Chûte sur les dents permanentes santé orale et autonomie
1. Chute sur les dents permanentes La traumatologie bucco-dentaire Corinne Tardieu Fracture dentaire Luxation dentaire Expulsion dentaire
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4. La dent a été mobilisée mais est en bonne position (luxation dentaire) Si la dent n’est pas vraiment mobile et se retrouve en bonne position Vérification radiologique Contention éventuelle pendant 1 semaine si gène à la déglutition ou à la mastication Prescription d’antalgique, d’antibiotique éventuellement, d’une hygiène locale et d’une alimentation molle. Consulter un chirurgien-dentiste
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Notas del editor
Lors d’une chute sur la face, les dents de devant, c’est-à-dire le plus souvent les incisives, peuvent être endommagées. Elles peuvent être cassées ou déplacées, voire expulsées. Les molaires sont touchées lors de traumatismes très importants, notamment les accidents de la voie publique ou lors d’un choc violent avec un objet.
Lorsque la dent se casse au niveau de la couronne dentaire, deux situations se rencontrent le plus fréquemment. La dent a perdu un gros fragment et il faut le récupérer. La dent a perdu un petit fragment et il faudra consulter quand même un chirurgien-dentiste Dans le cas de la perte d’un gros fragment, il peut y avoir urgence. La pulpe, qui est la partie interne de la dent comprenant les nerfs et les vaisseaux sanguins, est touchée. Le patient ressent alors une douleur très vive et la dent peut saigner. Il faut alors soulager le patient en lui donnant un antalgique et dès l’arrivée chez le dentiste, en lui faisant une anesthésie locale. Bien sur, il est nécessaire d’obtenir la coopération du patient pour réaliser l’anesthésie puis le soin dentaire. Si la coopération ne permet pas de soigner rapidement, le chirurgien-dentiste prescrira un antalgique puissant et prendra contact avec le médecin traitant pour proposer une prémédication sédative ou une technique de sédation vigile voire une anesthésie générale. Sans traitement, la douleur va disparaître en quelques jours, mais l’infection pourra se développer. Dans le deuxième cas où la dent a perdu un petit fragment, c’est-à-dire que la fracture est superficielle, la douleur n’est pas constante. Elle peut survenir au moment de l’alimentation, notamment lorsque les aliments sont très froids ou très chauds. La consultation chez le chirurgien-dentiste est moins urgente mais doit permettre dans les jours qui suivent de protéger et restaurer le fragment perdu. Il faudra réaliser des contrôles réguliers afin de vérifier que la dent reste vivante. Pour cela, si le patient exprime ses sensations, le chirurgien-dentiste proposera des tests de sensibilité, si non, il contrôlera qu’il n’y a pas d’infection locale autour de la gencive et prendra une radiographie.
Lorsque la dent est déplacée par le choc, la bonne cicatrisation, c’est-à-dire le pronostic dépend de la rapidité avec laquelle la dent sera repositionnée à sa place habituelle. Lors d’un choc, une ou plusieurs dents peuvent être mobilisée vers, l’avant, vers l’arrière, sur le coté, en dedans ou en dehors. Parfois le sens du déplacement est évident et il sera facile de la repositionner tout de suite en appuyant avec un doigt très doucement dans le sens opposé au déplacement. Si cette manœuvre est réalisée immédiatement, elle n’est pas douloureuse et va rassurer le patient. La consultation chez le chirurgien-dentiste est cependant indispensable. Pour les cas où le repositionnement immédiat sur les lieux de l’accident n’est pas possible, le chirurgien-dentiste va réaliser une radiographie pour vérifier s’il n’y a pas une fracture associée de la racine et/ou de l’os. Il évaluera l’amplitude du déplacement au niveau de la racine. Sous anesthésie locale, la dent sera repositionnée et contenue dans la bonne position. Des attelles de contention collées en résine ou fil métallique sont réalisables et faciles à enlever. Au bout de 1 à 4 semaines, en fonction de l’importance du traumatisme, la contention sera enlevée. Ces situations sont douloureuses et nécessitent la prise d’antalgique. Le risque d’infection est présent. C’est pourquoi il faut prendre des antibiotiques et avoir une hygiène locale très méticuleuse et adaptée. Si le patient ou sa famille n’est pas apte à réaliser ses soins, le chirurgien-dentiste fera une séance d’éducation ou proposera des rendez-vous rapprochés le lendemain puis tous les 2 jours jusqu’à ce que la gencive soit cicatrisée. Une alimentation molle pendant quelques jours est aussi recommandée afin de ne pas faire fonctionner les dents traumatisées au début de la cicatrisation.
