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Annick LE DOUGET
ASPECTS MECONNUS DE LA REVOLUTION
EN PAYS FOUESNANTAIS
LES « TOMMERIEN », REDOUTABLES HORDES DE
CHAUFFEURS, SEMENT LA VIOLENCE ET LA MORT A
PLEUVEN ET A CLOHARS-FOUESNANT
En l'an V de la République, l'insécurité est forte en Cornouaille. Si l'éradication du
mouvement chouan a permis une accalmie - provisoire - dans plusieurs cantons, des bandes de
brigands vont se constituer et sévir en campagne au cours des années 1796-1797 sous le nom de «
Compagnies de Chauffeurs », ou, en breton, de « Tommerien ». Leur nom vient de leur triste
spécialité: ces « chauffeurs » infligent des tortures par le feu aux victimes dans le but de leur
faire avouer où elles cachent leurs économies. Cette horde de scélérats a pris naissance à
Langolen, dans le canton de Briec, déjà fortement ébranlé par les excès de la chouannerie. C'est
une bande mouvante qui se fait et se défait au gré des opportunités, qui se déplace dans un large
secteur pour commettre ses méfaits. Le Pays fouesnantais sera le théâtre de trois crimes qui ont
semé la terreur chez nos aïeux: curieusement, alors qu'ils ont frappé à l'époque toutes les
imaginations, ils ne paraissent pas s'être inscrits dans la mémoire collective, et seuls les
documents des Archives du Finistère en conservent aujourd'hui la trace.

LA BANDE DES CHAUFFEURS, DES
« TOMMERIEN »
La bande des « Tommerien » dont
nous allons examiner les crimes apparaît à
l'origine comme une spécificité étonnante
de Langolen. Elle s'est constituée dans ce
village après l'arrestation d'une première «
Compagnie de Chauffeurs » dirigée par le
jeune Elliantais Jean-Baptiste Riou, né en
1764, qui sévissait dans la Cornouaille et
dont plusieurs membres étaient natifs de
Langolen. Cette Compagnie, troupe armée
comptant parfois jusqu'à 70 hommes, étaitelle une bande de chouans ayant dévié dans
le banditisme, ou de bandits se prévalant
d'une vague cause chouanne ? Si pour les
uns, rares, la chouannerie restait une cause
politique ou religieuse, pour combien
d'autres n'était-elle que la couverture idéale
masquant toutes les dérives ? Délations,
enrichissements rapides et douteux,
violences gratuites, tout devenait possible

avec le sentiment de totale impunité.
Recherché pour de nombreux
crimes (notamment le meurtre de quatre
personnes dont deux curés assermentés, et
de nombreux vols avec violence), Riou est
capturé dans une auberge le II janvier 1797
par les gendarmes de Rosporden et
condamné à mort le 12 avril 1797 par le
Conseil de guerre de Brest.
C'est peu après son arrestation que
va se constituer une seconde bande de
Tommerien à Langolen, complètement
vouée au banditisme. Organisée sur le
mode armé, cette horde s'est inspirée des
méthodes chouannes pour se livrer à des
opérations de brigandage dans la campagne
de manière peu banale. La ramener à un
ramassis d'ivrognes et de mauvais garçons
du village serait simpliste et réducteur : née
de la violence ambiante, elle a semé la
terreur et la haine en l’an V de la
République.

1/10
Rapidement repérés pour leurs exactions
commises de février à mai 1797, ses
membres ne seront traduits devant leurs
juges et condamnés qu'en septembre 1797².
Les membres de la bande: surtout des
meuniers !
Rappelons que les villageois de
Langolen ont toujours été réputés paisibles
et honnêtes: les très rares procédures
judiciaires relevées à leur encontre le
prouvent. Comment a pu alors se constituer
une bande ?
Elle s'est agrégée au début de 1797
autour d'un chef reconnu, le jeune aubergiste de Langolen François Le Trent, 22
ans. La description de François Le Treut
nous est donnée par Gaillard, du jury d'accusation : « Taille 5 pieds deux pouces,
cheveux, sourcils et barbe châtaignes, yeux
gris enfoncés, nez aquilin et aplati par le
bout, bouche grande, menton petit, visage
ovale et colorié, ordinaire »o François a
mauvaise réputation: ivrogne, bagarreur,
on l'évite dans les foires. Il tient depuis
peu, avec sa jeune épouse Louise Canvel,
l’auberge du bourg qui va devenir le lieu
de ralliement des Tommerien. Cette
auberge est un lieu de multiples rencontres,
que ce soit des autorités républicaines
(c'est chez lui que s'opère la désignation
des fonctionnaires municipaux, que se tient
la Recette des Contributions...), ou des
troupes en tous genres, déserteurs,
chouans, tenant chez lui leurs conciliabules. Il détient donc dans le bourg toutes les
informations utiles, renforcées par les
quelques confidences d'après boire des
villageois.
Autour de lui, dans son auberge, gravitent
une quinzaine de fidèles qui forment sa
bande, pour partie des parents, mais
surtout, étonnamment, les meuniers du
village: son demi-frère, Charles Ollivier est
le meunier du moulin de La Villeneuve.
Jean Le Meur est le garçon-meunier du
même moulin. Yves Barré, 32 ans, né à
Langolen, est fermier de La Villeneuve: il
est le beau-frère de Charles Ollivier.
2 Tous les renseignements de cette partie proviennent des
archives du juge de paix, des dossiers criminels et des arrêts de

condamnation (Archives du Finistère).

L'Administration lui a confié la
tâche de percepteur dans le village, ce qui
lui permet d'ailleurs de connaître la richesse de chacun : c'est ce fonctionnaire
peu modèle qui a pris l'initiative d'installer
la Recette des Contributions dans l'auberge
de son ami! Il est reconnaissable dit-on par
une « vérule » sous l'reil gauche. François
Le Cain, menuisier à Kertanguy en Elliant,
est le beau-frère de François Le Treut :
borgne, « avec une cicatrice à la joue
droite prenant du cou à la bouche », il est
facilement repérable. Plusieurs meuniers
qui fréquentent assidûment l'auberge font
partie des mauvais coups. Hervé Thalamon
père est un inséparable de Le Treut. Agé de
42 ans, il a épousé une fille Poher de
Langolen; il est craint et détesté dans
toutes les fermes où il arrive précédé d'une
réputation de voleur. Il est meunier du
moulin de L'Abbé à Guellevain, en limite
de Langolen : retenez son nom, il est 1 'un
des meneurs de la troupe qui a sévi au
Moulin-du-Pont. Son fils Hervé Thalamon
est garçon-meunier et suit les traces de son
père.
Alain Penziat, garçon-meunier depuis peu
à Stang-Bras, est peu recommandable,
ayant déjà été condamné le 18 juillet 1792
pour des vols multiples. Jean Porchec, 30
ans, également garçon-meunier du Stang,
est originaire d'ErguéGabéric ; il travaillait
auparavant à Landudal et est soupçonné de
« chouanner ». Voilà donc les Tommerien
« de base » auxquels se joindront pour
certains coups d'autres hommes comme Le
Gars, garçon-meunier du Stang, ou Michel
Joannès, ancien gendarme reconverti en
aubergiste à Quimper. Au fur et à mesure
des exactions - dont l'impunité semble
évidente et dont les gains suscitent la convoitise ! - la troupe s’enrichit de membres
occasionnels, on le verra pour les faits de
Pleuven : la bande des Tommerien devient
alors mouvante
En résumé, on s'aperçoit que le
groupe n'est pas issu de la paysannerie
langolinoise, à l'exception de Yves Barré.

2/10
Et dans le noyau dur, on retrouve quelques
hommes de la troupe mi-chouanne, mi brigande de J.B. Riou, comme Yves Barré,
Perchec ou Thalamon fils. J.B. Riou a été
interpellé le Il janvier 1797, et l'idée de
commettre des brigandages a germé après
son arrestation: les Tommerien profitent
simplement du champ libre car jamais ils
ne se seraient mis sur le chemin du
redoutable bandit. Leur premier vol ne
datera en effet que du 4 février suivant.
Le passage à l'acte
Nous sommes dans un climat de
violence généré par les chouans; le canton
de Briec est devenu une zone de non droit;
fonctionnaires municipaux et patriotes se
retrouvent livrés à la discrétion de leurs
ennemis, face à l'impuissance des autorités
révolutionnaires.
A l'auberge du bourg, dans la
surexcitation que l'on imagine, chouans et
brigands font l'objet d'une certaine admiration mêlée de crainte. Leurs aventures,
leurs méthodes, leurs gains faciles ne peuvent que séduire les mauvais garçons: les
futurs Tommerien vont s'en inspirer largement.
S'ajoute alors le facteur alcoolisation: plusieurs Tommerien ont ce triste
penchant, et le lieu même de rassemblement - l'auberge - ne peut qu'inciter à le
développer... Sur des valeurs morales
émoussées, l'alcool est un détonateur assuré. Enfin, et surtout, face aux autorités
débordées, prévaut le sentiment général
d'impunité. Il est aisé de se fondre dans un
groupe, une troupe, surtout la nuit et avec
un déguisement; certains en ont fait l'expérience dans la bande Riou.
Leurs méthodes
Avant de détailler leurs méfaits, il
est bon de parler des méthodes brutales
employées par les bandits. Quelle sera la
cible des Tommerien ? Leur seul critère
étant celui du montant estimé des économies, ils seront patriotes ou royalistes,
jeunes ou vieux, de préférence sans défense !
La méthode des Tommerien s'inspire de celle des chouans. Les malfaiteurs

