1. CODEXFaits et Analyses
CHINELe virage électrique
Santé
Les hôpitaux malades
CongrèsPS
Les anciens de l’UNEF
à la manœuvre
Education
Enseignement laïc
des faits religieux
Exposition Universelle : Paris 2025 ?
3. 3
CODEX
Nouveaucycle. Adieuleconsensusmou,
place au 49-3. La génération qui dirigeait
l’UNEF-ID au début des années 80
s’installe à la direction du PS. Adieu les
cartables de 10 tonnes, remplacés par
les tablettes 10 pouces. Adieu le pétrole,
les qataris et les émissions à particules
fines. Que la lumière soit, l’électricité
est réinventée. La fin d’une génération,
d’une époque, d’une façon d’agir et
de penser, pour le meilleur et pour le
pire. Dernière édition d’une nouvelle
générationdejournalistes,quirêved’une
époque pourtant révolue. Backstages
de concerts de rock, grands reporters,
correspondants, nouveau Plantu. Mais
ainsi va la vie, et de toute façon, l’histoire
ne se répète pas, elle balbutie. L’actualité
de demain s’écrit aujourd’hui, et seuls
ceux qui ne savent pas la décrypter sont
surpris de la tournure que prennent les
évènements.Réveillez-vous:pourlecôté
voyeurisme, Internet vous a devancé. La
valeurajoutée,c’estl’analyse,l’enquête,le
décryptage, ce que le lecteur veut savoir,
même s’il n’en est pas conscient jusqu’à
ce qu’on le lui montre. Ah mais pardon,
c’était déjà le cas il y a 20 ans. Quand
on vous dit que tout n’est qu’un éternel
recommencement, on pèse nos mots.
sommaire
CODEX N°2
9 rue Alexandre Parodi
75010 – Paris
Dépôt légal : à parution
Directeur de la publication :
Michel Baldi
En bref dans le monde
Nemstov passe l’arme à gauche / Tsipras contre l’Eurogroupe
/ L’Europe bipolaire / Terrorisme, lois liberticides / Sida, la
troisième souche
Economie / Environnement
Chine : le poids lourd du marché automobile mondial
choisit le moteur électrique p10
Santé
Les hôpitaux de province gangrénés par les avoirs suisses p 17
APHP : entretien avec Pr. Bernard Granger, directeur du
service de psychiatrie de l’hôpital Tarnier et membre du
MDHP p 20
Politique
Congrès du PS : les ex-UNEF à la manœuvre p22
Défense
Le Charles de Gaulle entre en guerre p32
Education
Les bafouillages du plan numérique p 38
L’enseignement laïc des faits religieux fait débat p 42
Sciences / Média / Culture
INA : l’OTMédia, où est le financement ? p 48
Exposition Universelle : Paris, candidat pour 2025 p 54
Sir Culher
Directeur de la rédaction : Eric Ouzounian
Rédactrice en chef : Jade Toussay
Directrice artistique : Romane Ganneval
Maquette : Sophie Combot, Audrey Bouts, Nicolas Raulin
Secrétaires de rédaction : Sélène Agapé, Candice Cheuret
Rédacteurs : Sélène Agapé, Audrey Bouts, Candice Cheuret,
Romane Ganneval, Nicolas Merli, Nicolas Raulin,
Jade Toussay, Olivier Vagneux
L'Editorial
4. 4
CODEX
L
a fin de l’ère Eltsine (1991-1999) a marqué l’his-
toire de la Russie. L’état, alors en guerre contre
les indépendantistes tchétchènes, est partagé entre
Boris Eltsine, alors président, et Vladimir Poutine,
chef du service de renseignement FSD (ex-KGB).
Nommé dauphin du chef de l’état en août 1999, ce
dernier arrive au pouvoir en mars 2000. Pourtant,
Boris Nemtsov était pressenti à la succession jusque-là : réformateur
libéral proche du régime, il incarnait une vision démocrate et modérée,
idéale dans le projet d’Eltsine. Le krach boursier d’août 1998, qui met
à sac l’économie d’ouverture internationale, freine ces espérances et
plonge le pays dans une crise nationaliste. Les séries d’attentats qui
suivirent, notamment lors de la rébellion tchétchène, furent un terreau
fertile pour l’ascension de Poutine. Galvanisée par une image affaiblie
d’Eltsine (hospitalisé pour une carence cardiaque), l’opposition de-
vient de plus en plus féroce et demande sa démission, effective le 31
décembre 1999.
