1. Regnabit. Revue universelle du Sacré-Coeur. 1921/06.
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2. 1« ANNÉE - N° 12 m'Ai 1S2*
UN AN APRÈS
i
Au mois de mai 1921, s'envolaient les premiers exemplaires
de Regnabit. Ils partaient, assurés des bénédictions du Sacré-
Coeur puisqu'ils avaient celles des princes de l'Église. Ils allaient,
certains que, par le monde, il y a des âmes, en grand nombre, qui
attendent, inconsciemment parfois, la parole profonde et ardente
qui soutient et qui enflamme.
Nos espérances ont été dépassées. Et notre premier devoir
est de remercier le Sacré-Coeur des grâces accordées.
Vous me permettez bien, Amis, de vous remercier après Lui.
Vous avez été délicatement bons,
Et dévoués.
Vous avez su trouver les paroles du coeur : du coeur, parce
qu'elles en viennent ; du coeur, parce qu'elles y vont.
Vous, bon Père Jésuite, qui m'avez dit votre « enthou-
siasme » et qui saluez en -Regnabit la Revue de l'avenir.
Et vous, bon Père Carme : «Si J'étais riche, m'écrivez-
vous, je vous donnerais beaucoup d'argent pour la diffusion de
Regnabit ; mais je suis un pauvre prêtre... J'ai demandé à un
de mes amis ce billet de 15 francs pour la
propagation de Regnabit.
Tous mes chers élèves ont communié pour cette même intention ».
Et vous, prêtre, mon frère, pour qui. j'ai bien remercié
Jésus puisqu' Il a permis que Regnabit soit pour vous, « person^
nellement, au moment même, ce qu'il fallait »...
Et toi, mon petit Jean, que je n'ai jamais vu et que j'aime
>en, quoique — tu veux bien que je dise cela— tu as commis
"ne grosse faute
d'ortographe (!) dans tajbonne lettre généreuse...
3. 530 Doctrine
Et vous, Apôtre, quiavez fait ce joli geste d'éterniser Regnabit
dans les murailles; même de la grande Basilique du Sacré-Coeur.
Car vous avez envoyé votre offrande. Mais «il est bien entendu
que cette offrande donne droit à une inscription sur une pierre
noyée dans la maçonnerie, et que cette inscription sera Regnabit ».
Et vous, Madame,... « Si je pouvais... vous n'auriez pas à
demander le pain matériel de Regnabit. Mais, mon Père, si un
jour, les besoins étaient urgents, j'ai des bijoux, j'ai quelques
titres. Vous n'aurez qu'à me dire qu'il les faut... 11 faudrait que
les abonnés de Regnabit ne se contentent pas de donner le prix
«du tarif ». Il faudrait qu'ils proportionnent leur prix d'abon-
nement aux besoins de la Revue. Ce serait une belle preuve
de sympathie, une force, un exemple. Ceux du Sacré-Coeur ne
pourraient-ils pas le faire ? Des laïques l'ont fait, pour leur
journal. Je n'oublierai jamais leurs accents émouvants. Ils
criaient : « Nous mourons faute de pain. Nous voulons vivre,
parce que les autres feraient trop de mal. Comprenez, et aidez-
nous ». Regnabit ne peut pas mourir. Mais Regnabit peut faire
plus ou moins de bien, s'il est plus ou moins lu. Et il faut qu'il
en fasse î ».
Il en fera beaucoup, madame. Grâce à vous, Grâce à tous
ses amis..
Et je vous remercie d'avoir compris et crié le désir de
Regnabit.
..., Je l'ai dit. Je le redis. Regnabit doit vivre. Et il le veut.
Surtout, Regnabit veut réaliser sa tâche immense.
Et je crois accomplir un devoir en exprimant ici, une fois
de plus, toute ma pensée.
Il faut nous convaincre que le Sacré-Coeur n'a pas dans la
vie chrétienne, dans la pensée catholique, la place qui Lui revient.
Il est bien loin dé l'avoir dans la vie chrétienne. Beaucoup plus
loin encore de l'avoir dans la pensée catholique. Et j'ajoute,
dans la pensée des dirigeants.
Àh ! j'ai des documents douloureux !
Comment se fait-il que nous en soyions là ?
Je l'ignore.
Mais, voici des vérités qui me semblent lumineuses comme
des principes, certaines comme des axiomes.
1° C'est le droit et la gloire du Sacré-Coeur de paraître
dans tout son rayonnement.
2° C'est l'intérêt et le bonheur des âmes de Le contemp'er
ainsi : vraie façon dé bien Le connaître, vrai moyen d'apprendre
à' L'aimer.
4. Doctrine 531
Vous voulez attirer les âmes au Sacré-Coeur ? Montrez-Le
dans son rayonnement immense. Vous introniserez le Sacré-
Coeur dans la pensée catholique.
*
* *
Et le moyen de répandre partout Regnabit ?
Vous en avez trouvé un, bien simple, ma soeur, en Amérique.
Et je vous laisse l'expliquer vous-même aux amis de Regnabit.
...« J'ai envoyé Regnabit à une jeune parente qui a eu
l'heureuse idée d'y abonner la bibliothèque paroissiale ; ainsi,
me disait-elle, beaucoup de personnes pourront la lire. Ce moyen
de propagande, que j'ai suggéré à une autre personne, est à
répandre. Si chaque bibliothèque paroissiale avait sa Revue
Universelle du Sacré-Coeur, quelle diffusion de notre chère
dévotion !»
— Oui, obtenez que s'abonnent... les bibliothèques, les
OEuvres, afin que le Sacré-Cosur rayonne toujours davantage.
Et puis, continuez l'apostolat individuel.
Je sais bien la difficulté. Beaucoup d'âmes ont le grand
tort — dont profite le démon — de trop se défier d'elles-mêmes.
Elles s'imaginent qu'elles ne sont pas capables de s'intéresser
aux Revues sérieuses. Ce sont là précisément les Revues qu'il
leur faut. Persuadez-leur de faire pendant un an, une expérience
loyale. Qu'elles fassent l'effort de monter ! Elles verront combien
il leur était facile de s'élever !
Tout près d'ici habite un bon chrétien — qui sourira en
lisant cette page — et qui disait l'autre jour à un apôtre du
Sacré-Coeur : « Regnabit ? C'est curieux ! D'abord il me semblait
trop,élevé pour moi. Maintenant,... j'en raffole. » — Eh ! non,
mon ami, ce n'est pas étonnant. C'est très normal. Vous pouviez
vous élever : vous vous êtes élevé, voilà tout. Et cela s'est fait
S1naturellement
que vous ne vous en êtes pas aperçu. Mais
combien d'âmes en sont encore au point où vous étiez jadis,
et qui elles aussi, si vous les persuadez qu'elles le
monteront,
Peuvent, et qu'elles le doivent !
, , Conclusion, que je vous dis sans àmbage, persuadé que ce
faisant je vous donne une marque de confiance et que je réponds
at]K désirs du Sacré-Coeur.
Voici le mois des Ré-abonnements,
» faut qu'aucun abonnement ne revienne seul.
Ah ! le Sacré-Coeur m'est témoin
que les questions d'argent
ue'Paraissent, futiles !
5. 532 Doctrine
Mais un abonnement, c'est une âme.
Donnez-moi des âmes.
Il faut que cette année, mieux que l'année précédente, et
l'année prochaine mieux que cette année, se réalise la prophétie
du Plan actuel : Videbunl in quem transfixerunt : Ils regarderont
le Divin transpercé !
II
Elle le contempla la première, la Douce Vierge que nous
honorons spécialement en ce mois de l'espérance.
La première Garde d'Honneur. — Fresque de la chapelle de la Visitation
Sainte Marie, Bourg (Ain) — Hauteur des personnages : 2 mètres.
Aussitôt ^accompli le mystère du coup de lance, elle
s'approche, anxieuse, émerveillée, angoissée, avide pourtant de
scruter les abîmes.
Hélas ! quelle admiration I
lui faisait dire le trouvère picard (1).
Hé ! que voy-je ? hé I que voy jou ?
Mon chièr ami, à quoi sert chou ?
Hé, filz, je voy ton cuer perciet.
Oui, « c'est bien le coeur qu'elle voit dans la plaie W
ouverte».
Quand nous regardons, sans qu'apparaisse lé coeur, la p'a1^
du coup de lance, nous l'appelons comme d'instinct la plaie" 1
côté. Pourquoi donc ?
(!) P?<<wttt. N° ("août 1921, T. I, p. 163.
6. Poctrine : 533
Hé, Dieu; je voy ton cuer perciet.
Ainsi voyait la « dolereuse » adorante,
Que j'ai une autre raison encore de vous montrer
aujourd'hui.
Tous les peuples ont reconnu en Marie la Reine de la France.
La famille entière de Regnabit se réjouira de voir l'Église elle-
même confirmer ce titre qui nous honore tous.
BREF DE S. S. PIE XI QUI DÉCLARE LA SAINTE VIERGE
PATRONNE PRINCIPALE ET SAINTE JEANNE D'ARC SECONDE
PATRONNECÉLESTE DE LA FRANCE.
Les Pontifes romains, nos prédécesseurs, ont toujours, au
cours des siècles, comblé des marques particulières de leur pater-
nelle affection la France, justement appelée la fille aînée de l'Eglise.
Noire prédécesseur de sainte mémoire, le Pape Benoît XV, qui
eut profondément à coeur le bien spirituel de la France, a pensé
à donner à cette nation, noble entre toutes, un gage spécial de sa
bienveillance. En effet, lorsque, récemment, Nos vénérables Frères, .
les Cardinaux, Archevêques et Evêques de France, d'un consente-
ment unanime, lui eurent transmis par Notre vénérable Frère,
Stanislas Touchet, Evêque d'Orléans, des supplications ardentes
et ferventes pour qu' Il daignât proclamer patronne principale de
la Nation française la bienheureuse Vierge Marie reçue au Ciel,
et seconde patronne céleste, sainte Jeanne, pucelle d'Orléans,
Notre prédécesseur fut d'avis de répondre avec bienveillance à
ces pieuses requêtes. Empêché par la mort, il ne put réaliser le
dessein qu'il avait conçu. Mais à Nous, qui venons d'être élevé par
la grâce divine sur la chaire sublime du Prince des Apôtres, il nous
est doux et agréable de remplir le voeu de Notre très regretté prédé-
cesseur et, par Notre autorité suprême, de décréter ce qui pourra
devenir pour la France une causé de bien, de prospérité et de bonheur.
Il est certain, selon un ancien adage, que « le Royaume de
France » a été appelé le « Royaume de Marie », et cela à juste titre.
Car, depuis les premiers siècles de l'Eglise jusqu'à notre temps,
bènéjs et Euçher de Lyon, Hilaire de Poitiers, Anselme, qui, de -...
