Repères économiques Bretagne N°7 : Le foncier économique en Bretagne - étude ...
Bretagne 2015 Le Telegramme
1. Supplément au n° du mercredi 6 février 2008.
Ne peut être vendu séparément.
Édition Finistère
Les
entreprises
face à de
nouveaux
enjeux
Les hommes
pages 2 et 3
Les territoires
pages 4 et 5
La compétitivité
page 6
Les valeurs
page 7
2. Bretagne 2015
2007 2015 Etre chef d'entreprise en Bretagne
E n t r e p r i s es b r e to nne s Cap s ur 2015
« Il est important
Rendez-vous... de professionnaliser
... le mardi 12 février à 17 heures au Ponant à
Pacé pour «Bretagne 2015». Les chefs d’en-
treprise présentent leurs propositions pour
une Bretagne entreprenante et performan-
te. Pour vous inscrire, contactez la CRCI de
le recrutement »
Question : comment fidéliser et faire évoluer ses salariés quand on a déjà du mal à recruter. Réponse de
Bretagne au 02 99 25 41 04.
Maurice Magueur, gérant de Plac’Isol (plâtrerie) à Hennebont.
Votre PME compte aujourd’hui 20 sa- dans l’entreprise et éviter d’avoir un exemple : sur le marché de la rénova-
lariés. Avez-vous eu du mal à les em- turn-over trop important. Il faut aussi tion écologique, il faut désormais des
baucher ? être attractif. Je viens de prendre en gens capables d’isoler une maison, de
alternance un jeune de l’IUT de Lorient faire un peu d’électricité, de changer
Quand j’ai repris l’entreprise en 2001 en licence de gestion et d’organisation une fenêtre, tout en ayant l’esprit com-
avec neuf personnes, j’ai voulu recru- de la production. J’espère pouvoir le mercial... D’où l’importance d’avoir de
ter des conducteurs de travaux, des garder à sa sortie. bons managers pour l’encadrement.
responsables de chantier, des chefs Aujourd’hui, un conducteur de travaux
d’équipes. Bref, des pédagogues. Hon- Cette démarche a-t-elle changé votre doit être à même de réaliser les en-
nêtement, je ne pensais pas que ce se- vision du rôle d’un chef d’entreprise ? tretiens d’évaluation de ses ouvriers.
rait aussi difficile. On parle souvent des C’est lui qui les connaît le mieux !
tensions sur le marché du travail dans C’est évident ! Les ressources humai-
le bâtiment, mais les compétences nes, c’est du temps constructif, pas du Quels autres outils de ressources hu-
pour des postes d’encadrement sont temps perdu à régler des problèmes. maines avez-vous mis en place ?
encore plus rares. C’est aujourd’hui Même si le résultat n’est pas immé-
le frein principal au développement de diat. J’ai aussi pris conscience que le Je fais une petite lettre interne pour la
mon entreprise. management va prendre de plus en communication. J’ai également em-
plus d’importance dans nos métiers. bauché une stagiaire en master de
Comment faire pour attirer ces com- Malheureusement, ce n’est pas encore ressources humaines. A terme, j’aime-
pétences qui font défaut ? dans les moeurs du BTP. Mais ce chan- rais avoir un mi-temps sur ce poste.
gement va se faire petit à petit : c’est J’ai également mis sur pied un livret
Il faut professionnaliser le recrute- comme une équipe de foot qui a l’ha- d’accueil. C’est normal que le nouveau
ment. Depuis deux ans, suite à un bitude de jouer d’une certaine manière salarié connaisse la culture d’une en-
stage en ressources humaines (1), j’ai et doit changer pour s’adapter. treprise pour y adhérer. Nous avons
davantage recours à la formation, j’es- notre propre façon de travailler. Celui
saye d’établir des fiches d’emplois et Justement, quels avantages pour qui rejoint Plac’Isol doit savoir où il
de compétences, j’ai mis en place des vous d’avoir engagé cette démarche ? met les pieds pour s’y sentir bien !
parcours d’intégration. Mon objectif :
recruter des gens qui ont un poten- Avoir des salariés polyvalents offre Jean Abbiateci
tiel et les faire progresser tout en les plus de souplesse à l’entreprise. No-
évaluant. C’est la clé pour les fidéliser tre secteur est appelé à évoluer. Un (1) Bretagne Ressources Humaines Plus
« Des jeunes qui
Pré Vision veille sur son capital humain
Transparence et communication... Deux mots clés de la politique de ressources humaines mise en place par
ont envie de mordre Michel Emily, PDG du groupe Pré Vision basé à Tréflévénez.
