1. 2 juillet 2015 N° 3644
Le cahier spirituel à détacher
Lesessentiels
XXX
Dieu raconté aux enfants
CREDIT
9 juillet 2015 N° 3645
Le cahier spirituel à détacher
Lesessentiels
Le saint de la semaine
expliqué aux enfants
Mohammed
Chirani
“ Dieu ne regarde
pas les apparences
2/7 Islam
”
Les traversées
spirituelles
2. N
TRANSMISSION
Mes premiers souvenirs spiri-
tuelsremontentàmes5 ans.Tousles
soirs, j’observais la même scène, interlo-
qué : à son retour du travail, mon père
faisaitsesablutions,endossaitsadjellaba,
installaitsontapisetmurmuraitdemys-
térieuses prières. J’ai fini par le harceler
de questions à propos de cet Être à qui il
s’adressait…jusqu’àcetteréponsequime
bouleversa : « Oui, même si tu te caches
soustacouverture,Dieupeuttevoir. »J’étais
émerveillé : un Créateur, tout-puissant,
plus puissant que tous mes super-héros,
existaitdonc.Lelendemainsoir,monpère
me trouva en train de scruter les étoiles.
« Que fais-tu ? – Je cherche Dieu. »
Monpèretravaillaitdanslesche-
mins de fer en France. Tous les deux
ou trois mois, nous changions de ville, à
bord de notre maison-wagon. Puis nous
sommes rentrés en Algérie, terre de nos
ancêtres,l’annéedemes9 ans.Jemesuis
très vite passionné pour les questions
religieuses,avalantdeslivresdethéologie,
assistantàdefiévreuxdébatsentresala-
fistes et Frères musulmans, m’impré-
gnant des joutes oratoires de toutes les
tendances de l’islam. Durant la guerre
civilealgérienne,moncheminementspi-
rituelmemenaàl’écolecoraniqueetchez
les Frères musulmans, via le scoutisme.
Mon bac en poche, je revins en France.
Mon affiliation aux Frères musulmans,
seconsidérantcommedesmessieschar-
gés de revigorer notre nation après des
siècles de décadence, m’interrogeait de
plus en plus. Je rencontrais de très bons
musulmans n’appartenant pas à notre
branche, et inversement. Au bout de
dix ansdemilitantisme,moncontactavec
Dieu était quasi nul. Le politique, l’idéo-
logiqueetlareligiositéavaientprislepas
sur le spirituel, sur mon intériorité. Il a
fallu que je prenne mes distances sur le
plandelapratiquereligieuseàmonretour
en France et que je me perde dans le
monde de la nuit pour retrouver Dieu.
Carbizarrement,c’estdanslesmoments
dedéchéancequejepensaisleplusàLui.
Àforced’implorations,Ilm’aexaucé.Un
jour, j’ai tout arrêté, la fête, l’alcool, sans
difficulté.
Jenecroispasauhasard.Comme
leditleproverbearabe,iln’estquel’ombre
deDieu.Enrelisantmonparcours,jevois
àquelpointc’estLuiquim’aconduit.« Je
t’ai créé, je t’ai préparé, pour moi. » Cette
paroledeDieuàMoïse,vivante,sedestine
à chacun de nous. Il nous façonne pour
unemission.Dansuneautresourate,Dieu
luirappellequetoutesavieaétéjalonnée
d’étapesetd’épreuves.Monpassagechez
lesFrèresmusulmansnefutpasvain.Ce
que j’ai entendu chez eux me sert
aujourd’huipourcomprendreleslimites
dumodèleislamiste,maispasseulement.
Leur argumentaire contre les salafistes
est désormais une source d’inspiration
pour moi dans mon combat contre la
radicalisation.Cequej’aiapprisenthéo-
logie,enhistoire,enscienceshumaines,
lors de mes études à Sciences Po Paris
notamment,estégalementd’unegrande
utilité pour saisir les mécanismes de
manipulationdestextescoraniquesdans
certains contextes politiques.
