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Renard’Express
Interview
réalisée par les
élèves de 3°4
2
A quel âge as-tu décidé de devenir joueur professionnel ?
J’ai commencé tôt parce que mon père jouait déjà au foot, et mon grand frère était aussi
footballeur professionnel, donc ça a été assez rapide. J’ai commencé comme tout le monde
à 7-8 ans au quartier. Après, je suis parti dans un club un peu plus structuré, qui était l’AC
Arles, je suis du sud, puis je suis parti à Nîmes et de Nîmes à Auxerre, c’est là où tout a
commencé. Mais à partir de, aller 11 ans je savais que c’était le foot qui allait prendre le pas
sur le reste.
A quel âge as-tu signé ton premier contrat ?
Je l’ai signé à 17 ans et quelques mois mais vu qu’il faut être majeur, il a pris effet à mes 18
ans.
Qui t’a donné la passion du football et qui était ton modèle ?
Comme je l’ai dit tout à l’heure, c’est ma famille. Mon père, mon frère, tous mes frères ont
joué au football mais on ne m’a pas forcé, le foot était déjà en moi. Mon modèle, c’était
Jean-Pierre Papin et c’est toujours Jean-Pierre Papin, c’est un peu vieux pour vous mais je
pense que vous connaissez quand même.
Qui t’a le plus soutenu ?
Je dirais ma mère parce que pour acheter une licence, il faut de l’argent. Ma mère était seule
avec 7 enfants et n’avait pas forcément les moyens. Elle travaillait jour et nuit pour que mes
frères et moi puissent jouer au foot, avoir une licence, des crampons et un équipement
décent. Je dirais donc ma mère pour tous les sacrifices qu’elle a faits.
Quel a été ton premier club ?
Mon premier club était celui de l’AC Arles, le club de ma ville Arles mais après, mon premier
club pro, c'est Nîmes Olympique.
Que ressentais-tu en rentrant sur le terrain ?
Une fierté quand même parce que j’ai toujours voulu mettre un but en première division et
aussi le fait de faire vivre ma famille et de prendre du plaisir, c'est le plus important. Je suis
content d'avoir fait tous ces sacrifices, parce que c'est beaucoup de sacrifices, c'est
3
beaucoup de travail. J'avais des copains à l’époque qui sortaient en vélo avec des copines, et
nous, on n’avait pas tout ça. On était du lundi au vendredi au centre de formation, on
pensait qu’au foot, on n’avait que ça dans la tête, ce sont des gros sacrifices mais ça vaut le
coup.
Qui a été ton meilleur entraîneur ?
C’était Guy Roux, je ne sais pas si vous le connaissez aussi. Il a été comme un papa vu qu’il
s'est occupé de moi comme de son fils et aujourd’hui, j'ai une relation très spéciale avec lui.
C'est lui qui est venu me chercher, qui s'est occupé de moi, ce qui fait que j'ai eu une belle
carrière aujourd’hui donc oui, Guy Roux.
Avais-tu un rituel avant chaque
match ?
On essaye de ne pas trop les partager.
J’écoutais tout le temps de la musique,
de l'hôtel à l'entrée du terrain j'avais
toujours mon casque et je ne parlais à
personne. Ça embêtait beaucoup mes
coéquipiers qui voulaient parler
tactique. C'était un de mes rituels, j'en
avais d'autres mais c'est un peu plus perso.
Comment as-tu été recruté par Liverpool ?
J'avais déjà fait 3 saisons à Auxerre dont 2 fois meilleur buteur d'affilé et ça a été une bonne
relation entre Gérard Houllier et moi. Partir à l'étranger à 20 ans c'est un peu tôt, un peu
compliqué. Je ne parlais pas forcément la langue donc je me suis dit « l'entraîneur est
français, il y 2/3 joueurs français, ça sera un peu plus simple » donc j'ai choisi Liverpool parmi
tous les clubs.
Quel métier aurais-tu fait, si tu n’avais pas fait carrière dans le foot ?
J’aurais choisi un métier dans le domaine du sport. A l’âge de 14 ans je faisais de l’athlétisme
et j’allais très vite. Je ne me voyais pas faire autre chose que ça. Dans ma génération, deux
personnes dont moi sur 298 ont réussi dans le sport, j’ai eu beaucoup de chance que ça
marche.
© JB Autissier
4
Dans quel stade as-tu vu la meilleure ambiance ?
