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1 de 24
Descargar para leer sin conexión
focus >
Blockchain :
collaboration
avec Utocat
BD >
Go Touch VR :
Le virtuel au
bout des doigts
focus >
ClinMine :
analyser les parcours
patients à l’hôpital
#06
LE MAGAZINE DU CENTRE INRIA LILLE - NORD EUROPE
DEC. 2017
DOSSIER
Quel monde numérique
dans 50 ans ?
eDi
TO Créé en 1967, Inria célèbre cette année ses 50 ans. Pour cette
occasion, l’institut a choisi de se tourner vers l’avenir et les célébrations
d’anniversaire se sont déroulées autour du mot d’ordre « imaginons notre
futur numérique ».
Le centre Inria Lille – Nord Europe a organisé, le 5 octobre à la Plaine
Images, l’événement « Forum numérique 2067 ». Cette manifestation
a été conçue pour confronter les points de vue entre les experts des
différentes disciplines abordées et les passionnés du numérique. Quatre
tables rondes thématiques ont ainsi permis au public de dialoguer et
d’interroger les experts, en abordant la prospective du numérique dans
le contexte du travail, de l’environnement, de la santé et des loisirs.
Vous avez été près de 200 à être présents à cet anniversaire participatif,
contribuant à la richesse et à la qualité des échanges.
Le dossier de ce numéro « Lille by Inria » revient donc sur le « Forum
numérique 2067 » et sur les débats passionnants qui s’y sont déroulés.
Ce magazine fait également honneur à de beaux projets, dont la création
de la start-up Go Touch VR, spécialisée en réalité virtuelle et issue de
recherches menées dans le centre.
Le 31 janvier 2018, nous aurons le plaisir d'accueillir un cours de Gérard
Berry, informaticien et professeur émérite du Collège de France. Je vous
invite tous et toutes à venir assister à cette conférence unique, qui aura
lieu au learning center LILLIAD de l’Université de Lille.
En 2018, nous célébrerons cette fois les 10 ans du centre Inria Lille – Nord
Europe, et l’inauguration de notre nouveau bâtiment, le bâtiment Place
situé sur le site d’excellence d’EuraTechnologies. Ces deux événements
phares de 2018 nous permettront de vous convier, à nouveau, pour fêter
ensemble l’excellence scientifique d’Inria, mise au service du transfert
technologique et de la société.
Je vous souhaite à tous et toutes de passer de très belles fêtes de fin
d’année avec vos familles et vos proches.
Isabelle HERLIN
02
03
SOm
MAIRE
dessine-moi la recherchE 12-13
focus 14-15
• Blockchain : collaboration avec Utocat
focus 16-17
• ClinMine : analyser les parcours patients à l’hôpital
best-of 18-19
portrait 20-21
rendez-vous 22
contact 23
dossier
• Forum Numérique 2067 : quel monde numérique dans 50 ans ?
06-11
face a face
• Antoine Petit 04
• Nicolas Lebas 05
03
Semestriel édité par Centre de recherche Inria Lille - Nord Europe : Parc scientifique de la Haute Borne, 40, avenue Halley. Bât. A, Park Plaza, 59650 Villeneuve
d’Ascq. contact-lille@inria.fr. Directrice de publication : Isabelle Herlin. Rédactrice en chef : Marie-Agnès Enard. Coordinatrice : Marion Blasquez. Conception graphique
et mise en page : Élise Cattoire agence KaméléCom, 11/1 sentier du Christ, 59960 Neuville-en-Ferrain. Rédacteurs : Franck Deflandre agence KaméléCom et service
communicationetmédiationInriaLille-NordEurope.Créditsphotos:©Inria/PhotoC.Mangin-Inria/PhotoC.Morel-Inria/PhotoG.Scagnelli-Inria/PhotoA.Decarpigny
- Inria / Photo Kaksonen - Inria / Photo C. Tourniaire - Inria / Photo P. Caron - Inria / Photo N. Fagot © Photo N. Lebas - © Photo J. Niehren. © Fotolia. Impression : C&P
PartenairesConseil-0320271189.Lecentreremerciechaleureusementl’ensembledescontributeurs,collaborateursetpartenairesdecesixièmenumérodeLillebyInria.
Imprimé en décembre 2017 - Série limitée à 1000 exemplaires.
04
> Quels sont les grands enjeux
à venir dans le domaine des
sciences du numérique ?
La recherche, dans les sciences
du numérique comme ailleurs,
s’inscrit sur le long terme.
Les enjeux de demain ne sont
pas nécessairement connus
aujourd’hui. C’est ce qui fait le charme
et la difficulté de la recherche. Dans les
sciences du numérique, pour l’instant,
l’attention médiatique se concentre
autour de sujets comme la vision par
ordinateur, le traitement automatique
de la parole, la cybersécurité, les
modèles mathématiques, les
interfaces, le big data, l’internet des
objets, le calcul haute performance,
le tout étant souvent regroupé,
un peu abusivement, sous le
concept d’intelligence artificielle.
Les interactions avec les autres
sciences mais aussi avec le monde
économique et la société de manière
générale représentent un autre
enjeu important. Nos scientifiques
doivent répondre à des sollicitations
de nombreux secteurs qui veulent
maîtriser la transition numérique de
leurs activités. Cette demande sociale
de compréhension et d’explications
incite en particulier les sciences du
numérique à être très vigilantes sur
les questions d’éthique.
> Quelle sera la stratégie d’Inria pour
répondre à ces défis ?
La reconnaissance de la qualité
de ses activités et la mise en
pratique de sa devise « Excellence
scientifique au service du transfert
technologique et de la société » offrent
à Inria de formidables opportunités
de coopération. L’institut a la capacité
de mobiliser ses chercheurs et
chercheuses sur des sujets clés
issus de problématiques internes aux
sciences du numérique mais aussi en
réponse à des demandes extérieures.
Face à l’ampleur du défi, Inria devra
sélectionner ses collaborations afin
d’être en mesure d’y consacrer à
chaque fois une « force de frappe
scientifique » suffisante. Notre
institut doit continuer à tenir compte
de l’impact des recherches qu’il
conduit, pouvant prendre des formes
très diverses allant de l’avancée des
connaissances, à la création de spin-
offs en passant par la production
de logiciels, tout en rappelant que
l’impact ne signifie pas forcément
court terme.
> Et vous, en tant que citoyen,
comment imaginez-vous notre
monde numérique en 2067 ?
Un scientifique n’a aucune capacité
particulière à se transformer en
prospectiviste. Cependant, je suis
convaincu que le futur sera numérique
ou ne sera pas. Dans 50 ans, le monde
dans lequel nous vivrons sera celui
que nous aurons choisi de construire
en fonction de nos valeurs, de nos
cultures et de nos choix de sociétés.
Dans ce futur numérique, les logiciels
et les environnements scientifiques
seront de plus en plus performants.
Il appartient à la société de faire en
sorte que ces progrès bénéficient au
plus grand nombre et ne soient pas
accaparés par quelques uns, individus
ou grandes firmes internationales,
pour leur seul profit.
º 50ans.inria.fr
// face a face
Interviews
antoine petit >
président directeur général d'inria
#06 DECEMBRE 2017 05
Nicolas Lebas >
Vice-président chargé de l’Enseignement
supérieur, la recherche et les universités
Région Hauts-de-France
> Inria célèbre ses 50 ans,
l’occasion de faire un exercice
de prospective à l’horizon 2067.
Quels sont les grands enjeux
à venir autour du numérique à
l’échelle d’une région ?
Pour accompagner la révolution
numérique dans laquelle nous
sommes engagés, l’action publique
est essentielle. Elle doit permettre à la
Région Hauts-de-France de saisir les
opportunités en matière d’innovation
et d’emploi mais son rôle est aussi
de veiller à limiter les inégalités que
pourrait engendrer la transformation
de notre société. Depuis de longues
années, le dynamisme de la Région
dans le domaine du numérique est
porté par des pôles d’excellence
reconnus mais aussi par des
expérimentations réussies dans
les domaines de la formation, de
la santé, de l’e-administration, des
arts numériques ou des transports
par exemple. Désormais, de plus en
plus de territoires s’approprient cette
transformation numérique à travers le
développement d’infrastructures à très
haut débit et la mise en œuvre de plans
d’action numériques locaux. Au niveau
de la Région, l’accompagnement de la
transition numérique s’inscrit dans un
projet global pour plus d’innovations,
plus d’équité et plus d’emplois. Cette
orientation est étroitement liée à la
Troisième révolution industrielle (Rev3)
basée sur la transition énergétique et
les technologies numériques.
> Quelle stratégie déployez-vous
pour répondre à ces enjeux ?
À travers notre politique régionale,
incarnée par Christophe Coulon, Vice-
président en charge du développement
numérique, nous entendons relever
quatre défis majeurs : Garantir une
égalité dans l’accès au très haut
débit; Encourager le développement
des usages numériques dans nos
politiques régionales mais aussi
dans le quotidien des habitants
en accompagnant les projets
d’innovation numérique et sociale
et l’émergence d’un réseau de Tiers
Lieux; Favoriser la création d’emplois
en développant une filière numérique,
en aidant les entreprises à aborder
cette transition digitale et en formant
aux nouveaux métiers ; Fédérer les
acteurs de la transition numérique et
coordonner notre action avec celle de
nos partenaires extérieurs pour être à
la hauteur de nos ambitions dans le
domaine.
> Et vous, en tant que citoyen,
comment imaginez-vous notre monde
numérique en 2067 ?
Dans mon idéal, en 2067, le numérique
aura aboli les distances. Il rendra
l’excellence accessible à l’ensemble
du territoire et on pourra par exemple
se faire soigner à distance. Dans
50 ans, le numérique saura traiter
des volumes de données qui nous
dépassent aujourd’hui et dont nous
saurons faire un usage prédictif, donc
préventif sans oublier les garde-fous
éthiques indispensables.
º hautsdefrance.fr
// dossier
_environnement
_santé
_LOISIRS
_travail
Quel monde numérique dans 50 ans ?
06
SOmMAIRE
Les 50 ans d'inria 07
Le travail 08
l'environnement 09
la sante 10
les loisirs 11
#06 DECEMBRE 2017 07
forum numérique 2067 < dossier 
les 50 ans d'inria :
un anniversaire
tourné vers l'avenir
En 2017, Inria célèbre ses 50
ans. L’évolution de l’institut,
crééen1967,estétroitement
liée à l’essor des sciences
informatiques. Née d’une
volonté politique forte de
donner à la France les moyens
de se doter de technologies de
pointe, Inria (IRIA à ses débuts)
s’est toujours développé dans
un souci de proximité avec
le monde de l’industrie. Dès
le début des années 80, Inria
mise sur l’excellence de ses
recherches pour renforcer
ses actions de transfert de
compétences et de technologies.
Parallèlement, l’institut, à l’origine
de la création d’un réseau de
chercheurs européens, affirme
encore un peu plus sa vocation
internationale. En 1994, un
premier plan stratégique
engage Inria dans de nouveaux
défis scientifiques dans des
thématiques très précises.
En 2002, l’institut continue
de grandir avec l’ouverture de
nouveaux centres de recherche
(Bordeaux, Lille, Saclay) qui
viennent s’ajouter aux cinq sites
historiques (Rocquencourt,
Rennes, Sophia Antipolis, Nancy
et Grenoble). De nouveaux
moyens qui permettent à Inria de
contribuer au rayonnement des
sciences du numérique à travers
le monde entier. À l’occasion de
ses 50 ans, l’institut souhaite
proposer d’imaginer ensemble
le monde numérique à l’horizon
2067, dans un jeu de prospective
collective. Le centre Inria Lille
– Nord Europe a donc organisé
le « Forum Numérique 2067 »
à la Plaine Images localisée à
Tourcoing. L’objectif était de
proposer au public d’échanger
sur le monde numérique en 2067
et de confronter les points de vue
avec des spécialistes du monde
économique, académique ou
médiatique sur quatre grands
thèmes à fort impact sociétal.
Près de 200 personnes ont
participé à 4 sessions sur les
thèmes du travail, de la santé,
de l’environnement et des
loisirs qui ont été préparées
en collaboration avec des
scientifiques du centre Inria de
Lille. Nous vous proposons de
revenir sur ces sessions pour en
évoquer les grandes idées qui ont
émergé lors de ces échanges.
_Isabelle Decoopman_
Docteure en sciences de gestion,
professeure et chercheuse au sein de
SKEMA Business School
_Gilles Saint Paul_
Économiste, enseignant à l’ENS Paris et
à l’École d’économie de Paris, travaille
sur la croissance et le marché du travail
_Christophe Bys_
Journaliste à l'Usine Nouvelle,
spécialisé sur l'emploi numérique,
le management et transformation digitale
des médias et des industries culturelles
I n t e r v e n a n t. e . s :
08
// dossier > forum numérique 2067
Selon une étude menée par le député
et mathématicien Cédric Villani, en col-
laboration avec des experts mondiaux
en intelligence artificielle, seuls 10 %
des emplois actuels devraient être
détruits par les prochaines évolutions
dansledomaine.Enrevanche,lamoitié
de ces emplois devront vraisemblable-
ment être revisités. Les changements
liés au numérique auront aussi inévi-
tablement un impact important sur
notre façon de travailler. « Il y aura plus
de liberté dans la façon de concevoir
le travail. Il sera organisé de façon
plus autonome. La question du télé-
travail continuera de se poser dans
beaucoup de secteurs d’activités »,
ajoute Christophe Bys, journaliste à
l’Usine Nouvelle. Les transformations
dans le domaine du travail s’ac-
compagneront de changements de
société importants notamment en
matière d’éducation. Le développe-
ment de la robotique pourrait affaiblir
l’impact du service éducatif sur les
humains et creuser des inégalités de
richesse importantes entre les pro-
priétaires de robots et les autres.
