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Histoire de la dérive droitière internationale
Par Benoît Fabre, le 28/01/2006
Dans un mouvement de fond, les hommes politiques de la plupart des pays ont
participé à une dérive droitière progressive. En France, les observateurs ont baptisé
ce phénomène : « la pensée unique ». Ce papier se propose de retracer l’évolution
historique de cette dérive, pour appuyer sur le fait que cette dérive droitière est une
construction politique internationale, bien loin d’une nécessité naturelle qui
s’imposerait à tous les peuples.
I) La genèse aux USA de la dérive droitière
Le point de départ de la contre-révolution capitaliste internationale se situe aux USA
dans les années 1960. C’est alors le pays le plus riche du monde, sorti victorieux de
la seconde guerre mondiale, avec une aura et une influence considérable sur ses
alliés. Mais les plus riches dans ce pays riche ne sont pas rassasiés. Leur influence
politique a décru depuis l’épisode du New Deal en 1930, et les idées Keynésiennes
de pilotage de l’économie par l’Etat. Les présidents Kennedy et Johnson inquiètent :
la nouvelle société progressiste, avec les mesures de redistribution contre la
pauvreté, la lutte contre les discrimination raciste envers les Noirs américains sont de
nature à marginaliser l’idéologie conservatrice de la loi « naturelle », nécessaire et
« divine ». Cette loi « naturelle » voudrait que si l’on est riche, c’est qu’on le mérite
par son travail et son talent, et donc que si l’on est pauvre c’est qu’on le mérite
également par son manque de travail, ou bien que Dieu ne vous a pas choisi pour
être prospère et en bonne santé (réminiscence de la théorie protestante de la
prédestination, la religion protestante étant celle des élites WASP des Etats-Unis :
White Anglo Saxon Protestant). Le racisme anti-noir quand à lui serait plutôt
sociologique : le Noir, émancipé depuis peu par les lois fédérales, n’a pu que
capitaliser moins d’argent, de connaissances scolaires, et de normes de
comportements sociaux ; il serait donc inférieur au Blanc ; D’autre part, comment
imaginer que le Noir, ancien esclave, puisse entrevoir d’être un jour, si ce n’est
dominant, tout du moins l’égal de ses anciens patrons « naturels » depuis 400 ans ?
Dans ce décor là, les grands capitalistes US s’entendent pour séduire les petits
propriétaires racistes blancs du Sud. A partir de cette date, les élections américaines
se gagneront par le ralliement ou non des Etats du Sud des USA, cf. le livre de
Serge Halimi, « Le grand Bon en Arrière ». Mais le succès électoral n’est pas encore
au rendez-vous. Les grands capitalistes vont alors financer des « Think Tanks »
(traduction : des réservoirs d’idées), qui devront générer des idées et des arguments
conformes à l’idéologie de leurs financiers. Les argumentaires sont produits dans le
but de crédibiliser le discours capitaliste « naturel », par la répétition de slogans
simples auprès de la population (via les médias possédés par la droite), et par un
discours rationalisant auprès du personnel politique. La corruption, via le
financement des campagnes politiques, sera aussi largement utilisée.
Enfin, le miracle se produit pour les grands capitalistes : un obscur professeur de
l’université de Chicago élabore une théorie économique contre le keynésianisme (qui
est caractérisé par le pilotage étatique de la redistribution du pouvoir d’achat). Cette
nouvelle théorie économique prétend que le mal absolu est l’intervention des
pouvoirs publics sur la monnaie, que cette intervention est néfaste à long terme, qu’il
faut laisser faire les équilibres « naturels » du « marché » financier. C’est la
contrepartie sur le marché financier du discours d’Adam Smith (XVII° siècle) sur les
marchés de biens : laissez faire le marché, il s’autorégulera, tout se passe comme si
une « main invisible » poussait l’ensemble des égoïsmes individuels vers la
satisfaction de la société prise globalement. Mais alors, personne ne tire plus
d’intérêt que d’autres à ce jeu là ? L’analyse sociologique du rapport des forces, c’est
Marx qui la mènera au XIX° siècle, dans un contexte d’exploitation ouvrière extrême.
Les capitalistes financeront au XX° siècle les tentatives de démonstration de
l’équilibre autorégulé du marché. Les économistes capitalistes non seulement
échoueront à démontrer cette propriété des marchés libre, mais encore démontreront
l’impossibilité de la stabilité des marchés. Curieusement, ces conclusions ne sont
pas connues du grand public, mais ces économistes furent nobélisés pour leur
rigueur mathématique à démontrer les conditions (impossibles à réaliser
concrètement) pour que le marché s’autorégule. D’où le discours politique que l’on
entend encore aujourd’hui chez certains patrons « jusqu’au-boutistes » : « si le
marché ne s’autorégule pas, c’est parce que le marché n’est pas assez libre » !
