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Gel dans les vignes : en Gironde, les viticulteurs
sur le pont
Lecture 3 min
Accueil Gironde Libourne
Au château de France, en Pessac-Léognan, les températures sont descendues jusqu’à -2 degrés. © Crédit photo : Thierry
David/ « SUD OUEST »
Par SudOuest.fr Gironde
Publié le 05/04/2023 à 8h45
Mis à jour le 06/04/2023 à 16h10
Deuxième veillée de lutte contre le gel en Pomerol, Saint-Émilion et dans les appellations au sud de
Bordeaux, de Pessac-Léognan à Sauternes, dans la nuit de mardi à mercredi. Les températures sont
descendues en dessous de zéro dans la nuit
Les viticulteurs des appellations Pomerol et Saint-Émilion étaient sur le pont dans la nuit du
mardi 4 au mercredi 5 avril, pour mettre en œuvre des mesures de lutte contre le gel de la vigne.
Bougies, combustion de pellets, dispositifs de souffleries Agrofrost, éoliennes… Tous les
moyens ont été mis en œuvre pour protéger des pieds de vigne de températures qui sont
descendues en dessous de zéro, jusqu’à -3 °C dans certaines zones. Des cultures rendues
fragiles, les températures élevées en journée ayant favorisé le débourrement, malgré les tailles
tardives. La lutte a duré jusqu’au point du jour, où sont enregistrées les températures les plus
basses.
Dans les vignes de Château Mazeyres à Cantereau, dans la commune de Libourne, les équipes
ont allumé les premières bougies dès 2 h 30.
Ph. B.
En Libournais, les éoliennes se sont multipliées, quatre pour Château Mazeyres à Libourne, en
appellation Pomerol, contre une seule l’an passé. Une dizaine de souffleries de type Agrofrost
ont été mises en place pour rabattre la chaleur. Un premier rang de 750 bougies a été installé
dans un premier temps, mesure identique à la veille, indique Jean-Michel Bernard, responsable
de culture. Une quantité doublée vers 4 heures du matin. La topographie des lieux est
essentielle. « Il y a une accumulation de froid sur certaines parcelles. »
Un peu plus loin, à Château Beauregard, également en Pomerol, on allume également les
bougies. Son voisin Château La Conseillante a eu recours aux pellets, en complément des
éoliennes. Ces dernières s’étaient avérées suffisantes la veille. « Chacun met en place les
mesures en fonction de ses besoins », commente Marielle Cazaux, directrice générale de
Château La Conseillante, qui constate « une grande solidarité sur le terrain ». « On donne un
coup de main aux voisins dès qu’on le peut. Notamment pour l’installation de bougies. »
« Je pense qu’on a fait le nécessaire, mais le boulet n’est pas passé loin »
Cette deuxième nuit de veille, après une première alerte, rassure malgré tout les professionnels,
qui espèrent des températures plus clémentes la nuit prochaine. Ils restent cependant vigilants.
L’an dernier à la même période, les températures étaient descendues jusqu’à -6 °C à certains
endroits, au niveau des pieds de vigne.
Au sud de Bordeaux aussi, la nuit a été longue pour les viticulteurs. Les températures sont
descendues en dessous de zéro sur la rive gauche de la Garonne, dans les appellations Pessac-
Léognan, Graves et Sauternes-Barsac.
Bougies, éoliennes et souffleries étaient de sortie à Pessac-Léognan.
Thierry David/ « SUD OUEST »
« C’était très blanc »
Au petit matin, une épaisse fumée enveloppait la campagne à la sortie de la métropole
bordelaise. « Je pense que l’on a fait le nécessaire, mais le boulet n’est pas passé loin »,
témoigne Philippe Miécaze, du château Léognan. Le viticulteur a enclenché sa tour antigel vers
2 h 30 et mis en route son système de chauffage jusqu’à 8 heures ce mercredi matin. Même
combat au château de France, à Léognan.