« L’avenir s’annonce multidisciplinaire
et il faudra adopter une autre logique
de formation continue pour les tra-
vailleurs afin qu’ils puissent pouvoir
appréhender les outils numériques »,
selon Isabelle Decoopman. Enfin, les
institutions joueront un rôle déter-
minant dans l’accompagnement de
cette révolution numérique au niveau
éthique. Pour qu'un territoire comme
les Hauts-de-France, reste « cette
région digitale au service de l’emploi
et du vivre-ensemble » portée par une
politique dynamique et ambitieuse,
comme l'a ainsi évoqué en introduc-
tion André-Paul Leclercq, président de
la commission "Au travail" du Conseil
régional Hauts-de-France.
T r a v a i l
Quel travail et quel statut pour le travailleur dans le monde numérique de 2067 ? Tous nomades ?
Tous indépendants ? Les avancées de la robotique vont-elles mener à la fin du travail ? Quel est
l’impact sur la distribution des richesses ?
L’impact du numérique sur le travail est
déjà un sujet qui fait couler beaucoup
d’encre. Jusqu’à présent, le progrès
technique ne s’est pas traduit par une
disparitiondesemplois.Ilaaucontraire
contribué à améliorer les salaires et
les conditions de travail en réduisant
les tâches pénibles et répétitives.
Mais pour l’avenir, plusieurs scénarios
s’opposent autour de différentes ques-
tions : le développement du domaine
de la robotique, dont les limites sont
en permanence repoussées par les
travaux de recherche, aura-t-il sonné
la fin du monde du travail d’ici 2067 ?
Le numérique sera-t-il devenu un subs-
titut ? Selon la théorie défendue par
l’économiste Gilles Saint-Paul, la si-
tuation va progressivement s’inverser
dans le domaine de la complémenta-
rité homme-machine d’ici 2067. « On
pourrait assister à une robotisation
extrême du travail. La productivité du
travail humain pourrait donc devenir
de plus en plus faible et nous pour-
rions devenir les clients de robots ». Si
tous les experts s’accordent à penser
que la nature du travail va considéra-
blement évoluer, la place des robots
dans notre société de demain fait
débat. Isabelle Decoopman préfère
parler d’une nouvelle forme de com-
plémentarité. « La technologie devra
toujours être accompagnée d’une
réflexion stratégique en amont qui
devra être assurée par un humain.
L’évolution dépendra aussi des choix
de société qui seront faits ».
l a ré volution robotique
Vers une nouvelle éthique du tr avail
Animé par Laurent Tricart_
Directeur de développement de la Plaine Images
_Isabelle Attard_
Docteure en archéologie
environnementale
et ancienne députée du Calvados
_Eric Vidalenc_
Responsable pôle transition énergétique
ADEME Hauts de France. Conseiller
scientifique de Futuribles. Blogueur
chez Alternatives Economiques
_Sébastien Denvil_
Ingénieur de recherche en sciences
du climat au CNRS
I n t e r v e n a n t. e . s :
#06 DECEMBRE 2017 09
forum numérique 2067 < dossier 
Le numérique pour modéliser l’ environnement
Au sein d’Inria, les défis environne-
mentaux, notamment autour de la
numérisation de l’énergie, ne manquent
pas. Si on se projette en 2067, à
l’échelle des évolutions du climat,
une période de 50 ans ne représente
qu’un délai très court. Pourtant, notre
société doit faire face à des échéances
encore plus urgentes. L’un des défis,
désormais inscrit dans la loi, est de
réussir à diviser par 4 nos émissions
de gaz à effet de serre. Pour y par-
venir, selon les experts, il nous reste
plutôt 30 ans avant que le réchauf-
fement climatique ne provoque des
réactions en chaîne problématiques.
« Dans le domaine, le numérique peut
nous aider à accélérer certains pro-
cessus. L’enjeu est de pouvoir passer
de l’optimisation du système actuel
à la transformation de ce système »,
précise Eric Vidalenc. Alors que notre
société en est encore au stade de la
prise de conscience, l’environnement et
le climat représenteront certainement
des enjeux politiques essentiels dans
les années et les décennies à venir.
« Pour prendre des décisions, les élus
ont besoin de modélisations des dif-
férents scénarios. Nous devons avoir
ces projections qui tiennent compte
d’un maximum de données possibles
et c’est là que le numérique peut nous
aider. Ensuite, ce sera aux politiques
de les entendre », précise Isabelle
Attard. Ce travail des chercheurs sur
des modèles numériques pourrait
aussi permettre de savoir comment
évoluera le climat, une donnée essen-
tielle pour l’avenir de notre planète. Pour
qu’elle soit préservée en 2067, c’est une
mission collective que nous devons
tous mener en tant que citoyens, déci-
deurs politiques et chercheurs.
e n v i r o n n e m e n t
« Nos changements d’habitude
actuels n’auront de conséquences
sur le climat qu’après 2050. Il y a
beaucoup de développement et de
potentiel au niveau du numérique.
Maintenant, il faut encadrer ces évo-
lutions en prenant des décisions
stratégiques fortes », pour Sébas-
tien Denvil. Et une question se pose :
« Est-on en mesure d’inventer un
modèle économique qui ne détériore
pas encore plus la planète sur la-
quelle nous vivons ? Si elle n’est plus
capable d’accueillir l’espèce humaine,
tous les autres débats n’auront plus
lieu d’exister, l’environnement doit
rester une question centrale », ajoute
Isabelle Attard. Aujourd’hui, grâce aux
avancées dans le domaine du numé-
rique, nous sommes déjà capables de
mesurer l’impact de nos démarches
sur l’environnement mais il existe
encore des divergences au niveau
des solutions à adopter pour y faire
face. « Le numérique peut nous aider
à aller vers des modes de production
moins carbonés. Dans le domaine
des objets connectés, il serait par
exemple possible de déployer davan-
tage de petits capteurs pour mesurer
l’impact de nos comportements dans
les villes sur l’environnement », selon
Sébastien Denvil. Heureusement, le
numérique a déjà commencé à favori-
ser des changements d’habitudes vers
un comportement plus responsable
notamment chez les jeunes généra-
tions. « Nous devons compter sur la
jeunesse pour que le pays change
dans les prochaines années. Ce sont
par exemple les 20/25 ans qui uti-
lisent le plus souvent les applications
de co-voiturage. Chacun doit prendre
conscience de ce qu’il est possible de
faire à son échelle », conclut Isabelle
Attard.
Vers des comportements plus responsables
Quelles conséquences le numérique aura-t-il sur l’environnement ? Quel impact sur nos mobilités,
nos productions et consommations d’énergie ? Dans 50 ans, l’évolution du climat sera-t-elle
contrôlable ?
Animé par Antoine Rousseau_
Chargé de recherche Inria, responsable scientifique de l’équipe Lemon (littoral, environnement : méthodes et outils numériques)
10
En matière de santé, l’évolution des
techniques numériques génère
beaucoup de fantasmes quand on
évoque le futur. Si le robot n’est pas
encore sur le point de remplacer notre
médecin ou notre chirurgien, le numé-
rique vient déjà aider la médecine. Des
équipes Inria travaillent sur la concep-
tion de modèles numériques précis
qui permettent de mieux connaître
le corps humain ou de mieux com-
prendre l’évolution de certaines
pathologies grâce à la simulation nu-
mérique. En 2067, la médecine sera
vraisemblablement moins hospita-
lière. « Le principe de la médecine
connectée nous permet de pouvoir
surveiller les constantes vitales d’un
patient, comme le rythme cardiaque,
en dehors de l’hôpital pour anticiper
les pathologies. L’objectif sera de
le prendre en charge avant que la
maladie se déclare », précise Mercè
Jourdain. Parallèlement, la formation
des chirurgiens a déjà commencé à
évoluer. « Les élèves bénéficient de
techniques plus poussées dans un
environnement 3D et virtuel. En 2067,
l’enseignant viendra à la faculté pour
faire de la simulation. Aujourd’hui ce
type d’enseignement ne représente
que 20% de ce qui est dispensé ».
Quand le numérique se met au service
de la science et de la médecine, il joue
indirectement un rôle déterminant
dans l’évolution de l’espérance de
vie des patients traités. « Le traite-
ment des données issues d’objets
connectés dans notre corps permet-
tra d’anticiper le diagnostic et de
mieux traiter la pathologie », ajoute
Dominique Tierny. La science avance
également dans le domaine de la
bio-impression, une technologie qui
sera capable de reproduire tous les
organes. Le traitement de la douleur
par le numérique représente aussi un
enjeu important.
« Nous pourrons par exemple utiliser
les casques de réalité virtuelle pour
détourner l’esprit du patient ». La ca-
pacité cérébrale pourra être améliorée
par l’intermédiaire de jeux. « Il existe
déjà des systèmes d’exercices céré-
braux. Des tests cognitifs montrent
que les joueurs ont plus de facilité à
prendre des décisions », précise Rémi
Sussan. En 2067, il faudra savoir col-
lecter et gérer un nombre de données
important lié aux pathologies. « Dans
le domaine de la formation, on peut
travailler à partir de ces données
pour améliorer les pratiques. Il sera
par exemple possible de travailler
sur les erreurs identifiées comme
étant les plus courantes, au centre
de simulation », ajoute Mercée Jour-
dain. L’analyse de toutes ces données
issues de milliers de patients, qui
pourra permettre par exemple de
personnaliser des traitements, sou-
lèvera aussi des questions délicates
en matière d’éthique. « L’intelligence
artificielle ne pourra pas remplacer
l’éthique. Le numérique peut aider
le praticien mais la décision pour
le remplacement d’un organe doit
rester entre le médecin et le patient ».
// dossier > forum numérique 2067
I n t e r v e n a n t. e . s :
s a n t é
Quel impact du numérique sur la santé ? Quel modèle de médecine pour demain ? Quel
impact du numérique sur le fonctionnement de l'esprit ? Serons-nous augmentés par la
technologie comme le pensent les transhumanistes ? Quelles spéculations pour 2067 ?
Corps physique et données, quelles frontières ? À quelles disruptions s'attendre ?
_Dominique Tierny_
Présidente déléguée du pôle de
compétitivité "nutrition, santé et
longévité" (NSL)
_Mercè Jourdain_
Professeure de réanimation polyvalente
à l’université de Lille – droit et santé,
et directrice du centre de simulation
Presage (Plate-forme de recherche et
d’enseignement par la simulation pour
l'apprentissage des attitudes et des gestes)
_Rémi Sussan_
Journaliste à InterneActu.net spécialisé
sur les technologies futuristes,
biotechnologie, cognition, réalité
virtuelle, transhumanisme
Animé par Sophie Maheo_
Responsable valorisation et copilote du cycle de prospective "questions numériques" à la Fing
A n t i c i p e r l e s d i a g n o s t i c s
S i m u l e r p o u r m i e u x s o i g n e r
11#06 DECEMBRE 2017
forum numérique 2067 < dossier 
Dans les loisirs, l’arrivée du numérique
démontre que les règles du jeu ne
sont pas immuables. Le e-sport
n’est qu’à ses balbutiements mais
déjà le comité olympique réfléchit
à son intégration comme discipline
officielle pour de prochains jeux. En
2067, les olympiades des jeux vidéo
devraient rencontrer un grand succès.
« Les convergences sont nombreuses
entre le sport et le e-sport. Il y a
une dimension stratégique très
importante. Dans le futur, le e-sport
pourrait devenir aussi plus physique
avec le développement de capteurs
de mouvement et d’avatars virtuels »,
précise Matthieu Dallon.
Dans les prochaines décennies, le
numérique devrait aussi révolution-
ner le domaine du tourisme. En 2067,
une part de ce secteur d’activité sera
devenue virtuelle, une tendance qui
commence déjà à se dessiner et qui
n’inquiète pas les professionnels
du secteur. « La numérisation des
musées n’a pas eu d’effets négatifs.
Ceux qui ne peuvent pas se dépla-
cer y ont plus facilement accès. Les
autres peuvent préparer et person-
naliser leur visite. La virtualité nous
apportera des choses intéressantes
mais ne remplacera pas une visite ou
un voyage », précise Sophie Lacour. Si
la virtualité renforce déjà l’attractivité
de certaines de nos visites, comme
dans les châteaux de la Loire où des
personnages virtuels accompagnent
les touristes, à l’avenir, elle nous per-
mettra de nous rendre dans un pays
depuis notre salon grâce aux casques
de réalité, une nouvelle façon de pré-
parer nos futurs voyages. D’ici 2067,
on pourra même choisir une destina-
tion complètement virtuelle ou encore
visiter Mars ou la Lune, sans quitter
la Terre, dans la peau d’un avatar. Le
numérique renforcera-t-il l’individua-
lisme de notre société dans les loisirs ?
