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Rencontres
entre des stratèges militaires
et des chercheurs-militants de la non-violence
- Forum de l’AFS - Vivre Sans Frontières « S’engager pour la paix en Europe »
Strasbourg, 10 novembre 2018
Étienne Godinot
04.10.2019
Actualisation : 19.10.2022
Précision
À l'occasion de la commémoration de la 1ère Guerre Mondiale à Strasbourg le
10 novembre 2018, l‘association ‘AFS-Vivre sans frontière’* a demandé à l'IRNC et à
d'autres (Amnesty International, une Bosniaque de l'OSCE, Graines de Paix, WWF
Suisse, etc.) une intervention devant 200 personnes, surtout des lycéens français et
allemands, sur le thème "Formation des lycéens à la citoyenneté active en Europe".
L'organisateur a demandé à chacun des intervenants un témoignage
personnel, ce qui explique, dans le 1er diaporama présenté en plénière, les
références à mon histoire familiale et l'amitié transfrontières de ma famille avec une
famille allemande depuis 1964.
Dans un des ateliers, où était demandé là aussi un témoignage personnel,
ont été présentées les rencontres initiées à l'École Militaire depuis 2018.
É. G.
* Cette association organise des programmes éducatifs et interculturels dans plus de 50 pays. Elle
a été créée aux Etats-Unis pendant la 1ère Guerre Mondiale (AFS : American Fields Services) par
des étudiants de Harvard et de Yale pour secourir les blessés. Après la 2ème GM, elle s'est
orientée vers le vivre-ensemble et l'apprentissage interculturel. Elle touche principalement des
lycéens.
Un peu d’historique : 1985
En 1985, suite à une commande de Charles
Hernu, ministre de la Défense, concernant la
« contribution de la résistance non-violente à la
stratégie globale de défense de la France »,
trois chercheurs et militants de la non-violence,
Christian Mellon, Jean-Marie Muller et Jacques
Sémelin, publient le livre La dissuasion civile.
Cet ouvrage reprend et développe d’autres
études réalisées auparavant.
Défense civile non-violente
Dissuasion civile
La défense civile non-violente est une politique de défense
contre toute tentative de déstabilisation, de contrôle ou d'occupation
de notre société, conjuguant, de manière préparée et organisée, des
actions non-violentes collectives de non-coopération et de
confrontation avec l'adversaire, en sorte que celui-ci soit mis dans
l'incapacité d'atteindre les objectifs de son agression (influence
idéologique, domination politique, exploitation économique).
En d'autres termes, il s'agit de rendre la société insaisissable ou
"indigérable" par un agresseur : incontrôlable politiquement,
"insoumettable" idéologiquement, inexploitable économiquement.
Il s’agit aussi de dissuader l'agresseur de s'attaquer à cette
société, parce que les coûts qu'il risquerait de subir seraient
supérieurs aux gains qu'il pourrait espérer, et parce qu’il prendrait des
risques pour son propre pouvoir : c'est la dissuasion civile.
Cette résistance repose sur une bonne articulation entre la
résistance des pouvoirs publics et celle de toute la société civile.
Quelques points de vue
sur l’ouvrage La dissuasion civile (1985)
La revue trimestrielle Alternatives non-violentes, en
avril 1986, publie des points de vue de diverses person-
nalités après la publication de l’ouvrage La dissuasion
civile de Christian Mellon, Jean-Marie Muller et Jacques
Sémelin, saluée par certains comme « un évènement ».
Politiques : Charles Hernu, ministre de la Défense nationale; les
députés Yves Lancien (RPR), Jean-Marie Daillet, Bernard Stasi
(CDS-UDF), Louis Le Pensec, Louis Darinot, Christian Perret
(PS)
Militaires : général Dominique Chavanat, général Claude Le
Borgne, général Georges Buis, général Étienne Copel, général
Jean Delaunay, contre-amiral Olivier Sevaistre
Religieux : P. Jacques Jullien, archevêque de Rennes; P. Joseph
Rozier, évêque de Poitiers; P. Eugène Ernoult, évêque de Sens-
Auxerre; Pasteur Jacques Maury, président de la Fédération
protestante de France; P. Pierre Toulat, secrétaire de la ‘commis-
sion Justice et Paix’ de la Conférence des évêques de France
Universitaires : Jean Klein (CNRS, IFRI, Pax Christi), Henri
Burgelin (professeur d’histoire, Assemblée de l’Union de l’Europe
Occidentale)
Général Dominique Chavanat :
1) « Élargir les bases de la défense civile »
Le général Dominique Chavanat, alors Directeur général de l’École
Polytechnique, écrit :
« La thèse développée dans La dissuasion civile est capitale et
restera sans doute un jalon essentiel de la réflexion sur la défense, pour
deux raisons.
