Más contenido relacionado
La actualidad más candente (19)
Similar a Article compression sib (20)
Más de sfa_angeiologie (20)
Article compression sib
- 1. © Éditions ESKA, 2012
PHLÉBOLOGIE
Connaissances, attitudes et pratiques
des médecins de Dakar
sur la compression veineuse
A.E. SIB, S. PESSINABA, H. KAFANDO, A.A. NGAÏDÉ, B. DIACK, A. MBAYE, DIAGNE-SOW,
M. KANE, A. KANE
Correspondance : Dr Armande Elodie SIB. Service de Cardiologie, Hôpital Général de Grand Yoff
(Service du Professeur Abdoul Kane). BP : 3270 Dakar, Sénégal. Email : saelo2001@yahoo.fr
Résumé
Introduction
La compression veineuse (CM) est une technique qui utilise des dispositifs pour le traitement et la prévention des
pathologies veineuses et lymphatiques des membres. Le
terme de compression est utilisé en tant qu’appellation
générale pour désigner soit la compression par un textile
élastique soit la compression par un textile inélastique (ou
contention). Il existe de nombreux produits dont les caractéristiques techniques sont : le type, la classe de compression, la marque, le textile. Les signes cliniques et les symptômes de ces pathologies sont nombreux. Nous avons mené
une étude dans le but d’évaluer la prescription de la compression veineuse par les médecins à Dakar ; elle a montré
que leurs connaissances, attitudes et pratiques, sur la compression veineuse ne sont pas bonnes à Dakar.
Mots-clés : Compression veineuse, connaissances, attitudes, pratiques, pathologies veineuses et lymphatiques.
La compression veineuse (CM) est l’appellation générale
pour désigner soit la compression par un textile élastique
soit la compression par un textile inélastique ou contention.
Elle est utilisée pour la prévention ou le traitement des
désordres veineux et lymphatiques des membres [1]. Les
principaux effets de ce traitement sont des effets hémodynamiques, sur la paroi veineuse, sur la microcirculation sanguine et sur les signes fonctionnels [2]. Les indications de la
CV sont : la maladie veineuse chronique (MVC), la maladie
thrombo-embolique veineuse (MTEV) en prévention et en
traitement curatif, le lymphœdème [3,4]. Mais, chez nous, la
prescription de la compression veineuse n’est pas toujours
évidente ou bien faite. Dans le cadre de l’évaluation des pratiques professionnelles, nous avons entrepris une étude qui
avait pour but d’analyser les connaissances, attitudes et
pratiques des médecins de la ville de Dakar sur la compression veineuse.
Summary
Méthodologie
Venous compression is a technique that uses devices for
the treatment and prevention of venous and lymphatic disorders of the members. The term compression is used as
general term to designate either compression by elastic textile or compression by inelastic textile (or contention). There
are many products whose technical characteristics are:
type, compression class, brand, textiles. Clinical signs and
symptoms of these diseases are numerous. We conducted a
study to evaluate the prescription of venous compression by
physicians in Dakar which has shown that the knowledge,
attitudes and practices of physicians on venous compression are not yet efficient in Dakar.
Keywords: Venous compression, knowledge,
attitudes, practices, venous and lymphatic
diseases.
Il s’agissait d’une étude transversale sur 5 mois (d’avril à
août 2011). Nous avons mené une enquête auprès de
385 médecins recrutés dans les 4 hôpitaux de niveau 3 de
la ville de Dakar : l’hôpital Principal de Dakar, l’hôpital
Aristide le Dantec, l’hôpital général de grand Yoff et le
centre hospitalier national de Fann. Nous avons étudié les
connaissances, attitudes et pratiques sur la compression
veineuse, particulièrement les indications, la prescription en
pratique, la durée du traitement et les facteurs limitant la
prescription. Les médecins ont ensuite été invités à faire des
recommandations pour améliorer la prise en charge des
maladies veineuses et lymphatiques. Les données ont été
analysées à l’aide du logiciel épi info version 3.5.1 et les
résultats exprimés en moyennes et pourcentages.