Le physicien et le guébiste
Limogé en août 1998, Boris Nemtsov, alors vice-Premier ministre
russe, rejoint l’opposition lorsque Poutine est nommé dauphin d’Elt-
sine. Nemtsov s’engage en 2000 auprès du parti libéral SPS, très cri-
tique envers le nouveau président. Selon lui : « Le gouvernement reflète la
volonté du peuple d’avoir un état fort, une économie en état de marche et la fin de la
tolérance pour les oligarques ». Poutine, ex-guébiste, incarne alors l’image
d’un homme fort, nécessaire à la tête de l’Etat. Lors de l’annonce d’un
possible troisième mandat illégal, la critique de Nemtsov devient plus
virulente. Avec l’activiste Alexeï Navalny, il participe aux manifesta-
tions de 2011 qui secouèrent le Kremlin. Engagé dans une critique
violente de l’annexion de la Crimée et de la guerre ukraino-russe,
Nemtsov avait appelé l’opposition russe à manifester pour le retrait
immédiat des troupes russes en Urkaine le dimanche 1er mars.
Les circonstances de ce meurtre sont particulièrement inconfortables
pour le Kremlin, déjà accusé d’un énième assassinat politique par les
Etats-Unis et l’Europe. Pourtant, celui-ci a démenti toute implication
et s’est engagé à mener une enquête. Il est pourtant difficile de croire
qu’elle arrivera à des résultats concluants : comme pour l’affaire Anna
Politkovskaïa, et d’autres avant elle, le verdict risque de mener à la
condamnation des exécutants sans que les commanditaires ne soient
jamais inquiétés.
N.M
Le nom de l’opposant russe Boris Nemtsov,
assassiné la nuit du 27 février, s’ajoute à la liste
des assassinats perpétrés sous le gouvernement
PoutineIII.Fermementopposés,lesdeuxhommes
poursuivaient cependant un but commun :
assurer le sort de la Russie post-URSS d’Eltsine
au XXIe siècle.
Nemtsov/Poutine
deux visions de la Russie
5. 5
CODEX
L
es « accords d’Avril » permettent à la Grèce de re-
pousser l’échéance du remboursement de six mil-
liards d’euros à la Banque Centrale Européenne.
Sans ceux-ci, le pays se serait retrouvé en défaut de
paiement dès le 1er mars 2015 et aurait alors été
contraint de sortir de la zone euro. Alors « Grèce : le
gouvernement Tsipras se plie aux exigences européennes » se-
lon Le Monde du 25 février 2015 ? N’en soyez pas si sûrs. Rappelons
que jamais Syriza ne s’est placé en parti favorable à une sortie de la
ZE au contraire, il s’est même engagé à négocier le plus possible avant
d’atteindre ce point de non-retour. Alors non, la Grèce ne se plie pas
aux exigences de l’Eurogroupe, loin de là.
Accords sur un désaccord
« Nous demandons l’aide de l’Europe, mais pas seulement pour nous donner
des leçons » a déclaré Yanis Varoufakis, ministre des finances grec, à la
sortie des négociations. Il rappelle de fait qu’aucune solution viable
n’avait été trouvée depuis la mise sous tutelle de la Grèce par la Troï-
ka. Depuis 6 ans, le PIB grec a chuté de 26 % et sa dette publique est
passé de 113 à 176 %. Ces accords pourraient marquer la fin de cette
faillite. D’abord, l’Eurogroupe a cessé d’évoquer les mesures d’aus-
térité (diminution des pensions, coupes des budgets de la fonction
publique et hausse de la TVA) et laisse donc une marge de manœuvre
conséquente à Tsipras. Celui-ci s’est notamment engagé à réformer
la fiscalité en visant à contrôler la fraude et l’évasion, estimée à 600
milliards d’euros placés en Suisse et à taxer les plus hauts revenus :
les armateurs et l’Eglise Orthodoxe, respectivement exonérés d’im-
pôts par la constitution de 1975 et plus gros propriétaire terrien du
pays. Aussi, l’Eurogroupe, sans reconnaître officiellement la situation
de crise humanitaire du pays, a maintenu les mesures de premières
urgences proposée par le gouvernement. Il reconnaît donc la situation
d’urgence publiquement mais rechigne à la financer. Si ces accords
peuvent être considérés comme perdus pour la Grèce, rappelons tout
de même que le gouvernement n’est installé que depuis un mois.