Revenons à notre économiste de l’université de Chicago. Il s’agit de Milton
Friedman, il fera école et sera Nobélisé pour avoir prétendu que l’expansion
monétaire pilotée par l’Etat était néfaste, allant contre 30 ans de régulation
Keynésienne en Europe et aux USA, la fameuse époque des Trente Glorieuses en
France, et de l’American Way Of Life aux USA. Ronald Reagan s’appuiera sur la
célébrité, fabriquée de toute pièce, de Milton Friedman.
Reagan ira encore plus loin. Il promouvra dans son pays, puis en Europe, la théorie
de Laffer, qui prétend qu’un impôt supérieur à un certain seuil est néfaste à la
croissance, car il décourage les « forces vives » de la nation (ce seuil est-il négocié
dans chaque pays, en fonction des rapports de forces et de l’état des besoins de la
population ? il n’y a pas de précision dans cette théorie.) Sur quoi repose la
démonstration de la théorie de Laffer ? Sur une courbe pédagogique qui in fine
assomme que si le taux de l’impôt est de 100%, le revenu disponible pour la
croissance (privée donc) est nul ; Or si le taux d’impôt est de 0%, la croissance
(publique donc) est nulle ; Il existe donc un point intermédiaire, où le taux d’impôt est
optimal pour la croissance (d’origine publique, ou privée ?). Mais où est situé ce point
optimal sur la courbe de la croissance en fonction du taux de l’impôt ?
Approximativement au milieu sur le dessin pédagogique. Dans le discours politique
français qui s’en inspirera, c’est le point au-delà duquel « les français » ne veulent
plus payer d’impôt. Comme si tous les français avaient la même opinion, riches ou
pauvres, qu’ils payent ou non l’impôt sur le revenu. Pourquoi ne pas envisager que
même les individus à haut revenu travaillent pour l’augmentation en valeur absolue
de leurs gains après impôt, quel que soit le poids en valeur relative des impôts ?
D’autre part, dans un pays occidental, ne peut-on pas accepter que des travailleurs
découragés par le niveau des impôts qu’ils versent à la collectivité, cèdent la place à
d’autres plus jeunes, plus motivés, souvent plus diplômés, qui apprendront à être
efficace au travail si on leur laisse la chance de sortir du chômage ? Oui mais les
électeurs des hommes politiques de la droite capitaliste sont rarement au chômage ;
Quant aux chômeurs, déçus par les politiques de la pensée unique générant 30
années de chômage massif, ils ne votent plus. Alors pourquoi les hommes politiques
réfléchiraient-ils sur la pertinence de la courbe de Laffer ? La courbe de Laffer se
focalise sur les recettes de l’état, mais ne dit rien sur l’utilisation des fonds récoltés.
Même vu sous l’aspect égoïste, les individus à haut revenu bénéficient des
infrastructures de l’état (hôpital, école, routes, sécurité) ; l’aspect altruiste peut aussi
séduire certains individus à haut revenu.
Reagan, tout en affichant en direction des élites européenne un non
interventionnisme sur les marchés des biens, creusera le plus monumental déficit
public de l’histoire des Etats-Unis en finançant l’intensification de l’industrie de
l’armement. Reagan sera également à l’origine de l’extension progressive au monde
entier de la déréglementation financière ; On connaît aujourd’hui les dégâts
provoqués par le reflux rapide des capitaux financiers spéculatifs à court terme dans
les économies en développement ; On sait également à quel point les capitaux des
fonds de pension américain ont profondément déstructuré et vassalisé l’industrie
européenne.
II) La propagation en Europe
Les capitalistes et les faucons américains ne se sont pas contentés de la prise de
pouvoir sur leur territoire. Encore fallait-il évangéliser et dominer le reste du monde.
L’allié historique Anglais fut le premier patient consentant. Dans ce pays là, l’état
Beveridgien était très redistributif, et avancé socialement. Les politiques
keynésiennes de « stop and go » avaient piloté le pays depuis la fin de la guerre :
« go » symbolisait une phase d’injection monétaire dans l’économie, via
l’augmentation des salaires des fonctionnaires et le crédit accordé à faible taux aux
entreprises et aux particuliers, afin d’augmenter la demande intérieure en phase de
croissance faible. « stop », au contraire, signifiait la baisse de la demande publique
lorsque planait le spectre d’une inflation excessive et emballée, ce qui se passait
mécaniquement lorsque la demande privée solvable était devenue plus importante
que les capacités de production locales, et que les stocks étaient épuisés.
