2.
Muriel Salmona,
psychiatre, psychothérapeute en psychotraumatologie, responsable de l’antenne
92 de l’institut de victimologie
Les conduites à risques dissociantes sont les
conséquences psychotraumatiques des violences subies
Ces conduites se mettent en place quand la victime, traumatisée, est abandonnée,
Sans reconnaissance, sans protection et sans prise en charge et soins spécialisés
3.
Le travail de l’amygdale et
de l’hippocampe
L’amygdale reçoit l’information « brute »
et va la diriger vers l’hippocampe qui va la
traiter (mémoire biographique)
4.
L’émergence d’une violence génère une alarme
émotionnelle
La soudaineté de la violence, l’impuissance face à la
violence, le non sens de la situation, vont bloquer le
cortex: c’est la sidération
Le phénomène de
sidération
5.
De la sidération à …
La réaction émotionnelle (siège= agmydale) devient de plus en plus forte. Les glandes
Surrénales produisent une forte quantité de cortisone et d’adrénaline
(risque vasculaire, risque cardiaque)
6.
… la dissociation
Pour éviter le risque, le cerveau réagit: il sécrété
de fortes quantité de kétamine et de morphine.
L’amygdale cérébrale est isolée, confinée= elle ne
peut plus envoyer de message émotionnel.
Cette anesthésie émotionnelle, c’est la dissociation.
La dissociation va stopper la surproduction de kétamine
et de morphine.
7.
Sentiment d’étrangeté
La victime vit la situation comme si elle était en
dehors de cette situation
La victime ne ressent plus ni la douleur ni l’émotion
Une « déconnection » qui fait que la victime va
mettre longtemps à comprendre ce qui est arrivé
Les effets de la
dissociation
8.
La mémoire émotionnelle emmagasinée au moment
de la violence reste stockée dans l’amygdale
Elle n’est pas dirigée vers l’hippocampe, traitée et
intégrée à la mémoire biographique
Le moindre élément qui rappelle la violence
originelle (odeur, couleur, son, mot…) va réactiver
cette mémoire traumatique= la victime revit, à
l’identique la violence initiale.
La mémoire traumatique
9.
Un moyen d’échapper au mal-être et à l’angoisse qui
envahissent la victime quand le lien se fait avec la
violence initiale
Permettent aussi à la victime d’anticiper le moment
où elle va être à nouveau exposée à des violences
La victime traumatisée fait vite l’expérience que
certaines conduites permettent d’échapper à la
mémoire traumatique= elle va chercher à provoquer
une disjonction ou un état dissociatif
Les conduites à risque
dissociantes:
une stratégie de la victime pour
échapper à la mémoire traumatique
10.
Les mises en danger: ce sont des conduites
addictives au stress. La mise en danger provoque un
stress qui va conduire le cerveau à produire toujours
plus de drogues dissociantes
Créer directement un état dissociatif: drogues
dissociantes (tabac, alcool, stupéfiants), techniques
dissociantes ( balancements, mouvements saccadés,
auto hypnose, musique très forte)
L’auto anesthésie
émotionnelle
11. Réactivation permanente de la mémoire traumatique= aggravation des
troubles psycho traumatiques
Troubles cognitifs (attention, mémoire, concentration)
Sentiment de dépersonnalisation (ne plus se comprendre), baisse estime
de soi
Addictions
Conduites compulsives (anorexie, boulimie)
Isolement social, échec scolaire et professionnel, marginalisation
Stigmatisation, incompréhension et rejet par l’entourage
Risque de la répétition, comme victime et comme auteur
Risque de banalisation, de minimisation des violences, parfois
dépendance à l’auteur des violences
Jeux dangereux, mauvais résultats, mauvaises fréquentations
Risque vital important: accident, suicide
Le cout de l’auto
anesthésie
13.
Aider la victime à mettre des mots sur chaque situation,
chaque comportement, chaque émotion
Aider la victime à comprendre le contexte, à analyser ses
réactions et l’attitude de l’auteur de la violence
Cela permet à l’hippocampe de reprendre le contrôle de
l’amygdale cérébrale, de traiter la mémoire traumatique
et de l’intégrer à la mémoire biographique (consciente et
contrôlable)
Cela permet à la victime de laisser l’agresseur seul face à
l’acte de violence (son histoire, qu’il imposait à la victime
lui revient au visage) et de le placer en position d’avoir à
verbaliser et comprendre ce qu’il a fait…
Traiter la sidération
14.
Un enjeu sociétal
incontournable
Son étude (Farrington 1995) porte sur 400 londoniens
(auteurs ou victimes de violences lorsqu’ils avaient entre 8 et 21 ans)
suivis pendant plus de 3 décennies.
15.
« Un enfant qui grandit avec papa et maman qui
s’aiment, sa petite chambre, des devoirs surveillés,
aura forcément des bonnes notes. Les notes ne sont
pas le reflet de l’intelligence mais le miroir de la
stabilité affective »
Boris Cyrulnik, propos
tenus dans le point,
29/09/2011