France, passa en Angleterre comme Archevêque, Bernard de Clair-
vaux, François de Sales, et nombre d'autres saints docteurs, ont
célébré Marie, et ont contribué à promouvoir et amplifier à travers
la France le culte de ta
Vierge Mère de Dieu. A Paris, dans la
"'es célèbre Université de Sorbonne, il est historiquement prouvé
lue, dès le treizième siècle, la Vierge a été proclamée conçue sans
Pechi. Même les monuments sacrés attestent d'éclatante manière
antique dévotion du peuple à l'égard de la Vierge Mère de Dieu,
Parmi lesquelles on aime à rappeler comme les plus célèbres celles
7. '
534 Doctrine
qui s'élèvent à Reims, à Paris, à Amiens, aH2outances et à Rouen.
L'immense affluence des fidèles accourant "de loin chaque année'
même de notre temps, aux sanctuaires de Marie, montre clairement
ce que peut dans le peuple.la piété envers la Mère de Dieu, et plu-
sieurs fois par an, la Basilique de Lourdes, si vaste qu'elle soit
- est incapable de contenir les foules innombrables de pèlerins. La
Vierge Mère en personne, trêsorièré auprès de Dieu de toutes les
grâces, a semblé, par des apparitions répétées, approuver et con-
firmer la dévotion du peuple français. Bien plus, les principaux
et les chefs de la nation se sont fait gloire longtemps d'affirmer
et de défendre cette dévotion envers la Vierge. Converti à la vraie
foi du Christ, Clovis s'empresse, sur les ruines d'un temple drui-
dique, de poser les fondements de l'église Notre-Dame, qu'acheva
son fils Childcbert. Plusieurs temples sont dédiés à Marie par
Charlemagne. Les ducs de Normandie proclament Marie Reine
de la nation. Le roi saint Louis récite dévotement chaque jour
l'office de la Vierge. Louis XI, pour l'accomplissement d'un voeu,
édifie àCléry un temple à Notre-Dame. Enfin Louis XIII consacre
le royaume de France à Marie et ordonne que chaque année, en
la fête de l'Assomption de la Vierge, on célèbre dans tous les diocèses
de France de solennelles fonctions : et ces pompes solennelles,
nous n'ignorons pas qu'elles continuent de se dérouler chaque année.
En ce qui concerne la Pucelle d'Orléans, que notre prédé-
cesseur a élevée aux suprêmes honneurs des saints, personne m
peut mettre en doute que ce soit sous les auspices de la Viergt
qu'elle ait reçu et rempli la mission de sauver la France. Car d'abord,
c'est sous le patronage de Notre-Dame de Bermont, puis sous celui
de la Vierge d'Orléans, enfin de la Vierge de Reims, qu'elle entre-
prit d'un coeur viril une si grande oeuvre, qu'elle demeura sans
peur en face des épées dégainées et sans tache au milieu de la licenct
des camps, qu'elle délivra sa patrie du suprême péril et rétablit
. le sort de la France. C'est après en avoir reçu le conseil de ses
voix célestes qu'elle ajouta sur son glorieux étendard le nom U
Marie à celui de Jésus, vrai Roi de France. Montée sur le bûcher,
c'est en murmurant au milieu des flammes, en un cri suprême,
les noms de Jésus et de Marie, qu'elle s'envola au Ciel. Ayant dont
éprouvé le secours évident de la Pucelle d'Orléans, que la Francs
reçoive la faveur de cette seconde patronne céleste : c'est ce o&
réclament le clergé et le peuple, ce qui fut déjà agréable à NoW
prédécesseur et qui nous plaît à Nous-même.
C'est pourquoi, après avoir pris les conseils de Nos Vénérable
Fils, les cardinaux de la sainte Eglise romaine préposésgfl^
Rites, Motu proprio, de science certaine et après mûre délibération,
dans la plénitude de Notre pouvoir apostolique, par la force d&
présentes et à perpétuité, Nous déclarons et confirmons que M
.Vierge Marie Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans
8. poctwne 535
ARMES DE FRANCE
Sur la première couleur, le Sacré-Coeurà qui la France est officiellement
consacrée.
Sur la deuxième, le monogramme de la Vierge, sa patronne principale ;
Sur la troisième, les armes de Jeanne d'Arc, sa «seconde patronne céleste ».
9. tVoctrine 536
le Ciel, a été régulièrement choisie comme principale patronne de
toute la France auprès de Dieu, avec tous les privilèges et les honneurs
<que comportent ce noble titre et cette dignité.
De plus, écoutant les voeux pressants des Evêques, du clergé
et des fidèles des diocèses et des missions de la France, Nous décla-
rons avec la plus grande joie et établissons l'illustre Pucelle
d'Orléans, admirée et vénérée spécialement par tous les catholiques
de France comme l'héroïne de la religion et de la patrie, sainte
Jeanne d'Arc, vierge, patronne secondaire de la France, choisie
par le plein suffrage du peuple et cela encore d'après Notre suprême
autorité apostolique,* concédant également tous les honneurs et
privilèges que comporte selon le droit ce titre de seconde patronne.
En eonséquence, Nous prions Dieu, auteur de tous les biens,
que, par l'intercession de ces deux célestes patronnes, la Mère de
Dieu élevée au Ciel et sainte Jeanne d'Arc, vierge, ainsi que des
autres saints patrons des lieux et titulaires des églises, tant des
diocèses que des missions, la France catholique, ses espérances
. tendues vers la vraie liberté et son antique dignité, soit vraiment
la fille première née de l'Eglise romaine ; qu'elle échauffe, garde,
développe par la pensée, l'action, l'amour, ses antiques et glorieuses
traditions pour le bien de la religion et de la patrie.
— Très Saint Père, vous êtes bon.
m
C'est avec une reconnaissance avivée que nos yeux se tour-
neront vers Rome en ce mois du XXVI 0 Congrès Eucharistique
international.
Ce Congrès, dit S. E. le Cardinal Vicaire dans son « Invito
Sacro » ce congrès « veut être un grand acte de foi, un hommage
enthousiaste d'adoration et d'amour à Jésus qui, dans le sacre-
ment de l'autel, en éclairant notre foi, et en nous facilitant
l'observance de la loi de Dieu, est le doux repos des âmes, le
lien qui unit tous les hommes comme des frères autour de son
trône ».
Chaque jour les amis de Regnabit réciteront la «Prière
pour le Congrès » qu'approuva et indulgencia S. S. Benoît XV
à-la demande de S. G. Mgr Heylen, en son audience du 5 dé-
cembre 1921.
0 Jésus, qui vous donnez en nourriture à nos âmes, daigne*
couronner d'un, plein succès, le prochain Congrès eucharistique
international. Inspirez-en les travaux, les résolutions et les voeux,
agréez les hommages solennels qui vous y. seront rendus, enflammez
les coeurs des prêtres et des fidèles, des parents et des enfants, ojin
,'.- que la communion fréquente et quotidienne et la communion précoce
12. LES IDÉES
'" Grand "
Le Apostolat du mois du Sacré-Coeur
Les Documents Pontificaux se rapportant à l'excellente
pratique du Mois DU SACRÉ-COEUR sont des plus expressifs et
des plus concluants. . >
Ils se passent, littéralement, de tout commentaire.
Nul exercice de dévotion envers le Sacré-Coeur n'a été
gratifié — au total — de faveurs spirituelles aussi riches.
Nul, surtout, ne comporte autant de Solennité Populaire
Universelle.
Exception faite, évidemment, pour la Solennité Liturgique
de la: Fête du .Sacré-Coeur de Jésus.
D'ailleurs, le «Mois SOLENNEL DU SACRÉ-COEUR» encadre
— à merveille — la « FÊTE SOLENNELLE DU SACRÉ-COEUR».
II la prépare... Comme il la couronne !...
Dignement !
Ces faveurs spirituelles octroyées par l'Église, à l'exercice
du Mois du Sacré-Coeur ; —- faveurs d'abord diocésaines, (1)
Puis universelles ; exercice tant privé, que publique —
(1) Par exemple,pour le diocèsede Nantes, PIE IX — « Lettres apostoliques »
(m forme de BREF)Exponendum Nobis curavit, du 27 septembre 1869 — accorde
une Indulgencede 300 jours pour « chacun des trente-troisjours » (sic), c'est-à-dire :
pour « te mois de juin, en entier, et les trois premiers jours de juillet a et une Indul-
genceplénière, aux conditions ordinaires, à tous ceux « qui, au moins pendant
seizejours », auront assisté à 'l'exercice du Mois du Sacré-Coeurfait « à la cathé-
draleou dans les autres églises de la ville et du diocèsede Nantes, à désigner par
1ordinaire.»
Ce BREFa été publié dans le « MANDEMENT 7) de MM. les Vicaires Capi-
(n°
le
"Jtoires, Siègevacant, pour le saint temps de Carêmede l'an de grâce 1870SURLA
"EVOTION SACRÉ-COEURJÉSUS.
AU DE »
. Les Vicaires Capitulaires étaient : M. RICHARD, mort cardinal-archevêque
et
PARIS, M. LABORDE, tard évêque de NANTES.
plus
13. 540 Doctrine
Les exhortations réitérées et pressantes des Souverains
Pontifes Pie IX et Léon XIII ;
Les fruits excellents recueillis partout ;
Un grand zèle pour les âmes et un brûlant amour pour le
Coeur de Jésus ;
Et, aussi, croyons-nous, une spéciale inspiration du ciel ; —
ont suggéré, sur la fin du règne de Léon XIII, à quelques
âmes d'élite, en Italie, — au profit du Mois solennel et universel
du Sacré-Coeur — une véritable « Croisade moderne ».
Le mouvement est parti de Naples.
Il s'est étendu — royalement — à tout l'Univers.
Naples est resté le'centre et le foyer de l'ardente campagne,
menée depuis plus de vingt ans, avec.les plus inlassables efforts
et les plus consolants succès.
Son nom est significatif.
Il formule tout un programme :
LE GRAND APOSTOLAT DU MOIS DU SACRÉ-COEUR
***
Mieux qu'une pâle notice,les documents circonstanciés qu'on
va lire renseigneront utilement les amis du Sacré-Coeur.
On a pu écrire qu'ils sont « sans exemple dans l'histoire des
largesses de la Sainte Église. »
Puisse leur connaissance éclairer et stimuler le zèle de
tous, et de chacun, à tous les degrés de l'échelle sociale — ou
cléricale — catholique.
*
* *
DOCUMENTS.
I .
LETTRE DE LÉON XIU, du 10 Avril 1902, accordant la « Béné-
, diction Apostolique à ceux qui propageront ce pieux exercice»
du. Mois du Sacré-Coeur de Jésus.