Mais en 1973, les économies occidentales subissent les effets du premier choc
pétrolier, lorsque les états Arabes, anciennes colonies, se réveillent et prennent
conscience de leur puissance potentielle s’ils mettent fin à l’exploitation pétrolière
imposée par les compagnies pétrolières occidentales. C’est suite au choc pétrolier
qu’intervient en occident le hold-up idéologique retournant la fin du siècle : la crise
conjoncturelle forte est présentée aux citoyens européens comme une crise
structurelle insurmontable dans le cadre du keynésianisme. En France, la relance
Chirac manque ses objectifs fixés à courte échéance. Raymond Barre se polarisera
alors sur l’inflation (qui n’avait jamais handicapé la croissance durant les Trente
Glorieuses). Margaret Thatcher est élue en Grande-Bretagne, pays désorienté lui
aussi par la longueur de la crise. C’est la revanche de la droite capitaliste et
nationaliste : les syndicats miniers sont affrontés et brisés, les services publics sont
disloqués, la CEE est bloquée. En France, l’Etat est influencé dans les années 1970
par le Rapport de Rome sur la croissance zéro (qui souhaite un arrêt du
développement mondial, car il prévoie une catastrophe écologique imminente si le
développement augmente et se généralise au Tiers Monde). Le gouvernement
Français ne pousse donc pas les entreprises à l’investissement en capacité
productive. Ce manque de capacité productive locale provoquera les importations
massives suite à la relance keynésienne du pouvoir d’achat décidé par le
gouvernement socialiste en 1981. La détérioration rapide du solde du commerce
extérieur, ainsi que la détérioration du solde de la balance des paiements, fera
échouer cette relance Keynésienne voulue par la Gauche, après celle de Chirac à
Droite en 1974. C’est le début du refrain « on a tout essayé » de la « pensée
unique » en France.
Autre centre de pouvoir à noyauter par l’idéologie libérale, la communauté
européenne. Ici la note sensible est la rationalité. Les élites européennes sont au-
delà des nations, au-delà des gouvernements élus, seuls juges de l’intérêt supérieur
de l’Europe. La commission européenne ne sera pas sous le contrôle du parlement
européen élu. Ni la banque centrale européenne. La raison devient l’apanage de
l’administration centrale européenne. Des formations universitaires spéciales sont
crées. Des chaînes Télé distillent la bonne parole, en direction des couches sociales
éduquées de chaque pays.
En France, le nouveau credo de la gauche « de gouvernement », c’est que les
élections se gagnent au centre, avec les classes moyennes. En période
préélectorale, les dirigeants du PS au gouvernement trouvent naturel d’accorder des
baisses d’impôt à ces classes moyennes, ce qui n’est que le résultat de
l’imprégnation des dirigeants et des citoyens par le schéma simpliste de la courbe de
Laffer. Quant à la Droite, elle propose comme un acquis évident que « les français
ne veulent pas payer plus d’impôt », le schéma de Laffer, encore et encore.
L’imitation bêlante du modèle Américain va jusqu’à proposer une privatisation de
l’assurance maladie, et le remplacement de la retraite par répartition par des fonds
de pensions, fonds qui ne font guère plus illusion dans leur pays d’origine …
III) Le monde entier en coupe réglée
Après les USA et l’Europe, le libéralisme dérégulé peut soumettre le monde à sa
logique « naturelle ». C’est le Consensus de Washington, ainsi nommé car il est issu
d’un accord entre des administrations qui siègent à Washington : le Fonds Monétaire
International FMI, la Banque Mondiale, et le Trésor Américain. Un Consensus bien
peu démocratique, mais le terme fait illusion dans le public international. Etant
donné le caractère officiel des trois organismes, il ne peut faire de doute que les
intérêts des grands capitalistes Américains est intimement mêlé à l’intérêt supérieur
de l’Etat Américain : Le néo impérialisme Américain passe par la vassalisation
économique. Le contenu du Consensus est le suivant : Pour qu’un prêt soit consenti
par le FMI à un pays en crise, il faudra que le pays accroisse la transparence de ses
banques (comprendre qu’elles soit ouverte aux capitaux américain, et donc aux
influences Américaines), que le pays privatise ses entreprises publiques (soit un
abandon de l’autonomie de la stratégie de développement de l’industrie ; les
entreprises publiques sont rachetées à vil prix par les capitalistes américains). Il
faudra également que le pays en crise économique abandonne ses subventions aux
produits alimentaires et énergétiques de base : le chaos social qui en résulte est-il un
oubli du raisonnement du FMI, un « dégât collatéral » contrôlé, ou un calcul des
Faucons Américains ? Les dettes aux prêteurs publics et aux banques privées
étrangères sont rééchelonnées : la notion de « faillite » (donc de liquidation des
dettes) n’est pas admise pour les pays du Tiers-monde en crise. Ceci a deux
conséquences : D’une part, depuis le début des années 1980, le montant total
annuel de l’aide au Tiers-monde est largement inférieur aux transferts financiers
dans l’autre sens résultant du paiement de la dette et des intérêts ; D’autre part, les
banques privées, dont les créances sont garanties par le Consensus, font prendre
des risques inconsidérés aux gouvernements du Tiers-monde. Vu autrement, des
gouvernements corrompus du Tiers-monde, compromis avec les pires hommes
politiques occidentaux, génèrent des dettes qui hypothèquent le développement de
leur pays pour plusieurs générations. La stratégie du chaos des impérialistes
américain gagne du terrain depuis 30 ans.
