2. Date : 02/08 MAI 15
Pays : France
Périodicité : Hebdomadaire
OJD : 578680
Page de l'article : p.61
Journaliste : Fabienne Pascaud
Page 1/1
BETHUNE 0032383400504Tous droits réservés à l'éditeur
REQUIEM
THEATRE
HANOKHLEVIN
rn
Poursonultime piece detheàtre, ecrite
et mise en scene peu avant sa mort, le
dramaturge israélien d'origine polo
naiseHanokhLevin(19431999)sestof
fert un voyage au cœur de la paysanne
ne russe Inspire par trois nouvelles de
Tchékhov, ilycampeautantde destins
de misère hantes par la mort Un villa
gems fabricant de cercueils mené son
épousemourantechezI infirmierdela
ville voisine, et croise sur la route une
toute jeune femme avec un cadavie
d'enfant dans les bras, pendant que le
cocher du fiacre soliloque sur son fils,
mortluiaussi Pasgai Maîslagouaille
de Levin, son sens iconoclaste de l'iro
nieetsontalentdedialoguistenerveux
font de ce conte si noir une farce gro
tesque(icidiablementbientraduitepar
LaurenceSendrowicz)1
LametteuseensceneCecileBackes
faufile sur ce canevas une fresque aux
couleurs de Chagall ou les comédiens,
silhouettes d oiseaux sombres, res
semblent a des êtres prodigieux A tra
vers les costumes subtilement «fol
klonques», lutilisation fugitrve du
masque et l'efficace jeu d'acteurs
entre pitrerie et magie surnaturelle,
I esprit du shtetl tel que dessine par le
peintre russe souffle par petites bouf
fées Backes fait du theâtre avec une
machinerie simple (on aime les scènes
hilarantes des voyages en coche avec
faux canasson) et I on se laisse porter
- Emmanuelle Bouchez
i Editions Théâtrales 2008
I Ih301 Du 5 au 9 mai au Theatre des
Celest rs a Lyon (69) tel 04 72 77 40 00
LA CHRONIQUE DE FABIENNE PASCAUD
rn
Enattendant
Godot
Farce
métaphysique
Samuel Beckett
|2h45lMiseen
scene Jean Pierre
Vincent I Jusquau
30 avril a la
Comedie de
Clermont Ferrand
(63) Les 12 et 13
mai a I Espace des
Arts de Chalon sur
Saone (71) Du 22
au 24 mai au CDN
de Dijon (21)
La fable grinçante
dè Levin servie
par un univers
a la Chagall
Oncroyaitconnaîtrecertainesoeuvres,
vingt fois vues et revues Et le talent
d'un metteur en scene, d un acteur,
les fait soudain revivre autrement
Violemment Drôlement Lumineuse
ment Voila ce qui risque d'arriver a
quiconque retrouvera En attendant
Godot, de Samuel Beckett, mis en
scene parJean Pierre Vincent et cree
au Gymnase, a Marseille Et ceux qui
découvriront pour la premiere fois la
piece visionnaire et insensée compo
sec en 1948, auront la chance de la
goûter dans sa pluralite, et son infini
rayonnement philosophique, comi
que, politique, métaphysique, bur
lesque, prophétique Sans doute fal
lait il maîtriser depuis plus de
cinquanteans I artde lascene, comme
l'ancien patron du TNS, de la Come
die Française et des Amandiers de
Nanterre, pour faire ainsi dégorger au
texte tous ses possibles, ses lumieres
comme ses ombres S'il n'est pas cou
tumier de ce répertoire contemporain
repute du cote de l'absurde, Jean
PierreVincent I aborde en franccama
rade Et cet esprit la irradie la repre
sentation Alors que le desastre de la
Seconde Guerre mondiale n'est pas
lom, et que plane l'horreur de la
Shoah - voir l'allusion au petit tas d os
que pourraient devenir les deux anti
heros a jamais errant, Estragon et
Vladimir -, e est I amitie, la lendlesse
entre ces deux vagabonds a la Laurel
(Abbés /ahmani) et Hardy (Charlie
Nelson)queVincentimposed'emblée
sur le plateau nu Juste décore d un