Syriza joue donc la carte de la provocation. Dès son installation au
pouvoir, Tsipras a su asseoir son projet et obtenir une négociation de
l’Eurogroupe. Rappelons que François Hollande, qui s’était engagé à «
lutter contre son ennemi numéro un : la finance », était revenu bredouille de
sa visite en Allemagne, où il devait renégocier l’accord Sarkozy-Mer-
kel. Le parti anti-austerité a tout pour faire pression : une potentielle
sortie de l’euro qui, bien que dédaignée par la zone, serait catastro-
phique si l’Espagne et l’Italie prenaient la même direction. Un risque
de crise bancaire généralisée et une favorisation des spéculations bour-
sières sur les dettes publiques pourraient aussi renforcer l’image d’une
Europe à deux vitesses. En définitive, Tsipras se place droit face à
l’Eurogroupe : la faillite annoncée de sa politique sera la seule respon-
sabilité de l’Allemagne..
N.M
Grèce Etsil’Eurogroupe
étaitentraindeperdre ?
La Grèce d’Alexis Tsipras et du parti anti-austerité Syriza a pu négocier la poursuite du plan d’aide
financière européen jusqu’à fin avril. Les accords historiques entre l’Eurogroupe et le gouvernement
hellénique, signés le 24 février, permettent la mise en place d’une série de réformes absolument
nécessaires pour le pays. Celles-ci n’avaient jamais été proposées par les gouvernements
européens jusqu’à maintenant.
6. 6
CODEX
L
es échéances électorales
de 2015 pourraient tout
remettre à plat. C’est en
tout cas l’espoir qu’en-
tretiennent les partis eu-
rosceptiques et anti-aus-
térité en Europe. Depuis
la crise des économies irlandaises, espa-
gnoles, grecques et portugaise, l’Europe
s’est dichotomisée. D’un côté, au Nord,
les pays dont le déficit public sont presque
inférieurs au PIB. Au Sud, les pays, qui
subissent deux tendances, commencent
à connaître une rogne populaire inédite.
Certains sont endettés par les choix poli-
tiques de leurs majorités. Les autres sont
gangrenés par la spéculation des marchés.
En outre, le taux d’emploi est en chute en
Europe du Sud, tandis qu’il avoisine plutôt
une situation de plein emploi au Nord. Ces
écarts flagrants ont favorisé l’essor de Po-
demos, le parti eurosceptique espagnol, qui
cumule aujourd’hui 30 % des intentions de
vote pour l’élection de novembre 2015.
L’Irlande et le Portugal connaissent égale-
ment ce revirement politique, comme le té-
moignent les succès du parti irlandais Sinn
Fein (Nous-mêmes) de Gerry Adams et
du Bloco de Esquerda (Bloc de la gauche)
portugais aux élections européennes de
2014.
Podemos – Syriza : la voix du Sud
Tout comme Syriza, Podemos propose une
nouvelle conduite des affaires européennes,
plus solidaire. Peu détaillé pour l’instant,
son programme recommande la fin des
politiques imposées par l’Eurogroupe et
une négociation à poids égal entre les ac-
teurs. Son argumentaire met aussi l’accent
sur la prédominance allemande dans les
décisions de la zone euro. La coordination
des politiques économiques serait, en ce
sens, une possibilité envisageable. Pour-
tant, dans les faits cette coordination existe
depuis 1983. Elle devrait garantir une lo-
gique économique complémentaire entre
les pays membres. Mais l’arrivée des pays
sud-européens dans l’Union l’a mise à mal.
Les nouveaux membres peinent à s’adapter
à cause de la disparité de leurs économies.
L’Eurogroupe doit aujourd’hui faire at-
tention à ses choix pour ne pas voir une
Europe jusqu’ici poussée par un élan de
solidarité, plonger dans un nationalisme
généralisé. Pour cela, les stratégies écono-
miques doivent sortir de leur dogmatisme.
Si l’économie libérale est aujourd’hui fri-
gide, rien ne l’empêche de s’ouvrir à la cha-
leur des politiques sociales.
N.M
Nord-Sud
contoursd’uneEuropebipolaire
La récente élection d’Alexis Tsipras à la tête du gouvernement grec, la montée des partis
eurosceptiques en Espagne et en Irlande et l’ingérence toute avouée de l’Allemagne sur les pays
« périphériques » de la zone euro façonnent une idée bipolaire de l’économie européenne. Face à
cet état de fait, les économies en crise prennent du poids et commencent à poser les bases d’une
Europe solidaire.
7. 7
CODEX
Le projet de loi anti-terrorisme
entériné le 23 octobre 2014 prévoit la
suspension de la nationalité pour les
françaissoupçonnésd’appartenance
à une filiale terroriste. A califourchon
sur les droits fondamentaux et les
politiquesdemigrationseuropéennes,
cette législation semble liberticide.