Nous regrettons de ne point posséder, le texte original
intégral de ce document.
-'.-... H
LETTRE-ADRESSE à Sa Sainteté Pie X, du chanoine Louis
;.-.; Caruso, de Naples, en date du 11 juillet 1906, sur l'oeuvre du
«Grand Apostolat du Mois du Sacré-Coeur ».(1)
(1) Voir ANALECTA volume XIV, année 1906, p. 407 et stiiv
EÇCLESIASTICA,
14. ke mois du Sacré-Coeur 541
Texte original Italien. Traduction littérale de Regnabit.
« Beatissimo Padre, Très Bienheureux Père,
« Il convicimenlo, che il pio La conviction que le pieux
esercizio del Mese consecrato al exercice du Mois consacré au
Cuore Divino sia il mezza Coeur Divin est le meilleur moyen,
migliore di estendere e di perfezio- d'étendre et de perfectionner la
nare la devozione a quel Cuore - dévotion à ce Coeur Sacré, a
SSmo, mosse dlcuni del Sacre- poussé quelques prêtres et
dozio e del laicato napolitano a quelques laïques de Naples à
dare opéra, con la Benedizione travailler, avec la Bénédiction de
del loro Cardinale Arcivescovo, leur Cardinal Archevêque, à la
alla propagazione di quel santo propagation de ce saint exercice.
esercizio.Segui nel 1902, il nostro Suivit, en 1902, notre Congrès en
Congresso in omaggio al Cuore hommage au Coeur Sacré de
SSmo di Gesii, Congresso che Jésus, Congrès qui applaudit
molto plauso fe' ail' opéra loro, beaucoup à leur oeuvre et l'encou- .
e l'incoraggiô' si che prese incre- ragea au point qu'elle prit de
mento, e ne venue su il Grande l'accroissement et qu'en surgit le
Apostolato del Mese del Sacro Grand Apostolat du Mois du
Cuore, grande nella sua piccio- Sacré-Coeur, grand dans sa peti-
lezza per l'ardore dei desiderii e tesse par l'ardeur de ses désirs et
la forte aspirazione a universalità. par sa forte aspiration à l'uni-
Cotesio, apostolato mira a che l''eser- versalité. Cet apostolat vise à ce
cizio del Mese del Sacro Cuore que l'exercice du Mois du Sacré-
non pur si ponga (?) in ogni Coeur non seulement se fasse dans
Chiesa, ma in tuile le Case Reli- toute Église, mais dans toutes les
giose, / Seminarï, i Collegi, i Maisons Religieuses, les Sémi-
Laboratorii, le Officine, gli Ospc- naires, les Collèges, les Ouvroirs,
âali, le Famiglie lutte, e dovunque les Ateliers, les Hôpitaux, toutes
si compta in modo che non con- les Familles; et que partout il.
sista solo in un po' di preci e di s'accomplisse d'une manière qui
pratiche esteriori, ma risulti corne ne consiste pas seulement en un
nna sacra Missione universale, la peu de prières et de pratiques
quale, atlingendo ogni efficacia extérieures, mais qu'il en résulte
dalla consideraztone dell' infinita comme une Mission Sacrée Uni-
dolcezza e misericordia del Cuore verselle, laquelle, atteignant toute
di Cristo, valga possentemente a efficacité en considération de
r'formaré la vita individuale e l'infinie douceur et miséricorde du
sociale conformandola ail' Idéale Coeur du Christ, vaille puissam-
supremo di ogni verità, bontà e ment à réformer la vie indivis
bellezza, che è Cristo S. N. duelle et sociale en la conformant
à l'Idéal suprême de toute vérité,
bonté et beauté, qu'est le Christ
« 'H Grande Nôtre-Seigneur.
Apostolato del Le Grand Apostolat du Mois du
Mese del Sacro Cuore, veniva in Sacré-Coeur en vint, la même
W medesimo ànno, 1902, dalla année, 1902, à être béni avec
°- M. di Leone XIII con effusion par Léon XI II, de
effusione
^neoletto. E, daquel tempo inde-
lessamentenon perdonando a sacri-
sainte mémoire. Et, depuis ce
'iJM di sorta, tutto ha messo in temps, infatigablement, n'épar-
gnant sacrifice d'aucune sorte, il
15. 542 Doctrine
opéra, che gli è parso al suo fine a mis en oeuvre tout ce qui lui j
rispondente : stampa e larghis- paru répondre à sa fin : impres-
sima diffusione gratuita di speciali sion et très large diffusion gra-
opuscoli dichiarativi ; diffusione tuite d'opuscules explicatifs spé-
in moite centinaia di migliaia, e ciaux ; diffusion à plusieurs cen-
del pari sempre gratuita, di taines de milliers, et pareillement
fogltetti, che accennano ai modi toujours gratuite, de feuillets qui
di compiere frutiuosamenle, secon- indiquaient les manières d'accom-
do la diversità dei luoghi e délie plir fructueusement, selon la
persane, il pio esercizio ; âono di diversité des lieux et des per-
migliaia di libri diversi pel Mese sonnes, ce pieux exercice ; don
del Sacro Cuore a Predicatori, de milliers de livres divers pour
Sacerdoli, Scuole, Famiglie, Labo- Mois du Sacré-Coeur aux Prédi-
ratorii,, Opérai, Militari ; e, in- cateurs, Prêtres, Écoles, Familles,
sieme, di quadri, di immagini, di Ouvroirs, Ouvriers, Militaires ;
scapolari innumerevoli. Ancora, et, en même temps, de cadres,
con articoli pnbblicati in tutti i d'images, de scapulaires innom-
Perodici religiosi e politico-reli- brables. En outre, par des articles
giosi ha procurato variamente di publiés dans tous les Périodiques
render nota e caro e fecondo religieux et politico-religieux il
Vesercizio santo ; con lettera a a pourvu de manière variée à
tutti i Predicatori Quaresimalisti rendre notoire, et cher, et fécond,
e Mariani, ai Panocci, aile Case ce saint exercice ; par lettre à
Religiose, ha tavorato a oitenere tous les Prédicateurs de Carême
non solo cite, in quelle loro Chiese, et de Mois de Marie, aux Curés,
si compisse frutiuosamenle il pio aux Maisons Religieuses, il a
esercizio, ma anche a moltiplicare travaillé non seulement à obte-
gli apostoli del Mese del Sacro nir que, dans leurs Églises,
Cuore ; ha distribuito, special- s'accomplisse fructueusement le
mente nette Chiese, in maggio, e pieux exercice, mais encore à
a migliaia nellà Ponlificia Basi- multiplier les apôtres du Mois du
lica di Valle di Pompei, ai pelle- Sacré-Coeur ; il a distribué, spécia-
grinanti al Santuario di Maria, lement dans les Églises, en mai,
piccoli inviti ferventi di compiere et par milliers dans la Basilique
e bene l'esercizio del Mese del Pontificale de Valle di Pompei,
Sacro Cuore ; ha rivolto urnili aux pèlerins du Sanctuaire de
istanze agli Ecc. mi Vescovi, molli Marie, de petits appels fervents
dei quali, ail' appressarsi del ' pour accomplir, et bien, l'exercice
giugno, jecero speciali Circolari ; du Mois du Sacré-Coeur ; il a
alcuni largirono anche, nelle loro adressé d'humbles instances aux
Diocesi, Indulgenze per le buone Excellentissimes Évêques, panm
opère intese a propagare o perfe- lesquels un grand nombre, à
zionare l'esercizio del Mese del l'approche de juin, ont fait des
Sacro Cuore ; qualcuno lo ha, Circulaires spéciales ; quelques-
egli stesso, prèdicato al suo gregge. uns ont accordé aussi, dans leurs
Diocèses, des Indulgences pouf
les bonnes oeuvres faites en vue
de propager ou de perfectionne'.
l'exercice du Mois du S.aciC"
Coeur ; l'un ou l'autre l'a, l" 1'
même, prêché à son troupeau.
16. Le mois du Sacré-Coeur 543
« i copiosi fruiti di salute, Les fruits abondants de salut,
per divina misericordia ottenuti obtenus de par la miséricorde
in Italia, fecero il Grande Aposto- divine en Italie, ont rendu le
lato del Mese del Sacro Cuore Grand Apostolat du Mois' du
più injocatamente desioso di Sacré-Coeur plus enflammé du
abbraeciare lutte le genti, per le désir d'embrasser toutes les na-
quali Cristo dette il Sangue del tions, pour lesquelles le Christ a
suo Cuore. E la brama ardentis- donné le Sang de son Coeur. Et
sima puô dirsi avesse suo batte- son aspiration la plus ardente, a
simo nella Roma- délia Santità reçu, peut-on dire, son baptême
Vostra, quando l'ultimo Congresso dans la Rome de Votre Sainteté,
Eucaristico Internazionale (1) fece quand le dernier Congrès Eucha-
voto, che a tutti i Pastori délia ristique International (1) a émis
Cattolica Chiesa si rivolgesse sup- le voeu qu'à tous les Pasteurs de
plica, perché; con raccomando- l'Église Catholique on adressât
zioni inserite specialmente ne une supplique, afin que, par des
Calendari Diocesani, volessero ren- recommandations insérées spé-
dere générale nelle loro Diocesi, cialement dans les Calendriers
e ben compiuto, l'esercizio del Diocésains, ils voulussent bien
Mese al Divin Cuore consecrato. rendre général dans leurs Dio-
cèses, et bien accompli, l'exercice
du Mois consacré au Divin Coeur.
d Quel voto, comunicato dal Ce voeu, communiqué par le
Grande Apostolato del Mese del Grand Apostolat du Mois du
Sacro Cuore a tutti i Vescovi dell' Sacré-Coeur à tous les Évêques
Orbe, du fa molli Ecc.mi Pastori de l'Univers, fut par un grand
benignamente e anche largamente nombre d'Excelléntissimes Pas-
attuato si, che in Italia e fuori, teurs réalisé avec bienveillance
avi'enturatamente, la pia pratica si et, de plus, largement, au point
affennava. Quando tutti in cià qu'en Italie et au dehors, très
cmverranno, oh ! allora in ogni heureusement, la pieuse pra-
lerra il Cuore di Cristo avrà la tique s'est affermie, Quand tous
gioia e la gloria di un Suo Mese, en ceci concourront, oh ! alors,
nel quaie i Pastori délie anime sur toute terre, le Coeur du
saranno allietati dai meravigliosi Christ aura la joie et la gloire
frutti di salute, di cui le nuove, d'un Mois à Lui, durant lequel
che da ogni parte abbiamo, ci les Pasteurs des âmes seront
dicono esser fecondissimo quel réjouis des merveilleux fruits de
santo esercizio, specialmente tra salut, dont les nouvelles, que
«* gente operaia, e
cià, che sem- nous avons de toutes parts, nous
orava lontano da ogni speranza, disent être très fécond ce saint
anche tra la gente milltare. E la exercice, spécialement parmi le
Vergine Madré, che, nel Maggio monde ouvrier, et, ce qui semblait
aolcissimo tanti cuori accoglie loin de toute espérance, même
Mto l'azzurro
manto, esulterà di parmi le monde militaire. Et la
Vw intensa gioia e più
piena per Vierge Mère, qui, pendant le très
potere, nel Giugno benedetto, pro- doux Mois de Mai, accueille tant
Wiaando tutti quel cuori, il cuore de coeurs sous son manteau
International; tenu à Rome du 1" au 4 juin 1905.