D’abord parce qu’elle contribuera à faire prendre conscience de la
nécessité d’élargir les bases de la défense civile : dans un affronte-
ment global, où les ressorts comme les enjeux sont essentiellement
psychologiques, une défense civile ne peut plus seulement reposer sur
des mesures techniques élaborées et mises en œuvre par des
administrations : il faut que le peuple entier soit prêt à participer, même
sans armes, à la résistance. Si sa détermination est suffisamment forte
et évidente, elle peut avoir une valeur dissuasive.
Photo : Général Dominique Chavanat, né en 1931. Après St Cyr et Saumur, sert en
Algérie, en France et en Allemagne et dans différents postes d’état-major. Directeur général de
l’École Polytechnique (1985-1988). A beaucoup œuvré depuis de nombreuses années pour la
diffusion d’un esprit de défense fondé sur l’information, la réflexion éthique et le dialogue entre
tenants et critiques de la doctrine.
2 - « Rechercher ensemble toutes les voies
permettant de sauvegarder le bien commun »
Certes les auteurs, doutant de l’efficacité du système de défense armée,
présentent la dissuasion civile comme une alternative souhaitable à aussi
court terme que possible. Cette attitude apparaîtra évidemment utopique aux
militaires et plus généralement aux hommes responsables hic et nunc de la
conduite des affaires dans un monde dur et violent. Par ces hommes-là, la
dissuasion civile sera considérée comme un complément capital, capable de
valoriser la défense globale, et non comme une alternative. Il reste que
malgré - ou à cause des difficultés - beaucoup de pistes proposées pour
améliorer la défense civile doivent être explorées.
Mais cette étude marquera une étape dans la réflexion sur la
guerre pour une autre raison majeure : elle prouve qu’un changement de
climat est intervenu et qu’il est désormais possible de voir les tenants de
thèses considérées jusqu’ici comme inconciliables dialoguer sans polémiquer,
rechercher ensemble ou conjointement toutes les voies permettant de
sauvegarder le bien commun, au lieu de s’affronter au nom de leurs
divergences sans autre résultat que d’affaiblir la valeur de l’ensemble.
Cette excellente étude doit permettre l’élargissement des réflexions
sur la défense civile (…). »
Photos : - Pierre Dufour, né en 1934, ex-ingénieur mécanicien de l'École de l'Air, membre du MAN,
cofondateur de Balkan Peace Team, vérificateur du cessez le feu dans les Balkan en 1988 pour l’OSCE.
- Le général Régis Colcombet, ex-intervenant sur le thème des Opex à la 2è formation ‘Intervention
civile de paix’ à Lyon en 2001 quand il était commandant.
Autres points de vue de militaires en 1986
Général Georges Buis : « Une résistance civile est nécessaire. Elle doit
prendre la forme de la désobéissance, du refus de l’autorité politique du vainqueur. (…)
L’adversaire doit avoir qu’elle est dans les esprits et dans les cœurs. Il faut éduquer les
volontés dans le sens d’un refus d’accepter la défaite ».
Général Étienne Copel : « Les récits historiques de résistance civile sous la
domination nazie m’ont fait découvrir une somme de faits, une quantité de possibilités
d’action que je n’imaginais pas. De même, les propositions d’action pour rendre la
société insaisissable me sont apparue plus concrètes que je le prévoyais. (…)
Pour moi, accepter l’hypothèse d’un échec de la dissuasion nucléaire, ce n’est
pas favoriser cet échec, mais au contraire améliorer la dissuasion globale en prévenant
l’adversaire que, même si la dissuasion nucléaire échoue, il aura beaucoup à perdre
(défense classique) ou peu à gagner (dissuasion civile).
Entre la dissuasion nucléaire et la dissuasion civile, il y a aussi la dissuasion par
les armes conventionnelles. Il faut l’améliorer. »
Photos :
- Le général de corps d’armée Gorges Buis (1912-1998), Résistant, Compagnon de la Libération,
Directeur de l’IHEDN, premier président de la FEDN, membre de l’ L'International Institute for
Strategic Studies (IISS) de Londres
- Le général Étienne Copel, né en 1935. Démissionne de son poste de Sous-chef d'état-major de
l'Armée de l'air, afin de pouvoir exprimer librement sa conception de la politique de défense de la
France.
Autres points de vue de militaires en 1986
Général Claude Le Borgne : « L’ouvrage relate les tentatives non-violentes
faites dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale et de la résistance au nazisme,
mais ne cache pas qu’il n’existe aucune expérience historique d’un succès de la
non-violence face à une agression extérieure. Aussi bien les mesures préconisées
pour notre défense sont-elles modestes et l’on ne peut qu’y souscrire : que l’on
étudie enfin en haut lieu les possibilités de stratégie complémentaire qu’offre la non-
violence; et que faute de pouvoir dès maintenant conclure, on "maintienne ouverte"
l’option que les auteurs recommandent. »
Général Jean Delaunay : « Étude sérieuse qui fait des propositions concrètes
et réalisables pour développer chez nous l’esprit de défense. (…) Je crie moi aussi
que la dissuasion nucléaire n’est pas la panacée. (…) La dissuasion civile nécessite
le consensus gouvernement-administration-"élites diverses" et corps intermédiaires.
