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SYSTEME DES NATIONS UNIES
EN REPUBLIQUE DE DJIBOUTI
Bilan Commun de Pays
CCA
République de Djibouti
République de Djibouti
Janvier - 2007
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 2
Table des matières
Indicateurs clés 3
Résumé analytique 5
1- Processus de préparation du CCA 9
2- Analyse de la situation 11
I. Contexte géographique 11
II. Contexte démographique 11
III. Contexte politique 12
IV. Contexte socio-économique 12
V. Prévention des catastrophes 14
VI. Réfugiés et personnes déplacées 15
2.1- Pauvreté et Environnement 16
2.1.1Pauvreté 16
Situation et tendances – Réalisations Défis – Causes – Lacunes de capacités
2.1.2 Environnement 19
Situation et tendances – Réalisations
Défis – Causes – Lacunes de capacités
2.2-Santé et Populations vulnérables 23
Situation et tendances - Réalisations
Défis – Causes - Lacunes de capacités
2.3 Education et Autonomisation des femmes 28
2.3.1-Education 28
Situation et tendances – Réalisations
Défis – Causes – Lacunes de capacités
2.3.2-Autonomisation de la femme 32
Situation et tendances – Réalisations
Défis – Causes – Lacunes de capacités
2.4-Gouvernance et Partenariat
2.4.1-Gouvernance 34
Situation et tendances - Réalisations
Défis – Causes – Lacunes de capacités
2.4.2-Partenariat mondial 39
Situation et tendances – Réalisations
Défis – Causes – Lacunes de capacités
2.5-Conclusion 41
3-Cadre de coopération 43
4-Matrice des indicateurs 45
5-Sources de données 50
6-Annexes 51
- Indicateurs EDIM-2006 51
- Liste des indicateurs OMD 58
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 3
- Liste des abréviations 60
Indicateurs clés
Population (en milliers d’habitants en 2000) 632.000
Taux d’accroissement de la population (en %) 2,81
P
Population urbaine (en %) 82P
1
P
Population de moins de 15 ans ( en %) 40P
1
P
Densité (milliers d’habitants / kmP
2
P ) 27,7P
1
P
Population des réfugiés en 2006 4.550P
8
P
Population vulnérable victime de la sécheresse en 2006 88.500P
8
P
Taux de vulnérabilité à l’insécurité alimentaire (en %) 49P
1
P
Taux de mortalité infantile (pour mille) 67P
9
P
Taux de mortalité infanto-juvénile (pour mille) 94P
9
P
Taux de mortalité maternelle (sur 100.000 naissances vivantes) 546P
2
P
Indice synthétique de fécondité (par femme) 4,2P
2
P
Espérance de vie à la naissance (en nombre d’années) 47,0P
2
P
Taux de prévalence du VIH/SIDA (en %) 2,9P
2
P
Taux de prévalence de la Tuberculose (sur 100.000) 1.137P
5
P
Paludisme (nombre de cas recensé) 7.360P
6
P
Taux net de scolarisation primaire (TNS en %) 55,3P
9
P
Indice de parité entre les sexes (IPS) pour le TNS primaire 0,98P
9
P
Taux net de scolarisation secondaire (TNS en %) 39,5P
9
P
Indice de parité entre les sexes (IPS) pour le TNS secondaire 0,86P
9
P
Pourcentage de femmes âgées de 15-24 ans alphabétisées 47,5P
9
P
Pourcentage d’hommes alphabétisés 65,9P
1
P
Taux de chômage femmes ( en % ) 68,5P
1
P
Taux de chômage hommes ( en % ) 54,5P
1
P
Part de chômeurs à la recherche du 1P
er
P emploi ( % sur total) 50P
1
P
PIB (en millions US $) 702,1P
7
P
Taux de croissance réel du PIB (en % par an) 3P
7
P
Taux de croissance annuel du PIB (en % par an) 0,5P
1
P
Taux d’investissement (%PIB) 6,7P
1
P
Secteur primaire (%PIB) 5P
1
P
Secteur secondaire (% PIB) 15P
1
P
Secteur tertiaire (% PIB) 80P
1
P
Aide Publique au Développement (en millions US$) 64,1P
7
P
Dette extérieure (en millions de US$) 450,8P
7
P
Taux d’inflation (en % en 2003) 2P
1
P
Incidence de pauvreté extrême (en %) 42,1P
1
P
Incidence de pauvreté relative (en %) 74,0P
1
P
Valeur de l’indice de développement humain (IDH) 0,494P
4
P
Classement selon l’IDH sur 177 pays 148P
4
P
Population ayant accès aux sources d’eau potable améliorées en milieu urbain (%) 97,4P
9
P
Population ayant accès aux sources d’eau potable améliorées en milieu rural (%) 52,5P
9
P
Pourcentage de la population utilisant des sanitaires pour l’élimination des excréments en
milieu urbain
67,8P
9
P
Pourcentage de la population utilisant des sanitaires pour l’élimination des excréments en
milieu rural
18,8P
9
P
Utilisation de combustibles solides pour la cuisson en milieu urbain 9,5P
9
P
Utilisation de combustibles solides pour la cuisson en milieu rural 78,9P
9
P
Routes bitumées par rapport au réseau routier total (%) 33P
1
P
Nombre d’ordinateurs (sur 100 personnes) 1,09P
1
P
Utilisateurs Internet (sur 10.000 personnes) 5,13P
1
P
Nombre de téléphone mobile (sur 100 personnes) 0,47P
1
P
[Sources : (1) EDAM-IS-2/ 2002 ; (2) EDSF/PAPFAM 2002 ; (3) Education nationale-2005 ; (4) Rapport mondial sur le développement
humain-2006 ; (5) Rapport global TB OMS 2006 ; (6) SIS 2005 ; (7) FMI ; (8) PNUD ; (9) EDIM-2006 ]
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 4
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 5
RESUME ANALYTIQUE
Ce deuxième Bilan Commun de Pays ou CCA de la République de Djibouti, instrument commun aux activités
opérationnelles du Système des Nations Unies, a été établi selon les nouvelles approches stratégiques développées par
le Secrétariat Général des Nations Unies, telles l’approche participative, l’approche genre et l’approche basée sur les
Droits Humains. L’analyse de la situation et l’identification des problèmes clés ont été menées en consultation avec des
représentants du Gouvernement, de la société civile et des partenaires au développement et par rapport aux Objectifs
du Millénaire pour le Développement (OMD), la CIPD et autres engagements issus de la Déclaration du Millénaire,
Conférences et Sommets internationaux, ainsi que des instruments du Système des Nations Unies relatifs aux Droits
Humains.
Conformément aux travaux de la Retraite de l’équipe des Nations Unies de Djibouti qui s’est réunie en mai 2006, quatre
thèmes ont été retenus sur la base des priorités du développement du pays et des Objectifs du Millénaire pour le
Développement : (1) Pauvreté et Environnement ; (2) Santé et Populations vulnérables ; (3) Education et autonomisation
des femmes ; (4) Gouvernance et Partenariat.
Quatre groupes thématiques, composés des représentants du Gouvernement, de la société civile et des partenaires au
développement ont été mis en place.
Une analyse causale a été appliquée à chacun des thèmes en mettant en évidence les causes immédiates, les causes
sous-jacentes ainsi que les causes fondamentales des problèmes majeurs identifiés. Les lacunes de capacités des
détenteurs de droits ou « ayants droits » et celles des titulaires d’obligations ou « ayants devoirs » ont été respectivement
identifiées.
Pauvreté et Environnement
Au cours des années quatre-vingt dix, Djibouti a enregistré une croissance économique négative en raison d’une période
d’instabilité politique et de chocs exogènes majeurs. Cette situation a largement contribué à la paupérisation
grandissante de la population djiboutienne en général, et celle des populations les plus vulnérables en particulier
(femmes, enfants, ruraux, réfugiés et déplacés). 42% de la population vit dans la pauvreté absolue et 74% dans des
situations de pauvreté relative.
Pour inverser la tendance et mettre en place les conditions d’une croissance forte et durable, les pouvoirs publics ont
adopté en 2004, un cadre stratégique de Ulutte contre la pauvretéU (CSLP). Ce programme de référence vise la création
d’une dynamique de croissance et une accumulation du capital humain pouvant faciliter la participation des plus
pauvres aux activités productives et favoriser la redistribution des revenus.
Les actions mises en œuvre à ce jour ont été essentiellement financées sur les ressources du budget national. Peu de
financements extérieurs ont pu être mobilisés à cause du retard dans la conclusion d’une seconde facilité pour la
réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC) avec le Fonds monétaire international qui conditionne les engagements
financiers de la plupart des partenaires au développement.
En dépit des efforts fournis par le Gouvernement, l’atteinte de l’objectif de réduction de la pauvreté et de la faim semble
être difficilement réalisable d’ici à 2015, en l’absence de réformes soutenues de la politique structurelle. En effet, avec un
accroissement démographique se situant en moyenne à 2,8% par an, le niveau actuel de la croissance reste insuffisant
pour opérer une réduction substantielle de la pauvreté et de la faim. Le pays est par ailleurs soumis à d’importants
risques et catastrophes tels que la sécheresse, les inondations et crues, le tremblement de terre, ainsi que la
désertification, les épidémies, la famine, et sa situation géographique influence un nombre important de flux migratoires
ainsi que des réfugiés et des personnes déplacées engendrant des problèmes d’insécurité alimentaire.
Au niveau des Uenjeux environnementauxU, la situation est particulièrement critique à Djibouti notamment à cause de la
faiblesse des ressources naturelles et des rigueurs du climat, (faible couverture végétal, rareté de précipitations, pauvreté
de sols), ainsi que de la forte pression démographique et de l’afflux massif des populations étrangères auxquelles
s’ajouteront à brèves échéances les impacts négatifs des changements climatiques.
L’approvisionnement en eau, assuré à plus de 95% par les eaux souterraines, est singulièrement difficile en milieu rural et
les centres urbains. La surexploitation des nappes aquifères conjuguée à la maintenance défaillante des réseaux conduit
à la dégradation de la qualité de l’eau. Le problème de l’assainissement constitue une menace majeure pour la
population. L’insalubrité, aggravée par des équipements d’assainissement défaillants, engendre une détérioration du
cadre de vie notamment en milieu urbain où la progression constante des populations (3% par an) qui habitent dans
des taudis génèrent la prolifération des occupations illicites et précaires.
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 6
Pour remédier à cette situation, les autorités se sont récemment dotées de cadres de référence avec l’adoption d’une loi
cadre sur l’environnement et d’un plan d’action national pour l’environnement. Toutefois, faute de ressources et de
capacités institutionnelles suffisantes, les efforts sont restés insuffisants dans la mesure où les orientations retenues n’ont
pu être traduites en actions concrètes.
Compte tenu de nombreuses contraintesTP0F
1
PT pour résoudre les problèmes environnementaux, l’objectif du Millénaire pour
le Développement assigné en matière d’environnement ne pourra être atteint en 2015, si des dispositions ne sont pas
prises pour mobiliser des ressources financières, mener une politique de plaidoyer et développer les capacités humaines
à tous les niveaux.
Santé et Populations vulnérables
Dans le cadre du plan national du
développement sanitaire pour la période 2002-
2006, de nombreuses actions en faveur de la
santé des populations en général et des plus
vulnérables en particulier dont la mère et l’enfant
y compris la lutte contre les maladies
transmissibles (VIH/SIDA, rougeole, paludisme et
tuberculose) ont été entreprises par le
Gouvernement. Les différents programmes
verticaux exécutés par la Direction de la santé
mère-enfant ont contribué à réduire la mortalité
maternelle estimée à 546 pour 100.000
naissances vivantes d’après EDSF/PAPFAM-2002,
et à réduire la mortalité infantile et infanto-
juvénile estimée respectivement à 67 et 94 pour
1000 naissances vivantes d’après EDIM-2006. Par
ailleurs, on estime à 9.000 le nombre de
personnes vivant avec le VIH et les données de
routine indique que le taux de prévalence du VIH
est de 2,9% en 2006. Plusieurs autres programmes et plans ont été également mis en service dont le programme Santé
de la reproduction et le programme de lutte contre la violence fondée sur le genre. Toutefois, les risques encourus par la
femme à partir de l’âge de 15 ans demeurent importants. Il s’agit notamment des mutilations génitales féminines, des
grossesses précoces, des avortements à risques, de la morbidité (fistules, malnutrition, anémies, violence, IST/SIDA) et de
la très faible prévalence de la contraception, ainsi que la réduction de l’intervalle génésique, la multiparité et le besoin
non satisfait. Les adolescents et es jeunes qui constituent la majorité de la population sont également victimes d’une
vulnérabilité grandissante liée à la pauvreté, au chômage, à l’analphabétisme, à l’abandon scolaire, aux IST/SIDA, à la
violence, à la consommation du tabac et drogues, et aux grossesses précoces et avortements en ce qui concerne les
jeunes filles.
En dépit de nombreux efforts accomplis, le droit des populations à un état de santé satisfaisant n’est pas réalisé. Le
Forum de réflexion sur la santé organisé en avril 2006 a permis de mettre en relief un certain nombre de lacunes au
niveau du Ministère de la santé dont le besoin en ressources humaines qualifiées (sages-femmes, médecins,
gynécologues, obstétriciens, anesthésistes-réanimateurs) et le renforcement de la stratégie IEC (information, éducation,
communication) en matière de santé en général avec une large information du public sur l’existence d’un numéro vert
(15) gratuit pour bénéficier des conseils et assistance en matière de VIH/SIDA.
Les titulaires de droits ne sont pas toujours au courant des questions liées à leur santé et les informations restent encore
insuffisantes. L’Etat principal détenteur d’obligations a une faible capacité d’affecter des ressources suffisantes au secteur,
et les communautés sont limitées dans leur action par manque de ressources, d’encadrement et de faiblesse de soutien
des pouvoirs publics. Les objectifs du Millénaire pour le développement relatifs à la santé de la population doivent par
conséquent faire l’objet d’une attention particulière compte tenu des pesanteurs socioculturelles qui entraînent des
comportements peu compatibles avec les exigences en matière de santé et la pauvreté des ménages qui réduit leur
accessibilité aux soins.
TP
1
PT Parmi les difficultés, on peut noter l’absence de moyens financiers, matériels et humains, l’accentuation de la dégradation de
l’environnement et la difficulté à appliquer les législations en vigueur
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 7
Education et Autonomisation des femmes
UEn matière d’éducationU, l’examen du système
éducatif entrepris en 1999 a abouti à la
formulation d’une nouvelle loi d’orientation de
l’éducation qui a instauré entre autres : (i) un
enseignement fondamental obligatoire de neuf
ans (cinq en cycle primaire et quatre en cycle
moyen) pour tous les enfants âgés de 6 à 16 ans;
(ii) la refonte de programmes d’enseignement
adaptés au contexte national ; (iii) la participation
des parents d’élèves à la gestion des
établissements scolaires; (iv) l’alphabétisation des
jeunes de 15 ans et plus. Le bilan des réalisations
dans le cadre du plan d’action 2001-2005 a été
positif au vu des résultats obtenus.
Toutefois, en dépit des progrès réalisés, près de
45% des enfants dont une majorité de filles ne
sont pas scolarisés surtout en zones rurales et
plus de 20% des élèves inscrits n’achèvent pas
leur cycle d’études primaires.
Même si le secteur a bénéficié en 2006 d’un
programme d’appui à l’enseignement primaire
dans le cadre de l’initiative de mise en œuvre
accélérée financée sur don par la Banque
Mondiale, en vue de renforcer entre autres la
scolarisation des filles et celle des enfants issus
des groupes vulnérables et à besoins spéciaux
(les enfants des réfugiés étant entièrement pris
en charge par le HCR), le système éducatif reste
confronté aux problèmes d’accès, d’équité, de
qualité et d’efficacité interne. Par ailleurs,
l’analphabétisme des 15 ans et plus (53,5%) reste
plus élevée chez les femmes.
La volonté affichée du Gouvernement pour atteindre l’objectif d’une éducation pour tous à l’horizon 2015 ne se traduit
donc pas toujours en actions concrètes faute de financement et de capacités institutionnelles suffisantes, mais aussi
faute des parents, de la communauté et de la société civile qui, en raison de la pauvreté, de l’ignorance et des préjugés
socioculturels posent problèmes à l’éducation des enfants, à celle des filles en particulier.
En ce qui concerne Ul’autonomisation des femmesU le plaidoyer du Président de la République en mars 2000 a permis
d’œuvrer d’urgence à l’instauration et la sauvegarde des droits de la femme. Les cinq dernières années la femme a
bénéficié d’un élan politique notable avec : (i) la création d’un Ministère de la promotion de la femme et du bien-être
familial et des affaires sociales en mai 1999 ; (ii) l’adoption en 2002 d’un Code de la famille en faveur de la sauvegarde de
l’unité, de l’entente de la famille et de la protection des enfants ; (iii) l’élaboration d’une stratégie nationale d’intégration
de la femme dans le développement en juillet 2002 ; (iv) l’adoption de la loi instituant le système de quota d’au moins
10% de l’un ou de l’autre sexe dans les fonctions électives et administratives en 2002, (d’où la représentation de 7
femmes sur 65 membres au Parlement en 2003) ; (v) la nomination d’une deuxième femme ministre déléguée à la
Coopération internationale en mai 2005. Par ailleurs, des mesures ont été prises pour lutter contre toutes les formes de
discrimination à l’égard des femmes y compris les mutilations génitales dont l’article 333 du Code pénal élaboré en 1995
et sanctionnant les pratiques néfastes.
Mais cette avancée n’a connu qu’une intégration timide de la femme au processus du développement car l’inégalité
entre l’homme et la femme reste toujours un défi majeur à relever. Les disparités du genre - observées dans les domaines
de l’éducation, de l’alphabétisation, de la vie économique et de la prise de décision - persistent encore à cause de la
pauvreté, de l’ignorance, de l’analphabétisme et surtout du poids de la tradition, de la religion et de la pression sociale.