Une nouvelle institution mondiale voit le jour : l’OMC a un pouvoir juridique pour juger
les entraves au commerce extérieur. Je rappelle les idées issues de Montesquieu (le
« doux » commerce international évite la guerre), de Adam Smith (il existe des
avantages absolus dans la production de certains biens en fonction du pays) et de
Ricardo (il existe des avantages relatifs entre deux pays, chacun ont intérêt de
produire et vendre les biens où il est meilleur relativement à l’autre pays). La
promotion de ces théories génère la division internationale du travail. Par exemple de
nombreux pays africains se spécialisent dans la culture de quelques matières
agricoles destinées à l’export : café, cacao, etc., en poussant les paysans à
abandonner les cultures vivrières. Résultat : les pays africains sont deviennent
dépendant des cours boursiers instables des matières premières exportées, les
paysans ruinés par le retournement des cours vont chercher une nouvelle vie en
ville, mais ils se retrouvent en fait dans de dangereux bidonvilles. Ces pays devenus
instables sont tributaires des dons occidentaux, déguisant une politique d’influence
néocolonialiste des états occidentaux. Malgré l’OMC, les européens et les
américains subventionnent à l’export leurs excédents agricoles, ce qui mine
l’agriculture locale des pays en développement, car les prix locaux ne peuvent plus
concurrencer les prix occidentaux même sur leur marché intérieur. Les USA, sûrs de
leur puissance, établissent des quotas sur les produits qui menacent leur industrie ;
ils réussissent le tour de force de négocier des autolimitations des pays exportateurs
vers leur territoire. Alors, les puissants de ce monde ont-ils vraiment imaginé que
l’OMC mettrait à égalité des pays aussi inégaux en ressource pour financer de longs
procès et la formation d’avocats compétents en droit du commerce international ?
La seule instance vraiment internationale, l’ONU : « un pays, une voix », est foulée
aux pieds par l’Etat Américain. Il se permet tout pour faire prévaloir son point de vue :
des votes achetés à certains pays, des menaces de rétorsions économique, des
promesses politiques aux pays de l’Est Européen, la fabrication de fausses preuves
prétendant l’existence de sites d’armement et la présentation de ces fausses preuves
lors de réunions officielles … L’impérialisme Américain est décomplexé en ce début
de XXI° siècle. Il emprunte toutes les voies imaginables : économique, médiatique,
militaire, diplomatique, services secrets. L’endiguement de l’hubris des nouveaux
« maîtres du monde », les grands capitalistes américains, est un enjeu majeur de ce
début de XXI° siècle.