se regroupent à l'auberge du bourg en soirée : la présence de plusieurs chevaux à sa
poi1e est, dit-on, le signe infaillible qu'un
mauvais coup se prépare pour la nuit. On
met des déguisements, les visages sont
passés au charbon à la manière des déserteurs. On distribue les armes, fusils, sabres
et pistolets. Puis c'est le départ de la troupe
armée vers la ferme choisie.
Là, selon le stratagème habituel, ils
en forcent la porte, brutalisent les habitants, et brûlent les pieds des victimes pour
faire avouer la cachette du magot espéré.
Ensuite, ils repartent avec l'argent, la
nourriture, les vêtements et même les
meubles pour partager le butin à l'auberge.
L'argent sera vite dépensé: les malfrats, les
poches pleines, iront s'alcooliser à l'eau-devie dans toutes les auberges entre Langolen
et Quimper.
Au début, ces vols sont espacés,
puis la cadence s'accélère, et nos bandits
n'hésitent pas à commettre des forfaits hors
Langolen, comme à Coray, à PlonéourLanvem et dans le Pays fouesnantais.
Enfin, pour ne pas être dénoncés, il
faut faire taire les témoins. Et ils sont
nombreux, car les bandits ont été reconnus
dès le premier vol, et leurs noms ont fait le
tour de Langolen le lendemain même. I1s
sont d'ailleurs peu discrets et n'hésitent pas
à exhiber leur butin dans l'auberge. Mais
usant de pressions, de menaces de
représailles (comme l'incendie ou l'assassinat), ils maintiendront la terreur jusqu'à
leur arrestation quelques mois plus tard.
Par peur, beaucoup refusent de porter plainte. Aussi est-ce la rumeur publique
qui remonte au juge de paix ou aux
autorités de l’Administration. Ainsi Jean
Rospars, paysan langolinois, déclarera
après l'interpellation des malfaiteurs : «
C'est la crainte de cet homme (Le Treut)
qui l'a empêché de/aire cette déclaration
devant le Juge de Paix, qu'il n'a cessé de
craindre d'être assassiné que depuis qu'il
est en arrestation ». Si une douzaine
d'affaires sont recensées dans les archives
judiciaires, on peut être certain que plusieurs autres crimes sont restes impunis.

3/10
LES CRIMES DU
FOUESNANTAIS

PAYS

Les crimes du Moulin-du-Pont à
Pleuven en février 1797
L'enquête sur les crimes commis au
Moulin-du-Pont à Fouesnant révèle le côté
odieux des Tommerien. Ces deux crimes,
des violences mortelles par le feu ainsi
qu’un viol, ont été commis par une ban~e
élargie de Tommerien ; le groupe langolinois s'est adjoint en cette circonstance les
services de mauvais garçons, meuniers et
journaliers originaires du pays de. Quimper
pour les guider. Ces complices se mettront
en avant, seront reconnus et arrêtés
rapidement pour la plupart. Nous mettrons
ici l'accent sur ces seconds rôles. Le
moulin du Pont, bien connu de tous sur la
route de Quimper à Bénodet, démarque
l’entrée du Pays fouesnantais. Son meunier
est alors Yves Houarner, originaire du
Faouët, marié avec Marie Le Dars, 33 ans.
Ils ont une fille d'une douzaine d'années,
Anne. Dans la maison attenante au moulin,
une auberge, vit le père de Marie, Germain
Le Dars, veuf. Il tient le cabaret avec sa
fille cadette Catherine, 30 ans: le lieu est
passant, les clients ne manquent pas. Mais
il n'est pas pr?priétaire de son affaire: c'
est, Alain Kemafflen de Kergos, noble non
émigré, qui possède ces biens et qui les
loue en ferme aux intéressés.
Germain Le Dars à la foire
A l’origine du drame, un fait presque ordinaire s’est déroulé le 19 février
1797 : Germain Le Dars est allé à la foire
de Quimper vendre ses deux cochons bien
gras pour le prix de 38 écus. Il ne pouvait
se douter qu’au moment de la transaction il
était surveillé, et qu’un journalier mal
intentionné le connaissant pour fréquenter
son auberge, ne perdait rien au
marchandage. Selon les méthodes des voleurs de grand chemin qui sévissaient en
campagne au 18e siècle, les Tommerien
surveillaient foires et marchés des alentours afin de repérer les hommes et les
femmes susceptibles d'avoir de l'argent en
leur possession. Les informations cir-

culaient alors et remontaient à la tête de
l’organisation.
Celui qui espionne est Allain
Horellou, un homme de 61 ans au passe
Judiciaire déjà chargé. Il demeure à Quimper, rue Orfèvre, et se présente « vêtu à la
mode de la campagne, un pourpoint bleu à
la mode de Pluguffant, un chapeau à basse
forme rabattu, taille 5 pieds 1 pouce
(lm68), visage rond et un peu décharné,
cheveux gris, yeux bleus, front large, nez
aquilin, bouche grande et menton rond ».
Il fournira aussi des renseignements selon
lesquels il y a de l’argent aux fermes de
Kereven en Clohars-Fouesnant et à Lesquidic en Pleuven. Mais son rôle est encore
plus actif: il fera partie du groupe de
quinze ou seize hommes qui vont s’en
assurer sur place, et participera même au
vol avec violences.
Germain Le Dars ne pouvait se
douter que, riche de ses 38 écus, il devenait
la proie de scélérats sans scrupules...
d'autant que, le jour même, il rencontrait
son propriétaire Alain de Kergos pour lui
régler le montant de son bail: la vente des
deux cochons avait été faite dans ce but
seulement, et des 38 écus, il ne lui en restait plus un seul le soir même !
Les Tommerien investissent le moulin du
Pont
Dans la nuit du 19 au 20 février
1797, (l er au 2 ventôse de l'an V), vers
minuit, alors que la maisonnée s’est endormie une horde d'une quinzaine de
malfaiteurs armés, sinistrement déguisés,
le visage sommairement noirci au charbon,
s'arrête au Moulin-du-Pont. Les hommes se
regroupent devant l’auberge, en brisent la
porte, et huit d'entre eux investissent les
lieux ; 1 'un des malfrats est armé d’un
sabre; un autre porte la lumière. Ils forcent
Germain Le Dars à quitter son lit en
chemise, s'emparent de son fusil. Ils lui
ordonnent de les suivre a la maison
attenante où dorment sa fille Marie et sa
petite-fille Anne; ce soir-là, son gendre, le
meunier Yves Houarner, est absent. Ils
fouillent sans ménagement cette maison,
et, ne trouvant pas d'argent,

4/10
réclament alors à haute voix les 38 écus,
prix des deux cochons qui ont été vendus.
Germain Le Dars leur explique qu'il n'a
plus cet argent, qu'il l'a remis à M. de
Kergos en paiement de sa ferme.
Les malfrats s'énervent, menacent
alors de l'assassiner, lui ainsi que les
membres de sa famille; ils lui portent des
coups de poing et « de plat de sabre ». Ils
lient les pieds et les mains du pauvre
homme et des gens de la maison: ses filles,
le domestique du moulin Guillaume Le Gal
(22 ans). Selon leur procédé habituel, ils
arrachent du chaume du toit de la maison
pour le mettre dans la cheminée, y jettent
de la poudre à tirer ou poudre à canon et
des allumettes. Une dernière fois, ils
somment Germain Le Dars de leur remettre son argent; il doit encore jurer qu'il
n'en a plus... Là, « ils présentèrent
Germain Le Dars tout nu à ce brasier ardent, ils I’y mirent jusqu'à la ceinture, en
lui brûlant les jambes, les cuisses et les
parties génitales ». Non contents, les sadiques personnages « le passèrent dans le
feu en l'accablant de coups et prononçant
des grands jurements pour lui faire avouer
où était son argent, qu’après l'avoir ainsi
brûlé, ils le laissèrent presque mort sur son
foyer et se retirèrent après lui avoir pris
plusieurs hardes ... ».
Viol de la petite fille du meunier
Pendant ce temps un autre drame se
joue au moulin. Plusieurs des malfaiteurs
qui fouillaient la maison du meunier sont
rentrés « dans l'appartement », dans la
chambre de Anne Houarner; « Hervé
Thalamon, l'un d'eux, lui dit que si elle ne
lui apprenait pas où était son père, il couchait avec elle; que ses camarades qui
avaient la lumière s'étant retirés, il resta
après eux dans l’obscurité, frappa Anne
Houarner dans son lit, excita les cris de
celle-ci par ses excès et la viola ou tenta de
la violer ». Hervé Thalamon se rendait
ainsi coupable «d'avoir vaincu de force la
pudeur d'Anne Houarner et de l'avoir
violée ou tenter de la violer», ce qui lui
vaudra, en sus des autres crimes commis,
la peine de mort. Meunier âgé de 42 ans,

