Le digital est devenu un sujet récurent qui engendre de nombreux débats. Certains le décrivent déjà comme la troisième révolution industrielle. Mais que devenons-nous comprendre par transformation digitale, si communément appelée nouveau modèle économique disruptif ?
Revue de presse 2017 2018 - Intelligence artificielle (IA) et emplois
Les Echos - La transformation digitale - un nouvel état d'esprit
1. La transformation digitale : un
nouvel état d'esprit
| LE 29/06/16
Le digital est devenu un sujet récurent qui engendre de nombreux
débats. Certains le décrivent déjà comme la troisième révolution
industrielle. Mais que devenons-nous comprendre par transformation
digitale, si communément appelée nouveau modèle économique
disruptif ?
Les facteurs numériques impactent notre vie de tous les jours : fréquentation des réseaux sociaux,
utilisation courante de tablettes et de mobiles… Pourtant, une fois arrivées en entreprise, ces tendances
numériques peinent à s'instaurer.
Il est rare que la société en avance sur les entreprises. Cela semble néanmoins le cas aujourd'hui. La
transformation digitale change les équations du marché du travail et les modèles économiques. À la
croissance quantitative d'hier, pilotée dans l'optique de création de valeur pour l'actionnaire, se substitue
une croissance de transformation qui ne sera pas linéaire.
L'enjeu est de maîtriser cette croissance de transformation. En effet, un programme de recherche mené
par le MIT a montré que les entreprises qui ont su saisir les opportunités de la transformation numérique
ont une profitabilité supérieure de 26 % par rapport à la moyenne.
Pourquoi est-il donc important de comprendre la perception des entreprises sur le sujet ? Quels que
soient les nouvelles stratégies du numérique, les nouvelles plateformes technologiques ou les nouveaux
outils du digital mis à disposition, rien ne pourra être fait si les dirigeants ne souhaitent pas s'adapter et
se transformer afin d'accompagner leur organisation dans cette nouvelle mutation.
La vision et la stratégie d'entreprise qui se limitent à un point de vue technologique tel que, le Big data,
le Block Chain, les nouvelles technologies interactives… crée l'impasse sur l'humain. L'innovation est
aussi psychologique.
L'étape la plus cruciale dans la mutation digitale passe avant tout par la transformation de l'état d'esprit.
Cet état d'esprit, hier analogique, se doit de devenir numérique pour s'adapter aux nouvelles
innovations qui viennent perturber notre quotidien, mais aussi pour avoir une chance d'évoluer vers
quelque chose de mieux et de plus efficace.
Un état d'esprit "digital" est avant tout l'essence de la transformation numérique.
Compte tenu de l'impact qu'aura cette transformation sur l'ensemble des collaborateurs (des dirigeants
aux opérationnels), toutes les entreprises, qu'elles soient petites, moyennes ou grandes auront un
temps d'adaptation plus ou moins difficile.
Malgré l'apport bénéfique des nouvelles stratégies et technologies du numérique qui sera créateur de
valeur pour l'entreprise, l'humain devra s'adapter. Il devra appréhender les nouvelles façons d'interagir
avec ses clients et ses collègues. Il devra comprendre les nouveaux canaux de distribution et de
communication qui contribuent à la notoriété de son entreprise. Sans un état d'esprit positif au digital, la
transformation numérique de l'entreprise dans sa globalité ne pourra avoir lieu.
Repenser la chaîne de valeur et créer une modernité altruiste
2. La clé de la transformation numérique doit donc commencer par l'humain. Il faut évoluer d'une culture
de la maîtrise vers une culture du lâcher-prise. Ainsi, chez BlaBlaCar, le mot d'ordre est "Done is better
than perfect" (Avoir fait le travail est mieux que de viser la perfection).
Il y a un effort important de formation à réaliser auprès des équipes dirigeantes des entreprises, mais
aussi des responsables syndicaux. Il faut aborder cette transition comme un processus de construction
créative.
Des ateliers et des séminaires éducatifs, aideront les actifs à comprendre l'ensemble du paysage
numérique, et pourquoi une telle transformation serait bénéfique, non seulement pour eux, mais aussi
pour leur écosystème, car elle va améliorer l'efficacité de l'entreprise et fluidifier la diffusion de
l'information.
Plus les gens seront informés sur les nouvelles initiatives, moins il y aura de résistance, et plus ils
commenceront à percevoir le champ des possibles plutôt que celui des risques.
Plus important encore, les transformateurs devront illustrer ce que les clients finaux attendent
désormais d'une expérience unifiée à travers tous les canaux d'interactions. Quand une entreprise ne
se développe pas aussi rapidement que ses clients, ces derniers rechercheront un interlocuteur qui
pourra répondre à leurs besoins et leurs attentes.
Lors des révolutions industrielles passées, des changements économiques ont entrainé des
conséquences violentes (pertes d'emploi, mutation des activités, tertiairisation des métiers…). Si les
actifs d'aujourd'hui ne s'adaptent pas très rapidement, ces changements risquent de devenir encore
plus radicaux tant l'évolution du digital est rapide, tant les nouveautés se multiplient, tant la rupture est
impactante. Malgré tout, la transformation digitale présente plus d'opportunités que de risques.
La voir autrement serait une erreur. Le risque réel serait de ne pas appliquer l'innovation numérique et
saisir les nouvelles opportunités qu'elle fournira à l'entreprise. Il faut savoir repenser la chaîne de valeur
et créer une modernité altruiste.
À l'heure où il est vital d'attirer, de fidéliser, d'encourager et de faire participer les talents, aborder cette
habileté digitale doit devenir un réflexe crucial. Elle permettra ainsi de favoriser l'employabilité des
collaborateurs, d'accroître l'adhésion et de proposer une organisation plus ouverte et transverse.
Si l'on se plie à la grammaire du succès propre au numérique, on peut s'autoriser plus d'audace, plus
d'utopie, et conjuguer sérieux et rêve. Peu à peu, les transformations digitales seront encouragées et
acceptées, les nouvelles technologies seront réclamées et utilisées efficacement, et la disruption
digitale évoluera finalement en véritable innovation numérique.
Bruno A. Bonechi