Pas forcément, selon les projections
de nos experts. Dans le domaine du
e-sport, des compétitions régulières
de jeux en réseau permettent par
exemple aux joueurs de se rencontrer.
« Dans les prochaines années, on
pourra se déplacer en marchant dans
un univers complètement virtuel mais
la technologie doit rester un moyen
et pas un but. Dans le loisir, l’objec-
tif est de ressentir des émotions, ce
qui passe forcément par du vivre en-
semble », précise Bertrand Lagrange.
Vous pouvez revoir l’intégralité de ces sessions sur la chaîne Inria Youtube :
º youtube.com/InriaChannel
Retrouvez également le programme détaillé sur la page dédiée à cet événement :
º inria.fr/ForNum2067
_Matthieu Dallon_
Directeur de la stratégie de Webedia et
ancien président de France eSports
_Bertrand Delgrange_
Fondateur et président de Koezio
_Sophie Lacour_
Directrice générale advanced tourism.
Docteure en science de l'information et
de la communication. Experte
en prospective et e-tourisme
I n t e r v e n a n t. e . s :
l o i s i r s
Quelle influence les technologies auront-elles sur les activités ludiques et culturelles de demain ?
Nous dirigeons-nous vers des olympiades des jeux-vidéo ? Quelles opportunités dans le futur
pour les espaces de loisir ? Dans 50 ans, visiterons-nous des villes et pays de la même manière ?
Animé par Christophe Chaillou_
Chargé de missions "industries culturelles et créatives" à la COMUE Lille Nord de France
J o u e r e n s e m b l e d a n s u n m o n d e v i r t u e l
V oya g e r s a n s b o u g e r d e c h e z s o i
12
// dessine-moi la recherche
13#06 DECEMBRE 2017
14
Dans le monde du numérique, une
nouvelle technologie est en passe
de changer complètement les
usages dans plusieurs secteurs
de l'économie : la blockchain.
Encore peu connue du grand
public, cette « chaîne de blocs »
est un système de stockage qui
permet d'automatiser une opéra-
tion, de l'authentifier, de certifier
sa date et l'identité des parties concer-
nées. Cette base de données plané-
taire est sécurisée, transparente et
fonctionne sans organisme central de
contrôle : elle est donc partagée par ses
différents utilisateurs. Certains obser-
vateurs spécialisés parlent déjà de « ré-
volution conceptuelle » ou encore d'un
« outil qui va révolutionner nos vies ».
Une technologie pointue
La blockchain est en tout cas une
technologie très pointue dont les spé-
cialistes sont pour l'instant encore peu
nombreux. La société Utocat en fait
partie. Basée à Lille, cette start-up s'est
spécialisée dès 2014 dans la connexion
à la blockchain dédiée aux banques
et aux assurances. Sa plateforme «
Blockchainiz » leur fournit une solu-
tion facilitant l'usage de la technologie
en vue de réussir une automatisation
de leur processus sans avoir besoin
de développer les fonctions de base
telles que les recours aux Wallet et
Smartcontracts. « Par exemple, quand
on veut ouvrir un compte bancaire, il
faut fournir une preuve de domicile »,
explique Clément Francomme, le fon-
dateur et CEO d’Utocat. « En faisant
le lien avec l’organisme choisi pour
récupérer son justificatif de domi-
cile, la blockchain permet de certifier
automatiquement que le document
en question est authentique. Dans
ce cas-là, la technologie est utilisée
comme une certification d'identifica-
tion digitale. C'est une garantie que
les parties prenantes d'un réseau sont
bien celles qu'elles prétendent être ».
Pour aller plus loin dans les fonctions
d’automatisation, la société Utocat a
développé Catalizr qui est un connec-
teur entre banque, investisseur et
entreprise qui permet d’automatiser
la gestion des titres non cotés entre
ces 3 acteurs et facilitent l’investis-
sement dans les TPE/PME par un
processus entièrement numérisé et
sécurisé dans la blockchain. D’au-
tant, ajoute Clément Francomme, qu’
« aujourd’hui, il y a trop de déperdition
en matière d’investissement du fait
de ralentissements, souvent sources
d’abandons, lors des échanges entre
les différents acteurs de la chaîne ».
Les usages de la blockchain sont très
variés mais le niveau de maturité de
cette technologie reste l'un des princi-
paux freins à son développement. Pour
permettre le succès auprès du grand
public, plusieurs défis techniques
doivent ainsi être surmontés.
Un partenariat pour
repousser les limites
Pour simplifier les usages, Utocat a
noué un partenariat privilégié avec
Inria. La start-up a ainsi décidé de fi-
nancer le contrat d'un post-doctorant
à temps plein pour une durée de deux
ans. Recruté par Inria et basé au centre
Inria Lille - Nord Europe, ce chercheur
a pour mission de faire évoluer la re-
cherche sur la blockchain et plus parti-
culièrement d'améliorer la visualisation
de la base de données ainsi que la na-
vigation. « Les échanges avec Utocat
ont débuté il y a deux ans lorsque
Clément Francomme est venu sur le
Plateau Inria à EuraTechnologies pour
savoir ce qu’Inria faisait sur la techno-
logie blockchain. », explique Margot
Corréard, chargée de partenariats pour
le centre Inria de Lille. « Il nous a fallu
un an pour définir le sujet stratégique
pour la start-up, échanger avec diffé-
rentes équipes de recherche de notre
centre avant de nouer un partenariat
avec l’équipe-projet Rmod, spécia-
lisée en analyse d’applications exis-
tantes pour leur évolution et en nou-
veaux langages de programmation. »
C’est le rôle du service transfert pour
l’innovation et partenariats de rappro-
cher les mondes de l’entreprise et de la
recherche pour allier challenge scienti-
fique et retombées pour l’entreprise.
nouvel élan pour la recherche sur
la blockchain
avec la star-up Utocat
// focus > blockchain
La blockchain fait partie des technologies émergentes. Elle pourrait révolutionner plusieurs secteurs de
l'économie, à commencer par la banque et l'assurance. La start-up Utocat, précurseuse et experte dans
ce domaine, a fait appel à Inria pour faire avancer la recherche appliquée à cette technologie de pointe.
Un partenariat fructueux, même si rien n'était joué d'avance.
blockchain
15#06 DECEMBRE 2017
Pourtant, au départ, ce partenariat
n'avait rien de naturel. « Nous ne
connaissions pas cette technologie
dans le détail ! » admet Stéphane
Ducasse, le responsable de l'équipe-
projet Rmod*. « Nous pensions
pouvoir appliquer nos techniques
d’analyses. Apporter un regard
différent avec de la visualisation
de données sur la blockchain et
aider Utocat tout en apprenant un
nouveau domaine est excitant ! »
Un défi que l'équipe Rmod a bien sûr
immédiatement voulu relever !
Dans un premier temps, nous avons
réalisé une preuve de concept
afin de valider que nos techniques
d’analyses soient efficaces pour la
blockchain. Grâce à InriaTech, un
dispositif innovant dont la vocation
est le transfert de technologies
vers les entreprises, nous avons pu
missionner de suite un ingénieur
durant deux mois pour travailler avec
Utocat. Cette première phase a été
couronnée de succès puisqu'en deux
mois, l’ingénieur, rattaché à l'équipe
Rmod,amisaupointunoutilprototype
baptisé "smart inspect", sorte de petit
inspecteur qui peut permettre à un
développeur d'identifier des bugs
dans la blockchain. Ainsi, petit à
petit, les avancées se matérialisent. À
court-terme, les recherches du post-
doctorant devraient aboutir à la mise
au point d'un outil de visualisation des
opérations dans la blockchain.
« En travaillant avec Inria, nous
profitons de l'expérience, de
l’expertise et de structures dont
nous ne pourrions pas disposer dans
d'autres configurations et cela nous
permet des progrès fondamentaux
sur les solutions techniques, tout
en faisant avancer la recherche »,
se réjouit Clement Francomme.
« Le but final est de s'adapter plus
facilement à nos clients en apportant
de nouvelles solutions développées
grâce au partenariat avec Inria ». Pour
Clément Francomme la blockchain
est porteuse de promesses fortes :
« Cela va améliorer les relations
de confiance dans les échanges
numériques et ouvrir de nouvelles
possibilités ».
Au-delà des avancées pour l'activité
d'Utocat, le partenariat avec Inria
va profiter à l'ensemble de la
communauté des développeurs.
L’institut et la start-up ont en effet
décidé de partager l'objet de la
recherche sur la blockchain en "open
source", c'est-à-dire accessible
gratuitement à tous. Un partenariat
décidément fructueux pour tout le
monde.
º rmod.inria.fr
º utocat.com
un
challenge !
* l'équipe-projet Rmod est commune avec l'Université de Lille − sciences et technologies. Au sein de l'UMR 9189
CNRS-Centrale Lille-Université de Lille − sciences et technologies, CRIStAL.
16
// focus > ANR CLINMINE
clinmine :
analyser les parcours patients
à l’hôpital
Durées d’hospitalisation, protocoles de soins,
résultats d’examens, dossiers de transmission
entremédecins…Leshôpitauxfrançaisgénèrent
un nombre important de données. Savoir les
traiter et les analyser pourrait permettre d’op-
timiser la prise en charge des patients. C’est
précisément l’objet du projet ANR ClinMine,
auquel ont participé, notamment, des membres
de l’équipe-projet Modal* du centre Inria Lille –
Nord Europe.
« Dans un hôpital, le parcours d’un
malade engendre une importante
quantité de données complexes,
explique Cristian Preda, professeur
à l'Université de Lille et porteur du
projet ClinMine côté Inria. De plus
en plus, les hôpitaux pensent
qu’exploiter ces données de façon plus
approfondie pourrait être intéressant. »
C’est dans ce contexte que s’est créé le
projet ClinMine, en janvier 2014, réunis-
sant six partenaires d’horizons variés :
hôpitaux, centres de recherche, entre-
prises... Soutenu par l’Agence nationale
de recherche (ANR), ce programme de
recherche visait alors à développer des
méthodologies d’analyses statistiques
des informations recueillies par les
Programmes de médicalisation des
systèmes d’information (PMSI) des
hôpitaux, pour en dégager des typolo-
gies de parcours de soin. Les méthodes
ont ensuite été appliquées dans le cadre
d’études de cas, comme par exemple
l’analyse des résistances à certaines
bactéries.
Les chercheurs ont été confrontés
à une difficulté : le parcours du
patient à l’hôpital est, par définition,
dynamique, ce qui complexifie le
traitement les données de santé.
« Aujourd’hui, en matière de statistique,
nous savons plutôt bien analyser les
données qui évoluent dans le temps,
lorsqu’elles sont quantitatives. C’est
le cas par exemple pour une courbe
de température. À l’hôpital, le patient
passe d’un service à l’autre, il y a un
diagnostic différent, un acte médical
différent... Tous ces paramètres qua-
litatifs évoluent dans le temps. Et c’est
quelque chose qui n’est pas simple à
traiter, et dont les méthodes de calculs
sont relativement récentes », précise
Cristian Preda.
Analyse des courriers de
l’Institut Catholique de
Lille
Au centre Inria de Lille, Modal est jus-
tement spécialisée dans le traitement
des données complexes, que ce soit
par leur taille ou leur structure. Au sein
de cette équipe-projet, Cristian Preda
analyse spécifiquement les questions
de temporalité. Accompagné par quatre
chercheurs, dont un post-doctorant, il
s’est donc particulièrement penché
sur cette question dans le cadre de
ClinMine. Pour ce faire, ils ont travaillé
sur une étude de cas, l’analyse de tous
les courriers envoyés aux patients entre
janvier 2012 et mai 2016 par le Groupe
Hospitalier de l’Institut Catholique de
Lille (GHICL).
« Nous avons commencé par un
important travail de simulation,
remarque le chercheur. Il s’agissait
de valider nos calculs et le volume
de données qu’ils pourraient traiter. »
Ensuite, il a fallu appliquer ces mé-
thodes aux données réelles. Une étape
qui s’est révélée longue et compliquée.
L’équipe s’est retrouvée avec 400 000
courriers de consultations et 600 000
courriers d’hospitalisations à extraire
clinmine
* l'équipe-projet Modal est commune avec avec le CNRS, l'Université de
Lille − sciences et technologies et l'Université de Lille − droit et santé. Au
sein de l'UMR 8524 CNRS-Université de Lille − sciences et technologies,
Laboratoire Paul Painlevé, et de l'EA 2694 "Santé Publique : épidémiologie
et qualité des soins" de l'Université de Lille − droit et santé.
17#06 DECEMBRE 2017
Partenaires du projet
Six partenaires sont associés au projet coordonné par le
laboratoire CRIStAL de l’Université de Lille : l’entreprise
Alicante, l’Equipe d'Accueil (EA) 2694 "Santé Publique :
épidémiologie et qualité des soins", le Groupe Hospitalier
de l'Institut Catholique de Lille (GHICL), l’EA 1046 « Maladie
d’Alzheimer et pathologies vasculaires », le LIFL Laboratoire
d'Informatique de Lille, et le centre de recherche Inria Lille
– Nord Europe.
en données. Et beaucoup se sont
avérées incomplètes ou fausses. « Il
y avait de nombreuses incohérences.
