dans le développement de la technologie nucléaire à l'échelle mondiale prouvent un engagement certain pour cette puissante technologie.
Le travail qui m’a été confié durant mon stage a consisté essentiellement en l’analyse du programme d’énergie nucléaire en Pologne, les différentes études et rapports, mais aussi l’étude sur le nouveau mix énergétique polonais. La problématique du rapport se précise dans le sujet du rapport-mémoire - Les aspects politiques et économiques du mix énergétique
Dossier de presse du plan d'apaisement de la circulation de la ville de Tours
Mateusz Piotr Sikora - Les aspects politiques et économiques du mix énergétique polonais
1. 1
Master EDDEE – Stage EDF
Les aspects politiques et
économiques du mix
énergétique polonais
Master Économie du Développement Durable, de
l’Énvironnement et de l’Énergie – stage final
Mateusz Piotr Sikora ‐ 22 octobre 2014
(mateusz.sikora@hotmail.com)
La centrale nucléaire de Saint‐Alban
5. 5
Master EDDEE – Stage EDF
Remerciements
Je souhaite adresser mes remerciements à Monsieur Olivier Orsini, Monsieur Jacques
Sacreste, Madame Nathalie Beauzemont et à l’ensemble de l’équipe du Département Grands
Projets pour leurs conseils pertinents et leur aide tout au long de mon rapport, à Monsieur
Éric ROYER, coordinateur du rapport final, à Madame Jeanne DAVY à Madame Claude Thirault
pour leur soutien continu, à Monsieur Éric ROYER et Frédéric Lantz, en leur qualité de
responsable du Master EDDEE‐INSTN, et enfin à l’ensemble de nos professeurs du centre
INSTN et du centre IFP School.
Je souhaite adresser mes remerciements à Monsieur Jacques Sacreste et à Madame Nathalie
Beauzemont pour cette grande opportunité qui m’a été donné de faire mon stage dans le
Département Grands Projets – EDF France.
Je souhaite adresser mes remerciements aussi à Monsieur Andrzej Sikora, le Président de
l'Institut ISE pour ses conseils pertinents tout au long de mon rapport.
6. 6
Master EDDEE – Stage EDF
Introduction
La possibilité d’effectuer le stage de fin d’études dans l’entreprise EDF SA, premier
producteur et fournisseur d'électricité en France, au sein du Département Grands Projets et
plus précisément dans l’équipe s’occupant du projet de la première centrale nucléaire en
Pologne, est devenu une opportunité exceptionnelle pour consacrer ce rapport‐mémoire sur
le nouveau mix énergétique polonais.
Le processus de transformation politique de la Pologne a commencé en juin 1989,
avec les premières élections libres organisées depuis la Seconde Guerre mondiale. Malgré
une évolution significative de la conjoncture politique, économique et sociétale de la Pologne,
avec entres autres, son intégration dans les instances internationales telles que l’OTAN, le
8 juillet 1997, et l’adhésion de cette dernière à l'Union européenne le 1er mai 2004, force est
de constater que ce processus de transition n’est toujours pas achevé en particulier dans le
domaine de l’énergie. Ainsi, la Pologne doit aujourd’hui faire face à de nouveaux défis.
La Pologne produit environ 88% de l’énergie électrique à la base de charbon, dont 54% à base
de charbon noir et 34% à base de lignite. Le système énergétique actuel est dominé par les
centrales électriques ayant environ 30 ans et la plupart des centrales en fonction aujourd'hui
disparaîtront dans les années 2030‐2040. Le secteur de l’énergie polonais attend donc une
profonde modernisation.
C’est la raison pour laquelle, les choix politiques et économiques concernant la sécurité
énergétique polonaise devront être pris rapidement pour éviter une perte de capacité et des
pannes de courant à larges échelles plus connues sous le nom de blackouts.
Depuis 20091
, le document officiel – la Politique Énergétique Polonaise 2030 –
concernant la politique et la stratégie à mettre en œuvre laisse entendre la possibilité pour la
Pologne de se lancer dans la préparation et la construction de la première centrale nucléaire.
Cette volonté a été confirmée récemment par l’adoption, le 28 janvier 2014, du programme
d’énergie nucléaire en Pologne – PPEJ – le premier document complet relatif à l'énergie
nucléaire en Pologne. Par ailleurs, l’histoire du projet de la centrale nucléaire à Żarnowiec
dans les années 80 montre que l’État polonais n’est jamais resté indifférent à la technologie
nucléaire. De plus, les réalisations et les participations des Polonais comme Maria Curie‐
Sklodowska2
ou Kazimierz Piotr Zaleski,3
mais aussi beaucoup d’autres dans le développement
de la technologie nucléaire à l'échelle mondiale prouvent un engagement certain pour cette
puissante technologie.
L’actuel contexte explique donc certainement l’intérêt d’EDF pour le marché polonais. Le
Groupe EDF est y présent depuis 1993 et représente le plus grand investisseur étranger dans
la production d’électricité et de chaleur du pays. En effet, le Groupe y détient environ 10% de
part de marché de l'électricité et 15% de part de marché du chauffage urbain.
Le travail qui m’a été confié durant mon stage a consisté essentiellement en l’analyse
du programme d’énergie nucléaire en Pologne, les différentes études et rapports, mais aussi
l’étude sur le nouveau mix énergétique polonais. La problématique du rapport se précise dans
le sujet du rapport‐mémoire ‐ Les aspects politiques et économiques du mix énergétique
polonais.
La complexité, la difficulté et l’importance du sujet se justifient par la situation actuelle de la
Pologne. Selon l’obligation juridique prévue par la Loi énergétique, la Politique Énergétique
1
La Politique Énergétique Polonaise – 2030 a été voté le 10 novembre 2009 par le Conseil des Ministres
2
Marie Curie
3
Casimir Pierre Zaleski
7. 7
Master EDDEE – Stage EDF
Polonaise 2030 votée en 2009 devrait être actualisée après 4 ans. Les institutions
responsables de la stratégie sont en retard et la nouvelle Politique Énergétique Polonaise
2050 est toujours en cours de préparation. Les premiers documents dont Le bilan de la
Politique Énergétique Polonaise, Les hypothèses pour la Politique énergétique de la Pologne à
l’horizon 2050 et Les analyses de la demande de carburant et d'énergie, viennent d’être
publiés comme servant de base à des consultations publiques. Cependant, le choix final du
mix énergétique optimal de la Pologne reste toujours à définir.
Après la longue analyse du sujet et de cette problématique spécifique, le présent
rapport se décompose en trois grandes parties. Afin de bien expliquer la situation dans
laquelle se retrouve aujourd’hui la Pologne, nous allons analyser tout d’abord la Politique
énergétique polonaise actuelle (I). Par ailleurs, l’intérêt du projet et de l’équipe d’EDF est
l’implantation de la première centrale nucléaire dans le futur mix. C’est la raison pour laquelle
le rapport essayera d’expliquer rapidement certains aspects de la technologie nucléaire (II).
Enfin, la dernière partie du rapport décrit le choix de la solution optimale du mix énergétique
polonais à l’horizon 2030 (avec la perspective 2050) (III).
8. 8
Master EDDEE – Stage EDF
Ière Partie – La Politique énergétique polonaise
Depuis de nombreuses années, le sujet concernant l’énergie, sa sécurité et son avenir,
est l’un des problèmes les plus importants à la fois pour la politique internationale, mais aussi
et surtout vis à vis de la politique intérieure. Nous ne pouvons pas discuter de l’avenir de
l’énergie sans l’analyser le présent et l’état actuel de la sécurité énergétique dans les
différents secteurs de l’énergie polonaise, secteurs par ailleurs très diversifiés.
I. Le secteur énergétique actuel en Pologne
La Pologne est un grand pays européen possédant une dette étrangère de près de
mille milliard de PLN4
(soit le double d’il y a dix ans)5
. Malgré cet obstacle, l’économie
polonaise est aujourd’hui l’une des plus dynamiques d’Europe.
I. 1. Le bilan de conditions socio‐économiques actuelles.
En 2009, nous avons connu pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale
une croissance négative du PIB dans l’économie mondiale (‐0,5%). En 2010, l’économie
mondiale a profité une restauration partielle de la production et l’année 2012 a été
caractérisée par un ralentissement continu de la croissance de la production dans l’économie
mondiale (4,0 à 3,2%). Dans les pays économiquement développés, la croissance de la
production n’était que de 1,2%6
.
La bonne période de l’économie polonaise a commencé en 2004 et s’est étendue jusqu'en
2008. Le point important déjà signalé était l’adhésion de la Pologne à l’Union européenne. En
2009, la Pologne était le seul État membre de l’UE à afficher une croissance positive de son
PIB (+1,7%). La croissance a été soutenue en 2010 et 2011 (3,8% et 4,5%) puis a diminué en
2012 (à seulement 1,9% contre 2,5% prévus dans la loi de Finances). Le gouvernement
polonais a assoupli la consolidation budgétaire, avec un objectif de déficit relevé de 3% à 3,5%
du PIB en 2012 tout en révisant à la baisse sa prévision de croissance pour 2013 de 2,9% à
2,2%. Les actions du gouvernement ont toutefois porté leur fruit avec une croissance de 1,6%
en 2013 contre 1,1% prévue par la Commission européenne7
. Le projet de loi de finances
pour 2014 prévoyait la croissance de 2,5% et selon Eurostat la Pologne enregistrerait une
croissance de plus de 2 % du PIB en 2014.
