Aujourd'hui se tient la Journée Mondiale du livre et du droit d'auteur !
Le saviez-vous ? Le LAAC n'est pas uniquement un lieu où l'on admire des œuvres plastiques, c'est également un centre de documentation, et nos équipes ont à cœur de transmettre leurs connaissances sur les collections du musée, notamment grâce à des éditions (que vous connaissez tous, bien sûr, si vous nous suivez ! ).
Pour cette journée, nous vous proposons de lire 3 entretiens avec les personnes qui en sont à l'origine !
V Encuentros de Centros de Documentación de Arte Contemporáneo ARTIUM - Didie...
Entretiens
1. Entretien
autour des
éditions
du LAAC
AVEC CAMILLE BOUQUET,
DOCUMENTALISTE, CLAUDE
STEEN, RESPONSABLE DE LA
RESTAURATION ET DE LA
CONSERVATION DES ŒUVRES,
MATTHIEU SENHADJI, CHARGÉ
DE PRODUCTION ÉDITORIALE, ET
SOPHIE WARLOP, DIRECTRICE
DES MUSÉES
2. Matthieu Senhadji
CHARGÉ DE PRODUCTION
CULTURELLE ET ÉDITORIALE
Camille : Bonjour Matthieu, peux-tu présenter ta fonction au sein des musées ?
Matthieu : Bonjour Camille, je suis depuis janvier 2020 chargé de production éditoriale
et culturelle au sein de la direction des musées. À ce titre, j’assure le suivi éditorial des
publications des deux musées dunkerquois, à savoir la série des Voyages pittoresques
initiée l’an dernier, celle des Tour du LAAC initiée en 2018, et enfin les livrets
d’expositions temporaires du LAAC.
3. Camille : D'accord ! Parle-nous un peu de ton expérience pour Voyages Pittoresques.
Qu'as-tu dû faire ? En quoi consiste un suivi éditorial ?
Matthieu : Il s’agit essentiellement d’assurer la bonne transmission d’éléments
textuels et iconographiques entre les auteurs et autrices, nombreux ici, et l’éditeur.
La première étape de ce projet a consisté à construire un synopsis de concert avec
la direction de publication et de participer à la définition d’un sommaire et
d’orientations fortes pour un premier numéro, qui serviront également de « modèle »
pour les suivants.
Ensuite, une des premières tâches à effectuer est de mettre à disposition des auteurs
et autrices invité.e.s (lorsqu’ils ne font pas partie des équipes du musée) les éléments
documentaires dont nous disposons, afin qu’ils et elles puissent orienter leurs
recherches. Cette première étape s’accompagne de la communication de consignes
en termes de calibrage des textes et de leur iconographie. L’éditeur ayant besoin, au
final, de textes et de fichiers visuels « bon à monter » (ou bons pour l’édition), mon rôle
a consisté également à lire et relire les textes reçus, contrôler parfois les sources
utilisées par les auteurs et autrices, leur demander ou leur proposer des
reformulations, des corrections, ou des contrôles, lorsqu’un contenu manque de clarté
ou semble erroné.
4. S’agissant des dossiers iconographiques, j’ai à la fois assuré les commandes de visuels
auprès de prestataires extérieurs au musée et organisé la campagne photographique
couvrant les œuvres et objets du musée reproduits dans le livre et pour lesquels nous ne
disposions pas de visuels en haute définition (bons pour l’édition).
Cette première édition a suscité beaucoup d’adaptations en cours de route, il aura donc
fallu veiller tout au long du projet à une bonne communication et à la faisabilité technique
et financière du projet.
Camille : Ça me parait très intense ! As-tu travaillé différemment pour le catalogue Appel
Circus ?
Matthieu : Oui, dans le sens où j’ai davantage participé à l’élaboration
et à la construction, en entente avec l’éditeur, de la maquette du livre.
Oui également dans le sens où il a fallu d’emblée déterminer et
délimiter précisément les axes de recherche des trois autrices,
puisqu’elles travaillaient toutes trois sur un corpus assez restreint.
5. J’ai par ailleurs mené des recherches plus poussées sur le corpus
d’œuvres de Karel Appel étudié. J’ai davantage accompagné les
trois autrices dans leurs propres recherches, contacté à plusieurs
reprises la fondation Karel Appel à Amsterdam, pour contrôler
certaines informations douteuses.
À la demande d’une autrice, j’ai également procédé à un travail de
vérification poussé de ses sources bibliographiques. Par ailleurs et
sur un plan plus quantitatif, le nombre d’interlocuteurs et
d’interlocutrices était moins élevé que pour Voyages pittoresques 1,
et l’organisation sensiblement différente par conséquent.
Finalement, le musée a donc une meilleure connaissance de cet
ensemble d’œuvres, grâce à ce travail de recherche. Malgré cela,
certaines tâches étaient identiques : relecture (la correction à
proprement parler était confiée à une personne extérieure au
musée), campagne photographique, commande de visuels…
6. Camille : Pour finir, qu'est-ce qui te plaît dans cette mission ?
Matthieu : Avant tout, l’étendue et la diversité des sujets et des textes qui passent entre mes
mains, puisque les éditions couvrent à la fois les collections du LAAC et celle de l’ancien
musée des beaux-arts. Le fait également d’être confronté et d’adapter ma propre sensibilité
à des sujets, des personnalités, des approches et des styles d’écriture très variés.