<Woii1dsC^"gî7ès.!Sj,(:haristiclue
17. 544 Doctrine
di tutti neW injinito oceano délia d'azur, tressaillira de joie pius
misericordia infinita, che è il intense et plus complète, de
Cuore del Figliol suo ! pouvoir, au Mois de Juin béni
plonger tous ces coeurs, le coeur
de tous, dans l'océan infini de
l'infinie miséricorde qu'est le
Coeur de son Fils !
« Per far, poi, progredire la Pour faire, ensuite, progresser
povera opéra nostra fuori d'Italia, notre pauvre petite oeuvre hors
il nostro opusculo dichiarativo è d'Italie, notre opuscule expli-
stato tradotto in più lingue, e catif a été traduit en plusieurs
distribuito largamente ail' estera, e langues, et distribué largement
importanti Riviste religiose lianno à l'étranger ; et d'importantes
avuto articoli pel Mese del Sacro Revues Religieuses ont eu des
Cuore. Ancora, un santo P. Géné- articles pour le Mois du Sacré-
rale dt fiorentissima Congregazione Coeur. Même, un saint Père
Religiosa, in una sua Circolare Général d'une très florissante Con-
aile Case del suo Istituto, sparse grégation religieuse, dans une
in lutto il mondo, ràccomandava de ses Circulaires aux Maisons
l'apostolato del Mese del Sacro de son Institut, répandues dans
Cuore e il nostro opuscolo in pro- le monde entier, a recommandé
posito. l'apostolat du Mois du Sacré-
Coeur et notre opuscule à ce sujet.
«Ma cheô pucosa essere veramente Mais qu'est-ce qui peut être
benedetto e diventare veramente vraiment béni et devenir véri-
universale, che non prenda sug- tablement universel, qui ne
gello dalla Suprema Autorità in prenne le sceau de la Suprême
terra ? Autorité sur terre ?
« Perô, con umilissimo ardire C'est pourquoi, avec la très
di figliuoli, supplichiamo la San- humble audace de petits enfants,
tità Vostra, che, per gloria del nous supplions Votre Sainteté,
Cuore infinitamente amante, vo- pour la gloire du Coeur infiniment
glia non solo di nuovo schiudere aimant, qu'elle veuille non seu-
i tesori di Santa Chiesa in favore lement ouvrir de nouveau les
del pio esercizio del Mese del trésors de la Sainte Église en
Sacro Cuore, ma anche in favore faveur du pieux exercice du Mois
délie persone, che, nel mondo intero, du Sacré-Coeur ; mais aussi en
si spendono, e si spenderanno, a faveur des personnes, qui, dans
renderlo universale e universal- le monde entier, se dépensent,
mente ben comptuto, arriccliendo et se dépenseront, à le rendre
le loro buone opère diverse, a universel et universellement bien
questo fine intese, di tali Indul- accompli, en enrichissant Iet,rs
genze, che, si faccia aperto il pen- bonnes oeuvres diverses, entre-
sïero delta Santità Vostra, che, da prises à cette fin, d'Indulgences
pertutto, si compta il pio esercizio, telles que se fasse manifeste
e tutti, che net cenno del Vicario pensée de Votre Sainteté, /F;
di Cristo san vedere da desiosa partout s'accomplisse le PieU.
.volontà del Signore, s'infiammino exercice, et que tous ceux Q
per cotesto apostolato santo si, da dans le geste (litt. signe)
18. Le mois,du Sacré-Coeur 545
cooperare, per questo modo, alla Vicaire du Christ savent voir
sospirata dalla Santità Vostra la volonté désireuse du Seigneur,
ristorazione di lutte cose in s'enflamment pour ce saint-apos-
Cristo. tolat au point de coopérer, de
cette manière, à la restauration,
tant désirée de Votre Sainteté,
de toutes choses dans le Christ.
« Che se a noi fosse lecito dir Que s'il nous était permis
iutto il desiderio nostro, con d'exprimer tout notre désir, avec
semplicità di figliuoli e audacia di la simplicité de petits enfants et
poverelli supplicheremmo la San- l'audace de grands pauvres, nous
tità Vostra che, aile indulgenze già supplierions Votre Sainteté de
largite dalla S. M. di Leone XIII, daigner ajouter aux indulgences
si degni aggiungere la concessione déjà accordées par Léon XIII,
perpétua : de sainte mémoire, la concession
perpétuelle (suivante) :
« 1° Dell' Indulgenza plenaria 1° De l'indulgence plénière
toties quoties applicabile aile toties quoties applicable aux âmes
anime dei defanti, il giorno 30 des défunts, le jour du 30 juin,
giugno, in quelle Chiese dove il dans ces Églises où le Mois du
Mese del Sacro Cuore sia stalo Sacré-Coeur a été solennellement
solennemente compiuto. accompli.
« 2° Del favore dell' Altare Gre- 2° De la faveur de l'Autel
goriano ad instar nella loro Messa Grégorien ad instar, dans leur
del 30 guigno ai Predicatori del Messe du 30 juin, aux Prédica-
Mese del Sacro Cuore, ed ai teurs du Mois du Sacré-Coeur,
Rettort délie Chiese ove il pio et aux Recteurs des Églises où
esercizio venue solennemente com- le pieux exercice a été solennel-
piuto. lement accompli.
« 3d Per le persone, che promu- 3° Pour les personnes qui tra-
ovono il pio esercizio : dell' Indul- vaillent à promouvoir le pieux
genza di 500 giorni, da lucrarsi exercice : de l'indulgence de 500
con qualsiasi loro opéra buona, jours, à gagner par quelle que
intesa à propagarlo o a farlo soit leur bonne oeuvre tendant
eompier meglio ; délia Indulgenza à le propager ou à le faire mieux
Plenaria nelle loro Communioni accomplir ; (et) de l'Indulgence
del giugno ; tutto applicabile aile Plénière dans leurs Communions
Anime Santé del Purgatorio. de juin ; le tout applicable aux
Saintes Ames du Purgatoire.
i-Picni oltremodo di fiducia, Extraordinairement remplis de
che il patemo cuore délia Vostra la confiance que le coeur paternel
Santità benignamente vorrà acco- de Votre Sainteté voudra accueil-
glierel'humile, ardentissima, filiale lir avec bienveillance notre
P'eghiera, prostrati al bacio del humble, très ardente, et filiale
sacro Piede, supplichiamo intanto prière, prosternés- au baisement
1 Sfntità Vostra impartir e copio- de Vos Pieds sacrés, nous sup-
vssitna l'Apostolica Benedizione plions, en attendant, Votre Sain-
19. 546
Doctrine
sopra ï'opera nostra, sopra quanti,
teté de répandre très, abondante,
. con noi fan parte del Grande sa Bénédiction Apostolique sur
Apostolato del Mese del Sacro notre oeuvre, et sur tous ceux qui,
Cuore. avec nous, font partie du Grand
Napoli, 11 Luglio 1906.Apostolat du Mois du Sacré-Coeur,
« Délia S. V. um. obb. figliuolo Naples, 11. juillet 1906.
e servo, De Votre Sainteté le très
« LUIGI Can. CARUSO. humble, très obéissant fils et
serviteur,
Chanoine Louis CARUSO.
III
SUPPLIQUE du Même, et RESCRIT de la S. Congrégation des
Indulgences, du 8 août 1906, en faveur des Dévots et des Apôtres
du Mois du Sacré-Coeur.(l)
1° Supplique.
C'est le résumé, en forme, et pour être déposé dans les
Bureaux de.la S. Congrégation des Indulgences, de la Lettre-
Adresse qui précède.
Texte original italien. Traduction littérale de Regnabit.
Beatissimo Padre Très Bienheureux Père,
« Essendo la devozione al Cuore La dévotion du Très Sacre-
SS. di Gesù la più féconda di Coeur de Jésus étant la plus
frutti spirituali, di grazie e di féconde en fruits spirituels, en
meravigliose conversioni, per oui grâces et en conversions merveil-
uomlni ostinati nella colpa si sono leuses par lesquelles les hommes
ravveduti ; ed essendo il pio obstinés dans le péché se sont
esercizio del mese consecrato a repentis ; et le pieux exercice du
quel Cuore Divino il mezzo più mois consacré à ce Divin Coeur
adatto ad estendere e perfezionare étant le moyen le plus apte à
la deita devozione, il sottoscritto,(l) étendre et à perfectionner la
umilmente prostrato ai piedi delta dite dévotion, le soussigné,^)
S. V., supplica che aile indulgènze humblement prosterné aux pieds
già largite dalla S. M. di Leone de Votre Sainteté, la supplie aux
XIII si degni aggiunla concessione indulgences déjà accordées pex
perpétua : etc. Léon XIII de sainte mémoire de
daigner ajouter la concession
perpétuelle. de : etc,
Suivent les trois nouvelles indulgences demandées : 1° •>
2° ... et 3° ... comme indiquées dans la LETTRE-ADRESSE ati
précède.
(1) Voir : ACTA SANCTOE SEDIS,vol. XXXIX, p. 434. ..A
(2) Le chanoine Louis Caruso du document précédent (Note de Regnaou-
20. Le mois du Sacré-Coeur 547
2° Rescrit pontifical. ()
a) Texte original latin.
« Ex audientia Sanctissimi, die 8 Augusti 1906.
«SSmus Dominus Noster PP. X, qui in votis vel-maxime
habet, ut pium exercitium mensis Cordis Jesu Sacratissimo dicati
magis In diss propagetur, et in Christifidelibus saluberrimas sane
radiées fortius et fructuosius agere conspiciatur, infrascriptis
precibus libenter annuens pro gratia, indulgentias expetitas
perpetuo valituras bénigne elargiri dignatus est, atque optatam
benedictionem Apostolicam peramanter impertivit. »
A. CARD. TRIPEPI, Praefectus.
Pro R. P. D. D. PANICI. Archiep. Laodieen., Secretario,
Josephus M. Can. Coselli, Substitutus.
b) Traduction littérale de REGNABIT.
De l'audience de Sa Sainteté, le 8 août 1906.