Michel Emily l’avoue sans honte. groupe. La différence entre une entre-
dedans... » A 55 ans, le PDG de Pré Vision (1), spé- prise qui gagne sa vie et une autre qui a
cialisé dans le machinisme pour l’agri- du mal, ce n’est souvent que des petits
culture, l’industrie et les travaux pu- détails. »
blics, a appris son métier sur le tas. « Je
suis sorti de l’école à 15 ans, j’ai pris la Aujourd’hui, la très
suite de mon père mécanicien de cam- grande majorité des
pagne. Je n’étais pas du tout formé à la collaborateurs de Pré
gestion des hommes. » Aujourd’hui, la Vision ont entre 25 et
petite entreprise familiale a bien grandi Etre 40 ans. Mais il faut
avec ses 338 salariés et ses 65 millions
d’euros de chiffre d’affaires pour 2007.
attractif préparer la relève.
Certaines compéten-
ces sont parfois dif-
Au fur et à me- ficiles à recruter. En
sure de la crois- ce moment, l’entre-
sance, la gestion prise recherche des
Au journaliste qui le questionne sur l’at- des ressources soudeurs et des chaudronniers. Trop
trait des jeunes pour l’entreprise, Michel Le déclic
humaines est de- souvent, les gens, regrette le PDG, sont
Emily n’hésite pas à aller à l’encontre de suite à une venue de plus en cantonnés dans un métier. « Je suis en
certaines idées reçues. « Aujourd’hui, formation plus pressante. contact avec un menuisier qui a plus de
il y a des jeunes qui ont envie de mor- « C’était difficile de 16 ans de maison et dont la boîte vient
dre dedans, qui bougent. Cela n’existait tout faire. Il a fallu de couler. C’est un manuel, je pense
pas avant, c’est la génération internet. m’organiser, sinon qu’on peut faire affaire ensemble. »
Là, j’ai un de nos garçons qui part en j’allais exploser ! » Cette souplesse dans les parcours pro-
Chine. » Mais le PDG est conscient des Le déclic : une formation de la CRCI. fessionnels passe par un recours très
efforts à fournir pour être davantage « Pendant six mois, tous les mercredis, important à la formation. Résultat, l’an
attractif. « Nos métiers n’ont pas forcé- on a mis sur papier la définition de nos dernier, Pré Vision a monté son propre
ment bonne presse. Mais c’est dû à une métiers. J’ai appris que lorsqu’on crée Michel Emily, au centre, entouré de deux de ses centre de formation.
vision un peu archaïque. Un gars qui fait un emploi, la première chose à faire est directeurs.
du SAV chez nous passe son temps avec une définition de poste pour expliquer Jean Abbiateci
son ordinateur pour trouver l’origine à son collaborateur ce que l’on attend
d’une panne. En racontant ça, on attire de lui. On a vraiment fait un pas de la rémunération en partie au mérite.
les jeunes. Or, pour qu’un jeune aime géant en instaurant cette organisation « Même pour un magasinier et une
son métier, il faut qu’il puisse rêver. » d’embauche transparente. » Riche de (1) Pré Vision comprend les sociétés
secrétaire, c’est un moyen d’encoura-
cette expérience, le groupe a systé- ger le non-gaspi. C’est incontournable Emily, Sofimat, Magsi, Oxymax, Oxy-
matisé l’entretien individuel. Ainsi que pour que chacun se sente acteur du montage.
2 Entreprises bretonnes, Cap sur 2015 - Le Télégramme - Toutes éditions - Mercredi 6 février 2008
3. Le solde migratoire breton est
passé de 8.000 personnes par
an sur la période 1990-1998 à
19.000
par an
sur la période 1999-2004.
Cette croissance s’explique
en grande majorité par
l’immigration d’actifs (Insee).
La Bretagne n offre que
tagne n’offre
32
places de crèches pour
1.000 enfants contre 64
au plan national.
Les Chambres de commerce et d’industrie
du Finistère proposent
Seulement
Seulement
2 0 0 fo r ma t i o n s
Il y en a certainement
34,9%
des salariés bretons ont
une pour vous !
accés à la formation contre
46,6 % à l’échelle nationale.
02 98 30 45 75 02 98 62 39 39
www.formation.cci-brest.fr www.morlaix.cci.fr/
65%
formation
02 98 98 29 29
des chefs d’entreprise citent www.quimper.cci.fr
l’amélioration des conditions
de travail comme premier
facteur de mobilisation et de
fidélisation des salariés.