Cela réclame le développement de l’esprit d’initiative des fonctionnaires. Les auto-
rités morales ont une grande importance. La police ne doit pas exécuter d’ordre
illégaux. (…) Bravo pour ce que vous avez fait, mais de grâce, rappelez-vous que
notre adversaire, qui est capable d’anéantir des tribus entières en Afghanistan, n’est
guère accessible aux scrupules moraux. »
Photos :
- Claude Le Borgne (1921-2022), général de division. Plus de 40 ans au sein des troupes de
Marine. A écrit de nombreux articles sur la stratégie, la fonction militaire, l’islam, et publié une
dizaine de livres.
- Jean Delaunay (1923-2019), chef d'état-major de l'armée de Terre française d’oct. 1980 à mars
1983. Démissionne de ses fonctions pour faire entendre son opposition à la réduction des effectifs
et du budget de l'armée de Terre.
Un peu d’historique : années 1986-95
Dans les années 1986-1995 puis en 2001, des rencontres
ont lieu entre des membres de l’IRNC et des généraux
dans le cadre du Secrétariat Général de la Défense
Nationale (SGDN), organisme dépendant du Premier
Ministre, ancêtre du SGDSN actuel.
Le général Claude Mouton dira à ses interlocuteurs
de l’IRNC : : « En France, personne ne s’intéresse à la
défense, sauf les militaires et les non-violents ! »
Ces réunions sont très cordiales, les divers
généraux sont très intéressés, mais il n’en résulte rien de
concret.
De la défense civile à l’intervention civile
Après la chute des régimes totalitaires de l’Est (provoquée non par
les armes nucléaires occidentales, mais par l’action non-violente des
populations civiles de l’Est…), la recherche de l’IRNC s’oriente vers les
stratégies d’intervention entre des belligérants dans des régions en
guerre.
L'intervention civile de paix est l'intervention non armée de
forces extérieures, mandatées par une organisation intergouverne-
mentale, gouvernementale ou non gouvernementale, qui s'engagent
dans un conflit local ou régional afin d'accomplir, sur les lieux mêmes
de l'affrontement, des missions d'observation, de protection, d'informa-
tion, d'interposition ou de médiation.
Ces missions ont pour but de prévenir ou de faire cesser la
violence, de veiller au respect des droits humains, de promouvoir les
valeurs de la démocratie et de la citoyenneté, et de créer les conditions
d'une solution politique du conflit qui reconnaisse et garantisse les
droits fondamentaux de chacune des parties en présence, et leur
permette de définir les règles d'une coexistence pacifique.
Un peu d’historique : années 2000-2001
En 2000, l’IRNC rencontre à Tours le général de Corps
d’armée Jean-René Bachelet, chef du Commandement des
Organismes de Formation de l’Armée de Terre (COFAT) et
éthicien du métier de militaire.
Le COFAT participe à la 2ème
formation des volontaires de
l’ "Intervention civile de paix" (ICP)
organisée à Lyon-Francheville en
été 2001, en y envoyant un
intervenant, commandant dans
l’Armée de Terre, et un stagiaire,
lieutenant-colonel.
Un peu d’historique : 2014
L’IRNC, le MAN* et le Comité ICP* rencontrent
- en mars 2014, au Ministère de la Défense, une chargée de mission à
la Sous-direction ‘Politique et Prospective de Défense’ de la ‘Délégation
aux Affaires Stratégiques’ (DAS) et le Chef de bureau ‘Politique de
Défense’,
- en avril 2014, au Ministère des Affaires Étrangères et européennes
(MAE), un ambassadeur, Chef de la ‘Mission des relations avec la
société civile’ au sein de la ‘Direction Générale de la Mondialisation’
(DGM).
Ces hauts fonctionnaires disent leur vif intérêt pour les proposi-
tions et initiatives de leurs interlocuteurs, notamment en ce qui
concerne l’intervention civile de paix, mais il n’en résulte aucune suite.
* MAN : Mouvement pour une Alternative Non-violente
Comité ICP : Comité français pour l’intervention civile de paix
Septembre 2017
En septembre 2017, l’IRNC publie un texte "Orientations
pour une politique de sécurité et de paix au 21è siècle", qui
développe trois idées :
- inefficacité, dangerosité, immoralité et coût de l'arme
. nucléaire,
- nécessité d'une défense et d'une force d'intervention
conventionnelle européenne, notamment face au terrorisme,
- Intérêt, dans le futur, des stratégies non-violentes
* de défense contre l'agression et la dictature ("défense
civile non-violente" et "dissuasion civile")
* et d'intervention entre des belligérants dans des conflits
armés ("intervention civile de paix").