Les températures sont restées plus clémentes que l’an dernier, où le mercure avait chuté jusqu’à
-6 degrés.
Thierry David/ « SUD OUEST »
À Canéjan, au château Seguin, Denis Darriet a allumé les bougies vers 5 heures puis actionné
ses quatre tours une heure plus tard. « On n’était pas ultra-inquiets car il n’y avait pas de vent.
Mais la température est tombée jusqu’à -4 °C au plus bas. On a réussi à faire remonter les
températures assez rapidement. Si on n’avait pas fait le nécessaire, il y aurait eu des dégâts.
C’était très blanc tout autour. »
Plus au sud encore, plusieurs propriétés de Barsac et Sauternes ont également déployé tout
l’arsenal de lutte. En revanche, à la Tour Blanche, on a fait le pari risqué de ne pas sortir le
canon à air chaud. « J’avoue que je n’ai pas très bien dormi cette nuit. On verra dans un jour ou
deux si on a eu raison », confie Miguel Aguirre, le directeur de ce grand cru classé.
« Trop tôt pour un bilan chiffré »
Quels seront les dégâts ? « Il est encore trop tôt pour un bilan chiffré », commente-t-on au
Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB). « La température est descendue à -
3,5 °C. » Le CIVB collecte les données provenant des différentes appellations. « Les dégâts
devraient être limités aux parcelles les plus froides et donc moins en avance au niveau
végétation. Nous sommes solidaires avec les vignerons touchés. »
Surtout, les viticulteurs s’inquiètent d’un phénomène devenu récurrent. « C’est tous les ans,
soupire-t-on à Mazeyres. Des alertes dès 2015 et 2016, 65 % de pertes en 2017… On a
réellement commencé à se protéger en 2020. » Des mesures qui ont un coût sans cesse
grandissant, avec une hausse de 35 à 40 % du prix des bougies et des éoliennes, à plusieurs
dizaines de milliers d’euros pièce. Sans compter les difficultés d’approvisionnement en gaz…
« Les fournisseurs sont trop peu nombreux. Nous avons été livrés par un professionnel de
Narbonne. »

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  • 1. Gel dans les vignes : en Gironde, les viticulteurs sur le pont Lecture 3 min Accueil Gironde Libourne Au château de France, en Pessac-Léognan, les températures sont descendues jusqu’à -2 degrés. © Crédit photo : Thierry David/ « SUD OUEST » Par SudOuest.fr Gironde Publié le 05/04/2023 à 8h45 Mis à jour le 06/04/2023 à 16h10 Deuxième veillée de lutte contre le gel en Pomerol, Saint-Émilion et dans les appellations au sud de Bordeaux, de Pessac-Léognan à Sauternes, dans la nuit de mardi à mercredi. Les températures sont descendues en dessous de zéro dans la nuit Les viticulteurs des appellations Pomerol et Saint-Émilion étaient sur le pont dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 avril, pour mettre en œuvre des mesures de lutte contre le gel de la vigne. Bougies, combustion de pellets, dispositifs de souffleries Agrofrost, éoliennes… Tous les moyens ont été mis en œuvre pour protéger des pieds de vigne de températures qui sont descendues en dessous de zéro, jusqu’à -3 °C dans certaines zones. Des cultures rendues fragiles, les températures élevées en journée ayant favorisé le débourrement, malgré les tailles
  • 2. tardives. La lutte a duré jusqu’au point du jour, où sont enregistrées les températures les plus basses. Dans les vignes de Château Mazeyres à Cantereau, dans la commune de Libourne, les équipes ont allumé les premières bougies dès 2 h 30. Ph. B. En Libournais, les éoliennes se sont multipliées, quatre pour Château Mazeyres à Libourne, en appellation Pomerol, contre une seule l’an passé. Une dizaine de souffleries de type Agrofrost ont été mises en place pour rabattre la chaleur. Un premier rang de 750 bougies a été installé dans un premier temps, mesure identique à la veille, indique Jean-Michel Bernard, responsable de culture. Une