4
Złoty est l’unité monétaire de la Pologne
5
KASZTELEWICZ Zbigniew, « Doktryna energetyczna Polski na I połowę XXI wieku », AGH – Cracovie, août 2014.
6
Les chiffres cités dans Le bilan de la Politique Énergétique Polonaise – 2030) – version publié le 14 aout 2014
7
Les chiffres cités dans la Présentation de la Pologne ‐ http://www.diplomatie.gouv.fr
9. 9
Master EDDEE – Stage EDF
Figure 1 ‐ L’intensité énergétique de l’économie 2005‐2012 (selon les ARE) – Source : Le bilan de la PEP 2030
Les indexes de l’intensité énergétique de l’économie (comprise comme la
consommation finale d'énergie par rapport au PIB) et l’intensité électrique de l’économie (le
rapport de la consommation intérieure d'électricité au PIB) diminuent depuis 2005. Nous
voyons une petite augmentation de l’intensité électrique de l’économie à partir de 2011.
Cependant, nous pouvons conclure que selon les deux index, nous avons besoin de moins
d’énergie pour produire une unité de PIB.
Figure 2 ‐ L’intensité électrique de l’économie 2005‐2012 (selon d’ARE) – Source : Le bilan de la PEP 2030
Le bilan de la population en Pologne dans les années 2009‐2012 s’élève à environ 38,5
millions de personnes. L’agence GUS (Bureau central des statistiques) estime qu'à la fin de
2013 années, la Pologne comptait 38,496 millions de personnes ce qui signifie que le taux de
croissance diminuait de ‐ 0,1%. Au niveau démographique, la Pologne se situe à la 33ème
place
mondiale et à la 6ème
dans l'Union européenne.
L’ensemble des personnes en âge de travailler pendant la période considérée représente
environ 24,7 million de Polonais. Le taux de chômage a augmenté de 8,1% en 2009 à 10,1%
en 2012 et il est aujourd’hui d’environ 12% (juin 2014).
I. 2. La politique énergétique de la Pologne
A. La politique énergétique interne
La politique énergétique interne est comprise dans le document officiel – la Politique
Énergétique Polonaise 2030 votée en 2009. Cette stratégie relève toujours de la compétence
0
0,01
0,02
0,03
0,04
0,05
0,06
0,07
2005 2009 2010 2011 2012
toe/tys. zł
0
20
40
60
80
100
120
140
160
2005 2009 2010 2011 2012
kW/tys. zł
10. 10
Master EDDEE – Stage EDF
du Ministre de l’Économie. La nouvelle politique énergétique est actuellement en
préparation.
Il est intéressant de souligner que le Ministère ne s’est pas limité dans sa conception au
ministère ou aux discussions interministérielles. L’élaboration a été enrichie par des groupes
de travail composés d’une cinquantaine de représentants dont des universitaires, des
entreprises et des experts indépendants. Le nouveau document est attendu fin de 20148
pour
qu’il puisse prendre en compte la nouvelle politique énergétique de l’UE.
Un autre document important s’inscrivant dans le concept de la politique énergétique interne
est le Programme d’activité des mines de charbon noir 2007‐2015 également voté en 2009.
La nouvelle stratégie est aussi en préparation. Il est attendu que le document reste en
cohérence avec la Politique Énergétique Polonaise.
En reprenant les documents cités, nous pouvons noter que les priorités de la politique
énergétique de la Pologne à horizon 2030 sont la diversification des sources d’énergie (gaz,
renouvelables, nucléaire), la réduction des émissions de CO2 grâce aux technologies de
charbon propre, dont la capture et le stockage du carbone (CCS) et l’amélioration de
l’efficacité énergétique.
B. Le politique de l’UE
En faisant partie de l’Union européenne, la Pologne s’est engagée à participer à sa
construction et à son développement, mais aussi à respecter la politique établie par les vingt‐
huit États membres.
A) La politique énergétique de l’UE
L’article 194 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE) dispose
que « dans le cadre de l’établissement ou du fonctionnement du marché intérieur et en tenant
compte de l'exigence de préserver et d'améliorer l'environnement, la politique de l’Union dans
le domaine de l'énergie vise, dans un esprit de solidarité entre les États membres ». Le marché
intérieur est absolument indispensable à la réalisation des objectifs de la politique
énergétique de l'Union.
Durant le Conseil européen du 4 février 2011, les États membres se sont mis d’accord pour
achever le marché intérieur de l’électricité pour 2014.
Le 3 mars 2011, le 3ème
Paquet Energie est entré en vigueur dans l’UE (composé de cinq
textes, dont deux directives présentés en Annexe 1). Ce corpus de textes est un outil lui
permettant de réaliser la politique énergétique de l’UE et de clôturer le long processus de
libéralisation progressive des marchés de l’énergie en Europe.
Durant la période de la PEP 2030, la Pologne a réussi à appliquer :
‐ Le 25 juin 2009 – la Directive n°2009/28/CE du 23/04/09 relative à la promotion de
l'utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables modifiant puis
abrogeant les directives 2001/77/CE et 2003/30/CE;
‐ Le 2 décembre 2010 – le Règlement (UE) n°994/2010 du 20 octobre 2010 concernant des
mesures visant à garantir la sécurité de l’approvisionnement en gaz naturel et abrogeant
la directive 2004/67/CE du Conseil;
8
http://www.cire.pl/item,99223,1,0,0,0,0,0,koniec‐prac‐nad‐pep‐2050‐jeszcze‐w‐tym‐roku.html
11. 11
Master EDDEE – Stage EDF
‐ Le 28 décembre 2011 – le Règlement (UE) n°1227/2011 du 25 octobre 2011 concernant
l'intégrité et la transparence du marché de gros de l’énergie (Regulation on wholesale
energy market integrity and transparency – REMIT);
‐ Le 4 décembre 2012 – la Directive 2012/27/UE du Parlement européen et du Conseil sur
l'efficacité énergétique.
B) La politique climatique UE
Le 23 janvier 2008, la Commission européenne a proposé plusieurs objectifs à
atteindre dans le cadre d’une politique climatique globale. Ce Plan climat‐énergie, appelé
aussi « 3 X 20 », consistait à :
‐ diminuer de 20 % les émissions de gaz à effet de serre,
‐ réduire de 20 % la consommation d’énergie,
‐ atteindre 20 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique d'ici à 2020 (auxquels
s’ajoutent les 10 % de biocarburants).
Le plan a été adopté en décembre 2008 et il a été publié dans le journal officiel le 5 juin 2009.
Le point clé de la politique climatique est surtout le système communautaire d’échange de
quotas d’émission connue comme EU ETS. Il s’agit d’un mécanisme de droits d’émissions de
CO2 instauré par l’Union européenne dans le cadre de la ratification par l'UE du protocole de
Kyoto. Le système a été introduit par la Directive 2003/87/CE établissant un système
d’échange de quotas d'émission de gaz à effet de serre9
. Le mécanisme EU ETS s’applique à
l'énergie, aux installations industrielles les plus polluantes et à l'aviation.
I. 3. Le secteur d’énergie en Pologne au sens large
A. Le secteur de l’électricité
Selon les informations de l’agence URE et PSE (Figure 3), la consommation d’électricité
en 2013 s’élève à 157 980 GWh soit une augmentation d’environ 0,6% par rapport 2012.
Nous pouvons ainsi constater une relative stabilité de la consommation en Pologne durant les
dernières années. Cependant, la production d'électricité en 2013 (162 501 GWh) a, pour sa
part augmenté d’environ 1,7% par rapport 2012 soit une surproduction d’électricité sur la
consommation d’environ 4 521 GWh en 2013. Cette surproduction résulte principalement du
fait de la situation favorable dans le commerce extérieur d’électricité. Comme nous pouvons
voir, la majorité de l’électricité a été produite dans les centrales au charbon noir et au lignite.
9
Le système a été modifié à plusieurs reprises, par les directives 2004/101/CE ; 2008/101/CE ; 2009/29/CE (s'intégrant au «
paquet climat‐énergie ») ; et le règlement CE no 219/2009.
12. 12
Master EDDEE – Stage EDF
La production 2011 [GWh] 2012 [GWh] 2013 [GWh] la production en 2013 [%]
La production d’électricité en total 163 153 159 853 162 501 100,00
Les centrales au charbon noir 90 813 84 493 84 566 52,04
Les centrales au lignite 53 623 55 593 56 959 35,05
Les centrales au gaz 4 355 4 485 3 149 1,94
Les centrales industrielles 9 000 8 991 9 171 5,64
L’hydroélectricité 2 529 2 265 2 762 1,70
ENR 2 833 4 026 5 895 3,63
Le solde de change ‐5 243 ‐2 840 ‐ 4 521
La consommation d'électricité 157 910 157 013 157 980
Figure 3 ‐ La structure de la production d'électricité pendant la période 2011‐2013 [GWh] – Source: URE basé sur les
données de PSE
Selon les informations de l’agence URE et PSE (Figure 4), la capacité installée dans le
système KSE s’est élevée 38 406 MW en 2013 soit une augmentation de 360 MW (0,9%) par
rapport 2012. La demande moyenne s’est élevée 21 884 MW avec une pointe de
consommation électrique de 24 761 MW. En ce qui concerne, la capacité installée, il est
difficile de percevoir des changements importants dans le système.