Mesuresnécessairesouillustrationde
lamontéeenpuissancedespolitiques
sécuritaires ?
B
ernard Cazeneuve, mi-
nistre de l’intérieur, a
annoncé la confiscation
temporaire de six pas-
seports français le 23
février dernier. Cette
mesure s’inscrit dans la
pléthore de quatorze lois anti-terrorisme que
promulgue l’état français depuis 1986. Ces six
ressortissants sont soupçonnés d’être volon-
tairesàundépartimminentverslaSyrie,où376
français se trouveraient actuellement. Selon les
propos du ministère rapporté par Le Monde,
cette mesure vise à endiguer les départs pour le
djihad des personnes « soupçonnés d’appartenance
à un groupe terroriste qui projettent de se rendre sur les
théâtres d’opération ». Contactés directement par
le renseignement, ces six candidats potentiels se
sont vus remettre un récépissé en échange de
leurs papiers d’identité. Aucune information les
concernant n’a été communiquée au public. Le
renseignement signale également que 1089 per-
sonnes seraient actuellement impliquées dans
ces réseaux en France.
Au dessus de tous soupçons ?
Ces six confiscations s’inscrivent dans un
contexte particulier : la montée parallèle des
politiques sécuritaires et des départs pour le dji-
had. En ce sens, il est nécessaire d’adopter une
conduite raisonnée de ces politiques pour ne
pas attiser un climat de tension. Ces six suspen-
sionstendentpourtantàlefavoriser.D’abord,les
conditions sont floues : la définition de la « me-
nace »tellequ’elleestprésentéedansletextedeloi
estlarge...trèslarge.Sontsoupçonnéesd’activités
terroristes, toutes personnes interpellées pour «
détention de substances dangereuses et consultation régulière
desitewebfaisantl’apologieduterrorisme ».Rappelons
que la définition du concept de terrorisme pose
de nombreuses difficultés : dans cette loi, pre-
nons garde à ce que cette notion ne renvoie pas
à une vision réductrice d’un terrorisme unique-
mentreligieux.Deplus,aucunjugement,aucune
condamnation n’est préalable à ces suspensions
: elles ne sont basées que sur des soupçons. Or,
l’essence même du droit français réside dans la
présomption d’innocence. L’article 25 du Code
Pénal stipule qu’une « déchéance de la nationalité
doit être motivée par la condamnation d’un délit ou d’un
crime constituant une atteinte aux intérêts fondamentaux
de la nation », tandis son référé 25-1 signale que
seules les nationalités acquises (et donc non ob-
tenueàlanaissance)sontrévocables.Danscecas
précis, ces confiscations semblent préventives
à un jugement et le terme de déchéance de na-
tionalité semble impropre. Pourtant, le caractère
reconductible de ces mesures peut inquiéter : les
conditions de confiscation sont détaillées alors
que celles des restitutions restent vagues. Quid
alors de la constitutionnalité de cette loi ? La
mise en garde à vue pour soupçons d’entreprise
terroristesontréglementéeetnepeuventpasdé-
passer36h.
Alors que Manuel Valls, Premier ministre, an-
noncequ’il« yenauraplus »,lanécessitédedivul-
gationdecesidentitésconfisquéesestincontour-
nable. Enfin, rappelons que la condamnation
systématique d’une population pour ses choix et
ses revendications participe amplement à sa stig-
matisation et sa propre exclusion. Aujourd’hui,
mieux vaut-il prévenir que guérir, surveiller que
punir ?
N.M
Loisanti-terrorisme cachezcesidentitésquejenesauraisvoir
8. 8
CODEX
S
urunéchantillonde414sujetssains,leTruvadaapu
prévenir la contraction du virus chez 86% des par-
ticipants de l’étude Ipergay. Sur les 35 % de volon-
taires qui ont contracté une infection sexuellement
transmissible (IST), seuls 0,94 % du « bras » qui a
reçu le traitement a développé le sida contre 6 %
pour le « bras » sous placebo. Une étude antérieure,
Iprex, réalisée entre 2007 et 2011, avait obtenu des résultats similaires : le
médicamentagiraiten préventiondans44% descas.Lafourchettedeces
résultats montre que l’utilisation du traitement est efficace dans un peu
moins d’un cas sur deux.
L’autorisation de mise sur le marché (AMM), qui autorise la prescription
du Truvada en France, est pour l’instant restreinte au traitement curatif.