En Grèce, limite à avoir peur, en Turquie il y a aussi de belles ambiances et en France OM-
PSG c’est toujours spécial. J’ai eu la chance de jouer dans des pays qui aiment le foot comme
l’Angleterre (Liverpool).
Comment as-tu réussi à revenir sur le terrain
après tes deux blessures ?
J’ai même eu trois blessures. Après ma
première blessure, la presse et le monde
médical m’avaient dit que le foot était fini. Le
conseil que je vous donne est qu’il faut
toujours aller de l’avant et croire en soi, car
tous les corps sont différents et ne réagissent
pas tous de la même manière. J’étais sous
morphine et je me rappelle avoir dit au docteur que j’allais partir à Ibiza et revenir jouer
cette saison. Pour lui, c’était vraiment fini et j’ai même une anecdote à vous raconter !
Quand je me casse le tibia, les deux parties se chevauchent et je n’ai plus de sang dans le
pied. Je vois le docteur qui s’amuse avec mes orteils et il me dit qu’il faut qu’il réduise ma
fracture et que je comprendrais plus tard. Il compte jusqu’à trois, tire mon pied, remet l’os
et il me met une attelle. Un peu plus tard, il me rappelle et me dit « Tu te rappelles de ce
que je t’ai fait ? À 30 minutes près, il fallait t’amputer la jambe ». J’ai eu la chance d’avoir un
docteur compétent qui a eu les bons gestes et de la présence d’esprit.
Revenons au sujet, ma blessure c’était mental. C’est toi qui décides si tu reviens sur le
terrain. Mon rêve c’était au moins de faire une coupe du monde et j’en ai fait 2 ! Vous
devriez voir The Secret, c’est un documentaire sur les lois de l’attraction et on acquiert ce
qu’on pense. Si tu penses que tu n’as pas travaillé ton devoir d’anglais, tu auras une
mauvaise note, il n’y a pas de
secret. Tout est mental. Je suis
revenu après ma blessure et j’ai
joué 1 mois en Champions
League, chose sur laquelle même
moi je n’avais pas parié. J’ai
réussi à revenir une fois, une
deuxième fois et la troisième qui est la plus impossible de toutes. Là, vous me voyez mais j’ai
une prothèse en titane. On m’a dit « tu n’y arriveras pas » alors que j’ai fait 1 saison entière,
27 matchs, sans blessure. Tout ça pour vous dire que c’est le cerveau qui décide si tu vas y
arriver et personne d’autre ne le décidera.
©FAYOLLE / SIPA
LFC/Getty Images
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5
Quel est le plus beau but ou la plus belle action de ta carrière ?
C’est dur car il y a le plus beau but, le plus beau geste technique ou la
plus belle reprise de volée. Je suis marseillais de cœur donc je dirais
une reprise acrobatique contre Paris. J’avais vingt ans, je jouais à
Auxerre, c’était la première fois que je jouais contre Paris et surtout
c’était la première de Ronaldinho. Il est venu me prendre donc j’ai
essayé de faire une chose extraordinaire et j’ai réussi.
Quels sont les avantages et les inconvénients de ce métier ?
Franchement, il n’y a pas d’inconvénients parce que c’est beau de rencontrer des gens, de
partager un peu de son quotidien. Faire des photos, ça peut être contraignant mais quand
c’est bien fait et bien demandé, en général c’est cool. Les avantages, c’est que tu vis bien et
tu vis de ta passion. J'ai vu ma mère se lever à 5 heures du matin pour aller travailler du lundi
au dimanche sans arrêt pour nous nourrir parce qu’on était 7, c’est beaucoup ! J’ai 5 enfants
et j’élève mon dernier, je peux vous dire que je ne sais pas comment elle a fait. Juste le fait
de se lever le matin, de se dire « mon travail, c’est ma passion », ça n’a pas de prix et il n'y a
pas de mots pour ça ; donc pour moi il n’y a que des avantages, il n'y a pas d’inconvénients.
As-tu rencontré l’équipe de France actuelle ? Si oui, quel est ton joueur préféré ?
Non, je n’ai pas rencontré tout le monde mais j’en connais beaucoup séparément, par
exemple les plus anciens avec qui j’ai joués à Marseille : Mandanda, Adil Rami. Pour
Griezman, je le connais parce qu’il venait nous voir jouer quand il était petit. Après, Paul
Pogba, on se connait bien.
Selon toi, qui est le meilleur joueur actuel ?