notre homme n'était pas un Don Juan, il
était reconnaissable à « une grosse bosse
sur le front» et à son nez cassé. Méchant,
violent, vicieux, ivrogne, il était craint et
détesté en campagne. Sa réputation n'était
pas usurpée. . .
Partage du butin
A 1 heure du matin, les bandits
quittent le Moulin-du-Pont en direction de
Quimper; ils s'arrêtent pour partager leur
butin quelques cinq cents mètres plus loin
(un demi-quart de lieue), près d'une petite
auberge, une « loge », ou « chambrière »,
selon les termes employés, chaumière
couverte de genêts, située sur le village
d'Ergué-Armel. Ils y réveillent les aubergistes, Pierre et Françoise Le Signour,
mais, tout en leur interdisant de sortir ou de
se mettre à la fenêtre, ils exigent d'être
servis en eau-de-vie. L'un des malfaiteurs,
Yves Moulin, fera le service et apportera
l'alcool aux malfaiteurs restés à l'extérieur.
Le Signour témoigne que Moulin « s'étant
présenté à la fenêtre demander de l'eaude-vie, et avoir sommé le dit Signour de ne
point sortir ou peine lui arriverait, qu'il
entendit les individus sans savoir le
nombre se disputer et se battre, qu'ils
avaient bu dehors un pot d'eau-de-vie et
que ce fut Yves Moulin qui paya tout.
Ce Yves Moulin fait figure de naïf
dans ce dossier: il paie la note et il est
évident qu'il sera reconnu... d'autant que,
ivre mort, il restera sur les lieux jusqu'au
lendemain! Journalier de profession, il est
au moment des faits le « domestique du
citoyen Danielou, recteur d'ErguéArmel ».
Il a 35 ans, demeure rue Dorée à Quimper
et sa description est la suivante : « vêtu en
artisan, pantalon de toile, veste bleue et
courte, chapeau rabattu et à basse forme,
taille d' environ 5 pieds (lm65 environ),
visage ovale, cheveux courts et noirs, nez
et bouche ordinaires, menton rond ».
Le partage du maigre butin ne se
passe pas calmement, visiblement les
Tommerien sont déçus de n'avoir pas
trouvé d'argent ; une bagarre oppose là les
malfrats avinés et excités.

5/10
Les objets volés chez Le Dars
consistent en « 28 aulnes de toile de
chanvre neuve, une bouteille d'eau-de-vie,
deux pots de grès, des pipes neuves de
Locmaria, une hache et un pain de
graisse».
Descente du Juge de Paix
Le 20 février, Allain Clorennec, juge de
paix de Fouesnant résidant à Pleuven,
alerté par la rumeur, se déplace au Moulindu-Pont opérer quelques constatations. Il
remarque de prime abord plusieurs leviers
de bois abandonnés près de l'entrée de
l'auberge, puis en voit la porte fracturée et
la serrure arrachée. Rentré dans la pièce, il
constate l’état pitoyable de Germain Le
Dars, couché. « Il nous a fait voir que ses
pieds, ses jambes et ses cuisses jusqu'aux
fesses ne formaient qu'une seul plaie avec
escarres, accompagnée d'une inflammation
générale, gonflement et douleur extrême,
de grandes fièvres...».
Malgré sa faiblesse, l’aubergiste est
à même de dénoncer l'un des deux agresseurs qui le tenaient dans le feu comme
étant Hervé Bourgeon, « charbonnier demeurant à Quimper près de la fontaine
saint-Corentin ». Sa fille Catherine donne
plus de détails; elle était présente au moment du crime et a reconnu malgré leurs
déguisements les meuniers Prigent père et
fils du moulin de Lanroze d'Ergué-Armel,
Pierre Donnard, « un vieux domestique ou
journalier qui a coutume de tenir les pieds
des chevaux à Jean Le Marrec, maréchal
ferrant à la rue Neuve de Quimper » ainsi
que l'ex-meunier du moulin de Bodinio et
« un homme de Locmaria près Quimper,
grand homme ayant un nez large et travaillant à la manufacture d'Eloury ». On
s'aperçoit alors que le noyau dur langolinois des Tommerien a été prudent et a
préféré rester au-dehors attendre le butin,
poussant des voyous à commettre les violences au risque d’être reconnus par
les,témoins.
Arrestations des premiers complices
Alors qu'il enquête au Moulin-duPont, on
vient prévenir le juge que deux individus
au comportement étrange ont été repérés
près de l'auberge des Signour. En fait ces

hommes sont ivres. Le juge Clorennec
remarque qu'ils sont en possession des
objets volés chez Le Dars et décide aussitôt
de les arrêter: il s'agit de Yves Moulin,
dont nous avons parlé précédemment, et de
Noël Thomas. Après le partage du produit
du vol, ils ont bu plus que de raison et,
abrutis par l’alcool, n’ont pas été à même
de quitter les lieux de leur forfait! Le juge
de paix n'a qu'à les cueillir, et toujours
ivres, les deux malfrats le suivent sans trop
de difficultés vers le bourg de Pleuven. Si
un moment Yves Moulin sort un couteau
pour en menacer Clorennec, ce dernier n'a
pas de mal à le désarmer. . . En cours de
route, le juge reçoit les premières
déclarations; il les jette en prison à Pleuven
et renvoie leur audition au jour suivant: «
Ils seront interrogés le lendemain
lorsqu'ils auront cuvé leurs boissons »
inscrit-il sans ambages sur son procèsverbal relatant les démarches...
Hélas, Noël Thomas ne lui en laissera pas
le temps car il s'échappe de sa geôle de
Pleuven au petit matin du 21 février. . . Le
gaillard est souple (il mesure Im65), « il
s'est évadé le matin de ce jour par une
fenêtre qui n'a que 5 pouces et demi de
large sur onze pouces de hauteur et en
bonne maçonne » (soit environ 15
centimètres sur 30), nous renseigne-t-on. Il
ne sera arrêté que le 30 mai suivant (11
prairial an V) au moulin de l'Abbé à
Guellevain (Edern) après qu'un mandat
d’arrêt aura été lancé à son encontre. Ce
Noël Thomas est un garçon-meunier originaire de Châteaulin, il a 30 ans et demeure rue Dorée à Quimper. Il a un oeil au
beurre noir depuis la bagarre de la veille. «
Vêtu en artisan, ayant un mauvais pantalon de toile, un gilet croisé court et bleu
et un chapeau à basse forme rabattu »,
voilà sa description.
Quant à Yves Moulin, il se contredit dans
ses dépositions, et dans une piètre défense,
indique avoir été trouvé près du Moulindu-Pont car il avait quitté son domicile de
Quimper le soir du crime uniquement dans
l'intention de chercher du cidre à
Fouesnant. Pourquoi aller chercher du cidre
la nuit ?

6/10
Il ne s'en rappelle plus. La hache qu'il avait
sur lui ? Non, ce n'est pas celle de Le Dars,
c'est la sienne bien sûr... Et pourquoi
s'encombrer d'une hache pour aller
simplement acheter du cidre? Là, Moulin
ne sait plus quoi répondre aux questions
ironiques de son juge. . .
Poursuite de l'enquête
Le 22 février, l'enquête reprend de plus
belle par les autorités quimpéroises. Le
Commissaire du pouvoir exécutif de
Quimper, Baron de Boisjaffré, décide d'
effectuer la nuit du 22 au 23 février une
visite domiciliaire au moulin voisin de
Lanroze à Ergué-Annel, situé à une demilieue de celui du Pont. Il s'avère selon des
témoignages concordants que le lieu de
ralliement des Tommerien avant la commission du crime était bien ce moulin. . .
Noël Thomas indiquera plus tard, lors de
son arrestation, qu'il avait quitté le soir des
faits Quimper à dix heures du soir en
compagnie de Yves Moulin. « Ils rejoignent les meuniers à Lannroz où il avait
grande assemblée ... ». S'il minimise sa
participation (lui n’était là que pour réparer
sa meule), il reconnaît qu'il y avait du
monde ce soir-là, entre autres « deux
militaires, un hussard, Louis Prigent et son
fils, Yves Moulin et un faiseur de cribles ».
Ledit faiseur de cribles s'avère être Pierre
Donnard, « cribleur de profession et tenant
parfois les pieds des chevaux à Jean Le
Marc ou Goulhen, maréchal ferrant en la
dit te rue Neuve ». Il a 56 ans, « vêtu en
artisan, ayant un pantalon de toile bien
sale, taille 5 pieds, visage ovale un peu
décharné, cheveux gris, yeux noirs, nez
retroussé, bouche ordinaire et menton
rond ».
Le meunier de Lanroze, Louis Prigent, et
son fils aîné ont filé avant la perquisition
du Commissaire, mais les enquêteurs
trouvent derrière la maison « un coupon de
toile blanche d'une aulne et demi et un
chapeau rond d'enfant ». Le Dars reconnaît
sa toile, et Guillaume Le Gac, son aide,
reconnaît son chapeau. Les arrestations des
différents complices du crime vont s'opérer
rapidement les jours suivants. Yves Brunet,

un autre complice, ne sera interpellé que
peu avant le procès. Seul le noyau
langolinois des Tommerien échappera aux
poursuites et pourra poursuivre ses méfaits
en toute tranquillité. Quant au malheureux
Gennain Le Dars, il décède le 8 mars 1797
et sera enterré à Pleuven le 10 mars suivant
(20 ventôse an V).
Condamnation des malfrats
Le Tribunal criminel, présidé par
Penguilly- L 'Haridon, rendra son arrêt de
condamnation le 4 juin 1797 (16 prairial an
V). Yves Moulin, Pierre Donnard, Hervé
Bourgeon, Alain Horellou, Noël Thomas et
Yves Brunet sont déclarés coupables
d'avoir « commis cet homicide méchamment, à dessein et avec préméditation, ainsi que le vol qui s'en est suivi, de
nuit, dans une maison habitée, avec effraction extérieure, excès et violences, et
par des hommes armés » : ils sont condamnés à mort.
Le sort du voleur et violeur Thalamon sera
réglé plus tard dans une autre procédure, et
un arrêt du Tribunal criminel présidé par
Le Guillou-Kérincuff, en date du 5
septembre 1797 (19 fructidor an V),
condamnera l'intéressé à la peine capitale
malgré des dénégations de principe.
Le crime de Kereven à CloharsFouesnant
en avril 1797 : un crime odieux et une
victime négligée
« Les campagnes du Finistère échappées à
la raaz (sic) des chouans se sont vues tout
a coup exposées a une espèce d'hommes
plus féroces encore, à des bandes de
scélérats que sous tous les points de la
République l'on signale sous le nom de
chauffeurs », déclarent les Administrateurs
du Département au Ministre de la Police
générale le 18 juin 1797 (30 prairial an V)
dans une note figurant au dossier des
Tommerien. L'un des crimes commis par
les Tommerien à CloharsF ouesnant nous
paraît d' autant plus odieux que la pauvre
victime terrorisée, le paysan François
Nédélec, refusera de témoigner, et que l'
Administration ne s'inquiétera plus dès lors
de son sort :