Les Chambres de commerce
et d’industrie du Finistère
Entreprises bretonnes, Cap sur 2015 - Le Télégramme - Édition Finistère - Mercredi 6 février 2008 3
4. Bretagne 2015
2007 2015 Etre chef d'entreprise en Bretagne
E n t r e p r i s es b r e to nne s Cap s ur 2015
Un territoire
En Centre-Bretagne,
« en voie
de désertification »
le défi de l’attractivité
Gourin, une ville centre bretonne sur laquelle le groupe Belge Ardo, exportateur de légumes surgelés, a
Pour le groupe Belge Ardo, outre le défi choisi en 1995 d’implanter son siège français. Le groupe y a en effet installé sa plus grosse usine de produc-
des transports, la désertification du Centre
tion, de conditionnement et de distribution en France.
Bretagne pose problème au directeur de
l’entreprise gourinoise. Les chaînes de pro-
Principales motivations de ses dirigeants à l’époque ? L’offre territoriale.
duction automatisées nécessitent l‘emploi
d’une main-d’œuvre de plus en plus quali- « Cette région est la ville de Carhaix souhaite mettre en maritime ? « Cela coûte moins cher
fiée. L’usine veille à la formation des jeunes au centre d’un bas- place une stratégie de transports rou- d’acheminer les marchandises par
locaux mais il est difficile de les garder. sin de légumes im- tiers privilégiant le ferroutage, mais le Rotterdam que par les ports bretons,
« Les jeunes migrent vers la zone côtière Un site portant. directeur français du groupe Ardo, es- cherchez l’erreur !» poursuit Claude
ou les agglomérations », poursuit Claude excentré Nous sommes en time « qu’à court terme, il faut d’abord Villain.
Villain. « Les questions de l’emploi du contrat direct avec veiller à l’amélioration du routier plus
conjoint, de la scolarisation des enfants, trois coopératives que du ferroutage ». Et le transport Elodie Robin
passé le primaire, restent problématiques de producteurs, ex-
pour une famille. » plique Claude Vil-
La solution : créer une « spirale vertueuse » lain, directeur général du groupe en
pour rendre le territoire attractif. C’est-à- France. Et le climat permet de faire
dire « encourager fiscalement l’installation tourner l’usine de manière optimale
des entreprises qui créent l’offre d’emploi environ 10 mois dans l’année ». Des
mais aussi celle des particuliers ». atouts qui ont un impact positif sur la
Le groupe Ardo intègre déjà au recrutement production du site : 86 000 tonnes en
les problématiques des futurs employés. 2007 contre 34 000 tonnes en 1994. Des
« Nous leur proposons des contacts d’agen- atouts qui ont un impact positif sur la
ces immobilières et faisons appel au réseau production du site : 86 000 tonnes en
d’entrepreneurs pour aider le conjoint à 2007 contre 34 000 tonnes en 1994. Si
trouver un emploi. » Il s’agit ensuite de fi- le site de Gourin est le plus important
déliser le personnel en lui permettant d’ac- du groupe Ardo en France, il est aussi
quérir des compétences. L’entreprise alloue le plus excentré. « Nous sommes si-
le triple du budget légal pour former ses tués de plus en plus loin du centre de
employés et leur garantir ainsi une ascen- consommation européen, qui est tour-
sion professionnelle. Mais celle-ci « profite né vers l’Est, justifie Claude Villain, et
malheureusement aux autres acteurs du l’infrastructure routière du Centre Bre-
secteur, » déplore le chef d’entreprise. tagne est peu développée ». Quelles
solutions s’offrent alors aux entrepri-
ses en terme de transports ? A 20 km,
Lier l’emploi
L’esprit régional,
à la capacité une force pour l’emploi
de logement Un silence surprenant règne dans les locaux de l’entreprise LTB, La Thermodynamique de Bretagne,
spécialisée dans la fabrication de climatiseurs destinés aux marchés européen et asiatique. Une tren-
taine d’employés est pourtant à pied d’œuvre. Des trois lignes de production que possède l’entreprise de
Clohars-Carnoët, ne s’échappe que le bruit des perceuses. Et les surprises ne s’arrêtent pas là : l’atelier de
production possède de grandes baies vitrées.