arbre et de quèlques méchants
cailloux sur la terre blonde aride ,
exactement comme I exigeait Beckett
(1906 1989) Un geste immédiatement
humaniste, immédiatement gene
reux Maîs sans naïveté
La mise en scene parait d'abord
étrangement respectueuse du texte, de
son rythme, de sesjeux de mots, de ses
clins d'œil, de ses associations libres,
de sa poesie antipoetique Sauf qu'a
force d'y être attentive, elle I explose
Et lui apporte un relief insoupçonne
Comme réchappes des comics ameri
cams, chapeau melon et costume de
music hall noir use, Gogo et Did] se re
vêlent ainsi exegetes et philosophes,
maniant comme personne concepts
classiques ou neufs, de la phenomeno
logicalarelativité Onrit Onpenseaus-
si, et étonnamment, dans ce spectacle
ouleslumieresdAlain Poissonrendent
aigu chaque instant au cœur d'un no
man's land ou le temps et l'Histoire
semblent arretes Plus rien a attendre
dans ce paysage de fin du monde, ou
juste ce mystérieux Godot (Dieu') qui
jamais ne viendra Ne reste qu'a faire
resonner le silence Avec des blagues
ou des théories c'est pareil dans ce
royaume vide, ou règne quand même
l'épouvante Gogo et Didi ne se font ils
pas chaque nuit rouer de coups par
des inconnus auxquels ils ne peuvent
échapper, même en secachant~> Apres
on ne sait trop quel cataclysme qui
semble avoir tout anéanti - la guerre,
donc' -, Beckett donne juste a voir
une humanite brute, nue, crue, souf
frameetnantealafois Laseuleaavoir
survécuatout Commedelamauvaise
herbe Avec ses victimes et ses bour
reaux Tel cet hallucinant couple de
Pozzo (Alain Rimoux) et Lucky (Frede
ricLeidgens),lepremiertenantIautre
en laisse comme un chien - un «porc»
gueule t il - et le fouettant pour le for
car a avancer ou penser tout haut
Deux intellectuels mutiles' Le maitre
et son esclave7
Vieux duo qui hante
des siècles d Histoire, d'économie, de
politique et d'inconscient individuel
et collectif Beckett se moque Dans
notre monde dévaste, seul le rosse es
prit humain se révèle increvable, ca
pable de toutes les lâchetés comme de
toutes les résistances
Avec ses formidables acteurs,Jean
Pierre Vincent privilégie, a la deses
perance tragique qui entoure d'ordi
naire En attendant Godot, un chant
d amour aux petitesses et grandeurs
humaines C'est bel et beau Et donne
le courage d affronter ce monde
condamne que Beckettavaitannonce
et malgre tout soutenu Dans et par
son theâtre dépouille, le dernier
theatre que chacun a sa derniere
heure peut encore se jouer •
Q On aime un peu Hl Beaucoup EED Pass ornement D On n aime pas
Pays : France
Périodicité : Hebdomadaire
OJD : 578680
Tous droits réservés à l'éditeur
REQUIEM
THEATRE
HANOKHLEVIN
rn
Poursonultime piece detheàtre, ecrite
et mise en scene peu avant sa mort, le
dramaturge israélien d'origine polo
naiseHanokhLevin(19431999)sestof
fert un voyage au cœur de la paysanne
ne russe Inspire par trois nouvelles de
Tchékhov, ilycampeautantde destins
de misère hantes par la mort Un villa
gems fabricant de cercueils mené son
épousemourantechezI infirmierdela
ville voisine, et croise sur la route une
toute jeune femme avec un cadavie
d'enfant dans les bras, pendant que le
cocher du fiacre soliloque sur son fils,
mortluiaussi Pasgai Maîslagouaille
de Levin, son sens iconoclaste de l'iro
nieetsontalentdedialoguistenerveux
font de ce conte si noir une farce gro
tesque(icidiablementbientraduitepar
LaurenceSendrowicz)1