Nos outils techniques détectaient
des paternes que nous ne pouvions
pas interpréter. Or, pour l’analyse des
données complexes il faut impérati-
vement partir d’une matière fiable. »
L’équipe a donc dû faire un grand travail
de « nettoyage ». « Nous avons organisé
plusieurs réunions avec les services
informatiques de l’hôpital pour trouver
des explications et des solutions à ces
anomalies. Cette étape de préparation
des données a représenté 50% de notre
travail. Nous n’avions pas anticipé à
ce point ce problème. Même si nous
savons qu’en analyse de données
réelles, le facteur surprise est toujours
très important. »
L’analyse des courriers a permis de
dégager plusieurs typologies, dont
certaines traduisaient un dysfonction-
nement.Parexempledescourriersdont
la rédaction a pris trop de temps, des
délais de validation trop important ou
encore des différences de traitement
des courriers selon les services. In fine,
ces données ont donc mis en évidence
des problèmes au sein de l’hôpital
que ce soit au niveau informatique ou
en matière de ressources humaines.
« Après notre analyse, l’hôpital va s’ap-
proprier les résultats pour expliquer ou
comprendre les différents paternes
identifiés », remarque Cristian Preda.
Dans le cadre de cette étude de cas,
l’équipe a conçu un logiciel libre de dis-
tribution. « Il pourrait par exemple être
utilisé par d’autres statisticiens pour
étudier des trajectoires d’évolution
des paramètres qualitatifs dans divers
contextes (santé publique, économie,
etc.) ».
º modal.lille.inria.fr
Après 42 mois de recherche,
le projet ANR prendra fin en
décembre prochain. Cristian
Preda en tire un bilan positif :
« D’un point de vue humain, c’est
une réussite d’avoir pu réunir des
informaticiens, des statisticiens et
des hospitaliers au sein d’un même
programme de recherche. D’un point
de vue scientifique, nous avons
réussi à développer des méthodes
innovantes, qui ont été reconnues
dans différentes publications. »
Mais l’équipe n’a pas l’intention
de s’arrêter là. Plusieurs axes de
recherche du projet n’ont en effet
pas pu aboutir. « Nous n’avons
notamment pas eu le temps
d’analyser les données du CHU de
Lille dans le temps imparti. » Pour
cette étude de cas, les chercheurs
espéraient trouver une méthode
pour détecter un éventuel début de
déficience cognitive en analysant
l’historique médical des patients. En
ligne de mire : trouver des facteurs
prédictifs de déclenchement de la
maladie d’Alzheimer. « C’est un sujet
qui intéresse beaucoup de monde.
Et maintenant que nous avons les
données, nous pensons que ce serait
une bonne idée de poursuivre le
travail au sein de ClinMine 2 ».
ClinMine 2 ?
18
// best-of
Il ne fallait pas manquer...
PRIXretour sur...
> Christophe Biernacki, nouveau délégué scientifique
Nommé par Antoine Petit, Christophe Biernacki est le nouveau délégué
scientifique du centre Inria Lille – Nord Europe depuis juin. Statisticien et
responsable de l’équipe-projet Modal depuis 2010 et précédemment adjoint du
délégué sortant, c’est tout naturellement qu’il occupe aujourd’hui cette fonction.
 Gabriele Perozzi obtient
un best student paper
à EUCASS 2017
Gabriele Perozzi effectue son doctorat
enbilocalisationchezOneraetauseinde
l’équipe-projetNon-Adenotrecentre.Une
desespublicationsvientd’êtrerécompen-
sée par un best student paper lors de la
conférence européenne en aéronautique
et sciences spatiales EUCASS.
 Fête de la science
Chaque année, la fête de la Science
est l'occasion pour le centre Inria Lille
- Nord Europe d'organiser l'opération
Chercheurs itinérants. Cette opération,
qui se déroule durant deux semaines en
octobre, est l'occasion pour nos scientifiques d'intervenir auprès des élèves
dans les établissements scolaires. En octobre 2017, ce sont 1950 élèves qui
ont été touchés par notre action, répartis sur 32 établissements de la région
Hauts-de-France.
zoom sur...
 Bâtiment Place Inria
Au cœur de l’écosystème de la
French Tech, Inria a fait l’acquisition
d’un troisième bâtiment localisé
à EuraTechnologies, afin de
développer son activité de
recherche au service du transfert
et de l’innovation. Inscrite dans le
contrat de plan État-Région, cette
acquisition a été financée par
Inria, la Région Hauts-de-France,
la MEL et par l’Union européenne
avec le Fonds européen de
développement régional (FEDER).
Le bâtiment accueillera, fin 2018,
l’équipe Bonus spécialisée en
optimisation, et Cirrus, la première
équipe mixte associant une
partie de l’équipe-projet Spirals et
une partie de l’entreprise Scalair
spécialisée dans les solutions de
cloud. Notre service transfert pour
l’innovation et partenariats sera
également localisé dans ce nouvel
espace, comprenant les ingénieurs
InriaTech, dispositif favorisant le
transfert de technologies vers les
entreprises.
Enfin,lebâtimentPlaceseraéquipé
d’un espace de démonstrateurs,
présentant les travaux des équipes
de recherche du centre Inria Lille -
Nord Europe. Notre objectif étant
de renforcer toujours plus les
interactions entre la communauté
scientifique, le monde économique
et la société. Rendez-vous fin
2018 pour célébrer avec nous
l’inauguration de ce nouveau
bâtiment.
sur twitter...
19#06 DECEMBRE 2017
20
// portrait
Le Web est devenu de plus en plus
sémantique, nous permettant
de trouver des informations de
manière concise. Une simple
recherche par mot clé comme
« Mozart » nous permet par
exemple de trouver la date de
naissance ou la liste des œuvres
du musicien, reflétant le progrès
dont ont bénéficié les moteurs de
recherche depuis ces 10 dernières
années. Ces moteurs présentent
des connaissances précises sur les
sujets recherchés par requête mots
clés, en posant eux-mêmes des
requêtes logiques à des bases de
connaissances du type de Wikipédia,
où sont stockées des informations
encyclopédiques de manière
digitalisée.
Ces bases de connaissances, dont on
rêve en intelligence artificielle depuis
une trentaine d’années, sont devenues
aujourd’hui une réalité. L’évolution
rapide du concept et des technologies
de type bases de données en bases
de connaissances, permet aujourd’hui
de stocker et interroger du contenu
beaucoup plus vaste et hétérogène.
C’est ainsi une grande partie des
connaissances de l’humanité qui est
de plus en plus concernée, et plus
seulement les données tabulaires
d’une entreprise par exemple. Ces
bases de connaissances n’ont pu
émerger que grâce à l’évolution
du rôle de l’usager, devenant
contributeur actif du Web. C’est ce
que l'on appelle l'aspect « crowd »
du Web, qui désigne la saisie par la
foule de connaissances stockées
dans ces bases en format RDF.
Nous avons donc à faire à une toute
nouvelle génération de bases de
données avancées incluant les bases
de connaissances qui, contrairement
à la situation d’il y a 20 ans, ne
nécessitent plus d’ingénieur experts
pour leur utilisation. Ces bases de
connaissances, du type de Wikipédia,
sont enrichies par tout le monde
via leurs propres interfaces Web et
peuvent simplement être interrogées
via des moteurs de recherches.
Inria, un environnement
idéal
Chez Inria, les 13 membres de l’équipe-
projet Links (dont 8 enseignants
chercheurs permanents) dirigés par
Joachim Niehren, travaillent dans le
domaine des requêtes logiques et
développent de nouvelles techniques
de recherche et d’ex traction
d’information à partir de bases de
données et de connaissances. Face à
la masse de données et connaissances
croissante sur le Web, l’enjeu est
de taille. « Le défi est de réussir à
interroger et croiser un maximum
de bases de données et de bases de
connaissances simultanément de
façon plus intelligente, tout en tenant
compte de l’origine des informations,
pour trouver les réponses les plus
complètes et les plus pertinentes
possibles. Il faut aussi tenir compte
des nouveaux formats de bases de
données comme NoSQL, Graph ou
RDF knowledge bases », précise le
chercheur.
Après avoir suivi des études dans les
domaines de l’informatique et des
mathématiques avec des applications
en intelligence artificielle, en particulier
sur des langages de programmation et
la linguistique informatique, Joachim
Niehren a commencé sa carrière de
chercheur dans son pays à Sarrebruck
en Allemagne. C’est en arrivant à Lille
en 2003 qu’il choisit d’orienter ses
recherches vers les bases de données
pour le Web - dont sont issues les
bases de connaissances, mixant
des méthodes de représentation des
données en intelligence artificielle.
Chez Inria, Joachim Niehren trouve
des conditions de travail favorables
pour mener à bien ses recherches
jusqu’à prendre la direction de l’équipe
Links en 2012. « Inria est un institut
de renommée internationale où nous
pouvons travailler en équipe dans
un environnement idéal avec nos
collègues chercheurs, doctorants et
post-doctorants ».
Les limites de
l’intelligence artificielle
en permanence
repoussées
Face aux enjeux que représentent les
bases de données pour les entreprises,
Links est régulièrement sollicitée par
le monde industriel. « Nous devons
travailler dans une logique de
transfert sur le long terme. Il est donc
important pour nous de coopérer
avec des industriels sur des sujets
d’aujourd’hui tout en continuant à
préparer le futur à travers nos travaux
Interroger
les bases de données
de façon plus intelligente
Joachim Niehren
21#06 DECEMBRE 2017
de recherche plus fondamentale en
parallèle. Inria favorise les contacts
avec les entreprises et des rencontres
sont régulièrement organisées à
Paris pour l’international et national,
et à Lille pour le régional. Je suis
aussi très fier quand les doctorants
que nous formons vont travailler dans
des entreprises innovantes de renom
ou des start-up issues du monde de la
recherche, et y véhiculent nos idées »,
ajoute Joachim Niehren.
Et dans un domaine aussi passionnant
que la recherche en informatique,
même si l'on sait comment faire
évoluer les fondements des bases
de données, il est en revanche
compliqué d'anticiper précisément
les prochains défis applicatifs à venir.
« Les avancées du Web correspondent
à des avancées dans le domaine des
bases de données mais les limites
de l’intelligence artificielle sont
en permanence repoussées. Qui
aurait pu prévoir les applications
d’informatique que nous utilisons
aujourd’hui sur le Web ? » Google,
Facebook, Wikipédia représentent des
exemples d’applications de bases de
données d’une importance énorme
qu’il était impossible d’imaginer il y a
quelques dizaines d’années.
º team.inria.fr/links
22
// rendez-vous
FIC 2018 :
10ème
Forum International
de la Cybersécurité
Les 23 et 24 janvier, Lille Grand Palais
Cours de Gérard Berry
du Collège de France
Mercredi 31 janvier, dès 16h, amphi A, LILLIAD - Cité scientifique, Villeneuve d’Ascq
Nous aurons le plaisir d'accueillir un
cours de Gérard Berry, informaticien
et professeur émérite du Collège de
France. Ce cours, intitulé « La photo-
graphie numérique, un parfait exemple
de la puissance de l’informatique », sera
suivi d'un séminaire de Stéphane Huot,
chercheur en interaction Homme-
machine et responsable de l’équipe de
recherche Mjolnir de notre centre. Cet
événement sera également l’occasion
pour notre directrice Isabelle Herlin de
formuler ses vœux.
Retrouvez ces évènements et
bien d'autres dans l'agenda du
centre !
º inria.fr/lille
Le Forum International de la
Cybersécurité s’inscrit dans
une démarche de réflexions et
d’échanges visant à promouvoir une
vision européenne de la cybersécu-
rité. Dans la continuité du marché
unique numérique et du projet de
règlement sur la protection des
données personnelles, le FIC est
l’évènement européen de référence
réunissant tous les acteurs de la
confiance numérique. Vous pourrez
découvrir l’excellence d’Inria dans
ce domaine en visitant notre stand
localisé sur l’espace Recherche –
Allistene, l’alliance des sciences et
technologies du numérique.
º forum-fic.com
Colloquium
Polaris
Les chercheurs en informatique et
automatique de la métropole lilloise
forment une communauté scientifique
dynamique, en forte croissance ces
dernières années. Cette communauté
s’est fédérée autour de la constitution
d’un colloquium, baptisé Polaris. Il réunit
deuxentités:lecentrederechercheInria
Lille – Nord Europe et le laboratoire uni-
versitaireCRIStAL,CentredeRecherche
en Informatique, Signal et Automatique
de Lille. De dimension internationale,
le colloquium Polaris accueille des
orateurs, personnalités de premier plan,
français ou étrangers, informaticiens,
mathématiciens ou spécialistes de
domaines scientifiques dans lesquels
l’informatique joue un rôle majeur. Il pro-
posehuitàdixrendez-vousparanàtous
les scientifiques, étudiants et industriels
concernés par l’avenir des sciences et
technologies dans les domaines de
l’informatique et de l’automatique.
º colloquiumpolaris.fr
Du 4 au 8 juin, LILLIAD - Cité scientifique,
Villeneuve d’Ascq
SMF 2018 a pour objectif de regrouper
les mathématiques françaises sur
une semaine, des thèmes les plus
fondamentaux aux aspects les plus
appliqués, afin d’en afficher le dyna-
misme et l’unité. Ce congrès, à travers
ses nombreux orateurs prestigieux,
permettra d’établir un panorama des
avancées en mathématiques.