7/10
Il mourra peu après dans la plus grande indifférence. . . Même si les coupables seront
condamnés à mort pour d'autres faits sin1ilaires, il est bon de rendre justice à ce
pauvre homme.
Agression de François Nédélec
Dans la nuit du 18 au 19 avril 1797 (29 au
30 germinal an V), François Nédélec,
cultivateur de 52 ans, est sauvagen1ent
agressé par un groupe de Ton1nlerien, et
brûlé selon leurs n1éthodes habituelles.
L’on se souvient que la ferme de Kereven
à Clohars-Fouesnant avait été signalée aux
malfaiteurs par leur indicateur Horellou
con1nle étant une ferme riche n1ais il
sen1ble, alors même que l’Administration
connaissait cette information, qu'elle ait
on1is d'en prévoir les risques, et
notamment de prévenir en ten1ps voulu les
fermiers. . .
François Nédélec, veuf d'une pren1ière
union avec Jeanne Rannou (mariage
célébré à Clohars-Fouesnant le 3 juillet
1769), s'était ren1arié le 23 noven1bre
1790 avec une femme de Pleuven, Marie
Le Rhun.
François Nédélec refuse de déposer une
plainte après son agression, la crainte des
représailles pron1ises est trop forte. C'est
le « bruit public » qui remonte à l'
Administration; dans les mêmes temps, le
28 n1ai 1797 (9 prairial), le châtelain Alain
Kemafflen de Kergos écrit égalen1ent à
l'autorité pour signaler les faits dont a été
victin1e son fermier .
De plus, la sinistre troupe des Ton1n1erien
de Langolen vient d’être enfin arrêtée entre
le 20 et le 25 mai 1797, n1ais l'infortuné
François Nédélec, incapable de se déplacer
du fait de ses blessures, ne peut venir à
Quin1per tén1oigner et participer à la
confrontation prévue pour confondre ses
agresseurs.
Sinistre confrontation
Le Président du Jury d' Accusation,

Gaillard, ordonne alors le transport sur les
lieux du Tribunal crin1inel du Finistère le
31 n1ai 1797 (12 prairial) avec les chauffeurs langolinois en attente de jugement.
Un étrange et bruyant convoi se déplace ce
jour là sur la route de Quin1per à Bénodet.
Précédés de plusieurs notables en voiture à
cheval ou sur leurs n1ontures, des
gendarmes et des soldats escortent treize
prisonniers enchaînés qui, lentement,
marchent vers la ferme de Kereven. Ce
sont François Le Treut, le chef des
Tommeriens, les Thalatnon père et fils,
Joannès, Peuziat, Perchec, Le Gars, Le
Feunteun, Le Meur, Ollivier, Lucas, Chiquet et Crane.
Arrivés à destination, un homme se
détache du groupe, c’est le Président
Gaillard: il rentre dans la sombre demeure
où un triste spectacle l'attend. Sur la terre
battue, une couchette a été étendue, et un
homme gît sur ce lit de fortune : c'est
François Nédélec, le fermier; son corps
n'est que plaie et pus depuis qu'il a été
torturé il y a quarante jours par les redoutables Tommeriens. « Etendu dans une
couchette de lit sur terre, pieds et mains
enveloppés de toiles, parlant d'une voix
éteinte », il explique à son interlocuteur
qu'il ne peut plus marcher, ni même bouger
ses jambes, et à fortiori vaquer à ses
occupations agricoles.
Gaillard fait alors réunir dans la pièce
Marie Le Roux l'épouse, Philibert
Rousseau, le valet ainsi que la servante. La
confrontation commence, les treize
hommes à la mine patibulaire sont introduits ensemble dans la pièce: mais maîtres
et domestiques ne peuvent ou ne veulent en
reconnaître aucun.
Est-ce la crainte qui empêche les Nédélec
de s'exprimer ? Certainement. Les
méthodes utilisées par les Tommeriens
inspirent la terreur.

8/10
La peur des représailles promises en cas de
délation (assassinat, incendie de la ferme)
fait taire les victimes. A Langolen, ceci
s'est confirmé à plusieurs reprises et jamais
les villageois n'ont osé dénoncer les
malfaiteurs dont les noms étaient connus
au premier crime !
Le Président Gaillard quitte les lieux, mais
avant de partir, confie François Nédélec
aux soins de l'officier de santé qui
l'examine d'abord: « L’homme de l'art
ayant ôté les bandes de linge qui
couvraient le malade, il m'a fait voir les
pieds et les mains brûlés, étant en suppuration totale, de grandes plaies sur les
épaules et sur d'autres parties du corps ».
L'officier va lui apporter quelque
soulagement; mais la médecine de l'époque
est incapable de guérir de telles brûlures, et
le pauvre homme décède le 29 juin suivant
(11 messidor) à sept heures du soir. Il sera
enterré à CloharsFouesnant le lendemain.
Ce décès se produira dans la plus grande
indifférence de l'Administration. Certes les
malfrats seront condamnés à mort pour de
multiples crimes - qu'ils nieront tous
d'ailleurs malgré les évidences! -, mais
celui-ci ne leur sera pas imputé du fait du
silence de la victime. . . L'acte de décès de
François Nédélec ne figure pas dans le

dossier; le procès-verbal de
Tribunal criminel n'est suivi
supplétif d'information. . .
recherches du modeste
rétablissent les faits.

transport du
d'aucun acte
Ce sont les
auteur qui

Les procès des Tommerien
Avant d'évoquer ces procès, il est bon de
s'interroger d'abord sur les lenteurs d'une
jeune Administration républicaine, sur les
dysfonctionnements de sa police ou de son
système judiciaire. Il aurait suffi d'un seul
acte de justice décerné plus tôt - comme le
mandat d'amener- pour éteindre la fougue
des Tommerien langolinois. Pourquoi les
autorités ne sont-elles pas intervenues plus
tôt ? On peut fustiger leur lenteur et leur
inefficacité.
Peur des témoins
Elles ont pourtant été alertées par la
rumeur publique; c'est seulement le 6 mai
que le juge de paix de Briec, bien informé
en l'absence de plaintes précises, s'est
déplacé dans toutes les fermes de Langolen
où ont eu lieu des vols. « Là, dit-il en son
rapport, la crainte paraissait les empêcher
de découvrir les coupables parce qu'ils ont
menacé de les incendier ».

9/10
Ce rapport portant le nom des suspects est
transmis à l'accusateur public, qui, trois
jours après, soit le 9 mai, signale au Jury
d'accusation l'existence des scélérats et
demande une répression totale.
L'aspect politique même n'est pas négligé:
la République est consciente que
l'émergence de désordres, dont l'origine
importe peu, sert fatalement l'adversaire.
Aussi suspecte-t-on les Tommeriens
d'avoir des relations avec d'autres bandes
du Morbihan, voire d'être près de glisser
dans la chouannerie « s'il se présentait
quelque circonstance favorable à leurs
projets, on verrait en un moment se former
une troupe nombreuse armée, équipée , qui
renouvellerait toutes les horreurs de la
Chouannerie... Il est de la plus grande
importance d'arrêter cette organisation
dans son principe ». Mais c'est prêter là
beaucoup d'ambition à une troupe de
simples malfaiteurs !
Un dernier vol commis à PlonéourLanvern dans la nuit du 20 au 21 mai est le
détonateur de la répression. Les cultivateurs, durement malmenés par les bandits, révèlent immédiatement les faits aux
autorités, et ce jour-là, enfin, un mandat
d'amener est lancé contre Le Treut et
Peuziat. Ce seul acte de justice, le premier,
marquera l'arrêt des vols avec violences
dans notre pays.
Un coup de filet permet d'arrêter les
scélérats les jours suivants, entre le 20 et le
25 mai.
De nombreux Langolinois seront cités
comme témoins pour les sept procès
prévus sur quatre jours, du 2 au 5 sep-

tembre (16 au 19 fructidor). Mais les
pressions continuent dans le village. Le
jeune tisserand du bourg, Jean Le Gars,
déclarera au juge que trois jours avant
l'audience, « la femme de Françoise Le
Treut et Catherine sa servante le menacèrent et lui dirent que tous ceux qui déposaient contre les prévenus seraient battus
ou tués ». Mais les Langolinois ne se tairont plus, et leurs témoignages précis
permettront les condamnations des Tommeriens qui, eux, ont pris le parti de tout
nier.
Condamnation des Tommerien
Cinq des Tommeriens sont condamnés à
mort par le Tribunal criminel du Finistère,
sous la présidence de Le Guillou de
Kérincuff. Le premier jour du procès, le 2
septembre 1797, c’est le sort réservé à
François Le Treut et à Alain Peuziat ; le 4
à Yves Barré ; et le 5 à Hervé Thalamon
père, puis à Michel Joannès. Revêtus d’une
chemise rouge, ils seront exécutés
quelques jours après à Quimper. Quant aux
complices, Guillaume Le Gars, Jean Le
Meur et Thalamon fils, ils sont condamnés
à vingt-quatre ans de fer et conduits au
bagne de Brest après avoir été exposés six
heures sur l’échafaud dressé place SaintCorentin à Quimper.
Sources : Archives départementales, Centre
de généalogie de Quimper. L’histoire des
Tommerien est longuement évoquée
dans la partie révolutionnaire du livre «
Langolen, chronique d’un village de BasseBretagne » écrit par A. Le Douget.