LametteuseensceneCecileBackes
faufile sur ce canevas une fresque aux
couleurs de Chagall ou les comédiens,
silhouettes d oiseaux sombres, res
semblent a des êtres prodigieux A tra
vers les costumes subtilement «fol
klonques», lutilisation fugitrve du
masque et l'efficace jeu d'acteurs
entre pitrerie et magie surnaturelle,
I esprit du shtetl tel que dessine par le
peintre russe souffle par petites bouf
fées Backes fait du theâtre avec une
machinerie simple (on aime les scènes
hilarantes des voyages en coche avec
faux canasson) et I on se laisse porter
- Emmanuelle Bouchez
i Editions Théâtrales 2008
I Ih301 Du 5 au 9 mai au Theatre des
Celest rs a Lyon (69) tel 04 72 77 40 00
LA CHRONIQUE DE FABIENNE PA
rn
Enattendant
Godot
Farce
métaphysique
Samuel Beckett
|2h45lMiseen
scene Jean Pierre
Vincent I Jusquau
30 avril a la
Comedie de
Clermont Ferrand
(63) Les 12 et 13
mai a I Espace des
Arts de Chalon sur
Saone (71) Du 22
au 24 mai au CDN
de Dijon (21)
La fable grinçante
dè Levin servie
par un univers
a la Chagall
Oncroyaitconnaîtrecertainesoeuvres,
vingt fois vues et revues Et le talent
d'un metteur en scene, d un acteur,
les fait soudain revivre autrement
Violemment Drôlement Lumineuse
ment Voila ce qui risque d'arriver a
quiconque retrouvera En attendant
Godot, de Samuel Beckett, mis en
scene parJean Pierre Vincent et cree
au Gymnase, a Marseille Et ceux qui
découvriront pour la premiere fois la
piece visionnaire et insensée compo
sec en 1948, auront la chance de la
goûter dans sa pluralite, et son infini
rayonnement philosophique, comi
que, politique, métaphysique, bur
lesque, prophétique Sans doute fal
lait il maîtriser depuis plus de
cinquanteans I artde lascene, comme
l'ancien patron du TNS, de la Come
die Française et des Amandiers de
Nanterre, pour faire ainsi dégorger au
texte tous ses possibles, ses lumieres
comme ses ombres S'il n'est pas cou
tumier de ce répertoire contemporain
repute du cote de l'absurde, Jean
PierreVincent I aborde en franccama
rade Et cet esprit la irradie la repre
sentation Alors que le desastre de la
Seconde Guerre mondiale n'est pas
lom, et que plane l'horreur de la
Shoah - voir l'allusion au petit tas d os
que pourraient devenir les deux anti
heros a jamais errant, Estragon et
Vladimir -, e est I amitie, la lendlesse
entre ces deux vagabonds a la Laurel
(Abbés /ahmani) et Hardy (Charlie
Nelson)queVincentimposed'emblée
sur le plateau nu Juste décore d un
arbre et de quèlques méchants
cailloux sur la terre blonde aride ,
exactement comme I exigeait Beckett
(1906 1989) Un geste immédiatement
humaniste, immédiatement gene
reux Maîs sans naïveté
La mise en scene parait d'abord
étrangement respectueuse du texte, de
son rythme, de sesjeux de mots, de ses
clins d'œil, de ses associations libres,
de sa poesie antipoetique Sauf qu'a
force d'y être attentive, elle I explose
Et lui apporte un relief insoupçonne
Comme réchappes des comics ameri
cams, chapeau melon et costume de
music hal
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maniant
classique
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si, et éton
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3. Date : 16 MARS 15
Pays : France
Périodicité : Quotidien Paris
OJD : 40558
Page de l'article : p.23
Journaliste : Jean Pierre
Léonardini
Page 1/2
BETHUNE 8054433400502Tous droits réservés à l'éditeur
Culture Savoirs
LA
T H T R E
DE JEAN PIERRE