2/7 ISLAM
Mohammed
ChiraniTout au long del’été,lesEssentielsdonnentlaparoleàd’autres
traditions religieuses,philosophies,spiritualités.Cette
semaine, rencontreavecunmusulmand’originealgérienne
quilutteaujourd’huicontretouteformederadicalisation.
Les étapes
de sa vie
1977 Naissance
à Bourg-en-Bresse (01).
1986 Installation en Algérie.
1996Retour en France.
1997 Éducateur à Nice (06).
2004 Diplômé
de Sciences Po Paris.
2009 à 2013 Délégué
du préfet pour
les quartiers sensibles
de la Seine-Saint-Denis.
2013 Mort de son père.
2014 Publication de
Réconciliation française.
Notre défi du vivre
ensemble (François Bourin).
2015 Cosignataire
de l’Appel au jeûne
avec La Vie.
LA VIE LA VIE
9 JUILLET 2015 40 9 JUILLET 2015 41
3. Tout ce qui s’est passé dans
ma vie m’a préparé à ce désir de
réformer l’islam, en expliquant
ce qu’il est réellement.
J’ai dû passer par certaines
épreuves pour être pacifié et savoir à
quoi j’étais appelé. Il y eut d’abord mon
échec aux élections municipales à
Sevran (93), où j’ai assisté à une scission
communautaire face à des musulmans
sepositionnantcontremalistecitoyenne
de la diversité, laquelle comptait trop de
Blancspoureux.Àquatre moisdesélec-
tions, je l’ai vécu comme une trahison,
me sentant rejeté par ceux qui initiale-
ment étaient des alliés. Cette claque m’a
en fait permis de comprendre la diffé-
rence entre le religieux et le spirituel.
Deux options se sont présentées à moi :
considérer que le problème venait de
l’islametallervoirailleursouledéplacer
au niveau des hommes et de ce qu’ils
avaientfaitdecettereligion,unenferme-
ment dans une culture, dans des tradi-
tions, dans des idéologies identitaires
meurtrières. Une communauté musul-
mane se plaçant dans une surenchère à
la religiosité, faisant de l’apparence, du
détail vestimentaire, du degré de piété
unargumentdéterminant.Orl’islam,ce
n’est pas ça. Il y a une incitation dans le
Coran à être pudique, oui, mais sur la
question du foulard, du niqab, je défie
n’importe qui de me démontrer que les
femmes du Prophète étaient habillées
ainsi.J’attendsaussiqu’onmeprouvequ’à
l’entrée du paradis est inscrit « Tenue
correcte exigée », à savoir porter une
barbe et un niqab. Au
contraire,ilestécrit« Cœur
simple exigé ». Dieu ne
regardepasnosapparences,
mais notre intériorité.
Une autre grande
épreuve fut la mort de mon père,
quej’aiappriselejourdel’annoncedema
candidature aux élections municipales.
On me signala au téléphone que l’enter-
rement aurait lieu avant la tombée de la
nuit.Ladécisionétaitdictéeparlessala-
fistes.Un « dit »duProphète nousincite
seulement à honorer nos morts en les
enterrantdansdesconditionsdignes.Ne
procédantàaucuneanalyse,lessalafistes
appliquent de manière radicale, sans
contextualisation du Coran. Le soir
même,quandjesuisarrivéenAlgérie,j’ai
découvert que mon père avait déjà été
enterré. J’avais seulement pu faire la
prière mortuaire depuis la France
quelquesheuresplustôt.Aprèsunenuit
blanche, je me suis rendu au cimetière.
On m’enjoignit de poser une simple
pierre,commeleveutlaconceptionsala-
fiste, plutôt qu’une tombe. J’ai érigé un
mausolée.Remuépartantdesouffrance
etdedéceptions,j’aidéménagéàBrighton,
Lumière du Coran
L « Dieu, dans le Coran, parle d’une
lumière nous permettant de com-
prendre le texte sacré. Celle-ci ne s’ac-
quiert pas par le savoir ou la théologie,
bien que ces dernières soient fondamen-
tales. Elle est grâce et se dévoile par des
actes d’adoration, de méditation, de
contemplation de l’univers et de l’éphé-
mère. Dieu nous appelle à nous dégager
du matériel, pour un lien direct avec Lui.