C’est un espace de travail à taille hu-
maine avec des postes aménagés
pour chaque corps de métier et sur-
tout adaptés pour garantir un certain
confort dans le travail. En nous mon-
trant les conditions de travail au sein
de son entreprise, Claude Chatron
témoigne déjà de sa philosophie de
l’entreprenariat. « J’estime, confie-t-il,
que l’on doit donner l’envie et l’intérêt
pour le travail». CQFD.
« Il faut faire attention à ne pas oublier
que si l’on veut faire venir l’emploi, il faut Si concilier emploi,
offrir des capacités de logements, com- épanouissement
mente Claude Chatron, élu de la chambre des jeunes et envi-
de commerce. Sur la région de Quimperlé, ronnement à forte
un trois pièces coûte près de 650 euros ». Une pression foncière
Alors pour avoir « une population jeune, stratégie peut être un véri-
bien formée et heureuse de vivre là, il faut sociale table casse-tête
atteindre un équilibre entre l’offre locale, pour un chef d’en-
avec la construction par exemple de petits treprise, Claude le nouvel employé bénéficie d’une aide ries pour trouver un logement, réseau
collectifs de qualité et l’offre entreprena- Chatron, président à l’intégration. Des moyens d’accueil d’entrepreneurs pour éventuellement
riale. » A terme, l’installation et le dévelop- directeur général divers qui vont lui permettre de trou- aider le conjoint à trouver un emploi...
pement d’entreprises pourrait permettre de la société LTB en a fait sa principale ver sa place et de devenir un maillon Des arguments qui fidélisent les em-
d’améliorer encore la qualité de vie de la croisade. Celle qui consiste à offrir à reconnu de la chaîne. Parrainage, coa- ployés. A LTB, pas de turnover, consta-
région. « Pourquoi ne pas créer une crèche l‘ensemble de son personnel un cadre ching, formation à d’autres postes de te Claude Chatron, « beaucoup sont là
interentreprise ? », suggère même Claude de vie personnel et professionnel de travail que celui pour lequel l’employé depuis les débuts de l’entreprise, il y a
Chatron. D’ici trois ans, cela pourrait être qualité. Il leur communique au quoti- a été recruté afin de faire marcher, à dix ans. Ici, avec quatre ans d’ancien-
possible si l’on arrive à faire s’installer des dien l’esprit régional qui fait selon lui la moyen terme, l’ascenseur social. Mais neté on est encore considéré comme
entreprises ». force de la Bretagne. Sa recette : le so- aussi l’aide aux démarches plus per- un jeune ! »
cial. Dès son entrée dans l’entreprise, sonnelles, contacts auprès des mai- Elodie Robin
4 Entreprises bretonnes, Cap sur 2015 - Le Télégramme - Toutes éditions - Mercredi 6 février 2008
5. 68%
des chefs d’entreprise
considèrent que l’image
de la Bretagne a un effet
positif sur l’image de leur
entreprise, de leurs marques
ou de leurs produits.
62%
des chefs d’entreprise
estiment que la localisation
bretonne est un facteur
positif pour recruter
des personnes à l’extérieur
de la région.
12%
PS0801017
des chefs d’entreprise
pensent que l’image de
la Bretagne a un impact
négatif sur leur recrutement.
87%
des chefs d’entreprise voient
dans leur localisation un
atout pour leur activité.
88%
des chefs d’entreprise jugent
nécessaire de s’impliquer
soit à titre d’entrepreneur,
soit à titre individuel
dans la vie collective,
locale ou régionale.
* Enquête Bretagne 2015
Entreprises bretonnes, Cap sur 2015 - Le Télégramme - Édition Finistère - Mercredi 6 février 2008 5
6. Bretagne 2015
2007 2015 Etre chef d'entreprise en Bretagne
E n t r e p r i s es b r e to nne s Cap s ur 2015
Ekinops, branché
Bientôt en Bourse ? sur l’international
Attention : success-story à la bretonne ! Cette start-up de Lannion a su valoriser son savoir-faire technolo-
gique pour partir à la conquête des marchés d’Europe, d’Amérique et d’Asie.