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a décidé de le
placer sous le régime des Recommandations temporaires d’utilisation
(RTU) pour sa forme préventive. Les médecins peuvent donc prescrire
le médicament sous surveillance médicale. Les résultats observés lors de
cette phase permettront, ou non, son utilisation en prévention du sida.
L’ANSM devrait rendre sa décision le 14 juillet 2015.
Risques décuplés
Une nouvelle souche du virus (CRF-19) a été découverte chez 52 % des
patients cubains sidéens. Son mode opératoire est inédit : jusqu’alors le
virus avait un mode d’infection mono-site, il ne se fixait que sur une seule
cellule et produisait ensuite ses copies. CRF-19 a abandonné ce premier
ancrage : son mode d’infection est multi-site. Le développement du virus
est donc accéléré et sa période d’incubation, estimée, à 3 ans contre 6 à
10 ans pour les souches plus anciennes. Aussi, la chance de contracter le
virus est décuplée puisque plusieurs infections mono-sites peuvent sévir
en même temps.
La recherche pour la lutte contre le sida évolue globalement mieux qu’à
ses débuts. Aujourd’hui, les traitements stabilisent la charge virale : on
peut rester séropositif plus longtemps sans développer le sida. La charge
destraitementsaégalementdiminuée.Ilya5ans,unequarantainedemé-
dicaments était nécessaire aux soins. Parallèlement, les recherches conti-
nuent pour trouver un vaccin. Enfin, la vie d’un malade est devenue, dans
certains cas, compatible avec un mode de vie normal. Rappelons tout de
même que l’utilisation du préservatif reste le moyen de protection le plus
efficace.
N.M
L’étude Ipergay montre l’efficacité d’un traitement
préventif au VIH grâce au médicament Truvada.
Jusqu’ici utilisé pour tenter de guérir l’infection,
il pourrait dès 2015 être indiqué en prévention.
Tandis que la nouvelle souche CRF-19 du virus
fait son apparition à Cuba, la recherche pour la
lutte contre le sida accumule les succès.
Truvadaversdestraitementspréventifsdusida
10. 10
CODEX
Le marché de l’automobile chinois se
porte bien. Et même plus que bien.
Si d’une façon générale dans le
monde, les chiffres sont plutôt en berne,
la Chine, elle, a vu son parc automobile
s’agrandir de façon exponentielle depuis
l’année dernière, avec un « grand bond
en avant » de 12%. Fin 2014, 264 mil-
lions de véhicules circulaient sur le terri-
toire chinois. Dans certaines métropoles,
comme Shanghai et Pékin, le parc automo-
bile a même atteint les 2 millions d’unités.
En quelques années, la Chine s’est donc
imposée comme le premier marché mon-
dial de l’automobile, et ce, sans surprise.
Car la nouvelle première puissance écono-
mique a vu apparaitre une nouvelle classe
de population, dite « classe moyenne »
dont le pouvoir d’achat a augmenté de
manière significative ces dernières années.
L’acquisition d’une voiture reste symbole
d’une certaine aisance sociale. Ainsi à Pé-
kin, on compte désormais 63 véhicules
pour 100 ménages, selon les chiffres du
Comité des Constructeurs Français d’Au-
tomobiles.
Mais cette avancée n’est pas sans consé-
quence. Considérée comme l’un des deux
plus grands pollueurs de la planète, la
Chine a du faire face récemment à plu-
sieurs pics de pollution et les images du
« smog » chinois ont choqué la planète.
Le 28 février dernier, un documentaire ré-
alisé par une ancienne présentatrice de la
télévision nationale a remis de l’huile sur
le feu. Intitulé « Under the Dome - In-
vestigating China’s haze » (Sous le Dôme
– Enquête sur le brouillard chinois), le
court-métrage met en avant les risques
de la pollution sur la santé, mais aussi
les conflits d’intérêts entre le gouverne-
ment et les entreprises chinoises aux ac-
tivités polluantes. En quelques jours, le
documentaire aurait été visionné plus de
30 millions de fois, témoignant ainsi des
préoccupations de la population chinoise.
Or, qui dit population mécontente dit
gouvernement en danger. Car le contrat
social chinois repose sur un principe
simple : des habitants avec un niveau et
des conditions de vie en baisse devient
vite synonyme d’une baisse de confiance
dans l’action du gouvernement, alors illé-
gitime. À cette première difficulté s’ajoute
pour le gouvernement chinois la pression
internationale pour réduire les émissions
de gaz à effet de serre, mais aussi et sur-
tout l’inexorable diminution des réserves
de pétrole. « Les autorités chinoises savent que
les ressources pétrolières sont finies et ils voient
déjà plus loin. Ils ont encore du charbon, et n’ont
pas encore exploité le gaz de schiste, ce qu’ils fe-
ront sans doute si cela leur est indispensable. »
explique Denis Astagneau, président de
l’Association Française de la Presse Auto-
mobile et journaliste spécialiste de l’auto-
mobile à France Inter. Mais aujourd’hui,
c’est vers le marché de l’automobile élec-
trique que se tourne le gouvernement.