Parfois la dent a reçu un choc, a été mobilisée, mais est revenue spontanément en bonne position. En général, un petit saignement indique le traumatisme dans les minutes qui suivent. Après, ce choc peut passé inaperçu. C’est le saignement de la lèvre ou des lésions sur le menton ou le nez qui indiquera qu’il il y eu un choc. Il est préférable de consulter quand même un chirurgien-dentiste afin qu’il fasse une vérification radiologique. Si la dent est douloureuse lors de la déglutition ou de la mastication, le chirurgien-dentiste pourra coller une contention pendant une semaine afin de soulager le patient. La prise d’antalgique sera aussi préconisée. Un antibiotique sera prescrit en fonction du contexte local du patient (notamment s’il a peu d’hygiène) et en fonction de son état général (notamment s’il présente une immuno-déficience ou un risque d’endocardite).
Lors de la chute, une ou plusieurs dents peuvent être expulsée hors de la bouche. Après avoir vérifié que la personne va bien, il est important de retrouver rapidement la dent expulsée. Les minutes comptent pour la remettre à sa place. Les cellules de la racine qui vont permettre la cicatrisation meurent à l’air libre. Si la personne le permet, le mieux est de réimplanter la dent tout de suite. On peut la rincer rapidement sous l’eau pour enlever les grosses salissures, mais il ne faut surtout pas la gratter ni la brosser. Si la personne ne veut pas se laisser faire, plonger la dent dans un liquide pour la transporter chez le chirurgien-dentiste qui réalisera la réimplantation. Le meilleur liquide est le lait UHT. Si vous n’en avez pas, vous pouvez utiliser une dosette de sérum physiologique ou au pire de l’eau. Il faut alors se rendre le plus rapidement possible chez le chirurgien-dentiste qui décidera si la réimplantation est possible. Ce geste nécessite la coopération du patient. Il est important de le rassurer et de le calmer.
La dent peut être réimplanter immédiatement si le patient est coopérant, en bonne santé et si la dent n’est pas cariée. Le chirurgien-dentiste va réaliser une anesthésie locale et procéder à la réimplantation avec un geste lent et progressif. Puis il collera une contention pour immobiliser la dent en bonne position pendant une semaine. Comme précédemment pour toute dent ayant été déplacée, la douleur et le risque infectieux sont présents. Il faut donc prendre un antalgique et des antibiotiques. Il faudra aussi vérifier la vaccination antitétanique. L’hygiène locale adaptée doit être réalisée régulièrement dès le premier jour. Une alimentation molle pendant quelques jours est aussi recommandée afin de ne pas faire fonctionner les dents traumatisées au début de la cicatrisation. Si le patient n’est pas coopérant, la dent ne pourra pas être réimplantée rapidement. Si le patient présente un risque infectieux ou si la dent était cariée, alors il n’est pas indiqué de la réimplanter. Si le délai hors bouche et au sec est supérieur à 2 heures, le pronostic n’est pas bon et de nombreuses complications sont attendues. Il est donc préférable de ne pas réimplanter la dent. Le chirurgien-dentiste pourra alors proposer le remplacement de la dent par une prothèse fixée au autres dents (appelée bridge) ou portée par un implant. Si le patient accepte un appareil amovible, une prothèse transitoire pourra aussi être rapidement réalisée. Les techniques prothétiques demandent une bonne coopération et plusieurs séances. Il faudra donc préparer le patient en avec une prémédication sédative ou en lui proposant des techniques sédatives ou sous anesthésie générale.
Une bonne hygiène locale est indispensable à la cicatrisation. Pour réaliser une bonne hygiène il faut procéder ainsi. Premièrement, brosser toutes les dents non traumatisées avec la brosse et le dentifrice habituels. Deuxièmement, brosser la ou les dents traumatisées avec une brosse chirurgicale extra souple avec un mouvement exclusif de la gencive vers la dent. Au lieu d’utiliser le dentifrice, il est préférable d’utiliser pendant une semaine une solution de bain de bouche à la chlorhexidine. Le brossage doit être fait après chaque repas pour maintenir une bouche propre, sans résidus alimentaire. Le temps de 3 minutes de brossage correspond à l’élimination des résidus (appelés aussi plaque dentaire) et au temps de contact nécessaire pour que la solution soit antiseptique. Enfin, il est conseillé de finir par un bain de bouche ou un tamponnage avec une compresse imprégnée si le patient ne sait pas cracher.
Après un traumatisme, il peut apparaître des complications sur la dent touchée mais parfois aussi sur les dents proches. Il est donc nécessaire de consulter régulièrement le chirurgien-dentiste afin qu’il réalise un examen clinique et radiologique. Il pourra évaluer la présence d’une infection ou d’une résorption de la racine ou de l’os. Ce suivi clinique et radiologique doit se poursuivre jusqu’à 5 ans après les traumatismes importants. Enfin, des conseils sur les attitudes préventives pourront être donnés, comme le port de gouttières de protection lors de moments à risques de chute ou si le patient est fortement bruxomane, ou le port d’un casque avec mentonnière si le patient est momentanément sujet aux chutes (par exemple en cas de nombreuses crises d’épilepsie).