1. Open data et plateforme associée
L’ouverture des données de mobilité (open data transport) est à la fois une obligation légale
et un moyen de créer de la valeur pour les collectivités et organisations qui les produisent.
Cependant, ouvrir ses données est encore aujourd’hui un exercice complexe dont les
résultats sont incertains. Le manque de compétences et de moyens, l’absence de standards
et les difficultés à exposer ses données au plus grand nombre sont autant de freins à la
création d’un véritable marché des données de transport. Plusieurs années après de
premières expériences très médiatisées, force est de constater que l’open data n’a pas
répondu aux promesses attendues.
Pour mettre en œuvre de l’open data, plusieurs pistes sont à explorer, éventuellement
combiner en fonction des données et des objectifs. Aujourd’hui, il existe de nombreuses
plateformes les hébergeant comme par exemple :
● https://navitia.opendatasoft.com/ : les données sont collectées par Kisio Digital et ne
permet pas un dépôt spontané par un tiers mais propose la fusion de données.
OpendataSoft leur permet d’exposer simplement leurs jeux de données aux côtés de
jeux de données hors transport d’un même territoire éventuellement
● https://transit.land/feed-registry/ : permet à leurs jeux de données d’être indexé aux
côtés de très nombreux jeux de données mondiaux, et de corriger quelques éléments
de ces données.
● http://www.gtfs-data-exchange.com/ : plateforme historique ce qui explique son
utilisation encore de nos jours
● http://transport.data.gouv.fr/ : plateforme de données spécifique aux transports.
L’aspect gouvernemental est rassurant, mais restreint sa portée à la France.
À l’opposé, de nombreuses solutions existent pour consommer et présenter ces solutions,
telles que :
● http://www.opentripplanner.org/
● Navitia.io est une API qui qui permet aux réutilisateurs de valoriser ces jeux de
données en créant des services; Navitia.io ne s’adresse pas aux producteurs de
données, est en lien avec une communauté de développeurs qui peuvent améliorer
l’API qu’ils utilisent
● D’autres outils non libres, mais avec une offre commerciale
Quatre axes techniques pour une plateforme Open Data couplés à l’animation d’une
communauté :
● la qualité ;
● l’édition ;
● la fusion des données ;
● le temps réel.
Qualité des données
Les données ouvertes de transport souffrent généralement d’un problème de qualité. Les
données hébergées sur la plateforme devront être qualifiées afin de permettre de signaler
tout problème et permettre une amélioration itérative des données à travers :
2. - Une batterie de tests automatique souligne les problèmes (période de validité,
incohérences de coordonnées, durées impossible…)
- Permettre à la communauté de signaler les problèmes
Édition des données
Les données étant souvent de qualité insuffisante, et pas toujours modifiées en amont,
celle-ci doivent pouvoir être corrigées directement sur la plateforme. Des règles doivent
pouvoir être appliquées sur de nouveaux jeux de données systématiquement (e.g. export qui
ne permet pas de renseigner toutes les données, citoyens choisissant de redresser des
données dont le transporteur refuse d’intégrer en amont les correctifs…).
En plus de cela, la saisie de données ex nihilo doit être possible afin d’intégrer des petits
opérateurs n’ayant pas de système d’information voyageur ou pour des citoyens désirant
créer des données inexistantes.
- http://www.chouette.mobi/ a vocation à gérer la création et édition de données
Fusion des données
Plusieurs producteurs de données peuvent agir au sein d’un même territoire et les données
doivent être agrégées pour fournir une offre pertinente.
L’agrégation doit être automatique, mais supervisée par un humain qui devra faire des
arbitrages et ajouter des règles de fusion des données. Il peut aussi bien s’agir d’une autorité
organisatrice, des citoyens ou une entreprise ayant besoin de données qui se charge de la
supervision.
Temps réel
Le temps réel est une fonctionnalité très demandée. Fonctionnellement et techniquement
compliqué du point de vue des outils à cause de nombreuses normes et technologies, il est
indispensable d’abstraire cette complexité pour une consommation facile.
