2. tardives. La lutte a duré jusqu’au point du jour, où sont enregistrées les températures les plus
basses.
Dans les vignes de Château Mazeyres à Cantereau, dans la commune de Libourne, les équipes
ont allumé les premières bougies dès 2 h 30.
Ph. B.
En Libournais, les éoliennes se sont multipliées, quatre pour Château Mazeyres à Libourne, en
appellation Pomerol, contre une seule l’an passé. Une dizaine de souffleries de type Agrofrost
ont été mises en place pour rabattre la chaleur. Un premier rang de 750 bougies a été installé
dans un premier temps, mesure identique à la veille, indique Jean-Michel Bernard, responsable
de culture. Une quantité doublée vers 4 heures du matin. La topographie des lieux est
essentielle. « Il y a une accumulation de froid sur certaines parcelles. »
Un peu plus loin, à Château Beauregard, également en Pomerol, on allume également les
bougies. Son voisin Château La Conseillante a eu recours aux pellets, en complément des
éoliennes. Ces dernières s’étaient avérées suffisantes la veille. « Chacun met en place les
mesures en fonction de ses besoins », commente Marielle Cazaux, directrice générale de
Château La Conseillante, qui constate « une grande solidarité sur le terrain ». « On donne un
coup de main aux voisins dès qu’on le peut. Notamment pour l’installation de bougies. »
« Je pense qu’on a fait le nécessaire, mais le boulet n’est pas passé loin »
3. Cette deuxième nuit de veille, après une première alerte, rassure malgré tout les professionnels,
qui espèrent des températures plus clémentes la nuit prochaine. Ils restent cependant vigilants.
L’an dernier à la même période, les températures étaient descendues jusqu’à -6 °C à certains
endroits, au niveau des pieds de vigne.
Au sud de Bordeaux aussi, la nuit a été longue pour les viticulteurs. Les températures sont
descendues en dessous de zéro sur la rive gauche de la Garonne, dans les appellations Pessac-
Léognan, Graves et Sauternes-Barsac.
Bougies, éoliennes et souffleries étaient de sortie à Pessac-Léognan.
Thierry David/ « SUD OUEST »
« C’était très blanc »
Au petit matin, une épaisse fumée enveloppait la campagne à la sortie de la métropole
bordelaise. « Je pense que l’on a fait le nécessaire, mais le boulet n’est pas passé loin »,
témoigne Philippe Miécaze, du château Léognan. Le viticulteur a enclenché sa tour antigel vers
2 h 30 et mis en route son système de chauffage jusqu’à 8 heures ce mercredi matin. Même
combat au château de France, à Léognan.
4. Les températures sont restées plus clémentes que l’an dernier, où le mercure avait chuté jusqu’à
-6 degrés.
Thierry David/ « SUD OUEST »
À Canéjan, au château Seguin, Denis Darriet a allumé les bougies vers 5 heures puis actionné
ses quatre tours une heure plus tard. « On n’était pas ultra-inquiets car il n’y avait pas de vent.
Mais la température est tombée jusqu’à -4 °C au plus bas. On a réussi à faire remonter les
températures assez rapidement. Si on n’avait pas fait le nécessaire, il y aurait eu des dégâts.
C’était très blanc tout autour. »
Plus au sud encore, plusieurs propriétés de Barsac et Sauternes ont également déployé tout
l’arsenal de lutte. En revanche, à la Tour Blanche, on a fait le pari risqué de ne pas sortir le
canon à air chaud. « J’avoue que je n’ai pas très bien dormi cette nuit. On verra dans un jour ou
deux si on a eu raison », confie Miguel Aguirre, le directeur de ce grand cru classé.
« Trop tôt pour un bilan chiffré »
Quels seront les dégâts ? « Il est encore trop tôt pour un bilan chiffré », commente-t-on au
Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB). « La température est descendue à -
3,5 °C. » Le CIVB collecte les données provenant des différentes appellations. « Les dégâts
devraient être limités aux parcelles les plus froides et donc moins en avance au niveau
végétation. Nous sommes solidaires avec les vignerons touchés. »
Surtout, les viticulteurs s’inquiètent d’un phénomène devenu récurrent. « C’est tous les ans,
soupire-t-on à Mazeyres. Des alertes dès 2015 et 2016, 65 % de pertes en 2017… On a
5. réellement commencé à se protéger en 2020. » Des mesures qui ont un coût sans cesse
grandissant, avec une hausse de 35 à 40 % du prix des bougies et des éoliennes, à plusieurs
dizaines de milliers d’euros pièce. Sans compter les difficultés d’approvisionnement en gaz…
« Les fournisseurs sont trop peu nombreux. Nous avons été livrés par un professionnel de
Narbonne. »