Un million de chiffre d’affaires en
2006, 4 millions en 2007, 8 millions
prévus pour 2008... Quatre ans après
sa création, Ekinops, spécialisé dans
le transport optique, est en pleine
croissance. L’histoire de cette start-
up de 40 salariés, créée en 2002 par
Malgré sa taille réduite la PME bretonne
réduite, des anciens ingénieurs d’Alcatel, avait
a réussi à s’imposer face aux géants du pourtant commencé de façon chaoti-
secteur... dont Alcatel. De quoi nourrir que. « C’était juste après l’explosion
des nouvelles ambitions. « Soit on était de la bulle internet et les attentats du
une bonne PME vivant tranquillement 11 septembre. On n’aurait pas pu choisir
dont j’aurais pu rester le PDG. Soit on un pire moment », plaisante Jean-Luc
donnait un coup d’accélérateur pour vi- Pamart, l’un des fondateurs. Le déclic
ser une introduction en bourse à l’horizon aura lieu en juillet 2002 : l’entreprise Jean-Luc Pamart et François-Xavier Ollivier, les deux fondateurs d’Ekinops.
2009-2010. » Ces ambitions ont été ac- devient lauréate du concours Oséo An-
compagnées en amont par une nouvelle var récompensant les entreprises in- choix géographique. Premièrement, la Si le coeur d’Ekinops est en Bretagne,
levée de fonds de 14,5 millions d’euros et novantes. D’un coup, les investisseurs concentration locale d’entreprises spé- sa structure commerciale s’est disso-
l’arrivée d’un nouveau PDG, Didier Brédy. sont moins frileux. Première levée de cialisées dans les télécommunications ciée dans le monde entier, au plus près
François-Xavier Ollivier qui lui a cédé fonds : sept millions d’euros. qui composent aujourd’hui le pôle de de ses clients. Une première annexe
son fauteuil en 2006 pour se recentrer compétitivité Images et Réseaux. avait été créée en région parisienne.
sur la technique et la production, l’expli- L’autre raison est plus circonstancielle. L’année 2007 aura été celle de l’in-
que avec beaucoup d’humilité : « L’échec Côté organisation, Le malheur des uns faisant le bonheur ternationalisation, avec la création de
d’une entreprise peut arriver quand les Ekinops a fait de des autres, c’est au moment où Eki- plusieurs bureaux aux Etats-Unis, à
fondateurs veulent à tout prix en garder
Ancrage Lannion son centre nops a commencé à recruter que son Londres et à Singapour. « Pour nous,
les commandes. A un moment, il faut sa- local, technologique, en y voisin Alcatel licenciait. « Nous avons l’Asie, c’est encore de la prospection.
installant ses labo- pu embaucher assez rapidement sur Il s’agit de comprendre comment fonc-
voir mettre les meilleurs aux postes clés. clientèle
Nous l’avons fait et c’est un bon choix. » ratoires Recherche place des gens très qualifiés. On a pu tionne le marché pour faire des affai-
mondiale et Développement également acheter du matériel d’occa- res le moment venu. »
(1). Deux facteurs sion très performant », explique l’autre
ont joué dans ce fondateur François-Xavier Ollivier. Jean Abbiateci
Le sur-mesure pour être compétitif
En 2006, les exportations Avec la mondialisation, comment nos entreprises bretonnes peuvent-elles rester compétitives ? En inno-
vant, répond Yves Millot, PDG d’ETT (Energie Transfert Thermique) à Ploudalmézeau.
bretonnes s’élevaient
à près de Comment arrivez-vous à tirer votre le marché pour révéler à nos clients
épingle du jeu dans un marché de leurs futurs besoins.
9 milliards plus en plus compétitif ?
L’innovation passe-t-elle également
Première raison : nous nous sommes par toujours plus de services ?
d’euros, positionnés sur le haut de gamme. Nos
120 collaborateurs conçoivent, fabri- Exact. Ce qui intéresse le client, ce n’est
positionnant la Bretagne
onnant Bretagne quent et commercialisent du matériel pas simplement le prix de la machine,
e d’environnement climatique, environ c’est aussi le coût de son installation,
au 13 rang des régionss 1 000 unités par an. La haute cou- de sa maintenance, de l’électricité
exportatrices (
i (contre l
le ture de la climatisation ! Notre sec- qu’elle va consommer. Un exemple :
e teur se développe, porté notamment nous sommes le fournisseur unique du
7 rang pour le produit par les nouvelles réglementations groupe Auchan. Et bien, nous n’avons
intérieur brut). sur la consommation d’énergie. Pour pas remporté ce marché simplement mondialisation des échanges, c’est sur
2007, notre chiffre d’affaires s’élève à parce que nous sommes Bretons ! Nos le prix des composants achetés en Asie
25 millions d’euros, avec une croissan- produits sont réputés fiables, certes par nos fournisseurs.