La décision d’organiser une rencontre
Le président d’alors de l'IRNC, Étienne Godinot, a un
ami, consultant à Paris, qui transmet l'article dans son réseau,
notamment à son cousin Jean Dufourcq, amiral en retraite,
chercheur et fondateur du cabinet de synthèse stratégique "La
Vigie".
L'amiral est intéressé par l'article et désireux de rencon-
trer les auteurs. Après concertation entre E.G et l’amiral J.D., il
est décidé qu'une 1ère rencontre (de 10 h 30 à 16 h, avec repas
de midi pris en commun) aura lieu en janvier 2018 à l'École
Militaire sur le thème de la dissuasion nucléaire.
Janvier 2018 : 1ère rencontre à l'École Militaire
Thème : La dissuasion nucléaire
Lors de la première rencontre, relative à l’arme nucléaire, 6
"militaires" et 6 "civils" sont présents. Pour permettre une grande
liberté de parole, les participants respectent la règle dite "de
Chattham House" (confidentialité, comptes rendus sans citer les
noms des participants et ne permettant pas de deviner "Qui a dit
quoi").
C’est un bel exercice pour confronter et aiguiser chacun ses
arguments, mais sans convaincre car les points de vue sont
difficilement conciliables.
Les militaires sont sensibles aux critiques des "non-violents"
sur l'arme nucléaire, ils ne sont pas unanimes sur la pertinence de
la dissuasion nucléaire.
Octobre 2018 : 2ème rencontre à l'École Militaire
Thème : Les OPEX et l’ICP
La grande qualité des échanges ("réunion ouverte, directe,
cordiale, échanges sereins, mais sans concession", dira le compte
rendu) et des relations interpersonnelles durant la 1ère rencontre
amène les participants à programmer une 2ème réunion de travail.
Celle-ci a lieu en octobre 2018 sur le thème des opérations
militaires extérieures ("OPEX") et de l'intervention civile de paix
(ICP).
Une intervenante fait part de son expérience en médiation
politique sur les lieux de conflits au Sahel, une autre intervenante
présente l'intervention civile de paix.
Complémentarité des 2 types d’intervention
Cette rencontre ouvre un très grand champ de recherches et de
possibilités. La pensée globale de ces deux approches du
rétablissement de la sécurité et de la paix s’avère très pertinente.
Les limites de l’une peuvent être contrebalancées par l’autre,
par exemple en ce qui concerne la sécurité des personnes ou la
nécessaire collaboration avec les acteurs locaux des conflits. Tous
conviennent de la complémentarité des deux actions.
Cette 2ème rencontre sera probablement suivie d'une autre
réunion relative à la dimension européenne de ces activités politico-
militaires, à laquelle seront invités des diplomates et des politiques.
Septembre 2019 : 3ème rencontre à l'École Militaire
Thème : Violence débridée, contre-violence encadrée
Suite aux attentats terroristes, aux violences dans le cadre des
manifestations des "Gilets jaunes", etc. une 3ème rencontre est
organisée sur le thème de la violence et de la contre-violence.
Les participants distinguent
- la force (qui oblige l’adversaire à céder et à négocier, qui l’empêche
de nuire sans menacer sa vie et son intégrité, qui rééquilibre les
plateaux de la balance pour résoudre un conflit),
- la violence (qui détruit, viole, tue ou meurtrit)
- et la contre-violence de l’État (celle de la police et de l’armée,
nécessaire dans l’urgence quand la non-violence s’avère inopérante
pour mettre hors d’état de nuire les violents).
Ils pointent les facteurs des guerres (intérêt, haine, crainte,
honneur) et des conflits, s’efforcent de définir les règles de la contre-
violence, comparent les pratiques en France et à l’étranger, observent
le rôle des médias, etc.
D’autres rencontres à venir…
D’autres rencontres sont envisagées :
• Débat sur les interventions intérieures et la contre-violence
publique en présence de policiers et gendarmes, de préfets,
de politiques. Débat sur les OPEX et l’intervention civile de
paix en présence de politiques et de diplomates.
• La place de l’ordre public dans la justice sociale et la bonne
gouvernance politique ;
• La place critique de la mémoire algérienne en France ;
• La purge des sources de frustrations (humiliation, etc.) et de
vengeances que comporte la mémoire historique des
peuples et qui les poussent à l’action violente.
