Rencontres du numérique: Stéphane Roche
Des citoyens-capteurs aux médias sociaux: nouveaux indicateurs, nouvelle urbanité?
https://www.itis.ulaval.ca/cms/lang/fr/pid/128546
Jeudi 11 septembre 2014, 19h à 20h30
à la bibliothèque Gabrielle-Roy, salle Gérard-Martin
La révolution numérique a profondément transformé notre manière d’imaginer et de construire la ville. La géolocalisation, omniprésente, ouvre de nouveaux horizons et dévoile ainsi de nouveaux indicateurs.
Des traces conscientes aux traces inconscientes laissées par les citoyens, des capteurs physiques aux médias sociaux, le professeur Stéphane Roche explorera au fil de cette conférence ces pratiques et cette « nouvelle urbanité » qui y est rattachée. L’intelligence géospatiale peut-elle rendre la ville plus intelligente?
Conférencier :
Stéphane Roche, professeur au Département des sciences géomatiques, Université Laval
À propos du conférencier…
Stéphane Roche est professeur titulaire de sciences géomatiques à l’Université Laval, où il enseigne les systèmes d’information géographique (SIG) et la cartographie. Il s’intéresse à l’exploration des relations entre les concepts de capital spatial et d’engagement des citoyens dans le contexte des villes intelligentes. Il participe actuellement à divers projets de recherche subventionnés portant sur l’analyse des relations entre l’espace et les sociétés humaines. Il coordonne actuellement, de concert avec Québec numérique et la Ville de Québec, le projet Québec 3.0.
1. Les Rencontres du numérique
Des citoyens-capteurs
aux médias sociaux:
nouveaux indicateurs,
nouvelle urbanité?
Conférencier : Stéphane Roche,
professeur, Département des sciences
géomatiques, Université Laval
Informations :
www.itis.ulaval.ca
Twitter: @itis_ul ou #BiblioITIS
15. Hiérarchiser les lieux
Présenter ses lieux préférés
Exposer ses opinions
Partager des émotions
Se surveiller, surveiller ses proches,
surveiller les autres
Gérer sa famille
Laisser des traces
Retrouver les traces de ses amis
Jouer dans des espaces réels ou virtuels
Organiser spatialement son monde
personnel
Source: Matthieu Noucher, 2014
Quels usages ?
16. Hiérarchiser les lieux
Présenter ses lieux préférés
Exposer ses opinions
Partager des émotions
Se surveiller, surveiller ses proches,
surveiller les autres
Les traces…
Gérer sa famille
Laisser des traces
Retrouver les traces de ses amis
Jouer dans des espaces réels ou virtuels
Organiser spatialement so
31. Nouveaux indicateurs
d’urbanité
• La hiérarchie des lieux urbains, les
nouvelles centralités,
• Les réseaux et leur évolution temporelles
• La formation des lieux (événement +
localisation), leur récurrence, leur
permanence, leur virtualisation…
• Les mobilités urbaines, en particulier les
mobilités actives et les lieux de connexion
modales,
38. - réapprendre la déconnexion
- repenser son usage de la géolocalisation
sociale
- poids de nos micro-décisions personnelles
- compétences spatiales et numériques
Bonjour,
Je remercie l’ITIS pour l’invitation et la chance de partager la tribune avec autant d’intelligence.
Mon objectif aujourd’hui est assez simple: Vous convaincre tout d’abord que l’analyse de cette forme particulière de données de masse que certains qualifient de données géosociales nous offrent de nouvelles pistes de compréhension de nos sociétés modernes, de nouveaux indicateurs d’urbanité, de nouvelles voies de lecture des dynamiques urbaines en œuvre dans les villes contemporaines ; vous sensibiliser également aux risques de dérives associées et par conséquent à la nécessité de repenser notre rôle de citoyen numérique engagé.
Pour commencer, je reviendrai rapidement sur trois phénomènes caractéristiques de notre société hypermoderne, cette société des réseaux, en réseau.
Le premier phénomène est souvent qualifié de révolution géospatiale ou encore de « global location age ».
le tout localisé
vraiment tout
La glocalisation
l’élément le plus fondamental de ce phénomène est sans aucun doute cette capacité nouvelle de contextualiser en un temps et un lieux donné des idées partagées globalement, de les décliner localement. Des situations comme le printemps arabe ou encore le mouvement Occupy en sont des exemples caractéristiques.
Les médias et les réseaux sociaux, le web social, le web 2.0, peu importe comment on le nomme, ce renversement de dynamique et ces nouvelles formes de sociabilités numériques qui transforment assez radicalement nos manières d’être et d’agir en société constituent le second phénomène. Nul besoin d’insister sur cela si ce n’Est pour rappeler combien ce dernier est lourd de conséquence sur les modes de production, de partage des connaissances et savoirs. Milad Doueihi parle d’un nouvel humanisme numérique.
Même Martin voudrait passer au numérique
Manuel Castells répète depuis quelques années déjà que le Web 2.0 c’est l’individualisme en réseau, le culte du moi localisé, partagé, exposé…
Chacun y est en mesure de capter et de diffuser un fait, une opinion, une émotion, un sentiment localisée, mettant ainsi en scène son espace personnel.
