Diaporama de présentation de l'intervention de Jean-Louis MARTIN : "De nouveaux partenaires économiques de l'Afrique ?" dans le cadre des Rencontres économiques de l'IGPDE.
http://www.institut.minefi.gouv.fr/sections/seminairecolloques/renceco
Jean Louis Martin travaille dans le groupe Crédit Agricole depuis 1991. Il est actuellement responsable de l'équipe "Pays Émergents" au Département des Études
Économiques du groupe.
2. L’intensification des relations entre l’Afrique et ses
nouveaux partenaires
Les relations commerciales entre l’Afrique et ses partenaires émergents se
développent rapidement
Mais les relations économiques avec les nouveaux partenaires ne se limitent
plus aux échanges commerciaux; deux autres importants vecteurs de
changement en Afrique :
• les investissements directs
• l’aide au développement
L'intérêt pour l'Afrique n’est pas limité à la Chine : l'Inde, le Brésil, la Corée et la
Turquie (et d'autres pays émergents de taille plus modeste) sont à l'évidence de
plus en plus actifs sur le continent
Ce nouveau partenariat avec les grands pays émergents est une opportunité
pour l’Afrique; mais il est aussi porteur de risques
2 septembre 2011
3. Les émergents : des partenaires commerciaux
de plus en plus importants
Structure par pays des échanges commerciaux de l’Afrique
2000 2009
La part des pays
émergents dans les
échanges de l’Afrique a
augmenté de 23% en
2000 (56 mds USD) à
36,5% en 2009 (245 mds
USD)
La Chine a dépassé les
Etats-Unis, devenant le
principal partenaire
commercial bilatéral de
l’Afrique (avec une part
de 14%)
source : CNUCED (UNCTADstat)
3 septembre 2011
4. Des échanges commerciaux déséquilibrés (1)
Echanges commerciaux entre l’Afrique et Echanges commerciaux entre
ses cinq principaux partenaires émergents la Chine et l’Afrique
mds USD
18% 90
16% 80
14% 70
12% 60
10% 50
8% 40
6% 30
4% 20
2% 10
0% 0
1995 2000 2005
exports + imports (éch. droite)
% de la Chine dans les exports de l'Afrique subsaharienne (éch. gauche)
% de l'Afrique subsaharienne dans les exports de la Chine (éch. gauche)
source : CNUCED (UNCTADstat)
Leurs échanges totaux avec l'Afrique sont passés de 26 mds USD en 2000 à 190 mds USD
en 2008; ils sont à peu près équilibrés en montant (sauf en 2009)
Mais les excédents africains sont concentrés sur quelques pays pétroliers; la plupart des
autres sont nettement déficitaires
En outre, il y a une forte dissymétrie dans l’importance relative de l’autre partenaire
4 septembre 2011
5. Des échanges commerciaux déséquilibrés (2)
Structure sectorielle des échanges entre l’Afrique et la Chine, l'Inde, et le Brésil (2009)
source : Chelem, Crédit Agricole SA
Les pays africains restent très largement des fournisseurs de produits primaires (pétrole,
métaux, ou matières premières agricoles)
A l'inverse, les importations africaines sont principalement des produits manufacturés
Une évolution de la spécialisation du continent vers des activités à plus haute valeur ajoutée
semble difficilement envisageable, même à moyen terme
5 septembre 2011
6. Les IDE en Afrique : les pays émergents sont déjà des
partenaires significatifs
Flux d’IDE à destination Répartition des entrées d’IDE Stock d’IDE chinois en Afrique :
de l’Afrique en Afrique, par région d’origine évolution et destination
(mds USD et %) (part du total mondial, %) (millions USD)
source : CNUCED (UNCTADstat) source : CNUCED (UNCTADstat) source : MOFCOM, 2009 Statistical Bulletin
Les flux d’IDE à destination de Les pays émergents ont apporté Les principales destinations de
l’Afrique ont progressé de près de 20,8% des entrées d'IDE en Afrique l’IDE chinois sont l’Afrique du
22% en moyenne par an de 2000 à pendant la période 2000-2008 Sud (près de 40% du total), le
2008, jusqu’à 72 mds USD en 2008 La part de l’Asie dans le total des Nigéria, la Zambie, le Soudan,
En 2009, la part de l’Afrique dans entrées d’IDE en Afrique a Maurice, la Tanzanie,
les flux d’IDE mondiaux a atteint augmenté, de 6,7% en moyenne sur Madagascar et le Congo
5,3%, contre 0,7% en 2000 la période 1995-1999 à 15,2% sur la Présence significative de
période 2000-2008 Singapour et de la Malaisie
6 septembre 2011
7. Les principaux moteurs des IDE
des pays émergents en Afrique
La recherche d’approvisionnements stables en ressources naturelles
• Conséquence : une concentration forte d’investissements dans les industries extractives
(Chine mais aussi Inde et Brésil)
• L'opacité des acteurs (notamment chinois) et des montages conduit à des interrogations
sur l'impact réel de ces investissements sur le développement des pays producteurs
africains…
• Les opérations foncières : des difficultés spécifiques
L’implantation sur de nouveaux marchés
• L’Afrique : un immense marché pour les constructeurs d’infrastructures; pour la Chine, la
construction d'infrastructures est parfois la contrepartie de contrats assurant l'accès à
des ressources énergétiques ou minières
• L’Afrique : un marché à fort potentiel pour les biens de consommation
▫ Plus de 1 md d’Africains en 2011, 1,6 mds en 2030
▫ Mais les pays émergents n’investissent que rarement dans la production industrielle