Ah... Je ne vais peut-être pas me faire que des amis mais je dirais Messi. J’ai joué contre les
deux, je les connais très bien. La différence pour moi entre les deux, c’est le travail. Messi est
né fort, il est né talentueux. Cristiano, j’ai joué contre lui plus jeune, il n’était pas aussi fort
que maintenant donc j’ai vu sa progression et vraiment un coup de chapeau pour ça. En fait,
tout dépend sous quel angle on voit les choses. Dans l’angle du travail, de la persévérance,
de ne jamais rien lâcher et de toujours croire en soi, je mets Cristiano devant mais pour moi,
dans la finalité et ce que je vois sur le terrain, ça à l’air plus facile quand on voit Messi jouer.
©Getty Images
6
Qu’as-tu ressenti lors de ton dernier match professionnel ?
Beaucoup d’émotions, en plus pour moi c’était spécial. Je ne voulais pas arrêter, c’est que
j’avais un problème de hanche et je ne pouvais plus continuer parce que j’avais des fortes
douleurs. C’était ...c’était beaucoup d’émotions. A la fois beaucoup de satisfaction aussi
parce que ça fait 20 ans cette année. J’ai commencé en 1999 donc vous n’étiez pas nés je
pense. Un peu de déception aussi parce que j’aurais pu jouer un peu sans ma hanche.
Finalement, on se dit que c’est normal, j’ai pris la place de quelqu’un donc forcément il faut
laisser la place aux jeunes et maintenant c’est à mon tour de transmettre et d’être
entraîneur un jour, on ne sait jamais.
As-tu des enfants, si oui jouent-ils au foot ?
Oui, j’ai 5 enfants. Ma fille va avoir 18 ans en octobre et mon fils Cassius qui est très fort et
joue déjà au foot à Liverpool. Le problème et les avantages à son âge, ce sont les réseaux
sociaux. Cette génération où tout va vite, où vous avez tout à disposition avec plein de
distractions. Il n’y avait pas de distractions à mon époque, c’était le foot ou rien. Nous, pour
apprendre un geste technique, il fallait aller dehors et le pratiquer plusieurs fois. Je vous
conseille d’aller vous entraîner sur le terrain.
Mon fils a sa tablette et il regarde tous les
soirs les gestes techniques à faire. Il y a plein
de choses qui peuvent le distraire, par
exemple il a été repéré par une agence de
mannequin et c’est un peu ce qui me fait
peur mais niveau foot il est très fort. Si
Cassius a la tête où il faut, il réussira. J’ai
mon deuxième fils, Prince, qui lui aussi est
fort, il joue à Liverpool. Il est encore petit
mais on voit qu’il a du talent et il y a Marley qui lui s’en fiche totalement et mon petit
Gabriel qui commence à peine, il n’écoute pas, il prend le ballon, il commence à courir seul
mais on verra bien.
Que conseillerais-tu à un jeune joueur ?
Mon conseil c’est de toujours croire en soi, croire en ses qualités et de connaître ses défauts.
C’est très important pour pouvoir progresser et travailler dessus. Je n’ai pas voulu écouter
Guy Roux et travailler mon pied gauche et aujourd’hui j’ai un grand regret. Il y a un cercle
fermé de joueurs qui ont mis 100 buts en ligue 1 et je suis à 96. Avec un pied gauche, j’aurais
mis peut-être 20 buts de plus et j’aurais pu faire partie de ce groupe. J’allais très vite et je
frappais très fort mais je n’ai pas écouté et j’ai laissé mon pied gauche de côté. Je suis à 4
©Djbril Cissé
7
buts du Graal, ce n’est pas beaucoup mais je n’y suis
pas. Il faut aussi croire en soi. Même si parfois il y a des
coachs qui n’ont parfois pas la même vision et le
même système de jeu que toi, ça m’est arrivé une fois
dans ma carrière, de Liverpool à Marseille. Je me suis
fait recruter par Gérard Houllier, on le vire et le
nouveau coach ne me recrute pas car je n’étais pas son
genre de joueur alors que j’avais pourtant terminé
deux fois meilleur buteur en France donc j’ai dû partir. Il ne faut pas pour autant se
décourager et croire qu’on n’est pas fait pour ça. J’ai cru en moi et j’ai cru en mes qualités et
j’ai pu rebondir à Marseille.
As-tu déjà été confronté au racisme lors de ta carrière ?