Conférence grand public
de Vincent Borrelli
Durant SMF, un après-midi sera consa-
cré à une conférence grand-public en
français avec Vincent Borrelli, maître
de conférences à l’Institut Camille
Jordan - Université Lyon 1. Cette
conférence, ouverte à tous, intéressera
particulièrement les lycéens.
º smf2018.sciencesconf.org
SMF 2018 :
le Congrès de la Société
Mathématique de France
Parc scientifique de la Haute Borne
40, avenue Halley
Bât A - Park Plaza
59650 Villeneuve d’Ascq
France
(+33) 03 59 57 78 00
(+33) 03 59 57 78 50
º inria.fr/lille
º contact-lille@inria.fr
@Inria_Lille
Découvrez les coulisses du centre
au travers de notre Tumblr Between Us !
º inrialille.tumblr.com
// Centre de recherche
Inria Lille - Nord Europe
// Plateau Inria, Euratechnologies
Inria est présent au sein d'EuraTechnologies avec un plateau de 200 m² présentant
les travaux de ses équipes de recherche. L’objectif est de favoriser les interactions
entre la communauté scientifique, le monde économique et la société par le biais
de démonstrateurs et d'un programme d’animation thématique proposé tout au
long de l’année.
Suivez les activités du Plateau sur Twitter @Plateau_Inria
contact 
23#06 DECEMBRE 2017
Lisez le journal du
futur
À l'occasion du Forum Numérique
2067, le centre de recherche Inria
Lille – Nord Europe a réalisé un
journal imaginaire. Membres du
personnel et partenaires d’Inria
ont contribué à la rédaction de ce
journal daté du 5 octobre 2067.
º inria.fr/Journal2067

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Lille by Inria n°6 : quel monde numérique dans 50 ans ?

  • 1. focus > Blockchain : collaboration avec Utocat BD > Go Touch VR : Le virtuel au bout des doigts focus > ClinMine : analyser les parcours patients à l’hôpital #06 LE MAGAZINE DU CENTRE INRIA LILLE - NORD EUROPE DEC. 2017 DOSSIER Quel monde numérique dans 50 ans ?
  • 2. eDi TO Créé en 1967, Inria célèbre cette année ses 50 ans. Pour cette occasion, l’institut a choisi de se tourner vers l’avenir et les célébrations d’anniversaire se sont déroulées autour du mot d’ordre « imaginons notre futur numérique ». Le centre Inria Lille – Nord Europe a organisé, le 5 octobre à la Plaine Images, l’événement « Forum numérique 2067 ». Cette manifestation a été conçue pour confronter les points de vue entre les experts des différentes disciplines abordées et les passionnés du numérique. Quatre tables rondes thématiques ont ainsi permis au public de dialoguer et d’interroger les experts, en abordant la prospective du numérique dans le contexte du travail, de l’environnement, de la santé et des loisirs. Vous avez été près de 200 à être présents à cet anniversaire participatif, contribuant à la richesse et à la qualité des échanges. Le dossier de ce numéro « Lille by Inria » revient donc sur le « Forum numérique 2067 » et sur les débats passionnants qui s’y sont déroulés. Ce magazine fait également honneur à de beaux projets, dont la création de la start-up Go Touch VR, spécialisée en réalité virtuelle et issue de recherches menées dans le centre. Le 31 janvier 2018, nous aurons le plaisir d'accueillir un cours de Gérard Berry, informaticien et professeur émérite du Collège de France. Je vous invite tous et toutes à venir assister à cette conférence unique, qui aura lieu au learning center LILLIAD de l’Université de Lille. En 2018, nous célébrerons cette fois les 10 ans du centre Inria Lille – Nord Europe, et l’inauguration de notre nouveau bâtiment, le bâtiment Place situé sur le site d’excellence d’EuraTechnologies. Ces deux événements phares de 2018 nous permettront de vous convier, à nouveau, pour fêter ensemble l’excellence scientifique d’Inria, mise au service du transfert technologique et de la société. Je vous souhaite à tous et toutes de passer de très belles fêtes de fin d’année avec vos familles et vos proches. Isabelle HERLIN 02
  • 3. 03 SOm MAIRE dessine-moi la recherchE 12-13 focus 14-15 • Blockchain : collaboration avec Utocat focus 16-17 • ClinMine : analyser les parcours patients à l’hôpital best-of 18-19 portrait 20-21 rendez-vous 22 contact 23 dossier • Forum Numérique 2067 : quel monde numérique dans 50 ans ? 06-11 face a face • Antoine Petit 04 • Nicolas Lebas 05 03 Semestriel édité par Centre de recherche Inria Lille - Nord Europe : Parc scientifique de la Haute Borne, 40, avenue Halley. Bât. A, Park Plaza, 59650 Villeneuve d’Ascq. contact-lille@inria.fr. Directrice de publication : Isabelle Herlin. Rédactrice en chef : Marie-Agnès Enard. Coordinatrice : Marion Blasquez. Conception graphique et mise en page : Élise Cattoire agence KaméléCom, 11/1 sentier du Christ, 59960 Neuville-en-Ferrain. Rédacteurs : Franck Deflandre agence KaméléCom et service communicationetmédiationInriaLille-NordEurope.Créditsphotos:©Inria/PhotoC.Mangin-Inria/PhotoC.Morel-Inria/PhotoG.Scagnelli-Inria/PhotoA.Decarpigny - Inria / Photo Kaksonen - Inria / Photo C. Tourniaire - Inria / Photo P. Caron - Inria / Photo N. Fagot © Photo N. Lebas - © Photo J. Niehren. © Fotolia. Impression : C&P PartenairesConseil-0320271189.Lecentreremerciechaleureusementl’ensembledescontributeurs,collaborateursetpartenairesdecesixièmenumérodeLillebyInria. Imprimé en décembre 2017 - Série limitée à 1000 exemplaires.
  • 4. 04 > Quels sont les grands enjeux à venir dans le domaine des sciences du numérique ? La recherche, dans les sciences du numérique comme ailleurs, s’inscrit sur le long terme. Les enjeux de demain ne sont pas nécessairement connus aujourd’hui. C’est ce qui fait le charme et la difficulté de la recherche. Dans les sciences du numérique, pour l’instant, l’attention médiatique se concentre autour de sujets comme la vision par ordinateur, le traitement automatique de la parole, la cybersécurité, les modèles mathématiques, les interfaces, le big data, l’internet des objets, le calcul haute performance, le tout étant souvent regroupé, un peu abusivement, sous le concept d’intelligence artificielle. Les interactions avec les autres sciences mais aussi avec le monde économique et la société de manière générale représentent un autre enjeu important. Nos scientifiques doivent répondre à des sollicitations de nombreux secteurs qui veulent maîtriser la transition numérique de leurs activités. Cette demande sociale de compréhension et d’explications incite en particulier les sciences du numérique à être très vigilantes sur les questions d’éthique. > Quelle sera la stratégie d’Inria pour répondre à ces défis ? La reconnaissance de la qualité de ses activités et la mise en pratique de sa devise « Excellence scientifique au service du transfert technologique et de la société » offrent à Inria de formidables opportunités de coopération. L’institut a la capacité de mobiliser ses chercheurs et chercheuses sur des sujets clés issus de problématiques internes aux sciences du numérique mais aussi en réponse à des demandes extérieures. Face à l’ampleur du défi, Inria devra sélectionner ses collaborations afin d’être en mesure d’y consacrer à chaque fois une « force de frappe scientifique » suffisante. Notre institut doit continuer à tenir compte de l’impact des recherches qu’il conduit, pouvant prendre des formes très diverses allant de l’avancée des connaissances, à la création de spin- offs en passant par la production de logiciels, tout en rappelant que l’impact ne signifie pas forcément court terme. > Et vous, en tant que citoyen, comment imaginez-vous notre monde numérique en 2067 ? Un scientifique n’a aucune capacité particulière à se transformer en prospectiviste. Cependant, je suis convaincu que le futur sera numérique ou ne sera pas. Dans 50 ans, le monde dans lequel nous vivrons sera celui que nous aurons choisi de construire en fonction de nos valeurs, de nos cultures et de nos choix de sociétés. Dans ce futur numérique, les logiciels et les environnements scientifiques seront de plus en plus performants. Il appartient à la société de faire en sorte que ces progrès bénéficient au plus grand nombre et ne soient pas accaparés par quelques uns, individus ou grandes firmes internationales, pour leur seul profit. º 50ans.inria.fr // face a face Interviews antoine petit > président directeur général d'inria
  • 5. #06 DECEMBRE 2017 05 Nicolas Lebas > Vice-président chargé de l’Enseignement supérieur, la recherche et les universités Région Hauts-de-France > Inria célèbre ses 50 ans, l’occasion de faire un exercice de prospective à l’horizon 2067. Quels sont les grands enjeux à venir autour du numérique à l’échelle d’une région ? Pour accompagner la révolution numérique dans laquelle nous sommes engagés, l’action publique est essentielle. Elle doit permettre à la Région Hauts-de-France de saisir les opportunités en matière d’innovation et d’emploi mais son rôle est aussi de veiller à limiter les inégalités que pourrait engendrer la transformation de notre société. Depuis de longues années, le dynamisme de la Région dans le domaine du numérique est porté par des pôles d’excellence reconnus mais aussi par des expérimentations réussies dans les domaines de la formation, de la santé, de l’e-administration, des arts numériques ou des transports par exemple. Désormais, de plus en plus de territoires s’approprient cette transformation numérique à travers le développement d’infrastructures à très haut débit et la mise en œuvre de plans d’action numériques locaux. Au niveau de la Région, l’accompagnement de la transition numérique s’inscrit dans un projet global pour plus d’innovations, plus d’équité et plus d’emplois. Cette orientation est étroitement liée à la Troisième révolution industrielle (Rev3) basée sur la transition énergétique et les technologies numériques. > Quelle stratégie déployez-vous pour répondre à ces enjeux ? À travers notre politique régionale, incarnée par Christophe Coulon, Vice- président en charge du développement numérique, nous entendons relever quatre défis majeurs : Garantir une égalité dans l’accès au très haut débit; Encourager le développement des usages numériques dans nos politiques régionales mais aussi dans le quotidien des habitants en accompagnant les projets d’innovation numérique et sociale et l’émergence d’un réseau de Tiers Lieux; Favoriser la création d’emplois en développant une filière numérique, en aidant les entreprises à aborder cette transition digitale et en formant aux nouveaux métiers ; Fédérer les acteurs de la transition numérique et coordonner notre action avec celle de nos partenaires extérieurs pour être à la hauteur de nos ambitions dans le domaine. > Et vous, en tant que citoyen, comment imaginez-vous notre monde numérique en 2067 ? Dans mon idéal, en 2067, le numérique aura aboli les distances. Il rendra l’excellence accessible à l’ensemble du territoire et on pourra par exemple se faire soigner à distance. Dans 50 ans, le numérique saura traiter des volumes de données qui nous dépassent aujourd’hui et dont nous saurons faire un usage prédictif, donc préventif sans oublier les garde-fous éthiques indispensables. º hautsdefrance.fr
  • 6. // dossier _environnement _santé _LOISIRS _travail Quel monde numérique dans 50 ans ? 06 SOmMAIRE Les 50 ans d'inria 07 Le travail 08 l'environnement 09 la sante 10 les loisirs 11
  • 7. #06 DECEMBRE 2017 07 forum numérique 2067 < dossier les 50 ans d'inria : un anniversaire tourné vers l'avenir En 2017, Inria célèbre ses 50 ans. L’évolution de l’institut, crééen1967,estétroitement liée à l’essor des sciences informatiques. Née d’une volonté politique forte de donner à la France les moyens de se doter de technologies de pointe, Inria (IRIA à ses débuts) s’est toujours développé dans un souci de proximité avec le monde de l’industrie. Dès le début des années 80, Inria mise sur l’excellence de ses recherches pour renforcer ses actions de transfert de compétences et de technologies. Parallèlement, l’institut, à l’origine de la création d’un réseau de chercheurs européens, affirme encore un peu plus sa vocation internationale. En 1994, un premier plan stratégique engage Inria dans de nouveaux défis scientifiques dans des thématiques très précises. En 2002, l’institut continue de grandir avec l’ouverture de nouveaux centres de recherche (Bordeaux, Lille, Saclay) qui viennent s’ajouter aux cinq sites historiques (Rocquencourt, Rennes, Sophia Antipolis, Nancy et Grenoble). De nouveaux moyens qui permettent à Inria de contribuer au rayonnement des sciences du numérique à travers le monde entier. À l’occasion de ses 50 ans, l’institut souhaite proposer d’imaginer ensemble le monde numérique à l’horizon 2067, dans un jeu de prospective collective. Le centre Inria Lille – Nord Europe a donc organisé le « Forum Numérique 2067 » à la Plaine Images localisée à Tourcoing. L’objectif était de proposer au public d’échanger sur le monde numérique en 2067 et de confronter les points de vue avec des spécialistes du monde économique, académique ou médiatique sur quatre grands thèmes à fort impact sociétal. Près de 200 personnes ont participé à 4 sessions sur les thèmes du travail, de la santé, de l’environnement et des loisirs qui ont été préparées en collaboration avec des scientifiques du centre Inria de Lille. Nous vous proposons de revenir sur ces sessions pour en évoquer les grandes idées qui ont émergé lors de ces échanges.