Enfin les données, les données massives, cette abondance (ce déluge de données) auquel nous sommes confrontés. Je ne renterais pas dans le détail ou dans une tentative de définition, mais je retiens les trois éléments qui me semblent importants: le volume, la variété et la vélocité de ces données.
Pour celles qui m’intéressent en particulier ici, les données géosociales, je rajouterais la viralité et les liens (sociaux, spatiaux…) ces liens qui donnent du sens, de la valeur ajoutée aux données. Je rappellerais juste pour illustration, en particulier pour celles et ceux qui ont raté leur cours de géographie 101, la première loi de la géographie selon Waldo Tobler, Géographe contemporain américain, : « Tout interagit avec tout, mais deux objets proches ont plus de chance de le faire que deux objets éloignés».
les médias et réseaux sociaux sont avec le commerce les principales sources d’alimentation
Alors c’est quoi ces données géosociales?
pour faire simple lorsque la géolocalisation est utilisée pour ajouter des éléments de dynamique sociale.
Exemple de “Foursquare” ou de “Mes Amis”.
on trouve même des applications pour éviter de rencontrer certaines personnes que l’on ne souhaiterait pas voir.
Si l’on y regarde de près quels sont aujourd’hui les usages de ces données? Nombreux, variés… je m’intéresse aujourd’hui en particulier aux traces.
Ces traces que l’on laisse ou ces traces dont précisément on cherche la trace…
Il y les traces explicites. Celles que l’on produit, que l’on diffuse explicitement et consciemment (en en mesurant plsu ou moins la portée et les impacts potentiels).
Par exemple le type de services et applications comme la-trace.com.
Mais il y a aussi les traces que l’on laisse sans le savoir, sans le vouloir… dont on ignore les usages précis qui pourraient en être faits.
Il y a ces traces explicites particulière qui se développe au rythme de progression du phénomème du moi quantifié, un mouvement nait vers la fin des années 2000, qui regroupe les outils, les principes et les méthodes permettant à chacun de mesurer ses données personnelles, de les analyser et de les partager.
Les outils du moi quantifié peuvent être des applications mobiles ou des applications Web.
Le tout permettant de “monitorer” ses pratiques, ses performances, de les analyser, les représenter et de les partager et de les comparer (souvent via les réseaux sociaux ou des réseaux spécifiques dédiés à une communauté d’intérêt formée pour l’occasion)
Des applications potentielles et certaines déjà en œuvre dans le domaine des Sciences citoyennes. je pense en particulier au potentiel des « mobilités actives équipées ».
Et il y a ce potentiel énorme et tout juste exploré de la visualisation de données. Ici où les gens courent-ils à Boston?
Les checkins Foursquare, Teriitutea Quesnot, l’un de mes étudiants au doctorat explore par exemple actuellement le potentiel des checkins à constituer des bases de données d’aide à la navigation marchée (mobilité urbaine)
Au fond ces données, certaines très personnelles, que nous produisons et que nous partageons sont des révélateurs de ce que les géographes qualifient de spatialités individuelles et collectives, c’est-à-dire l’ensemble des actions que nous engageons pour gérer nos relations aux espaces que nous pratiquons (mobilités, choix de localisation, évitement, etc.). Pour ce faire nous mobilisons un certain nombre de compétences spatiales, et de plus en plus d’outils.
Et ces spatialités racontent en quelque sortent nos histoires spatiales, ces histoires que nous matérialisons plus ou moins consciemment à l’aide des outils et données géosociales.
Et elles ne sont pas triviales ces histoires au contraire
Car en effet, nos choix (de résidence ou de déplacements par exemple), nos pratiques de tels ou tels lieux, sont tout aussi sinon plus performatifs que les décisions de gestion ou d’aménagement. Et c’est bien pour cela que les comprendre est un enjeux d’intelligence urbaine.
Elles sont impactantes car elles modèlent indirectement les lieux urbains et elles sont en tout état de cause utiles pour orienter et guider les choix en matière de design urbain par exemple.
Ces données géosociales offrent par exemple la possibilité de penser/concevoir de nouveaux indicateurs pour par exemple mieux comprendre:
La hiérarchie des lieux urbains, les nouvelles centralités,
Les réseaux et leur évolution temporelles
La formation des lieux (événement + localisation), leur récurrence, leur permanence, leur virtualisation…
Les mobilités urbaines, en particulier les mobilités actives et les lieux de connexion modales,
…
L’urbanité décrit les spécificités, points de vue, réactions et modes de pensée associés au fait de vivre en ville
Elles sont de nouvelles sources d’intelligence urbaine (comprendre, faire du lien et réagir dans un temps adéquate)
Mais attention… les dérives possibles existent, j’en appelle à votre vigilence.
effet big brother
Noam Chomsky fameux linguiste et activiste du MIT rappelait en novembre dernier los d’une conférence intitulé “Big Data or Bad Data” que l’histoire ne nous offre aucun exemple d’une organisation, d’un pays… qui n’aurait pas tenter d’utiliser une innovation pour assoir son contrôle et son pouvoir.
Marché des données personnelles
expliquer pour les lieux aussi
catégorisation, conformité et dérive (contrôle, auto-affectation…)
perte de la capacité de découvrir, d’innover