Une solution qui sur le papier se vend
bien, mais qui dans les faits, semble plus
difficile à mettre en place.
Les mauvais choix du
gouvernement chinois
Dès 2011, le gouvernement chinois a
amorcé un premier pas vers le véhicule
électrique en demandant aux construc-
teurs locaux de concevoir une petite
voiture de moins de 3000€. Le résultat
avait été une « voiturette », allant jusqu’à
50km/h, d’une autonomie maximum de
100km, à l’intérieur spartiate, et inter-
dite de circulation sur les autoroutes et
les grands axes routiers des métropoles.
Mais malgré ce premier échec, le marché
automobile électrique chinois est long-
temps resté la chasse gardée des deux
grands constructeurs nationaux Build
Présentée comme une solution aux questions énergétiques et environnementales,
l’électricité comme nouvelle source d’énergie a su faire rêver. Dans le domaine de
l’automobile, le véhicule électrique est apparu comme une solution miracle. Pourtant
sa mise en place reste laborieuse et ce particulièrement en Chine. L’Empire du
Milieu est-il capable de réorienter son parc automobile? Et surtout, quelles seraient
les conséquences sur le marché économique mondial ?
Nouveau moyen de pression chinois?
Véhiculeélectrique
16. 16
CODEX
Dans plusieurs communes de France, les hôpitaux sentent monter la fièvre. Entre le rattrapage
des réductions du temps de travail (RTT) pour certains et celui des emprunts toxiques pour
d’autres, les administrateurs hospitaliers peinent à garder la forme. À cela s’ajoute les mots «
déficit », « investissements » ou encore « objectifs budgétaires ». L’entreprise médicale
est en crise... et les Français, eux aussi, se font porter pâles : moins de médecins de ville de
secteur 1, moins de moyens, moins de lits. En France, la mauvaise santé des établissement
hospitaliersestaujourd’huiàdoubletranchant.Leservicehospitaliernetiendraitplusl’équilibre
entre aspects économique et humain. « L’hôpital est un établissement public où les malades
ont leur maux à dire », disait Serge Mirjean...Aussi bien sur les feuilles de soins que les
rapports d’activité.
dossier de Sélène Agapé
Hopitaux français :
S.O.S Santé en
danger
17. 17
CODEX
« Emprunts toxiques », « dettes pourries », les
appellations sont nombreuses pour qualifier
le poison qui parasite les dettes des hôpitaux
publics français. Pourtant, ils ne sont pas in-
connus du grand public… et du gouverne-
ment français. En 2008, en pleine crise des
subprimes et post-municipales, la France
découvre que des milliers de communes
françaises sont touchées par les emprunts
toxiques. Les malheureux nouveaux maires
s’aperçoivent que leurs prédécesseurs ont
contracté ces emprunts sous forme de pro-
duit structuré qui évolue selon la fluctuation
des marchés financiers. Les crédits finan-
ciers risqués concernent 5 500 communes
– qui n’ont pas toujours été très attentives
et conscientes des conséquences – dont le
montant des dettes et des taux d’emprunts
est au bord de l’implosion. Du côté des
créanciers, on pointe du doigt des banques
peu scrupuleuses dont une qui représente les
deux tiers du marché des emprunts toxiques
des communes : Dexia. Cette banque fran-
co-belge-luxembourgeoise, ex-Crédit local
de France, aurait vendu à près de 5 000 col-
lectivités locales françaises 12 milliards d’eu-
ros de crédits structurés ou spéculatifs. Six
ans après le scandale, feu Dexia – démantelé
en 2012 – serait responsable du péril de 53
communes françaises. Cette affaire est une
illustration des dérives de la finance inter-
nationale… qui n’aura pas pourtant servi
de leçon à toutes les entités administratives
et gouvernementales, puisqu’aujourd’hui
ce sont les hôpitaux français qui sont pris
dans la tourmente. Et après les élus, ce sont
les administrateurs hospitaliers qui appa-
raissent comme les nouveaux « pigeons »
des opérations financières empoisonnées.