Bien sûr, je suis content que vous me posiez cette question parce qu’encore aujourd’hui ça
arrive, c’est étonnant, ce n’est pas acceptable mais y’en a encore. Je l’ai vécu en Grèce, en
Russie à Saint Petersburg, c’est arrivé en Italie, un petit peu moins pourtant. J’ai signé dans
un club soi-disant l’un des plus racistes au monde, la Lazio de Rome, et je n’ai pas eu de
problèmes où soi-disant il devait y en avoir. Ça s’est très, très bien passé, et les pays où je ne
m’y attendais pas c’est arrivé. C’est encore un fléau, je pense qu’on peut tout mettre en
œuvre pour essayer d’arrêter ça, mais ça sera toujours compliqué parce qu’il y aura toujours
des gens très bizarres et limites qui ne devraient pas être parmi nous. C’est comme ça, on ne
pourra rien y faire et c’est à nous d’être assez fort parce qu’on le veuille ou pas, les plus
grands champions y ont été confronté qu’ils soient métis, noirs mais ça fera toujours ch***
quelques-uns. Ils vont l’accepter à un moment, c’est eux qui payeront les pots cassés. Quand
on regarde l’équipe de France aujourd’hui, il y a combien de joueurs de couleurs ? Il y a des
noirs, des espagnols, il y a de tout, il ya un mélange complet dans cette équipe, ce qui fait
qu’elle est championne du monde. C’est un mélange de tout, les gens vont s’y faire et vont
comprendre, ça va juste mettre du temps.
Quel a été le meilleur défenseur que tu aies affronté ?
C’est un peu loin pour vous peut-être mais je dirais Rio Ferdinand ou Vidić. Je ne sais pas si
ça vous parle mais ils étaient très forts à l’époque.
Quel effet ça fait d’avoir joué en équipe de France ?
C’est une fierté, pour moi c’était le deuxième stade de mon évolution. Déjà jouer en
première division puis jouer en équipe de France et faire des compétitions comme la Coupe
@le10sport
8
du monde et l’Euro. J’avais 21 ans à ma première Coupe du monde en 2002 et je vais vous
raconter cette anecdote parce qu’elle est marrante. J’étais chez moi et on avait deux
entrainements par jour donc entre les deux, je dors et on me réveille de ma sieste par un
coup de téléphone. Je décroche et on me dit : « oui, c’est Henri Émile, l’intendant de
l’équipe de France. Je viens t’annoncer que tu es recruté. » Et là, je dis « Ok d’accord. » Et je
lui raccroche au nez. Je me recouche et je me demande qui me fait cette blague. Ça me
trotte et là, deuxième coup de fil du même numéro : « Non, mais vraiment Djibril, c’est
Henri Emile, c’était juste pour te dire qu’après ce match tu viens avec nous en équipe de
France. « Je lui réponds : « ouais, ok, d’accord mais faut arrêter maintenant, je dors. » et je
raccroche donc deux fois. Ça me trotte encore. Je me lève de ma sieste pour l’entrainement
et le coach me voit arriver en avance et il me dit : « Pourquoi t’es en avance ? » et je lui
réponds : « bah, je ne sais pas. Il y a soi-disant Henri Émile qui m’appelle deux fois me disant
que je suis recruté en équipe de France. » Et il me dit : « Oui, je sais, et tu lui as raccroché
deux fois au nez. Il vient de m’appeler et il me dit que tu ne le crois pas donc il m’a appelé
pour te le dire. » Le soir même, ils ont envoyé un fax, vous ne savez peut-être même pas ce
que c’est, et j’ai reçu mon papier officiel de l’équipe de France. Vous pouvez donc imaginer
l’embarras dans lequel j’étais quand j’ai vu l’intendant à qui j’ai raccroché deux fois au nez…
Et ça s’est fait comme ça, au début je pensais que c’était une blague et finalement non !
Combien de tatouages as-tu et comment t’es venue
l’idée de créer ta marque de vêtements ?
Combien de tatouages ?! Franchement, je ne peux pas
dire, j’ai arrêté de compter à vingt. Ce que je sais, c’est
que je n’ai plus de place ! La mode, c’était inné. Petit,
mon père était dans la mode, mes frères, tout le monde, l’apparence, c’était
très important. Et ils m’ont donné ça. Même plus jeune que vous, j’allais
déjà dans les armoires de mes frères pour voler des habits, pour être bien, avec les filles
notamment. Et donc du coup c’est resté, et à un moment donné je me suis dit : « pourquoi je
ne créerai pas ma marque de vêtements ?». Et les gens ont accroché donc aujourd’hui, ça va,
on peut toujours faire mieux mais ça va. J’ai ma marque de lunettes qui est sortie
maintenant, et il y a plein de trucs cool qui sortent. Mais si vous avez la passion, lancez-vous!