LÉONARDINI
Desmourants
et des revenant(e)s
L
e theâtre recèle en son essence la faute,
lepéché, le mal, appelez ça comme vous
voulez, ainsi que - mais pas seulement
tout dè même - la pensée de la mort. Cette
dernière est cette semaine au cœur de notre
écrit. Cécile Backès, qui dirige depuis un peu
plus d'un an la Comédie de Béthune (Centre
dramatiquenationalNord-Pas-de-Calais), a
misenscèneRequiem,l'ultimepiècedel'auteur
israélien Hanokh Levin (1943-1999), qu'elle
a déjà illustré (i) . C'est un conte, où l'on peut
déceler les traces avérées d'une nouvelle de
Tchekhov, de l'esprit acerbe de SholemAlei-
chem, d'un attelage hippo-humainde Beckett
etd'unefable de Brecht. Savantes références
misesàpart,l'œuvren'appartientqu'aupropre
génie de Levin. Unpauvre fabricant de cèrcueils
perd sa femme malade, va et vient en carriole
entre deux localités, croise deux pochards et
deux putains, avant de mourir lui-même es-
corté d'anges... Les
Cst Servi dialogues, émaUlés de
saillies paradoxales,
avec tendresse, sont d'une langue
àlahauteur ^ (traduction de
- Fhebreu par Laurence
d'une sensibilité sendrowicz).
j ,„ , Cécile Backès joue
qui Se détend fort bienle jeu du tré-
sordes contes
' avec
desflguresdemélan_
colle comme suspendues entre le reel et le
songe La représentation est recommandée à
partir de quinze ans. Philippe Fretun, Félicien
Juttner, Maxime Le Gall, Anne Le Guernec,
François Macherey, Simon Pineau et Pascal
Ternisien revêtent l'amertume du trépas, de
surcroît dans un monde injuste, d'une aura
poétique de bon aloi, à laquelle concourent la
musique (Philippe Miller), la lumière (Pierre
Peyronnet)etlescostumes(CamillePenager),
jolimentd'hier. Levinestserviavectendresse,
à la hauteur d'une sensibilité qui se défend de
larmoyer. Stoïque! ComposantRequiem,ilse
savait condamné.
4. Date : 18/03/2015
Heure : 21:38:50
www.lejdd.fr
Pays : France
Dynamisme : 68
Page 1/1
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Tous droits réservés à l'éditeur BETHUNE 241726466
Le testament d'Hanoch Levin
Visuel non disponible
Requiem, la dernière pièce de l'immense dramaturge israélien, fait escale cette semaine à Colmar
Quinze ans après son décès prématuré (un cancer des os à l'âge de 55 ans), Hanoch Levin est devenu
un auteur incontournable, de plus en plus joué, un peu partout dans le monde. Son œuvre prolifique et
protéiforme offre de multiples entrées pour comprendre le monde qui va mal: satires, comédies grinçantes,
tragédies... Des dérives d'Israël dont il a compris avant d'autres les ressorts tragiques (ce qui ne lui valait
pas que des amis en Israël) aux malheurs endurés par le peuple juif et plus généralement l'absurdité de
la vie, Hanoch Levin développe une palette de réflexions de haute volée. "Il est du niveau de Beckett, de
Strindberg ou de Tchekhov", estime le metteur en scène suédois Phillip Zanden.
Pour Requiem, Levin s'appuie sur Tchekhov
Tchekhov justement... Pour cette dernière pièce, Requiem, écrite alors qu'il se savait condamné, Levin
s'est appuyé sur trois nouvelles de l'écrivain russe dont Tristesse et Le violon de Rotschild. Soit un vieux
fabricant de cercueils et une vieille qui se meurt; une femme qui ne pleurer la mort de son enfant; un cocher
qui ne partager le deuil de son fils qu'avec son cheval... Absence, souvenirs, examens de conscience, les
personnages, dans leur sublime candeur, ne se pardonnent rien.