Créer un service capable de consommer plusieurs formats de temps réel, et de les exposer
dans un format unique
Le temps réel pourra être un point de pivot intéressant pour intégrer d’autres modes de
transport (le.taxi, les vélos en libre service, VTC…)
Animer une communauté
● Nouer des partenariats techniques en amont : C’est aussi un outil fédérateur et non
pas comme une n-ième solution aux fonctionnalité très proche que celles existantes.
Il est donc nécessaire d’intégrer des acteurs proches dès le début pour en faire des
partenaires et éviter la concurrence et un dédain.
● Cibler les producteurs et consommateurs de données :Les grands producteurs de
données (entreprises de transport, autorités organisatrices…) sont généralement liés
à un système d’information donné. Par contre les petits producteurs, les actions
citoyennes seront intéressées par un outil, et comprennent une démarche
interactive. Les intégrer lors de la réalisation permet d’avoir un fort engagement et
c’est l’unique moyen d’avoir un produit qui soit utilisable, donc utilisé. Pour ce qui est
des consommateurs, il faudra s’intéresser aux applications utilisant des données
ouvertes transport pour mieux comprendre leurs besoins.
3. ● Être sincère entre discours et actions : Tout le processus doit être transparent. Le
code, les travaux en cours ou planifiés doivent être accessibles. Par exemple sur
github.com.
● Assumer le rôle d’animateur : Il faudra actif pour animer la communauté et intégrer
plus de personnes dans la communauté. Voir par exemple
https://teamopendata.org/
Qu’est ce qu’une plateforme (à l’ère du numérique)
Exemple avec la plateforme créée par Apple pour l’iPhone – source 15Marches
Premier temps : Apple autorise des tiers – les développeurs – à créer une application et la
vendre sur le portail de distribution d’Apple, l’Appstore (Apple perçoit 20% + un
abonnement de 99$ par an) permet d’atteindre les centaines de millions d’utilisateurs.
Bénéfice pour Apple ? Offrir à ses propres clients l’accès à des millions d’applications sans
payer le prix de leur développement, et sans prendre le moindre risque commercial.
Deuxième temps : Apple autorise les développeurs à utiliser la plupart des fonctionnalités de
l’appareil pour l’intégrer dans leur propre application; pas besoin d’ajouter un accessoire sur
son téléphone : tout est prévu dans le Software Development Kit (SDK) mis à disposition des
développeurs et soigneusement enrichi et mis à jour par la communauté. De nombreuses
fonctionnalités de l’appareil (et non de l’Appstore) sont ainsi accessibles aux développeurs :
l’écran bien sûr, mais aussi le micro, le GPS, l’accéléromètre, le gyroscope,…. C’est d’ailleurs
ce qui fait l’intérêt d’une “app” par rapport à un site mobile : l’accès aux fonctionnalités.
Apple en a donc fait un avantage concurrentiel par rapport aux sites web. Quitter l’Appstore,
c’est priver ses utilisateurs de précieuses fonctionnalités impossibles à reproduire
autrement.
Troisième temps : Apple autorise des tiers à utiliser des fonctionnalités de l’appareil d’une
manière différente de celle prévue initialement. L’innovation dans l’utilisation de cette
fonctionnalité est donc venue d’un tiers, pas d’Apple. Et le plus fort, c’est que l’aspect
contractuel (le covenant évoqué plus haut) est traité de la manière la plus “automatisée”
possible. Pas de négociation de gré à gré : un SDK, des consignes précises à suivre, une
validation rapide, le tout à distance. Le succès est aussi lié à la simplicité offerte aux
développeurs.
4ème temps : la possibilité de créer une application sur la plateforme iOS ne génère aucune
exclusivité. Non seulement Apple peut ne pas autoriser la sortie de l’application, mais il peut
quand il le souhaite créer une fonctionnalité comparable. Il bénéficie d’ailleurs pour cela de
toutes les données d’usage captées par sa plateforme : qui utilise l’application, combien de
fois, de quelle manière.
Une plateforme numérique intègre obligatoirement les 4 temps. http://Apollo.auto de
Baidu est une plateforme numérique dans la voiture autonome, Google Map est une
plateforme numérique, https://coord.co/ est une suite d’API de Mobilité qui pourrait
devenir une plateforme en s’ajoutant à Google Map.