Discours de Pierre-Antoine Gailly, Président de la Chambre de commerce et d'industrie Paris Ile-de-France, à l'attention du Premier ministre, M. Manuel Valls, à l'Université d'Eté du MEDEF, le 27 août 2014.
Discours de Pierre-Antoine Gailly au Premier ministre, à l'Université d'été 2014 du MEDEF
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UNIVERSITE D’ETE DU MEDEF
27 ET 28 AOÛT 2014
Discours de Monsieur Pierre-Antoine GAILLY
Président de la Chambre de commerce et d’industrie
Paris Ile-de-France
Monsieur le Premier Ministre,
Chers Amis entrepreneurs de France,
Mon cher Pierre Gattaz, Président du MEDEF
Bonjour à toutes et à tous,
Bienvenue aux Universités d’Eté du Medef. Bienvenue ici chez vous, à la
CCI Paris Ile-de-France, sur le Campus d’HEC.
Une fois n’est pas coutume, je commencerai ces mots d’accueil par un
aveu, l’aveu d’une erreur.
L’erreur que nous avons commise, nous les 4 800 chefs
d’entreprises élus par vous pour animer et gérer bénévolement les
CCI de France ; l’erreur d’avoir fait confiance à notre ministre
d’alors.
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Evitons toute ambiguïté et rappelons nos convictions :
- nous sommes des chefs d’entreprises et des citoyens
responsables ;
- nous nous inscrivons dans la logique gouvernementale de
réductions des déficits publics et de baisse des charges des
entreprises ;
- notre action, nos organisations, les CCI’s, doivent participer au
mouvement de réforme dont notre pays a tant besoin à tous
niveaux.
Pour autant :
• Nous n’avions pas imaginé que le projet gouvernemental
d’analyse comparative des services que nous proposons aux
entreprises, aux territoires et aux jeunes se transformerait en
un réquisitoire à charge, écartant toute comparaison.
• Nous n’imaginions pas que le fait de provisionner le
financement d’engagements sociaux pris, de façon légitime,
vis-à-vis des salariés des CCI ; le fait de simultanément
réduire l’endettement des chambres, était, je cite « la preuve
que nous étions trop riches ! ». Nous pensions simplement
avoir géré de manière rigoureuse et responsable.
• Nous n’imaginions pas que les résultats des CCI, positifs
comme la loi l’impose, gages de leur capacité
d’investissement à votre service, leur seraient reprochés au
motif, je cite à nouveau, que « nous recevions trop de
taxes ». Pour votre information, les taxes encaissées en 2014
par les CCI sont de 1,066 Md, soit un montant équivalent à
celui de 2004. Pour autant, toujours en 2014, vous, chefs
d’entreprises, avez réglé plus de 1,300 Md de TFC. La
différence, plus de 250 M. vous l’ignoriez, fut détournée vers
le déficit général des finances publiques.
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Nous n’avions rien imaginé de tout cela lorsqu’en mai 2013,
nous avons signé un Pacte de Confiance avec le Premier
Ministre. Nous faisions confiance, à tort, d’évidence !
Aujourd’hui, les choses s’accélèrent :
• A fin 2015, c’est un cumul de près d’un milliard de Taxes
versées par les entreprises qui seraient détournées de
leur objet initial par prélèvement sur les réserves et fonds
sociaux des CCI.
• De 2014 à 2017, c’est une baisse des taux de 37 % qui
nous serait imposée, alors que l’État demande aux autres
opérateurs publics un effort maximum de l’ordre de
8/10 %. Chefs d’entreprises, citoyens conscients et
responsables, nous avions au printemps proposé 20 %,
forts des gains d’efficacité dégagés par la réforme de la
carte consulaire, initiée en 2010/2011 et renforcée par
nombre de décisions que nous avons votées depuis.
Récapitulons : l’État s’applique 8 à 10 %, nous proposons
20 %, le couperet tombe à 37 %, préférant tout casser.