La pièce est construite autour des allers-retours entre la cabane des vieux et la ville où un médecin cynique
et enivré ne fera rien pour sauver la vieille. Les voyages en carriole avec le cocher soliloque, deux ivrognes
et deux prostituées sont des moments de grâce.
L'argument pourrait laisser croire à une implacable tragédie. C'est méconnaître Levin qui, même au seuil
de son existence, mêle l'héroïque et le prosaïque, la farce et le funèbre, l'impertinence et le désespoir, la
vie, la mort et la beauté.
Une oeuvre entre terre et ciel
La mise en scène de Cecile Backès illumine cette palette des sentiments extrêmes... Elle a fait de Requiem
une œuvre entre terre et ciel. Elle accentue cette capacité de Levin à lutter contre sa propre pesanteur: ses
parents ont fui en 1935 la Pologne de Lodz pour la Palestine, bientôt Israël; sa famille est marquée par une
lignée de rabbins hassidiques. La blancheur d'un tapis de plumes enveloppe Requiem d'un halo de douceur
qui, à certains moments, se fait blafard.
Les acteurs, tous excellents, se font aussi musiciens, offrant à l'auteur, aux personnages, aux spectateurs,
une marche sereine vers le trépas, le repos d'un requiem.
Requiem ***
Comédie de l'Est, Centre dramatique national d'Alsace, Colmar, les 18, 19, 20 mars 2015. 03.89.24.31.78.
reservations@comedie-est.com Puis du 5 au 9 mai 2015 aux Célestins, Théâtre de Lyon. 04.72.77.40.00
courrier@celestins-lyon.org
5. Date : FEV 15
Pays : France
Périodicité : Mensuel
OJD : 72982
Page de l'article : p.12
Journaliste : Manuel Piolat
Soleymat
Page 1/1
BETHUNE 9506292400524Tous droits réservés à l'éditeur
I RÉGION/EN TOURNÉE
OE HANOKH LEVIN / MES CÉCILE BACKÈS
REQUIEM
Après Shitz en 2008, la metteure
en scène Cécile Backès revient
au théâtre de Hanokh Levin avec
Requiem,l'avant-dernièrepièceecrite
par l'auteur israélien. Entre loufoque
et funèbre, une fantasmagorie pleine
de sensibilité sur l'expérience de la
finitude humaine.
Tout commence par un air populaire Devant
un rideau resté baissé, des joueurs de grosse
caisse, de violon, de flûte traversiere, d'ac-
cordéon, ainsi que trois chanteurs, s'avan-
cent et se lancent dans une complainte C'est
le début de Requiem*, avant-dernière piece
de Hanokh Levin, écrite alors que l'auteur se
savait condamné par un cancer (maladie qui
l'a emporté en 1999, à l'âge de 55 ans) Cette
séquence mtroductive - prégnante et mélan-
colique -donne la note à toute la représenta-
tion que met en scène, avec beaucoup d'ha-
bileté, la nouvelle directrice de la Comédie de
Béthune (il s'agit de la premiere création de
ce texte en langue française) Car si, comme
nombre d'oeuvres du dramaturge israélien,
Requiem navigue entre loufoque et funèbre,
elle le fait de manière moins enjouée, moins
ardente que des pièces comme Shitz, Kroum
l'ectoplasme ou Yaacobi et Leidental. Bien sûr,
l'humour est au rendez-vous
«RIT BIEN QUI NE PLEURE PAS ENCORE...»