Sa Sainteté Notre-Seigneur Pie X, Pape, dont le voeu le
plus grand est que le pieux exercice du Mois consacré au Coeur
Très Sacré de Jésus se propage de jour en jour davantage, et
qu'on le voit jeter avec plus de force et plus de fruit, parmi les
fidèles du Christ, ses racines assurément très salutaires ; —
acquiesçant volontiers par faveur aux prières relatées, a daigné
accorder avec bienveillance les indulgences sollicitées, à valoir
à perpétuité, — et Elle a donné très affectueusement la Béné-
diction Apostolique souhaitée.
Signé : Card. A. TRIPEPI, Préfet
Pour le R. P. Mgr PANICI, archevêque de Laodiçée, Secrétaire,
Chanoine JOSEPH M. COSELLI, Substitut.
IV
DÉCLARATION du 26 janvier 1908. Solution de quelques
doutes au sujet de la. célébration du Mois solennel du Sacré-
Coeur.^)
_ (1) Voir : ANALECTA ECCLESIASTICA, XIV, année 1906, p. 407 — ACTA
vol.
SANCTVESEDIS,vol. XXXIX, p. 434, — et ACTAPONTIFICIA
(Pustet), vol. IV,
Année 1908, page 388.
(0 Voir ANALECTACCLESIASTICA, XVI (année 1908) page 242 —
E vol.
« Acta SANCTAE SEDIS,vol.' XLI page 354.
21. 548 Doctrine
1° Supplique
Texte original italien Traduction littérale de Regnabit.
« Beatissimo Padre, Très Bienheureux Père,
« Il sacerdote Michèle Ietti di Le prêtre Michel letti de
Napoli, Direltore dell' Apostolato Naples, Directeur de VApostolat
dél Mese del Cuore di Gesù, du Mois du Coeur de Jésus,
prosîrato ai piedi délia S. V., prosterné aux pieds de Votre
umllmente espone che, essendosi Sainteté, expose humblement que,
la S. V. degnata di concedere Votre Sainteté ayant daigné con-
grazie specialissime, con Rescritto céder des faveurs très spéciales,
délia S; Congregazione délie Indul- par Rescrit de la S. Congréga-
genze del di 8 agosto 1906, per tion des Indulgences en date du
la solenne celebrazione del Mese 8 août 1906, pour la célébration
del Sacro Cuore, sono sorti alcuni solennelle du Mois du Sacré-Coeur,
dubbi circa l'interpretazione di quelques doutes se sont élevés
esso Rescritto ; onde supplica la sur l'interprétation de ce Rescrit ;
S. V. a volersi degnare di risol- en conséquence il supplie Votre
verli autorevolmente. Sainteté de vouloir bien daigner
les résoudre d'une manière auto-
risée.
« Essl sono : Ce sont (les suivants) :
« 1° Corne debba intendersi la '1° Comment doit s'entendre
celebrazione solenne del detto mese. la célébration solennelle du dit
mois.
« 2° Se la chiusa del prefato 2° Si la clôture du mois sus-
mese debba fissarsi, per la uni- dit doit se fixer, pour l'unifor-
formità e pet maggior concorso dei mité, et pour un plus grand con-
fedeli, ail' ultima domenica dl cours des fidèles, au dernier
giugno. dimanche de juin.
« 3° Se le concessioni straordl- 3° Si les concessions extra-
narie possano godersi anche per ordinaires on peut en jouir aussi
la celebrazione del Mese negli pour la célébration du mois dans
Oratorii semi-publici dei Semi- les Oratoires semi-publics des
narii, dette Comunità Religiose e Séminaires, des Communautés
degli attri Luoghi pii. religieuses, et des autres Lieux
pies.
« 4° Se il detto Mese, per 4° Si le dit mois, pour quelque
qualche ragionevole motivo, possa motif raisonnable, peut se célé-
celebrarsi, anzichè in giugno, in brer, plutôt qu'en juin, en un
àltro mese, godendosi le medesime autre mois, en jouissant des
concessioni. mêmes concessions.
« Che ecc. Et que Dieu etc.
22. Le mois du Sacré-Coeur 549
2° Rescrit pontifical,
a) Texte original latin.
« Ex audientia Sanctissimi, die Ianuarii 1908.
« Sanctissimus Dominus Noster Pius Papa X, auditis supra
relatis, ad proposita dubia responderi iussit prout sequitur :
«Ad 1. — Mensem Sacratissimo Cordi dicatum celebrari
debere cum sacra praedicatione aut quotidie, aut saltem ad formam
spiritualium exercitiorum per octiduum.
« Ad- 2. — Affirmative.
Ad 3. — Affirmative.
Aid 4. — Affirmative ex aequa causa et praehabita permis-
sione Episcopi. »
In quorum fidem, etc.
CASIMIRUS Card. GENNARI.
b) Traduction littérale de REGNABIT
De l'audience de Sa Sainteté, le 26 janvier 1908.
Sa Sainteté Notre-Seigneur Pie X, Pape, ayant entendu
la relation ci-dessus, a donné ordre de répondre comme suit
aux doutes qui sont proposés :
Au 1° — Le Mois dédié au Sacré-Coeur doit être célébré
avec prédication sacrée, ou chaque jour ou, au moins, par manière
d'exercices spirituels, pendant huit jours.
Au 2° — Affirmativement.
Au 3° — Affirmativement.
Au 4° — Affirmativement, pour une juste cause et avec
la permission préalable de l'Évêque.
En foi de quoi, etc.
Signé : Cardinal CASIMIR GENNARI.
* **
Après la lecture de ces textes, nous pouvons demander :
« Que faut-il de plus pour convaincre les hésitants ?... »
C'est le cas de redire : Roma locuta est, causa finita est
Que le Mois solennel du Sacré-Coeur prenne donc son plein
épanouissement, tel que l'ont escompté les précieux témoignages
de bienveillance pontificale dont il a été l'objet.
Le « Mois de Marie » partout si populaire doit être le pré-,
curseur du « Mois Solennel du Sacré-Coeur ».
23. 550 Doctrine
A la veille du mois de juin, les bonnes volontés ont encore
le temps de s'organiser...
Qu'au soleil éclatant des DOCUMENTS reproduits, fondent,
comme neige, les dernières objections ou réserves que d'aucuns
voudraient encore formuler sur l'opportunité, les convenances
locales ou personnelles, les difficultés pratiques, voire l'insuccès
— relatif !...-— des essais imparfaitement tentés.
Il suffit de leur répéter :
— «Relisez simplement !... »
— «Essayez énergiquement !... »
— «Persévérez constamment !... »
— « Et vous récolterez... surabondamment !... »
En somme, la résolution et le mot d'ordre général doivent
être : Le Sacré-Coeur de Jésus et les Souverains Pontifes désirent le
« Mois Solennel du Sacré-Coeur »
Donc : 1° — Il faut le faire.
2° — Il faut le bien faire.
3° — Il faut partout le faire.
4° — Il faut toujours le faire.
5° ,— Il faut toujours, partout, mieux le faire.Çi)
*
* *
REGNABIT salue, avec joie, cette « Croisade d'Amour », cette
« Grande Mission du Coeur de Jésus », ce « GRAND APOSTOLAT
DU Mois DU SACRÉ-COEUR.»
Lyon, mars 1922.
EMILE HOFFET.
(1) S'adresser à : Grand Apostolatdu Mois du Sacré-Coeur, Naples, Itah*
à
: or*
pour renseignementspratiques et divers éléments de propagande, tels que
çhuers, tracts, imprimés, en tangues multiples, pour églises,communautés,oeuvres'
familles, missions,etc..
24. Infirmités du Sacré-Coeur 551
Le Sacré-Coeur
et les infirmités de sa nature humaine
CSufteJ
Le Sacré-Coeur et les maladies
Puisque la maladie provient en nous soit d'une faiblesse
native, soit d'un vice de constitution, soit de l'intempérance,
du désordre ou de l'imprudence dans la conduite, le Sacré-Coeur n'a
jamais été malade. Il ne pouvait l'être, ni en vertu de l'hérédité :
sa nature était parfaitement saine, et son corps, formé par miracle,
à l'abri de tout germe morbide ; ni par ignorance ou par impru-
dence : sa science et son impeccabilité s'y opposaient. Il ne
convenait d'ailleurs pas qu'il contractât nos maladies, lui qui
les venait guérir.
C'est du moins la doctrine que S. Athanase expose avec
toute son autorité, il se demande pourquoi le Sauveur, puisqu'il
voulait et devait mourir pour nous racheter, n'a pas préféré à
la mort violente et ignominieuse de la croix une mort naturelle,
honorable, dans le secret d'une demeure. Objection trop humaine
que celle-là, répond-il. « Ce que le Seigneur a fait en l'espèce est
vraiment divin et digne pour bien des raisons de sa majesté.
Tout d'abord la mort qui emporte les hommes leur survient en
raison de la faiblesse de leur nature. Ils ne peuvent durer toujours.
Arrive une heure où ils disparaissent : ils tombent malades,
perdent peu à peu leurs forces et bientôt meurent. Or le Seigneur
n'est pas faible ou sans vigueur : il est la Vertu de Dieu, le Verbe
de Dieu, la Vie elle-même. Si donc il avait étendu son corps sur
«ne couche en son particulier, comme font les autres, hommes,
on eût cru qu'il s'alitait lui aussi à causé de la faiblesse de sa
nature et conclu qu'il n'avait rien de plus que les autres enfants
d'Adam. Mais parce qu'il est la Vie et le Verbe de Dieu, et que
d'autre part il devait mourir pour tous les hommes, en tant que
Vie et Vertu, il fortifie en lui-même son
corps, — et comme devant
goûter la mort, il ne saisit pas de lui-même Pcccasion de son
sacrifiée, il veut qu'elle lui vienne des autres hommes. Il ne
convenait en effet pas que le Seigneur qui guérissait les maladies
'«t lui-même victime de la
maladie, ni qu'il connût la faiblesse
f- la dçbilitatïon de ce corps par lequel il rendait la force aux
bibles...
«Admettons que son corps ait été terrassé par la maladie
et que le Verbe incarné se soit
retiré, contraint par la souffrance,
25. 552 Doctrine
loin de tous les regards. N'eût-ce pas été chose souverainement
inconvenante que celui qui guérissait les maladies des autres
négligeât de secourir son propre corps consumé par la maladie ?
Car comment aurait-on cru que réellement il avait guéri les maux
des autres, si le temple de son corps eût été, comme nos corps
à nous, envahi par la faiblesse et la maladie ? Ou il eut prêté à la
moquerie, comme incapable d'écarter de lui la maladie ; — ou
bien le pouvant et ne le faisant pas, il eût passé pour inhumain
aux yeux de ses frères (1) ».