conséquences : D’une part, depuis le début des années 1980, le montant total
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Dérive droitière internationale

  • 1. Histoire de la dérive droitière internationale Par Benoît Fabre, le 28/01/2006 Dans un mouvement de fond, les hommes politiques de la plupart des pays ont participé à une dérive droitière progressive. En France, les observateurs ont baptisé ce phénomène : « la pensée unique ». Ce papier se propose de retracer l’évolution historique de cette dérive, pour appuyer sur le fait que cette dérive droitière est une construction politique internationale, bien loin d’une nécessité naturelle qui s’imposerait à tous les peuples. I) La genèse aux USA de la dérive droitière Le point de départ de la contre-révolution capitaliste internationale se situe aux USA dans les années 1960. C’est alors le pays le plus riche du monde, sorti victorieux de la seconde guerre mondiale, avec une aura et une influence considérable sur ses alliés. Mais les plus riches dans ce pays riche ne sont pas rassasiés. Leur influence politique a décru depuis l’épisode du New Deal en 1930, et les idées Keynésiennes de pilotage de l’économie par l’Etat. Les présidents Kennedy et Johnson inquiètent : la nouvelle société progressiste, avec les mesures de redistribution contre la pauvreté, la lutte contre les discrimination raciste envers les Noirs américains sont de nature à marginaliser l’idéologie conservatrice de la loi « naturelle », nécessaire et « divine ». Cette loi « naturelle » voudrait que si l’on est riche, c’est qu’on le mérite par son travail et son talent, et donc que si l’on est pauvre c’est qu’on le mérite également par son manque de travail, ou bien que Dieu ne vous a pas choisi pour être prospère et en bonne santé (réminiscence de la théorie protestante de la prédestination, la religion protestante étant celle des élites WASP des Etats-Unis : White Anglo Saxon Protestant). Le racisme anti-noir quand à lui serait plutôt sociologique : le Noir, émancipé depuis peu par les lois fédérales, n’a pu que capitaliser moins d’argent, de connaissances scolaires, et de normes de comportements sociaux ; il serait donc inférieur au Blanc ; D’autre part, comment imaginer que le Noir, ancien esclave, puisse entrevoir d’être un jour, si ce n’est dominant, tout du moins l’égal de ses anciens patrons « naturels » depuis 400 ans ? Dans ce décor là, les grands capitalistes US s’entendent pour séduire les petits propriétaires racistes blancs du Sud. A partir de cette date, les élections américaines se gagneront par le ralliement ou non des Etats du Sud des USA, cf. le livre de Serge Halimi, « Le grand Bon en Arrière ». Mais le succès électoral n’est pas encore au rendez-vous. Les grands capitalistes vont alors financer des « Think Tanks » (traduction : des réservoirs d’idées), qui devront générer des idées et des arguments conformes à l’idéologie de leurs financiers. Les argumentaires sont produits dans le but de crédibiliser le discours capitaliste « naturel », par la répétition de slogans simples auprès de la population (via les médias possédés par la droite), et par un discours rationalisant auprès du personnel politique. La corruption, via le financement des campagnes politiques, sera aussi largement utilisée. Enfin, le miracle se produit pour les grands capitalistes : un obscur professeur de l’université de Chicago élabore une théorie économique contre le keynésianisme (qui est caractérisé par le pilotage étatique de la redistribution du pouvoir d’achat). Cette
  • 2. nouvelle théorie économique prétend que le mal absolu est l’intervention des pouvoirs publics sur la monnaie, que cette intervention est néfaste à long terme, qu’il faut laisser faire les équilibres « naturels » du « marché » financier. C’est la contrepartie sur le marché financier du discours d’Adam Smith (XVII° siècle) sur les marchés de biens : laissez faire le marché, il s’autorégulera, tout se passe comme si une « main invisible » poussait l’ensemble des égoïsmes individuels vers la satisfaction de la société prise globalement. Mais alors, personne ne tire plus d’intérêt que d’autres à ce jeu là ? L’analyse sociologique du rapport des forces, c’est Marx qui la mènera au XIX° siècle, dans un contexte d’exploitation ouvrière extrême. Les capitalistes financeront au XX° siècle les tentatives de démonstration de l’équilibre autorégulé du marché. Les économistes capitalistes non seulement échoueront à démontrer cette propriété des marchés libre, mais encore démontreront l’impossibilité de la stabilité des marchés. Curieusement, ces conclusions ne sont pas connues du grand public, mais ces économistes furent nobélisés pour leur rigueur mathématique à démontrer les conditions (impossibles à réaliser concrètement) pour que le marché s’autorégule. D’où le discours politique que l’on entend encore aujourd’hui chez certains patrons « jusqu’au-boutistes » : « si le marché ne s’autorégule pas, c’est parce que le marché n’est pas assez libre » ! Revenons à notre économiste de l’université de Chicago. Il s’agit de Milton Friedman, il fera école et sera Nobélisé pour avoir prétendu que l’expansion monétaire pilotée par l’Etat était néfaste, allant contre 30 ans de régulation Keynésienne en Europe et aux USA, la