Des éclats de farce transpercent même, par
moments, l'avancée sur les chemins de la mort
de ce conte théâtral Maîs une forme de gravité
ne quitte jamais réellement Requiem Inspirée
de trois nouvelles d'Anton Tchékhov, le texte se
situe à la croisée de plusieurs destinées humai-
nes . celle d'un fabricant de cercueil qui accom-
pagne sa femme jusqu'au trépas, celle d'une
jeune mère qui tente de sauver de la mort son
nourrisson, celle d'un cocher qui vient de perdre
son fils Fidèle à l'univers pluriel de l'auteur, la
mise en scene de Cécile Backès compose un
entre-deux empruntant a la fois au grotesque
et au métaphysique, au trivial et au poétique
Le résultat est tres touchant Prenant en charge
les douze rôles du spectacle, Philippe Fretun,
FélicienJuttner, Maxime Le Gall, Anne Le Guer-
nec, François Macherey,Simon Pineau et Pascal
Ternisien révèlent toute l'exigence et la sensibi-
lité de cette piece testamentaire « Qu'elles rient,
dit le fabricant de cercueil à propos cie deux
prostitués s'esclaffant a côté de lui fîtes le sau-
ront bientôt en ce monde, rit bien qui ne pleure
pas encore » Voilà éclairée, en une réplique, la
ligne de force autour de laquelle se déploient
les bouffées de lucidité et les extravagances de
ce théâtre de l'existence
Manuel Piolat Soteymat
* Piece éditée par les Editions Théâtrales dans
Theâtre choisi Vl - Pieces mortelles, traduction de
Laurence Sendrowicz
Théâtre Olympia-Centre dramatique
régional de Tours
Les 11 et 13fevnet
à19h,le 14 février
représentation 1h
www.cdrtours fr St
Béthune-Centredr
de Calais. Égaierne
La Manufacture-Centre drama
Nancy, du 1?
lonal de =
€
'
i.matiqui-
du 5 au 9 rr»af
6. Date : 16/02/2015
Heure : 13:39:25
Journaliste : Véronique Hotte
hottellotheatre.wordpress.com
Pays : France
Dynamisme : 0
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Tous droits réservés à l'éditeur BETHUNE 239054462
Requiem, de Hanokh Levin, traduction de Laurence Sendrowicz
(éd. Théâtrales), mise en scène de Cécile Backès
Requiem de l’auteur israélien Hanokh Levin, créé par Cécile Backès, directrice de la Comédie de Béthune
-Centre dramatique national Nord-Pas de Calais-, se présente pour la metteuse en scène comme la dernière
œuvre d’un poète qui retrouve ses origines slaves, en s’inspirant de nouvelles de Tchekhov, ceci afin de
raconter le passage de vie à trépas. Comment écrire la fin d’une existence – commune à tous – dans une
proximité extrême avec la mort ? Quelle aura été la valeur de l’existence avant que ne se dépose sur son
paquet désormais plié le grand voile du silence ?
Le drame passe, selon la griffe de Levin, par une représentation vivante de l’art théâtral, depuis la gravité
de la situation macabre jusqu’à la farce et le conte. L’œuvre testamentaire s’accomplit à travers le récit d’un
artisan malheureux et égoïste, sur l’expérience fatale, celle de sa femme d’abord qu’il vit en observateur
privilégié, celle ensuite d’un nourrisson éprouvée par la mère, enfin la sienne live.
Se crée à la fois une initiation pour le faiseur de cercueils, une aventure scénique pour le public, tous
méditant avec un demi-sourire sur cette expérience égalitaire.
La pièce – fiction et philo – pourrait être définie comme une installation « à la croisée des chemins », qui
mène le pauvre fabricant à la rencontre même de sa conscience.
7. Date : 16/02/2015
Heure : 13:39:25
Journaliste : Véronique Hotte
hottellotheatre.wordpress.com
Pays : France
Dynamisme : 0
Page 2/2
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Tous droits réservés à l'éditeur BETHUNE 239054462
Cécile Backès a fait le choix judicieux de réconcilier cette fable ultime avec la réalité, à travers la dimension
paradoxale d’un carnaval – son irréalisme spontané – , une forme d’expression populaire où entrent en jeu
les masques et les déguisements.
Le Vieux (Philippe Fretun, jeu naïf et paisible, caquette et veste d’artisan) se fait l’humble narrateur de sa
propre histoire, un récit qui alterne avec la mise en scène – théâtre dans le théâtre – d’épisodes illustratifs
et colorés, exemplaires de l’intrigue.