Je suis prêt à troquer tous les tapis du
monde pour me trouver face à un pay-
sage,sourcedeprièreetdecontemplation
divine. Plus de 60 % du Coran évoque
cette Création et la nécessité de mettre
nos sens en éveil en sa présence. »
enGrande-Bretagne.Plutôtqued’œuvrer
enfaveurdubiencommun,j’allaisdésor-
mais penser à moi et préparer un MBA
pour travailler dans la finance, à Dubai.
Puisilyeutledéclicdesattentats
contreCharlie Hebdole7 janvier 2015.
Chocdel’image.Électrochocdel’insulte
faite à l’islam. Lorsque j’ai vu ces meur-
triers, j’ai pensé à Dieu et au Prophète
salis – comment pouvaient-ils parler en
leurs noms ? – et à une bonne partie de
ma communauté, abasourdie, comme
moi. Une fois de plus, j’ai compris à quel
point nombre de musulmans étaient en
deçà du message du Coran. Deux jours
après, ce sont des juifs qui étaient atta-
qués, parce que juifs… Alors j’ai récité la
prièredudestinpourqueDieumemontre
la voie à emprunter… Et l’évidence m’est
apparue : m’engager non pour les
hommes,maisdésormaispourDieu,car
Luiseulnedéçoitpas.Celam’aplacédans
une tout autre logique. Après ces événe-
ments,j’aisentiquecen’étaitpasmoiqui
parlais dans les médias, mais que j’étais
porté.Lebrouillardspirituelquim’habi-
taits’étaitdégagé.Toutcequis’étaitpassé
dansmaviem’avaitpréparéàcedésirde
réformer l’islam, en expliquant ce qu’il
LA VIE LA VIE
9 JUILLET 2015 42 9 JUILLET 2015 43
TRANSMISSION
4. Abd el-Kader est né dans une
famillechérifiennetrèspratiquante.
À 25 ans, il se trouve projeté chef de la
résistance face aux troupes françaises.
Quinze ans durant, il se bat pour tenter
de créer ce que l’on appelle « l’embryon
de la nation algérienne ». Acculé face à
la domination française et la stratégie
de la terre brûlée menée par le général
Bugeaud – qui décrira l’émir comme
« une espèce de prophète »–, Abd el-
Kader cesse le combat en 1847 et est
emprisonné en France. C’est Napo-
léon III qui le libère en 1852, le laissant
partir en Syrie. En 1860, suite aux mas-
sacres perpétrés contre les chrétiens
d’Orient au Levant, l’émir Abd el-Kader
sauvedesmilliersd’entreeuxetaccorde
sa protection aux diplomates des puis-
sances européennes dans le quartier
desAlgériensàDamas.Là-bas,ilmènera
une vie d’ascète, se consacrant à la
prière,àl’écrituremystiqueetausavoir.
Il est enterré auprès de son maître soufi
Ibn Arabi.
Cet homme d’État, politique
engagé,etsimultanémenthommespi-
rituel et érudit me fascine. Durant la
guerre contre la domination coloniale,
soncombatétaitparfoisdavantagemené
contre ses coreligionaires que contre
les troupes coloniales. Sa volonté était
en effet de bâtir un état pacifié et de
luttercontrelesguerresintestinesd’ego
entre musulmans.
’
Abd el-Kader
TRANSMISSION
MA FIGURE SPIRITUELLE
est réellement et comment le vivre en
France.Unislampacifié,axésurl’essen-
tiel : l’éthique, les valeurs, le lien, le res-
pect. Un contre-courant est possible, si
l’on diffuse un contre-discours, le vrai
discours originel de l’islam : la paix et
l’amour.Lesversetsdelaguerreexistent.
Mais pourquoi et dans quel contexte ?
Rien ne justifie de se battre aujourd’hui.
Onnepeutpaslire114 souratescommen-
çant par « Au nom de Dieu le Miséricor-
dieux » et penser qu’1,6 milliard d’hu-
mains entreront au paradis parce qu’ils
sont musulmans, et que tous les autres
iront en enfer.