  • 8. _Isabelle Decoopman_ Docteure en sciences de gestion, professeure et chercheuse au sein de SKEMA Business School _Gilles Saint Paul_ Économiste, enseignant à l’ENS Paris et à l’École d’économie de Paris, travaille sur la croissance et le marché du travail _Christophe Bys_ Journaliste à l'Usine Nouvelle, spécialisé sur l'emploi numérique, le management et transformation digitale des médias et des industries culturelles I n t e r v e n a n t. e . s : 08 // dossier > forum numérique 2067 Selon une étude menée par le député et mathématicien Cédric Villani, en col- laboration avec des experts mondiaux en intelligence artificielle, seuls 10 % des emplois actuels devraient être détruits par les prochaines évolutions dansledomaine.Enrevanche,lamoitié de ces emplois devront vraisemblable- ment être revisités. Les changements liés au numérique auront aussi inévi- tablement un impact important sur notre façon de travailler. « Il y aura plus de liberté dans la façon de concevoir le travail. Il sera organisé de façon plus autonome. La question du télé- travail continuera de se poser dans beaucoup de secteurs d’activités », ajoute Christophe Bys, journaliste à l’Usine Nouvelle. Les transformations dans le domaine du travail s’ac- compagneront de changements de société importants notamment en matière d’éducation. Le développe- ment de la robotique pourrait affaiblir l’impact du service éducatif sur les humains et creuser des inégalités de richesse importantes entre les pro- priétaires de robots et les autres. « L’avenir s’annonce multidisciplinaire et il faudra adopter une autre logique de formation continue pour les tra- vailleurs afin qu’ils puissent pouvoir appréhender les outils numériques », selon Isabelle Decoopman. Enfin, les institutions joueront un rôle déter- minant dans l’accompagnement de cette révolution numérique au niveau éthique. Pour qu'un territoire comme les Hauts-de-France, reste « cette région digitale au service de l’emploi et du vivre-ensemble » portée par une politique dynamique et ambitieuse, comme l'a ainsi évoqué en introduc- tion André-Paul Leclercq, président de la commission "Au travail" du Conseil régional Hauts-de-France. T r a v a i l Quel travail et quel statut pour le travailleur dans le monde numérique de 2067 ? Tous nomades ? Tous indépendants ? Les avancées de la robotique vont-elles mener à la fin du travail ? Quel est l’impact sur la distribution des richesses ? L’impact du numérique sur le travail est déjà un sujet qui fait couler beaucoup d’encre. Jusqu’à présent, le progrès technique ne s’est pas traduit par une disparitiondesemplois.Ilaaucontraire contribué à améliorer les salaires et les conditions de travail en réduisant les tâches pénibles et répétitives. Mais pour l’avenir, plusieurs scénarios s’opposent autour de différentes ques- tions : le développement du domaine de la robotique, dont les limites sont en permanence repoussées par les travaux de recherche, aura-t-il sonné la fin du monde du travail d’ici 2067 ? Le numérique sera-t-il devenu un subs- titut ? Selon la théorie défendue par l’économiste Gilles Saint-Paul, la si- tuation va progressivement s’inverser dans le domaine de la complémenta- rité homme-machine d’ici 2067. « On pourrait assister à une robotisation extrême du travail. La productivité du travail humain pourrait donc devenir de plus en plus faible et nous pour- rions devenir les clients de robots ». Si tous les experts s’accordent à penser que la nature du travail va considéra- blement évoluer, la place des robots dans notre société de demain fait débat. Isabelle Decoopman préfère parler d’une nouvelle forme de com- plémentarité. « La technologie devra toujours être accompagnée d’une réflexion stratégique en amont qui devra être assurée par un humain. L’évolution dépendra aussi des choix de société qui seront faits ». l a ré volution robotique Vers une nouvelle éthique du tr avail Animé par Laurent Tricart_ Directeur de développement de la Plaine Images
  • 9. _Isabelle Attard_ Docteure en archéologie environnementale et ancienne députée du Calvados _Eric Vidalenc_ Responsable pôle transition énergétique ADEME Hauts de France. Conseiller scientifique de Futuribles. Blogueur chez Alternatives Economiques _Sébastien Denvil_ Ingénieur de recherche en sciences du climat au CNRS I n t e r v e n a n t. e . s : #06 DECEMBRE 2017 09 forum numérique 2067 < dossier Le numérique pour modéliser l’ environnement Au sein d’Inria, les défis environne- mentaux, notamment autour de la numérisation de l’énergie, ne manquent pas. Si on se projette en 2067, à l’échelle des évolutions du climat, une période de 50 ans ne représente qu’un délai très court. Pourtant, notre société doit faire face à des échéances encore plus urgentes. L’un des défis, désormais inscrit dans la loi, est de réussir à diviser par 4 nos émissions de gaz à effet de serre. Pour y par- venir, selon les experts, il nous reste plutôt 30 ans avant que le réchauf- fement climatique ne provoque des réactions en chaîne problématiques. « Dans le domaine, le numérique peut nous aider à accélérer certains pro- cessus. L’enjeu est de pouvoir passer de l’optimisation du système actuel à la transformation de ce système », précise Eric Vidalenc. Alors que notre société en est encore au stade de la prise de conscience, l’environnement et le climat représenteront certainement des enjeux politiques essentiels dans les années et les décennies à venir. « Pour prendre des décisions, les élus ont besoin de modélisations des dif- férents scénarios. Nous devons avoir ces projections qui tiennent compte d’un maximum de données possibles et c’est là que le numérique peut nous aider. Ensuite, ce sera aux politiques de les entendre », précise Isabelle Attard. Ce travail des chercheurs sur des modèles numériques pourrait aussi permettre de savoir comment évoluera le climat, une donnée essen- tielle pour l’avenir de notre planète. Pour qu’elle soit préservée en 2067, c’est une mission collective que nous devons tous mener en tant que citoyens, déci- deurs politiques et chercheurs. e n v i r o n n e m e n t « Nos changements d’habitude actuels n’auront de conséquences sur le climat qu’après 2050. Il y a beaucoup de développement et de potentiel au niveau du numérique. Maintenant, il faut encadrer ces évo- lutions en prenant des décisions stratégiques fortes », pour Sébas- tien Denvil. Et une question se pose : « Est-on en mesure d’inventer un modèle économique qui ne détériore pas encore plus la planète sur la- quelle nous vivons ? Si elle n’est plus capable d’accueillir l’espèce humaine, tous les autres débats n’auront plus lieu d’exister, l’environnement doit rester une question centrale », ajoute Isabelle Attard. Aujourd’hui, grâce aux avancées dans le domaine du numé- rique, nous sommes déjà capables de mesurer l’impact de nos démarches sur l’environnement mais il existe encore des divergences au niveau des solutions à adopter pour y faire face. « Le numérique peut nous aider à aller vers des modes de production moins carbonés. Dans le domaine des objets connectés, il serait par exemple possible de déployer davan- tage de petits capteurs pour mesurer l’impact de nos comportements dans les villes sur l’environnement », selon Sébastien Denvil. Heureusement, le numérique a déjà commencé à favori- ser des changements d’habitudes vers un comportement plus responsable notamment chez les jeunes généra- tions. « Nous devons compter sur la jeunesse pour que le pays change dans les prochaines années. Ce sont par exemple les 20/25 ans qui uti- lisent le plus souvent les applications de co-voiturage. Chacun doit prendre conscience de ce qu’il est possible de faire à son échelle », conclut Isabelle Attard. Vers des comportements plus responsables Quelles conséquences le numérique aura-t-il sur l’environnement ? Quel impact sur nos mobilités, nos productions et consommations d’énergie ? Dans 50 ans, l’évolution du climat sera-t-elle contrôlable ? Animé par Antoine Rousseau_ Chargé de recherche Inria, responsable scientifique de l’équipe Lemon (littoral, environnement : méthodes et outils numériques)
  • 10. 10 En matière de santé, l’évolution des techniques numériques génère beaucoup de fantasmes quand on évoque le futur. Si le robot n’est pas encore sur le point de remplacer notre médecin ou notre chirurgien, le numé- rique vient déjà aider la médecine. Des équipes Inria travaillent sur la concep- tion de modèles numériques précis qui permettent de mieux connaître le corps humain ou de mieux com- prendre l’évolution de certaines pathologies grâce à la simulation nu- mérique. En 2067, la médecine sera vraisemblablement moins hospita- lière. « Le principe de la médecine connectée nous permet de pouvoir surveiller les constantes vitales d’un patient, comme le rythme cardiaque, en dehors de l’hôpital pour anticiper les pathologies. L’objectif sera de le prendre en charge avant que la maladie se déclare », précise Mercè Jourdain. Parallèlement, la formation des chirurgiens a déjà commencé à évoluer. « Les élèves bénéficient de techniques plus poussées dans un environnement 3D et virtuel. En 2067, l’enseignant viendra à la faculté pour faire de la simulation. Aujourd’hui ce type d’enseignement ne représente que 20% de ce qui est dispensé ». Quand le numérique se met au service de la science et de la médecine, il joue indirectement un rôle déterminant dans l’évolution de l’espérance de vie des patients traités. « Le traite- ment des données issues d’objets connectés dans notre corps permet- tra d’anticiper le diagnostic et de mieux traiter la pathologie », ajoute Dominique Tierny. La science avance également dans le domaine de la bio-impression, une technologie qui sera capable de reproduire tous les organes. Le traitement de la douleur par le numérique représente aussi un enjeu important. « Nous pourrons par exemple utiliser les casques de réalité virtuelle pour détourner l’esprit du patient ». La ca- pacité cérébrale pourra être améliorée par l’intermédiaire de jeux. « Il existe déjà des systèmes d’exercices céré- braux. Des tests cognitifs montrent que les joueurs ont plus de facilité à prendre des décisions », précise Rémi Sussan. En 2067, il faudra savoir col- lecter et gérer un nombre de données important lié aux pathologies. « Dans le domaine de la formation, on peut travailler à partir de ces données pour améliorer les pratiques. Il sera par exemple possible de travailler sur les erreurs identifiées comme étant les plus courantes, au centre de simulation », ajoute Mercée Jour- dain. L’analyse de toutes ces données issues de milliers de patients, qui pourra permettre par exemple de personnaliser des traitements, sou- lèvera aussi des questions délicates en matière d’éthique. « L’intelligence artificielle ne pourra pas remplacer l’éthique. Le numérique peut aider le praticien mais la décision pour le remplacement d’un organe doit rester entre le médecin et le patient ». // dossier > forum numérique 2067 I n t e r v e n a n t. e . s : s a n t é Quel impact du numérique sur la santé ? Quel modèle de médecine pour demain ? Quel impact du numérique sur le fonctionnement de l'esprit ? Serons-nous augmentés par la technologie comme le pensent les transhumanistes ? Quelles spéculations pour 2067 ? Corps physique et données, quelles frontières ? À quelles disruptions s'attendre ? _Dominique Tierny_ Présidente déléguée du pôle de compétitivité "nutrition, santé et longévité" (NSL) _Mercè Jourdain_ Professeure de réanimation polyvalente à l’université de Lille – droit et santé, et directrice du centre de simulation Presage (Plate-forme de recherche et d’enseignement par la simulation pour l'apprentissage des attitudes et des gestes) _Rémi Sussan_ Journaliste à InterneActu.net spécialisé sur les technologies futuristes, biotechnologie, cognition, réalité virtuelle, transhumanisme Animé par Sophie Maheo_ Responsable valorisation et copilote du cycle de prospective "questions numériques" à la Fing A n t i c i p e r l e s d i a g n o s t i c s S i m u l e r p o u r m i e u x s o i g n e r
  • 11. 11#06 DECEMBRE 2017 forum numérique 2067 < dossier Dans les loisirs, l’arrivée du numérique démontre que les règles du jeu ne sont pas immuables. Le e-sport n’est qu’à ses balbutiements mais déjà le comité olympique réfléchit à son intégration comme discipline officielle pour de prochains jeux. En 2067, les olympiades des jeux vidéo devraient rencontrer un grand succès. « Les convergences sont nombreuses entre le sport et le e-sport. Il y a une dimension stratégique très importante. Dans le futur, le e-sport pourrait devenir aussi plus physique avec le développement de capteurs de mouvement et d’avatars virtuels », précise Matthieu Dallon. Dans les prochaines décennies, le numérique devrait aussi révolution- ner le domaine du tourisme. En 2067, une part de ce secteur d’activité sera devenue virtuelle, une tendance qui commence déjà à se dessiner et qui n’inquiète pas les professionnels du secteur. « La numérisation des musées n’a pas eu d’effets négatifs. Ceux qui ne peuvent pas se dépla- cer y ont plus facilement accès. Les autres peuvent préparer et person- naliser leur visite. La virtualité nous apportera des choses intéressantes mais ne remplacera pas une visite ou un voyage », précise Sophie Lacour. Si la virtualité renforce déjà l’attractivité de certaines de nos visites, comme dans les châteaux de la Loire où des personnages virtuels accompagnent les touristes, à l’avenir, elle nous per- mettra de nous rendre dans un pays depuis notre salon grâce aux casques de réalité, une nouvelle façon de pré- parer nos futurs voyages. D’ici 2067, on pourra même choisir une destina- tion complètement virtuelle ou encore visiter Mars ou la Lune, sans quitter la Terre, dans la peau d’un avatar. Le numérique renforcera-t-il l’individua- lisme de notre société dans les loisirs ? Pas forcément, selon les projections de nos experts. Dans le domaine du e-sport, des compétitions régulières de jeux en réseau permettent par exemple aux joueurs de se rencontrer. « Dans les prochaines années, on pourra se déplacer en marchant dans un univers complètement virtuel mais la technologie doit rester un moyen et pas un but. Dans le loisir, l’objec- tif est de ressentir des émotions, ce qui passe forcément par du vivre en- semble », précise Bertrand Lagrange. Vous pouvez revoir l’intégralité de ces sessions sur la chaîne Inria Youtube : º youtube.com/InriaChannel Retrouvez également le programme détaillé sur la page dédiée à cet événement : º inria.fr/ForNum2067 _Matthieu Dallon_ Directeur de la stratégie de Webedia et ancien président de France eSports _Bertrand Delgrange_ Fondateur et président de Koezio _Sophie Lacour_ Directrice générale advanced tourism. Docteure en science de l'information et de la communication. Experte en prospective et e-tourisme I n t e r v e n a n t. e . s : l o i s i r s Quelle influence les technologies auront-elles sur les activités ludiques et culturelles de demain ? Nous dirigeons-nous vers des olympiades des jeux-vidéo ? Quelles opportunités dans le futur pour les espaces de loisir ? Dans 50 ans, visiterons-nous des villes et pays de la même manière ? Animé par Christophe Chaillou_ Chargé de missions "industries culturelles et créatives" à la COMUE Lille Nord de France J o u e r e n s e m b l e d a n s u n m o n d e v i r t u e l V oya g e r s a n s b o u g e r d e c h e z s o i