Le projet visant à favoriser le développement de la micro-finance comme moyen de promotion économique et social de
la femme a connu des difficultés et son impact se fait attendre. Les bonnes intentions formulées par le Gouvernement, la
société civile, les bailleurs de fonds et les partenaires au développement lors de la table ronde sectorielle en octobre
2003 à l’égard de la stratégie nationale d’intégration de la femme au développement doivent par conséquent se
concrétiser pour permettre aux femmes d’influer sur le cours de leur existence.
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 8
Gouvernance et Partenariat
Dans Ule domaine de la gouvernanceU de nombreuses réformes ont été mises en œuvre, grâce au retour à la paix, mais les
résultats et l’impact attendus n’ont pas été entièrement atteints. Des efforts considérables doivent être déployés
notamment pour permettre aux acquis démocratiques de s’enraciner. L’organisation des partis politiques laissent à désirer
et les élus sont loin de jouer pleinement leur rôle. Malgré un environnement social favorable et une sollicitation
importante, la société civile éprouve de grandes difficultés à jouer le rôle de catalyseur à cause notamment d’un cadre
juridique jugé inadapté et des faiblesses structurelles significatives. L’absence d’une presse indépendante constitue aussi
une contrainte importante sur le plan de la liberté d’expression. En matière de gouvernance judiciaire, le renforcement de
l’état de droit et l’amélioration de la sécurité juridique et judiciaire au service du citoyen prônés par les états généraux de
la justice en 2001 seraient susceptible de rehausser le crédit de la justice et partant de favoriser le développement
économique du pays.
La gouvernance administrative se caractérise par une lourdeur
dans le fonctionnement et par une relative inefficience dues
aux faiblesses structurelles, tandis que la gouvernance locale,
malgré les initiatives remarquables prises par le Gouvernement
dont l’organisation des premières élections régionales en 2006
pour promouvoir la décentralisation et mettre en place les
collectivités locales et leurs organes élus, tarde à être
concrétisée. Les décrets d’application pour le transfert effectif
des moyens et des compétences ne sont pas encore traduits
dans la réalité.
Sur le plan de la gouvernance économique, les finances
publiques ont connu d’importants déséquilibres
macroéconomiques durant la période 1990-95. Pour sortir de
cette crise, les autorités du pays se sont engagées avec le
concours du FMI et de la Banque mondiale dans une politique de réformes structurelles dans le but de rétablir les grands
agrégats macroéconomiques et mettre le pays sur la voie d’une croissance économique durable.
Toujours est-il que les problèmes existants gravitent autour de : (i) la lutte contre la pauvreté ; (ii) l’amélioration de la
compétitivité à moyen terme ; (iii) la possibilité d’asseoir à moyen ou à long terme une position budgétaire viable.
Quant au secteur privé, il est atrophié et fait face à plusieurs problèmes dont les coûts élevés des facteurs de production,
le financement, l’insuffisance des ressources humaines qualifiées et à la pression fiscale. Néanmoins, les autorités du pays
ont su concrétiser avec l’Emirat de Dubaï un partenariat économique remarquable. Elles ont également renforcé depuis
2001 les institutions ayant en charge la promotion du secteur privé, mais de nombreux défis pour promouvoir la
compétitivité de l’économie de Djibouti restent encore à relever.
Le renforcement des capacités nationales en matière de production, d’analyse et d’utilisation des données pour la
définition des priorités, ainsi que la réalisation d’un recensement de la population et la mise en place de bases de données
en matière de planification s’avèrent donc primordiaux.
Dans Ule domaine du partenariatU, la politique d’assainissement des finances publiques menée depuis 1999 par le
Gouvernement a entraîné une progression de l’Aide Publique au Développement, ce qui a permis à la Banque Mondiale
de classer Djibouti parmi les pays de l’Afrique subsaharienne pour lesquels l’Aide par tête d’habitant est la plus
importante. Au niveau national, les partenaires au développement ont inscrit leur action dans l’accompagnement des
politiques sectorielles volontaristes mises en œuvre par les autorités. Ils ont également œuvré à la promotion du secteur
privé à travers l’étude diagnostique sur l’intégration du commerce et ont su répondre aux situations d’urgences.
Toujours est-il que le concept même et les contours d’un partenariat mondial, ainsi que la manière dont il sera mis en
œuvre, restent encore imprécis au niveau national où les mécanismes antérieurs continuent de prévaloir.
UEn conclusion,U les différents problèmes analysés font ressortir le non respect d’un grand nombre de droits humains dû
aux faibles capacités aussi bien des titulaires de droits (les ayant droits) que des détenteurs d’obligations (les ayants
devoirs).
Compte tenu des faiblesses sus-citées, et au vu des résultats indicateurs préliminaires de l’EDIM-2006 dont on trouvera
quelques données en annexe, les domaines prioritaires de coopération SNU-Gouvernement devraient s’articuler
principalement autour de : (i) la lutte contre la pauvreté et la protection de l’environnement ; (ii) la promotion de la santé
des populations et notamment des plus vulnérables ; (iii) l’accès à des services d’éducation de qualité et à
l’autonomisation des femmes; (iv) la promotion de la bonne gouvernance et du partenariat
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 9
Section 1 - PROCESSUS DE PREPRARATION DU CCA
Ce deuxième Bilan Commun de la République de Djibouti ou CCA a été établi conformément aux nouvelles approches
stratégiques développées par le Secrétariat Général des Nations Unies pour la définition du Plan Cadre d’Aide au
Développement ou UNDAF. Il s’agit essentiellement de l’approche participative, de l’approche genre et surtout de
l’approche basée sur les Droits humains. L’analyse de situation et l’identification des problèmes clés de développement
ont par conséquent été menées en étroite consultation avec des représentants du Gouvernement, de la société civile et
des partenaires au développement d’une part, et par rapport aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)
et autres engagements issus de la Déclaration du Millénaire, Conférences et Sommets internationaux, ainsi que des
instruments du Système des Nations Unies relatifs aux Droits humains, d’autre part.
Conformément aux travaux de la Retraite de l’équipe des Nations Unies de Djibouti qui s’est réunie en mai 2006, quatre
thèmes ont été retenus sur la base des priorités du développement du pays :
1- Pauvreté et Environnement
2- Santé et Populations vulnérables
3- Education et Autonomisation des femmes
4- Gouvernance et Partenariat
Quatre groupes thématiques ont été respectivement mis en place, chacun étant coprésidé par un représentant du
Gouvernement et un chef d’agence du Système des Nations Unies. Les membres de chaque groupe ont été
conjointement identifiés par les institutions gouvernementales et le personnel technique des agences du Système des
Nations Unies. Quatre consultants nationaux ont été sélectionnés et recrutés par le Bureau du Coordonnateur Résident
du Système des Nations Unies pour faciliter les travaux des groupes. Par ailleurs, l’ensemble des membres des groupes
thématiques ont bénéficié pendant une journée d’une session d’orientation relative à la programmation basée sur les
Droits humains. Le lancement officiel du CCA/UNDAF a eu lieu le 05 juillet 2006 par Madame la Ministre déléguée aux
affaires étrangères chargée de la Coopération internationale en présence de plusieurs membres du Gouvernement, des
hauts cadres de l’Etat ainsi que des représentants des partenaires au développement.
Une analyse causale a été appliquée à chacun des thèmes et les causes immédiates et sous-jacentes ainsi que les causes
fondamentales des problèmes clés majeurs ont été identifiés. Les lacunes de capacités des détenteurs de droits ou
« ayants droits » et celles des titulaires d’obligations ou « ayants devoirs » ont été respectivement identifiées. Une
attention particulière a été accordée aux volets transversaux tels que la gouvernance et au genre, ainsi qu’à la situation
des groupes vulnérables et défavorisés et personnes déplacées. Les données et statistiques citées en référence ont été
sélectionnées en fonction de leur degré de fiabilité et pertinence et extraites, entre autres, des enquêtes EDAM-IS2 et
EDSF/PAPFAM 2002, et surtout celle d’EDIM, enquête à indicateurs multiples (MICS 3) plus récente dont les résultats
préliminaires ont été validés et partagés en janvier 2007. D’autres données ont été extraites des rapports sectoriels dont
ceux de l’éducation et de la santé, du Rapport national sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement de 2005,
ainsi que des rapports de la Banque Mondiale et du FMI.
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 10
A propos de l’approche participative
Le processus participatif ci-dessus évoqué a engendré une maîtrise de l’approche centrée sur les Droits humains, Droits
qui dans l’exécution de l’ UNDAF sur la période 2008-2012 doivent avant tout permettre leur connaissance accrue, puis
leur application plus rigoureuse et, à terme, leur concrétisation pleine et entière. Par ailleurs, le dialogue et la
concertation ont permis de mettre en exergue : (i) le rôle déterminant des politiques nationales de développement et
leur mise en œuvre effective; (ii) la reconnaissance des besoins spécifiques des citoyens appartenant aux groupes
pauvres et vulnérables; (iii) la nécessité de réaffirmer, à tous les niveaux, la primauté de la jouissance par tous les citoyens
de tous les droits humains ; (iv) l’importance de la production d’instruments d’analyse statistique nécessaire au suivi et à
l’évaluation de toute action menée.
A propos de l’approche basée sur les droits humains
Les Nations Unies ont toujours mis les Droits humains au centre de leur action depuis leur création, mais la
programmation de l’UNDAF basée sur les droits humains a connu une accélération en 1997, année où le Secrétaire
Général des Nations Unies déclarait d’une manière explicite que « toutes les activités majeures des Nations Unies doivent
être guidées par les principes des Droits de l’homme ».
Cette approche a par conséquent permis aux groupes thématiques de mener une analyse cohérente et exhaustive du
Développement humain, en partant du principe que tout effort de développement doit impliquer un progrès en matière
de respect des droits humains, tels que définis par la Charte des Nations Unis et par l’ensemble des instruments
internationaux établis depuis 1948
Sans prétendre à l’exhaustivité, le Bilan commun a tenté de cerner les problèmes majeurs du pays en matière de
développement en identifiant les causes, mais aussi les lacunes de capacités des titulaires des droits et des détenteurs
d’obligations et partant, de mettre en relief les actions majeures à entreprendre en rapport avec les Objectifs du
Millénaire pour le Développement.
En ce qui concerne l’approche genre
Les rapports de genre se réfèrent à la distribution du pouvoir entre femmes et hommes dans un contexte donné et
comprend les potentialités, capacités et opportunités des uns et des autres, ainsi que leur évolution tout au long du
processus de développement. N’étant pas un objectif en soi, cette approche représente une stratégie d’action qui tend
vers la concrétisation du concept d’égalité entre hommes et femmes au moyen notamment d’un renforcement de
capacités de ces dernières. Cette stratégie a été prise en compte dans sa dimension transversale dans les domaines
politique, sociale et économique.
A propos de la Déclaration du Millénaire et du Rapport National sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD)
La République de Djibouti, signataire de la Déclaration du Millénaire s’emploie aujourd’hui à mieux cibler son action dans
le sens de la réalisation des huit objectifs principaux du Millénaire pour le développement :
1- Réduire l’extrême pauvreté et la faim
2- Assurer une éducation primaire pour tous
3- Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
4- Réduire la mortalité infantile
5- Améliorer la santé maternelle
6- Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies
7- Assurer un environnement durable
8- Mettre en place un partenariat mondial
Un premier rapport national sur l’état des OMD a été élaboré par le Gouvernement en 2003. Le deuxième - résultat d’un
travail collectif entre des représentants du Gouvernement, du Système des Nations Unies, de la société civile et autres
partenaires au développement - a été publié en 2005. Le deuxième rapport a mis l’accent sur les actions du
Gouvernement et des organismes internationaux ainsi que sur l’état des progrès réalisés, en soulignant toutefois les
difficultés et contraintes rencontrées au niveau de la production d’informations et la capacité d’analyse du système
statistique. Il constitue un document de plaidoyer en faveur d’un engagement fort des partenaires au développement à
soutenir les efforts du Gouvernement dans la voie du développement socio-économique du pays.
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 11
Section 2 - ANALYSE DE LA SITUATION
(i) Contexte géographique
Ancienne colonie française, ayant accédée à l’indépendance le 27 juin 1977, la République de Djibouti, située dans la
Corne de l’Afrique à l’entrée Sud de la mer Rouge, couvre une superficie de 23.200 kmP
2
P et partage ses frontières avec
l’Ethiopie, l’Erythrée et la Somalie. Elle dispose de 372 km de côtes ainsi que d’un espace maritime d’environ 7.200 kmP
2
Placée sur l’une des voies maritimes les plus empruntées du continent, Djibouti bénéficie d’une position géostratégique
incontestable. Placé sur le rift africain, le territoire présente un relief contrasté. Le climat est de type désertique marqué
par une faible pluviométrie et des températures généralement élevées. La couverture du végétal est faible du fait de la
rareté des précipitations combinée à la pauvreté des sols. Les deux ethnies principales du pays sont les Afars et les
Somalis, toutes deux de tradition nomade et de confession musulmane. On y trouve une importante communauté arabe
d’origine yéménite. Les populations étrangères les plus importantes du point de vue numérique sont les somaliens, les
éthiopiens et les français. Les langues officielles sont le français et l’arabe. Les langues nationales sont l’afar et le somali.
(ii) Contexte démographique
La démographie djiboutienne se caractérise par une forte croissance de la population, ainsi que par des déplacements
de population internes et externes importants favorisant une urbanisation rapide. L’inexistence de données complètes et
fiables constitue le principal défi et faute de recensement le pays ne dispose pas d’informations exhaustives sur l’effectif
et la structure de la population. Cependant, sur la base des enquêtes réalisées auprès des ménages EDAM-IS2 et
EDSF/PAPFAM en 2002, et celle plus récente à indicateurs multiples ou EDIM (MICS 3) réalisée en 2006, la population
djiboutienne est estimée entre 600 et 650.000 habitants. Le taux d’accroissement est d’environ 2,8 % par an. Les jeunes
de moins de 15 ans forment près de 40% de la population. Plus de 80% de la population vit en milieu urbain et Djibouti-
ville à elle-seule concentre près de 65% de cette population urbaine. Le reste de la population est réparti dans les régions
de l’intérieur (districts d’Arta, d’Ali Sabieh, de Dikhil, de Tadjourah et d’Obock). La population rurale est estimée à 15% du
total.
Les taux de fécondité et de mortalité, toujours élevés, enregistrent toutefois une baisse par rapport à la dernière
décennie. Ainsi l’indice synthétique de fécondité (ISF) est passé de 5,8 en 1996 à 4,2 enfants par femme en 2002. Les taux
de mortalité infantile et infanto-juvénile sont passés respectivement de 103,1 à 67 pour 1.000 naissances vivantes et de
124,4 à 94/1.000 entre 2002 et 2006 . L’espérance de vie, l’une des plus faibles du monde, se situe autour de 47 ans.
Cette tendance à la baisse des taux de mortalité infantile et infanto-juvénile est le résultat des efforts mis de plus en plus
dans la prévention et notamment dans la couverture de la vaccination. En ce qui concerne la fécondité, on peut signaler
une amélioration de la prévalence contraceptive qui est passée de 3% en 2000 à 17,8% en 2006 d’après EDIM-2006. Cette
prévalence reste toutefois très faible et constitue une des causes de la mortalité maternelle estimée à 546 pour 100.000
naissances vivantes d’après l’enquête EDSF/PAPFAM-2002.
Jouissant d’une certaine stabilité au sein d’une région où subsistent des nombreux conflits, la République de Djibouti
accueille depuis son indépendance de nombreux réfugiés et personnes déplacées. Par ailleurs, la sécheresse persistante,
la dégradation de l’environnement et l’appauvrissement des populations dans les districts de l’intérieur et les zones
rurales entraînent un déplacement de plus en plus important de personnes vers Djibouti-ville et sa périphérie où sont
concentrées les infrastructures économiques du pays.
L’augmentation des bidonvilles à la périphérie de Djibouti-ville et la construction d’habitations précaires dans les
quartiers de la ville démontre que le phénomène d’agrégation de population continue de s’amplifier. De même, on
assiste à une augmentation du nombre des personnes vivant dans la rue. Cette situation s’accompagne d’une montée
de la violence notamment à l’égard des femmes et des enfants, mais aussi d’une pression de plus en plus accrue sur les
infrastructures sociales, du secteur de la santé en particulier, engendrant une dégradation de l’environnement urbain.
A noter que, faute de données complètes et fiables nécessaires pour une compréhension correcte des tendances
démographiques, l’intégration de la composante démographique dans les programmes de développement ainsi que
l’évaluation de l’impact réel de ces programmes sur les populations cibles restent difficiles à mettre en œuvre. Il n’existe
pas non plus de politique de population officielle qui soit globale dans son approche. L’appareil statistique du pays, la
Direction de la statistique et des études démographiques (DISED), compte tenu de ses faibles capacités institutionnelles,
n’est pas encore en mesure de centraliser toutes les informations requises sur la population pour leur intégration dans
les plans de développement.
Toutefois, un certain nombre d’indicateurs – tels que la participation de Djibouti aux Conférences internationales,
l’adhésion aux différents programmes et plate-formes d’action, la ratification des conventions internationales, les
changements sur le plan politique au niveau national et enfin les différents programmes sectoriels – devraient pouvoir
s’inscrire dans le cadre cohérent d’une politique de population.
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 12
(iii) Contexte politique
Au cours de la décennie écoulée, le pays s’est doté des institutions nécessaires à une démocratie de type pluraliste. La
Constitution du 15 septembre 1992 a posé les fondements de l’organisation politique et constitue la loi suprême du
pays. Le régime est de type présidentiel où les pouvoirs de l’exécutif sont contrebalancés par les pouvoirs législatif et
judiciaire. L’exécutif est composé du Président de la République, Chef du Gouvernement, d’un Premier Ministre qui
assure la coordination de l’action gouvernementale et des ministres. Le pouvoir législatif est entre les mains de 65
députés, dont 7 femmes, qui représentent le peuple et siégent à l’Assemblée nationale. Enfin, le pouvoir judiciaire est
incarné par la Cour Suprême. Le pays est actuellement dirigé par une coalition de quatre partis politiques.
