1. Journée d’étude La Courroie-ANDRH
L'insertion professionnelle des étudiant-e-s :
Regards croisés employeurs - universités
8 décembre 2016 – Université Paris Nanterre
La Courroie associée à l'ANDRH 92 a organisé cette journée d'études sur l'insertion professionnelle
des étudiants, en croisant les points de vue des employeurs et des établissements universitaires.
Ont participé à cette journée près de 75 participants venant de nombreux établissements
d’enseignement supérieur (Brest, Caen, Pau, Amiens, Lyon, St-Etienne, Angers,
Besançon, Nancy, Bordeaux, Lille, Paris 1, Paris 2, Paris 5, Paris 8, Paris Nanterre, Paris
11, Cergy, Evry, Uvsq, ICP...).
Table-ronde 1 : L’université face aux enjeux de l’insertion
professionnelle des étudiant.e.s
La première table-ronde a été modérée par Christine Bruniaux, Directrice du département Lien
Formation-Emploi à la DGESIP. Après un aperçu de la réalité de l'insertion professionnelle des
étudiants et des emplois qu'ils occupent une fois diplômés présenté par Amélie Briffaux, Présidente
de Résosup, les participants de la table ronde ont traité de la prise en compte de la
professionnalisation dans l'accréditation des formations, de la place des professionnels extérieurs
dans la construction et la mise en œuvre des formations, de la déclinaison des formations sous
l'angle des compétences et de l'orientation tout au long de la vie (OTLV) …
Les priorités du Ministère
La question de l’insertion professionnelle des étudiants est devenue une priorité et un enjeu majeur.
C’est l’une des principales missions des universités, relayée par les SCUIO-IP, notamment des BAIP.
Des accords-cadres ont été signés au niveau national avec le MEDEF, l’APEC, Pôle emploi afin de
développer ou renforcer les liens entre les universités et le monde du travail.
L’accompagnement vers l’emploi des étudiants se traduit par la mise en place d’un projet
professionnel personnalisé incluant l’information, l’orientation et la formation… tout au long de la
vie : formation initiale et continue, la VAE (cf. Loi n°2013-660 du 22 juillet 2013 relative à
l'enseignement supérieur et à la recherche).
2. Le ministère a fait évoluer le pilotage de l’offre de formation, passant de l’habilitation à
l’accréditation, laquelle sera basée sur des critères pédagogiques, d’autres liés à la recherche et
l’insertion professionnelle des étudiants. Prochainement, un schéma directeur sur l’OIP sera
demandé aux universités. La DGSIP et l’HCRES (http://www.hceres.fr/) travaille sur la question de
l’OIP dans le cadre des procédures d’accréditations. Des référentiels nationaux de mentions sont en
cours d’élaboration.
Les universités se sont emparées de la question de l’insertion professionnelle des étudiants avec
notamment la mise en place des BAIP. Un travail sur l’orientation et la formation tout au long de la
vie (formation initiale et continue) ainsi que sur la VAE a été développé et se doit d’être renforcé.
La Loi sur la formation professionnelle de 2014 a mis en place la création d’un compte personnel de
formation (CPF) et a mis en avant l’approche par compétences. Il existe 12000 formations éligibles au
CPF dont 70% sont des diplômes universitaires). Il s’agit de maîtriser les référentiels de compétences,
à la fois disciplinaires et transversales pour chaque métier, à développer dans les formations. Est
soulignée la nécessité de développer l’alternance dans le cadre des formations universitaires dans la
mesure où cela favorise l’insertion professionnelle. La gouvernance de la formation professionnelle
se situe au niveau régional (CREFOP) et l’enseignement supérieur y est représenté.
La question du suivi de l’insertion professionnelle des étudiants est un défi que doivent relever les
établissements d’enseignement supérieur, notamment par les OVE. Des enquêtes nationales sont
conduites pour suivre l’IP des étudiants à 18 et 30 mois (taux de retour moyen de 70%). La dernière
enquête nationale a été publiée le 7 décembre 2016.
Les pistes de réflexion
Selon S. Javelaud (MEDEF), l’une des pistes à poursuivre concerne le renforcement de la visibilité du
lien entre les universités et les entreprises. Il serait à cet égard pertinent d’afficher plus clairement la
présence de professionnels qui participent à la formation des étudiants (intervenants, tuteurs de
stage, parrains, etc.). Il est également nécessaire de changer le regard des entreprises sur les
compétences et l’employabilité des étudiants. L’information pour l’orientation doit être envisagée en
terme de trajectoire et de parcours.