©Cyril Duchêne1

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Interview de Djibril Cissé aux Renardières

  • 2. 2 A quel âge as-tu décidé de devenir joueur professionnel ? J’ai commencé tôt parce que mon père jouait déjà au foot, et mon grand frère était aussi footballeur professionnel, donc ça a été assez rapide. J’ai commencé comme tout le monde à 7-8 ans au quartier. Après, je suis parti dans un club un peu plus structuré, qui était l’AC Arles, je suis du sud, puis je suis parti à Nîmes et de Nîmes à Auxerre, c’est là où tout a commencé. Mais à partir de, aller 11 ans je savais que c’était le foot qui allait prendre le pas sur le reste. A quel âge as-tu signé ton premier contrat ? Je l’ai signé à 17 ans et quelques mois mais vu qu’il faut être majeur, il a pris effet à mes 18 ans. Qui t’a donné la passion du football et qui était ton modèle ? Comme je l’ai dit tout à l’heure, c’est ma famille. Mon père, mon frère, tous mes frères ont joué au football mais on ne m’a pas forcé, le foot était déjà en moi. Mon modèle, c’était Jean-Pierre Papin et c’est toujours Jean-Pierre Papin, c’est un peu vieux pour vous mais je pense que vous connaissez quand même. Qui t’a le plus soutenu ? Je dirais ma mère parce que pour acheter une licence, il faut de l’argent. Ma mère était seule avec 7 enfants et n’avait pas forcément les moyens. Elle travaillait jour et nuit pour que mes frères et moi puissent jouer au foot, avoir une licence, des crampons et un équipement décent. Je dirais donc ma mère pour tous les sacrifices qu’elle a faits. Quel a été ton premier club ? Mon premier club était celui de l’AC Arles, le club de ma ville Arles mais après, mon premier club pro, c'est Nîmes Olympique. Que ressentais-tu en rentrant sur le terrain ? Une fierté quand même parce que j’ai toujours voulu mettre un but en première division et aussi le fait de faire vivre ma famille et de prendre du plaisir, c'est le plus important. Je suis content d'avoir fait tous ces sacrifices, parce que c'est beaucoup de sacrifices, c'est
  • 3. 3 beaucoup de travail. J'avais des copains à l’époque qui sortaient en vélo avec des copines, et nous, on n’avait pas tout ça. On était du lundi au vendredi au centre de formation, on pensait qu’au foot, on n’avait que ça dans la tête, ce sont des gros sacrifices mais ça vaut le coup. Qui a été ton meilleur entraîneur ? C’était Guy Roux, je ne sais pas si vous le connaissez aussi. Il a été comme un papa vu qu’il s'est occupé de moi comme de son fils et aujourd’hui, j'ai une relation très spéciale avec lui. C'est lui qui est venu me chercher, qui s'est occupé de moi, ce qui fait que j'ai eu une belle carrière aujourd’hui donc oui, Guy Roux. Avais-tu un rituel avant chaque match ? On essaye de ne pas trop les partager. J’écoutais tout le temps de la musique, de l'hôtel à l'entrée du terrain j'avais toujours mon casque et je ne parlais à personne. Ça embêtait beaucoup mes coéquipiers qui voulaient parler tactique. C'était un de mes rituels, j'en avais d'autres mais c'est un peu plus perso. Comment as-tu été recruté par Liverpool ? J'avais déjà fait 3 saisons à Auxerre dont 2 fois meilleur buteur d'affilé et ça a été une bonne relation entre Gérard Houllier et moi. Partir à l'étranger à 20 ans c'est un peu tôt, un peu compliqué. Je ne parlais pas forcément la langue donc je me suis dit « l'entraîneur est français, il y 2/3 joueurs français, ça sera un peu plus simple » donc j'ai choisi Liverpool parmi tous les clubs. Quel métier aurais-tu fait, si tu n’avais pas fait carrière dans le foot ? J’aurais choisi un métier dans le domaine du sport. A l’âge de 14 ans je faisais de l’athlétisme et j’allais très vite. Je ne me voyais pas faire autre chose que ça. Dans ma génération, deux personnes dont moi sur 298 ont réussi dans le sport, j’ai eu beaucoup de chance que ça marche. © JB Autissier