La spécification 2012 [MW] 2013 [MW] Dynamique* [%]
La capacité totale installée 38 046 38 406 100,95
Les centrales au charbon noir 20 152 19 812 100,80
Les centrales au lignite 9 635 9 374 98,31
Les centrales au gaz 934 934 100,00
Les centrales industrielles 2 486 2 561 103,02
L’hydroélectricité 2 211 2 221 100,00
ENR 2 617 3 504 133,89
Figure 4 ‐ La structure de la capacité installée en Pologne – 31 décembre 2013 – Source: URE basé sur les données de PSE
*2013/2012 où 2012 =100
Le nombre et la structure des entités du secteur électrique depuis la consolidation
(commencée en 1990) n’a pas beaucoup changé. C’est également le cas pour l’année 2013
par rapport à l’année 2012, la plus grande part dans le secteur de la production d'électricité
est toujours le groupe PGE (39,3% en 2013 contre 40,5% en 2012) et sur le marché de la
vente aux consommateurs finaux, TAURON SA (13,6% en 2013) reste leader.
Figure 5 ‐ La part des groupes énergétiques dans la production d'électricité en 2013 – Source : URE
13. 13
Master EDDEE – Stage EDF
Le prix moyen annuel d’électricité a diminué significativement en 2013 passant à
181,55 PLN/MWh. En guise de comparaison avec les années précédentes, le prix sur le
marché concurrentiel de 2009 à 2012 était plutôt stable.
An 2009 2010 2011 2012 2013
Le prix moyen PLN/MWh 197,21 195,32 198 ,90 201,36 181,55
Figure 6 ‐ Le prix moyen annuel d'électricité sur le marché concurrentiel [PLN / MWh] – Source : URE
B. Le secteur du gaz naturel (conventionnel)
Le second secteur important en Pologne est le secteur gazier. La consommation du
gaz naturel augmente systématiquement passant de 13,3 Md m3
en 2009 à 15,84 Md m3
en
2012. Selon le Ministre de l’Économie, la consommation annuelle de gaz naturel en Pologne
s'élève aujourd’hui à près de 16 Md m3
. Environ 78% de l'approvisionnement provient de
l'étranger, dont environ 9 Md m3
en vertu du contrat à long terme Yamal (la clause « take or
pay ») avec la Fédération de Russie. Le contrat a été signé en 1996 entre PGNiG SA. et
Gazprom Eksport. Les quantités restantes viennent de l'étranger et sont complétées par les
concessions transfrontalières avec l’Allemagne et la République tchèque. Le bilan est
complété par la production de gaz polonais, environ 5,4 Md m3
en 201310
.
Par ailleurs, il nous faut souligner que le système de transmission polonais a transféré
en réalité beaucoup plus de gaz que nous ne pouvons en voir dans le tableau – Figure 7. Il
s'agit d’un différentiel de 524,8 TWh de gaz transporté en transit par le gazoduc Yamal.
Il existe actuellement sept stockages de gaz naturel en Pologne, dont cinq dans les
gisements épuisés, et deux dans les cavités salines (la carte et les capacités dans Annexe 2).
La capacité totale est de 2,5 Md m3
. Selon les données du 27 août 2014, les stockages sont
remplis à 100%. 942 M m3
représentent des réserves dites obligatoires.
La structure des entités du secteur gazier est complètement différente de celle de
l’électricité. L'activité dans le commerce de gros du gaz naturel en Pologne, en termes de
ventes du gaz aux entités qui l’utilisent pour la revente, est dominée par la société PGNiG SA.
Les sociétés gazières en dehors de la PGNiG SA ont rapporté 8,3 TWh de gaz naturel, dont
56,3% venaient des achats de PGNiG SA. Pour comparer avec des années précédentes, 98%
de la vente du gaz a été réalisée par PGNiG SA en 2009 contre 95% en 2012.
La spécification La quantité [TWh]
L’importation, dont : 124,9
Le contrat Yamal 97,7
L’acquisition intracommunautaire 27,2
La production polonaise 46,1
Le stockage ‐3,7*
L’achat auprès de sources nationales 25,8
Figure 7 ‐ La structure de l'approvisionnement en gaz en 2013 – Source : URE *la réduction du stock
C. Le secteur de la chaleur
Le secteur de la chaleur est aussi intéressant, car il se caractérise par une série
d'acteurs locaux restant dans le domaine d'approvisionnement de clients. C'est aussi la
10
PIG ‐ "The balance of mineral resources deposits in Poland as of 31.12.2013".
14. 14
Master EDDEE – Stage EDF
spécificité de cette branche, car la chaleur est en général envoyée sous la forme d'eau chaude
ou de vapeur sur des distances plus longues pouvant causer une perte de qualité.
Figure 8 ‐ La structure de la capacité installée (la chaleur) en Pologne par des sources en 2012 – Source: URE
En 2012, 466 entités étaient présentes sur le marché de la chaleur régulé par URE (les
données de 2013 ne sont pas encore publiées). La capacité installée à cette époque était de
58 147,9 MW. Comme nous pouvons le voir, la chaleur polonaise est produite dans les
centrales de taille très différentes. Environ 50% de la chaleur a été produite dans les centrales
disposant d’une capacité inférieure à 500 MW. Selon les d’informations de l’URE, seulement
sept entreprises avaient dans leurs sources une capacité disponible de plus de 1 000 MW. Ces
sept entreprises sont par ailleurs également présentes dans le domaine de la production
d'électricité.
La source primaire utilisée dans la production de chaleur est le charbon noir. Même si
la part du charbon noir a diminuée significativement dans la production de chaleur, elle
demeure cependant élevée en 2012 (74,5%).
À l’inverse, on constate une augmentation non négligeable de la biomasse qui s’est élevée à
6,5% en 2012. Le reste de la production est assurée par le gaz et autres sources (la structure
de la production de chaleur est présentée dans l'Annexe 3).
D. Le secteur du pétrole (les carburants liquides)
Le secteur du pétrole et plus précisément des carburants liquides reste libre c’est‐à‐
dire que les prix ne sont pas régulés et sont déterminés en vertu du prix du pétrole sur le
marché, des taxes et du taux de change.
La spécification %
La Russie 94
La Norvège 3,4
Autres 1,1
La production polonaise 0,6
Figure 9 ‐ Structure de l'approvisionnement en pétrole [%] ‐ 2012 – Source: MG
Environ 24 Md de tonnes de pétrole brut ont été importés en Pologne en 2012.
Inévitablement, la principale source d'approvisionnement est la Russie. Seules de petites
quantités ont été importées de Norvège et d’autres pays. Enfin, quelques tonnes de pétrole
brut proviennent de sources nationales.
16. 16
Master EDDEE – Stage EDF
La société L’abrégé Le nombre des mines Le statut
Kompania Weglowa S.A. KW 15 Publique
Katowicka Grupa Kapitalowa S.A. KGK 5 Publique
Lubeslki Wegiel Bogdanka S.A. LWB 1 Privée
Jastrzebska Spolka Weglowa S.A. JSW 6 Publique (55,2%)
Poludniozy Koncern Weglowy S.A. PKW 2 52,48% Tauron, 47,52 KW S.A.
ZG Siltech Sp. z o.o. 1 Privée
PG Silesia Sp. z o.o. 1 91,4% ‐ privée
EKO Plus Sp. z o.o. 1 Privée
Figure 11 ‐ Les producteurs de charbon noir en Pologne
Comme nous pouvons lire dans le bilan de la Politique Énergétique Polonaise – 2030
produit par le Ministère de l’Économie, jusqu’en 2008, l’industrie minière polonaise
fonctionnait dans des conditions de forte demande. Le secteur a profité des prix élevés du
charbon sur les marchés mondiaux. L’offre excédentaire causée particulièrement par la crise
économique mondiale a provoqué, en premier lieu la diminution de l’exploitation (d’environ
7,3%) et puis, en second lieu, la diminution de la vente (d’environ 12,3%) en 2009. La
situation s’est rajustée en 2010 avec la diminution de l’exploitation de 76,2 Mt (d’environ
1,7%) et avec l’augmentation de la vente de 75,4 Mt (d’environ 3,4%).
Figure 12 ‐ La consommation et l'exploitation du charbon noir 2003‐2012 – Source : PIG
L’exploitation a encore diminué en 2011 pour atteindre 75,7 Mt. L’exploitation en 2012 a,
quant à elle, augmenté d’environ 3,5 Mt représentant 79,2 Mt (Figure 12). L’augmentation de
l’export en 2012 (7,4 Mt de tonnes) par rapport à 2011 (5,8 Mt) n’a pas rééquilibré le marché
interne. À cause de la diminution de la demande nationale, les ventes de charbon noir
atteignaient seulement 71,9 Mt. La conséquence directe a donc été l’augmentation du stock
de 6,2 Mt à 8,4 Mt en 2012. L’année dernière ont été exploitées 76,5 Mtde charbon noir ce
qui est représenté 4,5% de moins qu’en 2012. Toutefois, le volume des ventes a atteint 77,5
Mt la même année.