ce d’environ 17 %. parfois plus chers que les autres, mais
notre offre de services a fait la diffé- Comment envisagez-vous la place de
Près de Comment votre PME peut-elle se
Commen rence. l’entreprise bretonne dans une éco-
différenc
différencier, notamment face à des
20%
nomie de plus en plus mondiale ?
grandes entreprises ? Donc, la recherche du plus bas coût
n’est pas une obsession dans des mar- Je pense que la maîtrise et la mise
En étant réactive avant tout. Etre une chés de plus en plus compétitifs ? en œuvre de notre savoir-faire va per-
PME nous donne la souplesse d’adap-
nou mettre aux entreprises innovantes de
ter notre produit, en proposant des Dans un monde extrêmement globa- garder leur place, notamment sur les
des emplois industriels prestations que de grands groupes
prestatio lisé, aucune activité ne peut se targuer marchés de niche. Dans de nombreux
américai
américains n’ont pas la possibilité de d’être protégée. Mais l’équation « ré- pays, la compétence technique existe,
bretons dépendent d’ores faire. Le sur-mesure, c’est là toute la duction des coûts = externalisation » mais les gens ne savent pas l’adapter
et déjà d’un établissement clé ! Pour une meilleure cohésion, nous n’est pas une fatalité. Dans un métier à un besoin spécifique. Un exemple :
avons groupé sur notre site de Plou-
gr très technique comme le notre, qui
à participation étrangère. dalmézeau la recherche, les bureaux demande des compétences aussi bien
nous avons climatisé les ascenseurs
de la Tour Eiffel. Jamais depuis la
d’études et la fabrication de nos pro- en tôlerie qu’en électronique, les coûts Chine ou l’Inde, vous ne pourrez appor-
duits. L’autre enjeu est celui de l’inno- d’une externalisation seraient très lar- ter une solution à une problématique si
vation permanente. Nous nous devons gement supérieurs aux avantages. En exceptionnelle.
d’être à l’affût. Et même en avance sur revanche, là où l’on peut profiter de la Jean Abbiateci
6 Entreprises bretonnes, Cap sur 2015 - Le Télégramme - Toutes éditions - Mercredi 6 février 2008
7. Vivre de la
protection de
Visitez
l’environnement
Chez les Le Gall, le recyclage est une histoi-
re de famille. Voici quatre générations que
la volonté de préserver l’environnement
coule dans leurs veines. C’est avec l’arrière
grand-père de l’actuel président des entre-
prises Ludovic Le Gall que l’aventure com-
les entreprises
mença.
« Il était agriculteur, ex-
plique Philippe Le Gall, et
vivait avec difficulté de son
métier. Il y a donc ajouté
une activité annexe qui
était de récupérer différen-
tes choses, du chiffon à la
du Finistère…
peau de lapin, dans les fer-
mes alentours. Le but étant
de les commercialiser ».
Par la suite, son grand-pè-
re fera de la récupération
son activité principale. Très jeune, son fils Ludovic
Rendez-vous sur le site
a été sensibilisé à ces valeurs écologiques. C’est
ainsi qu’en 1965, il crée l’entreprise briochine. Gé-
rée depuis 1990 par deux de ses fils, la SAS, qui
emploie aujourd’hui 95 salariés à travers la Bre-
tagne, est spécialisée dans la collecte des déchets
du tourisme de découverte
industriels et ménagers : ferraille, métaux non
ferreux, déchets banals ou dangereux.
« Le fondement de nos pro-
économique
fessions est de vivre de la
Un protection de l’environne-
développement ment à travers le temps »,
induit explique Philippe Le Gall,
actuel président de la so-
www.visitesentreprises29.com
par l’éveil des ciété basée à Ploufragan.
consciences La prise de conscience de
la donne écologique, par les
pouvoirs publics et les chefs
d’entreprises, Philippe Le Gall l’impute aux an-
nées 90. « Une demande sociale a émergé. Beau-
coup ont réalisé qu’ils ne pouvaient plus traiter
leurs déchets n’importe comment ». Bercé par
ces principes de préservation, le chef d’entreprise
briochin a su pressentir et finalement profiter de
l’explosion de la demande. Plusieurs sites à tra-
vers la Bretagne ont vu le jour : à Briec-de-l’Odet,
Pontivy, puis Ploumilliau, Brest et plus récemment
à Guéméné-Penfao en Loire-Atlantique. C. Fontenoy - Photos : CCI29 - Faïenceries de Quimper HB-Henriot - CRTB Gratien Jean-Patrick
Pour assurer la pérennité
de ses activités, Philippe Le
Une quête du Gall n’hésite pas à s’investir
développement dans le développement du-
durable rable. Son engagement pour
la certification Iso de son
entreprise en est la preuve.