  • 12. 12 // dessine-moi la recherche
  • 14. 14 Dans le monde du numérique, une nouvelle technologie est en passe de changer complètement les usages dans plusieurs secteurs de l'économie : la blockchain. Encore peu connue du grand public, cette « chaîne de blocs » est un système de stockage qui permet d'automatiser une opéra- tion, de l'authentifier, de certifier sa date et l'identité des parties concer- nées. Cette base de données plané- taire est sécurisée, transparente et fonctionne sans organisme central de contrôle : elle est donc partagée par ses différents utilisateurs. Certains obser- vateurs spécialisés parlent déjà de « ré- volution conceptuelle » ou encore d'un « outil qui va révolutionner nos vies ». Une technologie pointue La blockchain est en tout cas une technologie très pointue dont les spé- cialistes sont pour l'instant encore peu nombreux. La société Utocat en fait partie. Basée à Lille, cette start-up s'est spécialisée dès 2014 dans la connexion à la blockchain dédiée aux banques et aux assurances. Sa plateforme « Blockchainiz » leur fournit une solu- tion facilitant l'usage de la technologie en vue de réussir une automatisation de leur processus sans avoir besoin de développer les fonctions de base telles que les recours aux Wallet et Smartcontracts. « Par exemple, quand on veut ouvrir un compte bancaire, il faut fournir une preuve de domicile », explique Clément Francomme, le fon- dateur et CEO d’Utocat. « En faisant le lien avec l’organisme choisi pour récupérer son justificatif de domi- cile, la blockchain permet de certifier automatiquement que le document en question est authentique. Dans ce cas-là, la technologie est utilisée comme une certification d'identifica- tion digitale. C'est une garantie que les parties prenantes d'un réseau sont bien celles qu'elles prétendent être ». Pour aller plus loin dans les fonctions d’automatisation, la société Utocat a développé Catalizr qui est un connec- teur entre banque, investisseur et entreprise qui permet d’automatiser la gestion des titres non cotés entre ces 3 acteurs et facilitent l’investis- sement dans les TPE/PME par un processus entièrement numérisé et sécurisé dans la blockchain. D’au- tant, ajoute Clément Francomme, qu’ « aujourd’hui, il y a trop de déperdition en matière d’investissement du fait de ralentissements, souvent sources d’abandons, lors des échanges entre les différents acteurs de la chaîne ». Les usages de la blockchain sont très variés mais le niveau de maturité de cette technologie reste l'un des princi- paux freins à son développement. Pour permettre le succès auprès du grand public, plusieurs défis techniques doivent ainsi être surmontés. Un partenariat pour repousser les limites Pour simplifier les usages, Utocat a noué un partenariat privilégié avec Inria. La start-up a ainsi décidé de fi- nancer le contrat d'un post-doctorant à temps plein pour une durée de deux ans. Recruté par Inria et basé au centre Inria Lille - Nord Europe, ce chercheur a pour mission de faire évoluer la re- cherche sur la blockchain et plus parti- culièrement d'améliorer la visualisation de la base de données ainsi que la na- vigation. « Les échanges avec Utocat ont débuté il y a deux ans lorsque Clément Francomme est venu sur le Plateau Inria à EuraTechnologies pour savoir ce qu’Inria faisait sur la techno- logie blockchain. », explique Margot Corréard, chargée de partenariats pour le centre Inria de Lille. « Il nous a fallu un an pour définir le sujet stratégique pour la start-up, échanger avec diffé- rentes équipes de recherche de notre centre avant de nouer un partenariat avec l’équipe-projet Rmod, spécia- lisée en analyse d’applications exis- tantes pour leur évolution et en nou- veaux langages de programmation. » C’est le rôle du service transfert pour l’innovation et partenariats de rappro- cher les mondes de l’entreprise et de la recherche pour allier challenge scienti- fique et retombées pour l’entreprise. nouvel élan pour la recherche sur la blockchain avec la star-up Utocat // focus > blockchain La blockchain fait partie des technologies émergentes. Elle pourrait révolutionner plusieurs secteurs de l'économie, à commencer par la banque et l'assurance. La start-up Utocat, précurseuse et experte dans ce domaine, a fait appel à Inria pour faire avancer la recherche appliquée à cette technologie de pointe. Un partenariat fructueux, même si rien n'était joué d'avance. blockchain
  • 15. 15#06 DECEMBRE 2017 Pourtant, au départ, ce partenariat n'avait rien de naturel. « Nous ne connaissions pas cette technologie dans le détail ! » admet Stéphane Ducasse, le responsable de l'équipe- projet Rmod*. « Nous pensions pouvoir appliquer nos techniques d’analyses. Apporter un regard différent avec de la visualisation de données sur la blockchain et aider Utocat tout en apprenant un nouveau domaine est excitant ! » Un défi que l'équipe Rmod a bien sûr immédiatement voulu relever ! Dans un premier temps, nous avons réalisé une preuve de concept afin de valider que nos techniques d’analyses soient efficaces pour la blockchain. Grâce à InriaTech, un dispositif innovant dont la vocation est le transfert de technologies vers les entreprises, nous avons pu missionner de suite un ingénieur durant deux mois pour travailler avec Utocat. Cette première phase a été couronnée de succès puisqu'en deux mois, l’ingénieur, rattaché à l'équipe Rmod,amisaupointunoutilprototype baptisé "smart inspect", sorte de petit inspecteur qui peut permettre à un développeur d'identifier des bugs dans la blockchain. Ainsi, petit à petit, les avancées se matérialisent. À court-terme, les recherches du post- doctorant devraient aboutir à la mise au point d'un outil de visualisation des opérations dans la blockchain. « En travaillant avec Inria, nous profitons de l'expérience, de l’expertise et de structures dont nous ne pourrions pas disposer dans d'autres configurations et cela nous permet des progrès fondamentaux sur les solutions techniques, tout en faisant avancer la recherche », se réjouit Clement Francomme. « Le but final est de s'adapter plus facilement à nos clients en apportant de nouvelles solutions développées grâce au partenariat avec Inria ». Pour Clément Francomme la blockchain est porteuse de promesses fortes : « Cela va améliorer les relations de confiance dans les échanges numériques et ouvrir de nouvelles possibilités ». Au-delà des avancées pour l'activité d'Utocat, le partenariat avec Inria va profiter à l'ensemble de la communauté des développeurs. L’institut et la start-up ont en effet décidé de partager l'objet de la recherche sur la blockchain en "open source", c'est-à-dire accessible gratuitement à tous. Un partenariat décidément fructueux pour tout le monde. º rmod.inria.fr º utocat.com un challenge ! * l'équipe-projet Rmod est commune avec l'Université de Lille − sciences et technologies. Au sein de l'UMR 9189 CNRS-Centrale Lille-Université de Lille − sciences et technologies, CRIStAL.
  • 16. 16 // focus > ANR CLINMINE clinmine : analyser les parcours patients à l’hôpital Durées d’hospitalisation, protocoles de soins, résultats d’examens, dossiers de transmission entremédecins…Leshôpitauxfrançaisgénèrent un nombre important de données. Savoir les traiter et les analyser pourrait permettre d’op- timiser la prise en charge des patients. C’est précisément l’objet du projet ANR ClinMine, auquel ont participé, notamment, des membres de l’équipe-projet Modal* du centre Inria Lille – Nord Europe. « Dans un hôpital, le parcours d’un malade engendre une importante quantité de données complexes, explique Cristian Preda, professeur à l'Université de Lille et porteur du projet ClinMine côté Inria. De plus en plus, les hôpitaux pensent qu’exploiter ces données de façon plus approfondie pourrait être intéressant. » C’est dans ce contexte que s’est créé le projet ClinMine, en janvier 2014, réunis- sant six partenaires d’horizons variés : hôpitaux, centres de recherche, entre- prises... Soutenu par l’Agence nationale de recherche (ANR), ce programme de recherche visait alors à développer des méthodologies d’analyses statistiques des informations recueillies par les Programmes de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) des hôpitaux, pour en dégager des typolo- gies de parcours de soin. Les méthodes ont ensuite été appliquées dans le cadre d’études de cas, comme par exemple l’analyse des résistances à certaines bactéries. Les chercheurs ont été confrontés à une difficulté : le parcours du patient à l’hôpital est, par définition, dynamique, ce qui complexifie le traitement les données de santé. « Aujourd’hui, en matière de statistique, nous savons plutôt bien analyser les données qui évoluent dans le temps, lorsqu’elles sont quantitatives. C’est le cas par exemple pour une courbe de température. À l’hôpital, le patient passe d’un service à l’autre, il y a un diagnostic différent, un acte médical différent... Tous ces paramètres qua- litatifs évoluent dans le temps. Et c’est quelque chose qui n’est pas simple à traiter, et dont les méthodes de calculs sont relativement récentes », précise Cristian Preda. Analyse des courriers de l’Institut Catholique de Lille Au centre Inria de Lille, Modal est jus- tement spécialisée dans le traitement des données complexes, que ce soit par leur taille ou leur structure. Au sein de cette équipe-projet, Cristian Preda analyse spécifiquement les questions de temporalité. Accompagné par quatre chercheurs, dont un post-doctorant, il s’est donc particulièrement penché sur cette question dans le cadre de ClinMine. Pour ce faire, ils ont travaillé sur une étude de cas, l’analyse de tous les courriers envoyés aux patients entre janvier 2012 et mai 2016 par le Groupe Hospitalier de l’Institut Catholique de Lille (GHICL). « Nous avons commencé par un important travail de simulation, remarque le chercheur. Il s’agissait de valider nos calculs et le volume de données qu’ils pourraient traiter. » Ensuite, il a fallu appliquer ces mé- thodes aux données réelles. Une étape qui s’est révélée longue et compliquée. L’équipe s’est retrouvée avec 400 000 courriers de consultations et 600 000 courriers d’hospitalisations à extraire clinmine
  • 17. * l'équipe-projet Modal est commune avec avec le CNRS, l'Université de Lille − sciences et technologies et l'Université de Lille − droit et santé. Au sein de l'UMR 8524 CNRS-Université de Lille − sciences et technologies, Laboratoire Paul Painlevé, et de l'EA 2694 "Santé Publique : épidémiologie et qualité des soins" de l'Université de Lille − droit et santé. 17#06 DECEMBRE 2017 Partenaires du projet Six partenaires sont associés au projet coordonné par le laboratoire CRIStAL de l’Université de Lille : l’entreprise Alicante, l’Equipe d'Accueil (EA) 2694 "Santé Publique : épidémiologie et qualité des soins", le Groupe Hospitalier de l'Institut Catholique de Lille (GHICL), l’EA 1046 « Maladie d’Alzheimer et pathologies vasculaires », le LIFL Laboratoire d'Informatique de Lille, et le centre de recherche Inria Lille – Nord Europe. en données. Et beaucoup se sont avérées incomplètes ou fausses. « Il y avait de nombreuses incohérences. Nos outils techniques détectaient des paternes que nous ne pouvions pas interpréter. Or, pour l’analyse des données complexes il faut impérati- vement partir d’une matière fiable. » L’équipe a donc dû faire un grand travail de « nettoyage ». « Nous avons organisé plusieurs réunions avec les services informatiques de l’hôpital pour trouver des explications et des solutions à ces anomalies. Cette étape de préparation des données a représenté 50% de notre travail. Nous n’avions pas anticipé à ce point ce problème. Même si nous savons qu’en analyse de données réelles, le facteur surprise est toujours très important. » L’analyse des courriers a permis de dégager plusieurs typologies, dont certaines traduisaient un dysfonction- nement.Parexempledescourriersdont la rédaction a pris trop de temps, des délais de validation trop important ou encore des différences de traitement des courriers selon les services. In fine, ces données ont donc mis en évidence des problèmes au sein de l’hôpital que ce soit au niveau informatique ou en matière de ressources humaines. « Après notre analyse, l’hôpital va s’ap- proprier les résultats pour expliquer ou comprendre les différents paternes identifiés », remarque Cristian Preda. Dans le cadre de cette étude de cas, l’équipe a conçu un logiciel libre de dis- tribution. « Il pourrait par exemple être utilisé par d’autres statisticiens pour étudier des trajectoires d’évolution des paramètres qualitatifs dans divers contextes (santé publique, économie, etc.) ». º modal.lille.inria.fr Après 42 mois de recherche, le projet ANR prendra fin en décembre prochain. Cristian Preda en tire un bilan positif : « D’un point de vue humain, c’est une réussite d’avoir pu réunir des informaticiens, des statisticiens et des hospitaliers au sein d’un même programme de recherche. D’un point de vue scientifique, nous avons réussi à développer des méthodes innovantes, qui ont été reconnues dans différentes publications. » Mais l’équipe n’a pas l’intention de s’arrêter là. Plusieurs axes de recherche du projet n’ont en effet pas pu aboutir. « Nous n’avons notamment pas eu le temps d’analyser les données du CHU de Lille dans le temps imparti. » Pour cette étude de cas, les chercheurs espéraient trouver une méthode pour détecter un éventuel début de déficience cognitive en analysant l’historique médical des patients. En ligne de mire : trouver des facteurs prédictifs de déclenchement de la maladie d’Alzheimer. « C’est un sujet qui intéresse beaucoup de monde. Et maintenant que nous avons les données, nous pensons que ce serait une bonne idée de poursuivre le travail au sein de ClinMine 2 ». ClinMine 2 ?