( iv) Contexte socio-économique
La République de Djibouti se caractérise actuellement par des indicateurs sociaux en dessous des normes des pays en
développement à revenu faible et des pays arabes avec un PIB/tête estimé à 850$ et un IDH de 0,494 en 2006 qui le
classe à la 148P
ème
P place sur un total de 177 pays. La situation de développement humain indique une situation de
pauvreté relative et de pauvreté extrême
touchant respectivement 74,4% et 42,2% de la
population en 2002. les résultats de l’enquête
EDAM-IS2 menée en 2002 montrent que le
phénomène est généralisée et touche toutes les
catégories sociales et toutes les zones
géographiques. L’incidence de pauvreté est plus
profonde en milieu rural avec 97% de pauvreté
relative et 83% de pauvreté extrême et affecte
beaucoup plus les femmes que les hommes.
D’après l’EDIM-2006 presque un enfant sur deux
est scolarisé en 2006. Bien que le taux de net
solarisation primaire (55,3%) ait progressé dans
toutes les régions du pays, les disparités d’accès
à l’école primaire demeurent quelque peu
marquées entre les zones urbaines (56,0%) et les
zones rurales (41,3%). Les inégalités liées au
genre ont par contre régressées, suite aux
nombreuses campagnes de sensibilisation
menées en faveur de la scolarisation des filles,
avec un indice de parité filles/garçons de 0,98
aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. Il
n’existe pratiquement aucune différence entre
filles et garçons en termes de fréquentation de
l’école primaire. L’EDIM-2006 indique par ailleurs
que le pourcentage de femmes âgées de 15-24
ans alphabétisées s’élève à 47,5%, mais ce taux
est de 48,4% en milieu urbain et seulement de
14,2% en milieu rural.
La situation sanitaire est globalement alarmante
compte tenu du manque de qualification du
personnel et de l’insuffisance de médicaments
essentiels dans les structures sanitaires. L’accès aux soins des ménages les plus pauvres et des femmes en particulier est
limitée et les taux de mortalité maternelle et infanto-juvénile sont assez élevés. Le système de santé étant axé sur les
soins curatifs, les disparités dans l’accès sont importantes entre la ville de Djibouti et les districts de l’intérieur. La
propagation du VIH/SIDA et des maladies sexuellement transmissibles constitue une autre préoccupation, notamment
chez les femmes et les jeunes. Même si le taux de prévalence moyen est relativement bas (2,9%), l’épidémie infecte plus
les personnes économiquement productives (6% pour les 15-35 ans) et l’incidence risque de croître rapidement compte
tenu des comportements à risque de cette tranche d’âge.
L’approvisionnement en eau potable des populations a tendance à s’améliorer puisque EDIM-2006 indique que 97,9%
ont accès aux sources d’eau potable améliorées, mais ce taux baisse à 52,5% en milieu rural. Par contre, le problème
d’assainissement et de l’hygiène représente une menace importante pour l’environnement et constitue une source
d’aggravation de la situation sanitaire. Seulement 67,8% de la population utilise des sanitaires pour l’élimination des
excréments (égout, fosse septique, latrines) en milieu urbain, et ce taux baisse à 18,8% en milieu rural. A noter que seuls
65,9% des ménages vivent dans des maisons équipées d’installations sanitaires améliorées.
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 13
En matière d’habitat, Djibouti-ville et les principaux centres urbains du pays ont connu une expansion rapide de zones
d’habitats précaires dont le développement s’est traduit par des difficultés croissantes dans l’accès aux services sociaux
de base. De plus, les prix élevés des loyers, les coûts exorbitants des matériaux de construction et de la main d’œuvre
exacerbent la précarité des ménages et limitent les possibilités d’accès des pauvres aux logements décents.
Le taux moyen de chômage (59,5%) est en forte hausse par rapport à son niveau de 1996. Selon EDAM-IS2, ce taux est
particulièrement élevé parmi les ménages pauvres (66,5%) et chez les pauvres extrêmes (72,4%). La situation des femmes
est encore plus dramatique. 68,5% des femmes actives sont au chômage contre 54,5% pour les hommes.
L’économie du pays est lourdement tributaire du secteur des services qui représente 80% du PIB et 80% des emplois. Les
services sont principalement axés sur les activités portuaires, le transport et les communications. Le secteur agricole, en
raison de l’absence de terres fertiles, de manque d’eau et des conditions climatiques difficiles, reste insignifiante et ne
représente que 5% du PIB. Le secteur de la pêche, ressource au potentiel important, demeure inexploité par manque de
demande intérieure et du fait de politiques de prix et de travail non concurrentielles. Quant au secteur industriel, il est
très peu développé en raison du manque de ressources naturelles et ne représente que 15% du PIB.
L’essentiel du financement extérieur de l’économie du pays provient aujourd’hui de l’Aide Publique au Développement
qui, avec un peu moins de 60 millions $ chaque année, représente près du dixième du PIB. La République de Djibouti est
l’un des pays qui reçoit le plus d’aide au développement en Afrique subsaharienne. Cette assistance extérieure est
surtout composée d’aide bilatérale avec 48% du flux total d’aide publique au développement.
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 14
(v) Prévention des catastrophes
Au cours des vingt dernières années la République de Djibouti a connu plusieurs catastrophes et des situations
d’urgence face auxquelles les autorités nationales n’ont pu répondre qu’avec des moyens humain et matériel limités. Les
catastrophes auxquelles le pays est confronté de manière récurrente, à des échelles de gravité variables, sont la
sécheresse, la désertification (déboisement abusif et surpâturage), la famine, les inondations et crues d’oueds, les
épidémies, la dégradation de l’environnement et les tremblements de terre (Djibouti étant situé dans une zone
volcanique très sismique).
ULa sécheresseU a un impact plus durable sur
l’économie du pays car elle menace à la fois la
survie des populations nomades et celle du
cheptel. Depuis 1999, le pays à l’instar des
autres pays de la Corne de l’Afrique est
confronté à une sécheresse chronique qui a
pour conséquence un appauvrissement de la
population en général et de la population
rurale en particulier. Les cycles de sécheresse
se traduisent par la hausse du taux de
malnutrition chez les groupes vulnérables
(femmes enceintes et allaitant, personnes
âgées et malades, et les enfants de moins de
cinq ans). Par ailleurs, la surexploitation des
ressources en eaux, le manque de
maintenance des infrastructures hydrauliques,
l’insuffisance de retenues d’eaux de pluies, le
surpâturage et le déboisement aggravent
davantage la situation. En janvier 2006, le
Gouvernement a lancé un appel à la communauté internationale pour une assistance humanitaire. Ainsi, 47.500
personnes dont 28.500 femmes ont bénéficié d’une Uaide alimentaire d’urgenceU dans le cadre du Programme Alimentaire
Mondial. A noter aussi que sous l’impulsion de la première Dame du pays, un vaste élan de solidarité s’est également mis
en place pour venir en aide aux populations victimes estimées à environ 88.500 personnes.
ULes inondations et les cruesU de 1994 et 2004 qui ont touché Djibouti-ville et l’ensemble des districts, à des degrés
divers, ont été parmi les plus dévastatrices que le pays a connu depuis l’indépendance.
Les contraintes climatiques expliquent la faiblesse du couvert végétal du pays. Cette situation est aggravée par la coupe
du bois pour le chauffage et la cuisson, ainsi que pour le commerce du charbon de bois. Ces pratiques contribuent de
manière significative au UdéboisementU des sols et accentue le phénomène de Ula désertificationU.
A noter qu’une étude sur la vulnérabilité et l’adaptation aux Uchangements climatiquesU réalisée en juillet 2001 par le
Ministère de l’habitat, de l’urbanisme et de l’environnement montre que la diversité biologique terrestre sera très
vulnérable aux changements climatiques, mais les impacts varieront énormément suivant les régions et selon le degré
actuel de dégradation des écosystèmes terrestres. Les zones les plus touchées seront celles qui sont déjà fragilisées par
d’autres facteurs généralement d’ordre anthropique. Pour atténuer l’ampleur de ces impacts négatifs, il faudra qu’une
réelle politique de conservation des zones les plus vulnérables soit mise en place. Des stratégies d’adaptation aux
changements climatiques, basées sur les principes de prévention utilisant les données satellitaires (télédétection,
évaluation de la biomasse potentielle, prévision des saisons sèches etc.) seraient largement bénéfiques aux populations
nomades qui vivent essentiellement des produits d’élevage.
Sur le plan de l’hygiène, le manque d’hygiène, les modes de conservation des eaux potables et des aliments, le
dysfonctionnement du réseau d’assainissement et le système de canalisation saturé créent des conditions propices à Ula
propagation des épidémiesU (choléra et paludisme) et des maladies diarrhéiques dont la fréquence est accentuée ces
dernières années par le mouvement migratoire des populations nomades et l’immigration clandestine.
Pour ce qui est de Utremblement de terreU, les crises de 1973 et 1978 ont été parmi les plus violentes (magnitude 5.0 sur
l’échelle de Richter), mais aucun victime n’a été déploré grâce au respect des normes de construction parasismiques et
des plans d’urbanisation stricts qui interdisent les constructions au-delà d’une certaine hauteur ainsi que dans les zones à
risques. Toutefois, l’urbanisation rapide de la capitale, qui s’est traduite par une extension de la ville au Nord par le
remblayage des terrains gagnés sur la mer et au Sud vers l’oued d’Ambouli, pourrait constituer un risque réel en cas de
séisme de même amplitude.
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 15
(vi) Réfugiés et personnes déplacées
La Corne de l’Afrique a été constamment bouleversée par des conflits et par conséquent par les déplacements des
populations et l’afflux des réfugiés. La République de Djibouti, qui jouit d’une stabilité particulière dans la région, a
toujours subi les contrecoups de ces catastrophes causées par l’homme et a accueilli les réfugiés sur son sol. Suite aux
dernières opérations de rapatriement d’il y a deux ans, le nombre de réfugiés actuellement présents serait de 4.500
environ. De même, suite au conflit interne armé de 1991 qui a duré jusqu’en 1994, de nombreuses personnes se sont
déplacées des zones rurales vers la capitale.
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 16
2.1 – PAUVRETE ET ENVIRONNEMENT
2.1.1 – Pauvreté
Cette problématique vise la réduction de l’extrême pauvreté et de la faim, UObjectif 1 du Millénaire pour le DéveloppementU qui
cible la réduction de moitié de la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour entre 1990 et 2015
d’une part, et la réduction de moitié de la proportion de la population qui souffre de la faim d’autre part, dans le respect des
droits humains dont le droit à la vie, le droit à la protection, le droit à un niveau de vie décent, le droit de manger à
sa faim, le droit à un travail etc.
« La sécheresse endémique et la mauvaise exploitation des ressources hydrauliques sont des situations préoccupantes. Il
faudra mettre en œuvre la politique de l’eau et du développement rural ; mettre en œuvre le dessalement de l’eau de
mer pour augmenter l’approvisionnement ; renforcer la production agricole ; garantir une sécurité alimentaire durable ;
définir une politique de revalorisation des produits de l’élevage qui constitue un domaine sous-exploité ; exploiter les
produits de la mer… ».
(Extrait de la Feuille de route du Président de la République – mai 2005)
Situation et tendances
L’analyse exploratoire des différentes enquêtes sur la pauvretéP1F
2
P montre que celle-ci est devenue structurelle. En effet,
malgré les progrès importants réalisés dans le domaine macroéconomique depuis la seconde moitié des années 1990, la
situation sociale s’est considérablement détériorée.
Définition et mesure de la pauvreté
La pauvreté est un phénomène multidimensionnel qui renvoie à la fois à une insuffisance de revenus, au manque
d’emplois et aux difficultés d’accès aux besoins essentiels. La pauvreté monétaire retrace ainsi une insuffisance de
revenus monétaires pour faire face aux dépenses alimentaires et non alimentaires indispensables. Elle est appréhendée à
partir de deux seuils en dessous desquels une personne est considérée comme pauvre relatif ou extrême : Uun seuil de
pauvreté relativeU, calculé à partir de la part de la dépense alimentaire dans la dépense totale des ménages du deuxième
quintile de dépenses équivalentes adultes, et Uun seuil de pauvreté extrêmeU, déterminé sur la base des besoins
alimentaires minimaux correspondant à un apport calorifique journalier de 2115 calories par équivalent adulte. Le seuil
de pauvreté relative a été estimé à 198.229 FD et le seuil de pauvreté absolue à 114.096 FD par an en 2002, ce qui
correspond respectivement à 3,3 $ et 1,8 $dollars par personne et par jour (1 US$ = 177 FD). Le seuil de pauvreté relative
particulièrement élevé, comparé à celui fixé dans le cadre de la Déclaration du Millénaire (2 $ par personne et par jour),
traduit le niveau élevé des prix à Djibouti et son incidence sur les conditions de vie des ménages. Ainsi, la pauvreté
monétaire est engendrée par une insuffisance de revenus et un faible pouvoir d’achat dans un contexte fortement
marqué par une crise du marché du travail. (DSRP-2004)
(Extrait : EDAM-IS2-2002)
Les résultats de l’enquêtes EDAM-IS-2002 montrent que l’incidence de la pauvreté, entre 1996 et 2002, est passée de
45,1% à 74,0% pour les pauvres relatifsTP2F
3
PT et de 9,6% à 42,1% pour les pauvres extrêmes. Il se trouve que la pauvreté est un
phénomène généralisé qui affecte toutes les zones géographiques et toutes les catégories sociales. Les quartiers
périphériques des zones urbaines hébergent la plus grande partie concentration des pauvres, tandis que les jeunes et les
femmes constituent les couches les plus vulnérables de la population. L’incidence de la pauvreté est particulièrement
élevée en zone rurale où près de 97% des ménages sont pauvres dont 83% extrêmement pauvres.
Par ailleurs, une étude réalisée auprès des ménages ruraux en 2005 par le PAM a montré que l’insécurité alimentaire et la
vulnérabilité existent dans tous les districts. Les résultats indiquent que 49% des ménages enquêtés sont vulnérables,
parmi lesquels 31,3% sont considérés comme très vulnérables à l’insécurité alimentaire.
Les principaux résultats macroéconomiques obtenus sur la période 2000-2005 ont été les suivants : i) une inflation
modérée avec un taux de croissance moyen annuel de l’indice des prix à la consommation (IPC) d’environ 3% ; ii) une
légère hausse de croissance économique mais demeurant insuffisante par rapport au taux de croissance du revenu par
habitant. Le pays a en effet enregistré un taux de croissance moyen du PIB réel d’environ 2,5% (passant de 0,7% en 2000
à 3,2% en 2004).
TP
2
PT La première évaluation de la pauvreté a été réalisée en 1996, suite à l’enquête sur les habitudes des consommations des ménages (EDAM 1). La
deuxième Enquête Djiboutienne auprès des Ménages - Indicateurs Sociaux (EDAM-IS2), a été réalisée en 2002 par le Gouvernement avec l’assistance
des partenaires au développement..
TP
3
PT Cf. encadré définition et mesure de la pauvreté
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 17
Réalisations
Compte tenu de son ampleur et de sa profondeur, la pauvreté à Djibouti n’est pas seulement un problème social mais
constitue un véritable défi de développement. La mise en place d’un cadre stratégie de lutte contre la pauvreté (CSLP),
principale initiative de politique générale du pays, répond à cet enjeu. Il s’articule autour de quatre axes : i) la relance de
la croissance économique et renforcement de la compétitivité ; ii) la promotion du développement progressif des
ressources humaines, du rôle de la femme, de l’emploi et des activités génératrices de revenus ; iii) le développement
local durable et l’amélioration de l’accès à l’eau potable et aux services universels de base ; iv) la promotion de la bonne
gouvernance.
Cette stratégie ne peut être
matérialisée que dans le
contexte d’une croissance
économique pouvant
garantir un meilleur accès
des pauvres aux services
sociaux de base, et
d’accumulation du capital
humain en vue de réduire
durablement la pauvreté et
le chômage. Mais la politique
de croissance économique
est conditionnée par
l’assainissement du cadre
macro-économique à travers
la poursuite du programme
de stabilisation budgétaire.
Elle est également basée sur
le rôle moteur que devra
jouer le secteur privé en
termes d’investissements et
de création d’emplois.
La mise en œuvre du CSLP
nécessitant la mobilisation
d’importantes ressources extérieures pour la réalisation des programmes d’actions sectoriels, les autorités djiboutiennes
ont organisé les 29 et 30 novembre 2005, une réunion du groupe de coordination des institutions financières arabesTP3F
4
PT.
Ces dernières ont marqué leur disponibilité à mettre à la disposition de Djibouti les financements nécessaires aux
différents projetsTP4F
5
PT inscrits dans le cadre du programme de développement économique et social sur la période 2006-
2011.
Par ailleurs, le Gouvernement a récemment adopté des stratégies sectorielles notamment dans les domaines de
l’éducation, de la santé, de l’intégration de la femme et a augmenté la part du budget consacrée aux secteurs sociaux
prioritairesTP5F
6
PT. Les pouvoirs publics ont également initié ces dernières années des programmes ciblés en faveur des
couches vulnérables et des zones à forte incidence de pauvreté (micro-crédits, travaux à haute intensité de main
d’œuvre ).
De plus, des programmes de rapatriement volontaire des réfugiés et déplacés, des opérations de distribution de vivres
aux populations en situation de crises alimentaires et le programme « vivres contre travail » ont été mis en place dans les
zones à risque en collaboration avec les partenaires au développement.
TP
4
PT Il s’agit de la Banque Islamique de Développement, du Fonds Arabe pour le Développement Economique et Social, du
Fonds Saoudien de Développement et du Fonds Koweitien de Développement.