La Vieille qu’il regrette, maintenant qu’elle est malade, de n’avoir pas assez regardée (Anne Le Guernec
qui jouera aussi la jeune mère combattive du nourrisson défunt) – cheveux blancs, jupe noire et motifs de
broderie folklorique -, balaie le sol de sa cabane en faisant de petits pas dansants évocateurs. Ce couple
universel de conte populaire rassurant s’accorde avec la figure ludique de l’infirmier alcoolique et désabusé
(François Macheray), consulté pour un avis fatal et sarcastique.
Mais avant de rejoindre, depuis le village initial, le centre sanitaire du bourg le plus proche, il en aura fallu
passer par l’épreuve d’un cheminement physique scénique.
Une jolie carriole d’une invention inouïe foule le sol des allées au bord des quatre murs du plateau, en vue
des errances quotidiennes des personnages : deux belles roues de ferronnerie et un habitacle carré que
portent les passagers quand la voiture se mobilise, et qu’ils déposent à l’arrêt. La métaphore du théâtre dans
le théâtre ne cesse de se filer dans ce tableau lumineusement surréaliste, à l’intérieur de la carriole grâce
aux comédiens porteurs. Ainsi, à côté du Vieux et de la Vieille qui cheminent , se tiennent alternativement
un même duo d’ivrognes et de putains. Félicien Juttner et Maxime Le Gall font les bouffons grotesques et
travestis de cette fête de fous : inversion, jeux de rôle, licences langagières et débauches alcoolisées.
Les goujats ivres morts reprochent aux demoiselles légères de sentir le hareng alors que celles-ci ne se
font guère d’illusions quant aux « peu galants » qu’elles servent.
Mais pour qu’il y ait une carriole mobile sur la scène, il faut un cheval, joué par un acteur sonorisant le pas
de l’animal, masqué d’une tête équestre à la belle crinière, que mène un cocher superbe et mélancolique
à la triste vie (Pascal Ternisien).
À ce tableau de conte enchanteur et railleur, s’ajoutent le cadran poétique d’une fenêtre qui s’élève ou bien
s’abaisse, des feuilles de branches de saule esquissées et la présence au loin d’un fleuve deviné derrière
des panneaux verticaux illuminés.
Un masque de chèvre, et trois anges commentateurs (le duo d’ivrognes et de putains transformé, avec
en plus un autre comédien joueur, Simon Pineau) – l’un aux ailes tombantes, l’autre aux ailes levées et le
troisième aux ailes horizontales -, content fleurette à l’invisible avant de s’emparer de l’âme éclairée des
défunts.
Le divertissement carnavalesque à la Chagall ne pouvait aller sans sa fanfare populaire, une façon de
renverser les apparences et d’effacer les hiérarchies.
La fresque imaginée frappe longtemps les esprits après le spectacle, comme un joli conte d’enfance
onirique, grâce encore à la scénographie soignée de Thibaut Fack. Un sol de plumes blanches et volatiles,
tel un manteau épais de neige poudreuse, le paysage d’hiver du Vieux qui rêve, depuis ses cercueils à un
élevage d’oies puis à un volume de plumes qui ferait de bons édredons à vendre…
La mystique de la réincarnation – chèvre, cheval, saule, fleuve, étoile – s’impose quand la parcelle du monde
– l’être vivant – disparaît, et que celui-ci survit dans le tout, un panthéisme à travers lequel la vie animale
et végétale devient précieuse.
Un songe soyeux, allègre et rieur, soufflant l’air glacé du débordement de toute vie.
Théâtre Olympia – CDR de Tours, du 11 au 14 février
Théâtre de Sartrouville et des Yvelines CDN, du 12 au 14 mars
La Comédie de l’Est – CDN de Colmar, du 18 au 20 mars
Théâtre des Célestins à Lyon, du 5 au 9 mai.