ANGÉIOLOGIE, 2012, VOL. 64, N° 3
1
- 2. © Éditions ESKA, 2012
2
PHLÉBOLOGIE
Résultats
Le taux de réponse était de 83,3% (321/385). Le sexe
ratio des médecins enquêtés était de 2,9 en faveur des
hommes. L’âge moyen était de 32 ans dont 57,9% dans la
tranche d’âge de 30-39 ans. Les spécialistes issus de la cardiologie, de la réanimation et de la médecine interne étaient
les plus représentés avec respectivement 17,1% (55 médecins), 10,6% (34 médecins), 8,7% (28 médecins) comme le
montre le tableau I.
Soixante treize pour cent des médecins prescrivaient une
CV moins d’une fois par an, voire jamais, 23% l’utilisaient
au moins 3 fois par an et seulement 4% au moins une fois
par mois. Les médecins de la chirurgie cardio-vasculaire et
les urgentistes la prescrivaient tous (100%). En dermatologie 77,8% des médecins et en cardiologie 54,5% utilisaient
la technique, mais en gastro-entérologie, médecine interne
et urologie aucun médecin n’y avait recours (tableau II).
Le tableau II montre aussi le niveau de connaissance
général des médecins sur chaque indication. Les indications
les plus connues étaient la thrombose veineuse profonde
(TVP) (48,6%), la thrombose veineuse superficielle
(TVS) (17,1%) et les varices en dehors de la grossesse
(16,8%). D’autres indications ont été évoquées :
4 Après chirurgie de varices
4 Œdèmes post opératoires
4 Immobilisation plâtrée
4 Paralysie d’un membre avec œdème de stase
4 TVP avec contre-indication à l’anticoagulation
90,1% des médecins prescrivaient les bas, 34,9% les
bandes, 15,1% les chaussettes et 14,6% les collants.
Seulement 14% des médecins avaient des connaissances
sur les classes de compression. Ceux qui avaient la meilleure
connaissance sur cet aspect exerçaient en chirurgie cardiovasculaire (100%) et en cardiologie (40%). Les médecins des
Tableau I : Répartition des médecins enquêtés selon leur
spécialité
spécialités
Nombre
Pourcentages
de médecins
%
Cardiologie
Réanimation
Médecine interne
Traumatologie
Maladies infectieuses
Urologie
Neurologie
Néphrologie
Chirurgie générale
Neuro-chirurgie
Cancérologie
Pneumologie
Médecine générale
Gynécologie
Dermatologie
55
34
28
23
23
20
19
17
16
16
14
13
12
11
09
17,1
10,6
8,7
7,2
7,2
6,2
5,9
5,3
5
5
4,4
13
3,7
3,4
2,8
Chirurgie cardiovasculaire et thoracique
05
1,6
Gastro-entérologie
Urgences
Total
04
02
321
1,2
0,6
100
services de cancérologie, gastro-entérologie, gynécologie,
neuro-chirurgie, traumatologie, urologie et urgences
n’avaient pas de connaissances sur l’utilisation des classes
de compression.
Tableau II : Niveau de connaissance des médecins sur les indications
Indications
Niveau de connaissance général
des médecins
TVP
TVS
Varices
MPT
Œdèmes
Lymphœdème
Troubles trophiques
Symptômes
Varices sur grossesse
Prévention hospitalière
Voyages
ANGÉIOLOGIE, 2012, VOL. 64, N° 3
48,6%
17,1%
16,8%
15,9%
15,9%
15,6%
10,9%
8,7%
8,4%
7,4%
6,8%
Service utilisant le plus la technique
pour l’indication
Chirurgie cardio-vasculaire 100%
Cardiologie 38,9%
Chirurgie cardio-vasculaire 80%
Chirurgie cardio-vasculaire 80%
Dermatologie 77,8%
Chirurgie cardio-vasculaire 100%
Dermatologie 77,8%
Chirurgie cardio-vasculaire 60%
Chirurgie cardio-vasculaire 100%
Chirurgie cardio-vasculaire 40%
Chirurgie cardio-vasculaire 40%
- 3. © Éditions ESKA, 2012
PHLÉBOLOGIE
18,7% des médecins (60 médecins) savaient comment
utiliser les bas, les chaussettes, les collants et les bandes.
(peut-être préciser : la taille , la classe, à quel endroit mesurer les diamètres des membres inférieurs, quand porter la
CM et ne pas la porter, classe de compression à adpoter en
fonction de la classification de la MVC, voyages aériens ??)