Peut-être, n'est-il pas inutile de faire observer que S. Atha-
nase emploie dans les lignes qui suivent une expression à tout le
moins impropre, quand il nous parle du « Verbe quittant son
corps ». C'est à coup sûr l'âme qu'il veut dire. La mort n'a pas
consisté pour le Verbe incarné dans la séparation de sa divinité d'a-
vec son humanité, mais bien comme pour nous dans la séparation
de son âme d'avec son corps, le Verbe demeurant indissolublement
uni tant à son corps dans le tombeau, qu'à son âme descendant
aux limbes. Je ne veux ici pour preuve de cette infrangible per-
manence de l'union hypostatique que notre Credo : nous y chan-
tons en effet que le Fils de Dieu est mort, qu'il a été enseveli,
et est descendu aux enfers. « La divinité et l'humanité s'accordent
chez lui en une telle unité, disait S. Léon le Grand, que ni la
souffrance n'a pu les disjoindre, ni la mort les séparer». (2)
Mais, dira-t-on, comment admettre que Jésus-Christ n'ait
jamais été ni malade ni infirme ? L'Apôtre affirme, que le Verbe
incarné a voulu passer par toutes nos misères (3), et nous res-
sembler en toutes choses, (4). Et pour démontrer l'intégrité et la
réalité de la nature humaine dans le Christ, les Pères invoquent
souvent ce principe : Jésus-Christ n'a .guéri que ce qu'il a pris
sur Lui. Le Christ ne nous ressemble donc pas en toutes choses,
il n'a pas porté remède à tous nos maux, s'il n'a pas accepté pour
lui toutes nos maladies et toutes nos misères personnelles.
Les théologiens réduisent sans peine cette antinomie. Pour
nous ressembler en tout, le Verbe incarné non seulement a pris
notre nature humaine, mais il l'a prise soumise à ces conditions
et infirmités communes que lui a créées le péché, à ces afflictions
de corps et d'esprit qui en sont la conséquence, à la mort quien
est le châtiment dernier. Cela suffit. Il devait d'autre part, — ef
c'est un principe proclamé par tous les Pères, — éloigner de lui
tout ce qui aurait été une injure à sa dignité personnelle de Fils
de Dieu, ou une entrave à sa fonction de Sauveur et de Rédemp;
teur.Par conséquent, il ne pouvait accepter pour son humanité
ni le péché, ni la concupiscence, ni tout ce qui mène au pêche,
<1) Orat. de Incarnat. Verbi, ira 21-22. P. G. 25, 133 a b - 136 b.
(1) Serin. 68, de Passione 17, e. 4. P. L. 54, 373 a.
(2) Hebr., IV, 15.
(4) Ibid., II, 17.
26. Infirmités du Sacré-Coeur 553
ni ces infirmités personnelles qui ne dérivent pas universellement
des principes de notre nature mais ont pour cause une hérédité
particulière, une culpabilité personnelle. Sa dignité et son rôle,
je le répète, le lui interdisaient. Et pourquoi veut-il nous res-
sembler en tout ? « Afin, répond S. Paul, d'être un Pontife misé-
ricordieux et qui s'acquittât fidèlement de ce qu'il faut auprès
de Dieu pour expier les péchés du peuple ». (1) Pour cela, son
acceptation volontaire des infirmités communes de notre nature,
qu'il venait guérir sans distinction de personnes, était simplement
suffisante. Pas n'était besoin qu'il y ajoutât le surcroît de nos
misères et de nos maux individuels. Il ne le pouvait d'ailleurs pas.
Beaucoup de nos maladies et de nos infirmités personnelles se
contredisent et s'excluent l'une l'autre (2).
Ce nonobstant, Notre-Seigneur n'en a pas moins porté re-
mède à nos misères personnelles, — ce qui justifie le principe
des Pères que je me suis objecté ; — car il a guéri et purifié, en
se l'unissant, notre nature corrompue, cause profonde, primor-
diale, d'où se propagent, comme d'une source empoisonnée, tous
nos maux. et toutes nos misères personnelles. La réponse est
encore de S. Thomas : « Toutes les infirmités personnelles des
hommes proviennent foncièrement de la corruptibilité et de la
passibilité du corps, sous l'influence de certaines causes parti-
culières et déterminées. C'est pourquoi, ayant guéri, en la prenant
pour lui, la passibilité et la corruptibilité de notre corps, le
Christ a par là même porté remède à tous nos autres défauts » (3).
D'ailleurs, ce ne sont pas à proprement parler les maladies
ou les infirmités que l'on guérit, mais bien la nature infirme et
malade, par l'expulsion des maux dont elle souffre. En s'unis-
sant personnellement à une nature infirme et en la guérissant
par le fait, le Verbe incarné a donc porté remède à toutes nos
misères. Les Pères ne veulent pas dire autre chose.
D. G. L. DÉMARET, moine de Solesmes.
(A suivre)
(1) Hebr., II, 17.
(2) Q. 14, a. 4, Sed contra.
(3) Ibid., ad 1.
27. 554 Doctrine
La Théologie du Sacré-Coeur et le Protestantisme
Les Premiers Réformateurs -
(fin) e) Les Rationalistes
Ce qui a dû frapper nos lecteurs, dans les brèves études que
Regnabit a déjà données sur la Théologie du Sacré-Coeur et le
Protestantisme, c'est l'effrayante inconsistance de la prétendue
Réforme, en matière doctrinale. Là est pour nous sa tare indé-
lébile. Elle ne peut nous donner aucune certitude. Elle ébranle
ait contraire toutes les convictions. Sans doute elle prétend pos-
séder la vérité, elle montre une intransigeance et une assurance
que trois siècles de perpétuelles variations pourront seuls lui faire
perdre. Mais n'est-il pas étrange qu'ayant à résumer ici la théo-
logie christologique des premiers Réformateurs, pour faire res-
. sortir les rapports qu'elle peut avoir avec notre théologie du
Sacré-Coeur, abrégé de notre Christologie catholique, j'aie dû
diviser et subdiviser, étudier successivement chacun des grands
chefs, Luther, Mélanchthon, Calvin, puis les dissidents, Anabap-
tistes, Mystiques, tous différents les uns des autres et souvent
opposés les uns aux autres, pour aboutir enfin aujourd'hui aux
rationalistes de la première génération protestante ?
II est en effet bien remarquable que le Biblicisme protestant
ait, dès le principe et malgré la forte emprise que l'unité catho-
lique avait exercée sur les esprits, produit le libre-examen, d'où
allait sortir la libre-pensée, mère elle-même de l'incrédulité con-
temporaine, en sorte que la soi-disant Réforme, au lieu de res-
taurer le christianisme, ainsi qu'elle le promettait,' ne tendait à
rien moins qu'à sa ruine.
Ce n'est pas, notons-le bien, que Luther, Mélanchthon,
Calvin et les autres grands chefs aient, eux-mêmes, proclamé le
libre-examen, comme certaines histoires de l'enseignement pri-
maire ou même secondaire le donnent parfois à entendre. Non,
les Réformateurs croyaient que la raison doit se taire devant la
Bible, que du reste elle est totalement impuissante, qu'elle ne
peut que se tromper et que seul l'Esprit-Saint fait comprendre
à chaque croyant le texte sacré.
Mais leurs contradictions incessantes dénonçaient la vanité
de leurs prétentions à l'infaillibilité personnelle. Il restait qu'ils
avaient mis la Bible entre les mains de tous en assurant que tout
homme qui a la foi-confiance peut et doit la comprendre sans
recourir au magistère interprétatif de l'Église du Christ. Le libre-
examen était en germe dans leur attitude, dans l'exemple qu'lls
donnaient au monde, dans l'usurpation qu'ils avaient comm>se
28. Les Rationalistes Protestants 555
en se révoltant contre la hiérarchie fondée par le Christ pour
régir son Église immortelle et infaillible.
* *
Le Rationalisme appliqué à la Bible apparaît dès le commen-
cement de la Réforme. Il découle de l'esprit critique développé
dans la scolastique, — contrairement à ce qu'on dit souvent, —
et au sein de l'humanisme. Cet esprit critique, contre lequel Luther
et Calvin luttèrent avec violence, tout en le pratiquant pour leur
compte, c'était donc un legs du passé et c'était une chose excel-
lente, à condition de rester dans ses limites propres et de s'en-
cadrer spontanément et librement dans l'harmonie supérieure
de la foi en Jésus-Christ et en son Église.
Mais quand la Réforme eut opposé le Christ à l'Église au
point d'oser appeler l'Église catholique romaine : l'Église de
l'Antéchrist, l'esprit critique libéré des chaînes salutaires qui le
retenaient jusque là commença à s'exercer sans réserve, sans
freinet bientôt sans respect. Comme un acide répandu au hasard
surune médaille par un graveur imprudent la rongerait bien vite,
au lieu d'en approfondir les traits et d'en accuser les reliefs,
ainsi le criticisrrie allait s'attaquer à toutes les croyances, à tous
les dogmes, à toutes les certitudes, à la foi d'abord, à la raison
ensuite, jusqu'au jour où l'on essaierait vainement de relever
les ruines qu'il aurait accumulées.
On des premiers chefs du rationalisme protestant fut l'infor-,
tuné Michel Servet. C'était un Espagnol, né en 1511, à Tudela de
Navarre, très cultivé, très intelligent, d'esprit curieux et inquiet,
quitout en exerçant la médecine, — surtout à Vienne, en France,
-s'occupait surtout de Théologie. Dès 1531, n'ayant encore que
20 ans, il professait des idées critiques très accentuées et atta-
quait notamment, — la Bible en main, — le dogme de la sainte
Trinité. Il avait publié à Hagueneau un ouvrage antitrinitaire
*De Trinitatis erroribus libri VII, puis, en 1532, un autre ou-
vrage de même nature : Dialogorum de Trînitale tibri II. Plus
tard, il reprenait le même thème et donnait, en 1553, son ouvrage
capital : « Christianismi restitutio » — La Restauration du
^ristianisme. Ce titre seul est bien éloquent. Il apparente Servet
^réformateurs.
e Tous, ils n'ont eu qu'une ambition : restaurer
christianisme, et c'était précisément leur commune, leur fon-
,.am.entale, leur déplorable erreur à tous de croire que le chris-
•anismeait pu être perdu et qu'il ait eu besoin d'une restauration,
"même titre qu'un système humain quelconque de philosophie
eu de
religion !