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  • 1. Annick LE DOUGET ASPECTS MECONNUS DE LA REVOLUTION EN PAYS FOUESNANTAIS LES « TOMMERIEN », REDOUTABLES HORDES DE CHAUFFEURS, SEMENT LA VIOLENCE ET LA MORT A PLEUVEN ET A CLOHARS-FOUESNANT En l'an V de la République, l'insécurité est forte en Cornouaille. Si l'éradication du mouvement chouan a permis une accalmie - provisoire - dans plusieurs cantons, des bandes de brigands vont se constituer et sévir en campagne au cours des années 1796-1797 sous le nom de « Compagnies de Chauffeurs », ou, en breton, de « Tommerien ». Leur nom vient de leur triste spécialité: ces « chauffeurs » infligent des tortures par le feu aux victimes dans le but de leur faire avouer où elles cachent leurs économies. Cette horde de scélérats a pris naissance à Langolen, dans le canton de Briec, déjà fortement ébranlé par les excès de la chouannerie. C'est une bande mouvante qui se fait et se défait au gré des opportunités, qui se déplace dans un large secteur pour commettre ses méfaits. Le Pays fouesnantais sera le théâtre de trois crimes qui ont semé la terreur chez nos aïeux: curieusement, alors qu'ils ont frappé à l'époque toutes les imaginations, ils ne paraissent pas s'être inscrits dans la mémoire collective, et seuls les documents des Archives du Finistère en conservent aujourd'hui la trace. LA BANDE DES CHAUFFEURS, DES « TOMMERIEN » La bande des « Tommerien » dont nous allons examiner les crimes apparaît à l'origine comme une spécificité étonnante de Langolen. Elle s'est constituée dans ce village après l'arrestation d'une première « Compagnie de Chauffeurs » dirigée par le jeune Elliantais Jean-Baptiste Riou, né en 1764, qui sévissait dans la Cornouaille et dont plusieurs membres étaient natifs de Langolen. Cette Compagnie, troupe armée comptant parfois jusqu'à 70 hommes, étaitelle une bande de chouans ayant dévié dans le banditisme, ou de bandits se prévalant d'une vague cause chouanne ? Si pour les uns, rares, la chouannerie restait une cause politique ou religieuse, pour combien d'autres n'était-elle que la couverture idéale masquant toutes les dérives ? Délations, enrichissements rapides et douteux, violences gratuites, tout devenait possible avec le sentiment de totale impunité. Recherché pour de nombreux crimes (notamment le meurtre de quatre personnes dont deux curés assermentés, et de nombreux vols avec violence), Riou est capturé dans une auberge le II janvier 1797 par les gendarmes de Rosporden et condamné à mort le 12 avril 1797 par le Conseil de guerre de Brest. C'est peu après son arrestation que va se constituer une seconde bande de Tommerien à Langolen, complètement vouée au banditisme. Organisée sur le mode armé, cette horde s'est inspirée des méthodes chouannes pour se livrer à des opérations de brigandage dans la campagne de manière peu banale. La ramener à un ramassis d'ivrognes et de mauvais garçons du village serait simpliste et réducteur : née de la violence ambiante, elle a semé la terreur et la haine en l’an V de la République. 1/10
  • 2. Rapidement repérés pour leurs exactions commises de février à mai 1797, ses membres ne seront traduits devant leurs juges et condamnés qu'en septembre 1797². Les membres de la bande: surtout des meuniers ! Rappelons que les villageois de Langolen ont toujours été réputés paisibles et honnêtes: les très rares procédures judiciaires relevées à leur encontre le prouvent. Comment a pu alors se constituer une bande ? Elle s'est agrégée au début de 1797 autour d'un chef reconnu, le jeune aubergiste de Langolen François Le Trent, 22 ans. La description de François Le Treut nous est donnée par Gaillard, du jury d'accusation : « Taille 5 pieds deux pouces, cheveux, sourcils et barbe châtaignes, yeux gris enfoncés, nez aquilin et aplati par le bout, bouche grande, menton petit, visage ovale et colorié, ordinaire »o François a mauvaise réputation: ivrogne, bagarreur, on l'évite dans les foires. Il tient depuis peu, avec sa jeune épouse Louise Canvel, l’auberge du bourg qui va devenir le lieu de ralliement des Tommerien. Cette auberge est un lieu de multiples rencontres, que ce soit des autorités républicaines (c'est chez lui que s'opère la désignation des fonctionnaires municipaux, que se tient la Recette des Contributions...), ou des troupes en tous genres, déserteurs, chouans, tenant chez lui leurs conciliabules. Il détient donc dans le bourg toutes les informations utiles, renforcées par les quelques confidences d'après boire des villageois. Autour de lui, dans son auberge, gravitent une quinzaine de fidèles qui forment sa bande, pour partie des parents, mais surtout, étonnamment, les meuniers du village: son demi-frère, Charles Ollivier est le meunier du moulin de La Villeneuve. Jean Le Meur est le garçon-meunier du même moulin. Yves Barré, 32 ans, né à Langolen, est fermier de La Villeneuve: il est le beau-frère de Charles Ollivier. 2 Tous les renseignements de cette partie proviennent des archives du juge de paix, des dossiers criminels et des arrêts de condamnation (Archives du Finistère). L'Administration lui a confié la tâche de percepteur dans le village, ce qui lui permet d'ailleurs de connaître la richesse de chacun : c'est ce fonctionnaire peu modèle qui a pris l'initiative d'installer la Recette des Contributions dans l'auberge de son ami! Il est reconnaissable dit-on par une « vérule » sous l'reil gauche. François Le Cain, menuisier à Kertanguy en Elliant, est le beau-frère de François Le Treut : borgne, « avec une cicatrice à la joue droite prenant du cou à la bouche », il est facilement repérable. Plusieurs meuniers qui fréquentent assidûment l'auberge font partie des mauvais coups. Hervé Thalamon père est un inséparable de Le Treut. Agé de 42 ans, il a épousé une fille Poher de Langolen; il est craint et détesté dans toutes les fermes où il arrive précédé d'une réputation de voleur. Il est meunier du moulin de L'Abbé à Guellevain, en limite de Langolen : retenez son nom, il est 1 'un des meneurs de la troupe qui a sévi au Moulin-du-Pont. Son fils Hervé Thalamon est garçon-meunier et suit les traces de son père. Alain Penziat, garçon-meunier depuis peu à Stang-Bras, est peu recommandable, ayant déjà été condamné le 18 juillet 1792 pour des vols multiples. Jean Porchec, 30 ans, également garçon-meunier du Stang, est originaire d'ErguéGabéric ; il travaillait auparavant à Landudal et est soupçonné de « chouanner ». Voilà donc les Tommerien « de base » auxquels se joindront pour certains coups d'autres hommes comme Le Gars, garçon-meunier du Stang, ou Michel Joannès, ancien gendarme reconverti en aubergiste à Quimper. Au fur et à mesure des exactions - dont l'impunité semble évidente et dont les gains suscitent la convoitise ! - la troupe s’enrichit de membres occasionnels, on le verra pour les faits de Pleuven : la bande des Tommerien devient alors mouvante En résumé, on s'aperçoit que le groupe n'est pas issu de la paysannerie langolinoise, à l'exception de Yves Barré. 2/10
  • 3. Et dans le noyau dur, on retrouve quelques hommes de la troupe mi-chouanne, mi brigande de J.B. Riou, comme Yves Barré, Perchec ou Thalamon fils. J.B. Riou a été interpellé le Il janvier 1797, et l'idée de commettre des brigandages a germé après son arrestation: les Tommerien profitent simplement du champ libre car jamais ils ne se seraient mis sur le chemin du redoutable bandit. Leur premier vol ne datera en effet que du 4 février suivant. Le passage à l'acte Nous sommes dans un climat de violence généré par les chouans; le canton de Briec est devenu une zone de non droit; fonctionnaires municipaux et patriotes se retrouvent livrés à la discrétion de leurs ennemis, face à l'impuissance des autorités révolutionnaires. A l'auberge du bourg, dans la surexcitation que l'on imagine, chouans et brigands font l'objet d'une certaine admiration mêlée de crainte. Leurs aventures, leurs méthodes, leurs gains faciles ne peuvent que séduire les mauvais garçons: les futurs Tommerien vont s'en inspirer largement. S'ajoute alors le facteur alcoolisation: plusieurs Tommerien ont ce triste penchant, et le lieu même de rassemblement - l'auberge - ne peut qu'inciter à le développer... Sur des valeurs morales émoussées, l'alcool est un détonateur assuré. Enfin, et surtout, face aux autorités débordées, prévaut le sentiment général d'impunité. Il est aisé de se fondre dans un groupe, une troupe, surtout la nuit et avec un déguisement; certains en ont fait l'expérience dans la bande Riou. Leurs méthodes Avant de détailler leurs méfaits, il est bon de parler des méthodes brutales employées par les bandits. Quelle sera la cible des Tommerien ? Leur seul critère étant celui du montant estimé des économies, ils seront patriotes ou royalistes, jeunes ou vieux, de préférence sans