fameuse époque des Trente Glorieuses en France, et de l’American Way Of Life aux USA. Ronald Reagan s’appuiera sur la célébrité, fabriquée de toute pièce, de Milton Friedman. Reagan ira encore plus loin. Il promouvra dans son pays, puis en Europe, la théorie de Laffer, qui prétend qu’un impôt supérieur à un certain seuil est néfaste à la croissance, car il décourage les « forces vives » de la nation (ce seuil est-il négocié dans chaque pays, en fonction des rapports de forces et de l’état des besoins de la population ? il n’y a pas de précision dans cette théorie.) Sur quoi repose la démonstration de la théorie de Laffer ? Sur une courbe pédagogique qui in fine assomme que si le taux de l’impôt est de 100%, le revenu disponible pour la croissance (privée donc) est nul ; Or si le taux d’impôt est de 0%, la croissance (publique donc) est nulle ; Il existe donc un point intermédiaire, où le taux d’impôt est optimal pour la croissance (d’origine publique, ou privée ?). Mais où est situé ce point optimal sur la courbe de la croissance en fonction du taux de l’impôt ? Approximativement au milieu sur le dessin pédagogique. Dans le discours politique français qui s’en inspirera, c’est le point au-delà duquel « les français » ne veulent plus payer d’impôt. Comme si tous les français avaient la même opinion, riches ou pauvres, qu’ils payent ou non l’impôt sur le revenu. Pourquoi ne pas envisager que même les individus à haut revenu travaillent pour l’augmentation en valeur absolue de leurs gains après impôt, quel que soit le poids en valeur relative des impôts ? D’autre part, dans un pays occidental, ne peut-on pas accepter que des travailleurs découragés par le niveau des impôts qu’ils versent à la collectivité, cèdent la place à d’autres plus jeunes, plus motivés, souvent plus diplômés, qui apprendront à être efficace au travail si on leur laisse la chance de sortir du chômage ? Oui mais les électeurs des hommes politiques de la droite capitaliste sont rarement au chômage ; Quant aux chômeurs, déçus par les politiques de la pensée unique générant 30 années de chômage massif, ils ne votent plus. Alors pourquoi les hommes politiques réfléchiraient-ils sur la pertinence de la courbe de Laffer ? La courbe de Laffer se
  • 3. focalise sur les recettes de l’état, mais ne dit rien sur l’utilisation des fonds récoltés. Même vu sous l’aspect égoïste, les individus à haut revenu bénéficient des infrastructures de l’état (hôpital, école, routes, sécurité) ; l’aspect altruiste peut aussi séduire certains individus à haut revenu. Reagan, tout en affichant en direction des élites européenne un non interventionnisme sur les marchés des biens, creusera le plus monumental déficit public de l’histoire des Etats-Unis en finançant l’intensification de l’industrie de l’armement. Reagan sera également à l’origine de l’extension progressive au monde entier de la déréglementation financière ; On connaît aujourd’hui les dégâts provoqués par le reflux rapide des capitaux financiers spéculatifs à court terme dans les économies en développement ; On sait également à quel point les capitaux des fonds de pension américain ont profondément déstructuré et vassalisé l’industrie européenne. II) La propagation en Europe Les capitalistes et les faucons américains ne se sont pas contentés de la prise de pouvoir sur leur territoire. Encore fallait-il évangéliser et dominer le reste du monde. L’allié historique Anglais fut le premier patient consentant. Dans ce pays là, l’état Beveridgien était très redistributif, et avancé socialement. Les politiques keynésiennes de « stop and go » avaient piloté le pays depuis la fin de la guerre : « go » symbolisait une phase d’injection monétaire dans l’économie, via l’augmentation des salaires des fonctionnaires et le crédit accordé à faible taux aux entreprises et aux particuliers, afin d’augmenter la demande intérieure en phase de croissance faible. « stop », au contraire, signifiait la baisse de la demande publique lorsque planait le spectre d’une inflation excessive et emballée, ce qui se passait mécaniquement lorsque la demande privée solvable était devenue plus importante que les capacités de production locales, et que les stocks étaient épuisés. Mais en 1973, les économies occidentales subissent les effets du premier choc pétrolier, lorsque les états Arabes, anciennes colonies, se réveillent et prennent conscience de leur puissance potentielle s’ils mettent fin à l’exploitation pétrolière imposée par les compagnies pétrolières occidentales. C’est suite au choc pétrolier qu’intervient en occident le hold-up idéologique retournant la fin du siècle : la crise conjoncturelle forte est présentée aux citoyens européens comme une crise structurelle insurmontable dans le cadre du keynésianisme. En France, la relance Chirac manque ses objectifs fixés à courte échéance. Raymond Barre se polarisera alors sur l’inflation (qui n’avait jamais handicapé la croissance durant les Trente Glorieuses). Margaret Thatcher est élue en Grande-Bretagne, pays désorienté lui aussi par la longueur de la crise. C’est la revanche de la droite capitaliste et nationaliste : les syndicats miniers sont affrontés et brisés, les services publics sont disloqués, la CEE est bloquée. En France, l’Etat est influencé dans les années 1970 par le Rapport de Rome sur la croissance zéro (qui souhaite un arrêt du développement mondial, car il prévoie une catastrophe écologique imminente si le développement augmente et se généralise au Tiers Monde). Le gouvernement Français ne pousse donc pas les entreprises à l’investissement en capacité productive. Ce manque de capacité productive locale provoquera les importations