■
NB : les comptes-rendus de ces rencontres sont en ligne sur les
sites de l’IRNC et de La Vigie, ou peuvent être demandés à
irnc@irnc.org

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Histoire et figures de la non-violence. — 09. Depuis 1970
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Le conflit Israël-Palestine. — 06. Figures de la résistance à l'occupation is...
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Le conflit Israël-Palestine. — 05. Figures de la résistance à l'occupation is...
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Rencontres avec les militaires. — 01. Rencontres entre ses stratèges militaires et des chercheurs-militants de la non-violence

  • 1. Rencontres entre des stratèges militaires et des chercheurs-militants de la non-violence - Forum de l’AFS - Vivre Sans Frontières « S’engager pour la paix en Europe » Strasbourg, 10 novembre 2018 Étienne Godinot 04.10.2019 Actualisation : 19.10.2022
  • 2. Précision À l'occasion de la commémoration de la 1ère Guerre Mondiale à Strasbourg le 10 novembre 2018, l‘association ‘AFS-Vivre sans frontière’* a demandé à l'IRNC et à d'autres (Amnesty International, une Bosniaque de l'OSCE, Graines de Paix, WWF Suisse, etc.) une intervention devant 200 personnes, surtout des lycéens français et allemands, sur le thème "Formation des lycéens à la citoyenneté active en Europe". L'organisateur a demandé à chacun des intervenants un témoignage personnel, ce qui explique, dans le 1er diaporama présenté en plénière, les références à mon histoire familiale et l'amitié transfrontières de ma famille avec une famille allemande depuis 1964. Dans un des ateliers, où était demandé là aussi un témoignage personnel, ont été présentées les rencontres initiées à l'École Militaire depuis 2018. É. G. * Cette association organise des programmes éducatifs et interculturels dans plus de 50 pays. Elle a été créée aux Etats-Unis pendant la 1ère Guerre Mondiale (AFS : American Fields Services) par des étudiants de Harvard et de Yale pour secourir les blessés. Après la 2ème GM, elle s'est orientée vers le vivre-ensemble et l'apprentissage interculturel. Elle touche principalement des lycéens.
  • 3. Un peu d’historique : 1985 En 1985, suite à une commande de Charles Hernu, ministre de la Défense, concernant la « contribution de la résistance non-violente à la stratégie globale de défense de la France », trois chercheurs et militants de la non-violence, Christian Mellon, Jean-Marie Muller et Jacques Sémelin, publient le livre La dissuasion civile. Cet ouvrage reprend et développe d’autres études réalisées auparavant.
  • 4. Défense civile non-violente Dissuasion civile La défense civile non-violente est une politique de défense contre toute tentative de déstabilisation, de contrôle ou d'occupation de notre société, conjuguant, de manière préparée et organisée, des actions non-violentes collectives de non-coopération et de confrontation avec l'adversaire, en sorte que celui-ci soit mis dans l'incapacité d'atteindre les objectifs de son agression (influence idéologique, domination politique, exploitation économique). En d'autres termes, il s'agit de rendre la société insaisissable ou "indigérable" par un agresseur : incontrôlable politiquement, "insoumettable" idéologiquement, inexploitable économiquement. Il s’agit aussi de dissuader l'agresseur de s'attaquer à cette société, parce que les coûts qu'il risquerait de subir seraient supérieurs aux gains qu'il pourrait espérer, et parce qu’il prendrait des risques pour son propre pouvoir : c'est la dissuasion civile. Cette résistance repose sur une bonne articulation entre la résistance des pouvoirs publics et celle de toute la société civile.
  • 5. Quelques points de vue sur l’ouvrage La dissuasion civile (1985) La revue trimestrielle Alternatives non-violentes, en avril 1986, publie des points de vue de diverses person- nalités après la publication de l’ouvrage La dissuasion civile de Christian Mellon, Jean-Marie Muller et Jacques Sémelin, saluée par certains comme « un évènement ». Politiques : Charles Hernu, ministre de la Défense nationale; les députés Yves Lancien (RPR), Jean-Marie Daillet, Bernard Stasi (CDS-UDF), Louis Le Pensec, Louis Darinot, Christian Perret (PS) Militaires : général Dominique Chavanat, général Claude Le Borgne, général Georges Buis, général Étienne Copel, général Jean Delaunay, contre-amiral Olivier Sevaistre Religieux : P. Jacques Jullien, archevêque de Rennes; P. Joseph Rozier, évêque de Poitiers; P. Eugène Ernoult, évêque de Sens- Auxerre; Pasteur Jacques Maury, président de la Fédération protestante de France; P. Pierre Toulat, secrétaire de la ‘commis- sion Justice et Paix’ de la Conférence des évêques de France Universitaires : Jean Klein (CNRS, IFRI, Pax Christi), Henri Burgelin (professeur d’histoire, Assemblée de l’Union de l’Europe Occidentale)
  • 6. Général Dominique Chavanat : 1) « Élargir les bases de la défense civile » Le général Dominique Chavanat, alors Directeur général de l’École Polytechnique, écrit : « La thèse développée dans La dissuasion civile est capitale et restera sans doute un jalon essentiel de la réflexion sur la défense, pour deux raisons. D’abord parce qu’elle contribuera à faire prendre conscience de la nécessité d’élargir les bases de la défense civile : dans un affronte- ment global, où les ressorts comme les enjeux sont essentiellement psychologiques, une défense civile ne peut plus seulement reposer sur des mesures techniques élaborées et mises en œuvre par des administrations : il faut que le peuple entier soit prêt à participer, même sans armes, à la résistance. Si sa détermination est suffisamment forte et évidente, elle peut avoir une valeur dissuasive. Photo : Général Dominique Chavanat, né en 1931. Après St Cyr et Saumur, sert en Algérie, en France et en Allemagne et dans différents postes d’état-major. Directeur général de l’École Polytechnique (1985-1988). A beaucoup œuvré depuis de nombreuses années pour la diffusion d’un esprit de défense fondé sur l’information, la réflexion éthique et le dialogue entre tenants et critiques de la doctrine.