Le mot d’ordre :
« investissement »
« Dès 2009, nous – la fédération CFDT santé
sociaux – avons abordé le problème des emprunts
avec Annie Podeur qui était la directrice de l’organi-
sation et de l’offre de soins (DGOS) au ministère de
la Santé de l’époque. Il nous avait été dit de ne pas
nous inquiéter car très peu d’établissements étaient
concernés et qu’en cas de problème tout serait résolu
rapidement. Au fil des années, nous nous sommes
aperçus que c’était un leurre, se désole Dominique
Coiffard, secrétaire national CFDT santé sociaux.
De plus, un hôpital n’est aujourd’hui compétitif
que s’il investit. » Les premiers rouages de
l’engrenage toxique se mettent en place dès
mai 2005 avec le futur Plan hôpital 2007. Un
ensemble de mesures pour lever « les freins
qui pèsent sur les hôpitaux » mais aussi en fi-
ligrane pour pallier au sous-investissement
hospitalier. En octobre 2007, le président
de la République, Nicolas Sarkozy prend le
dossier à bras le corps et confie au sénateur
des Yvelines, Gérard Larcher, la mission de
mener à bien une concertation sur les mis-
sions de l’hôpital. Six mois après le chan-
tier, le sénateur rend son rapport et dévoile
une série de recommandations comme la
transformation du conseil d’administration
en conseil de surveillance, la modernisation
du statut de l’hôpital public mais surtout le
renforcement des pouvoirs des directeurs
d’hôpitaux. Le 22 octobre 2008, l’ensemble
des propositions est présenté sous la forme
de la loi Hôpital, patients, santé, territoire
(HSPT) en Conseil des ministres pour af-
finer les missions de l’hôpital et étudier les
modes d’administration. Le 21 juillet 2009,
la réforme de l’hôpital est adoptée et les di-
recteurs d’hôpitaux sont désignés comme
grands gagnants. Ils ravissent l’essentiel des
pouvoirs du conseil d’administration et dé-
sormais gèrent, entre autre, la politique gé-
nérale de l’hôpital, les dépenses et recettes
et les pôles d’activités de la structure. Du
côté du corps médical, certains ne cachent
pas leur crainte que les directeurs d’hôpitaux
se lancent dans une recherche de résultats
économiques, au détriment de probléma-
tiques médicales et de conséquences non
anticipées. « Les fameuses mesures de 2007 puis
2012, prises par le gouvernement ont permis un in-
vestissement fort. C’est à ce moment que des banques
sont entrées en scène pour faire des propositions aux
hôpitaux, qui se sont engouffrés dans ces offres »,
explique Dominique Coiffard. À l’instar
des maires, ils ont fait le choix de l’emprunt
pour pallier la baisse de régime des hôpitaux
et endiguer le sous-investissement, en fai-
sant fi des primes de risques à l’avenir.
15janvier2015,c’estlapaniquedansleshôpitauxfrançais.Lefrancsuisseestlibre…Libre
de s’échanger à sa guise contre l’euro. Ce qui coûte cher aux établissements hospitaliers.
Déjà englués dans leurs emprunts, ces derniers n’en finissent plus de s’enfoncer avec
des dettes qui flambent d’heures en heures. À qui la faute ? Hôpitaux, créanciers,
gouvernements… Peu importe, dans cet horizon médical aux portes de la suffocation.
Emprunts toxiques
Hôpitaux publics à
bout de souffle
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s PS aux airs
rès UNEF
Un congrès du PS durant une présidence socialiste est toujours un exercice périlleux. En
2008, celui de Reims s’était achevé dans les larmes de Ségolène Royal. Sept ans plus
tard, les socialistes redoutent « un nouveau congrès de Rennes » (1990) au cours duquel
LaurentFabiusetLionelJospins’étaientaffrontéssansvainqueur.Lecongrèsdemi-mandat
doit définir la ligne politique à tenir pour espérer se faire réélire à la prochaine échéance
présidentielle. Or, lorsque toute une aile du parti fronde déjà à l’Assemblée, au point de
forcer le Gouvernement à engager sa confiance pour faire voter une loi, rien ne va plus.
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filent dans les rues parisiennes, ce qui fait
prêter ce bon mot à Jacques Chirac, alors
Premier ministre «les lycéens, c’est comme
le dentifrice, quand ils sont sortis du tube,
on ne peut plus les faire rentrer.» Cette mo-
bilisation assiéra définitivement la stature
des futurs personnalités issues de l’UNEF
: Jean-Christophe Cambadélis, Philippe
Darriulat, Manuel Valls, Christophe Borgel,
Christophe Ramaux, Désormais, Jospin ne
sert plus d’intermédiaire puisque tout est
directement traité entre Mitterrand, Dray,
Bianco et Cambadélis.