  • 4. massives suite à la relance keynésienne du pouvoir d’achat décidé par le gouvernement socialiste en 1981. La détérioration rapide du solde du commerce extérieur, ainsi que la détérioration du solde de la balance des paiements, fera échouer cette relance Keynésienne voulue par la Gauche, après celle de Chirac à Droite en 1974. C’est le début du refrain « on a tout essayé » de la « pensée unique » en France. Autre centre de pouvoir à noyauter par l’idéologie libérale, la communauté européenne. Ici la note sensible est la rationalité. Les élites européennes sont au- delà des nations, au-delà des gouvernements élus, seuls juges de l’intérêt supérieur de l’Europe. La commission européenne ne sera pas sous le contrôle du parlement européen élu. Ni la banque centrale européenne. La raison devient l’apanage de l’administration centrale européenne. Des formations universitaires spéciales sont crées. Des chaînes Télé distillent la bonne parole, en direction des couches sociales éduquées de chaque pays. En France, le nouveau credo de la gauche « de gouvernement », c’est que les élections se gagnent au centre, avec les classes moyennes. En période préélectorale, les dirigeants du PS au gouvernement trouvent naturel d’accorder des baisses d’impôt à ces classes moyennes, ce qui n’est que le résultat de l’imprégnation des dirigeants et des citoyens par le schéma simpliste de la courbe de Laffer. Quant à la Droite, elle propose comme un acquis évident que « les français ne veulent pas payer plus d’impôt », le schéma de Laffer, encore et encore. L’imitation bêlante du modèle Américain va jusqu’à proposer une privatisation de l’assurance maladie, et le remplacement de la retraite par répartition par des fonds de pensions, fonds qui ne font guère plus illusion dans leur pays d’origine … III) Le monde entier en coupe réglée Après les USA et l’Europe, le libéralisme dérégulé peut soumettre le monde à sa logique « naturelle ». C’est le Consensus de Washington, ainsi nommé car il est issu d’un accord entre des administrations qui siègent à Washington : le Fonds Monétaire International FMI, la Banque Mondiale, et le Trésor Américain. Un Consensus bien peu démocratique, mais le terme fait illusion dans le public international. Etant donné le caractère officiel des trois organismes, il ne peut faire de doute que les intérêts des grands capitalistes Américains est intimement mêlé à l’intérêt supérieur de l’Etat Américain : Le néo impérialisme Américain passe par la vassalisation économique. Le contenu du Consensus est le suivant : Pour qu’un prêt soit consenti par le FMI à un pays en crise, il faudra que le pays accroisse la transparence de ses banques (comprendre qu’elles soit ouverte aux capitaux américain, et donc aux influences Américaines), que le pays privatise ses entreprises publiques (soit un abandon de l’autonomie de la stratégie de développement de l’industrie ; les entreprises publiques sont rachetées à vil prix par les capitalistes américains). Il faudra également que le pays en crise économique abandonne ses subventions aux produits alimentaires et énergétiques de base : le chaos social qui en résulte est-il un oubli du raisonnement du FMI, un « dégât collatéral » contrôlé, ou un calcul des Faucons Américains ? Les dettes aux prêteurs publics et aux banques privées étrangères sont rééchelonnées : la notion de « faillite » (donc de liquidation des dettes) n’est pas admise pour les pays du Tiers-monde en crise. Ceci a deux
  • 5. conséquences : D’une part, depuis le début des années 1980, le montant total annuel de l’aide au Tiers-monde est largement inférieur aux transferts financiers dans l’autre sens résultant du paiement de la dette et des intérêts ; D’autre part, les banques privées, dont les créances sont garanties par le Consensus, font prendre des risques inconsidérés aux gouvernements du Tiers-monde. Vu autrement, des gouvernements corrompus du Tiers-monde, compromis avec les pires hommes politiques occidentaux, génèrent des dettes qui hypothèquent le développement de leur pays pour plusieurs générations. La stratégie du chaos des impérialistes américain gagne du terrain depuis 30 ans. Une nouvelle institution mondiale voit le jour : l’OMC a un pouvoir juridique pour juger les entraves au commerce extérieur. Je rappelle les idées issues de Montesquieu (le « doux » commerce international évite la guerre), de Adam Smith (il existe des avantages absolus dans la production de certains biens en fonction du pays) et de Ricardo (il existe des avantages relatifs entre deux pays, chacun ont intérêt de produire et vendre les biens où il est meilleur relativement à l’autre pays). La promotion de ces théories génère la division internationale du travail. Par exemple de nombreux pays africains se spécialisent dans la culture de quelques matières agricoles destinées à l’export : café, cacao, etc., en poussant