défense ! La méthode des Tommerien s'inspire de celle des chouans. Les malfaiteurs se regroupent à l'auberge du bourg en soirée : la présence de plusieurs chevaux à sa poi1e est, dit-on, le signe infaillible qu'un mauvais coup se prépare pour la nuit. On met des déguisements, les visages sont passés au charbon à la manière des déserteurs. On distribue les armes, fusils, sabres et pistolets. Puis c'est le départ de la troupe armée vers la ferme choisie. Là, selon le stratagème habituel, ils en forcent la porte, brutalisent les habitants, et brûlent les pieds des victimes pour faire avouer la cachette du magot espéré. Ensuite, ils repartent avec l'argent, la nourriture, les vêtements et même les meubles pour partager le butin à l'auberge. L'argent sera vite dépensé: les malfrats, les poches pleines, iront s'alcooliser à l'eau-devie dans toutes les auberges entre Langolen et Quimper. Au début, ces vols sont espacés, puis la cadence s'accélère, et nos bandits n'hésitent pas à commettre des forfaits hors Langolen, comme à Coray, à PlonéourLanvem et dans le Pays fouesnantais. Enfin, pour ne pas être dénoncés, il faut faire taire les témoins. Et ils sont nombreux, car les bandits ont été reconnus dès le premier vol, et leurs noms ont fait le tour de Langolen le lendemain même. I1s sont d'ailleurs peu discrets et n'hésitent pas à exhiber leur butin dans l'auberge. Mais usant de pressions, de menaces de représailles (comme l'incendie ou l'assassinat), ils maintiendront la terreur jusqu'à leur arrestation quelques mois plus tard. Par peur, beaucoup refusent de porter plainte. Aussi est-ce la rumeur publique qui remonte au juge de paix ou aux autorités de l’Administration. Ainsi Jean Rospars, paysan langolinois, déclarera après l'interpellation des malfaiteurs : « C'est la crainte de cet homme (Le Treut) qui l'a empêché de/aire cette déclaration devant le Juge de Paix, qu'il n'a cessé de craindre d'être assassiné que depuis qu'il est en arrestation ». Si une douzaine d'affaires sont recensées dans les archives judiciaires, on peut être certain que plusieurs autres crimes sont restes impunis. 3/10
  • 4. LES CRIMES DU FOUESNANTAIS PAYS Les crimes du Moulin-du-Pont à Pleuven en février 1797 L'enquête sur les crimes commis au Moulin-du-Pont à Fouesnant révèle le côté odieux des Tommerien. Ces deux crimes, des violences mortelles par le feu ainsi qu’un viol, ont été commis par une ban~e élargie de Tommerien ; le groupe langolinois s'est adjoint en cette circonstance les services de mauvais garçons, meuniers et journaliers originaires du pays de. Quimper pour les guider. Ces complices se mettront en avant, seront reconnus et arrêtés rapidement pour la plupart. Nous mettrons ici l'accent sur ces seconds rôles. Le moulin du Pont, bien connu de tous sur la route de Quimper à Bénodet, démarque l’entrée du Pays fouesnantais. Son meunier est alors Yves Houarner, originaire du Faouët, marié avec Marie Le Dars, 33 ans. Ils ont une fille d'une douzaine d'années, Anne. Dans la maison attenante au moulin, une auberge, vit le père de Marie, Germain Le Dars, veuf. Il tient le cabaret avec sa fille cadette Catherine, 30 ans: le lieu est passant, les clients ne manquent pas. Mais il n'est pas pr?priétaire de son affaire: c' est, Alain Kemafflen de Kergos, noble non émigré, qui possède ces biens et qui les loue en ferme aux intéressés. Germain Le Dars à la foire A l’origine du drame, un fait presque ordinaire s’est déroulé le 19 février 1797 : Germain Le Dars est allé à la foire de Quimper vendre ses deux cochons bien gras pour le prix de 38 écus. Il ne pouvait se douter qu’au moment de la transaction il était surveillé, et qu’un journalier mal intentionné le connaissant pour fréquenter son auberge, ne perdait rien au marchandage. Selon les méthodes des voleurs de grand chemin qui sévissaient en campagne au 18e siècle, les Tommerien surveillaient foires et marchés des alentours afin de repérer les hommes et les femmes susceptibles d'avoir de l'argent en leur possession. Les informations cir- culaient alors et remontaient à la tête de l’organisation. Celui qui espionne est Allain Horellou, un homme de 61 ans au passe Judiciaire déjà chargé. Il demeure à Quimper, rue Orfèvre, et se présente « vêtu à la mode de la campagne, un pourpoint bleu à la mode de Pluguffant, un chapeau à basse forme rabattu, taille 5 pieds 1 pouce (lm68), visage rond et un peu décharné, cheveux gris, yeux bleus, front large, nez aquilin, bouche grande et menton rond ». Il fournira aussi des renseignements selon lesquels il y a de l’argent aux fermes de Kereven en Clohars-Fouesnant et à Lesquidic en Pleuven. Mais son rôle est encore plus actif: il fera partie du groupe de quinze ou seize hommes qui vont s’en assurer sur place, et participera même au vol avec violences. Germain Le Dars ne pouvait se douter que, riche de ses 38 écus, il devenait la proie de scélérats sans scrupules... d'autant que, le jour même, il rencontrait son propriétaire Alain de Kergos pour lui régler le montant de son bail: la vente des deux cochons avait été faite dans ce but seulement, et des 38 écus, il ne lui en restait plus un seul le soir même ! Les Tommerien investissent le moulin du Pont Dans la nuit du 19 au 20 février 1797, (l er au 2 ventôse de l'an V), vers minuit, alors que la maisonnée s’est endormie une horde d'une quinzaine de malfaiteurs armés, sinistrement déguisés, le visage sommairement noirci au charbon, s'arrête au Moulin-du-Pont. Les hommes se regroupent devant l’auberge, en brisent la porte, et huit d'entre eux investissent les lieux ; 1 'un des malfrats est armé d’un sabre; un autre porte la lumière. Ils forcent Germain Le Dars à quitter son lit en chemise, s'emparent de son fusil. Ils lui ordonnent de les suivre a la maison attenante où dorment sa fille Marie et sa petite-fille Anne; ce soir-là, son gendre, le meunier Yves Houarner, est absent. Ils fouillent sans ménagement cette maison, et, ne trouvant pas d'argent, 4/10
  • 5. réclament alors à haute voix les 38 écus, prix des deux cochons qui ont été vendus. Germain Le Dars leur explique qu'il n'a plus cet argent, qu'il l'a remis à M. de Kergos en paiement de sa ferme. Les malfrats s'énervent, menacent alors de l'assassiner, lui ainsi que les membres de sa famille; ils lui portent des coups de poing et « de plat de sabre ». Ils lient les pieds et les mains du pauvre homme et des gens de la maison: ses filles, le domestique du moulin Guillaume Le Gal (22 ans). Selon leur procédé habituel, ils arrachent du chaume du toit de la maison pour le mettre dans la cheminée, y jettent de la poudre à tirer ou poudre à canon et des allumettes. Une dernière fois, ils somment Germain Le Dars de leur remettre son argent; il doit encore jurer qu'il n'en a plus... Là, « ils présentèrent Germain Le Dars tout nu à ce brasier ardent, ils I’y mirent jusqu'à la ceinture, en lui brûlant les jambes, les cuisses et les parties génitales ». Non contents, les sadiques personnages « le passèrent dans le feu en l'accablant de coups et prononçant des grands jurements pour lui faire avouer où était son argent, qu’après l'avoir ainsi brûlé, ils le laissèrent presque mort sur son foyer et se retirèrent après lui avoir pris plusieurs hardes ... ». Viol de la petite fille du meunier Pendant ce temps un autre drame se joue au moulin. Plusieurs des malfaiteurs qui fouillaient la maison du meunier sont rentrés « dans l'appartement », dans la chambre de Anne Houarner; « Hervé Thalamon, l'un d'eux, lui dit que si elle ne lui apprenait pas où était son père, il couchait avec elle; que ses camarades qui avaient la lumière s'étant retirés, il resta après eux dans l’obscurité, frappa Anne Houarner dans son lit, excita les cris de celle-ci par ses excès et la viola ou tenta de la violer ». Hervé Thalamon se rendait ainsi coupable «d'avoir vaincu de force la pudeur d'Anne Houarner et de l'avoir violée ou tenter de la violer», ce qui lui vaudra, en sus des autres crimes commis, la peine de mort. Meunier âgé de 42 ans, notre homme n'était pas un Don Juan, il était reconnaissable à « une grosse bosse sur le front» et à son nez cassé. Méchant, violent, vicieux, ivrogne, il était craint et détesté en campagne. Sa réputation n'était pas usurpée. . . Partage du butin A 1 heure du matin, les bandits quittent le Moulin-du-Pont en direction de Quimper; ils s'arrêtent pour partager leur butin quelques cinq cents mètres plus loin (un demi-quart de lieue), près d'une petite auberge, une « loge », ou « chambrière », selon les termes employés, chaumière couverte de genêts, située sur le village d'Ergué-Armel. Ils y réveillent les aubergistes, Pierre et Françoise Le Signour, mais, tout en leur interdisant de sortir ou de se mettre à la fenêtre, ils exigent d'être servis en eau-de-vie. L'un des malfaiteurs, Yves Moulin, fera le service et apportera l'alcool aux malfaiteurs restés à l'extérieur. Le Signour témoigne que Moulin « s'étant présenté à la fenêtre demander de l'eaude-vie, et avoir sommé le dit Signour de ne point sortir ou peine lui arriverait, qu'il entendit les individus sans savoir le nombre se disputer et se battre, qu'ils avaient bu dehors un pot d'eau-de-vie et que ce fut Yves Moulin qui paya tout. Ce Yves Moulin fait figure de naïf dans ce dossier: il paie la note et il est évident qu'il sera reconnu... d'autant que, ivre mort, il restera sur les lieux jusqu'au lendemain! Journalier de profession, il est au moment des faits le « domestique du citoyen Danielou, recteur d'ErguéArmel ». Il a 35 ans, demeure rue Dorée à Quimper et sa description est la suivante : « vêtu en artisan, pantalon de toile, veste bleue et courte, chapeau rabattu et à basse forme, taille d' environ 5 pieds (lm65 environ), visage ovale, cheveux courts et noirs, nez et bouche ordinaires, menton rond ». Le partage du maigre butin ne se passe pas calmement, visiblement les Tommerien sont déçus de n'avoir pas trouvé d'argent ; une bagarre oppose là les malfrats avinés et excités. 5/10