quantité doublée vers 4 heures du matin. La topographie des lieux est essentielle. « Il y a une accumulation de froid sur certaines parcelles. » Un peu plus loin, à Château Beauregard, également en Pomerol, on allume également les bougies. Son voisin Château La Conseillante a eu recours aux pellets, en complément des éoliennes. Ces dernières s’étaient avérées suffisantes la veille. « Chacun met en place les mesures en fonction de ses besoins », commente Marielle Cazaux, directrice générale de Château La Conseillante, qui constate « une grande solidarité sur le terrain ». « On donne un coup de main aux voisins dès qu’on le peut. Notamment pour l’installation de bougies. » « Je pense qu’on a fait le nécessaire, mais le boulet n’est pas passé loin »
  • 3. Cette deuxième nuit de veille, après une première alerte, rassure malgré tout les professionnels, qui espèrent des températures plus clémentes la nuit prochaine. Ils restent cependant vigilants. L’an dernier à la même période, les températures étaient descendues jusqu’à -6 °C à certains endroits, au niveau des pieds de vigne. Au sud de Bordeaux aussi, la nuit a été longue pour les viticulteurs. Les températures sont descendues en dessous de zéro sur la rive gauche de la Garonne, dans les appellations Pessac- Léognan, Graves et Sauternes-Barsac. Bougies, éoliennes et souffleries étaient de sortie à Pessac-Léognan. Thierry David/ « SUD OUEST » « C’était très blanc » Au petit matin, une épaisse fumée enveloppait la campagne à la sortie de la métropole bordelaise. « Je pense que l’on a fait le nécessaire, mais le boulet n’est pas passé loin », témoigne Philippe Miécaze, du château Léognan. Le viticulteur a enclenché sa tour antigel vers 2 h 30 et mis en route son système de chauffage jusqu’à 8 heures ce mercredi matin. Même combat au château de France, à Léognan.
  • 4. Les températures sont restées plus clémentes que l’an dernier, où le mercure avait chuté jusqu’à -6 degrés. Thierry David/ « SUD OUEST » À Canéjan, au château Seguin, Denis Darriet a allumé les bougies vers 5 heures puis actionné ses quatre tours une heure plus tard. « On n’était pas ultra-inquiets car il n’y avait pas de vent. Mais la température est tombée jusqu’à -4 °C au plus bas. On a réussi à faire remonter les températures assez rapidement. Si on n’avait pas fait le nécessaire, il y aurait eu des dégâts. C’était très blanc tout autour. » Plus au sud encore, plusieurs propriétés de Barsac et Sauternes ont également déployé tout l’arsenal de lutte. En revanche, à la Tour Blanche, on a fait le pari risqué de ne pas sortir le canon à air chaud. « J’avoue que je n’ai pas très bien dormi cette nuit. On verra dans un jour ou deux si on a eu raison », confie Miguel Aguirre, le directeur de ce grand cru classé. « Trop tôt pour un bilan chiffré » Quels seront les dégâts ? « Il est encore trop tôt pour un bilan chiffré », commente-t-on au Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB). « La température est descendue à - 3,5 °C. » Le CIVB collecte les données provenant des différentes appellations. « Les dégâts devraient être limités aux parcelles les plus froides et donc moins en avance au niveau végétation. Nous sommes solidaires avec les vignerons touchés. » Surtout, les viticulteurs s’inquiètent d’un phénomène devenu récurrent. « C’est tous les ans, soupire-t-on à Mazeyres. Des alertes dès 2015 et 2016, 65 % de pertes en 2017… On a
  • 5. réellement commencé à se protéger en 2020. » Des mesures qui ont un coût sans cesse grandissant, avec une hausse de 35 à 40 % du prix des bougies et des éoliennes, à plusieurs dizaines de milliers d’euros pièce. Sans compter les difficultés d’approvisionnement en gaz… « Les fournisseurs sont trop peu nombreux. Nous avons été livrés par un professionnel de Narbonne. »