Jedoismebattresurdeuxfronts :
l’islamophobie d’ignorance et l’islamo-
phobieidéologique.Lapremièreconcerne
ceuxquineconnaissentpasl’islametqui
sont effrayés. La seconde se rapporte à
ceux qui considèrent cette religion
commefoncièrementmauvaiseetincom-
patibleavecladémocratie,aveclaFrance.
Jedoislutterd’unepartcontreunesous-
culture religieuse et d’autre part contre
leradicalisme.J’aiainsireprisdesétudes
dethéologie.Monprojetestd’approfondir
LA SEMAINE PROCHAINE
Le taoïsme, avec Ke Wen.
monsavoirsurl’islam,maisaussisurles
autres religions, pour revenir à ses fon-
dements et l’aborder dans un esprit cri-
tique. Et si Dieu le veut, je serai un jour
imam dans les prisons.
Jemesensapparteniràunecom-
munautéspirituelledépassanttoutes
les religionset tous les clivages. Comme
le disait Ibn Hazm, un sage andalou :
« Méfie-toi de l’impie qui partage ta reli-
gion. Fais confiance à l’homme pieux qui
nepartagepastareligion. »Pourmoi,les
gensdebiensontchrétiens,musulmans,
juifs,agnostiques, hindous… Ils forment
unecommunautéspirituellecroyantàune
puissance supérieure, à un autre jour, à
unau-delà,àuneéternité.Ilsviventhabi-
tés d’une puissance transcendant toutes
lesreligions.IlscroientàunDieuquiparle
toutesleslanguesetàtouteslescultures.
L’essentiel est la liberté de culte et celle
d’adorer le Très-Haut.
’ INTERVIEW ANNE-LAURE FILHOL
PHOTOS FLORENCE BROCHOIRE POUR LA VIE
TRANSMISSION
« Ne demandez jamais quelle est
l’origine d’un homme ; interrogez
plutôt sa vie, son courage, ses
qualités et vous saurez ce qu’il
est. Si l’eau puisée dans une rivière
est saine, agréable et douce, c’est
qu’elle vient d’une source pure. »
L’ÉMIR ABD EL-KADER, 1808-1883 (HACHETTE)
« Il est impossible que la réalité
divine ou la création se
manifestent l’une sans l’autre :
Dieu sans la création est non
manifesté, et la création sans
Dieu est dépourvue d’être. »
ÉCRITS SPIRITUELS, ABD EL-KADER
« Notre Dieu et le Dieu de toutes les
communautés opposées à la nôtre
sont véritablement et réellement
un Dieu unique, conformément
à ce qu’II a dit en de nombreux
versets : “Votre Dieu est un Dieu
unique” (Coran 2, 163…). Il a dit
aussi : “Il n’y a de dieu qu’Allah”
(Coran 3, 62…). »
ÉCRITS SPIRITUELS, ABD EL-KADER
LEEMAGE
LA VIE LA VIE
9 JUILLET 2015 44 9 JUILLET 2015 45
5. N
Première lecture
Psaume
Deuxième lecture
L’Évangile selon saint Marc
Première lecture
Psaume
Deuxième lecture
L’Évangile selon saint Marc
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de Frère Irénée
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Béni
La bénédiction, eulogein en grec,
c’est-à-dire bien (eu) dire (legein) : la
bénédiction est parole autant que don,
diction autant que bien. Elle établit
entre Dieu et l’homme un échange
essentiel, courant vital et réciproque.
À la bénédiction de Dieu qui donne
à sa créature la vie et le salut répond
la bénédiction par laquelle
l’homme rend grâce à son créateur.
Prédestinés
La destinée humaine est fixée de toute
éternité dans la pensée divine.
Dans son amour, Dieu fait connaître
son dessein à l’homme, éclairant
ainsi le sens de son existence
et lui proposant de s’y conformer
intérieurement, de l’accomplir
librement. Elle n’est donc
pas une fatalité, mais un appel.
Louange de gloire
La louange est reconnaissance
et bénédiction. Elle rend gloire au
Seigneur en confessant ses grandeurs
et est proche de l’adoration.