TP
5
PT Les projets concernent les secteurs suivants : éducation, santé habitat social, énergie, eau, assainissement,
infrastructures routières, élevage. Les financements des institutions financières arabes sont évalués à près de 370 millions
de dollars US.
TP
6
PT Les dépenses sociales (éducation, santé, eau et assainissement) se sont accrues de 14% du PIB en 2000 à 16% en 2004.
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 18
Défis
La persistance de la pauvreté à Djibouti tient principalement à plusieurs facteurs : le chômage, les conflits, les conditions
climatiques, l’accès limité aux services sociaux de base, la structure de l’économie nationale, la faiblesse de la croissance
et les inégalités dans la répartition des richesses.
L’accroissement de la pauvreté est fortement associé au développement du UchômageU. Les résultats de l’EDAM-IS2
révèlent une véritable crise du marché du travail, avec un taux de chômage de 59,5%, en forte croissance par rapport à
son niveau de 1996 (44,1%). Les taux de chômage sont plus élevés pour les femmes (68,5%) que pour les hommes
(54,5%) en 2002. Le chômage concerne particulièrement les pauvres extrêmes (67,5%) ou relatifs (55,7%)TP6F
7
PT, et les jeunes
de moins de 30 ans. Selon l’étude du Bureau International du Travail (BIT) réalisée en 2004, le taux de chômage frappe
plus de sept personnes actives sur dix chez les moins de 24 ans, et on observe que 63% des chômeurs ont entre 12 et 29
ans, tandis que 45,5% appartiennent à la classe d’âge des 12-24 ans. De plus, l’enquête montre que la population des
chômeurs englobe 85,4% de personnes n’ayant jamais travaillé. Cette situation résulte de la décélération de l’offre
d’emploi (faible croissance économique, coût des facteurs élevé, faibles qualifications de la main d’œuvre), de
l’inadéquation emploi/formation et du rythme soutenu de l’évolution de la population active notamment sous l’effet des
pressions migratoires.
Les Uconflits ouvertsU et l’instabilité politique dans la région, ainsi que le conflit interne ont eu comme conséquence les
déplacements de populations et l’afflux massif de réfugiés. A Djibouti, les flux migratoires ont eu comme corollaire une
forte pression sur les structures sociales de base accentuant leur dégradation.
UL’aridité du climat Uaidant, la République de Djibouti a été confrontée ces dernières années à des cycles de sécheresse
récurrents qui ont réduit les ressources naturelles (perte du cheptel, assèchement des points d’eau, dégradation des
pâturages) et fragilisé le mode de vie nomade, accélérant le phénomène de l’exode rural.
La pauvreté se caractérise principalement par Ules difficultés d’accès aux services sociaux de base.U Le système éducatif
djiboutien continue de se heurter à des inégalités d’accès à l’instruction selon le genre et le niveau de vie des ménages
en raison des capacités d’accueil relativement limitées et de la faiblesse des revenus permanents. Même si la couverture
sanitaire apparaît satisfaisante, on observe de grandes disparités dans l’accès aux structures publiques de santé,
notamment entre la capitale et le reste du pays. Les principales difficultés entravant le recours aux soins sanitaires
semblent être le manque d’argent et la distance du centre de santé.
La pauvreté s’explique fondamentalement par une Uinsuffisance des ressources financièresU. Sur la base des données de
l’EDAM-IS2, la dynamique de la pauvreté est étroitement liée au rythme de la croissance économique et aux mesures de
politique économique. De plus l’aggravation des inégalitésTP7F
8
PT indique que les mécanismes de redistribution et de
protection, à travers la dépense publique, ont été inefficaces et ont limité considérablement l’impact des programmes
économiques et sociaux du pays.
Causes
ULes causes immédiatesU de l’aggravation de la pauvreté sont principalement : i) les effets des politiques d’ajustement
structurel ; ii) la faiblesse de l’activité économique ; iii) la rareté des opportunités d’emplois ; iv) la faible dotation en
infrastructures de base ; v) l’exode rural et les flux migratoires.
ULes causes sous-jacentesU résultent de : i) l’insuffisance des ressources financières ; ii) l’absence de qualification de la main
d’œuvre ; iii) faibles capacités du secteur privé ; iv) l’extrême précarité des populations rurales, des réfugiés et des
personnes déplacées.
ULes causes profondesU sont essentiellement : i) la faible capacité des décideurs à concevoir et mettre en œuvre des
politiques et stratégies adaptées ; ii) les coûts de facteurs de production élevés ; iii) les pesanteurs socioculturelles ; iv) la
dureté des conditions climatiques ; v) l’insuffisance des investissements.
TP
7
PT Le taux de chômage déclaré pour les familles non pauvres s’élève à 38,9% en 2002.
TP
8
PT L’enquête EDAM-IS2 révèle que 20% des ménages les plus pauvres (1er quintile) ont des dépenses moyennes par
équivalent adulte, 5 fois moins élevées que les 20% non pauvres (5ème quintile).
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 19
Lacunes de capacités des ayants droits et des ayants devoirs
Les Utitulaires des droits Uou ayants droits sont Ules enfants, les femmes, les personnes âgées, les sans-emploi, les jeunes
inactifs, les populations des zones rurales et périurbaines, les réfugiés et les déplacés.U Ils ont pour rôles de : i) participer à
l’amélioration de leurs conditions de vie ; ii) exiger la mise en place de conditions favorables à l’amélioration de leurs
conditions de vie et de travail ; iii) revendiquer l’accès et l’égalité de chance sans discrimination, à l’emploi, à une
éducation qualifiante et à des soins appropriés. Mais ils ne peuvent jouer pleinement leur rôle par manque d’information
sur leurs droits et sur l’obligation des pouvoirs publics de mettre à leur disposition des services publics de qualité, à
moindre coût. De plus, la capacité des ayants droits est limitée par leur extrême situation de précarité (manque de
ressources matérielles et financières).
ULes détenteurs d’obligations ou ayants devoirs sont respectivement l’Etat, le secteur privé, les communautés, la société
civile et les partenaires au développementU. Ils ont pour rôles de : i) assurer un accueil et des services de qualité aux
couches les plus vulnérables de la population ; ii) mettre en place un environnement propice à la création d’emplois ; iii)
sensibiliser les populations à leurs droits en matière d’accès aux services publics ; iv) créer des emplois ; v) élaborer et de
mettre en place des politiques adaptées à la lutte contre la pauvreté ; vi) de créer les conditions d’un accès équitable aux
services publics ; vii) mobiliser les ressources nécessaires. Mais, les pouvoirs publics sont handicapés dans leurs actions
par l’insuffisance des capacités matérielles, humaines et financières. Quant aux capacités et compétences des
communautés et des organisations de la société civile, elles demeurent faibles, et la coordination des interventions et la
mobilisation des ressources de la part des partenaires au développement restent encore insuffisante.
2.1.2 – Environnement
Cette thématique vise à assurer un environnement sain et durable, UObjectif 7 du Millénaire pour le DéveloppementU qui vise à
réduire de moitié d’ici à 2015 le pourcentage de la population qui n’a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau
potable d’une part, et à améliorer sensiblement d’ici à 2020 la vie des habitants des taudis d’autre part, dans le respect des
droits humains dont le droit à un environnement sain et durable, le droit aux services sociaux de base, le droit à un
égal accès aux services publics nationaux, le droit à un logement convenable, etc.
« Assurer les actions qui visent à contribuer à l’amélioration du cadre de vie des djiboutiens ; contenir et gérer la
croissance urbaine ; s’engager dans une politique de sensibilisation qui permette de créer et d’entretenir un réflexe de
propreté et d’hygiène individuelle et collective chez les djiboutiens de tous âges et de toutes conditions
socioéconomiques ; mettre en œuvre la phase 2 de l’assainissement de la capitale et l’installation d’incinérateurs
d’ordures ménagères dans chaque chef lieu des districts ; prendre les dispositions nécessaires pour consolider au sein
d’un partenariat dynamique les associations de la société civile… ».
(Extrait de la Feuille de route du Président de la République – mai 2005)
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 20
Situation et tendances
UL’approvisionnement en eau potableU demeure un problème majeur à Djibouti. Selon les données de l’EDIM-2006, les
utilisateurs de sources d’eau potable améliorées s’approvisionnent à l’un des types de sources suivantes ; eau courante,
fontaine publique, forage /pompe à eau, puits protégé, source protégée ou eau de pluie. Au total, 95,6% de la
population ont accès à une source d’eau potable améliorée, avec 97,4% en zone urbaine et 52,5% en zone rurale. Il existe
par conséquent de fortes disparités d’accès entre le milieu urbain et le milieu rural.
La situation est cependant critique dans la capitale pour laquelle la production ne couvre plus que 75% des besoins
estimés à près de 20 millions de mP
3
P/an, tandis que les taux de salinité dépassent largement les normes de l’OMSTP8F
9
PT. Les
modalités d’approvisionnement en eau salubre sont variables d’une zone à l’autre. 40% des ménages utilisent l’eau de
robinet dans le logement comme source d’approvisionnement en eau potable, 39% d’entre eux utilisent l’eau de robinet
dans la cour et 15% l’eau d’un robinet public. L’Etat continue à prendre en charge seul la gestion des ouvrages
hydrauliques.
A noter que les seules sources d’eau disponibles sont les nappes souterraines et les sous écoulements des oueds, qui
subissent les contraintes de l’aridité du climat, de la faiblesse de la pluviométrie et des remontées du biseau salé issu du
voisinage de la mer.
ULe problème de l’assainissementU est l’une des principales menaces environnementales pour le pays et plus
particulièrement pour la capitale qui concentre 68% de la population totale. Les résultats d’EDIM-2006 révèlent
cependant que 65,9% des ménages vivent dans des maisons équipées d’installations sanitaires améliorées, soit 67,8% en
zone urbaine et 18,8% en zone rurale. Le district de résidence est un des déterminants de l’utilisation de sanitaire pour
l’élimination des excréments. Ils spont 67% à Djibouti-ville et 59,8% dans les autres districts. La population de la ville de
Djibouti est essentiellement raccordée à un système individuel de type latrines sèches et fosses septiques, 75% en
assainissement individuel et seulement 25% en assainissement collectif. Le développement du secteur de
l’assainissement (liquide et solide) est marqué par une série de contraintes entravant son développement notamment la
faiblesse du cadre institutionnel préalable à la mise en place des infrastructures, et l'absence ou l'inadéquation du
système de recouvrement des coûts, indispensables pour l'exploitation et la pérennisation des équipements. Selon
l’EDAM-IS 2002, 62% des déchets solides produits quotidiennement sont directement mis à la décharge sans tri ni
traitement préalable, ce qui représentent un problème majeur à Djibouti.
Les principales menaces pour la ressource en eau salubre émanent du développement de l’habitat collectif en périphérie
de la ville, notamment à Balbala, qui peut entraîner une infiltration des eaux usées dans la nappe souterraine si un
dispositif d’assainissement n’est pas en place. Les dysfonctionnements du réseau de collecte d’eaux usées occasionnent
différents risques sanitaires. Les canaux d’eaux pluviales recevant une forte proportion d’eaux usées sont sources de
risques d’autant plus importants qu’ils sont proches des quartiers habités.
En dépit des efforts importants engagés, les principaux centres urbains du pays, notamment Djibouti-ville, enregistrent
une expansion rapide de Uzones d’habitatsU précaires, dans lesquelles l’accès aux infrastructures de base demeure très
insuffisant. Les populations flottantes participent à la dégradation des équipements publics insuffisants et surexploités et
de l’environnement urbain. Les résultats de l’enquête EDSF/PAPFAM-2002 montrent que près de 65% des ménages
urbains vivent dans les taudis, alors que la majorité des ruraux et nomades (93,9%) logent dans des toukouls ou tentes
traditionnelles. La progression constante des populations urbaines (3% par an) et la faible capacité de réponse en terrains
viabilisés et aménagés génèrent la prolifération des occupations illicites et précaires. Les coûts de construction étant
élevés (prépondérance de matériaux importés et coût élevé de la main d’œuvre), la faible capacité d’épargne des
ménages et l’absence de mode de financement adapté entravent sérieusement le développement du secteur du
logement qui demeure toujours précaire. Selon le rapport sur le développement humain de l’an 2000, seulement 34% de
logements sont en dur et seuls 50% des ménages sont propriétaires de logement qu’ils occupent.
La Udégradation progressive des sols et du couvert végétalU constitue également une menace réelle contre
l’environnement. La rareté des points d’eaux conjuguée aux fortes pressions exercées par l’homme sur l’environnement
(déboisement, surpâturage) aboutissent à la désertification du milieu rural. Le phénomène de désertification touche près
de 90% du territoire national et plus particulièrement les zones côtières qui regroupent plus de 70% de la population
djiboutienne. De même, la disparition ou la régression de la couverture végétale aggravent les phénomènes des érosions
hydrique et éolienne. La détérioration du couvert végétal est accentuée par l’action de l’homme et se traduit par la
destruction intense de l’unique forêt du pays (Day).
Les Uressources naturelles énergétiquesU étant limitées, le secteur de l’énergie est fortement tributaire des importations des
produits pétroliers. Dans un contexte de prix pétroliers élevés au niveau mondial, les difficultés d’urbanisation dans les
zones d’extension de la capitale renchérissent le coût de la distribution et limitent l’accès de l’électricité aux populations
les plus défavorisées. La couverture de la population en électricité est de 40,4% d’après les données de l’enquête EDAM-
Energie réalisée en 2004 (54% en milieu urbain et 0,2% en milieu rural). Pour les besoins de la cuisine, une grande
majorité de la population a recourt au kérosène et à d’autres formes énergétiques, notamment le bois de chauffe.
TP
9
PT Plus de la moitié des forages enregistrent une teneur inquiétante en chlorures supérieure à 900 mg/l, allant
jusqu’à dépasser 1.200 mg/l, soit six fois la norme OMS souhaitable.
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 21
L’EDIM-2006 montre que seulement 12,7% des ménages utilisent des combustibles solide pour la cuisson, mais cette
consommation si elle est très faible en zone urbaine, elle est par contre très élevée en zone rural où plus de trois quarts
des ménages (78,9% utilisent ce type de source d’énergétique. L’utilisation du bois a des conséquences désastreuses sur
l’environnement dans la mesure où cette pratique accentue la désertification et contribue au réchauffement de
l’atmosphère avec les émissions de CO2. Cette situation est très préoccupante dans la mesure où Ules impacts négatifs
des changements climatiques Urisquent de se faire peser à brèves échéances.
Réalisations
La République de Djibouti a ratifié la quasi-totalité des conventionsTP9F
10
PT, protocoles et autres accords environnementaux
internationaux et régionaux et les pouvoirs publics ont élaboré plusieurs plans sectorielsTP10F
11
PT et notamment un Plan
d’Action National pour l’Environnement (PANE) pour la période 2001-2010 dont les principaux objectifs consistent à : i)
intégrer la dimension environnementale dans l’élaboration et la mise en oeuvre des politiques économiques et sociales ;
ii) assister et renforcer les capacités du gouvernement dans la gestion de l’environnement sur la base d’une large
concertation entre les différents acteurs concernés ; iii) assurer le développement économique et social durable ; iv)
répondre aux attentes des différentes composantes de la société et de concilier la lutte contre la pauvreté et la
protection de l’environnement ; v) assurer la gestion rationnelle des ressources naturelles et de l’environnement ; vi)
préserver la biodiversité, les milieux naturels terrestres et marins. Par ailleurs, Djibouti a élaboré une communication
initiale pour respecter ses engagements vis-à vis de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques. .
En matière d’habitat et pour une meilleure cadre de vie des populations pauvres, la politique du Gouvernement vise à
améliorer la procédure d’accession à la propriété en consolidant les conditions d’accès à la propriété à tous et en
particulier aux plus démunis.
Défis
La République de Djibouti ne dispose pas d’un système performant de gestion et de suivi de ses ressources naturelles, ce
qui prive les populations du droit à un environnement sain et durable.
L’exploitation intensive des eaux souterraines depuis plusieurs décennies entraîne la surexploitation des nappes
phréatiques, et par conséquent une dégradation de la qualité de l’eau. La question de l’eau se pose également avec
acuité pour la population en termes de quantité disponible. En effet, la rareté des ressources en eau risque de s’amplifier
encore plus à Djibouti en raison des changements climatiques. En milieu rural, le manque de moyens financiers ne
permet pas d’assurer une maintenance suffisante des ouvrages existants.
Les problèmes d’assainissement et d’hygiène résultent de la combinaison de plusieurs facteurs notamment l’absence
d’une stratégie nationale appropriée en matière d’assainissement et la faiblesse des investissements alloués au secteur.
La mauvaise gestion des infrastructures existantes et l’insuffisance de participation des usagers contribuent à faire de
l’assainissement une des menaces environnementales majeures à Djibouti.
L’accroissement rapide de la population, le surpâturage, l’usage du bois pour le chauffage et la cuisson par les ruraux
contribuent à la dégradation du couvert végétal et des sols. De plus, les sécheresses récurrentes et les changements
climatiques concourent à accélérer le processus de désertification qui constitue une menace immédiate aux conditions
de survie de la population djiboutienne en général, et de la population nomade en particulier. Le développement de la
sédentarisation des populations conjugué à la présence prolongée des troupeaux sur les parcours communautaires
accentuent la pression sur le faible couvert végétal du pays et provoquent des dégâts irréversibles.
Par ailleurs, la situation du logement demeure toujours précaire, en particulier pour les populations vulnérables.
Seulement un tiers des besoins sont satisfaits actuellement par le parc immobilier existant, alors que les besoins annuels
sont estimés à 2.500 logements, dont 2.000 pour Djibouti-ville.
TP
10
PT Convention sur la diversité biologique, Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification,
Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques
TP
11
PT Stratégie et programme d’action national pour la diversité biologique, programme d’action national sur les
changements climatiques, programme d’action national de lutte contre la désertification, plan de gestion intégrée de la
zone côtière de Djibouti
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 22
Causes
ULes causes immédiatesU de la dégradation de l’environnement sont : i) la pression des actions humaines ; ii) la
surexploitation des ressources en eau ; iii) l’absence de stratégies adaptées ; iv) l’insuffisance des capacités de gestion ; v)
l’exode rural et les flux migratoires.