• - 37 % c’est revenir à la taxe perçue en 1995 alors que
nos volumes d’activité ont triplé depuis lors ! Lorsque nous
avons demandé à notre Ministre d’alors la justification de
ce 37 %, la réponse fût aussi claire que spontanée : je cite
« vous comprenez, nous n’avions pas assez pris sur les
réserves (le détournement évoqué ci-dessus), il fallait
compléter sur le fonctionnement pour arriver au total
imposé ». Heureusement, que ni les entreprises
françaises, ni les CCI ne sont gérées de cette manière !
Souhaitons au moins que toute baisse des taux profite aux
entreprises, et qu’elle ne soit pas à nouveau détournée vers
le déficit public. Il vous faudra, il nous faudra être vigilants sur
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ce point, compte tenu du Milliard d’ores et déjà captés à fin
2015.
Alors, que faire face à ces projets d’arbitrages
incompréhensibles, à courte vue, destructeurs d’emplois et de
développement économique ?
Les refuser vigoureusement bien sûr, les considérant tout à la fois
comme :
• Une injure faite aux chefs d’entreprises que nous sommes.
Veut-on nous sanctionner ?
• Le démantèlement de l’ensemble de nos actions au
service des entreprises, des territoires, et des jeunes que
nous formons.
Les refuser vigoureusement au regard de leurs conséquences.
Quelques exemples, faut-il :
• Réduire fortement l’emploi pour l’adapter à la nouvelle
équation fiscale ? C’est le lancement d’un ensemble de
PSE pour un total de près de 7000 collaborateurs (sur
26 000) ; le plus grand PSE lancé sur demande du
Ministère du Redressement Productif, c’est un comble !
Remarquez, c’est plus simple de confier le job à des
Chefs d’Entreprise, que de le faire soi-même, au sein de
sa propre administration.
• Tailler vivement dans les programmes d’investissement,
qu’il s’agisse d’Écoles et de CFA (+200 M/an) ou bien
d’équipements destinés aux entreprises (Incubateurs,
Pépinières, zones d’activités) pour un montant équivalent.
C’est la France de demain que l’on nous imposerait de
réduire !
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Ce sont autant d’instruments de développement économique
qui, demain, feraient défaut dans les territoires !
• Fermer des activités, la mort dans l’âme ! La tutelle d’hier
nous invitait à réduire en priorité l’appui aux entreprises,
l’aide à la création, l’international, l’innovation et
l’intelligence économique, sans qu’elle ait démontré notre
moindre efficience dans ces domaines. Elle ne nous a pas
convaincus !
Pour autant, soyez bien conscients que nous ne pourrions tout
maintenir.
Citons rapidement quelques chiffres :
• 200 000 opérations de soutien aux Créateurs
d’Entreprises ;
• 60 000 prestations d’accompagnement à l’international ;
• Plus de 600 équipements gérés ;
• 200 000 élèves et étudiants dans nos écoles dont
l’excellence est reconnue ;
• Parmi eux, 100 000 apprentis placés à plus de 80 % dès
leur sortie.
Sur ce dernier point de l’apprentissage, les effets négatifs
des arbitrages proposés, même partiellement corrigés par les
annonces de la Conférence Sociale de juillet, ne permettront
pas malheureusement d’éviter une baisse sévère, sans doute
de l’ordre de 20 à 30 %.
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Ma conclusion s’adressera au Premier ministre, à qui ces propos
ont été transmis.
Monsieur le Premier ministre,
• ne laissez pas casser un outil qui, chaque jour, fait ses
preuves en matière de soutien aux entreprises, grande
cause que vous avez rappelée hier soir au journal de
20 heures ;
• permettez aux entreprises, aux territoires avec
lesquels nous travaillons, de rebondir ensemble ;
• permettez aux élèves et aux apprentis que nous
préparons efficacement à l’emploi de continuer
d’utiliser nos écoles et nos CFA.
Monsieur le Premier ministre, ne brisez pas notre volonté de
confiance au service de la France 2020, d’une France en
mouvement, d’une France qui gagne dans un monde qui
bouge !
Merci.