Quant à la gloire, c’est Dieu lui-même,
révélant sa majesté, qui rayonne
sur le visage de Jésus-Christ
ressuscité (2 Corinthiens 4, 6).
Mystère
Le dessein éternel de Dieu, jadis caché
aux hommes et maintenant révélé
en plénitude par Jésus, est mystérieux,
car inaccessible à l’intelligence
et aux seules forces humaines.
Il faut une révélation par Dieu
lui-même, un dévoilement,
une apocalypse à proprement parler.
Récapituler
Il s’agit de résumer, réunir, reprendre,
mais aussi de placer sous
la souveraineté. La récapitulation
est le dernier mot du dessein de Dieu :
ramener toute chose dans le Christ.
Nous, vous
« Nous » désigne les disciples
du Christ qui ont reconnu en Jésus
le Messie de leur espérance.
« Vous » désigne les chrétiens issus
du paganisme. Dans les deux cas,
c’est la connaissance du Christ qui
est fondamentale et provoque une
relecture de leurs histoires respectives.
Rédemption
Désigne un mouvement de libération,
puis d’alliance, l’un n’allant pas
sans l’autre. Ainsi pour le Christ,
il s’agit de l’œuvre qu’il accomplit
sur le calvaire : délivrance du péché
et libération de la mort,
mais surtout acquisition, prise
de possession par Dieu de tous
les hommes afin de se les attacher.
Béni soit Dieu, le Père
de notre Seigneur
Jésus-Christ ! Il nous
a bénis et comblés des
bénédictions de l’Esprit,
au ciel, dans le Christ.
Il nous a choisis, dans le
Christ, avant la fondation
du monde, pour que nous
soyons saints, immaculés
devant lui, dans l’amour.
Il nous a prédestinés
à être, pour lui, des fils
adoptifs par Jésus,
le Christ. Ainsi
l’a voulu sa bonté,
à la louange de gloire de
sa grâce, la grâce qu’il
nous donne dans le Fils
bien-aimé. En lui, par
son sang, nous avons la
rédemption, le pardon
de nos fautes. C’est
la richesse de la grâce
que Dieu a fait déborder
jusqu’à nous en toute
sagesse et intelligence.
Il nous dévoile ainsi le
mystère de sa volonté,
selon que sa bonté l’avait
prévu dans le Christ : pour
mener les temps à leur
plénitude, récapituler
toutes choses dans
le Christ, celles du ciel
et celles de la terre. En lui,
nous sommes devenus
le domaine particulier
de Dieu, nous y avons été
prédestinés selon le projet
de celui qui réalise tout
ce qu’il a décidé : il a voulu
que nous vivions à la
louange de sa gloire, nous
qui avons d’avance espéré
dans le Christ. En lui, vous
aussi, après avoir écouté
la parole de vérité,
l’Évangile de votre salut,
et après y avoir cru, vous
avez reçu la marque
de l’Esprit saint. Et l’Esprit
promis par Dieu est
une première avance
sur notre héritage,
en vue de la rédemption
que nous obtiendrons,
à la louange de sa gloire.
La richesse de la grâce
Éphésiens
1, 3-14
AVEC FRÈRE IRÉNÉE
LA VIE LA VIE
9 JUILLET 2015 46 9 JUILLET 2015 47
LIRE LA BIBLE TOUT L’ÉTÉ
6. Le dessein
de l’amour
en plénitude
PAR FRÈRE IRÉNÉE
don de son Fils. Jésus-Christ révèle un Dieu qui est ou plutôt
qui ne peut être que Père. Et Père de tous les hommes. Aussi
l’électiondeceux-ciàparticiperàlaviedivinedéfinit-ellelavie
chrétienne comme une vie de filiation, certes adoptive, mais
vouluetelledèslafondationdumonde.Filiationadoptive ?Les
hommessontaimésdumêmeamourdont
est aimé le Fils. Aussi, la gloire du Père
comme celle du Fils se reflète-t-elle dans
lesdisciples,lestransformantàsonimage
degloireengloire(2 Corinthiens3, 18),les
rendant aussi cohéritiers des biens éter-
nelsavecJésus(Romains 8, 17).Leshommes
découvrent que le Dieu créateur est infi-
niment présent à l’humanité – et non pas
distant –,qu’IlestunDieuquiaimel’hommedansunface-à-face.
