2. introduction
En Afrique, plus de 20% de la population a aujourd’hui entre 15 et
20 ans. Ces tendances sont présentes dans l’UEMOA où, dans 3
pays (Niger 3,89%, Burkina Faso 3,1%, Bénin 3,03%) des huit, les
taux de croissance moyens annuels de leur population au cours de la
période 2005-2010 sont les plus élevés du monde (Banque
Mondiale, 2008)
En 2008, la population agricole en Côte d’Ivoire était de 46,52% de
la population totale, tandis qu’en 2012, au Burkina Faso, ce taux
atteint 80% et 57,57% au Sénégal (countrystat, 2012)
l’insertion d’une bonne partie de cette jeunesse dans l’agriculture
pourrait être une solution à la fois au chômage et au développement
agricole.
Il s’agit de savoir ici si la jeunesse, en particulier celles des pays
francophones d’Afrique bénéficie du financement agricole de leur
l’Etat.
3. 1- Les obstacles à l’insertion des jeunes dans l’agriculture
L’insertion de la jeunesse dans le secteur agricole se heurte à
plusieurs difficultés:
- La jeunesse est très peu attirée par le métier d'agriculteur
- le problème de l'intégration dans les villages d'accueil pour leur
installation
- l’accès sécurisé au foncier par les jeunes
- les revenus agricoles sont nettement inférieurs à ceux des autres
activités ce qui décourage une bonne partie de la jeunesse (diplômée
surtout) à embrasser un métier agricole.
4. 2- Politiques de soutien aux jeunes dans l’agriculture en Afrique
francophone (1/2)
La plupart des jeunes, surtout des zones rurales demeurent pauvres ; trois sur
quatre vivent avec moins de 2 $ par jour et n’ont pas les ressources et les
compétences pour entreprendre le métier d’agriculteur (Rapport, 2012).
L'installation des jeunes en agriculture suppose donc un ensemble de mesures
structurelles précises et cohérentes à travers une politique agricole soutenue
par les pouvoirs publics.
Au Burkina Faso, les principaux textes votés au profit des
jeunes pour la promotion de l’agriculture sont les suivants:
- La reconnaissance juridique de l'Union nationale des jeunes producteurs agricoles du
Burkina (UNJPA-B) en 1997
- La création du Secrétariat permanent à l'appui aux jeunes producteurs agricoles
(SP/AJPA) en 1999
- une stratégie nationale en matière de fixation des jeunes dans leurs terroirs (SNFJT)
a constitué l’outil de coordination et d’harmonisation des interventions en faveur des
jeunes ruraux
5. 2- Politiques de soutien aux jeunes dans l’agriculture en
Afrique francophone (2/2)
Au Benin, il existe un Programme spécial d’installation des jeunes dans
l’agriculture (PSIJA) avec pour objectifs spécifiques :
i) assurer la sécurité des terres en vue de faciliter l’installation des
jeunes dans l’agriculture,
ii) fournir un appui technique pour l’élaboration des plans d’affaires,
iii) aider dans la recherche de ressources financières en vue du
démarrage des activités,
iv) assurer l’accompagnement pour limiter les échecs de parcours et
aider à la gestion des difficultés rencontrées.
6. 3- Financement à l’insertion de la jeunesse dans l’agriculture
(1/3)
L’appui financier (direct ou indirect) accordé par les Etats spécifiquement aux
jeunes pour le développement du secteur agricole s’est traduit surtout par des
formations, et l’accompagnement à leur installation dans le secteur.
Ces appuis pour la plupart des pays francophone datent de longtemps sauf dans
quelques pays (Côte d’ivoire, Bénin, Cameroun) où certaines actions au profit des
jeunes sont récentes.
Au Burkina Faso, un Fonds d'insertion des jeunes (FIJ) dans leur terroir a été créé
en 1994 et opérationnel depuis 1997. Plusieurs initiatives ont été développées en
la matière, parmi lesquelles :
- (i) Les Brigades de production : Quatre sites à travers le territoire ont reçu chacun
250 jeunes soit 1 000 au total.
- (ii) L’opération 1 000 jeunes filles : ces filles bénéficiaient d’un appui financier
du Ministère de l’action sociale allant de 120 000 à 240 000 FCFA en fonction
du domaine de formation. Environ 10 000 filles chaque années étaient formées
dans le Sourou. Projet a pris fin en 2010.
7. 3- Financement à l’insertion de la jeunesse dans
l’agriculture (2/3)
En ce qui concerne la formation agricole des jeunes au Burkina Faso
(i) Le système de l'Education rurale dès 1963, destiné aux jeunes ruraux
non scolarisés qui, vu leur âge (de 14 à 18 ans), n'ont plus aucune chance
de l'être ;
(ii) Le système de Formation des jeunes agriculteurs (FJA) en 1974 en
remplacement de celui de l’éducation rurale. ) Les jeunes sortant des
Centres de Promotion Rurale (CPR) bénéficient des équipements
agricoles pour leur installation
Au Benin, un programme spécial d’insertion des jeunes dans l’agriculture
a été lancé en 2008, à travers lequel, la vallée du Niger et de la Sota a
accueilli plus de quatorze mille jeunes qui se sont spontanément intégrés.
8. 3- Financement à l’insertion de la jeunesse dans
l’agriculture (3/3)
Au Cameroun, le Programme d’Appui à l’Installation des Jeunes
Agriculteurs (PIAJA), logé au Ministère de l’agriculture et du
développement rural (MINADER), accompagnent les jeunes dans la mise
en œuvre de projets agricoles, sur leur propre domaine foncier ou sur les
sites viabilisés par l’Etat. Pour l’année 2012, 900 millions FCFA sont
consacrés à la viabilisation des sites. Dans la répartition, 100 millions
seront alloués à l’installation de 50 jeunes agriculteurs ayant suivi une
formation dans des écoles et centres, tandis que 120 millions seront
destinés à 120 groupes de jeunes au chômage qui s’intéressent à
l’agriculture. Depuis sa mise en œuvre en 2006, le PIAJA a déjà installé
1800 jeunes (BAHRI-DOMON, Y, 2012).
En Côte d’Ivoire, un fonds d'installation et d'appui aux initiatives des
jeunes agriculteurs (entre 21-40 ans) a été créé en 2005 dont les modalités
de financement sont : (i) apport personnel 5 % du coût du projet, (ii) 5
millions pour les personnes physiques, (iii) 10 millions pour les personnes
morales ou groupement
9. Conclusion
Le secteur agricole est reconnu comme le moteur de
développement des pays d’Afrique Francophone, mais la
problématique de son financement reste toujours d’actualité
De même, les pouvoirs publics soutiennent l’idée que la jeunesse
constitue une aubaine pour la relance du secteur en termes
d’innovations mais dans le même temps, l’appui à son endroit par
les Etats est quasi inexistant
Sur la base de l’expérience du Burkina Faso, l’enseignement
majeur que l’on peut tirer des initiatives de financement des jeunes
agriculteurs est l’insuffisance d’accompagnement des jeunes en
matière de financement des activités de production agricole, de
soutien à la commercialisation des produits et d’accès à la terre