  • 4. 4 Dans quel stade as-tu vu la meilleure ambiance ? En Grèce, limite à avoir peur, en Turquie il y a aussi de belles ambiances et en France OM- PSG c’est toujours spécial. J’ai eu la chance de jouer dans des pays qui aiment le foot comme l’Angleterre (Liverpool). Comment as-tu réussi à revenir sur le terrain après tes deux blessures ? J’ai même eu trois blessures. Après ma première blessure, la presse et le monde médical m’avaient dit que le foot était fini. Le conseil que je vous donne est qu’il faut toujours aller de l’avant et croire en soi, car tous les corps sont différents et ne réagissent pas tous de la même manière. J’étais sous morphine et je me rappelle avoir dit au docteur que j’allais partir à Ibiza et revenir jouer cette saison. Pour lui, c’était vraiment fini et j’ai même une anecdote à vous raconter ! Quand je me casse le tibia, les deux parties se chevauchent et je n’ai plus de sang dans le pied. Je vois le docteur qui s’amuse avec mes orteils et il me dit qu’il faut qu’il réduise ma fracture et que je comprendrais plus tard. Il compte jusqu’à trois, tire mon pied, remet l’os et il me met une attelle. Un peu plus tard, il me rappelle et me dit « Tu te rappelles de ce que je t’ai fait ? À 30 minutes près, il fallait t’amputer la jambe ». J’ai eu la chance d’avoir un docteur compétent qui a eu les bons gestes et de la présence d’esprit. Revenons au sujet, ma blessure c’était mental. C’est toi qui décides si tu reviens sur le terrain. Mon rêve c’était au moins de faire une coupe du monde et j’en ai fait 2 ! Vous devriez voir The Secret, c’est un documentaire sur les lois de l’attraction et on acquiert ce qu’on pense. Si tu penses que tu n’as pas travaillé ton devoir d’anglais, tu auras une mauvaise note, il n’y a pas de secret. Tout est mental. Je suis revenu après ma blessure et j’ai joué 1 mois en Champions League, chose sur laquelle même moi je n’avais pas parié. J’ai réussi à revenir une fois, une deuxième fois et la troisième qui est la plus impossible de toutes. Là, vous me voyez mais j’ai une prothèse en titane. On m’a dit « tu n’y arriveras pas » alors que j’ai fait 1 saison entière, 27 matchs, sans blessure. Tout ça pour vous dire que c’est le cerveau qui décide si tu vas y arriver et personne d’autre ne le décidera. ©FAYOLLE / SIPA LFC/Getty Images Read more: https://metro.co.uk/2019/04/14/ex -liverpool-player-djibril-cisses- sons-victims-of-horrendous-racist- abuse-online- 9199170/?ito=cbshare Twitter: https://twitter.com/MetroUK | Facebook: https://www.facebook.com/Metro UK/
  • 5. 5 Quel est le plus beau but ou la plus belle action de ta carrière ? C’est dur car il y a le plus beau but, le plus beau geste technique ou la plus belle reprise de volée. Je suis marseillais de cœur donc je dirais une reprise acrobatique contre Paris. J’avais vingt ans, je jouais à Auxerre, c’était la première fois que je jouais contre Paris et surtout c’était la première de Ronaldinho. Il est venu me prendre donc j’ai essayé de faire une chose extraordinaire et j’ai réussi. Quels sont les avantages et les inconvénients de ce métier ? Franchement, il n’y a pas d’inconvénients parce que c’est beau de rencontrer des gens, de partager un peu de son quotidien. Faire des photos, ça peut être contraignant mais quand c’est bien fait et bien demandé, en général c’est cool. Les avantages, c’est que tu vis bien et tu vis de ta passion. J'ai vu ma mère se lever à 5 heures du matin pour aller travailler du lundi au dimanche sans arrêt pour nous nourrir parce qu’on était 7, c’est beaucoup ! J’ai 5 enfants et j’élève mon dernier, je peux vous dire que je ne sais pas comment elle a fait. Juste le fait de se lever le matin, de se dire « mon travail, c’est ma passion », ça n’a pas de prix et il n'y a pas de mots pour ça ; donc pour moi il n’y a que des avantages, il n'y a pas d’inconvénients. As-tu rencontré l’équipe de France actuelle ? Si oui, quel est ton joueur préféré ? Non, je n’ai pas rencontré tout le monde mais j’en connais beaucoup séparément, par exemple les plus anciens avec qui j’ai joués à Marseille : Mandanda, Adil Rami. Pour Griezman, je le connais parce qu’il venait nous voir jouer quand il était petit. Après, Paul Pogba, on se connait bien. Selon toi, qui est le meilleur joueur actuel ? Ah... Je ne vais peut-être pas me faire que des amis mais je dirais