Et que son vœu le plus cher est d’avoir une créature libre et
autonome devant lui. Telle est la grammaire de l’amour divin
que Dieu répand dans le cœur de l’homme (Romains 5, 5) par
l’Espritsaint,amourfouquichantelalouangedelagloiredivine.
’
Grandiose, l’hymne d’ouverture de la lettre aux
Éphésiens célèbre le déploiementdes bienfaits de Dieu
de l’origine du monde jusqu’à son achèvement. Rien de moins,
et le tout en une seule phrase aux tournures et au vocabulaire
compliqués ! Dès lors, on comprend que le lecteur, malgré les
efforts des traducteurs à rendre le texte accessible, se sente
quelque peu submergé. Un sentiment qui traduit moins un
désarroiquelefaitquequelquechosedetrèsprofondsoittouché
enlui.C’estqu’eneffetconnaîtreDieu,c’estêtreconnudeluiet
ledécouvriràlasourcedesapropreexistence.Ilyaainsi,dans
la grande fresque composée à la manière des plus belles pages
duPremierTestament,commelerendud’unerencontreentre
la propre existence de chaque homme et un destin divin plus
grandqueluietquiletoucheauplusprofonddesesaspirations.
C’estquelaprisedeconsciencedesdonsdeDieurépan-
dus en surabondance sur l’ensemble de l’humanitéet de la
Création engendre un élan très pur de l’âme, saisie d’émerveil-
lementenverscettegénérosité– reconnaissancejoyeusedevant
lagrandeurdivine.Etquellegrandeur !Dieudestineleshommes
àlaviebéatifiqueparsonFils,qui,aprèsavoirrachetégratuite-
ment les hommes de la mort par sa Croix et sa résurrection,
révèleàIsraëlcommeauxpaïenscemystèred’amourtotalcaché
depuis la fondation du monde, plan qu’il récapitule en lui.
Ainsi,lesthèmesdel’électionetdelarécapitulation
sont-ils primordiaux par rapport à la rédemption,
exprimant que l’expression du pur amour de Dieu envers les
hommesconsisteàfaired’euxdesfils.Unetrèsbonnenouvelle,
inouïe, cachée depuis la fondation du monde et maintenant
révélée, qui dans l’histoire collective comme personnelle des
hommes fait d’abord ressortir leur vocation royale à être divi-
nisésplutôtqueleurinclinaisonàladésobéissanceetaupéché.
Uneapprochepastoraleenformederévolutioncopernicienne.
Plusencorequelerédempteur,Jésusestlerévéla-
teurdudesseindeDieu– onseraittentéd’ajouterlapreuve
vivante ! En effet, tous les dons de Dieu sont contenus dans le
POUR ALLER PLUS LOIN
La gloire du Père,
comme celle du Fils,
se reflète dans
les disciples et les
transforme à son image
de gloire en gloire.
ELECTA/LEEMAGE
CHRIST
PANTOCRATOR,
peinture de Mihal
Anagnosti (1827).
Institut des
monuments
culturels de Tirana.
DR
FRÈRE IRÉNÉE
est moine
bénédictin
à l’abbaye
de Chevetogne,
en Belgique.
Cette
communauté
rassemble
des moines
qui prient selon
le rite romain
ou byzantin.
LA VIE LA VIE
9 JUILLET 2015 48 9 JUILLET 2015 49
7. La quête de Dieu dans la solitude
Né dans une famille chrétienne à Nursie, en Italie, vers 480,
Benoît, dont le nom signifie « bénédiction », est envoyé
à Rome à l’adolescence pour parfaire son éducation.
Choqué par le mode de vie des Romains et animé par une vraie
soif spirituelle, il se retire dans la localité de Subiaco, où il vit
dans une grotte en ermite, c’est-à-dire coupé du monde.