Aujourd’hui, le secteur du charbon noir est en pleine crise. Kompania Weglowa et les
autres mines publiques sont presque en faillite. KW a enregistré environ 700 M de PLN de
pertes en 2013 et les résultats après les six premiers mois de l’année 2014 ne sont pas
optimistes, déjà 342 M de pertes11
. Nous pouvons donner plusieurs causes qui expliquent
cette situation notamment les faibles prix du charbon noir à l’échelle mondiale, l’hiver chaud,
11
Les statistiques parlent même de 772 Md de PLN de pertes et d’environ 1 Md de PLN de pertes dans la vente de charbon
noir ‐ le Ministère de l’Économie
17. 17
Master EDDEE – Stage EDF
les coûts de production importants, l’augmentation de la part de charbon noire importée et
surtout le manque d’investissements et de modernisation des infrastructures.
B) Le lignite
La Pologne est l’un des leaders mondiaux de la production de lignite. Il y a 90
gisements de lignite en Pologne, dont seulement 12 actuellement en exploitation. Les
gisements se trouvent dans la partie ouest et dans la partie centrale de la Pologne et couvrent
environ 22% du territoire polonais (Figure 13).
Figure 13 ‐ La localisation des gisements de lignite en Pologne – Source : PIG
La structure de production du lignite est différente de celle du charbon noir. En
premier lieu, le lignite est produit à partir de mines à ciel ouvert. En second lieu, le lignite est
plus difficile à transporter que le charbon noir ce qui oblige les industriels à construire les
centrales au lignite dans le voisinage des mines. C’est le cas pour deux des mines centrales les
plus importantes en Pologne qui restent sous l’autorité de l’opérateur public PGE (Figure 14)
et pour trois mines/centrales privées. Il nous faut noter que la centrale Belchatow est
aujourd’hui la plus grande centrale au lignite de Pologne et d’Europe. Sa puissance s’élève à
5 298 MW, ce qui représente environ 19% de la capacité installée dans le secteur de l'énergie
polonais. La production d’énergie annuelle s’élève en moyenne à 27‐28 TWh, ce qui
représente environ 20% de la production nationale12
.
La mine La production [Mt] Le destinateur du lignite Le statut
KWB Belchatow 39‐40 La centrale Belchatow PGE
KWB Turow 10‐12 La centrale Turow PGE
KWB Konin
13‐14
Les centrales Patnow et Konin ZE PAK
KWB Adamow La centrale Adamow
KWB Sieniawa 0,1 Les destinateurs locaux Privée
Figure 14 ‐ Les producteurs du lignite en Pologne
Selon le bilan de la Politique Énergétique Polonaise – 2030 fait par le Ministère de
l’Économie, 56,3 Mt ont été exploitées en 2010, contre 62,8 Mt en 2011 et 64,3 Mt en 2012
(Figure 15) ce qui place la Pologne en seconde place des pays exploitants le lignite dans
12
Selon PGE ‐ http://www.elbelchatow.pgegiek.pl/
18. 18
Master EDDEE – Stage EDF
l’Union européenne après l’Allemagne (185 Mt) et en septième place dans au niveau
mondial13
. Comme nous pouvons le voir, l’exploitation est stable dans le temps et le fait que
les mines restent concentrées avec les producteurs d’électricité permet de ne pas considérer
les prix du charbon sur les marchés mondiaux. Ainsi, la crise du secteur du charbon ne
concerne pas le secteur du lignite.
Figure 15 ‐ La consommation et l'exploitation du lignite 2003‐2012 – Source PIG
I. 4. Le mix énergétique actuel en Pologne
Les informations présentées jusqu’à présent donnent une image générale de la
situation actuelle de la Pologne d’un point de vue économique, social et surtout énergétique.
Concentrons‐nous maintenant sur le mix énergétique polonais.
A. La présentation du mix énergétique polonais
En 2009, 93% de l’énergie primaire en Pologne a été produite à la base de
combustibles fossiles. Dans le même temps, la domination du charbon dans le bilan
énergétique national a considérablement changé, passant de 76% en 1990 à 56% en 200814
.
Après analyse des données disponibles en la matière, la part dominante du charbon dans la
structure d’énergie primaire ne devrait pas être étonnante (Figure 16). Les réserves et
l’exploitation nationale du charbon expliquent cette part dans la production d’énergie
primaire. Le charbon gardait 53% du mix en 2012, mais il faut souligner que sa part a diminué
par rapport 2011 (55,7%). C’est en général les sources renouvelables qui influencent cet
abaissement.
13
GRUDZINSKI Z., LORENZ U., SIKORA A., i inni (praca zbiorowa pod redakcją naukową Lidii Gawlik), 2013 – Węgiel dla
polskiej energetyki w perspektywie 2050 roku – analizy scenariuszowe.
14
Energy Policies of IEA Countries ‐ Poland 2011 Review.
19. 19
Master EDDEE – Stage EDF
Figure 16 ‐ La structure d’énergie primaire en Pologne – Source : ARE 2013
La deuxième matière première importante est le pétrole avec 24,5% et la troisième place
reste pour le gaz avec 12,9%. Comme nous l’avons déjà souligné, les deux sources d’énergie
sont importées et proviennent en général de la Russie. Les données les plus actuelles sur la
structure d’énergie primaire ne sont pas accessibles, mais nous pouvons constater
rapidement qu’ils ne se distinguent pas drastiquement.
Figure 17 ‐ La production d'électricité en 2009 – Source : Le bilan de la PEP 2030
L’hégémonie du charbon est très visible dans la production d’électricité. En 2009
environ 88% de l’électricité polonaise a été produite à la base de charbon (Figure 17), cette
part étant passé à 83% en 2012 (Figure 18). Selon l’IEA (2013) la Pologne est au 10ème
rang
mondial dans la production d’électricité à la base de charbon. En analysant les deux
camemberts (Figure 17 et Figure 18) nous pouvons constater la diminution du charbon noir
dans le mix énergétique polonais. Comme c’est le cas pour l’énergie primaire, cet
abaissement est en faveur des énergies renouvelables, dont la biomasse et le biogaz, mais
aussi l’énergie produite à partir du vent. Il faut noter ici que la part du lignite reste presque
inchangée dans la production.
le charbon noir ‐ 40,8%
le lignite ‐ 12,3%
ENR ‐ 5,3%
le gaz naturel ‐ 12,9%
le pétrole 24,5
autres ‐ 4,2%
le charbon noir ‐ 54,8%
le lignite ‐ 33,1%
la biomasse et le biogaz ‐ 3,4%
le gaz naturel ‐ 3,2%
l’hydraulique ‐ 2%
le vent ‐ 0,7%
autres ‐ 2,8%
20. 20
Master EDDEE – Stage EDF
Figure 18 ‐ La production d'électricité en 2012 – Source : Le bilan de la PEP 2030
B. L’analyse du mix énergétique polonais
En analysant les données, nous voyons tout de suite que la Pologne dispose d’une
indépendance énergétique significative assurée par le charbon. Le système national, basé sur
ce combustible, maintien aujourd’hui la stabilité des prix et la souveraineté de l’Etat.
Soulignons le mot «la souveraineté», mot clé employé pour désigner le système polonais. Les
informations présentées montrent que la situation énergétique et économique est complexe.
La spécifié du système polonais se traduit par une certaine rigidité de l’administration qui
rend particulièrement difficile toute mise en place de changement. Ceci explique la part
importante du charbon noir et du lignite dans le mix énergétique. En effet, ces deux sources
d’énergie sont historiquement exploitées de manières importante et géologiquement très
abondantes.
Regardons bien la puissance installée d’ENR. Elle s’est élevée à 5 725 MW fin 2013 (sur 38 GW
au total), soit 15% de la capacité installée alors que la production d’électricité à base d’ENR
s’élevait quant à elle seulement 5,3% la même année15
. Le principe est simple, sur 1 000 MW
des énergies renouvelables, il faut compter environ 800 MW d’énergies conventionnelles (cas
d’intermittence), puisque dans les conditions géographiques de la Pologne, les éoliennes ne
produisent de l'électricité que 15 à 25% du temps pendant l’année et l’énergie solaire que 10
à 15% du temps16
.
D’un point vu social, c’est le secteur du charbon qui était et est toujours un secteur
créateur d’emplois et autour duquel la formation (et la science) ont pu se concentrer et peut
toujours se développer. Nous pensons ici directement aux écoles polytechniques à Cracovie
ou en Silésie, mais aussi à AGH à Cracovie. Un nombre important d’experts dont les
représentants de PAN et d’AGH insistent particulièrement sur l’importance du
développement du secteur de l’exploitation minière du charbon noir et du lignite en Pologne.