Mais justement parce que la prétention de Servet valait tout
29. 556 Doctrine
autant que celle de Luther ou de Calvin, il fut traité par les pro-
testants avec une dureté que ne tempérait aucun sentiment de
pitié ni de tolérance. Ils lui en voulaient parce qu'il les compro-
mettait. On sait qu'il fut. dénoncé de Genève à l'Inquisition
catholique qui le condamna mais le laissa échapper, que le mal-
heureux voulant aller en Italie eut la malencontreuse idée de
passer à Genève où il fut reconnu, appréhendé, accusé par Calvin
d'attaques contre la Trinité et la divinité de Jésus-Christ, accusé
aussi de panthéisme et d'anabaptisme, condamné à mort et brûlé
vif le 27 octobre 1553.
Mais l'exécution de Servet ne pouvait empêcher le rationa-
lisme de se développer tôt ou tard au sein des églises réformées.
De fait, il réussit, avec les deux Socin, à constituer un groupe-
ment durable, le Socinianisme, qui existe encore, sous le nom
d'Unitarisme, en Angleterre et en Amérique.
L'aîné des Socin, — Lélius Sozzini, — était d'une famille de
juristes. Né à Sienne, Italie, en 1525, il avait quitté son pays
assez jeune, dès 1547, en raison des idées protestantes qu'il avait
plus ou moins secrètement embrassées. On le trouve peu après
à Zurich. Il voyage, se lie avec Mélanchthon, correspond avec
Calvin que son esprit chercheur, discuteur et critique inquiète
d'abord et irrite bientôt. D'un caractère très doux, Lélius Socin
réussit à éviter les trop grands éclats, et quand il mourut il
laissait à son neveu Fauste Socin, — le grand Socin, — de nom-
breux travaux manuscrits où il avait essayé de systématiser ses
idées (1562). -
Fauste Socin avait 14 ans de moins que son oncle. De Sienne,
où il était né, il l'avait rejoint à Zurich, après un séjour de trois
ans à Lyon, et il était arrivé à peu près pour recevoir son dernier
soupir en 1562. Il avait eu le temps toutefois de l'imprégner de
ses idées et la lecture des manuscrits hérités de son oncle ne fît
que le confirmer dans son criticisme radical, à l'égard des dogmes
traditionnels.
Pendant douze ans, de 1562 à 1574, Fauste Socin mena un?
vie en quelque sorte double. Il était très en faveur auprès du
duc François de Médicis, à Florence, et vivait à sa cour dans $
charges et les honneurs. Dans le même temps, il poursuive»
secrètement ses études de théologie dissidente, à l'école de »
Bible interprétée par son oncle.
Brusquement, une fois sa décision prise, il quitta le rnorHft
il quitta son souverain, il quitta l'Italie et vint se cacher à Bato
où il acheva de réduire en système sa doctrine critique. C'est
que vint le trouver, en 1578, une invitation du médecin George
vefl
Biandrata, fixé alors en Transylvanie, qui lui demandait de
l'aider à combattre les idées, plus radicales que les siennes,
saxon antitrinitaire Franz Davidis. Ainsi la guerre existait, P
30. "Les Rationalistes Protestants 557-
une conséquence fatale, parmi les critiques eux-mêmes. Un radical
trouve toujours plus radical que lui, un critique est toujours
critiqué par un autre qui se donne pour plus avancé que son
rival.
Fauste Socin se rendit à l'appel de Biandrata, demeura un
an en Transylvanie et passa de là en Pologne, où son oncle Lélio
avait jadis séjourné, il y devint le chef d'une église antitrihitaire,
qu'il s'attacha à organiser jusqu'à sa mort, en 1604,
Ainsi ce critique finissait, comme les autres, dans le dogma-
tisme, seule attitude'vraiment naturelle et nécessaire à l'homme.
Son Église se. nommait l'Eglise des frères polonais, elle
comptait, de son vivant, une quantité notable de communautés
sociniennes, composées surtout de membres de la noblesse.
Rakow était leur centre universitaire et comptait des étudiants
par milliers. Le socinianisme devait se perpétuer ainsi, sans
compter jamais d'hommes vraiment éminents par la pensée ou
le talent littéraire mais avec beaucoup de représentants érudits
et cultivés. C'est une église bourgeoise qui s'est maintenue en
volant des partisants aux grandes sectes protestantes voisines.
On peut la définir : un rationalisme supranaturaliste, on y croit
à la révélation, à la Bible, mais on interprète celle-ci d'après les
exigences de la raison humaine, ou plus exactement de la raison
socinienrte.
Nous sommes dès lors aux antipodes du mysticisme. Et si
l'on peut encore trouver quelques lointaines accointances entre
la théologie aventureuse des protestants, à tendances mystiques,
et notre belle théologie du Sacré-Coeur, on n'en trouve plus aucune
entre le rationalisme socinien et notre enseignement à ce sujet.
La théologie protestante manifeste donc ici une autre de ses
virtualités. Du moment qu'elle sortait de l'ordre, de la discipline,
de la règle, voulue et fixée par le Christ, il était fatal qu'elle
développât, tumultueusement et dans des sens divers, les ten-
dances que le catholicisme seul peut coordonner et harmoniser
dans un équilibre supérieur : dogmatisme et criticisme, mysti-
cisme et rationalisme, conformisme et individualisme, etc.
Quelle sera donc l'attitude d'un antitrinitaire à l'égard du
Christ ? Forcément, il rejette le dogme essentiel de l'Incarnation.
P°ur lui, Jésus n'est qu'un homme. Il mérite notre vénération,
comme un prophète divin, non point notre adoration comme une
Personne divine.
Ouvrons le fameux Catéchisme de Rakow, oeuvre de Fauste
^°cin mise au point par ses successeurs immédiats et publié en
|605, en polonais, puis en allemand, en 1608, Je cite cette dernière
édition :
«Apprends-moi ce que je dois croire de Jésus-Christ.
— Fort bien. Tu sauras
donc, qu'il y a deux choses à con-
31. 558 Doctrine
naître au sujet du seigneur Jésus : l'une regarde sa personne'
l'autre, sa fonction.
— Quelle est celle qui regarde sa personne ?
— (Il faut savoir) ceci : qu'il est par nature un homme vérl
table ainsi que l'Écriture l'atteste à maintes reprises, notamment
dans ce passage : « Il est le médiateur de Dieu et des hommes,
l'homme Christ-Jésus (I Tim. II, 5). Et ailleurs : « De même que
par un seul homme, la mort est venue, ainsi par un seul homme,
la résurrection des morts ». (I Cor. XV, 21). C'est ainsi que Dieu
l'avait annoncé depuis longtemps. C'est ainsi que nous le présente
la Confession de Foi, qu'on appelle le Symbole des Apôtres, que
la chrétienté entière admet comme nous.
— Ainsi, le Seigneur Jésus est un simple homme ?
— Pas du tout, puisqu'il a été engendré de l'Esprit-Saint,
qu'il est né de la Vierge Marie et qu'en vertu de sa génération et
de sa naissance il est le Fils de Dieu, comme on le lit dans saint
Lue (Luc. I, 35).
— Tu m'as dit cependant que le Seigneur Jésus est un homme
par sa nature. N'a-t-il pas une nature divine ?
— Non, il n'en a point. Car cela est contraire non seulement
à la raison, mais encore à la sainte Écriture.
— Montre-moi comment cela est contraire à la raison ?
'—Premièrement, parce que deux essences, dont les pro-
priétés sont contraires entre elles, ne peuvent aucunement être
unies en une seule personne, telles que celles-ci : être mortel et
immortel, avoir un commencement et n'en avoir point, être
changeant et immuable.
De plus, parce que deux natures, dont chacune est par elle-
même une personne, ne peuvent pas être réunies en une seule
personne, car autrement elles devraient être non pas une personne
mais deux en sorte qu'il y aurait deux Christs. Or, tout le monde
sait qu'il n'y a qu'un seul Christ et qu'il n'a qu'une seule personne.
— Mais à ceux qui avancent que le Christ est d'une nature
à la fois divine et humaine, comme l'homme est composé de
corps et d'âme, que faut-il répondre ?
— On doit leur prouver que ce sont deux choses bien dit"-
rentes : quand ils disent que deux natures sont ainsi unies dans
le Christ et que le Christ est à la fois Dieu et homme. Car l'âme
et le corps sont unis dans l'homme de telle façon que l'homtfCi
à proprement parler, n'est ni corps ni âme, puisque ni le c°rPs
ni l'âme ne sont sa personne. Mais puisque la nature divin
forme, d'après eux, une personne à elle seule, de même la natu
humaine doit en faire une autre.
— Montre-moi comment il est contraire à la sainte Écrite.
de dire que le Christ a une nature divine.
32. Les Rationalistes Protestants
— Premièrement, parce que la Sainte Écriture nous montre
seulement un être, qui soit Dieu par nature. Nous avons prouvé
plus haut que celui-là est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ.,
Deuxièmement, parce que la même Écriture atteste que le Christ
par nature est homme, comme nous l'avons brièvement démon-
tré ci-dessus. Par là, elle lui dénie la nature divine.
Troisièmement, la Sainte Écriture prouve que tout ce que le
Christ a de divin est un don de son père. Et enfin elle nous en-
seigne que cette nature divine serait en vain et sans raison dans
le Christ, puisqu'elle témoigne que le seigneur. Jésus-Christ lui-
même n'a jamais attribué ses oeuvres divines à soi-même ni à
une nature divine mais seulement à son père.
— Et pourtant les hommes s'efforcent de prouver par l'Écri-
ture l'existence de cette nature divine dans le Christ ?
— Ils s'efforcent en effet, de le prouver de deux manières :
d'abord, en tirant de l'Écriture au sujet du Christ, ce qui n'y est
point contenu. Ensuite, en appliquant très faussement à leur
opinion ce que l'Écriture dit du Christ.
— Je vois maintenant que le Christ n'a point une nature
divine, mais qu'il est vraiment un homme par nature. Mainte-
nant, montre-moi comment la connaissance de ce mystère (sic !)
est nécessaire au salut ?
— Je te montre cela aussi, à savoir que de cette certitude que
le Christ est un homme véritable, découle une puissante et
complète assurance de notre espérance du salut, qui se trouve
affaiblie par l'opinion contraire et même complètement détruite
par elle.
— Comment prouves-tu cela ?
— Ainsi : parce que de l'opinion contraire il suit que le
Christ n'est pas un homme véritable, puisqu'on ne lui reconnaît
point la personnalité humaine, sans laquelle on ne saurait être
un homme. Or, si le Christ n'est pas un homme véritable il n'a
pu mourir vraiment pour nous, ni ressusciter vraiment des morts.
Et de la sorte, notre espérance qui repose sur la résurrection du
Seigneur, comme sur son fondement, se trouve affaiblie et même
totalement ruinée. Tout au contraire, la croyance qui reconnaît
le Seigneur Christ comme un homme véritable
qui, dés son entrée
dans le monde a été obéissant à son Père, jusqu'à sa mort et qui
a souffert et
que son Père a ressuscité des morts et à qui il a
donné l'immortalité, cette croyance-là affermit notre espérance
"u salut au delà de toute mesure et nous
représente vivement
comment nous-mêmes, en marchant sur ses traces, bien que nous
Soyons mortels, cependant, en temps voulu, nous ressusciterons,
^ Posséderons avec lui l'immortalité..»