Fondateur de monastères
Au bout de trois ans, sa présence est connue dans le voisinage,
et des moines qui n’ont plus d’abbé, c’est-à-dire de supérieur,
viennent le voir pour lui demander de prendre la charge
de leur monastère. Benoît accepte, mais déchante vite. Les
moines n’obéissent pas, et parce qu’il tente de les discipliner,
ils veulent l’empoisonner. Il s’en sort par un miracle
et retourne alors à sa solitude. Bien vite, pourtant, des hommes
le rejoignent et veulent le suivre. Il crée 12 petits monastères,
chacun abritant 12 moines et un abbé.
La règle transmise jusqu’à aujourd’hui
Pour organiser le quotidien des moines dans ces monastères,
saint Benoît rédige une règle, comme un guide. La vie
monastique est un équilibre entre trois activités : la prière,
le travail et la lecture. La devise des moines bénédictins
est Ora et labora (« prie et travaille »). Encore aujourd’hui,
des milliers de moines dans le monde vivent selon cette règle.
Le savais-tu ?
Benoît est le saint patron de l’Europe.
Saint Benoît
Le 11 juillet, nous fêtons ce grand saint dont la vie
est imprégnée de prière.
Il est le père de la vie monastique occidentale.
TEXTE LAURENCE DESJOYAUX ILLUSTRATION NATHALIE CHOUX POUR LA VIE
À TES CRAYONS !
Chaque semaine, La Vie
te propose de colorier
l’image d’un saint.
RACONTÉ AUX ENFANTSLE SAINT DE LA SEMAINE
LA VIE LA VIE
9 JUILLET 2015 50 9 JUILLET 2015 51
8. PN de
Port-Cros
PNR du Verdon
M
assif
des
M
auresSainte-
Baume
VAR
Draguignan
Le Muy
Fréjus
Port-
Grimaud
Plan-
d’Aups
Saint-
Tropez
Le Lavandou
Hyères
Six-Fours-
les-Plages
Brignoles
Cuers
St-Maximin-
la-Ste-Baume
Toulon
Argens
Îles d’Hyères
MER MÉDITERRANÉE
Oratoire
Saint-Dominique
Var
25 km
Légendes Cartographie
N
ce qu’il appelle un « je-ne-sais-quoi ». Le
lieudeculteestconsacréparmonseigneur
Barthe,évêquedeToulon,le26 juillet1970.
Aujourd’hui,lesmurspeintsen
jaunenecorrespondentplusàl’intention
initiale de l’artiste, qui les avait choisis
blancs. « C’est ici que j’ai découvert les
paroles du Christ », reconnaît Gleb, qui
puise son inspiration dans la Torah.
Puissentlesnombreuxvisiteursenfaire
eux aussi l’expérience !
’PHOTOS DAVID BORDES POUR LA VIE
Thomas Gleb, peintre, sculp-
teur et rénovateur de tapisserie
dans la seconde moitié du XXe
siècle,
livre dans l’oratoire Saint-Dominique
de l’hôtellerie du couvent dominicain
de la Sainte-Baume le précieux témoi-
gnage d’une rencontre. Au pied de la
falaise, qui selon la tradition abrita
sainte Marie Madeleine, l’artiste de
confession juive nous appelle à parta-
ger son amitié avec un religieux ouvert
à l’art de son temps.
Distinctes de la façade du bâti-
ment du XIXe
siècle, les fenêtres aux
formes abstraites signalent de la route
le petit lieu de prière surmonté d’un
clocheton en O ouvert. Dès le seuil de la
porte donnant sur le cloître, la grande
tenture murale blanche au tissage en
relief nous enveloppe des courbes de sa
mandorle(amande).Aucentre,unetrace
rouge telle une plaie dans une corolle
grisée nous fascine. Devant, l’autel en
pierre calcaire du Gard, posé sur un
socle,surprendparlejourquipassedans
sa fente latérale. La rusticité de la porte
dutabernacleenboispolisoulignel’au-
thenticité de cet aménagement.