localement : marchés trop petits, faible compétitivité; exceptions : Maurice, Madagascar
▫ Absence du «cercle vertueux» observé en Asie
7 septembre 2011
8. Aide publique : de nouveaux partenaires pour l’Afrique
Aide à l’Afrique, par donateur Aide à l’Afrique par les cinq principaux
(2008) donateurs émergents
(2006, millions USD)
source : OCDE, CNUCED, Crédit Agricole S.A source : CNUCED (UNCTADStat)
Le volume de l’aide à l’Afrique a fortement La Chine est de loin la principale source d’aide parmi
progressé depuis 10 ans : il est passé de 15,5 les partenaires émergents de l’Afrique. En 2006, elle
mds USD en 2000 à 47,6 mds en 2009 aurait apporté 2,3 mds USD, soit environ 5,4% de
La CNUCED estimait l'aide à l'Afrique des pays l’aide totale au continent africain et 82% de l’aide en
émergents à 2,8 mds USD en 2006, ce qui provenance des pays émergents
représentait 6,4% de l’apport total d’aide à la Les flux d’aide des autres économies émergentes (le
région… mais l'aide des pays émergents est Brésil, la Corée, la Turquie et l’Inde) à l’Afrique sont
encore très difficile à évaluer d’une ampleur bien plus faible
8 septembre 2011
9. Les spécificités de l’aide fournie
à l’Afrique par les pays émergents
L’aide chinoise L’aide brésilienne L’aide indienne
• Motivations : • Motivations : • Motivations :
• Accès aux ressources naturelles • Conforter sa place et son influence • Diversifier les sources
• Affirmer sa puissance montante sur la scène internationale d’approvisionnement en énergie et
• Accéder à de nouveaux marchés en ressources minérales
• Types d’aide : prometteurs • Obtenir le soutien africain dans la
• Elargir l’influence au-delà des pays conquête d’un siège permanent au
• Transactions "ressources naturelles
lusophones Conseil de sécurité de l’ONU
(à fournir par le pays africain)
contre infrastructures (à construire
par la Chine)" • Types d’aide : • Types d’aide :
• Utilisation des "crédits mixtes" • Aide commerciale • Construction d’établissements
• Contenu élevé en "assistance • Programmes de coopération dans d’enseignement supérieur
technique" (pouvant signifier l'envoi les domaines médical et agricole • Développement d’un réseau
de milliers de travailleurs chinois) internet panafricain
• Montants unitaires parfois très • Avantage par rapport à la Chine : • Activités de maintien de la paix
importants • Les liens historiques, linguistiques
et culturels peuvent faire du Brésil • Source d’inspiration :
• Critiques : un modèle de développement, • «Echanger des idées et des
• Les conditions précises des crédits notamment pour les pays services, et non des biens de
"mixtes" ne sont pas connues lusophones consommation contre des matières
• La sécurisation par les exportations premières» (Gandhi)
de matières premières se fait par un
enlèvement direct par une
entreprise chinoise
• Absence de réel transfert de
richesse ou de savoir-faire vers les
populations locales
9 septembre 2011
10. La coopération avec les nouveaux partenaires :
les avantages et les risques pour l’Afrique
Pour les pays africains, le bilan et surtout les perspectives ouvertes par cette nouvelle
coopération sont plus ambigus : il y a des avantages évidents :
Accroissement des possibilités de financement (surtout dans une phase de repli des
partenaires traditionnels)
Engagement des partenaires émergents dans des projets nouveaux et visibles,
correspondant à de réels besoins (investissements dans les mines, construction
d’infrastructures)
Effet indirect positif dû à l’accélération de la croissance des émergents : plus forte demande
en produits de base redressement durable de leurs cours ressources supplémentaires
pour les pays producteurs (mais tous les pays n’en ont pas bénéficié !)
… mais également des risques :
Une dépendance accrue aux matières premières (pour certains pays, le risque de
"maladie hollandaise" est patent); le secteur extractif crée peu d’emplois
Un nouveau cycle de surendettement (réel ou virtuel ? cf. opacité des financements)
Un impact négatif sur la gouvernance (la Chine est la principale cible des accusations, en
raison de sa politique de non-ingérence et de l’opacité des transactions)
10 septembre 2011
11. Quelques pistes pour une coopération plus efficace
L’Afrique a besoin de développer ses relations avec les grands émergents
Comment améliorer la contribution de ces nouvelles relations au développement du continent ?
Une coopération régionale renforcée entre pays africains
• Exemple des infrastructures de transport
Le renforcement des capacités de planification des pays africains :
• Pour une expression plus affirmée de la stratégie de développement national...
• ... et une meilleure affectation des ressources exceptionnelles apportées par les
investissements pétroliers ou miniers
Une plus grande cohérence entre les principaux pays partenaires (traditionnels et émergents),
les institutions multilatérales, et les pays africains :
• Mise en place d’une coopération “nord-sud-sud” : il n'y a pas de place dans l'aide à l'Afrique
pour une compétition entre anciens et nouveaux partenaires
11 septembre 2011