ULes causes sous-jacentesU sont : i) l’insuffisance des ressources financières allouées à l’environnemnt dans le budget
national ; ii) le manque de moyens matériels et la faiblesse des moyens humains des services techniques et, iii) la
paupérisation des ménages.
ULes causes profondesU sont : i) les effets des changements climatiques ; ii) la rareté de l’eau ; iii) le manque de civisme de la
population ; iv) l’insuffisance du plaidoyer des décideurs et des ONG auprès des populations.
Lacunes de capacités des ayants droits et des ayants devoirs
Le droit à un environnement sain et durable concerne à la fois les décideurs mais aussi les populations elles-mêmes dans
la mesure où ces dernières doivent prendre en charge de manière responsable la protection de leur propre
environnement pour améliorer leur cadre de vie. Mais les questions environnementales sont malheureusement peu
connues et peu érigées au titre des priorités nationales du fait de nombreuses faiblesses des acteurs et de leurs
comportements inappropriés.
Les acteurs ou Uayants droitsU les plus concernés par le non-respect du droit à un environnement sain et durable sont Ules
populations rurales et urbaines et les populations riverainesU. Ils ont pour rôles de : i) participer à l’amélioration de leur
cadre de vie ; ii) s’impliquer davantage dans la mise en oeuvre des programmes environnementaux ; iii) exiger la mise à
disposition d’eau potable et des conditions d’accès à un système d’assainissement durable. Les ayants droits sont limités
par leur faible capacité à influer sur les politiques en matière d’accès à une eau salubre et à des systèmes
d’assainissement convenables. De plus, l’exercice de leurs droits est entravé par le manque d’information qui conduit à
des pratiques néfastes, et par leur faible capacité d’organisation.
ULes détenteurs d’obligations sont les communautés, l’Etat, le secteur privé, les organisations de la société civile et les
partenaires au développement.U Leurs obligations sont de :
i. prendre en charge la gestion de leur environnement et cadre de vie ;
ii. mettre en place un cadre institutionnel adéquat ;
iii. sensibiliser les populations sur leurs droits ;
iv. favoriser la mise en oeuvre des pratiques moins défavorables à l’environnement ; v) faire respecter la
réglementation ;
v. participer à la mobilisation des ressources financières et au financement des projets environnementaux et,
vi. appuyer les efforts des communautés et du gouvernement. Les communautés sont limitées par la faiblesse de
leurs capacités matérielles, humaines et financières ainsi que par le manque de culture d’une gestion efficace de
l’environnement. Bien qu’elles disposent de l’information et des ressources nécessaires, les entreprises
répugnent à mettre en oeuvre des pratiques adéquates en raison de la faiblesse du contrôle exercé tant par les
pouvoirs publics que par les communautés. L’efficacité des interventions des partenaires au développement est
entravée du fait d’un manque de synergie et d’une mobilisation de ressources insuffisantes.
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 23
2.2 – SANTE ET POPULATIONS VULNERABLES
Ce thème vise les UObjectifs 4, 5 et 6 du Millénaire pour le DéveloppementU qui ciblent respectivement la réduction de deux tiers du
taux de mortalité infantile, la réduction de trois quarts du taux de mortalité maternelle entre 1990 et 2015, l’arrêt de la
propagation du VIH/SIDA et la maîtrise du paludisme et autres grandes maladies en inversant la tendance d’ici à 2015, dans le
respect des droits humains dont le droit à la santé , le droit de la femme au soin spécial et à la protection, le droit de
l’enfant, des adolescents et des jeunes au soin spécial, assistance et protection etc..
« Bien exécuter la politique de santé de
manière à ce qu’elle permette la réalisation de
l’ambition nationale pour une santé élargie à
tous nos concitoyens ; l’accès aux soins et aux
médicaments, de même que la lutte contre les
maladies endémiques et épidémiques ainsi
que la promotion de la santé de la mère et
l’enfant… ».
(Extrait de la Feuille de route du Président de la République –
mai 2005)
Situation et tendances
Dans le cadre du Plan national de
développement sanitaire 2002-2006, de
nombreuses actions positives ont été
entreprises par le Gouvernement en faveur de
la santé de la mère et de l’enfant et de la lutte
contre les maladies transmissibles (VIH/SIDA, rougeole paludisme et tuberculose). Les données de l’enquête EDIM-2006
révèlent que les Utaux de mortalité infantile et infanto-juvénileU ont régressé passant respectivement de 103,1 à 67 pour
mille et de 124,4 à 94 pour mille entre 2002 et 2006.pour mille. Le sexe a une grande influence sur ce taux puisqu’il est
de 76 pour mille pour les garçons contre 58 pour mille pour les filles en ce qui concerne la mortalité infantile et de 103
pour mille chez les garçons contre 81 pour mille chez les filles en ce qui concerne la mortalité infanto-juvénile. A noter
cependant que les taux de mortalité, aussi bien infantile qu’infanto-juvénile, sont plus élevés en milieu urbain qu’en
milieu rural.
USur le plan nutritionnelU par contre, les résultats de l’EDIM-2006 révèlent qu’un enfant de mois de 5 ans sur quatre est
modérément maigre (28,6%) contre 9,9% pour la catégorie des enfants sévèrement maigres. Par ailleurs, 30% des enfants
ont un retard de croissance ou sont trop courts par rapport à leur âge, alors que 20% ont une déperdition ou sont trop
maigres pour leur taille. En termes d’âge, le pourcentage de malnutrition, selon les trois indices (faible poids, déperdition
et retard de croissance), est plus élevé chez les enfants de 12-23 mois que chez les tranches d’âge inférieures ou
supérieures. Cette tendance correspond en fait à l’âge où beaucoup d’enfants sont sevrés du lait maternel et exposés à la
contamination due à l’eau, aux aliments et à l’environnement. A notre par ailleurs que seulement 3,3% des enfants âgés
de moins de 6 mois sont exclusivement nourris au lait maternel, un niveau largement inférieur au taux recommandé. A
l’âge de 6-9 mois, 23,1% des enfants reçoivent du lait maternel et des aliments solides et semi-solides. Avant l’âge de 12-
15 mois, 53,5% des enfants continuent de téter le lait maternel. Avant 20-23 mois , 18,4% des enfants sont toujours
allaités au sein. UL’allaitement exclusifU ( 1,3%) est plus probable chez les garçons que les chez les filles, tandis que l’apport
d’aliments complémentaires à temps est plus élevé chez les filles.
UEn terme de vaccination,U l’EDIM souligne que 46,4% des enfants possèdent des carnets de santé. Environ 87% des
enfants âgés de 12-23 mois ont reçu le vaccin du BCG avant 12 mois tandis que 80,4% ont pris la première dose de DPT.
Pour le deuxième et troisième dose le pourcentage baisse respectivement à 69,5% et à 56%. De même, 75,2% des
enfants ont reçu le vaccin polio 1 avant l’âge de 12 mois mais ce taux baisse à 62,5% pour le polio 2 avant de devenir
45,8% pour la troisième dose. La couverture contre la rougeole avant 12 mois quant à elle est de 63,8%. Seuls 38,6% des
enfants ont reçu la totalité de 8 vaccinations recommandées dont 31,4% avant leur premier anniversaire.
Quant au taux de mortalité maternelle, il est estimé à 546 pour 100.000 naissances vivantes en 2002 au niveau national.
Cependant, la forte concentration des populations et des structures de santé dans les milieux urbains laisse présupposer
les situations qui prévalent dans les zones rurales. Au niveau des structures de santé, le taux de décès maternels intra-
hospitaliers était estimé à 720 pour 100.000 naissances vivantes en 2000. Grâce notamment à la mise en œuvre du
programme Maternité sans risque en 1998, ce taux a significativement diminué pour atteindre 172 pour 100.000
naissances vivantes en 2005 selon le rapport de routine du Ministère de la Santé.
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 24
En matière de santé reproductive et en ce qui concerne les soins prénatals, les résultats de l’enquête EDIM montre que
96,3% des femmes âgées de 15-49 ans ayant accouché pendant les deux dernières années précédant de l’enquête ont
reçu des soins prénatals au moins une fois pendant la grossesse (96,7% en milieu urbain et 84,3% en milieu rural). Parmi
ces femmes 88% ont fait prendre leur tension, 87,5% ont été pesées, 78,5% ont fait un test sanguin et 77,6% un
prélèvement d’urine. 53,6% des femmes enceintes ont fait un suivi de leur grossesse (60,6% en zones urbaines et 33,7%
en zones rurales). Quant aux soins d’urgence obstétricaux (EmOC), la proportion d’accouchements assistés par du
personnel qualifié s’élève à 60% des mères dont 93% en zones urbaines et 23% en zones rurales. A noter que Djibouti est
l’un des six pays qui a bénéficié et accepté l’approche AMDD conjointement soutenue par le MENARO, l’UNFPA et
l’Université de Columbia. Les besoins ont été évalués et un plan d’action national en faveur de la réduction de mortalité
maternelle a été établi.
Le programme de protection des femmes contre les grossesses non désirées et la planification familiale souffrent d’une
insuffisance notoire marquée par une faible prévalence contraceptive (17,8% chez les femmes mariées âgées de 15-49
ans), un intervalle inter génésique très réduit (24 mois) et des besoins non satisfaits en matière de planning familial
autour de 50%. Les grossesses répétées, la multiparité, les avortements, l’anémie et la malnutrition fréquente chez les
femmes rendent leur précarité et leur vulnérabilité très critiques. A noter que la prévalence des contraceptifs est
fortement liée au niveau d’éducation des femmes. Le pourcentage de femmes utilisant une méthode contraceptive
passe de 12,6% chez les femmes non scolarisées à 20,8% chez celles qui ont fait des études primaires puis à 33% chez les
femmes de niveau secondaire ou supérieur. De même le taux est plus élevé dans le district de Djibouti (19,2%) contre
10,6% dans les autres districts.
S’agissant de l’excision et de l’infibulation ou mutilations génitales féminines (MGF), elles représentent un véritable
problème socio-sanitaire. L’EDIM-2006 mentionne que 93,6% des femmes âgées de 15-49 ans ont déclaré es avoir subi
une MGF. Parmi ces femmes 24,9 ont déclarées quelles ont subi une MGF de type I (sunna), 6,4% une MGF de type II
(excison) et 67,2% une MGF de type III (infibulation) et 1,5% n’en ont pas précisé le type. A noter qu’elles sont 92,9% dans
le district de Djibouti contre 94,9% dans les autres districts. Par ailleurs, une enquête scolaire menée auprès des jeunes
par le UNFPA en 2006 révèle que la proportion de femmes et filles touchées est de 75,5%. La lutte contre ces pratiques à
travers des actions d’information et de sensibilisation auprès des femmes mères et grands-mères, exciseuses et religieux
(considérés comme responsable de la continuité des pratiques) n’a pas connu l’impact escompté, et le recours à la loi
n’a pas encore porté ses fruits, l’article 333 du Code pénal sanctionnant les MGF n’ayant pas fait l’objet d’application.
En matière de VIH/SIDA, la République de Djibouti avec un taux de prévalence de 2,9% fait face à une épidémie
généralisée, d’après les normes de l’OMS. La position géographique du pays, le chômage massif des jeunes et les
nombreux flux migratoires rendent le pays particulièrement vulnérable. On estime de même que 9.000 personnes vivent
avec le VIH à Djibouti. Le taux de prévalence parmi les femmes enceintes âgées de 15-24 ans est également de 2,9%TP11F
1
PT.
L’utilisation d’un préservatif lors du dernier rapport sexuel à haut risque est de 44% chez les 15-24 ans en 2005TP12F
2
PT .
En ce qui concerne les adolescents et les jeunes, ils sont victimes d’une vulnérabilité grandissante liée à la pauvreté, au
chômage, à l’analphabétisme, à l’abandon scolaire, aux IST/SIDA, à la violence, au tabac et aux grossesses précoces et
avortements. A noter que le taux de prévalence est de près de 6% chez les moins de 25 ans. Ils constituent par
conséquent un groupe cible vulnérable important d’autant plus que seuls 18% d’entre eux ont une bonne connaissance
du VIH. Quant aux avortements clandestins, ils sont réels mais ne sont pas bien répertoriés. Par ailleurs, une enquête sur
le tabagisme chez les jeunes menée en milieu scolaire en 2003 révèle que 19% des jeunes consomment toute forme de
tabac (23,7% de garçons et 12,2% de filles). 11% fument couramment la cigarette (15% de garçons contre 10,5% de filles).
A noter aussi que le nombre d’enfant orphelins du SIDA s’élève à 5.000, ce qui représente 15% du total des enfants
orphelins du pays estimé à 33.000 en 2005 d’après une étude réalisée par l’Unicef en 2005.
S’agissant du paludisme, le nombre de cas recensé en 2005 est estimé à 5.580 cas simples et 1780 cas graves. Le risque
est estimé entre 10 et 15% soit entre 39.200 et 58.800 cas par an, alors que le nombre estimé de personnes à risque est
de 392.000 soit plus de 50% de la population de Djibouti.
La faiblesse du programme tuberculose et le manque de financement ont eu pour conséquence une résurgence
dramatique de la maladie qui en fait de Djibouti le 2P
ème
P pays au plus fort taux de prévalence au monde après le Swaziland
soit 1.137 cas sur 100.000 en 2004TP13F
1
PT et le taux de mortalité liée à cette maladie est de 121/100.000P
1
P . On estime à 4000 par
an le nombre de tuberculeux toutes causes confondues avec plus d’hommes que de femmes. La prévalence du VIH
chez les patients tuberculeux est estimée à 13,5% toutes formes confondues.
TP
1
PT Enquête séro prévalence chez les femmes enceintes dans 8 CPN de Djibouti ville, Ministère de la santé, Crédès - 2002
TP
2
PT Enquête CAP Jeunes 2005, ministère de la jeunesse, UNICEF
TP
1
PT Rapport global TB OMS 2006
Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 25
Réalisations
Parmi les efforts du Gouvernement en matière de santé de la population en général, de la femme et de l’enfant en
particulier on peut retenir : (i) la mise en place du programme Santé de la reproduction par la fusion du projet équilibre
familial et du programme Maternité sans risque ; (ii) la mise en place d’une Centrale d’achat de matériels et
médicaments essentiels ; (iii) la mise en place des pharmacies communautaires offrant des médicaments génériques
accessibles à des prix abordables ; (iv) la mise en place d’équipe médicale mobile dans les zones inaccessibles ; (v) la mise
en œuvre du programme de lutte contre la violence fondée sur le genre en 2005 ; (vi) la mise en place du programme de
besoins essentiels de développement (BED) aux niveaux des communautés défavorisées ; (vii) la formation des sages-
femmes ; (viii) la mise en place des ressources humaines qualifiées au niveau des centres de santé (gynécologues,
infirmiers et sages-femmes) ; (ix) l’exécution du plan d’élimination de la rougeole et du plan d’éradication de la polio ; (x)
la consultation nationale fixant les orientations stratégiques du plan pluriannuel 2007-2011 en matière de vaccination ;
(xi) la mise en place de la stratégie nationale de prise en charge intégrée des maladies de l’enfant (PCIME) ; (xii) le
traitement de différentes pathologies dont les diarrhées (6958 cas), les pneumonies (6606 cas), le paludisme (4897 cas) et
le problème de la malnutrition (5273 cas) ; (xiii) le plan cadre de lutte contre le VIH/SIDA-2003-2007 comprenant
plusieurs axes stratégiques d’intervention dont l’approche multisectorielle (implication de 12 Ministères et de la société
civile) ; la prise en charge des orphelins et enfants vulnérables ; xiv), la mise en place de structures de soutien et des
comités régionaux de santé dans les 5 districts y compris 120 ONGs et associations locales exécutant depuis 2004 des
activités de prévention soutenues par des agences d’encadrement (439 personnes infectées par le VIH ont eu accès au
traitement ARV soit 25% de personnes nécessitant ce traitement depuis 2003 et près de 578 personnes vivant avec le
virus du SIDA poursuivaient un traitement ARV fin décembre 2005 ; (xv) la stratégie de prévention de la transmission du
VIH parent-enfant (PTPE) basée sur le conseil confidentiel et le test de dépistage volontaire des femmes enceintes ; (xvi)
l’établissement d’un plan national en matière de lutte contre la tuberculose pour la période 2006-2010 ; (xvii) la
distribution de 18000TP14F
2
PT moustiquaires pour lutter contre le paludisme ; (xviii) la mise en œuvre du protocole de prise en
charge de la malnutrition au niveau des centres de santé communautaires et hôpitaux de Djibouti-ville et districts ; (xix)
la mise en place d’une stratégie nationale pour l’abandon de l’excision et infibulation en collaboration avec le Ministère
de la Promotion de la femme..
Défis
Malgré les réalisations nombreuses, les indicateurs de moyens démontrent une faiblesse du système de santé,
notamment en infrastructures et en ressources humaines. Plusieurs défis sont à relever : (i) l’insuffisance des ressources
humaines qualifiées ; (ii) l’émergence des maladies non transmissibles ; (iii) l’intégration des services des soins de santé de
base ; (iv) la pérennité et la prévisibilité des financements ; (v) le renforcement des capacités nationales; (vi) le
renforcement du système de collecte de données, de la surveillance, du suivi-évaluation et de la participation
communautaire ; (vii) le renforcement de la coordination et du partenariat au niveau national ; (viii) l’absence d’une
stratégie nationale validée avec normes, directives et plan pour des interventions liées au VIH/SIDA ; (ix) l’inefficacité de la
stratégie nationale de lutte contre les MGF malgré les nombreuses actions entreprises par les différents acteurs ; (x)
l’inexistence de structures de loisirs pour les jeunes et les adolescents et les filles en particulier qui s’adonnent au qât
devenu le seul divertissement dans le pays ; (xi) l’absence de structures d’accueil pour les enfants orphelins et vulnérables
qui se retrouvent dans la rue exposés au VIH/SIDA et sans pièce d’identité faute de n’avoir pas été enregistré à la
naissance.