Le niveau de connaissance sur la durée du traitement est
faible. Le tableau III montre le niveau de connaissance sur
la durée du traitement dans les différentes indications ainsi
que les services où les médecins avaient plus de connaissances sur le sujet.
Plusieurs facteurs limitaient la prescription de la compression veineuse. Selon les médecins enquêtés, il s’agissait
surtout du fait qu’ils ne savaient pas comment faire la prescription (51,4%) mais également qu’ils ne connaissaient pas
toutes les indications (42,7%), trouvaient le coût trop élevé
(28,3%), ne savaient pas où trouver les produits (8,4%), ou
que la technique n’était pas applicable (2,8%). Il existait des
facteurs liés au patient lui-même (6,6%), notamment des
facteurs culturels, financiers, liés au matériel : technique
contraignante, matériel inesthétique, de couleur non adaptée, qui tient trop chaud, douloureux
Les médecins ont proposé les recommandations suivantes :
Aux pouvoirs publics :
4 Former des spécialistes en phlébologie
4 Équiper les centres hospitaliers de matériels pour le
diagnostic rapide des maladies veineuses et lymphatiques des membres
4 Mettre à la disposition des médecins le matériel de
compression veineuse
4 Réduire le coût du matériel
Aux formateurs des médecins :
4 Enseigner la compression veineuse à la faculté de
médecine
4 Assurer la formation continue des médecins en
matière de compression veineuse
4 Établir des protocoles de prise en charge des pathologies veineuses et lymphatiques des membres sur la
base des recommandations
Aux médecins:
4 Faire un diagnostic précoce
4 Proposer aux patients un traitement correct sur la
base des recommandations
4 Diffuser les moyens de prévention des maladies veineuses et lymphatiques des membres
Aux patients :
4 Consulter rapidement dès le début des symptômes
4 Observer le traitement pour en avoir tous les bénéfices et éviter les échecs thérapeutiques
Commentaires
Cette étude a montré que très peu de médecins prescrivaient la compression veineuse dans le traitement et la prévention des pathologies veineuses et lymphatiques des
membres. Que ce soit comme thérapeutique unique, ou en
association à d’autres traitements, on peut dire que toutes
les maladies veineuses et lymphatiques relèvent de l’application d’une compression [6].
Bien entendu le type de compression, les modalités d’application, la durée du traitement varient d’une pathologie à
l’autre et parfois même d’un malade à l’autre pour une
pathologie équivalente. Les indications sont basées sur l’expérience et les habitudes nées d’une très longue pratique de
ces thérapeutiques inspirant les recommandations de la
HAS [6,7,8,9].
Le motif de prescription de compression veineuse le plus
connu des médecins à Dakar était la TVP suivi de la TVS et
des varices en dehors de la grossesse. Dans l’étude de Vignes
[6], les motifs de prescription les plus fréquents étaient les
varices, les symptômes, la TVP en troisième position. Les
autres indications étaient : post-chirurgie, voyages, postsclérothérapie, lymphœdème. Rarement il s’agissait de :
hématome post traumatique du mollet, œdème non étiquété, érysipèle, grossesse, brûlures, hypotension orthostatique. Toute cette liste d’indication nous prouve que les
indications de la technique sont nombreuses mais également que les principales indications sont différentes selon
qu’on soit à Paris ou à Dakar. Cette différence trouverait son
Tableau III : Niveau de connaissance des médecins sur la durée du traitement
Indication
Durée
Niveau de connaissance
général
Service qui a le plus
de connaissance
TVP
TVS
Troubles trophiques
2 ans et plus selon les signes
2 ans et plus selon les signes
selon les signes
14,9 %
4%
3%
Cardiologie 58,2%
Chirurgie CV 20%
Chirurgie CV 40%
Lymphœdème
aussi longtemps que possible
selon les signes voire toute la vie
10,6%
Chirurgie CV 60%
ANGÉIOLOGIE, 2012, VOL. 64, N° 3
3
- 4. © Éditions ESKA, 2012
4
PHLÉBOLOGIE
explication par des considérations épidémiologiques des
pathologies veineuses et lymphatiques, des considérations
en rapport avec la formation des médecins et l’éducation de
la population (motifs et délais de consultation).