Les différentes études17
soulignent que ce processus devrait être échelonné afin que le
charbon exploité de manière équilibrée et surtout sur le long terme. Les experts18
notent que
même avec les prix des émissions CO2 plus élevés, le charbon sera essentiel pour l’énergie
15
KASZTELEWICZ Zbigniew, « Doktryna energetyczna Polski na I połowę XXI wieku », AGH – Cracovie, août 2014.
16
Ibid.
17
GRUDZINSKI Z., LORENZ U., SIKORA A., i inni (praca zbiorowa pod redakcją naukową Lidii Gawlik), 2013 – Węgiel dla
polskiej energetyki w perspektywie 2050 roku – analizy scenariuszowe.
18
Ibid.
le charbon noir ‐ 49,7%
le lignite ‐ 33,3%
la biomasse et le biogaz ‐ 6,2%
le gaz naturel ‐ 3,9%
le vent ‐ 2,9%
l’hydraulique ‐ 1,3%
STEP ‐ 0,3%
autres ‐ 2,4%
21. 21
Master EDDEE – Stage EDF
polonaise et ce, pendant encore longtemps. Notons que le charbon aussi est une source
décisive dans la production d’électricité pour New Policies Scenario malgré le fait que sa part
diminuera passant de 41% à 33% en 2035 dans le mix énergétique polonais19
.
II. Les perspectives du secteur de l'énergie polonaise
Nous soulignons que la spécifié de système polonais ne permet pas de le modifier
rapidement. Cependant, la Pologne devrait mettre en œuvre certaines réformes
indispensables pour moderniser le secteur de l’énergie. Afin de bien préparer les
changements et les améliorations futures, il faut prendre en compte les caractéristiques du
système polonais.
II. 1. Les caractéristiques pour le développement du secteur de l'énergie
A. Le développement du secteur du gaz
Nous avons déjà dit que la production de gaz naturel polonais était d'environ 5,4 Md
m3
en 2013 et que sa production sur l’année 2013 avait diminué de 0,131 Md m3
par rapport
au 2012. Toutefois, selon les informations de l’agence PIG, la production du gaz pourrait
augmenter au niveau national.
A) Le développement du secteur du gaz conventionnel
La région principale de la présence de gisements du gaz naturel en Pologne est Niz
Polski (Annexe 4). Les gisements du gaz sont aussi présents aux Carpates, en Poméranie ouest
et sous la mer Baltique (Figure 19).
Figure 19 ‐ Les régions principales de la présence de gisements du gaz naturel en Pologne – Source : PIG
Selon les informations de l’agence PIG, il existe 28720
gisements de gaz naturel en Pologne.
Les ressources disponibles en gaz naturel s’élèvent à 134,297 Md m3
. Cependant, les réserves
19
WEO 2013
20
PIG ‐ "The balance of mineral resources deposits in Poland as of 31.12.2013".
22. 22
Master EDDEE – Stage EDF
connues s’élèvent à 111,06 Md m3
dont 62,18 Md m3
sont les réserves récupérables avec les
moyens techniques actuels et dans les conditions économiques actuelles.
Nous voyons toute de suite que la production polonaise pourrait donc être augmentée et de
nouveaux investissements restent envisageables si la politique gouvernementale menée
jusqu’à présent change le contrat à long terme Yamal passé avec la Russie (notamment la
clause du « take or pay »). Nous pouvons aussi supposer que les réserves de gaz sont utilisées
comme un argument fort dans la négociation des prix avec Gazprom.
La sécurité de l’approvisionnement en gaz est un sujet très important en Pologne. La
dépendance énergétique au gaz était d’environ 75% en 201221
. Cela montre à quel point
l’économie polonaise dépend des importations pour faire face à ses besoins énergétiques.
Afin de diversifier les directions de l’approvisionnement en gaz, la Pologne a déjà pris la
décision en 2006 de construire le premier terminal méthanier du pays. Le Conseil des
ministres a voté le 19 août 2008 un arrêté selon lequel la construction est considérée comme
un investissement stratégique pour la Pologne. La crise économique en 2009 est la cause
principale du retard du début de la construction de ce dernier, commencé en 2011. Le port
méthanier sera fini le 30 décembre 2014.
Dans un premier temps, la capacité du terminal méthanier permettra recevoir 5 Md m3
de gaz
naturel par an. En fonction de la croissance de la demande de gaz, la capacité d'exportation
pourrait augmenter de 7,5 Md m3 par an.
En analysant cet investissement, nous comprenons qu’il permettra de recevoir du gaz naturel
liquéfié (GNL) provenant de n'importe quelle direction dans le monde et ainsi de limiter la
dépendance de l’approvisionnement en gaz russe.
Un changement significatif concernant la sécurité passe aussi le développement et les
investissements dans le stockage et le réseau de gaz naturel en Pologne (Annexe 2). La
question du stockage a été déjà décrite, mais il nous faut signaler que le nombre des stocks
pourrait toujours être augmenté afin d’assurer la stabilité du système ou l’approvisionnement
pendant une période de crise. Le gazoduc Yamal, contournant l’Ukraine, est jusqu’à présent la
seule source stable du pays. Cependant le réseau de gaz naturel interne pourrait être
beaucoup plus riche. De plus, avec le terminal méthanier, la Pologne devrait envisager le
développement du réseau et la construction d’un gazoduc afin de se connecter avec la
section occidentale du gazoduc Nord Stream et avec les deux gazoducs de transmission en
Allemagne dont le gazoduc OPAL et gazoduc JAGAL.
Le dernier aspect qui reste à prendre en compte rapidement dans le contexte actuel
est la question des « revers gaziers » et nous pensons aux revers physiques. Nous savons qu’il
y a des possibilités pour réaliser ces revers, mais n’oublions pas que le réseau de gaz naturel
en Europe a été construit à la base pour livrer le gaz de l’est à l’ouest. Certaines modifications
techniques seront donc nécessaires pour augmenter et faciliter tels échanges. De plus,
certaines clauses prévues dans les contrats avec Gazprom n’autorisent pas la revente du gaz.
B) Le développement du secteur du gaz non conventionnel
La Pologne n’est pas restée insensible à « la révolution du gaz de schiste », mais il est
difficile de dire pour le moment si cette révolution représente ou non une opportunité pour la
Pologne. Depuis 2010, seulement 64 forages ont été réalisés dont 15 forages horizontaux. La
fracturation hydraulique a été effectuée dans 23 forages, dont 10 forages horizontaux.
72 concessions pour la recherche du gaz de schiste sont actuellement attribuées aux
21
Eurostat ‐ Dépendance énergétique (code tsdcc310)
23. 23
Master EDDEE – Stage EDF
27 entreprises polonaises et étrangères (Annexe 5) pour la recherche du gaz de schiste
(1er juin 2014).
Le premier gaz de schiste polonais a été extrait le 21 juillet 2013 dans la concession de Łebień
LE‐2H (région de Lębork)22
par l’entreprise américaine ConocoPhillips. 8 000 m3 de gaz par
jour sont produits pour faire des tests. De tels résultats sont les premiers du genre dans
l’histoire de la recherche du gaz de schiste en Europe.
Toutefois, nous constatons rapidement que le nombre de forages est trop faible. Les experts
disent qu’il faudrait faire au moins 100 forages par an pour que les différentes estimations sur
les ressources disponibles puissent être au moins vérifiées et confirmées. Paweł Poprawa
souligne que 300 forages au minimum sont nécessaires en Pologne.23
.
Figure 20 ‐ Les prévisions du gaz de schiste en Pologne [Md m3
]
Il est difficile de nier que la recherche reste cruciale, car les prévisions ne sont pas cohérentes
(Figure 20 et Annexe 6). Les estimations des institutions internationales commencent avec EIA
5 300 Md m3, Wood Mackenzie 1 370 Md m3 et Advanced Resources International 2 830 Md
m3. L’agence polonaise PIG a aussi préparé son rapport24
en prenant en compte seulement le
bassin Bałtycko‐Podlasko‐Lubelski (Annexe 4) et pas l’ensemble du territoire polonais.
Nous soulignons alors l’importance des forages et la recherche, surtout qu’ils sont
indispensables pour bien estimer les ressources et les réserves récupérables. Il nous faut aussi
noter qu’il y a des prévisions et des modèles (par exemple l’institut ISE)25
qui montrent que la
Pologne peut être toujours un leader dans la production du gaz non conventionnel.
22
FURMAN Tomasz, PISZCZAROWSKA, « Płynie polski gaz z łupków », rp.pl, 28 sierpnia 2013.
23
http://www.gazdlagminy.pl/
24
Poprawa Pawel, « Ocena zasobów wydobywalnych gazu ziemnego i ropy naftowej w formacjach łupkowych dolnego
paleozoiku w Polsce (Basen Bałtycko‐Podlasko‐Lubelski) », PIG, Warszawa, marzec 2012.
25
SIKORA Andrzej, « Dlaczego wegiel w Polsce bedzie glownym surowcem energetycznym do 2050 ? », Komitet Prognoz
„Polska 2000 Plus” – PAN, Warszawa 2014.