  • 7. 2 - « Rechercher ensemble toutes les voies permettant de sauvegarder le bien commun » Certes les auteurs, doutant de l’efficacité du système de défense armée, présentent la dissuasion civile comme une alternative souhaitable à aussi court terme que possible. Cette attitude apparaîtra évidemment utopique aux militaires et plus généralement aux hommes responsables hic et nunc de la conduite des affaires dans un monde dur et violent. Par ces hommes-là, la dissuasion civile sera considérée comme un complément capital, capable de valoriser la défense globale, et non comme une alternative. Il reste que malgré - ou à cause des difficultés - beaucoup de pistes proposées pour améliorer la défense civile doivent être explorées. Mais cette étude marquera une étape dans la réflexion sur la guerre pour une autre raison majeure : elle prouve qu’un changement de climat est intervenu et qu’il est désormais possible de voir les tenants de thèses considérées jusqu’ici comme inconciliables dialoguer sans polémiquer, rechercher ensemble ou conjointement toutes les voies permettant de sauvegarder le bien commun, au lieu de s’affronter au nom de leurs divergences sans autre résultat que d’affaiblir la valeur de l’ensemble. Cette excellente étude doit permettre l’élargissement des réflexions sur la défense civile (…). » Photos : - Pierre Dufour, né en 1934, ex-ingénieur mécanicien de l'École de l'Air, membre du MAN, cofondateur de Balkan Peace Team, vérificateur du cessez le feu dans les Balkan en 1988 pour l’OSCE. - Le général Régis Colcombet, ex-intervenant sur le thème des Opex à la 2è formation ‘Intervention civile de paix’ à Lyon en 2001 quand il était commandant.
  • 8. Autres points de vue de militaires en 1986 Général Georges Buis : « Une résistance civile est nécessaire. Elle doit prendre la forme de la désobéissance, du refus de l’autorité politique du vainqueur. (…) L’adversaire doit avoir qu’elle est dans les esprits et dans les cœurs. Il faut éduquer les volontés dans le sens d’un refus d’accepter la défaite ». Général Étienne Copel : « Les récits historiques de résistance civile sous la domination nazie m’ont fait découvrir une somme de faits, une quantité de possibilités d’action que je n’imaginais pas. De même, les propositions d’action pour rendre la société insaisissable me sont apparue plus concrètes que je le prévoyais. (…) Pour moi, accepter l’hypothèse d’un échec de la dissuasion nucléaire, ce n’est pas favoriser cet échec, mais au contraire améliorer la dissuasion globale en prévenant l’adversaire que, même si la dissuasion nucléaire échoue, il aura beaucoup à perdre (défense classique) ou peu à gagner (dissuasion civile). Entre la dissuasion nucléaire et la dissuasion civile, il y a aussi la dissuasion par les armes conventionnelles. Il faut l’améliorer. » Photos : - Le général de corps d’armée Gorges Buis (1912-1998), Résistant, Compagnon de la Libération, Directeur de l’IHEDN, premier président de la FEDN, membre de l’ L'International Institute for Strategic Studies (IISS) de Londres - Le général Étienne Copel, né en 1935. Démissionne de son poste de Sous-chef d'état-major de l'Armée de l'air, afin de pouvoir exprimer librement sa conception de la politique de défense de la France.