Les médecins prescrivaient plus les bas que tout autre
produit. Il faut cependant dire que le terme de bas désignait
pour la plupart des médecins, tous les produits de compression en dehors des bandes. Cette confusion n’a pas grande
incidence pour les patients dans la mesure où la principale
structure (DELTA MEDICAL) qui assure la distribution des
produits donne un type de compression adapté selon le
niveau d’atteinte du membre, la couleur de peau, les mensurations, tout en se basant sur la classe prescrite par le
médecin traitant (ils sont souvent amenés à appeler le
médecin traitant).
Les connaissances des médecins à Dakar sur les différents aspects de cette technique étaient faibles, cependant
certains services s’en sortaient mieux : la chirurgie cardiovasculaire, la cardiologie et la dermatologie. Cette différence était probablement due à la formation spécifique de
ces médecins et au fait que ces derniers étaient plus souvent confrontés aux pathologies qui font le lit de la compression veineuse. Dans l’étude rapportée par Vignes aussi,
c’était les médecins vasculaires qui avaient plus de connaissances sur les classes [6].
Sur la durée du traitement, les connaissances largement
en dessous de la moyenne constituent un frein à la prise en
charge de ces pathologies aussi bien pour le suivi du traitement que pour la compliance du patient au traitement.
Les médecins eux-mêmes évoquaient les raisons de ce
bas niveau de connaissances, attitudes et pratiques de la
compression veineuse. Ils ont fait des recommandations qui
s’articulent autour de trois principaux aspects : la formation
des praticiens, l’éducation des patients, la prévention.
Conclusion
Les connaissances attitudes et pratiques des médecins
sur la compression veineuse ne sont pas bonnes à Dakar.
Seuls les médecins exerçant en chirurgie cardio-vasculaire,
en cardiologie et en dermatologie avaient une assez bonne
maîtrise de ce sujet. Tous les médecins devraient avoir de
bonnes connaissances sur la pratique de cette technique. Il
semble donc important de diffuser les recommandations
ANGÉIOLOGIE, 2012, VOL. 64, N° 3
déjà publiées dans la littérature, de continuer la formation
médicale continue et d’établir des protocoles de prise en
charge des pathologies veineuses et lymphatiques des
membres.
Liste des abreviations
CV : cardio-vasculaire
MTEV : maladie thrombo-embolique veineuse
TVP : thrombose veineuse profonde
TVS : thrombose veineuse superficielle
MPT : maladie post thrombotique
Bibliographie
[1] Mollard J M, Lance G. Contention/compression élastique.
EMC cardiologie-angéiologie 2005; 2 (4) : 547-556.
[2] Chauveau M. Effets de la compression sur l’hémodynamique veineuse. In Gardon-Mollard C, Ramelet A-A. La
compression médicale. Paris, Masson (2) 2005 :36-40.
[3] Partsch H, Flour M, Smith P C. International compression
club: indications for compression therapy in venous and
lymphatic disease consensus based on experimental data
and scientific evidence. Int angiology. 2008; 27 (3): 193219.
[4] Raju S, Hollis K, Neglen P. Utilisation des bas de contention
dans l’insuffisance veineuse chronique : compliance des
patients et efficacité. Ann Vasc Surg 2008 ;21 :790-795.
[5] Pannier F, Hoffmann P, Stang A, Jöckel K H, Rabe E.
Compliance concernant le traitement par bas médical de
compression – Résultats de l’étude de Bonn sur les veines.
Phlébologie 2007, 36 : 245-246.
[6] Vignes S, Fournier J. Analyse qualitative des prescriptions
de compressions élastiques pour pathologies veineuses et
lymphatiques des membres inférieurs. J Mal Vasc 2008 ;
33(1) : 12-16.
[7] Haute Autorité de Santé. La compression médicale dans
les affections veineuses chroniques. 2011. www.hassante.fr.
[8] Haute Autorité de Santé. La compression médicale dans le
traitement de la maladie thrombo-embolique veineuse.
2011. www.has-sante.fr.
[9] Haute Autorité de Santé. La compression médicale en prévention de la thrombose veineuse. 2011. www.hassante.fr.