J’éprouve un certain plaisir à avoir participé au lancement de la série des Voyages
pittoresques, mené dans un temps relativement limité et dans des circonstances
exceptionnelles. D’un manière plus générale, avoir participé aux deux projets d’édition, alors
même que les deux musées sont fermés, revêt une signification particulière et une saveur
spéciale.
7. Sophie Warlop
CONSERVATRICE ET DIRECTRICE
DES MUSÉES DE DUNKERQUE
Camille : Bonjour Sophie, vous êtes directrice et conservatrice des musées. Quel a été votre
rôle dans ce projet d'édition des Voyages Pittoresques ? Pourriez-vous nous l'expliquer ?
Sophie : Il s’agissait surtout de rassembler autour d’un nouveau projet des auteurs pour
leur expertise et leurs spécialités, un éditeur qui nous suivrait plusieurs années, une équipe
en interne, bref un réseau avec, chacun, son périmètre d’action mais, ensemble, un objectif
commun. C’est un pilotage car c’est une initiative nouvelle qui implique donc une capacité
à imaginer un objet, à convaincre du bien-fondé puis à dérouler chaque étape pour y
advenir.
8. Camille : Pourquoi avez-vous décidé d'éditer un nouveau catalogue de collections
du musée des beaux-arts ?
Sophie : Le dernier catalogue de collection du musée des beaux-arts date du
XXe siècle ! Je souhaitais à la fois remédier à ce manque de ressources qui dénote
aussi d’un déficit de connaissance de la collection et d’expertises. Par ailleurs,
comme nous œuvrons à un futur projet, il s’agit aussi de partager l’évolution du
dossier avec les lecteurs. Il est prévu plusieurs volumes, un peu comme un rendez-
vous régulier d’ici l’ouverture du futur lieu…
Enfin, des pages sont confiées à un auteur d’un autre genre, un dessinateur pour le
premier volume et une artiste photographe pour le deuxième… c’est une manière
de dire que l’appropriation des collections peut se faire de façon très diverse.
9. Camille : Que représente pour vous l'édition de ce catalogue ?
Sophie : Le début d’une aventure … C’est un objet qui symbolise à mes yeux un profond
désir de repartager les collections…
Camille : Le nouveau Tour du LAAC 3 est sorti ! Quelle sera la suite ?
Sophie : Le quatrième Tour du LAAC ! Nous avons collectivement choisi un corpus
d’œuvres qui traitent de la relation entre les arts plastiques et l’écriture, toujours dans
nos collections… Nous préparons aussi pour 2022 un nouveau catalogue des collections,
celui produit en 2005 à l’occasion de l’ouverture devant être réactualisé. Les éditions
sont des projets assez longs qui nécessitent beaucoup de préparation et doivent être
anticipés du fait des nombreux collaborateurs et surtout des temps de recherche qui
précèdent…
10. Claude Steen
RESPONSABLE DE LA CONSERVATION-
RESTAURATION DES ŒUVRES
Camille : Bonjour Claude, vous faites partie de l'équipe d'auteurs et autrices du catalogue
Voyages Pittoresques. Ce n'est pas la première fois que tu écris pour les catalogues du
musée. Comment se prépare l'écriture d'un sujet ? Trouves-tu l'exercice difficile ?
Claude : Je suis plutôt intuitive. Un sujet, un thème, une réflexion m’intéresse, me pose
question, alors je creuse, je lis, je procède à des recherches et contacte des personnes
« ressources ». De façon générale, je ne trouve pas l’exercice de l’écriture difficile. Ce qui
peut le rendre complexe est la cible - c’est-à-dire le type de lecteur - donc écrire avec un
vocabulaire adapté. Le nombre de signes (ou caractères) peut également parfois rendre
l’exercice d’écriture complexe quand on a beaucoup à raconter ou lorsqu’il faut résumer un
fait, un contexte historique.
11. Camille : Qu'est-ce qui t'a plu dans cet article, parle-nous un peu de celui-ci ?
Claude : J’ai écrit trois articles, dont un à quatre mains. Tous me plaisent. J’apprécie plus
particulièrement raconter des histoires, tirer les fils afin de savoir comment les objets et
œuvres d’art sont parvenus jusqu’au musée, leur circulation, leur histoire et culture
matérielle.
Camille : Une fois le texte considéré comme fini, quelles étapes
sont nécessaires pour que ton article soit validé ?
Claude : Je dirai qu’un texte est comme une pâte à pain ; il faut le
laisser se reposer, l’oublier quelques temps. À sa relecture, des
« coquilles » apparaissent, des tournures de phrases
insatisfaisantes. Après l’avoir repris – ou pas – , je le fais relire à des
proches, des collègues et nous débattons. Le texte prêt est ensuite
envoyé pour l’édition, avec son iconographie.
12. Camille : Sur quoi aurais-tu envie d'écrire prochainement ?
Claude : Beaucoup de sujets m’intéressent et parmi eux, la perception, le processus de
fabrication de l’objet/l’œuvre, sa culture, son statut, la réflexion entre sa conservation et
sa monstration dont celui de son contexte historique. Les objets dits « inutiles,
anecdotiques, peu intéressants » trouvent toujours leur place dans mes textes qui
s’apparentent parfois à des exercices d’écriture… Les collections du musée des beaux-
arts sont tellement variées et recèlent de petites pépites pour celui qui sait regarder et
chercher !