« À la fin des années 1960, le père
Philippe Maillard fut chargé par sa com-
munauté de redonner vie à l’hôtellerie
délaissée,racontaitsouventsœurColette-
Manès, qui lui apporta son aide. La cha-
pelle Sainte-Marie-Madeleine était en
mauvais état. Aussi préféra-t-il en créer
une autre dans l’ancien abri des pèlerins.
Sa mère, férue d’art, l’encouragea à solli-
citerThomasGleb. »Enquêted’unetapis-
serie, le religieux alla donc quérir Gleb
en 1969.L’artiste,filsd’untisserandpolo-
nais, présente une maquette à laquelle
Philippe Maillard demande d’ajouter du
rouge.ConfectionnéeparlelissierPierre
Daquin, l’œuvre reçoit le titre des Noces
de l’Agneau, en référence au texte d’Isaïe
63, 1, « Qui es-tu, toi qui viens d’Édom, de
Bosra,levêtementtachédesang ? ».Convié
surplaceàl’hiver 1970,Gleb,ancienrésis-
tant, se voit offrir la conception de tout
l’oratoire.« Jenetedemandepasd’étudier
l’Évangile ni de faire l’office ; ça, c’est mon
affaire, lui explique le dominicain. Je te
demande d’être toi, d’être Gleb, de faire du
Gleb. » Début mars, le projet est accepté.
Il est réalisé à l’économie, par Pépone,
l’hommedemaindelamaison,quieffec-
tue l’essentiel des travaux. L’architecte,
Geneviève Colboc, vient en aide pour les
baies.Celles-ci,enpartiecomblées,sans
quecelaaitétévoulu,laissentapparaître
les lettres hébraïques du mot ELI. Gleb,
queledestinasauvéducampdelamort,
se sent guidé pour finir son ouvrage par
2/7 L’oratoire
de Thomas Gleb
à Plan~d’Aups
Jusqu’au 20 août, Martine Sautory, historienne d’art,
nous ouvre les portes de sept chapelles ou églises du Var
décorées par des artistes du XXe
siècle. Cette semaine,
l’oratoire de l’hôtellerie de la Sainte-Baume, à Plan-d’Aups.
Allez-y vite !
Où ? Oratoire Saint-Dominique,
hôtellerie de la Sainte-Baume, 83640
Plan-d’Aups. Tél. : 04 42 04 54 84.
Pour en savoir plus www.thomas-gleb.fr
Gleb, nouveaux visages, peintures,
tapisseries, sculptures,
catalogue d’exposition sous la direction
de Françoise de Loisy.
Musée Jean-Lurçat et de la tapisserie
contemporaine, à Angers.
À venir Pentecôte 2016, colloque
Thomas Gleb au couvent
de Sainte-Marie-des-Tourelles,
Saint-Mathieu-de-Tréviers (34).
LES 25 PETITS VITRAUX
illustrent la course du soleil,
de l’aube au crépuscule.
LES 25 PETITS VITRAUXillustrent la course
du soleil, de l’aube au crépuscule.
DERRIÈRE L’AUTEL,
grande tenture murale
blanche au tissage
en relief, avec au centre
une trace rouge
telle une plaie dans
une corolle grisée.
Thomas Gleb
1912 Naissance de Yehouda Chaim Kalman
(son vrai nom) près de Lodz, en Pologne.
1932 Rejoint Paris et prend
le patronyme de Thomas Gleb.
1958-1960Devient tapissier.
1969-1970 Aménage et décore l’oratoire
de l’hôtellerie du couvent
dominicain de la Sainte-Baume (83).
1971-1976 Réalisation du couvent des
dominicaines de Sainte-Marie-des-Tourelles
à Saint-Mathieu-de-Tréviers (34).
1979-1980Réaménage la chapelle
les carmélites de Niort (79).
1991Il meurt à Angers (49).
VISITES D’ÉTÉ
LA VIE LA VIE
9 JUILLET 2015 52 9 JUILLET 2015 53
9. EnapplicationdelaloiInformatiqueetLibertédu6janvier1978,vousbénéficiezd’undroitd’accèsetderectificationdesinformationsvousconcernant,envousadressant
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