  • 9. Autres points de vue de militaires en 1986 Général Claude Le Borgne : « L’ouvrage relate les tentatives non-violentes faites dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale et de la résistance au nazisme, mais ne cache pas qu’il n’existe aucune expérience historique d’un succès de la non-violence face à une agression extérieure. Aussi bien les mesures préconisées pour notre défense sont-elles modestes et l’on ne peut qu’y souscrire : que l’on étudie enfin en haut lieu les possibilités de stratégie complémentaire qu’offre la non- violence; et que faute de pouvoir dès maintenant conclure, on "maintienne ouverte" l’option que les auteurs recommandent. » Général Jean Delaunay : « Étude sérieuse qui fait des propositions concrètes et réalisables pour développer chez nous l’esprit de défense. (…) Je crie moi aussi que la dissuasion nucléaire n’est pas la panacée. (…) La dissuasion civile nécessite le consensus gouvernement-administration-"élites diverses" et corps intermédiaires. Cela réclame le développement de l’esprit d’initiative des fonctionnaires. Les auto- rités morales ont une grande importance. La police ne doit pas exécuter d’ordre illégaux. (…) Bravo pour ce que vous avez fait, mais de grâce, rappelez-vous que notre adversaire, qui est capable d’anéantir des tribus entières en Afghanistan, n’est guère accessible aux scrupules moraux. » Photos : - Claude Le Borgne (1921-2022), général de division. Plus de 40 ans au sein des troupes de Marine. A écrit de nombreux articles sur la stratégie, la fonction militaire, l’islam, et publié une dizaine de livres. - Jean Delaunay (1923-2019), chef d'état-major de l'armée de Terre française d’oct. 1980 à mars 1983. Démissionne de ses fonctions pour faire entendre son opposition à la réduction des effectifs et du budget de l'armée de Terre.
  • 10. Un peu d’historique : années 1986-95 Dans les années 1986-1995 puis en 2001, des rencontres ont lieu entre des membres de l’IRNC et des généraux dans le cadre du Secrétariat Général de la Défense Nationale (SGDN), organisme dépendant du Premier Ministre, ancêtre du SGDSN actuel. Le général Claude Mouton dira à ses interlocuteurs de l’IRNC : : « En France, personne ne s’intéresse à la défense, sauf les militaires et les non-violents ! » Ces réunions sont très cordiales, les divers généraux sont très intéressés, mais il n’en résulte rien de concret.
  • 11. De la défense civile à l’intervention civile Après la chute des régimes totalitaires de l’Est (provoquée non par les armes nucléaires occidentales, mais par l’action non-violente des populations civiles de l’Est…), la recherche de l’IRNC s’oriente vers les stratégies d’intervention entre des belligérants dans des régions en guerre. L'intervention civile de paix est l'intervention non armée de forces extérieures, mandatées par une organisation intergouverne- mentale, gouvernementale ou non gouvernementale, qui s'engagent dans un conflit local ou régional afin d'accomplir, sur les lieux mêmes de l'affrontement, des missions d'observation, de protection, d'informa- tion, d'interposition ou de médiation. Ces missions ont pour but de prévenir ou de faire cesser la violence, de veiller au respect des droits humains, de promouvoir les valeurs de la démocratie et de la citoyenneté, et de créer les conditions d'une solution politique du conflit qui reconnaisse et garantisse les droits fondamentaux de chacune des parties en présence, et leur permette de définir les règles d'une coexistence pacifique.
  • 12. Un peu d’historique : années 2000-2001 En 2000, l’IRNC rencontre à Tours le général de Corps d’armée Jean-René Bachelet, chef du Commandement des Organismes de Formation de l’Armée de Terre (COFAT) et éthicien du métier de militaire. Le COFAT participe à la 2ème formation des volontaires de l’ "Intervention civile de paix" (ICP) organisée à Lyon-Francheville en été 2001, en y envoyant un intervenant, commandant dans l’Armée de Terre, et un stagiaire, lieutenant-colonel.
  • 13. Un peu d’historique : 2014 L’IRNC, le MAN* et le Comité ICP* rencontrent - en mars 2014, au Ministère de la Défense, une chargée de mission à la Sous-direction ‘Politique et Prospective de Défense’ de la ‘Délégation aux Affaires Stratégiques’ (DAS) et le Chef de bureau ‘Politique de Défense’, - en avril 2014, au Ministère des Affaires Étrangères et européennes (MAE), un ambassadeur, Chef de la ‘Mission des relations avec la société civile’ au sein de la ‘Direction Générale de la Mondialisation’ (DGM). Ces hauts fonctionnaires disent leur vif intérêt pour les proposi- tions et initiatives de leurs interlocuteurs, notamment en ce qui concerne l’intervention civile de paix, mais il n’en résulte aucune suite. * MAN : Mouvement pour une Alternative Non-violente Comité ICP : Comité français pour l’intervention civile de paix
  • 14. Septembre 2017 En septembre 2017, l’IRNC publie un texte "Orientations pour une politique de sécurité et de paix au 21è siècle", qui développe trois idées : - inefficacité, dangerosité, immoralité et coût de l'arme . nucléaire, - nécessité d'une défense et d'une force d'intervention conventionnelle européenne, notamment face au terrorisme, - Intérêt, dans le futur, des stratégies non-violentes * de défense contre l'agression et la dictature ("défense civile non-violente" et "dissuasion civile") * et d'intervention entre des belligérants dans des conflits armés ("intervention civile de paix").