« Nous œuvrons dans le do-
maine de la gestion et la valorisation des déchets
et avons besoin que cela soit reconnu » justifie-
t-il. De poursuivre : « La double certification envi-
ronnementale et de qualité de service définit notre
plan d’action dans une démarche de perpétuelle
amélioration de nos activités. » Et comme si cela
ne suffisait pas, le chef d’entreprise s’est lancé CCI Brest CCI Morlaix
dans le « développement durable sportif » en
sponsorisant le navigateur Bertrand Delesne qui
02 98 00 38 00 02 98 62 39 39
participait en 2007 à la Transat 6.50. « Le bassin
briochin manque de visibilité. L’idée était de s’en- CCI Quimper Cornouaille
gager aux côtés de ceux qui défendent les valeurs 02 98 98 29 29
sportives de notre territoire. Tout mon personnel
y était associé. Nous l’avons accompagné finan-
cièrement et soutenu pendant sa course ». Une une opération menée par
démarche qui porte ses fruits puisqu’aujourd’hui
une vingtaine d’entreprises s’y sont associées. Un
club d’entrepreneurs a même vu le jour en mai
2007 et labellisera, désormais chaque année, un
projet sportif.
Elodie Robin
Entreprises bretonnes, Cap sur 2015 - Le Télégramme - Édition Finistère - Mercredi 6 février 2008 7
8. E ntr e p r is e s b r e to nne s Cap sur 2015
Bretagne 2015
2007 2015 Etre chef d'entreprise en Bretagne
La Bretagne de 2015 vue
par les patrons bretons
Jean-François Le Tallec, président de la Chambre régionale de commerce et d’industrie, présente la démar-
che « Bretagne 2015 »
Les Chambres de commerce et d’industrie de
Bretagne ont souhaité mettre en lumière les
réflexions prospectives, les préoccupations et
les propositions des chefs d’entreprise bre-
tons. Pilotée dans ce cadre par la Chambre
régionale de commerce et d’industrie, « Bre-
tagne 2015 » est l’expression des chefs d’en-
treprise quant aux conditions d’exercice de
leur métier en Bretagne à moyen terme.
Cette démarche s’est élaborée en trois phases (1):
L’organisation de 21 tables rondes dans les
21 pays bretons.
Ces tables rondes ont réuni plus de 200 chefs
d’entreprise de juin à novembre 2006.
Trois grands thèmes ont dominé ces rencontres
et échanges :
• les hommes qui font l’entreprise (ressour-
ces humaines, modèles entrepreneuriaux,
management, portage de l’innovation, etc.),
• l’adaptation des entreprises à leurs concur-
rences et à leurs marchés dans un contexte
mondialisé d’une part et de forte mutation
de l’économie résidentielle d’autre part,
• l’insertion des entreprises dans leur terri-
toire (attractivité territoriale et relations du Pour l’élaboration de «Bretagne 2015», puisse s’enrichir de l’expérience des nir, avec le développement démographi-
monde entrepreneurial avec les institutions vous avez invité les chefs d’entreprise autres. que de la Bretagne, les conflits d’usage
et les collectivités). bretons à exprimer leur vision de la vont se multiplier. Des arbitrages seront
Bretagne de demain. Pourquoi cette Comme il y a moins de jeunes à entrer nécessaires.
Pour approfondir ces enjeux, plusieurs grou- démarche ? sur le marché du travail que de retrai- Dans l’ensemble, les chefs d’entreprise
pes de travail, composés de chefs d’entre- tés à en sortir, on s’achemine vers une souhaiteraient une meilleure écoute de
prise et de permanents des CCI, se sont réunis Parce que c’est la mission des CCI de forte pénurie de main-d’oeuvre. Com- la part des collectivités territoriales lors-
en janvier 2007 pour échanger sur les thèmes solliciter l’expression des chefs d’entre- ment les chefs d’entreprise pensent-ils que celles-ci élaborent leurs politiques
suivants. prise et de la faire connaître à ceux qui relever le défi du recrutement ? de développement économique.
élaborent les politiques publiques. Cet-
• « les enjeux du management », te démarche nous a paru d’autant plus Ces évolutions obligeront les entrepri- Quelles sont les pistes d’actions que
• « l’entreprise performante et compétitive », nécessaire que le développement des ses à se montrer plus attractives envers vous allez suggérer aux pouvoirs pu-
• « l’industrie et les services aux entreprises », filières majeures pour la Bretagne a ten- les jeunes salariés et à mieux valoriser blics ?