Messi. J’ai joué contre les deux, je les connais très bien. La différence pour moi entre les deux, c’est le travail. Messi est né fort, il est né talentueux. Cristiano, j’ai joué contre lui plus jeune, il n’était pas aussi fort que maintenant donc j’ai vu sa progression et vraiment un coup de chapeau pour ça. En fait, tout dépend sous quel angle on voit les choses. Dans l’angle du travail, de la persévérance, de ne jamais rien lâcher et de toujours croire en soi, je mets Cristiano devant mais pour moi, dans la finalité et ce que je vois sur le terrain, ça à l’air plus facile quand on voit Messi jouer. ©Getty Images
  • 6. 6 Qu’as-tu ressenti lors de ton dernier match professionnel ? Beaucoup d’émotions, en plus pour moi c’était spécial. Je ne voulais pas arrêter, c’est que j’avais un problème de hanche et je ne pouvais plus continuer parce que j’avais des fortes douleurs. C’était ...c’était beaucoup d’émotions. A la fois beaucoup de satisfaction aussi parce que ça fait 20 ans cette année. J’ai commencé en 1999 donc vous n’étiez pas nés je pense. Un peu de déception aussi parce que j’aurais pu jouer un peu sans ma hanche. Finalement, on se dit que c’est normal, j’ai pris la place de quelqu’un donc forcément il faut laisser la place aux jeunes et maintenant c’est à mon tour de transmettre et d’être entraîneur un jour, on ne sait jamais. As-tu des enfants, si oui jouent-ils au foot ? Oui, j’ai 5 enfants. Ma fille va avoir 18 ans en octobre et mon fils Cassius qui est très fort et joue déjà au foot à Liverpool. Le problème et les avantages à son âge, ce sont les réseaux sociaux. Cette génération où tout va vite, où vous avez tout à disposition avec plein de distractions. Il n’y avait pas de distractions à mon époque, c’était le foot ou rien. Nous, pour apprendre un geste technique, il fallait aller dehors et le pratiquer plusieurs fois. Je vous conseille d’aller vous entraîner sur le terrain. Mon fils a sa tablette et il regarde tous les soirs les gestes techniques à faire. Il y a plein de choses qui peuvent le distraire, par exemple il a été repéré par une agence de mannequin et c’est un peu ce qui me fait peur mais niveau foot il est très fort. Si Cassius a la tête où il faut, il réussira. J’ai mon deuxième fils, Prince, qui lui aussi est fort, il joue à Liverpool. Il est encore petit mais on voit qu’il a du talent et il y a Marley qui lui s’en fiche totalement et mon petit Gabriel qui commence à peine, il n’écoute pas, il prend le ballon, il commence à courir seul mais on verra bien. Que conseillerais-tu à un jeune joueur ? Mon conseil c’est de toujours croire en soi, croire en ses qualités et de connaître ses défauts. C’est très important pour pouvoir progresser et travailler dessus. Je n’ai pas voulu écouter Guy Roux et travailler mon pied gauche et aujourd’hui j’ai un grand regret. Il y a un cercle fermé de joueurs qui ont mis 100 buts en ligue 1 et je suis à 96. Avec un pied gauche, j’aurais mis peut-être 20 buts de plus et j’aurais pu faire partie de ce groupe. J’allais très vite et je frappais très fort mais je n’ai pas écouté et j’ai laissé mon pied gauche de côté. Je suis à 4 ©Djbril Cissé
  • 7. 7 buts du Graal, ce n’est pas beaucoup mais je n’y suis pas. Il faut aussi croire en soi. Même si parfois il y a des coachs qui n’ont parfois pas la même vision et le même système de jeu que toi, ça m’est arrivé une fois dans ma carrière, de Liverpool à Marseille. Je me suis fait recruter par Gérard Houllier, on le vire et le nouveau coach ne me recrute pas car je n’étais pas son genre de joueur alors que j’avais pourtant terminé deux fois meilleur buteur en France donc j’ai dû partir. Il ne faut pas pour autant se décourager et croire qu’on n’est pas fait pour ça. J’ai cru en moi et j’ai cru en mes qualités et j’ai pu rebondir à Marseille. As-tu déjà été confronté au racisme lors de ta carrière ? Bien sûr, je suis content que vous me posiez cette question parce qu’encore aujourd’hui ça arrive, c’est étonnant, ce n’est pas acceptable mais y’en a encore. Je l’ai vécu en Grèce, en Russie à Saint Petersburg, c’est arrivé en Italie, un