Causes
En ce qui concerne la mortalité infantile : les causes immédiates sont : (i) la morbidité fréquente (diarrhées, infection
respiratoires aiguës) ; (ii) le statut nutritionnel défaillant ; les causes sous-jacentes sont : (i) l’inaccessibilité et l’insuffisance
de la couverture sanitaire ; (ii) le manque d’information ; (iii) les mauvaises conditions d’hygiène ; (iv) les habitudes
socioculturelles et la non utilisation des méthodes contraceptives ; les causes profondes sont la pauvreté,
l’analphabétisme et la faiblesse du système de santé.
S’agissant de la mortalité maternelle, les causes immédiates sont : (i) l’inaccessibilité aux services de santé ; (ii) la qualité
de soins insuffisante ; (iii) la faible prévalence contraceptive ; (iv) la malnutrition ; les causes sous-jacentes sont : (i) la
planification familiale insuffisante (multiparité) ; (ii) la morbidité fréquente (anémies, malnutrition, MGF, VIH/SIDA) ; (iii) le
manque d’information ; les causes profondes sont la pauvreté, l’analphabétisme et la faiblesse du système de santé.
Pour ce qui est de la vulnérabilité des adolescents et des jeunes, les causes immédiates sont : (i) le chômage ; (ii) les
abandons scolaires ; (iii) l’analphabétisme ; (iv) la violence ; (v) les grossesses précoces et les avortements ; (vi) le tabac ;
(vii) les IST/SIDA ; la cause sous-jacente principale est l’insuffisance de services spécifiques d’information et d’éducation
des jeunes contre les risques ; les causes profondes sont : (i) la pauvreté ; (ii) la situation familiale précaire ; (iii) l’absence
de stratégies multisectorielles visant la réduction de la vulnérabilité des jeunes.
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Rapport de djibouti pauvreté et environnement cca2007

  • 1. SYSTEME DES NATIONS UNIES EN REPUBLIQUE DE DJIBOUTI Bilan Commun de Pays CCA République de Djibouti République de Djibouti Janvier - 2007
  • 2. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 2 Table des matières Indicateurs clés 3 Résumé analytique 5 1- Processus de préparation du CCA 9 2- Analyse de la situation 11 I. Contexte géographique 11 II. Contexte démographique 11 III. Contexte politique 12 IV. Contexte socio-économique 12 V. Prévention des catastrophes 14 VI. Réfugiés et personnes déplacées 15 2.1- Pauvreté et Environnement 16 2.1.1Pauvreté 16 Situation et tendances – Réalisations Défis – Causes – Lacunes de capacités 2.1.2 Environnement 19 Situation et tendances – Réalisations Défis – Causes – Lacunes de capacités 2.2-Santé et Populations vulnérables 23 Situation et tendances - Réalisations Défis – Causes - Lacunes de capacités 2.3 Education et Autonomisation des femmes 28 2.3.1-Education 28 Situation et tendances – Réalisations Défis – Causes – Lacunes de capacités 2.3.2-Autonomisation de la femme 32 Situation et tendances – Réalisations Défis – Causes – Lacunes de capacités 2.4-Gouvernance et Partenariat 2.4.1-Gouvernance 34 Situation et tendances - Réalisations Défis – Causes – Lacunes de capacités 2.4.2-Partenariat mondial 39 Situation et tendances – Réalisations Défis – Causes – Lacunes de capacités 2.5-Conclusion 41 3-Cadre de coopération 43 4-Matrice des indicateurs 45 5-Sources de données 50 6-Annexes 51 - Indicateurs EDIM-2006 51 - Liste des indicateurs OMD 58
  • 3. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 3 - Liste des abréviations 60 Indicateurs clés Population (en milliers d’habitants en 2000) 632.000 Taux d’accroissement de la population (en %) 2,81 P Population urbaine (en %) 82P 1 P Population de moins de 15 ans ( en %) 40P 1 P Densité (milliers d’habitants / kmP 2 P ) 27,7P 1 P Population des réfugiés en 2006 4.550P 8 P Population vulnérable victime de la sécheresse en 2006 88.500P 8 P Taux de vulnérabilité à l’insécurité alimentaire (en %) 49P 1 P Taux de mortalité infantile (pour mille) 67P 9 P Taux de mortalité infanto-juvénile (pour mille) 94P 9 P Taux de mortalité maternelle (sur 100.000 naissances vivantes) 546P 2 P Indice synthétique de fécondité (par femme) 4,2P 2 P Espérance de vie à la naissance (en nombre d’années) 47,0P 2 P Taux de prévalence du VIH/SIDA (en %) 2,9P 2 P Taux de prévalence de la Tuberculose (sur 100.000) 1.137P 5 P Paludisme (nombre de cas recensé) 7.360P 6 P Taux net de scolarisation primaire (TNS en %) 55,3P 9 P Indice de parité entre les sexes (IPS) pour le TNS primaire 0,98P 9 P Taux net de scolarisation secondaire (TNS en %) 39,5P 9 P Indice de parité entre les sexes (IPS) pour le TNS secondaire 0,86P 9 P Pourcentage de femmes âgées de 15-24 ans alphabétisées 47,5P 9 P Pourcentage d’hommes alphabétisés 65,9P 1 P Taux de chômage femmes ( en % ) 68,5P 1 P Taux de chômage hommes ( en % ) 54,5P 1 P Part de chômeurs à la recherche du 1P er P emploi ( % sur total) 50P 1 P PIB (en millions US $) 702,1P 7 P Taux de croissance réel du PIB (en % par an) 3P 7 P Taux de croissance annuel du PIB (en % par an) 0,5P 1 P Taux d’investissement (%PIB) 6,7P 1 P Secteur primaire (%PIB) 5P 1 P Secteur secondaire (% PIB) 15P 1 P Secteur tertiaire (% PIB) 80P 1 P Aide Publique au Développement (en millions US$) 64,1P 7 P Dette extérieure (en millions de US$) 450,8P 7 P Taux d’inflation (en % en 2003) 2P 1 P Incidence de pauvreté extrême (en %) 42,1P 1 P Incidence de pauvreté relative (en %) 74,0P 1 P Valeur de l’indice de développement humain (IDH) 0,494P 4 P Classement selon l’IDH sur 177 pays 148P 4 P Population ayant accès aux sources d’eau potable améliorées en milieu urbain (%) 97,4P 9 P Population ayant accès aux sources d’eau potable améliorées en milieu rural (%) 52,5P 9 P Pourcentage de la population utilisant des sanitaires pour l’élimination des excréments en milieu urbain 67,8P 9 P Pourcentage de la population utilisant des sanitaires pour l’élimination des excréments en milieu rural 18,8P 9 P Utilisation de combustibles solides pour la cuisson en milieu urbain 9,5P 9 P Utilisation de combustibles solides pour la cuisson en milieu rural 78,9P 9 P Routes bitumées par rapport au réseau routier total (%) 33P 1 P Nombre d’ordinateurs (sur 100 personnes) 1,09P 1 P Utilisateurs Internet (sur 10.000 personnes) 5,13P 1 P Nombre de téléphone mobile (sur 100 personnes) 0,47P 1 P [Sources : (1) EDAM-IS-2/ 2002 ; (2) EDSF/PAPFAM 2002 ; (3) Education nationale-2005 ; (4) Rapport mondial sur le développement humain-2006 ; (5) Rapport global TB OMS 2006 ; (6) SIS 2005 ; (7) FMI ; (8) PNUD ; (9) EDIM-2006 ]
  • 4. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 4
  • 5. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 5 RESUME ANALYTIQUE Ce deuxième Bilan Commun de Pays ou CCA de la République de Djibouti, instrument commun aux activités opérationnelles du Système des Nations Unies, a été établi selon les nouvelles approches stratégiques développées par le Secrétariat Général des Nations Unies, telles l’approche participative, l’approche genre et l’approche basée sur les Droits Humains. L’analyse de la situation et l’identification des problèmes clés ont été menées en consultation avec des représentants du Gouvernement, de la société civile et des partenaires au développement et par rapport aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), la CIPD et autres engagements issus de la Déclaration du Millénaire, Conférences et Sommets internationaux, ainsi que des instruments du Système des Nations Unies relatifs aux Droits Humains. Conformément aux travaux de la Retraite de l’équipe des Nations Unies de Djibouti qui s’est réunie en mai 2006, quatre thèmes ont été retenus sur la base des priorités du développement du pays et des Objectifs du Millénaire pour le Développement : (1) Pauvreté et Environnement ; (2) Santé et Populations vulnérables ; (3) Education et autonomisation des femmes ; (4) Gouvernance et Partenariat. Quatre groupes thématiques, composés des représentants du Gouvernement, de la société civile et des partenaires au développement ont été mis en place. Une analyse causale a été appliquée à chacun des thèmes en mettant en évidence les causes immédiates, les causes sous-jacentes ainsi que les causes fondamentales des problèmes majeurs identifiés. Les lacunes de capacités des détenteurs de droits ou « ayants droits » et celles des titulaires d’obligations ou « ayants devoirs » ont été respectivement identifiées. Pauvreté et Environnement Au cours des années quatre-vingt dix, Djibouti a enregistré une croissance économique négative en raison d’une période d’instabilité politique et de chocs exogènes majeurs. Cette situation a largement contribué à la paupérisation grandissante de la population djiboutienne en général, et celle des populations les plus vulnérables en particulier (femmes, enfants, ruraux, réfugiés et déplacés). 42% de la population vit dans la pauvreté absolue et 74% dans des situations de pauvreté relative. Pour inverser la tendance et mettre en place les conditions d’une croissance forte et durable, les pouvoirs publics ont adopté en 2004, un cadre stratégique de Ulutte contre la pauvretéU (CSLP). Ce programme de référence vise la création d’une dynamique de croissance et une accumulation du capital humain pouvant faciliter la participation des plus pauvres aux activités productives et favoriser la redistribution des revenus. Les actions mises en œuvre à ce jour ont été essentiellement financées sur les ressources du budget national. Peu de financements extérieurs ont pu être mobilisés à cause du retard dans la conclusion d’une seconde facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC) avec le Fonds monétaire international qui conditionne les engagements financiers de la plupart des partenaires au développement. En dépit des efforts fournis par le Gouvernement, l’atteinte de l’objectif de réduction de la pauvreté et de la faim semble être difficilement réalisable d’ici à 2015, en l’absence de réformes soutenues de la politique structurelle. En effet, avec un accroissement démographique se situant en moyenne à 2,8% par an, le niveau actuel de la croissance reste insuffisant pour opérer une réduction substantielle de la pauvreté et de la faim. Le pays est par ailleurs soumis à d’importants risques et catastrophes tels que la sécheresse, les inondations et crues, le tremblement de terre, ainsi que la désertification, les épidémies, la famine, et sa situation géographique influence un nombre important de flux migratoires ainsi que des réfugiés et des personnes déplacées engendrant des problèmes d’insécurité alimentaire. Au niveau des Uenjeux environnementauxU, la situation est particulièrement critique à Djibouti notamment à cause de la faiblesse des ressources naturelles et des rigueurs du climat, (faible couverture végétal, rareté de précipitations, pauvreté de sols), ainsi que de la forte pression démographique et de l’afflux massif des populations étrangères auxquelles s’ajouteront à brèves échéances les impacts négatifs des changements climatiques. L’approvisionnement en eau, assuré à plus de 95% par les eaux souterraines, est singulièrement difficile en milieu rural et les centres urbains. La surexploitation des nappes aquifères conjuguée à la maintenance défaillante des réseaux conduit à la dégradation de la qualité de l’eau. Le problème de l’assainissement constitue une menace majeure pour la population. L’insalubrité, aggravée par des équipements d’assainissement défaillants, engendre une détérioration du cadre de vie notamment en milieu urbain où la progression constante des populations (3% par an) qui habitent dans des taudis génèrent la prolifération des occupations illicites et précaires.
  • 6. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 6 Pour remédier à cette situation, les autorités se sont récemment dotées de cadres de référence avec l’adoption d’une loi cadre sur l’environnement et d’un plan d’action national pour l’environnement. Toutefois, faute de ressources et de capacités institutionnelles suffisantes, les efforts sont restés insuffisants dans la mesure où les orientations retenues n’ont pu être traduites en actions concrètes. Compte tenu de nombreuses contraintesTP0F 1 PT pour résoudre les problèmes environnementaux, l’objectif du Millénaire pour le Développement assigné en matière d’environnement ne pourra être atteint en 2015, si des dispositions ne sont pas prises pour mobiliser des ressources financières, mener une politique de plaidoyer et développer les capacités humaines à tous les niveaux. Santé et Populations vulnérables Dans le cadre du plan national du développement sanitaire pour la période 2002- 2006, de nombreuses actions en faveur de la santé des populations en général et des plus vulnérables en particulier dont la mère et l’enfant y compris la lutte contre les maladies transmissibles (VIH/SIDA, rougeole, paludisme et tuberculose) ont été entreprises par le Gouvernement. Les différents programmes verticaux exécutés par la Direction de la santé mère-enfant ont contribué à réduire la mortalité maternelle estimée à 546 pour 100.000 naissances vivantes d’après EDSF/PAPFAM-2002, et à réduire la mortalité infantile et infanto- juvénile estimée respectivement à 67 et 94 pour 1000 naissances vivantes d’après EDIM-2006. Par ailleurs, on estime à 9.000 le nombre de personnes vivant avec le VIH et les données de routine indique que le taux de prévalence du VIH est de 2,9% en 2006. Plusieurs autres programmes et plans ont été également mis en service dont le programme Santé de la reproduction et le programme de lutte contre la violence fondée sur le genre. Toutefois, les risques encourus par la femme à partir de l’âge de 15 ans demeurent importants. Il s’agit notamment des mutilations génitales féminines, des grossesses précoces, des avortements à risques, de la morbidité (fistules, malnutrition, anémies, violence, IST/SIDA) et de la très faible prévalence de la contraception, ainsi que la réduction de l’intervalle génésique, la multiparité et le besoin non satisfait. Les adolescents et es jeunes qui constituent la majorité de la population sont également victimes d’une vulnérabilité grandissante liée à la pauvreté, au chômage, à l’analphabétisme, à l’abandon scolaire, aux IST/SIDA, à la violence, à la consommation du tabac et drogues, et aux grossesses précoces et avortements en ce qui concerne les jeunes filles. En dépit de nombreux efforts accomplis, le droit des populations à un état de santé satisfaisant n’est pas réalisé. Le Forum de réflexion sur la santé organisé en avril 2006 a permis de mettre en relief un certain nombre de lacunes au niveau du Ministère de la santé dont le besoin en ressources humaines qualifiées (sages-femmes, médecins, gynécologues, obstétriciens, anesthésistes-réanimateurs) et le renforcement de la stratégie IEC (information, éducation, communication) en matière de santé en général avec une large information du public sur l’existence d’un numéro vert (15) gratuit pour bénéficier des conseils et assistance en matière de VIH/SIDA. Les titulaires de droits ne sont pas toujours au courant des questions liées à leur santé et les informations restent encore insuffisantes. L’Etat principal détenteur d’obligations a une faible capacité d’affecter des ressources suffisantes au secteur, et les communautés sont limitées dans leur action par manque de ressources, d’encadrement et de faiblesse de soutien des pouvoirs publics. Les objectifs du Millénaire pour le développement relatifs à la santé de la population doivent par conséquent faire l’objet d’une attention particulière compte tenu des pesanteurs socioculturelles qui entraînent des comportements peu compatibles avec les exigences en matière de santé et la pauvreté des ménages qui réduit leur accessibilité aux soins. TP 1 PT Parmi les difficultés, on peut noter l’absence de moyens financiers, matériels et humains, l’accentuation de la dégradation de l’environnement et la difficulté à appliquer les législations en vigueur
  • 7. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 7 Education et Autonomisation des femmes UEn matière d’éducationU, l’examen du système éducatif entrepris en 1999 a abouti à la formulation d’une nouvelle loi d’orientation de l’éducation qui a instauré entre autres : (i) un enseignement fondamental obligatoire de neuf ans (cinq en cycle primaire et quatre en cycle moyen) pour tous les enfants âgés de 6 à 16 ans; (ii) la refonte de programmes d’enseignement adaptés au contexte national ; (iii) la participation des parents d’élèves à la gestion des établissements scolaires; (iv) l’alphabétisation des jeunes de 15 ans et plus. Le bilan des réalisations dans le cadre du plan d’action 2001-2005 a été positif au vu des résultats obtenus. Toutefois, en dépit des progrès réalisés, près de 45% des enfants dont une majorité de filles ne sont pas scolarisés surtout en zones rurales et plus de 20% des élèves inscrits n’achèvent pas leur cycle d’études primaires. Même si le secteur a bénéficié en 2006 d’un programme d’appui à l’enseignement primaire dans le cadre de l’initiative de mise en œuvre accélérée financée sur don par la Banque Mondiale, en vue de renforcer entre autres la scolarisation des filles et celle des enfants issus des groupes vulnérables et à besoins spéciaux (les enfants des réfugiés étant entièrement pris en charge par le HCR), le système éducatif reste confronté aux problèmes d’accès, d’équité, de qualité et d’efficacité interne. Par ailleurs, l’analphabétisme des 15 ans et plus (53,5%) reste plus élevée chez les femmes. La volonté affichée du Gouvernement pour atteindre l’objectif d’une éducation pour tous à l’horizon 2015 ne se traduit donc pas toujours en actions concrètes faute de financement et de capacités institutionnelles suffisantes, mais aussi faute des parents, de la communauté et de la société civile qui, en raison de la pauvreté, de l’ignorance et des préjugés socioculturels posent problèmes à l’éducation des enfants, à celle des filles en particulier. En ce qui concerne Ul’autonomisation des femmesU le plaidoyer du Président de la République en mars 2000 a permis d’œuvrer d’urgence à l’instauration et la sauvegarde des droits de la femme. Les cinq dernières années la femme a bénéficié d’un élan politique notable avec : (i) la création d’un Ministère de la promotion de la femme et du bien-être familial et des affaires sociales en mai 1999 ; (ii) l’adoption en 2002 d’un Code de la famille en faveur de la sauvegarde de l’unité, de l’entente de la famille et de la protection des enfants ; (iii) l’élaboration d’une stratégie nationale d’intégration de la femme dans le développement en juillet 2002 ; (iv) l’adoption de la loi instituant le système de quota d’au moins 10% de l’un ou de l’autre sexe dans les fonctions électives et administratives en 2002, (d’où la représentation de 7 femmes sur 65 membres au Parlement en 2003) ; (v) la nomination d’une deuxième femme ministre déléguée à la Coopération internationale en mai 2005. Par ailleurs, des mesures ont été prises pour lutter contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes y compris les mutilations génitales dont l’article 333 du Code pénal élaboré en 1995 et sanctionnant les pratiques néfastes. Mais cette avancée n’a connu qu’une intégration timide de la femme au processus du développement car l’inégalité entre l’homme et la femme reste toujours un défi majeur à relever. Les disparités du genre - observées dans les domaines de l’éducation, de l’alphabétisation, de la vie économique et de la prise de décision - persistent encore à cause de la pauvreté, de l’ignorance, de l’analphabétisme et surtout du poids de la tradition, de la religion et de la pression sociale. Le projet visant à favoriser le développement de la micro-finance comme moyen de promotion économique et social de la femme a connu des difficultés et son impact se fait attendre. Les bonnes intentions formulées par le Gouvernement, la société civile, les bailleurs de fonds et les partenaires au développement lors de la table ronde sectorielle en octobre 2003 à l’égard de la stratégie nationale d’intégration de la femme au développement doivent par conséquent se concrétiser pour permettre aux femmes d’influer sur le cours de leur existence.