• « commerces, services et mutations de dance à marquer le pas : l’agroalimen- les seniors. Demain, les entrepreneurs
l’économie présentielle », taire, les technologies de l’information auront davantage le souci de conserver D’abord, développer les services de proxi-
• « attractivité des territoires et soutien aux et de la communication, la construction leur personnel que de le recruter. Il faut mité dans les secteurs péri-urbains : crè-
entreprises », automobile et navale. Durant un an, nous rappeler aussi que 10.000 patrons bre- ches, transports, commerce... Les chefs
• « modalités de coopération entre entrepri- sommes allés sur le terrain recueillir tons vont céder leur entreprise dans les d’entreprise constatent que l’attractivité
ses et collectivités ». leurs réflexions et leurs interrogations. cinq ans qui viennent. Ces perspectives des territoires joue un rôle important sur
20.000 chefs d’entreprise de tous les de transmission nécessitent de dévelop-
leur capacité à recruter des salariés et à
Afin de compléter ces échanges, des entre- secteurs d’activité ont été consultés et per des actions de sensibilisation no-
les fidéliser.
tiens ont également été réalisés avec des plus d’un millier ont contribué à l’élabo- tamment des jeunes à la création et à la
Il est important aussi de développer en
experts sur ces différents thèmes. Enfin, un ration de ce document. reprise d’entreprises.
Bretagne, la culture de l’innovation et
questionnaire a été adressé aux chefs d’entre- Dans ce contexte, une meilleure adé-
cela dans tous les domaines. Je pense au
prise, diffusé avec la revue « Bretagne Econo- Selon les chefs d’entreprise, quelles quation entre la formation et les besoins
management des ressources humaines,
mique » et proposé sur les sites internet de la sont les conditions de réussite de la des entreprises est indispensable. Les
la façon de vendre les produits...
CRCI et des CCI en mai 2007. Bretagne de demain ? chefs d’entreprise attendent aussi que le
système de formation s’adapte aux évo- Les chefs d’entreprise bretons parta-
Parmi les nombreux enjeux, quatre ont lutions technologiques et qu’il soit plus gent aussi la sensibilité croissante de
800 chefs d’entreprise ont répondu à ce ques- l’opinion aux questions d’environnement
tionnaire. Par cette méthode de consultation été clairement identifiés : la gestion des réactif. Enfin, ils considèrent qu’il faut
ressources humaines, compte tenu des activer le rapprochement entre l’entre- et de développement durable. De gros
élargie, il s’agissait de s’assurer que la ré- effort sont été réalisés. La Bretagne,
flexion des groupes de travail était confortée évolutions démographiques, la pression prise et l’université.
foncière qui crée dans de nombreux ter- qui produit très peu de l’énergie qu’elle
par l’opinion des chefs d’entreprise qui n’y consomme, va devoir sécuriser son ap-
avaient pas participé. ritoires un frein à l’activité économique, Dans quelle mesure la pression fon-
la desserte énergétique de la Bretagne cière est-elle un frein à l’activité éco- provisionnement énergétique en favori-
(1) et enfin l’offre logistique. Avec l’accélé- nomique ? sant notamment le développement des
L’animation de la démarche, le recueil et énergies renouvelables.
ration des échanges internationaux, le
l’analyse des propos des chefs d’entreprise ont Il faudra aussi garantir la connexion de
renchérissement des coûts de transport, La Bretagne manque d’espaces dédiés à
été confiés au cabinet TMO Régions. la Bretagne à ses marchés en améliorant
en lien avec ceux de l’énergie et des ma- l’activité industrielle. Du fait d’une pres-
tières premières, va affecter la compé- sion générale sur le foncier en particu- les performances logistiques. La logisti-
titivité des entreprises à l’export. Plus lier sur les zones littorales, certaines en- que conditionne une partie de la compé-
généralement, les chefs d’entreprise ont treprises ont du mal à s’installer ou à se titivité des entreprises surtout à l’Ouest
montré leur souhait d’échapper à leur développer. Jugées trop polluantes, trop de la Bretagne.
isolement. Seuls dans leurs entrepri- bruyantes, trop productrices de déchets,
ses, ils mettent l’accent sur la nécessité beaucoup d’activités sont également re- Propos recueillis
de travailler en réseau afin que chacun mises en cause par les riverains. A l’ave- par Frédérique Le Gall