  • 18. 18 // best-of Il ne fallait pas manquer... PRIXretour sur... > Christophe Biernacki, nouveau délégué scientifique Nommé par Antoine Petit, Christophe Biernacki est le nouveau délégué scientifique du centre Inria Lille – Nord Europe depuis juin. Statisticien et responsable de l’équipe-projet Modal depuis 2010 et précédemment adjoint du délégué sortant, c’est tout naturellement qu’il occupe aujourd’hui cette fonction. Gabriele Perozzi obtient un best student paper à EUCASS 2017 Gabriele Perozzi effectue son doctorat enbilocalisationchezOneraetauseinde l’équipe-projetNon-Adenotrecentre.Une desespublicationsvientd’êtrerécompen- sée par un best student paper lors de la conférence européenne en aéronautique et sciences spatiales EUCASS. Fête de la science Chaque année, la fête de la Science est l'occasion pour le centre Inria Lille - Nord Europe d'organiser l'opération Chercheurs itinérants. Cette opération, qui se déroule durant deux semaines en octobre, est l'occasion pour nos scientifiques d'intervenir auprès des élèves dans les établissements scolaires. En octobre 2017, ce sont 1950 élèves qui ont été touchés par notre action, répartis sur 32 établissements de la région Hauts-de-France. zoom sur... Bâtiment Place Inria Au cœur de l’écosystème de la French Tech, Inria a fait l’acquisition d’un troisième bâtiment localisé à EuraTechnologies, afin de développer son activité de recherche au service du transfert et de l’innovation. Inscrite dans le contrat de plan État-Région, cette acquisition a été financée par Inria, la Région Hauts-de-France, la MEL et par l’Union européenne avec le Fonds européen de développement régional (FEDER). Le bâtiment accueillera, fin 2018, l’équipe Bonus spécialisée en optimisation, et Cirrus, la première équipe mixte associant une partie de l’équipe-projet Spirals et une partie de l’entreprise Scalair spécialisée dans les solutions de cloud. Notre service transfert pour l’innovation et partenariats sera également localisé dans ce nouvel espace, comprenant les ingénieurs InriaTech, dispositif favorisant le transfert de technologies vers les entreprises. Enfin,lebâtimentPlaceseraéquipé d’un espace de démonstrateurs, présentant les travaux des équipes de recherche du centre Inria Lille - Nord Europe. Notre objectif étant de renforcer toujours plus les interactions entre la communauté scientifique, le monde économique et la société. Rendez-vous fin 2018 pour célébrer avec nous l’inauguration de ce nouveau bâtiment.
  • 20. 20 // portrait Le Web est devenu de plus en plus sémantique, nous permettant de trouver des informations de manière concise. Une simple recherche par mot clé comme « Mozart » nous permet par exemple de trouver la date de naissance ou la liste des œuvres du musicien, reflétant le progrès dont ont bénéficié les moteurs de recherche depuis ces 10 dernières années. Ces moteurs présentent des connaissances précises sur les sujets recherchés par requête mots clés, en posant eux-mêmes des requêtes logiques à des bases de connaissances du type de Wikipédia, où sont stockées des informations encyclopédiques de manière digitalisée. Ces bases de connaissances, dont on rêve en intelligence artificielle depuis une trentaine d’années, sont devenues aujourd’hui une réalité. L’évolution rapide du concept et des technologies de type bases de données en bases de connaissances, permet aujourd’hui de stocker et interroger du contenu beaucoup plus vaste et hétérogène. C’est ainsi une grande partie des connaissances de l’humanité qui est de plus en plus concernée, et plus seulement les données tabulaires d’une entreprise par exemple. Ces bases de connaissances n’ont pu émerger que grâce à l’évolution du rôle de l’usager, devenant contributeur actif du Web. C’est ce que l'on appelle l'aspect « crowd » du Web, qui désigne la saisie par la foule de connaissances stockées dans ces bases en format RDF. Nous avons donc à faire à une toute nouvelle génération de bases de données avancées incluant les bases de connaissances qui, contrairement à la situation d’il y a 20 ans, ne nécessitent plus d’ingénieur experts pour leur utilisation. Ces bases de connaissances, du type de Wikipédia, sont enrichies par tout le monde via leurs propres interfaces Web et peuvent simplement être interrogées via des moteurs de recherches. Inria, un environnement idéal Chez Inria, les 13 membres de l’équipe- projet Links (dont 8 enseignants chercheurs permanents) dirigés par Joachim Niehren, travaillent dans le domaine des requêtes logiques et développent de nouvelles techniques de recherche et d’ex traction d’information à partir de bases de données et de connaissances. Face à la masse de données et connaissances croissante sur le Web, l’enjeu est de taille. « Le défi est de réussir à interroger et croiser un maximum de bases de données et de bases de connaissances simultanément de façon plus intelligente, tout en tenant compte de l’origine des informations, pour trouver les réponses les plus complètes et les plus pertinentes possibles. Il faut aussi tenir compte des nouveaux formats de bases de données comme NoSQL, Graph ou RDF knowledge bases », précise le chercheur. Après avoir suivi des études dans les domaines de l’informatique et des mathématiques avec des applications en intelligence artificielle, en particulier sur des langages de programmation et la linguistique informatique, Joachim Niehren a commencé sa carrière de chercheur dans son pays à Sarrebruck en Allemagne. C’est en arrivant à Lille en 2003 qu’il choisit d’orienter ses recherches vers les bases de données pour le Web - dont sont issues les bases de connaissances, mixant des méthodes de représentation des données en intelligence artificielle. Chez Inria, Joachim Niehren trouve des conditions de travail favorables pour mener à bien ses recherches jusqu’à prendre la direction de l’équipe Links en 2012. « Inria est un institut de renommée internationale où nous pouvons travailler en équipe dans un environnement idéal avec nos collègues chercheurs, doctorants et post-doctorants ». Les limites de l’intelligence artificielle en permanence repoussées Face aux enjeux que représentent les bases de données pour les entreprises, Links est régulièrement sollicitée par le monde industriel. « Nous devons travailler dans une logique de transfert sur le long terme. Il est donc important pour nous de coopérer avec des industriels sur des sujets d’aujourd’hui tout en continuant à préparer le futur à travers nos travaux Interroger les bases de données de façon plus intelligente Joachim Niehren
  • 21. 21#06 DECEMBRE 2017 de recherche plus fondamentale en parallèle. Inria favorise les contacts avec les entreprises et des rencontres sont régulièrement organisées à Paris pour l’international et national, et à Lille pour le régional. Je suis aussi très fier quand les doctorants que nous formons vont travailler dans des entreprises innovantes de renom ou des start-up issues du monde de la recherche, et y véhiculent nos idées », ajoute Joachim Niehren. Et dans un domaine aussi passionnant que la recherche en informatique, même si l'on sait comment faire évoluer les fondements des bases de données, il est en revanche compliqué d'anticiper précisément les prochains défis applicatifs à venir. « Les avancées du Web correspondent à des avancées dans le domaine des bases de données mais les limites de l’intelligence artificielle sont en permanence repoussées. Qui aurait pu prévoir les applications d’informatique que nous utilisons aujourd’hui sur le Web ? » Google, Facebook, Wikipédia représentent des exemples d’applications de bases de données d’une importance énorme qu’il était impossible d’imaginer il y a quelques dizaines d’années. º team.inria.fr/links
  • 22. 22 // rendez-vous FIC 2018 : 10ème Forum International de la Cybersécurité Les 23 et 24 janvier, Lille Grand Palais Cours de Gérard Berry du Collège de France Mercredi 31 janvier, dès 16h, amphi A, LILLIAD - Cité scientifique, Villeneuve d’Ascq Nous aurons le plaisir d'accueillir un cours de Gérard Berry, informaticien et professeur émérite du Collège de France. Ce cours, intitulé « La photo- graphie numérique, un parfait exemple de la puissance de l’informatique », sera suivi d'un séminaire de Stéphane Huot, chercheur en interaction Homme- machine et responsable de l’équipe de recherche Mjolnir de notre centre. Cet événement sera également l’occasion pour notre directrice Isabelle Herlin de formuler ses vœux. Retrouvez ces évènements et bien d'autres dans l'agenda du centre ! º inria.fr/lille Le Forum International de la Cybersécurité s’inscrit dans une démarche de réflexions et d’échanges visant à promouvoir une vision européenne de la cybersécu- rité. Dans la continuité du marché unique numérique et du projet de règlement sur la protection des données personnelles, le FIC est l’évènement européen de référence réunissant tous les acteurs de la confiance numérique. Vous pourrez découvrir l’excellence d’Inria dans ce domaine en visitant notre stand localisé sur l’espace Recherche – Allistene, l’alliance des sciences et technologies du numérique. º forum-fic.com Colloquium Polaris Les chercheurs en informatique et automatique de la métropole lilloise forment une communauté scientifique dynamique, en forte croissance ces dernières années. Cette communauté s’est fédérée autour de la constitution d’un colloquium, baptisé Polaris. Il réunit deuxentités:lecentrederechercheInria Lille – Nord Europe et le laboratoire uni- versitaireCRIStAL,CentredeRecherche en Informatique, Signal et Automatique de Lille. De dimension internationale, le colloquium Polaris accueille des orateurs, personnalités de premier plan, français ou étrangers, informaticiens, mathématiciens ou spécialistes de domaines scientifiques dans lesquels l’informatique joue un rôle majeur. Il pro- posehuitàdixrendez-vousparanàtous les scientifiques, étudiants et industriels concernés par l’avenir des sciences et technologies dans les domaines de l’informatique et de l’automatique. º colloquiumpolaris.fr Du 4 au 8 juin, LILLIAD - Cité scientifique, Villeneuve d’Ascq SMF 2018 a pour objectif de regrouper les mathématiques françaises sur une semaine, des thèmes les plus fondamentaux aux aspects les plus appliqués, afin d’en afficher le dyna- misme et l’unité. Ce congrès, à travers ses nombreux orateurs prestigieux, permettra d’établir un panorama des avancées en mathématiques. Conférence grand public de Vincent Borrelli Durant SMF, un après-midi sera consa- cré à une conférence grand-public en français avec Vincent Borrelli, maître de conférences à l’Institut Camille Jordan - Université Lyon 1. Cette conférence, ouverte à tous, intéressera particulièrement les lycéens. º smf2018.sciencesconf.org SMF 2018 : le Congrès de la Société Mathématique de France
  • 23. Parc scientifique de la Haute Borne 40, avenue Halley Bât A - Park Plaza 59650 Villeneuve d’Ascq France (+33) 03 59 57 78 00 (+33) 03 59 57 78 50 º inria.fr/lille º contact-lille@inria.fr @Inria_Lille Découvrez les coulisses du centre au travers de notre Tumblr Between Us ! º inrialille.tumblr.com // Centre de recherche Inria Lille - Nord Europe // Plateau Inria, Euratechnologies Inria est présent au sein d'EuraTechnologies avec un plateau de 200 m² présentant les travaux de ses équipes de recherche. L’objectif est de favoriser les interactions entre la communauté scientifique, le monde économique et la société par le biais de démonstrateurs et d'un programme d’animation thématique proposé tout au long de l’année. Suivez les activités du Plateau sur Twitter @Plateau_Inria contact 23#06 DECEMBRE 2017
  • 24. Lisez le journal du futur À l'occasion du Forum Numérique 2067, le centre de recherche Inria Lille – Nord Europe a réalisé un journal imaginaire. Membres du personnel et partenaires d’Inria ont contribué à la rédaction de ce journal daté du 5 octobre 2067. º inria.fr/Journal2067