  • 8. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 8 Gouvernance et Partenariat Dans Ule domaine de la gouvernanceU de nombreuses réformes ont été mises en œuvre, grâce au retour à la paix, mais les résultats et l’impact attendus n’ont pas été entièrement atteints. Des efforts considérables doivent être déployés notamment pour permettre aux acquis démocratiques de s’enraciner. L’organisation des partis politiques laissent à désirer et les élus sont loin de jouer pleinement leur rôle. Malgré un environnement social favorable et une sollicitation importante, la société civile éprouve de grandes difficultés à jouer le rôle de catalyseur à cause notamment d’un cadre juridique jugé inadapté et des faiblesses structurelles significatives. L’absence d’une presse indépendante constitue aussi une contrainte importante sur le plan de la liberté d’expression. En matière de gouvernance judiciaire, le renforcement de l’état de droit et l’amélioration de la sécurité juridique et judiciaire au service du citoyen prônés par les états généraux de la justice en 2001 seraient susceptible de rehausser le crédit de la justice et partant de favoriser le développement économique du pays. La gouvernance administrative se caractérise par une lourdeur dans le fonctionnement et par une relative inefficience dues aux faiblesses structurelles, tandis que la gouvernance locale, malgré les initiatives remarquables prises par le Gouvernement dont l’organisation des premières élections régionales en 2006 pour promouvoir la décentralisation et mettre en place les collectivités locales et leurs organes élus, tarde à être concrétisée. Les décrets d’application pour le transfert effectif des moyens et des compétences ne sont pas encore traduits dans la réalité. Sur le plan de la gouvernance économique, les finances publiques ont connu d’importants déséquilibres macroéconomiques durant la période 1990-95. Pour sortir de cette crise, les autorités du pays se sont engagées avec le concours du FMI et de la Banque mondiale dans une politique de réformes structurelles dans le but de rétablir les grands agrégats macroéconomiques et mettre le pays sur la voie d’une croissance économique durable. Toujours est-il que les problèmes existants gravitent autour de : (i) la lutte contre la pauvreté ; (ii) l’amélioration de la compétitivité à moyen terme ; (iii) la possibilité d’asseoir à moyen ou à long terme une position budgétaire viable. Quant au secteur privé, il est atrophié et fait face à plusieurs problèmes dont les coûts élevés des facteurs de production, le financement, l’insuffisance des ressources humaines qualifiées et à la pression fiscale. Néanmoins, les autorités du pays ont su concrétiser avec l’Emirat de Dubaï un partenariat économique remarquable. Elles ont également renforcé depuis 2001 les institutions ayant en charge la promotion du secteur privé, mais de nombreux défis pour promouvoir la compétitivité de l’économie de Djibouti restent encore à relever. Le renforcement des capacités nationales en matière de production, d’analyse et d’utilisation des données pour la définition des priorités, ainsi que la réalisation d’un recensement de la population et la mise en place de bases de données en matière de planification s’avèrent donc primordiaux. Dans Ule domaine du partenariatU, la politique d’assainissement des finances publiques menée depuis 1999 par le Gouvernement a entraîné une progression de l’Aide Publique au Développement, ce qui a permis à la Banque Mondiale de classer Djibouti parmi les pays de l’Afrique subsaharienne pour lesquels l’Aide par tête d’habitant est la plus importante. Au niveau national, les partenaires au développement ont inscrit leur action dans l’accompagnement des politiques sectorielles volontaristes mises en œuvre par les autorités. Ils ont également œuvré à la promotion du secteur privé à travers l’étude diagnostique sur l’intégration du commerce et ont su répondre aux situations d’urgences. Toujours est-il que le concept même et les contours d’un partenariat mondial, ainsi que la manière dont il sera mis en œuvre, restent encore imprécis au niveau national où les mécanismes antérieurs continuent de prévaloir. UEn conclusion,U les différents problèmes analysés font ressortir le non respect d’un grand nombre de droits humains dû aux faibles capacités aussi bien des titulaires de droits (les ayant droits) que des détenteurs d’obligations (les ayants devoirs). Compte tenu des faiblesses sus-citées, et au vu des résultats indicateurs préliminaires de l’EDIM-2006 dont on trouvera quelques données en annexe, les domaines prioritaires de coopération SNU-Gouvernement devraient s’articuler principalement autour de : (i) la lutte contre la pauvreté et la protection de l’environnement ; (ii) la promotion de la santé des populations et notamment des plus vulnérables ; (iii) l’accès à des services d’éducation de qualité et à l’autonomisation des femmes; (iv) la promotion de la bonne gouvernance et du partenariat
  • 9. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 9 Section 1 - PROCESSUS DE PREPRARATION DU CCA Ce deuxième Bilan Commun de la République de Djibouti ou CCA a été établi conformément aux nouvelles approches stratégiques développées par le Secrétariat Général des Nations Unies pour la définition du Plan Cadre d’Aide au Développement ou UNDAF. Il s’agit essentiellement de l’approche participative, de l’approche genre et surtout de l’approche basée sur les Droits humains. L’analyse de situation et l’identification des problèmes clés de développement ont par conséquent été menées en étroite consultation avec des représentants du Gouvernement, de la société civile et des partenaires au développement d’une part, et par rapport aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et autres engagements issus de la Déclaration du Millénaire, Conférences et Sommets internationaux, ainsi que des instruments du Système des Nations Unies relatifs aux Droits humains, d’autre part. Conformément aux travaux de la Retraite de l’équipe des Nations Unies de Djibouti qui s’est réunie en mai 2006, quatre thèmes ont été retenus sur la base des priorités du développement du pays : 1- Pauvreté et Environnement 2- Santé et Populations vulnérables 3- Education et Autonomisation des femmes 4- Gouvernance et Partenariat Quatre groupes thématiques ont été respectivement mis en place, chacun étant coprésidé par un représentant du Gouvernement et un chef d’agence du Système des Nations Unies. Les membres de chaque groupe ont été conjointement identifiés par les institutions gouvernementales et le personnel technique des agences du Système des Nations Unies. Quatre consultants nationaux ont été sélectionnés et recrutés par le Bureau du Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies pour faciliter les travaux des groupes. Par ailleurs, l’ensemble des membres des groupes thématiques ont bénéficié pendant une journée d’une session d’orientation relative à la programmation basée sur les Droits humains. Le lancement officiel du CCA/UNDAF a eu lieu le 05 juillet 2006 par Madame la Ministre déléguée aux affaires étrangères chargée de la Coopération internationale en présence de plusieurs membres du Gouvernement, des hauts cadres de l’Etat ainsi que des représentants des partenaires au développement. Une analyse causale a été appliquée à chacun des thèmes et les causes immédiates et sous-jacentes ainsi que les causes fondamentales des problèmes clés majeurs ont été identifiés. Les lacunes de capacités des détenteurs de droits ou « ayants droits » et celles des titulaires d’obligations ou « ayants devoirs » ont été respectivement identifiées. Une attention particulière a été accordée aux volets transversaux tels que la gouvernance et au genre, ainsi qu’à la situation des groupes vulnérables et défavorisés et personnes déplacées. Les données et statistiques citées en référence ont été sélectionnées en fonction de leur degré de fiabilité et pertinence et extraites, entre autres, des enquêtes EDAM-IS2 et EDSF/PAPFAM 2002, et surtout celle d’EDIM, enquête à indicateurs multiples (MICS 3) plus récente dont les résultats préliminaires ont été validés et partagés en janvier 2007. D’autres données ont été extraites des rapports sectoriels dont ceux de l’éducation et de la santé, du Rapport national sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement de 2005, ainsi que des rapports de la Banque Mondiale et du FMI.
  • 10. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 10 A propos de l’approche participative Le processus participatif ci-dessus évoqué a engendré une maîtrise de l’approche centrée sur les Droits humains, Droits qui dans l’exécution de l’ UNDAF sur la période 2008-2012 doivent avant tout permettre leur connaissance accrue, puis leur application plus rigoureuse et, à terme, leur concrétisation pleine et entière. Par ailleurs, le dialogue et la concertation ont permis de mettre en exergue : (i) le rôle déterminant des politiques nationales de développement et leur mise en œuvre effective; (ii) la reconnaissance des besoins spécifiques des citoyens appartenant aux groupes pauvres et vulnérables; (iii) la nécessité de réaffirmer, à tous les niveaux, la primauté de la jouissance par tous les citoyens de tous les droits humains ; (iv) l’importance de la production d’instruments d’analyse statistique nécessaire au suivi et à l’évaluation de toute action menée. A propos de l’approche basée sur les droits humains Les Nations Unies ont toujours mis les Droits humains au centre de leur action depuis leur création, mais la programmation de l’UNDAF basée sur les droits humains a connu une accélération en 1997, année où le Secrétaire Général des Nations Unies déclarait d’une manière explicite que « toutes les activités majeures des Nations Unies doivent être guidées par les principes des Droits de l’homme ». Cette approche a par conséquent permis aux groupes thématiques de mener une analyse cohérente et exhaustive du Développement humain, en partant du principe que tout effort de développement doit impliquer un progrès en matière de respect des droits humains, tels que définis par la Charte des Nations Unis et par l’ensemble des instruments internationaux établis depuis 1948 Sans prétendre à l’exhaustivité, le Bilan commun a tenté de cerner les problèmes majeurs du pays en matière de développement en identifiant les causes, mais aussi les lacunes de capacités des titulaires des droits et des détenteurs d’obligations et partant, de mettre en relief les actions majeures à entreprendre en rapport avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement. En ce qui concerne l’approche genre Les rapports de genre se réfèrent à la distribution du pouvoir entre femmes et hommes dans un contexte donné et comprend les potentialités, capacités et opportunités des uns et des autres, ainsi que leur évolution tout au long du processus de développement. N’étant pas un objectif en soi, cette approche représente une stratégie d’action qui tend vers la concrétisation du concept d’égalité entre hommes et femmes au moyen notamment d’un renforcement de capacités de ces dernières. Cette stratégie a été prise en compte dans sa dimension transversale dans les domaines politique, sociale et économique. A propos de la Déclaration du Millénaire et du Rapport National sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) La République de Djibouti, signataire de la Déclaration du Millénaire s’emploie aujourd’hui à mieux cibler son action dans le sens de la réalisation des huit objectifs principaux du Millénaire pour le développement : 1- Réduire l’extrême pauvreté et la faim 2- Assurer une éducation primaire pour tous 3- Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes 4- Réduire la mortalité infantile 5- Améliorer la santé maternelle 6- Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies 7- Assurer un environnement durable 8- Mettre en place un partenariat mondial Un premier rapport national sur l’état des OMD a été élaboré par le Gouvernement en 2003. Le deuxième - résultat d’un travail collectif entre des représentants du Gouvernement, du Système des Nations Unies, de la société civile et autres partenaires au développement - a été publié en 2005. Le deuxième rapport a mis l’accent sur les actions du Gouvernement et des organismes internationaux ainsi que sur l’état des progrès réalisés, en soulignant toutefois les difficultés et contraintes rencontrées au niveau de la production d’informations et la capacité d’analyse du système statistique. Il constitue un document de plaidoyer en faveur d’un engagement fort des partenaires au développement à soutenir les efforts du Gouvernement dans la voie du développement socio-économique du pays.
  • 11. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 11 Section 2 - ANALYSE DE LA SITUATION (i) Contexte géographique Ancienne colonie française, ayant accédée à l’indépendance le 27 juin 1977, la République de Djibouti, située dans la Corne de l’Afrique à l’entrée Sud de la mer Rouge, couvre une superficie de 23.200 kmP 2 P et partage ses frontières avec l’Ethiopie, l’Erythrée et la Somalie. Elle dispose de 372 km de côtes ainsi que d’un espace maritime d’environ 7.200 kmP 2 Placée sur l’une des voies maritimes les plus empruntées du continent, Djibouti bénéficie d’une position géostratégique incontestable. Placé sur le rift africain, le territoire présente un relief contrasté. Le climat est de type désertique marqué par une faible pluviométrie et des températures généralement élevées. La couverture du végétal est faible du fait de la rareté des précipitations combinée à la pauvreté des sols. Les deux ethnies principales du pays sont les Afars et les Somalis, toutes deux de tradition nomade et de confession musulmane. On y trouve une importante communauté arabe d’origine yéménite. Les populations étrangères les plus importantes du point de vue numérique sont les somaliens, les éthiopiens et les français. Les langues officielles sont le français et l’arabe. Les langues nationales sont l’afar et le somali. (ii) Contexte démographique La démographie djiboutienne se caractérise par une forte croissance de la population, ainsi que par des déplacements de population internes et externes importants favorisant une urbanisation rapide. L’inexistence de données complètes et fiables constitue le principal défi et faute de recensement le pays ne dispose pas d’informations exhaustives sur l’effectif et la structure de la population. Cependant, sur la base des enquêtes réalisées auprès des ménages EDAM-IS2 et EDSF/PAPFAM en 2002, et celle plus récente à indicateurs multiples ou EDIM (MICS 3) réalisée en 2006, la population djiboutienne est estimée entre 600 et 650.000 habitants. Le taux d’accroissement est d’environ 2,8 % par an. Les jeunes de moins de 15 ans forment près de 40% de la population. Plus de 80% de la population vit en milieu urbain et Djibouti- ville à elle-seule concentre près de 65% de cette population urbaine. Le reste de la population est réparti dans les régions de l’intérieur (districts d’Arta, d’Ali Sabieh, de Dikhil, de Tadjourah et d’Obock). La population rurale est estimée à 15% du total. Les taux de fécondité et de mortalité, toujours élevés, enregistrent toutefois une baisse par rapport à la dernière décennie. Ainsi l’indice synthétique de fécondité (ISF) est passé de 5,8 en 1996 à 4,2 enfants par femme en 2002. Les taux de mortalité infantile et infanto-juvénile sont passés respectivement de 103,1 à 67 pour 1.000 naissances vivantes et de 124,4 à 94/1.000 entre 2002 et 2006 . L’espérance de vie, l’une des plus faibles du monde, se situe autour de 47 ans. Cette tendance à la baisse des taux de mortalité infantile et infanto-juvénile est le résultat des efforts mis de plus en plus dans la prévention et notamment dans la couverture de la vaccination. En ce qui concerne la fécondité, on peut signaler une amélioration de la prévalence contraceptive qui est passée de 3% en 2000 à 17,8% en 2006 d’après EDIM-2006. Cette prévalence reste toutefois très faible et constitue une des causes de la mortalité maternelle estimée à 546 pour 100.000 naissances vivantes d’après l’enquête EDSF/PAPFAM-2002. Jouissant d’une certaine stabilité au sein d’une région où subsistent des nombreux conflits, la République de Djibouti accueille depuis son indépendance de nombreux réfugiés et personnes déplacées. Par ailleurs, la sécheresse persistante, la dégradation de l’environnement et l’appauvrissement des populations dans les districts de l’intérieur et les zones rurales entraînent un déplacement de plus en plus important de personnes vers Djibouti-ville et sa périphérie où sont concentrées les infrastructures économiques du pays. L’augmentation des bidonvilles à la périphérie de Djibouti-ville et la construction d’habitations précaires dans les quartiers de la ville démontre que le phénomène d’agrégation de population continue de s’amplifier. De même, on assiste à une augmentation du nombre des personnes vivant dans la rue. Cette situation s’accompagne d’une montée de la violence notamment à l’égard des femmes et des enfants, mais aussi d’une pression de plus en plus accrue sur les infrastructures sociales, du secteur de la santé en particulier, engendrant une dégradation de l’environnement urbain. A noter que, faute de données complètes et fiables nécessaires pour une compréhension correcte des tendances démographiques, l’intégration de la composante démographique dans les programmes de développement ainsi que l’évaluation de l’impact réel de ces programmes sur les populations cibles restent difficiles à mettre en œuvre. Il n’existe pas non plus de politique de population officielle qui soit globale dans son approche. L’appareil statistique du pays, la Direction de la statistique et des études démographiques (DISED), compte tenu de ses faibles capacités institutionnelles, n’est pas encore en mesure de centraliser toutes les informations requises sur la population pour leur intégration dans les plans de développement. Toutefois, un certain nombre d’indicateurs – tels que la participation de Djibouti aux Conférences internationales, l’adhésion aux différents programmes et plate-formes d’action, la ratification des conventions internationales, les changements sur le plan politique au niveau national et enfin les différents programmes sectoriels – devraient pouvoir s’inscrire dans le cadre cohérent d’une politique de population.