33. 560 Doctrine
J'ai voulu citer ces pages en entier pour donner une idée de
l'esprit qui anime le Catéchisme de Rakow. Le rationalisme ne
fait encore que commencer son oeuvre. Longtemps, il restera figé
dans sa position primitive. Le Catéchisme a un ton si dogmatique
que l'esprit critique s'y trouve de nouveau enchaîné, dans une
intenable position. Mais le protestantisme continuera à sécréter
de nouveaux dissolvants et notre dévotion au Sacré-Coeur n'aura
pas de plus mortels adversaires que ces froids ergoteurs qui pré-
tendront parler à la fois au nom de la raison et de l'Écriture, ou
au nom de la raison toute seule : les jansénistes et les rationalistes
du XVIIIe siècle.
En passant en revue toutes ces prétendues restitutions du
christianisme, il est difficile de ne pas approuver les belles ré-
flexions que faisait récemment un écrivain du plus grand talent,
Louis Bertrand, dans la Revue des Deux-Mondes ( 1er janv. 1922) :
« Il en est de ces villes mortes, exhumées par l'archéologie
comme de ces constructions savantes et artificielles auxquelles
se livrent des exégètes et des théologiens dissidents, logiciens
aux formules trop rigides et tranchantes qui prétendent nous
restituer dans toute sa pureté on ne sait quel christianisme
primitif. Ici, nous n'avons plus qu'un ossement décharné de la
cité morte, — encore sans bien savoir au juste si cet ossement
en était ou non une partie essentielle, — et là, nous n'avons plus
qu'un cadavre de doctrine, cadavre mutilé et déserté par l'âme
vivante de la tradition. »
L. CRISTIANI.
L'abondance des matières nous oblige à reporter au mois pro-
chain une très belle étude du R. P. Masson, des Sacrés-Coeurs ai
sur l'Association extérieure des Sacrés-Coeurs et dc
Picpus,
dans
l'Adoration perpétuelle du Très-Saint Sacrement de l'autel
l'Amérique du Sud.
34. ' 561
Les « Scapulaires » Vendéens du Sacrë-Coeur
du Coeur de Jésus
l'iconographie
dans les armées
contre-révolutionnaires de la Vendée
Un simple post-scriptum à l'étude du mois dernier sur les
Insignes de ralliement de l'armée vendéenne dits ;<Scapulaires
du Sacré-Coeur » :
Après les guerres contre-révolutionnaires, bien plus encore
qu'au XVIIIe siècle, l'usage du Coeur de Jésus, sur étoffe, resta
en Vendée, un emblème affectionné par la piété populaire.
Durant le XIXe siècle, comme encore aujourd'hui, elle fut
l'insigne des pèlerinages et des pèlerins vendéens. En plusieurs
paroisses la coutume était de la placer sur le coeur des agonisants
comme un préservatif contre les tentations dernières et pour que
le coeur du chrétien cesse de palpiter sous l'image de Celui de
son Sauveur. Ailleurs-—on la mettait en place d'honneur dans
les maisons et je l'ai vue même dans l'a grange d'une ferme
de la paroisse de Largeasse (Deux-Sèvres) avec l'inscription au
crayon : Mon Dieu protégés nous et nos affercs — ; prière naïve
que la liturgie exprime plus savamment, mais non moins expres-
sément dans les supplications des Litanies des Saints. Pour
ces usages de la vie familiale un modèle spécial d'insignes fut
créé est mis en commerce. Il présente, sur une toile blanche
dentelée un Sacré-Coeur imprimé en rouge, entouré d'une
couronne d'épines formant cadre ovalaire, et accompagné
de l'injonction impérative : ARRÊTE, LE COEURDE JÉSUS EST LA.
Plusieurs de ces insignes furent recueillis sur les champs
de bataille de 1870, et quelques-uns ont été placés depuis dans
les collections de l'Ecole d'Anthropologie de Paris, section des
amulettes, sous la désignation : « Préservatifs contre les
balles » (!!), (1) les organisateurs n'ayant pas compris que l'ins-
cription, dans la pensée de son inventeur, s'adresse non aux
projectiles prussiens ou autres, mais à l'Esprit du Mal !
Pour plus régulier et plus significatif avec sa formule d'exor-
cisme, ce type de « scapulaire du Sacré-Coeur », ne saurait pourtant
faire oublier les anciens insignes où chacun mettait un peu de
s°i, un peu de ses affections politiques quelquefois, mais surtout
beaucoup de sa confiance et de sa foi.
En juin 1888, aux fêtes triomphales de la béatification
^ P. de Montfort, le grand promoteur de la piété envers le
_„ Sy> Cf; La Société: l'Ecole et le Laboratoire d'Anthropologiede Paris à l'Ex-
wsilionuniversellede 188!).-— Ch: IV. 308 - 329.-
35. 562 Doctrine
Coeur de Jésus dans l'Ouest au temps de Louis XIV, les 25.000
fidèles venus à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée), de toute
l'ancienne Vendée .- Militaire surtout, portaient presque tous
l'insigne traditionnel.
Sacré-Coeurporté par S. E. le Cardinal Place, archevêque de Rennes
Je possède celui qu'y porta, sur la pourpre romaine, FÉmi-
nentissime archevêque de Rennes, cardinal Place. C'est un
grand rectangle de fine étoffe blanche, au pourtour dentelé,
de douze centimètres et demi sur onze ; au milieu, uiï ovale è
velours pourpre -à reflets chatoyants porte un coeur d'or blessé
de rouge extraordinairement saillant, surmonté de flamntf
brodées en passementeries d'or et d'une croix formée de cïï
petites plaques d'or ; du coeur tombent de gouttes en soie écarîat
Encadrant le coeur, une Couronne d'épines, en fine pass
menterie d'or, suit l'ovale de la pourpre dentelée. C'est le pi
somptueux insigne du Sacré-Coeur que je connaisse, et si
pauvre gravure en rend fidèlement les lignes elle est bien lo"
d'en laisser soupçonner la magnificence. Loudun (Vienne)
(A suivre) L. CHARBONNEAU-LASSAY.
36. //. — PT'ÉTÉ
Verbum caro factum est (0
Le Verts S'est fait chair
En deux mots d'une saisissante énergie, S* Jean, dès le début
de Son Évangile, mesure l'abîme que l'amour de Dieu s'est imposé
; de franchir pour nous sauver.
'. Quelle antithèse en effet dans ces mots : « Le Verbe S'est
fait chair » ! Et quel contraste, quelle opposition dans les choses
'!
qu'ils expriment
Le Verbe n'est-Il pas le Fils unique de Dieu, Dieu lui-même,
pur esprit, éternel comme Son Père, le principe indéfectible de
toute vie, la source intarissable de toute beauté, de toute bonté,
de toute pureté, de toute sainteté ?
Et la chair n'est-elle pas au contraire matérielle, sensible
et sensuelle, faible et faillible, « caro infirma », aussi exposée aux
humiliations du vice que vouée aux horreurs de la décomposition
dans la tombe ?
Comment donc notre bon Sauveur a-t-Il pu dans Son Incar-
nation concilier les exigences de notre sanctification avec le
suprême souci de Sa propre sainteté ?
La réponse confond le coeur de l'homme tant elle dépasse
ses espérances !
Tout en prenant un corps semblable au nôtre, «in similitu-
dinem carnis peccati » (2). ;
Non seulement le Verbe divin préserve sa chair adorable de
la lèpre du mal, héréditaire dans la lignée humaine ;
mais, comme il convenait à un Sauveur, Il purifie nos
Propres membres de la souillure originelle, et sans détruire là
concupiscence, nous permet par Sa grâce d'en prévenir ou d'en
combattre les effets ;
H fait plus : par la plus insigne des faveurs, Il nous élève
Jusqu'à Lui, unit d'une même vie de justice nos âmes à Son âme,
et>par cette justification même, nos corps purifiés à Son corps
(1) S'Jean (I. 14.)
r. V-)«Une chair semblable à celle qui est sujette au péché ». (S4 Paul aux
^mains, VIII. 3.)
37. 564 Piété
immaculé, faisant ainsi de nous les membres de Son corps mys-
tique (1) : « Membra sumus corporis Ejus ». ; (2)
Mettons les choses au point.
I. Et tout d'abord reconnaissons qu'en dehors de la justi-
fication et de la discipline du Christ, la chair est la grande
coupable. Elle est en effet :
a) LA GRANDE CORRUPTRICE ;
celle qui invite, pousse et entraîne à la volupté. Et elle le
fait de mille manières, notamment :
— par les provocations d'une mode éhontée ;
— par les suggestions de la toilette et du maquillage ;
— par les sollicitations d'une tenue lascive et sensuelle ;
— par les avances brutales d'un impudent décolletage ;
— par l'agression effrontée du regard, du geste ou du tact ;
—- par les exemples d'un libertinage effréné ;
— par les propositions abjectes de la prostitution ;
— etc., etc..
b) ET LA GRANDE PERVERTIE;
car le jour où l'orgueil a contaminé l'âme humaine, le même
jour l'impureté, cet orgueil de la chair, a souillé le corps de
l'homme ;
Et cette dépravation originelle, qui s'appelle la concupis-
cence, et que nous apportons en naissant, ne meurt qu'avec
nous. Parfois après de longues accalmies les passions s'embrasent
plus ardentes ; tel, un volcan depuis longtemps endormi brusque-
ment se réveille. Et parfois à-la-sérénité d'une vertueuse jeunesse
succèdent les noirs orages de l'âge mûr : ce qui faisait jeter au
poète ce défi attristé :
« Laisse vieillir ton innocence
« Avant de croire à ta vertu. » (3)
Or, dans la vie que ne pénètre pas la religion, tout conspire
pour attiser et enflammer la concupiscence :
— dans l'individu, c'est l'horreur de la contrainte, principe
d'inavouables désordres et d'humiliantes capitulations : —'a
complaisance donnée, sous prétexte d'hygiène, au soin du corps ;
— la sensualité flattée et accrue par la délicatesse, la variété et
le raffinement des mets ; — la mollesse entretenue par le berce-
ment de la musique, la finesse des parfums, le moelleux àtt
tissus, l'habitude du bien-être ; etc..
(1) C'est-à-dire unis par leur pureté, leurs souffrances et leurs expiati0IlS
à la vie et aux mérites du divin Crucifié. , ..,
(2) « Nous sommes les membres de Son corps ». (S* Paul aux Epnesu.
V. 30.)
(3) Victor Hugo.