Du milieu syndical au milieu
politique
Si l’engagement syndical découle bien sou-
vent d’un engagement politique, les deux sont
interdépendants et possèdent la capacité al-
truiste de l’engagement pour les autres. « Der-
rière toutes relations syndicales, il y a des relations
politiques avec l’intervention des différents partis qui
essaient de détourner les mouvements de jeunes en leur
faveur » assure François Sabado. À ce jeu, c’est
François Mitterrand qui se révèle le plus fort,
notamment lorsqu’il affirme en 1986 « Les étu-
diants savent bien de quel côté vont mes sympathies. »
Tout cela n’est que l’aboutissement du travail
initié en 1968 et dans les comités d’action
lycéens (par exemple celui présidé en 1973
par Michel Field contre la loi Debré). Mais
il avait fallu attendre 1976-1977 et la fin des
effets différés de mai 1968 pour effectuer un
travail de masse dans l’université. Pour ceux
de tendance autogestionnaire, l’engagement
au MAS était la voie royale. Mais les relations
de la LCR étaient aussi tendues avec les ro-
cardiens notamment à cause du COSEF. L’in-
tention de Mitterrand était claire : rassembler
des jeunes de gauche et les convertir au PS.
En cela, SOS Racisme, l’UNEF et le MJS
permettait de priver le Parti communiste du
renouvellement de ses futurs cadres en se les
appropriant.
En 1980, le milieu syndical étudiant désire
réaliser l’union de la gauche pour permettre
le changement de majorité présidentielle et
l’unité au pouvoir. Pour François Sabado,
« réellement, la société semblait tendre dans le sens
des engagements trotskystes.» La perspective uni-
taire alors très forte l’emporte donc, non sans
arrières pensées de part et d’autre. François
Sabado explique : « L’OCI a toujours regardé
la Ligue d’un mauvais œil. Lors de la réunification,
il voulait détruire la Ligue. Les deux n’avaient pas
réussi à se mettre d’accord sur un texte commun ni à
s’entendre sur un candidat commun pour les présiden-
tielles de 1981. »
Les courants politiques
dans les mouvements
étudiants
En mai 1968, l’UNEF est désorganisée, tiraillé
par ses divisions entre socialistes (SFIO, CERES,
PSU), communistes (staliniens du PCF), maoïstes
et trotskystes (pablistes et lambertistes). Alors
que les rocardiens du PSU tiennent le bureau
national grâce à une alliance avec les maoïstes,
l’ensemble des autres mouvements se liguent
contre eux et le syndicat historique se scinde en
1971 en deux syndicats étudiants. D’un côté, il y
a l’UNEF-Renouveau, émanation de l’UEC (Union
des étudiants communistes), le mouvement jeune
du Parti communiste. Ils sont alors soutenus par
les chevènementistes du CERES et les maoïstes.
De l’autre, on retrouve l’UNEF-US (Unité syndicale)
à majorité trotskyste-lambertiste qui regroupe les
socialistes (du PS et du PSU) et les lambertistes
de l’OCI (Organisation communiste internationale)
à tendance favorable à la refondation syndicale
(TRS). En 1976, les trotskystes de la Ligue
communiste révolutionnaire fondent un syndicat
étudiant indépendant : le MAS (Mouvement d’action
syndicale) à tendance syndicale autogestionnaire
(TSA).En1980,l’UNEF-USetleMASfusionnentpour
former l’UNEF-ID (Indépendance et démocratie)
lors du congrès de Nanterre. Les lambertistes de
l’OCI sont alors majoritaires à 55 %. Le MAS (LCR)
représente alors 35 % des adhérents. Enfin, les
socialistes du PS sont environ 10 %. Le rapport
de forces se modifiera en 1986 lorsque plus de
400 trotsksytes quittent l’OCI devenue PCI (Parti
communiste internationaliste) pour rejoindre le
PS. A partir de là, les socialistes sont et restent
majoritaires. En 2001, l’UNEF-ID et l’UNEF- RE se
réunifient.
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Le 21 janvier dernier, François Hollande évoquait, à l’occasion de ses vœux à l’Education nationa
générale » en faveur des valeurs républicaines à l’école. Deux semaines après les attentats de Charli
l’Etat souhaite qu’ « une attention particulière » soit portée à l’enseignement du fait religieux. Dès la ren
devrait se voir renforcer dans les futurs programmes scolaires du primaire et du secondaire.
« La laïcité
de la sociét