L’observatoire « tendance emploi compétence » créé par le MEDEF permet de diffuser des
informations aux BAIP relatives à chaque branche sur les emplois (http://www.observatoire-tec.fr/).
Cet outil permet également d’aider à la recherche de formations en alternance.
A. Chutzer (association Atout Jeunes Universités) souligne que la réussite de l’insertion
professionnelle des étudiants passe par une co-contruction entre les universités et les entreprises,
qui peut se décliner de multiples manières :
rencontres entre les BAIP et les entreprises, projets tutorés au sein d’entreprises ouverts à
toutes les filières, notamment pour les étudiants de licence,
actions de coaching pour l’élaboration des CV, lettres de motivations, etc
table-rondes sur les métiers
proposition de stages, etc.
3. Elle note que les entreprises sont demandeuses de mieux connaître les formations et de rencontrer
les étudiants. C’est ainsi que le travail sur le référentiel de compétences prend tout son sens.
Guillaume Hussein, étudiant indique qu’il faudrait renforcer la participation des entreprises dans les
universités dans le cadre des formations en tant qu’intervenants, des conseils de perfectionnement,
des forums emploi/jobs/stages et en participant aux référentiels de compétences.
Il souligne qu’il existe des outils permettant l’élaboration des référentiels de compétences comme
DocPro (http://www.mydocpro.org/fr). Il s’agit d’une plateforme numérique qui permet de générer
des CV, de faire une auto-évaluation de ses compétences. Il met en relation les entreprises et les
docteurs. Il s’agit d’un outil de recherche d’emploi mettant en avant l’approche par compétences.
Il ajoute que depuis 2016 a été mise en place l’aide à la recherche du premier emploi (ARPE) destinée
aux jeunes diplômés issus de l’enseignement scolaire et supérieur, qui bénéficient d’une bourse et
aux apprentis diplômés de l’enseignement scolaire et supérieur, sous conditions de ressources
équivalentes à celles des boursiers. L’ARPE consiste en un soutien financier, versé pendant quatre
mois, sous forme d’une aide mensuelle de 200 euros pour les diplômés de l’enseignement scolaire à
finalité professionnelle (CAP, baccalauréat professionnel, baccalauréat technologique), qu’ils soient
boursiers ou apprentis disposant de peu de ressources ; d’une prolongation de la bourse sur critères
sociaux perçue au cours de la dernière année d’études pour les diplômés de l’enseignement
supérieur ; d’une aide mensuelle de 300 euros pour les diplômés de l’enseignement supérieur par
l’apprentissage disposant de peu de ressources (http://www.gouvernement.fr/arpe).
Selon S. Lepez (représentante de La Courroie), myDocPro a été élaboré par la CPU, le MEDEF et des
associations d’étudiants doctorants, afin de dégager leurs compétences transversales. L’université de
Gergy, ce travail sera approfondi afin de dégager les compétences par discipline. Elle met en avant la
pertinence de la co-contruction, avec notamment les enseignants pour une appropriation collective
de la question de l’insertion professionnelle des étudiants et de l’approche par compétences. Un
travail conséquent a été conduit à l’université de Cergy entre le SCUIO-IP et les enseignants, et a
permis la transcription de tous les diplômes en compétences.
L’un des enjeux d’avenir selon S. Lopez est d’analyser la data. Il existe de nombreuses données qui ne
sont pas toujours lisibles ni utilisées. Il faudrait valoriser au travers des formations l’employabilité,
l’innovation et l’international (stages à l’étranger, TOIC, etc.). Elle souligne toutefois le manque de
moyens dont disposent les universités pour y parvenir.
Un des pivots est le portage politique de la question de l’insertion professionnelle. En outre, le
renforcement des liens entre les SCUIO-IP et les associations d’étudiants, les VP étudiants, les alumni,
les enseignants est nécessaire. Le bonus au diplôme est important pour l’insertion professionnelle. Il
permet aux étudiants d’acquérir des compétences hors cursus, garanties et attestées par l’université.