8. Date : 16 MARS 15
Pays : France
Périodicité : Quotidien
OJD : 89089
Page 1/1
af7fc51f5f303309c2454e74f50275de07b7b951a1c5514
BETHUNE 0106433400506Tous droits réservés à l'éditeur
COMÉDIE DE L'EST
L'apaisement devant la mort
Dernière pièce de l'auteur israélien Hanokh Levin, « Requiem » est interprétée trois fois cette semaine à Colmar, à
la Comédie de l'Est. Un appel à la sérénité face à l'angoisse de la fin de vie.
Une partie des comédiens de la piece jeudi soir, apres la deuxieme representation de la semaine, une rencontre sera possible avec les artistes DR
C'est le recit d'une mort naturelle,
alliant crudité et poesie pure la
fin d'une vie simple, qui porte sa
part d'échec et dè renoncement
On entend plusieurs voix melo
dieuses ou acerbes, en solo ou en
choeur, toujours pleines d hu
mour Elles chantent ici I apaise
ment devant la mort A l'angoisse
de la fin de la vie, ['auteur ose
repondre par un appel a la serem
te
Derniere piece ècrite par le drama
turge et metteur en scene israe
lien Hanokh Levm, Requiem est
inspirée de trois nouvelles de
Tchekhov Elle narre l'histoire d'un
fabricant de cèrcueils qui enterre
sa femme, d'une jeune mere qui
refuse de pleurer la mort de son
enfant, et d'un cocher qui porte le
deuil de son fils Ici, la mort côtoie
le rire, l'héroïque dialogue avec le
prosaïque Comme toujours dans
l'écriture de Levm, le trivial se
mêle au sublime
« je reviens a cet auteur parce que
les questions de travail théâtral
posées par son œuvre me passion
nent son écriture pensee pour le
jeu d'acteur, explorant différents
styles, faisant alterner la farce, la
tragédie ou le cabaret propose au
public une fète du theatre Son
œuvre, heritiere du theatreyiddish
de la Mitteleuropa, prolonge une
tradition de theatre populaire On
ne sait plus ce qui est grave ou
releve de la farce, l'autodension
voisine avec la plus grande profon
deur d'âme Levm est l'incarnation
d'une tres grande liberte de pen
see », explique la metteuse en
scene Cecile Backes, directrice de
La Comedie de Bethune, le centre
dramatique du Nord Pas de Calais
La Comedie de l'Est, le centre dra
matique national d'Alsace base a
Colmar et dirige par Guy Pierre
Couleau, maîs aussi celui dè Tours
et de Nancy ont également parti
cipe a la production
Y ALLER A la Comedie de I Est 6
route d Ingersheim a Colmar mer
credi 18 mars a 20 h 30 jeudi
19 mars a 19 h (representation sui
vie d une rencontre avec les artis
tes a I issue du spectacle) et
vendredi 20 mars a 20 h 30 Reser
valions au 03 89 24 31 78 ou via
reservations@comedie est com
10. Date : 06/05/2015
Heure : 07:32:42
www.leprogres.fr
Pays : France
Dynamisme : 998
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Tous droits réservés à l'éditeur BETHUNE 245941303
Un « Requiem »
Photo DR
entre farce et gravité
Lorsqu'il écrit « Requiem », Hanokh Levin se sait condamné par un cancer des os qui aura raison de lui en
1999. Disparu prématurément à l'âge de 55 ans, le dramaturge israélien le plus connu en France, signe son
testament théâtral, un texte drôle et désenchanté, hanté par l'ombre de Tchekhov et ses origines slaves. La
pièce met en scène un fabricant de cercueils qui accompagne sa femme mourante chez le médecin. Lors
de ce qui ressemble à un voyage initiatique, où la gravité côtoie la farce, l'autodérision la profondeur d'âme,
il croise de drôles de personnages. Dirigeant une troupe de sept comédiens, en se frayant un chemin dans
un univers à la fois onirique, baroque et tragicomique, Cécile Backès en donne une lecture savoureuse.
Jusqu'au 9 mai, Théâtre des Célestins, place des Célestins, Lyon 2e.
De 9 à 35 €.
Tél. 04 72 77 40 00.
www.celestins-lyon.com