  • 6. Les objets volés chez Le Dars consistent en « 28 aulnes de toile de chanvre neuve, une bouteille d'eau-de-vie, deux pots de grès, des pipes neuves de Locmaria, une hache et un pain de graisse». Descente du Juge de Paix Le 20 février, Allain Clorennec, juge de paix de Fouesnant résidant à Pleuven, alerté par la rumeur, se déplace au Moulindu-Pont opérer quelques constatations. Il remarque de prime abord plusieurs leviers de bois abandonnés près de l'entrée de l'auberge, puis en voit la porte fracturée et la serrure arrachée. Rentré dans la pièce, il constate l’état pitoyable de Germain Le Dars, couché. « Il nous a fait voir que ses pieds, ses jambes et ses cuisses jusqu'aux fesses ne formaient qu'une seul plaie avec escarres, accompagnée d'une inflammation générale, gonflement et douleur extrême, de grandes fièvres...». Malgré sa faiblesse, l’aubergiste est à même de dénoncer l'un des deux agresseurs qui le tenaient dans le feu comme étant Hervé Bourgeon, « charbonnier demeurant à Quimper près de la fontaine saint-Corentin ». Sa fille Catherine donne plus de détails; elle était présente au moment du crime et a reconnu malgré leurs déguisements les meuniers Prigent père et fils du moulin de Lanroze d'Ergué-Armel, Pierre Donnard, « un vieux domestique ou journalier qui a coutume de tenir les pieds des chevaux à Jean Le Marrec, maréchal ferrant à la rue Neuve de Quimper » ainsi que l'ex-meunier du moulin de Bodinio et « un homme de Locmaria près Quimper, grand homme ayant un nez large et travaillant à la manufacture d'Eloury ». On s'aperçoit alors que le noyau dur langolinois des Tommerien a été prudent et a préféré rester au-dehors attendre le butin, poussant des voyous à commettre les violences au risque d’être reconnus par les,témoins. Arrestations des premiers complices Alors qu'il enquête au Moulin-duPont, on vient prévenir le juge que deux individus au comportement étrange ont été repérés près de l'auberge des Signour. En fait ces hommes sont ivres. Le juge Clorennec remarque qu'ils sont en possession des objets volés chez Le Dars et décide aussitôt de les arrêter: il s'agit de Yves Moulin, dont nous avons parlé précédemment, et de Noël Thomas. Après le partage du produit du vol, ils ont bu plus que de raison et, abrutis par l’alcool, n’ont pas été à même de quitter les lieux de leur forfait! Le juge de paix n'a qu'à les cueillir, et toujours ivres, les deux malfrats le suivent sans trop de difficultés vers le bourg de Pleuven. Si un moment Yves Moulin sort un couteau pour en menacer Clorennec, ce dernier n'a pas de mal à le désarmer. . . En cours de route, le juge reçoit les premières déclarations; il les jette en prison à Pleuven et renvoie leur audition au jour suivant: « Ils seront interrogés le lendemain lorsqu'ils auront cuvé leurs boissons » inscrit-il sans ambages sur son procèsverbal relatant les démarches... Hélas, Noël Thomas ne lui en laissera pas le temps car il s'échappe de sa geôle de Pleuven au petit matin du 21 février. . . Le gaillard est souple (il mesure Im65), « il s'est évadé le matin de ce jour par une fenêtre qui n'a que 5 pouces et demi de large sur onze pouces de hauteur et en bonne maçonne » (soit environ 15 centimètres sur 30), nous renseigne-t-on. Il ne sera arrêté que le 30 mai suivant (11 prairial an V) au moulin de l'Abbé à Guellevain (Edern) après qu'un mandat d’arrêt aura été lancé à son encontre. Ce Noël Thomas est un garçon-meunier originaire de Châteaulin, il a 30 ans et demeure rue Dorée à Quimper. Il a un oeil au beurre noir depuis la bagarre de la veille. « Vêtu en artisan, ayant un mauvais pantalon de toile, un gilet croisé court et bleu et un chapeau à basse forme rabattu », voilà sa description. Quant à Yves Moulin, il se contredit dans ses dépositions, et dans une piètre défense, indique avoir été trouvé près du Moulindu-Pont car il avait quitté son domicile de Quimper le soir du crime uniquement dans l'intention de chercher du cidre à Fouesnant. Pourquoi aller chercher du cidre la nuit ? 6/10
  • 7. Il ne s'en rappelle plus. La hache qu'il avait sur lui ? Non, ce n'est pas celle de Le Dars, c'est la sienne bien sûr... Et pourquoi s'encombrer d'une hache pour aller simplement acheter du cidre? Là, Moulin ne sait plus quoi répondre aux questions ironiques de son juge. . . Poursuite de l'enquête Le 22 février, l'enquête reprend de plus belle par les autorités quimpéroises. Le Commissaire du pouvoir exécutif de Quimper, Baron de Boisjaffré, décide d' effectuer la nuit du 22 au 23 février une visite domiciliaire au moulin voisin de Lanroze à Ergué-Annel, situé à une demilieue de celui du Pont. Il s'avère selon des témoignages concordants que le lieu de ralliement des Tommerien avant la commission du crime était bien ce moulin. . . Noël Thomas indiquera plus tard, lors de son arrestation, qu'il avait quitté le soir des faits Quimper à dix heures du soir en compagnie de Yves Moulin. « Ils rejoignent les meuniers à Lannroz où il avait grande assemblée ... ». S'il minimise sa participation (lui n’était là que pour réparer sa meule), il reconnaît qu'il y avait du monde ce soir-là, entre autres « deux militaires, un hussard, Louis Prigent et son fils, Yves Moulin et un faiseur de cribles ». Ledit faiseur de cribles s'avère être Pierre Donnard, « cribleur de profession et tenant parfois les pieds des chevaux à Jean Le Marc ou Goulhen, maréchal ferrant en la dit te rue Neuve ». Il a 56 ans, « vêtu en artisan, ayant un pantalon de toile bien sale, taille 5 pieds, visage ovale un peu décharné, cheveux gris, yeux noirs, nez retroussé, bouche ordinaire et menton rond ». Le meunier de Lanroze, Louis Prigent, et son fils aîné ont filé avant la perquisition du Commissaire, mais les enquêteurs trouvent derrière la maison « un coupon de toile blanche d'une aulne et demi et un chapeau rond d'enfant ». Le Dars reconnaît sa toile, et Guillaume Le Gac, son aide, reconnaît son chapeau. Les arrestations des différents complices du crime vont s'opérer rapidement les jours suivants. Yves Brunet, un autre complice, ne sera interpellé que peu avant le procès. Seul le noyau langolinois des Tommerien échappera aux poursuites et pourra poursuivre ses méfaits en toute tranquillité. Quant au malheureux Gennain Le Dars, il décède le 8 mars 1797 et sera enterré à Pleuven le 10 mars suivant (20 ventôse an V). Condamnation des malfrats Le Tribunal criminel, présidé par Penguilly- L 'Haridon, rendra son arrêt de condamnation le 4 juin 1797 (16 prairial an V). Yves Moulin, Pierre Donnard, Hervé Bourgeon, Alain Horellou, Noël Thomas et Yves Brunet sont déclarés coupables d'avoir « commis cet homicide méchamment, à dessein et avec préméditation, ainsi que le vol qui s'en est suivi, de nuit, dans une maison habitée, avec effraction extérieure, excès et violences, et par des hommes armés » : ils sont condamnés à mort. Le sort du voleur et violeur Thalamon sera réglé plus tard dans une autre procédure, et un arrêt du Tribunal criminel présidé par Le Guillou-Kérincuff, en date du 5 septembre 1797 (19 fructidor an V), condamnera l'intéressé à la peine capitale malgré des dénégations de principe. Le crime de Kereven à CloharsFouesnant en avril 1797 : un crime odieux et une victime négligée « Les campagnes du Finistère échappées à la raaz (sic) des chouans se sont vues tout a coup exposées a une espèce d'hommes plus féroces encore, à des bandes de scélérats que sous tous les points de la République l'on signale sous le nom de chauffeurs », déclarent les Administrateurs du Département au Ministre de la Police générale le 18 juin 1797 (30 prairial an V) dans une note figurant au dossier des Tommerien. L'un des crimes commis par les Tommerien à CloharsF ouesnant nous paraît d' autant plus odieux que la pauvre victime terrorisée, le paysan François Nédélec, refusera de témoigner, et que l' Administration ne s'inquiétera plus dès lors de son sort : 7/10