Table-ronde 2 : Pratiques de recrutement et perspectives d'emploi
Cette table-ronde a été modérée par Brigitte Ustal-Piriou, Animatrice de la commission
intergénérationnelle et emploi de l'ANDRH. Il s’agissait de croiser le point de vue du recruteur et ceux
4. des universités sur le processus de recrutement et l'évolution des pratiques dans ce domaine,
notamment par l'introduction du numérique, sur la préparation des étudiants à leur insertion
professionnelle. Les échanges ont eu aussi une dimension prospective, portant notamment sur les
emplois et les secteurs qui recruteront dans les 5 prochaines années.
Participants : Guillemette de Larquier du centre d'études de l'emploi (CEE), Alexandre Tieri de la
CGPME 92, Catherine Mongénie, présidente de l'ANDRH 92, Jean-Luc Fugit (la Courroie) et un
représentant d’une association étudiante.
Le Pôle emploi d’Ile de France (www.pole-emploi.org), mène chaque année en novembre des
enquêtes sur les besoins en main d’œuvre dont les résultats sont publiés en avril. Un moteur de
recherche permet de les analyser par périmètre géographique. En IDF, le secteur des services
représente 80% des besoins. La grande majorité des offres sont des CDI ou CDD de longue durée.
Actuellement, les chefs de projet en informatique sont très recherchés.
France stratégie (http://www.strategie.gouv.fr/) vise notamment à mesurer les perspectives
d’emploi à 10 ans. Elle a publié des rapports sur l’insertion professionnelle des jeunes dont le dernier
est paru le 24 janvier 2017 (http://www.strategie.gouv.fr/publications/linsertion-professionnelle-
jeunes). Ce site comprend un onglet : (http://www.strategie.gouv.fr/search/site/emploi%20store)
qui permet de trouver un emploi, de proposer sa candidature, de choisir son métier, de se former,
etc. Il est complété par des pages Facebook au niveau national et local.
G. de Larquier du CEE (www.cee-recherche.fr) présente différentes enquêtes relatives à l’emploi :
celles de l’INSEE, du CEREQ. Il s’agit notamment d’obtenir des informations sur les démarches de
recherche d’emploi.
C. Mongénie (ANDRH 92) pose les questions essentielles d’un recruteur : quelles sont les
compétences et aptitudes attendues ? Quelles expériences ? Quelle autonomie a le candidat ?
Quelles responsabilités? Quelle motivation ? Quelles attitudes (travail en équipe, sens de l’initiative,
capacité de travail, etc.) ? Il s’agit de la question du « SAVOIR-POUVOIR-VOULOIR ». Elle souligne qu’il
faut privilégier le potentiel à l’expérience. Ainsi, elle suggère une auto-évaluation des étudiants,
portant sur les situations vécues incluant les périodes difficiles, les réalisations récentes.
L’accompagnement des étudiants par les entreprises, pour être vertueux peut passer par les stages,
l’apprentissage, les contrats temporaires, le tutorat, le parrainage. Elle souhaiterait la déclinaison de
cette journée en province et invite les directrices et directeurs des SCUIO-IP de se rapprocher de ses
homologues en région.
L’étudiant représentant d’une association d’étudiants souligne l’importance de l’accompagnement
vers l’emploi. Il suggère le développement des réseaux d’alumni et le développement des emplois
étudiants au sein des universités. Il souligne le rôle que joue l’association nationale des associations
étudiantes comme l’aide à l’insertion professionnelle (aide au CV, lettre de motivation), l’ouverture à
l’international via notamment les stages à l’étranger, etc. Selon lui, il faut développer les expériences
professionnelles pendant les études et développer des compétences transversales. Il indique un
MOOC qui peut aider les étudiants dans ce domaine : « 7 semaines pour trouver le job de mes
rêves » (http://www.trouverlejobdemesreves.com).
5. JL Fugit (La Courroie) fait un rappel des nombreuses actions mises en place par les universités pour
s’ouvrir aux entreprises. Le numérique a en ce sens permis une « e-réputation » des étudiants et des
entreprises, notamment dans le cadre de la gestion de l’offre et la demande de stages.
Il souligne que la CPU et des entreprises ont travaillé ensemble dans le cadre d’un projet européen
autour de la question des stages.
Enfin il indique que la création de fondations au sein des universités permet de lever des fonds pour
développer des projets liés à l’insertion professionnelle des étudiants.