petit peu moins pourtant. J’ai signé dans un club soi-disant l’un des plus racistes au monde, la Lazio de Rome, et je n’ai pas eu de problèmes où soi-disant il devait y en avoir. Ça s’est très, très bien passé, et les pays où je ne m’y attendais pas c’est arrivé. C’est encore un fléau, je pense qu’on peut tout mettre en œuvre pour essayer d’arrêter ça, mais ça sera toujours compliqué parce qu’il y aura toujours des gens très bizarres et limites qui ne devraient pas être parmi nous. C’est comme ça, on ne pourra rien y faire et c’est à nous d’être assez fort parce qu’on le veuille ou pas, les plus grands champions y ont été confronté qu’ils soient métis, noirs mais ça fera toujours ch*** quelques-uns. Ils vont l’accepter à un moment, c’est eux qui payeront les pots cassés. Quand on regarde l’équipe de France aujourd’hui, il y a combien de joueurs de couleurs ? Il y a des noirs, des espagnols, il y a de tout, il ya un mélange complet dans cette équipe, ce qui fait qu’elle est championne du monde. C’est un mélange de tout, les gens vont s’y faire et vont comprendre, ça va juste mettre du temps. Quel a été le meilleur défenseur que tu aies affronté ? C’est un peu loin pour vous peut-être mais je dirais Rio Ferdinand ou Vidić. Je ne sais pas si ça vous parle mais ils étaient très forts à l’époque. Quel effet ça fait d’avoir joué en équipe de France ? C’est une fierté, pour moi c’était le deuxième stade de mon évolution. Déjà jouer en première division puis jouer en équipe de France et faire des compétitions comme la Coupe @le10sport
  • 8. 8 du monde et l’Euro. J’avais 21 ans à ma première Coupe du monde en 2002 et je vais vous raconter cette anecdote parce qu’elle est marrante. J’étais chez moi et on avait deux entrainements par jour donc entre les deux, je dors et on me réveille de ma sieste par un coup de téléphone. Je décroche et on me dit : « oui, c’est Henri Émile, l’intendant de l’équipe de France. Je viens t’annoncer que tu es recruté. » Et là, je dis « Ok d’accord. » Et je lui raccroche au nez. Je me recouche et je me demande qui me fait cette blague. Ça me trotte et là, deuxième coup de fil du même numéro : « Non, mais vraiment Djibril, c’est Henri Emile, c’était juste pour te dire qu’après ce match tu viens avec nous en équipe de France. « Je lui réponds : « ouais, ok, d’accord mais faut arrêter maintenant, je dors. » et je raccroche donc deux fois. Ça me trotte encore. Je me lève de ma sieste pour l’entrainement et le coach me voit arriver en avance et il me dit : « Pourquoi t’es en avance ? » et je lui réponds : « bah, je ne sais pas. Il y a soi-disant Henri Émile qui m’appelle deux fois me disant que je suis recruté en équipe de France. » Et il me dit : « Oui, je sais, et tu lui as raccroché deux fois au nez. Il vient de m’appeler et il me dit que tu ne le crois pas donc il m’a appelé pour te le dire. » Le soir même, ils ont envoyé un fax, vous ne savez peut-être même pas ce que c’est, et j’ai reçu mon papier officiel de l’équipe de France. Vous pouvez donc imaginer l’embarras dans lequel j’étais quand j’ai vu l’intendant à qui j’ai raccroché deux fois au nez… Et ça s’est fait comme ça, au début je pensais que c’était une blague et finalement non ! Combien de tatouages as-tu et comment t’es venue l’idée de créer ta marque de vêtements ? Combien de tatouages ?! Franchement, je ne peux pas dire, j’ai arrêté de compter à vingt. Ce que je sais, c’est que je n’ai plus de place ! La mode, c’était inné. Petit, mon père était dans la mode, mes frères, tout le monde, l’apparence, c’était très important. Et ils m’ont donné ça. Même plus jeune que vous, j’allais déjà dans les armoires de mes frères pour voler des habits, pour être bien, avec les filles notamment. Et donc du coup c’est resté, et à un moment donné je me suis dit : « pourquoi je ne créerai pas ma marque de vêtements ?». Et les gens ont accroché donc aujourd’hui, ça va, on peut toujours faire mieux mais ça va. J’ai ma marque de lunettes qui est sortie maintenant, et il y a plein de trucs cool qui sortent. Mais si vous avez la passion, lancez-vous! ©Cyril Duchêne1