  • 8. Il mourra peu après dans la plus grande indifférence. . . Même si les coupables seront condamnés à mort pour d'autres faits sin1ilaires, il est bon de rendre justice à ce pauvre homme. Agression de François Nédélec Dans la nuit du 18 au 19 avril 1797 (29 au 30 germinal an V), François Nédélec, cultivateur de 52 ans, est sauvagen1ent agressé par un groupe de Ton1nlerien, et brûlé selon leurs n1éthodes habituelles. L’on se souvient que la ferme de Kereven à Clohars-Fouesnant avait été signalée aux malfaiteurs par leur indicateur Horellou con1nle étant une ferme riche n1ais il sen1ble, alors même que l’Administration connaissait cette information, qu'elle ait on1is d'en prévoir les risques, et notamment de prévenir en ten1ps voulu les fermiers. . . François Nédélec, veuf d'une pren1ière union avec Jeanne Rannou (mariage célébré à Clohars-Fouesnant le 3 juillet 1769), s'était ren1arié le 23 noven1bre 1790 avec une femme de Pleuven, Marie Le Rhun. François Nédélec refuse de déposer une plainte après son agression, la crainte des représailles pron1ises est trop forte. C'est le « bruit public » qui remonte à l' Administration; dans les mêmes temps, le 28 n1ai 1797 (9 prairial), le châtelain Alain Kemafflen de Kergos écrit égalen1ent à l'autorité pour signaler les faits dont a été victin1e son fermier . De plus, la sinistre troupe des Ton1n1erien de Langolen vient d’être enfin arrêtée entre le 20 et le 25 mai 1797, n1ais l'infortuné François Nédélec, incapable de se déplacer du fait de ses blessures, ne peut venir à Quin1per tén1oigner et participer à la confrontation prévue pour confondre ses agresseurs. Sinistre confrontation Le Président du Jury d' Accusation, Gaillard, ordonne alors le transport sur les lieux du Tribunal crin1inel du Finistère le 31 n1ai 1797 (12 prairial) avec les chauffeurs langolinois en attente de jugement. Un étrange et bruyant convoi se déplace ce jour là sur la route de Quin1per à Bénodet. Précédés de plusieurs notables en voiture à cheval ou sur leurs n1ontures, des gendarmes et des soldats escortent treize prisonniers enchaînés qui, lentement, marchent vers la ferme de Kereven. Ce sont François Le Treut, le chef des Tommeriens, les Thalatnon père et fils, Joannès, Peuziat, Perchec, Le Gars, Le Feunteun, Le Meur, Ollivier, Lucas, Chiquet et Crane. Arrivés à destination, un homme se détache du groupe, c’est le Président Gaillard: il rentre dans la sombre demeure où un triste spectacle l'attend. Sur la terre battue, une couchette a été étendue, et un homme gît sur ce lit de fortune : c'est François Nédélec, le fermier; son corps n'est que plaie et pus depuis qu'il a été torturé il y a quarante jours par les redoutables Tommeriens. « Etendu dans une couchette de lit sur terre, pieds et mains enveloppés de toiles, parlant d'une voix éteinte », il explique à son interlocuteur qu'il ne peut plus marcher, ni même bouger ses jambes, et à fortiori vaquer à ses occupations agricoles. Gaillard fait alors réunir dans la pièce Marie Le Roux l'épouse, Philibert Rousseau, le valet ainsi que la servante. La confrontation commence, les treize hommes à la mine patibulaire sont introduits ensemble dans la pièce: mais maîtres et domestiques ne peuvent ou ne veulent en reconnaître aucun. Est-ce la crainte qui empêche les Nédélec de s'exprimer ? Certainement. Les méthodes utilisées par les Tommeriens inspirent la terreur. 8/10
  • 9. La peur des représailles promises en cas de délation (assassinat, incendie de la ferme) fait taire les victimes. A Langolen, ceci s'est confirmé à plusieurs reprises et jamais les villageois n'ont osé dénoncer les malfaiteurs dont les noms étaient connus au premier crime ! Le Président Gaillard quitte les lieux, mais avant de partir, confie François Nédélec aux soins de l'officier de santé qui l'examine d'abord: « L’homme de l'art ayant ôté les bandes de linge qui couvraient le malade, il m'a fait voir les pieds et les mains brûlés, étant en suppuration totale, de grandes plaies sur les épaules et sur d'autres parties du corps ». L'officier va lui apporter quelque soulagement; mais la médecine de l'époque est incapable de guérir de telles brûlures, et le pauvre homme décède le 29 juin suivant (11 messidor) à sept heures du soir. Il sera enterré à CloharsFouesnant le lendemain. Ce décès se produira dans la plus grande indifférence de l'Administration. Certes les malfrats seront condamnés à mort pour de multiples crimes - qu'ils nieront tous d'ailleurs malgré les évidences! -, mais celui-ci ne leur sera pas imputé du fait du silence de la victime. . . L'acte de décès de François Nédélec ne figure pas dans le dossier; le procès-verbal de Tribunal criminel n'est suivi supplétif d'information. . . recherches du modeste rétablissent les faits. transport du d'aucun acte Ce sont les auteur qui Les procès des Tommerien Avant d'évoquer ces procès, il est bon de s'interroger d'abord sur les lenteurs d'une jeune Administration républicaine, sur les dysfonctionnements de sa police ou de son système judiciaire. Il aurait suffi d'un seul acte de justice décerné plus tôt - comme le mandat d'amener- pour éteindre la fougue des Tommerien langolinois. Pourquoi les autorités ne sont-elles pas intervenues plus tôt ? On peut fustiger leur lenteur et leur inefficacité. Peur des témoins Elles ont pourtant été alertées par la rumeur publique; c'est seulement le 6 mai que le juge de paix de Briec, bien informé en l'absence de plaintes précises, s'est déplacé dans toutes les fermes de Langolen où ont eu lieu des vols. « Là, dit-il en son rapport, la crainte paraissait les empêcher de découvrir les coupables parce qu'ils ont menacé de les incendier ». 9/10
  • 10. Ce rapport portant le nom des suspects est transmis à l'accusateur public, qui, trois jours après, soit le 9 mai, signale au Jury d'accusation l'existence des scélérats et demande une répression totale. L'aspect politique même n'est pas négligé: la République est consciente que l'émergence de désordres, dont l'origine importe peu, sert fatalement l'adversaire. Aussi suspecte-t-on les Tommeriens d'avoir des relations avec d'autres bandes du Morbihan, voire d'être près de glisser dans la chouannerie « s'il se présentait quelque circonstance favorable à leurs projets, on verrait en un moment se former une troupe nombreuse armée, équipée , qui renouvellerait toutes les horreurs de la Chouannerie... Il est de la plus grande importance d'arrêter cette organisation dans son principe ». Mais c'est prêter là beaucoup d'ambition à une troupe de simples malfaiteurs ! Un dernier vol commis à PlonéourLanvern dans la nuit du 20 au 21 mai est le détonateur de la répression. Les cultivateurs, durement malmenés par les bandits, révèlent immédiatement les faits aux autorités, et ce jour-là, enfin, un mandat d'amener est lancé contre Le Treut et Peuziat. Ce seul acte de justice, le premier, marquera l'arrêt des vols avec violences dans notre pays. Un coup de filet permet d'arrêter les scélérats les jours suivants, entre le 20 et le 25 mai. De nombreux Langolinois seront cités comme témoins pour les sept procès prévus sur quatre jours, du 2 au 5 sep- tembre (16 au 19 fructidor). Mais les pressions continuent dans le village. Le jeune tisserand du bourg, Jean Le Gars, déclarera au juge que trois jours avant l'audience, « la femme de Françoise Le Treut et Catherine sa servante le menacèrent et lui dirent que tous ceux qui déposaient contre les prévenus seraient battus ou tués ». Mais les Langolinois ne se tairont plus, et leurs témoignages précis permettront les condamnations des Tommeriens qui, eux, ont pris le parti de tout nier. Condamnation des Tommerien Cinq des Tommeriens sont condamnés à mort par le Tribunal criminel du Finistère, sous la présidence de Le Guillou de Kérincuff. Le premier jour du procès, le 2 septembre 1797, c’est le sort réservé à François Le Treut et à Alain Peuziat ; le 4 à Yves Barré ; et le 5 à Hervé Thalamon père, puis à Michel Joannès. Revêtus d’une chemise rouge, ils seront exécutés quelques jours après à Quimper. Quant aux complices, Guillaume Le Gars, Jean Le Meur et Thalamon fils, ils sont condamnés à vingt-quatre ans de fer et conduits au bagne de Brest après avoir été exposés six heures sur l’échafaud dressé place SaintCorentin à Quimper. Sources : Archives départementales, Centre de généalogie de Quimper. L’histoire des Tommerien est longuement évoquée dans la partie révolutionnaire du livre « Langolen, chronique d’un village de BasseBretagne » écrit par A. Le Douget. 10/10