Synthèse de la journée
L’orientation et l’insertion professionnelle (OIP) des étudiants sont l’une des 3 missions principales
des universités, dotées depuis quelques années de bureaux d’aide à l’insertion professionnelle
(BAIP). Ces bureaux ont pour vocation de tisser des liens avec les entreprises de tout secteur afin de
les impliquer dans la formation et l’accompagnement des étudiants. La DGESIP a réaffirmé cette
mission principale de l’université et la nécessité de renforcer les liens entre les universités et les
entreprises. L’accompagnement vers l’emploi des étudiants se traduit par la mise en place d’un
projet professionnel personnalisé incluant l’information, l’orientation et la formation… tout au long
de la vie : formation initiale et continue, la VAE (cf. Loi n°2013-660 du 22 juillet 2013 relative à
l'enseignement supérieur et à la recherche).
Le ministère a fait évoluer le pilotage de l’offre de formation, passant de l’habilitation à
l’accréditation, laquelle sera basée sur des critères pédagogiques, d’autres liés à la recherche et
l’insertion professionnelle des étudiants. Prochainement, un schéma directeur sur l’OIP sera
demandé aux universités.
La Loi sur la formation professionnelle de 2014 a mis en place la création d’un compte personnel de
formation (CPF) et a mis en avant l’approche par compétences. Cette approche doit se décliner pour
l’ensemble des formations, afin d’accroître la lisibilité des compétences acquises par les étudiants
auprès des entreprises.
Les présentations des orateurs et échanges avec la salle ont fait émerger les idées et point suivants :
Nécessité de renforcer les liens entre les universités et les entreprises. Cet enjeu est partagé
des deux côtés. Ceci suppose d’améliorer la visibilité des formations initiale et continue (et
VAE) que les universités dispensent et des compétences qu’elles permettent de développer :
approche par compétences
L’insertion professionnelle est meilleure dans le cadre des formations en alternance, qui
doivent être développées, quelle que soit la filière ou discipline
Ils est nécessaire de changer le regard des entreprises sur les compétences des étudiants et
également d’élargir la vision des domaines de possible insertion professionnelle des
étudiants (par exemple, dans les métiers de la banque, les étudiants issus des filières SHS, de
6. par leur compétences transversales comme la prise de recul, l’esprit critique sont de plus en
plus recherchés).
Dans le cadre du développement du lien entre les universités et entreprises, le renforcement
des réseaux avec les alumni est nécessaire. Il est clair que ces derniers sont de potentiels
partenaires professionnels privilégiés.
Il faut également renforcer les liens entre le monde professionnel et l’université dans le
cadre des formations. Ceci peut se décliner de multiples façons : professionnels sollicités
comme intervenants dans les formations, participation des entreprises aux forums
stages/emploi/ entreprenariat, accompagnement des étudiants par des professionnels en
tant que parrains, tuteurs, ou dans le cadre de projets tutorés, etc.
Il faut que les BAIP, les composantes (enseignants-chercheurs), les associations d’étudiants,
les VP étudiants, les alumni soient ensemble impliqués, d’où dans de nombreuses universités
l’opportun rapprochement entre les BAIP, les associations d’étudiants et les enseignants.
Il faut développer des outils d’analyse sur l’insertion professionnelle des étudiants. Les
Observatoires de la Vie Etudiante (OVE) en charge de ce suivi sont dans de nombreuses
universités sous-dotées.
Grâce à l’avancée du numérique, plusieurs outils ont été mis en place : des sites dédiés
comme réseaupro, mydocpro ((http://www.mydocpro.org/fr), ou encore des MOOC comme
(http://www.trouverlejobdemesreves.com).
Le bonus au diplôme est un moyen pour les étudiants de développer des compétences hors
cursus, lesquelles sont reconnues et attestées par leur université et peut concourir à leur
insertion professionnelle
Un des pivots est le portage politique de la question de l’insertion professionnelle. En outre,
le renforcement des liens entre les SCUIO-IP et les associations d’étudiants, les VP étudiants,
les alumni, les enseignants est nécessaire.
Les fondations créées au sein des universités peuvent se révéler un levier pour lever des
fonds permettant de développer des projets liés à l’OIP dans la mesure où il est relevé un
manque de moyens (humains notamment) au sein de nombre d’universités pour répondre
aux nombreux défis que doivent relever les universités pour favoriser l’insertion
professionnelle des étudiants, l’évaluer (OVE) et mesurer l’impact de l’ensemble des actions
et projets mis en œuvre dans ce cadre.