Energy Information Administration ‐ EIA (2011)
Advanced Resources International (2009)
EUCERS (2011)
Wood MacKenzie (2009)
Lane Energy (3 Legs, 2011) ‐ Les six concessions de Lane
Rystad Energy (2010)
PIG (estimation max) (2012)
PIG (estimation moyenne) (2012)
USGS (estimation max) (2012)
USGS (estimation moyenne) (2012)
5300
2830
1870
1370
1000
1000
865
346
116
38
24. 24
Master EDDEE – Stage EDF
B. Le développement du secteur de la chaleur
Comme nous l’avons déjà signalé, le secteur de la chaleur se caractérise par une série
d'acteurs locaux. Il est difficile d’analyser l’ensemble du secteur, mais nous pouvons donner
des propositions d’ordre général pour assurer son développement. La première serait
d’augmenter le rendement des centrales au charbon déjà existantes. La seconde tiendrait
dans l’amélioration et l’accroissement du réseau de distribution.
C. Le développement du secteur du pétrole
Le secteur du pétrole en Pologne peut être comparé avec le secteur gazier. Nous
avons déjà dit qu’environ 24 Mt de pétrole brut russe a été importé en Pologne en 2012. Les
deux producteurs polonais PKN Orlen SA et Grupa Lotos sont de facto obligés d’utiliser le
pétrole russe, car les sites industriels de raffinage du pétrole ont été construits avec la
technologie permettant de traiter et de transformer le pétrole russe riche en soufre. De plus,
ces deux entreprises ont signé des contrats de long terme avec les Russes.
Cependant, le terminal Naftoport à Gdansk pourrait sans problème assurer
l’approvisionnement en pétrole. Notons aussi que la construction de six réservoirs de
62 500 m3 chacun (702 000 m3 prévus au total) a commencé le 21 février 2014. La première
étape de la construction devrait être finie en 2015. Cet investissement s’inscrit dans la
politique polonaise de la diversification d’approvisionnement en source énergétique.
Il nous faut aussi parler du projet récent du LOTOS Petrobaltic (Grupa Lotos). La
plateforme pétrolière vient de commencer le forage (août 2014) dans le gisement B8. Lotos
veut produire environ 250 kt de pétrole par an et les réserves sont estimées à 3,5 kt. En
analysant le volume des importations du pétrole russe, on cinstate que 250 kt de pétrole ne
représentent que peu. Pourtant, les deux investissements doivent être pris en compte dans
l’analyse globale, car et ils pourraient changer la répartition des forces en présence sur le
marché.
D. Le développement du secteur de l’électricité
Nous avons déjà signalé que selon les informations de l’agence URE et PSE (Figure 4),
la capacité installée dans le système KSE était de 38 406 MW en 2013 et qu'elle a augmenté
de 360 MW (0,9%) par rapport 2012.
Le système national de l'électricité (KSE) reste dans la gestion de l’opérateur PSE
(Figure 22). Il s’agit du système avec 245 lignes avec la longueur totale 13 445 km dont :
‐ 1 ligne de 750 kV d'une longueur de 114 km,
‐ 77 lignes de 400 kV d'une longueur totale de 5 383 km,
‐ 167 lignes de 220 kV d'une longueur totale de 7 948 km,
‐ 101 stations de haute tension
‐ 1 ligne sous‐marine de 450 kV entre la Suède et la Pologne d'une longueur totale de
254 km.
25. 25
Master EDDEE – Stage EDF
Figure 21 ‐ Les interconnexions électriques internationales – Source : PSE‐KSE
Le dernier rapport de l’institution NIK (La Cour des comptes) publié en mars 201426
présente des conclusions plutôt positives sur le fonctionnement et la sécurité du réseau
existant. Cette position est néanmoins très critiquable, car déjà en 2011, 80% des lignes de
220 kV, 23% des lignes de 400 kV et 38% des transformateurs avaient plus de 30 ans. Notons
aussi que les pertes dans le transfert sont 8,2% environ alors que la moyenne européenne se
situe à environ 5,7%27
. N’oublions pas qu’il y a des régions en Pologne où les pertes s’élèvent
même à 12%. Il est difficile de dire que le bilan est positif. L’amélioration de la qualité du
réseau reste et demeure un point très important.
La capacité totale d’interconnexions électriques internationales avec les pays de
l'Union européenne va de 2 000 à 3 000 MW (Figure 21). Elle dépend de la configuration du
système et reste limitée par le réseau interne faible et peu développé. L’opérateur PSE
prévoit dans ses plans plusieurs projets de modernisation et d’investissements dans les
interconnexions28
parmi lesquelles des lignes entre l’Allemagne, la République tchèque, la
Slovaquie, l’Ukraine et la Lituanie. Cependant, il faut souligner qu’un accord entre la Pologne
et la Lituanie a d’ores et déjà été signé le 8 décembre 2006 et que le projet n’est toujours pas
finalisé.
26
NIK – Funkcjonowanie i bezpieczeństwo elektroenergetycznych sieci przesyłowych, 31 mars 2014.
27
Le bilan de la Politique Énergétique Polonaise – 2030
28
Le plan des modernisations ‐ http://www.pse‐operator.pl/index.php?dzid=191&did=1805
27. 27
Master EDDEE – Stage EDF
Zaglebie Weglowe (DZW) (Figure 10). L’exploitation du charbon noir a actuellement lieu à
GZW et à LZW et elle est finie à DZW depuis 2000.
Les ressources disponibles en charbon noir s’élèvent à 51 414 Mt (2013)29
, les réserves
récupérables s’élèvent à 19 485 Mt. Selon l’agence, les réserves récupérables dans les mines
actuelles s’élèvent à 3 839,63 Mt et, par rapport 2012, elles ont diminué de 370,96 Mt
généralement à cause de la production. En analysant l'exploitation actuelle du charbon noir
(Figure 12), nous constatons rapidement qu’avec les réserves récupérables dans les mines
actuelles, la production peut être assurée pendant environ 40 ans. Si la Pologne arrive à
exploiter le total des réserves récupérables, la production peut même être assurée pendant
un siècle.
Le potentiel du charbon noir parait évident, mais depuis quelques temps nous
constatons que la part du charbon noir polonais a été remplacée par le charbon importé. Les
importations se sont élevées à 12,7 Mt en 2011, un véritable record. En 2013, elles ont
diminué, mais la part était toujours importante (10,8 Mt). La plupart du charbon noir importé
vient de Russie (6,6 Mt)30
, de République tchèque (1,6 Mt) et d'Ukraine (1 Mt).
Figure 23 ‐ Les importations et les exportations du charbon noir en Pologne 2003‐2012 – Source : PIG
Les exportations dans les années 70 du XX siècle se sont élevées à 40 Mt. Avec la
transformation et certaines obligations de la Banque Mondiale (immersion obligatoire des
mines), peu d’investissements ont été consacrés au secteur du charbon noir. Les exportations
se sont élevées à 7,07 Mt en 2011 et elles ont augmenté à 10,6 Mt en 2013. La destination
principale du charbon noir polonais est l’Allemagne (3,5 Mt), la République tchèque (1,6 Mt),
l’Autriche (0,7 Mt) puis la Grande‐Bretagne (0,6 Mt).
Figure 24 ‐ Le coût moyen annuel de production du charbon noir en Pologne et le prix moyen annuel du charbon noir sur
la bourse de Rotterdam [PLN/t] – Source : MG
29
PIG ‐ "The balance of mineral resources deposits in Poland as of 31.12.2013".
30
Selon Eurostat ‐ Jusqu’à avril 2014, la Pologne a déjà importé 2,5 Mt
28. 28
Master EDDEE – Stage EDF
En analysant le coût moyen annuel de la production de charbon noir en Pologne et le
prix moyen annuel du charbon noir sur la bourse de Rotterdam (Figure 24), nous comprenons
rapidement le problème du secteur polonais. La crise économique mondiale, mais aussi la
révolution du gaz de schiste en Amérique du Nord ont fait diminuer les prix du charbon
partout dans le monde. L’industrie minière polonaise n’a pas réussi à se transformer
rapidement pour améliorer l’exploitation et diminuer le prix de production. Il ne faut pas
oublier existence des conditions d'exploitation difficiles. Les gisements de charbon noir sont
placés à une profondeur considérable ce qui, naturellement, augmente les coûts de
production.
Le secteur est toujours en retard et doit être profondément réorganisé et restructuré. Depuis
l’avril 2014, les représentants du Ministère de l’Économie et du gouvernement sont en
négociation avec les représentants des syndicats et les dirigeants des mines afin de trouver
des solutions possibles. Ils sont en même temps en train de négocier le nouveau Programme
d’activité des mines de charbon noir pour la période 2015‐2020 (avec comme horizon 2024).
Sans entrer dans les détails des négociations, il faut souligner que la réorganisation du secteur
est nécessaire. Le Ministère de l’Économie doit aussi envisager la question de fermetures de
mines non rentables économiquement et la privatisation d’une partie du secteur. Elles restent
évidemment socialement critiquables, mais comme le montre les exemples de mines privées
Bogdanka ou PG Silesia, l’industrie peut être rentable et les prix du charbon noir polonais
peuvent être toujours concurrentiels sur le marché.