les paysans à abandonner les cultures vivrières. Résultat : les pays africains sont deviennent dépendant des cours boursiers instables des matières premières exportées, les paysans ruinés par le retournement des cours vont chercher une nouvelle vie en ville, mais ils se retrouvent en fait dans de dangereux bidonvilles. Ces pays devenus instables sont tributaires des dons occidentaux, déguisant une politique d’influence néocolonialiste des états occidentaux. Malgré l’OMC, les européens et les américains subventionnent à l’export leurs excédents agricoles, ce qui mine l’agriculture locale des pays en développement, car les prix locaux ne peuvent plus concurrencer les prix occidentaux même sur leur marché intérieur. Les USA, sûrs de leur puissance, établissent des quotas sur les produits qui menacent leur industrie ; ils réussissent le tour de force de négocier des autolimitations des pays exportateurs vers leur territoire. Alors, les puissants de ce monde ont-ils vraiment imaginé que l’OMC mettrait à égalité des pays aussi inégaux en ressource pour financer de longs procès et la formation d’avocats compétents en droit du commerce international ? La seule instance vraiment internationale, l’ONU : « un pays, une voix », est foulée aux pieds par l’Etat Américain. Il se permet tout pour faire prévaloir son point de vue : des votes achetés à certains pays, des menaces de rétorsions économique, des promesses politiques aux pays de l’Est Européen, la fabrication de fausses preuves prétendant l’existence de sites d’armement et la présentation de ces fausses preuves lors de réunions officielles … L’impérialisme Américain est décomplexé en ce début de XXI° siècle. Il emprunte toutes les voies imaginables : économique, médiatique, militaire, diplomatique, services secrets. L’endiguement de l’hubris des nouveaux « maîtres du monde », les grands capitalistes américains, est un enjeu majeur de ce début de XXI° siècle.
  • 6. conséquences : D’une part, depuis le début des années 1980, le montant total annuel de l’aide au Tiers-monde est largement inférieur aux transferts financiers dans l’autre sens résultant du paiement de la dette et des intérêts ; D’autre part, les banques privées, dont les créances sont garanties par le Consensus, font prendre des risques inconsidérés aux gouvernements du Tiers-monde. Vu autrement, des gouvernements corrompus du Tiers-monde, compromis avec les pires hommes politiques occidentaux, génèrent des dettes qui hypothèquent le développement de leur pays pour plusieurs générations. La stratégie du chaos des impérialistes américain gagne du terrain depuis 30 ans. Une nouvelle institution mondiale voit le jour : l’OMC a un pouvoir juridique pour juger les entraves au commerce extérieur. Je rappelle les idées issues de Montesquieu (le « doux » commerce international évite la guerre), de Adam Smith (il existe des avantages absolus dans la production de certains biens en fonction du pays) et de Ricardo (il existe des avantages relatifs entre deux pays, chacun ont intérêt de produire et vendre les biens où il est meilleur relativement à l’autre pays). La promotion de ces théories génère la division internationale du travail. Par exemple de nombreux pays africains se spécialisent dans la culture de quelques matières agricoles destinées à l’export : café, cacao, etc., en poussant les paysans à abandonner les cultures vivrières. Résultat : les pays africains sont deviennent dépendant des cours boursiers instables des matières premières exportées, les paysans ruinés par le retournement des cours vont chercher une nouvelle vie en ville, mais ils se retrouvent en fait dans de dangereux bidonvilles. Ces pays devenus instables sont tributaires des dons occidentaux, déguisant une politique d’influence néocolonialiste des états occidentaux. Malgré l’OMC, les européens et les américains subventionnent à l’export leurs excédents agricoles, ce qui mine l’agriculture locale des pays en développement, car les prix locaux ne peuvent plus concurrencer les prix occidentaux même sur leur marché intérieur. Les USA, sûrs de leur puissance, établissent des quotas sur les produits qui menacent leur industrie ; ils réussissent le tour de force de négocier des autolimitations des pays exportateurs vers leur territoire. Alors, les puissants de ce monde ont-ils vraiment imaginé que l’OMC mettrait à égalité des pays aussi inégaux en ressource pour financer de longs procès et la formation d’avocats compétents en droit du commerce international ? La seule instance vraiment internationale, l’ONU : « un pays, une voix », est foulée aux pieds par l’Etat Américain. Il se permet tout pour faire prévaloir son point de vue : des votes achetés à certains pays, des menaces de rétorsions économique, des promesses politiques aux pays de l’Est Européen, la fabrication de fausses preuves prétendant l’existence de sites d’armement et la présentation de ces fausses preuves lors de réunions officielles … L’impérialisme Américain est décomplexé en ce début de XXI° siècle. Il emprunte toutes les voies imaginables : économique, médiatique, militaire, diplomatique, services secrets. L’endiguement de l’hubris des nouveaux « maîtres du monde », les grands capitalistes américains, est un enjeu majeur de ce début de XXI° siècle.