  • 15. La décision d’organiser une rencontre Le président d’alors de l'IRNC, Étienne Godinot, a un ami, consultant à Paris, qui transmet l'article dans son réseau, notamment à son cousin Jean Dufourcq, amiral en retraite, chercheur et fondateur du cabinet de synthèse stratégique "La Vigie". L'amiral est intéressé par l'article et désireux de rencon- trer les auteurs. Après concertation entre E.G et l’amiral J.D., il est décidé qu'une 1ère rencontre (de 10 h 30 à 16 h, avec repas de midi pris en commun) aura lieu en janvier 2018 à l'École Militaire sur le thème de la dissuasion nucléaire.
  • 16. Janvier 2018 : 1ère rencontre à l'École Militaire Thème : La dissuasion nucléaire Lors de la première rencontre, relative à l’arme nucléaire, 6 "militaires" et 6 "civils" sont présents. Pour permettre une grande liberté de parole, les participants respectent la règle dite "de Chattham House" (confidentialité, comptes rendus sans citer les noms des participants et ne permettant pas de deviner "Qui a dit quoi"). C’est un bel exercice pour confronter et aiguiser chacun ses arguments, mais sans convaincre car les points de vue sont difficilement conciliables. Les militaires sont sensibles aux critiques des "non-violents" sur l'arme nucléaire, ils ne sont pas unanimes sur la pertinence de la dissuasion nucléaire.
  • 17. Octobre 2018 : 2ème rencontre à l'École Militaire Thème : Les OPEX et l’ICP La grande qualité des échanges ("réunion ouverte, directe, cordiale, échanges sereins, mais sans concession", dira le compte rendu) et des relations interpersonnelles durant la 1ère rencontre amène les participants à programmer une 2ème réunion de travail. Celle-ci a lieu en octobre 2018 sur le thème des opérations militaires extérieures ("OPEX") et de l'intervention civile de paix (ICP). Une intervenante fait part de son expérience en médiation politique sur les lieux de conflits au Sahel, une autre intervenante présente l'intervention civile de paix.
  • 18. Complémentarité des 2 types d’intervention Cette rencontre ouvre un très grand champ de recherches et de possibilités. La pensée globale de ces deux approches du rétablissement de la sécurité et de la paix s’avère très pertinente. Les limites de l’une peuvent être contrebalancées par l’autre, par exemple en ce qui concerne la sécurité des personnes ou la nécessaire collaboration avec les acteurs locaux des conflits. Tous conviennent de la complémentarité des deux actions. Cette 2ème rencontre sera probablement suivie d'une autre réunion relative à la dimension européenne de ces activités politico- militaires, à laquelle seront invités des diplomates et des politiques.
  • 19. Septembre 2019 : 3ème rencontre à l'École Militaire Thème : Violence débridée, contre-violence encadrée Suite aux attentats terroristes, aux violences dans le cadre des manifestations des "Gilets jaunes", etc. une 3ème rencontre est organisée sur le thème de la violence et de la contre-violence. Les participants distinguent - la force (qui oblige l’adversaire à céder et à négocier, qui l’empêche de nuire sans menacer sa vie et son intégrité, qui rééquilibre les plateaux de la balance pour résoudre un conflit), - la violence (qui détruit, viole, tue ou meurtrit) - et la contre-violence de l’État (celle de la police et de l’armée, nécessaire dans l’urgence quand la non-violence s’avère inopérante pour mettre hors d’état de nuire les violents). Ils pointent les facteurs des guerres (intérêt, haine, crainte, honneur) et des conflits, s’efforcent de définir les règles de la contre- violence, comparent les pratiques en France et à l’étranger, observent le rôle des médias, etc.
  • 20. D’autres rencontres à venir… D’autres rencontres sont envisagées : • Débat sur les interventions intérieures et la contre-violence publique en présence de policiers et gendarmes, de préfets, de politiques. Débat sur les OPEX et l’intervention civile de paix en présence de politiques et de diplomates. • La place de l’ordre public dans la justice sociale et la bonne gouvernance politique ; • La place critique de la mémoire algérienne en France ; • La purge des sources de frustrations (humiliation, etc.) et de vengeances que comporte la mémoire historique des peuples et qui les poussent à l’action violente. ■ NB : les comptes-rendus de ces rencontres sont en ligne sur les sites de l’IRNC et de La Vigie, ou peuvent être demandés à irnc@irnc.org