B) Le développement du secteur du lignite
La Pologne dispose de 90 gisements de lignite dont seulement 12 sont actuellement
en exploitation. Les gisements se trouvent dans la partie ouest et la partie centrale de la
Pologne couvrant 22% du territoire polonais (Figure 13). Les ressources disponibles de lignite
s’élèvent à 22 683,98 Mt (2013)31
. Elles sont considérées comme des réserves certaines par
l’agence PIG. Selon l’agence, les réserves récupérables dans les cinq mines actuelles sont
estimées à 1 164,67 Mt (2013)32
. En analysant l'exploitation du lignite (Figure 15), nous
constatons rapidement que ces réserves prouvées, pourraient assurer statistiquement la
production pendant environ 250 ans33
à raison d’une production de 60Mt/an (production
actuelle). De même, les réserves récupérables, pourraient assurer la production pendant 20
ans en tenant compte de la production actuelle sachant que la seule mine de Belchatow
assure aujourd’hui environ 62% de la production nationale.
Les ressources en lignite sont perçues comme des opportunités et le Ministère de
l’Économie, dans son projet de la Politique Énergétique Polonaise – 2050, estime qu’elles
seront le garant de la sécurité énergétique à long terme. Il est difficile de nier le potentiel de
ressources du lignite, mais il nous faut nous concentrer sur le fait que le lignite exploité
actuellement dans les mines en fonctionnement n’est pas éternel (Figure 25).
Les différentes sources donnent les différentes dates, mais en général, elles se
mettent d’accord sur le fait que la production diminuera visiblement en 2030 sauf en cas
d’investissements dans les nouveaux gisements. Nous ne pouvons pas analyser tous les
gisements, mais il suffit d’analyser bien la carte de la Pologne (Figure 13) pour constater que
le potentiel est énorme. Nous pouvons donner l’exemple du gisement Zloczew pour KWB
31
PIG ‐ "The balance of mineral resources deposits in Poland as of 31.12.2013".
32
Ibid.
33
Le projet de la PEP 2050 parle même de 350 ans
29. 29
Master EDDEE – Stage EDF
Belchatow qui pourrait prolonger la production jusqu’à 2055 ou le projet de PGE GiEK avec la
mine à Gubin avec les ressources estimées à 1 600 Mt.
La mine La fin de la production
KWB Belchatow 2037*
KWB Turow 2039
KWB Konin 2025*
KWB Adamow 2023*
KWB Sieniawa Pas d’information
Figure 25 ‐ L’épuisement des gisements du lignite – Source : AGH‐ISE *sauf les investissements
Les nouvelles mines sont donc indispensables pour que le lignite reste présent dans le mix
énergétique polonais. Les décisions devraient être prises rapidement, car la procédure
d’attribution d’une concession est assez longue dans la loi polonaise. N’oublions pas qu’il
s’agit ici de mines à ciel ouvert dont l'impact environnemental est considérable et les
questions concernant l’expropriation évidentes. Le lignite reste aujourd’hui une source
concurrentielle très intéressante, car les prix des émissions de CO2 ne sont pas élevés. Avec
l’augmentation du prix des émissions de CO2 ou plus précisément avec l’incertitude quant aux
régulations des émissions de CO2, les investissements futurs dans le lignite restent, pour
certains, problématiques et discutables.
En finissant l’analyse et en comparant le secteur du lignite avec le secteur du charbon noir, il
nous faut noter que la fusion des mines avec les producteurs d’électricité permet à la Pologne
de ne pas dépendre des prix internationaux ou des importations.
II. 2. Le plan de liquidation des anciennes centrales d'électricité et les projets de la nouvelle
capacité
Le système électrique polonais est âgé et vétuste. Le rendement des centrales
actuelles (Annexe 7) s’élève en moyenne à 32%34
. Le Ministère de l’Économie informe dans le
projet de la Politique Énergétique Polonaise – 2050 qu’environ 45% des centrales électriques
en Pologne ont déjà 30 ans et 77% plus de 20 ans. En prenant en compte l’état actuel des
centrales et la durée de la vie des blocs au charbon (40/45 ans) la Pologne devrait
reconstruire entre 13 GW à 18GW de sa capacité.
A. Le plan de liquidation des anciennes centrales d'électricité et la nouvelle capacité prévue
Afin d’analyser le plan de liquidation il faut rappeler que le 24 novembre 2010, le
Parlement européen et le Conseil de l’Europe ont voté la Directive 2010/75/UE relative aux
émissions industrielles (prévention et réduction intégrée de la pollution) – IED. L’entrée en
vigueur a eu lieu le 6 janvier 2011 et les États membres ont eu comme délai de transposition
jusqu’au 7 janvier 2013. Sans entrer dans les détails, les normes strictes prévues par la
Directive IED doivent être respectées par des installations de combustion existantes et
nouvelles à partir du 1er
janvier 2016. Cependant, la directive prévoit des exemptions au
niveau du plan national de transition (Transitional National Plan) qui permettent de déplacer
le début d’application en 2020. La Commission a validé le Plan polonais (Przejsciowy Plan
Krajowy) le 17 février 2014 qui énumère 73 installations. Le Président de la Pologne,
34
L’analyse AGH‐ISE (Le document confidentiel)
30. 30
Master EDDEE – Stage EDF
Bronislaw Komorowski a signé la loi modifiant et actualisant La loi de la protection de
l'environnement concernant IED, le 4 aout 2014. En vertu des obligations européennes
rapidement présentées, nous pouvons analyser le plan de liquidation.
L’analyse AGH‐ISE35
estime l’écart à environ 12 GW. Les prévisions du Ministère de
l’Économie faite en 2012 par EM&CA36
estiment un écart allant de 12,3 GW à 14,3 GW
jusqu’à 2030. Cette analyse explique que jusqu’à 2030 :
‐ 7,3 GW des installations au charbon noir vont être fermés ;
‐ 1,9 GW des installations au lignite vont être fermés ;
‐ 2,5 GW des installations (elektrocieplownia) au charbon noir vont être fermées.
Ces estimations des fermetures des installations allant de 12,3 GW à 14,3 GW jusqu’en 2030
signifient que sans les modernisations et le renouvèlement du parc, le niveau de capacité
installée de 38,4 GW (Figure 4) peut être diminué à 23,7‐25,8 GW.
Centrales 2015 2015‐
20
2020‐
25
2025‐
30
2030‐
35
2035‐
40
2040‐
45
2045‐
50
Le lignite (centrales électriques) 400 793 0 940 5285 0 0 0
Le charbon noir (centrales
électriques)
0 3523 0 2975 6802 1845 0 0
Le charbon noir
(elektrocieplownia)
8 759 200 956 1743 400 904 0
Le gaz naturel
(elektrocieplownia)
0 0 0 101 489 316 0 0
Le vent 0 0 0 0 1800 0 0 0
La biomasse (elektrocieplownia) 0 0 0 0 0 325 0 0
Le biogaz (elektrocieplownia) 0 0 0 0 0 102 0 0
Autres 72 38 100 100 100 100 0 0
Figure 26 ‐ La fermeture des centrales [MW] jusqu’à 2050 – Source : KAPE et WISE
L’analyse la plus récente faite par l’agence KAPE et l’institut WISE37
pour le projet de la
Politique Énergétique Polonaise – 2050 estime que 6 GW de la capacité existante seront
retirés du système jusqu’à 2020 et encore (environ) 5 GW dans la prochaine décennie (Figure
26). La plupart des unités de puissance en fonction aujourd'hui vont disparaître dans les
années 2030‐2040. L’agence KAPE et l’institut WISE estiment aussi que seulement 5GW de la
capacité existante actuellement fonctionnera en 2050, principalement dans l’hydroélectrique
(Figure 27).
35
Ibid.
36
Le rapport sur la sécurité de l'approvisionnement en électricité – 2013
37
L’analyse KAPE‐WISE (Le document confidentiel)
31. 31
Master EDDEE – Stage EDF
Figure 27 ‐ Le fonctionnement de la capacité existante de production 2011 ‐ 2050, GW – Source : KAPE et WISE
Autres ; Le biogaz (centrales électriques) ; La biomasse (centrales électriques); L’hydraulique ;
Le vent ; Le gaz naturel (elektrocieplownia) ; Le charbon noir (elektrocieplownia) ; Le charbon noir (centrales électriques) ;
Le lignite (centrales électriques) ;
En analysant les différentes données, nous constatons que la Directive IED pose certains
problèmes à la Pologne et au parc électrique polonais. Nous voyons aussi beaucoup de
difficultés à bien estimer les écarts finaux. Rappelons rapidement que la demande polonaise
moyenne était de 21 884 MW et la pointe de consommation électrique était de 24 761 MW
en 2013 ce qui signifie que les investissements dans la nouvelle capacité sont indispensables.
B. Les différents projets dans le secteur électrique en Pologne
Neuf centrales au charbon noir et au lignite seront modernisées d’ici 2016 et la
puissance installée augmentera d’environ 152 MW (Annexe 8) ce qui relativement
insignificiant. En ce qui concerne les nouveaux investissements en Pologne, nous trouvons
plusieurs analyses, parmi lesquelles la riche étude produite par AGH – ISE qui présente
plusieurs projets prévus dans les unités au gaz et au charbon (Annexe 9 et Annexe 10) et le
rapport du Ministère de l’Économie (avec des prévisions EM&CA)38
selon lequel la Pologne
devrait investir dans les nouvelles centrales (environ 28,31 GW) entre 2012‐2030 dont :
‐ 7 ,65 GW des installations au charbon noir (avec elektrocieplownia) ;
‐ 1,31 GW des installations au lignite ;
‐ 3,47 GW des installations au gaz ;
‐ 9,88 GW d’ENR ;
‐ 6,0 GW du nucléaire
De son côté, l’analyse la plus récente de l’agence KAPE et de l’institut WISE a pris en
compte les hypothèses de puissance déterminée, c'est‐à‐dire les centrales qui ont déjà investi
dans des plans d'investissement ou qui résultent de l'état des documents stratégiques dont
les nouvelles centrales (elektrocieplownia), les centrales électriques au charbon, les centrales
à gaz ainsi que les nouvelles centrales nucléaires qui, conformément aux plans, auront la
puissance de 6 GW pendant la période 2024‐2035 (Figure 28).
38
Le rapport sur la sécurité de l'approvisionnement en électricité – 2013
32. 32
Master EDDEE – Stage EDF
Centrales 2015 2015‐20 2020‐25 2025‐30 2030‐35
Le lignite (centrales électriques) 0 450 0 0 0
Le charbon noir (centrales électriques) 0 3000 0 0 0
Le charbon noir (elektrocieplownia) 0 100 0 0 0
Le gaz naturel (elektrocieplownia) 558 1420 0 0 0
Les centrales nucléaires 0 0 1500 1500 3000
Total 558 4520 1500 1500 3000
Figure 28 ‐ La nouvelle capacité [MW] jusqu’à 2035 – Source : KAPE et WISE
Comme nous venons de dire, 6,4 GW de la capacité existante seront retirés du
système d’ici 2020. Il reste réaliste de penser qu’environ 4 GW de la puissance seront
construits dans l’avenir proche (jusqu'à 2017) et dans le scénario le plus optimiste environ 6,5
GW (jusqu'à 2019).
Les investissements les plus grands sont actuellement en cours à Jaworzno, Opole et
Kozienice. Ils sont réalisés par les sociétés énergétiques Tauron, PGE et Enea. Nous
constatons aussi la construction de deux centrales nucléaires. En analysant l’étude d’AGH –
ISE, nous remarquons plusieurs projets intéressants. Ce qui reste applicable à tous les projets,
c’est la longue période de construction, les difficultés de financement des projets et parfois la
construction incertaine.
La période d’application de la Directive IED approche et avec elle la décision d’arrêter une
bonne partie des blocs. De ce fait, il est légitime de se demander si la Pologne n’est pas déjà
en retard dans les investissements dans les nouvelles centrales ?
III. Le bilan de la situation et les conclusions sur le secteur énergétique actuel
L’évaluation reste souvent marquée par l'individualisme et le subjectivisme. Le
contexte nous oblige de rester le plus objectif possible dans le bilan de la politique
énergétique actuelle en Pologne.
III. 1. Les priorités de la politique énergétique polonaise (selon le Ministère de l’Économie)
La doctrine de la politique énergétique polonaise actuelle et future est parfaitement
expliquée dans la figure 29. Elle se traduit par une vraie collaboration entre les trois facteurs
ou les variables le plus importantes dans le monde d’aujourd’hui. Il nous faut noter tout de
suite que les mêmes objectifs sont stables et sont repris dans le projet de la Politique
Énergétique Polonaise – 2050. Il s’agit d’un mix entre la sécurité énergétique, la compétitivité
de l’économie et la protection de l’environnement. Ces trois facteurs deviennent les priorités
les plus absolues pour la Pologne et restent en connexion directe avec les objectifs de l’Union
européenne.
33. 33
Master EDDEE – Stage EDF
Figure 29 ‐ La doctrine de la politique énergétique polonaise actuelle et future – Source : MG
En plus de ces trois facteurs, le bilan officiel de la Politique Énergétique Polonaise –
2030 énumère six priorités dont :
‐ L’amélioration de l’efficacité énergétique ;
‐ L’augmentation de la sécurité d’approvisionnement en matière première et en énergie ;
‐ La diversification de la structure de la production d’électricité par l'introduction de
l'énergie nucléaire ;
‐ Le développement des sources d'énergie renouvelables, notamment les biocarburants ;
‐ Le développement du marché de l'énergie compétitive ;
‐ La réduction de l'impact de l'énergie sur l'environnement.
Nous constatons que la Pologne comprend bien l’importance de l’amélioration
d’efficacité énergétique et la réduction de l'impact de l'énergie sur l'environnement. La
Directive IED sera appliquée et les anciennes centrales seront arrêtées.
Nous avons démontré que l’augmentation de la sécurité d’approvisionnement de
matière première et de l’énergie est un point essentiel pour la Pologne. Les différents
secteurs nationaux puissent être développés et la production améliorée. Cale concerne aussi
la diversification de la structure de la production de l’électricité par l'introduction de l'énergie
nucléaire. L’accident de Fukushima n’a pas altéré la volonté polonaise de se doter de
centrales nucléaires. La Pologne veut toujours construire ses centrales et développer le
secteur de l’atome. Il nous faut critiquer le développement des sources d'énergie
renouvelables. En analysant les informations, nous constatons que la Pologne se tourne vers
le secteur des biocarburants, dont la biomasse et le biogaz, en mettant à côté le
développement des parcs éoliens. Cependant, nous devons défendre ici la Pologne. Comme
nous l’avons déjà souligné, la puissance installée d’ENR à la fin de 2013 s’est élevée à 5725
MW (sur 38GW) ce qui donne 15% de la capacité installée. La production d’électricité à base
d’ENR s’élève à 5,3% en 2013 seulement39
. Le principe est simple, sur 1 000 MW des énergies
renouvelables, il faut compter environ 800 MW d’énergies conventionnelles (cas
d’intermittence), puisque dans les conditions géographiques de la Pologne, les éoliennes ne
produisent de l'électricité que 15 à 25% du temps pendant l’année et l’énergie solaire que 10
à 15% du temps40
. Ce type d’énergie reste donc économiquement contestable en Pologne.
39
KASZTELEWICZ Zbigniew, « Doktryna energetyczna Polski na I połowę XXI wieku », AGH – Cracovie, août 2014.
40
Ibid.
34. 34
Master EDDEE – Stage EDF
III. 2. Le résultat de la situation énergétique actuelle en Pologne
La situation énergétique actuelle de la Pologne se présente de manière positive et
stable. D’après les informations présentées, la sécurité énergétique est assurée. Même si la
Pologne ne dispose pas de ressources en gaz et en pétrole considérables, elle a réussi à
diversifier la sécurité d’approvisionnement de ses matières premières. Nous voyons aussi les
nouveaux projets et les opportunités de la recherche du gaz de schiste comme une solution à
long terme. Les ressources concernant le charbon dont le lignite et le charbon noir sont
significatives et pourraient garantir la production d’électricité pendant longtemps. Pourtant,
la Pologne comprend et accepte lentement les questions environnementales et le besoin de
développer l'énergie nucléaire.
Il est indéniable que le secteur de l'électricité polonaise est actuellement confronté à
de sérieux défis41
comme le renouvèlement du parc et le choix des technologies de long
terme. De plus, il ne faut pas ignorer le fait que la qualité de la production d'électricité, la
qualité de l'infrastructure de transmission et les obligations dans le domaine de la protection
du climat, etc. sont des éléments prépondérants.
Ajoutons dans ce contexte le dernier 24th Economic Forum (2014) à Krynica (2‐4 septembre
2014) où les experts ont souligné que « le charbon était, est et restera un élément important
du mix énergétique polonais. Le charbon sera important pendant longtemps pour l'industrie
polonaise de l'énergie. La question est de savoir si nous utilisons le charbon polonais ou le
charbon importé ? »42
.
De son coté, WISE a publié un rapport en mai 2014 sur L'intérêt polonais. Comment utiliser la
politique énergétique et climatique de l'UE pour soutenir le développement de la Pologne
jusqu'en 2030? qui s’inscrit dans la conception du projet ‐ Low‐Emission Poland 2050. Dans ce
dernier, les auteurs observent aussi que le secteur de l'énergie polonais est en attente d’une
profonde vague de modernisation. L’étude remarque que le coût de l'évolution de la
composition du mix énergétique d’une émission inférieure ne sera pas significativement plus
cher que de maintenir le rôle dominant du charbon. Toutes les options du mix énergétique
seront très semblables les unes aux autres. Soit la Pologne décide d’investir dans les
technologies à forte intensité capitalistique qui exigent moins de carburant, soit elle se
concentre sur les technologies moins chères, mais qui exigent plus de carburant. Quel que
soit le choix polonais, les coûts de l'énergie seront plus ou moins les mêmes. Les coûts
devraient même augmenter à cause des investissements et du prix du carburant (comprenant
les émissions de CO2).
41
dont Tomasz Popławski, Andrzej Sikora, Paweł Poprawa etc.
42
http://www.cire.pl/item,98294,1,0,0,0,0,0,eksperci‐wegiel‐waznym‐elementem‐polskiego‐miksu‐energetycznego.html