  • 12. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 12 (iii) Contexte politique Au cours de la décennie écoulée, le pays s’est doté des institutions nécessaires à une démocratie de type pluraliste. La Constitution du 15 septembre 1992 a posé les fondements de l’organisation politique et constitue la loi suprême du pays. Le régime est de type présidentiel où les pouvoirs de l’exécutif sont contrebalancés par les pouvoirs législatif et judiciaire. L’exécutif est composé du Président de la République, Chef du Gouvernement, d’un Premier Ministre qui assure la coordination de l’action gouvernementale et des ministres. Le pouvoir législatif est entre les mains de 65 députés, dont 7 femmes, qui représentent le peuple et siégent à l’Assemblée nationale. Enfin, le pouvoir judiciaire est incarné par la Cour Suprême. Le pays est actuellement dirigé par une coalition de quatre partis politiques. ( iv) Contexte socio-économique La République de Djibouti se caractérise actuellement par des indicateurs sociaux en dessous des normes des pays en développement à revenu faible et des pays arabes avec un PIB/tête estimé à 850$ et un IDH de 0,494 en 2006 qui le classe à la 148P ème P place sur un total de 177 pays. La situation de développement humain indique une situation de pauvreté relative et de pauvreté extrême touchant respectivement 74,4% et 42,2% de la population en 2002. les résultats de l’enquête EDAM-IS2 menée en 2002 montrent que le phénomène est généralisée et touche toutes les catégories sociales et toutes les zones géographiques. L’incidence de pauvreté est plus profonde en milieu rural avec 97% de pauvreté relative et 83% de pauvreté extrême et affecte beaucoup plus les femmes que les hommes. D’après l’EDIM-2006 presque un enfant sur deux est scolarisé en 2006. Bien que le taux de net solarisation primaire (55,3%) ait progressé dans toutes les régions du pays, les disparités d’accès à l’école primaire demeurent quelque peu marquées entre les zones urbaines (56,0%) et les zones rurales (41,3%). Les inégalités liées au genre ont par contre régressées, suite aux nombreuses campagnes de sensibilisation menées en faveur de la scolarisation des filles, avec un indice de parité filles/garçons de 0,98 aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. Il n’existe pratiquement aucune différence entre filles et garçons en termes de fréquentation de l’école primaire. L’EDIM-2006 indique par ailleurs que le pourcentage de femmes âgées de 15-24 ans alphabétisées s’élève à 47,5%, mais ce taux est de 48,4% en milieu urbain et seulement de 14,2% en milieu rural. La situation sanitaire est globalement alarmante compte tenu du manque de qualification du personnel et de l’insuffisance de médicaments essentiels dans les structures sanitaires. L’accès aux soins des ménages les plus pauvres et des femmes en particulier est limitée et les taux de mortalité maternelle et infanto-juvénile sont assez élevés. Le système de santé étant axé sur les soins curatifs, les disparités dans l’accès sont importantes entre la ville de Djibouti et les districts de l’intérieur. La propagation du VIH/SIDA et des maladies sexuellement transmissibles constitue une autre préoccupation, notamment chez les femmes et les jeunes. Même si le taux de prévalence moyen est relativement bas (2,9%), l’épidémie infecte plus les personnes économiquement productives (6% pour les 15-35 ans) et l’incidence risque de croître rapidement compte tenu des comportements à risque de cette tranche d’âge. L’approvisionnement en eau potable des populations a tendance à s’améliorer puisque EDIM-2006 indique que 97,9% ont accès aux sources d’eau potable améliorées, mais ce taux baisse à 52,5% en milieu rural. Par contre, le problème d’assainissement et de l’hygiène représente une menace importante pour l’environnement et constitue une source d’aggravation de la situation sanitaire. Seulement 67,8% de la population utilise des sanitaires pour l’élimination des excréments (égout, fosse septique, latrines) en milieu urbain, et ce taux baisse à 18,8% en milieu rural. A noter que seuls 65,9% des ménages vivent dans des maisons équipées d’installations sanitaires améliorées.
  • 13. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 13 En matière d’habitat, Djibouti-ville et les principaux centres urbains du pays ont connu une expansion rapide de zones d’habitats précaires dont le développement s’est traduit par des difficultés croissantes dans l’accès aux services sociaux de base. De plus, les prix élevés des loyers, les coûts exorbitants des matériaux de construction et de la main d’œuvre exacerbent la précarité des ménages et limitent les possibilités d’accès des pauvres aux logements décents. Le taux moyen de chômage (59,5%) est en forte hausse par rapport à son niveau de 1996. Selon EDAM-IS2, ce taux est particulièrement élevé parmi les ménages pauvres (66,5%) et chez les pauvres extrêmes (72,4%). La situation des femmes est encore plus dramatique. 68,5% des femmes actives sont au chômage contre 54,5% pour les hommes. L’économie du pays est lourdement tributaire du secteur des services qui représente 80% du PIB et 80% des emplois. Les services sont principalement axés sur les activités portuaires, le transport et les communications. Le secteur agricole, en raison de l’absence de terres fertiles, de manque d’eau et des conditions climatiques difficiles, reste insignifiante et ne représente que 5% du PIB. Le secteur de la pêche, ressource au potentiel important, demeure inexploité par manque de demande intérieure et du fait de politiques de prix et de travail non concurrentielles. Quant au secteur industriel, il est très peu développé en raison du manque de ressources naturelles et ne représente que 15% du PIB. L’essentiel du financement extérieur de l’économie du pays provient aujourd’hui de l’Aide Publique au Développement qui, avec un peu moins de 60 millions $ chaque année, représente près du dixième du PIB. La République de Djibouti est l’un des pays qui reçoit le plus d’aide au développement en Afrique subsaharienne. Cette assistance extérieure est surtout composée d’aide bilatérale avec 48% du flux total d’aide publique au développement.
  • 14. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 14 (v) Prévention des catastrophes Au cours des vingt dernières années la République de Djibouti a connu plusieurs catastrophes et des situations d’urgence face auxquelles les autorités nationales n’ont pu répondre qu’avec des moyens humain et matériel limités. Les catastrophes auxquelles le pays est confronté de manière récurrente, à des échelles de gravité variables, sont la sécheresse, la désertification (déboisement abusif et surpâturage), la famine, les inondations et crues d’oueds, les épidémies, la dégradation de l’environnement et les tremblements de terre (Djibouti étant situé dans une zone volcanique très sismique). ULa sécheresseU a un impact plus durable sur l’économie du pays car elle menace à la fois la survie des populations nomades et celle du cheptel. Depuis 1999, le pays à l’instar des autres pays de la Corne de l’Afrique est confronté à une sécheresse chronique qui a pour conséquence un appauvrissement de la population en général et de la population rurale en particulier. Les cycles de sécheresse se traduisent par la hausse du taux de malnutrition chez les groupes vulnérables (femmes enceintes et allaitant, personnes âgées et malades, et les enfants de moins de cinq ans). Par ailleurs, la surexploitation des ressources en eaux, le manque de maintenance des infrastructures hydrauliques, l’insuffisance de retenues d’eaux de pluies, le surpâturage et le déboisement aggravent davantage la situation. En janvier 2006, le Gouvernement a lancé un appel à la communauté internationale pour une assistance humanitaire. Ainsi, 47.500 personnes dont 28.500 femmes ont bénéficié d’une Uaide alimentaire d’urgenceU dans le cadre du Programme Alimentaire Mondial. A noter aussi que sous l’impulsion de la première Dame du pays, un vaste élan de solidarité s’est également mis en place pour venir en aide aux populations victimes estimées à environ 88.500 personnes. ULes inondations et les cruesU de 1994 et 2004 qui ont touché Djibouti-ville et l’ensemble des districts, à des degrés divers, ont été parmi les plus dévastatrices que le pays a connu depuis l’indépendance. Les contraintes climatiques expliquent la faiblesse du couvert végétal du pays. Cette situation est aggravée par la coupe du bois pour le chauffage et la cuisson, ainsi que pour le commerce du charbon de bois. Ces pratiques contribuent de manière significative au UdéboisementU des sols et accentue le phénomène de Ula désertificationU. A noter qu’une étude sur la vulnérabilité et l’adaptation aux Uchangements climatiquesU réalisée en juillet 2001 par le Ministère de l’habitat, de l’urbanisme et de l’environnement montre que la diversité biologique terrestre sera très vulnérable aux changements climatiques, mais les impacts varieront énormément suivant les régions et selon le degré actuel de dégradation des écosystèmes terrestres. Les zones les plus touchées seront celles qui sont déjà fragilisées par d’autres facteurs généralement d’ordre anthropique. Pour atténuer l’ampleur de ces impacts négatifs, il faudra qu’une réelle politique de conservation des zones les plus vulnérables soit mise en place. Des stratégies d’adaptation aux changements climatiques, basées sur les principes de prévention utilisant les données satellitaires (télédétection, évaluation de la biomasse potentielle, prévision des saisons sèches etc.) seraient largement bénéfiques aux populations nomades qui vivent essentiellement des produits d’élevage. Sur le plan de l’hygiène, le manque d’hygiène, les modes de conservation des eaux potables et des aliments, le dysfonctionnement du réseau d’assainissement et le système de canalisation saturé créent des conditions propices à Ula propagation des épidémiesU (choléra et paludisme) et des maladies diarrhéiques dont la fréquence est accentuée ces dernières années par le mouvement migratoire des populations nomades et l’immigration clandestine. Pour ce qui est de Utremblement de terreU, les crises de 1973 et 1978 ont été parmi les plus violentes (magnitude 5.0 sur l’échelle de Richter), mais aucun victime n’a été déploré grâce au respect des normes de construction parasismiques et des plans d’urbanisation stricts qui interdisent les constructions au-delà d’une certaine hauteur ainsi que dans les zones à risques. Toutefois, l’urbanisation rapide de la capitale, qui s’est traduite par une extension de la ville au Nord par le remblayage des terrains gagnés sur la mer et au Sud vers l’oued d’Ambouli, pourrait constituer un risque réel en cas de séisme de même amplitude.
  • 15. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 15 (vi) Réfugiés et personnes déplacées La Corne de l’Afrique a été constamment bouleversée par des conflits et par conséquent par les déplacements des populations et l’afflux des réfugiés. La République de Djibouti, qui jouit d’une stabilité particulière dans la région, a toujours subi les contrecoups de ces catastrophes causées par l’homme et a accueilli les réfugiés sur son sol. Suite aux dernières opérations de rapatriement d’il y a deux ans, le nombre de réfugiés actuellement présents serait de 4.500 environ. De même, suite au conflit interne armé de 1991 qui a duré jusqu’en 1994, de nombreuses personnes se sont déplacées des zones rurales vers la capitale.
  • 16. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 16 2.1 – PAUVRETE ET ENVIRONNEMENT 2.1.1 – Pauvreté Cette problématique vise la réduction de l’extrême pauvreté et de la faim, UObjectif 1 du Millénaire pour le DéveloppementU qui cible la réduction de moitié de la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour entre 1990 et 2015 d’une part, et la réduction de moitié de la proportion de la population qui souffre de la faim d’autre part, dans le respect des droits humains dont le droit à la vie, le droit à la protection, le droit à un niveau de vie décent, le droit de manger à sa faim, le droit à un travail etc. « La sécheresse endémique et la mauvaise exploitation des ressources hydrauliques sont des situations préoccupantes. Il faudra mettre en œuvre la politique de l’eau et du développement rural ; mettre en œuvre le dessalement de l’eau de mer pour augmenter l’approvisionnement ; renforcer la production agricole ; garantir une sécurité alimentaire durable ; définir une politique de revalorisation des produits de l’élevage qui constitue un domaine sous-exploité ; exploiter les produits de la mer… ». (Extrait de la Feuille de route du Président de la République – mai 2005) Situation et tendances L’analyse exploratoire des différentes enquêtes sur la pauvretéP1F 2 P montre que celle-ci est devenue structurelle. En effet, malgré les progrès importants réalisés dans le domaine macroéconomique depuis la seconde moitié des années 1990, la situation sociale s’est considérablement détériorée. Définition et mesure de la pauvreté La pauvreté est un phénomène multidimensionnel qui renvoie à la fois à une insuffisance de revenus, au manque d’emplois et aux difficultés d’accès aux besoins essentiels. La pauvreté monétaire retrace ainsi une insuffisance de revenus monétaires pour faire face aux dépenses alimentaires et non alimentaires indispensables. Elle est appréhendée à partir de deux seuils en dessous desquels une personne est considérée comme pauvre relatif ou extrême : Uun seuil de pauvreté relativeU, calculé à partir de la part de la dépense alimentaire dans la dépense totale des ménages du deuxième quintile de dépenses équivalentes adultes, et Uun seuil de pauvreté extrêmeU, déterminé sur la base des besoins alimentaires minimaux correspondant à un apport calorifique journalier de 2115 calories par équivalent adulte. Le seuil de pauvreté relative a été estimé à 198.229 FD et le seuil de pauvreté absolue à 114.096 FD par an en 2002, ce qui correspond respectivement à 3,3 $ et 1,8 $dollars par personne et par jour (1 US$ = 177 FD). Le seuil de pauvreté relative particulièrement élevé, comparé à celui fixé dans le cadre de la Déclaration du Millénaire (2 $ par personne et par jour), traduit le niveau élevé des prix à Djibouti et son incidence sur les conditions de vie des ménages. Ainsi, la pauvreté monétaire est engendrée par une insuffisance de revenus et un faible pouvoir d’achat dans un contexte fortement marqué par une crise du marché du travail. (DSRP-2004) (Extrait : EDAM-IS2-2002) Les résultats de l’enquêtes EDAM-IS-2002 montrent que l’incidence de la pauvreté, entre 1996 et 2002, est passée de 45,1% à 74,0% pour les pauvres relatifsTP2F 3 PT et de 9,6% à 42,1% pour les pauvres extrêmes. Il se trouve que la pauvreté est un phénomène généralisé qui affecte toutes les zones géographiques et toutes les catégories sociales. Les quartiers périphériques des zones urbaines hébergent la plus grande partie concentration des pauvres, tandis que les jeunes et les femmes constituent les couches les plus vulnérables de la population. L’incidence de la pauvreté est particulièrement élevée en zone rurale où près de 97% des ménages sont pauvres dont 83% extrêmement pauvres. Par ailleurs, une étude réalisée auprès des ménages ruraux en 2005 par le PAM a montré que l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité existent dans tous les districts. Les résultats indiquent que 49% des ménages enquêtés sont vulnérables, parmi lesquels 31,3% sont considérés comme très vulnérables à l’insécurité alimentaire. Les principaux résultats macroéconomiques obtenus sur la période 2000-2005 ont été les suivants : i) une inflation modérée avec un taux de croissance moyen annuel de l’indice des prix à la consommation (IPC) d’environ 3% ; ii) une légère hausse de croissance économique mais demeurant insuffisante par rapport au taux de croissance du revenu par habitant. Le pays a en effet enregistré un taux de croissance moyen du PIB réel d’environ 2,5% (passant de 0,7% en 2000 à 3,2% en 2004). TP 2 PT La première évaluation de la pauvreté a été réalisée en 1996, suite à l’enquête sur les habitudes des consommations des ménages (EDAM 1). La deuxième Enquête Djiboutienne auprès des Ménages - Indicateurs Sociaux (EDAM-IS2), a été réalisée en 2002 par le Gouvernement avec l’assistance des partenaires au développement.. TP 3 PT Cf. encadré définition et mesure de la pauvreté
  • 17. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 17 Réalisations Compte tenu de son ampleur et de sa profondeur, la pauvreté à Djibouti n’est pas seulement un problème social mais constitue un véritable défi de développement. La mise en place d’un cadre stratégie de lutte contre la pauvreté (CSLP), principale initiative de politique générale du pays, répond à cet enjeu. Il s’articule autour de quatre axes : i) la relance de la croissance économique et renforcement de la compétitivité ; ii) la promotion du développement progressif des ressources humaines, du rôle de la femme, de l’emploi et des activités génératrices de revenus ; iii) le développement local durable et l’amélioration de l’accès à l’eau potable et aux services universels de base ; iv) la promotion de la bonne gouvernance. Cette stratégie ne peut être matérialisée que dans le contexte d’une croissance économique pouvant garantir un meilleur accès des pauvres aux services sociaux de base, et d’accumulation du capital humain en vue de réduire durablement la pauvreté et le chômage. Mais la politique de croissance économique est conditionnée par l’assainissement du cadre macro-économique à travers la poursuite du programme de stabilisation budgétaire. Elle est également basée sur le rôle moteur que devra jouer le secteur privé en termes d’investissements et de création d’emplois. La mise en œuvre du CSLP nécessitant la mobilisation d’importantes ressources extérieures pour la réalisation des programmes d’actions sectoriels, les autorités djiboutiennes ont organisé les 29 et 30 novembre 2005, une réunion du groupe de coordination des institutions financières arabesTP3F 4 PT. Ces dernières ont marqué leur disponibilité à mettre à la disposition de Djibouti les financements nécessaires aux différents projetsTP4F 5 PT inscrits dans le cadre du programme de développement économique et social sur la période 2006- 2011. Par ailleurs, le Gouvernement a récemment adopté des stratégies sectorielles notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’intégration de la femme et a augmenté la part du budget consacrée aux secteurs sociaux prioritairesTP5F 6 PT. Les pouvoirs publics ont également initié ces dernières années des programmes ciblés en faveur des couches vulnérables et des zones à forte incidence de pauvreté (micro-crédits, travaux à haute intensité de main d’œuvre ). De plus, des programmes de rapatriement volontaire des réfugiés et déplacés, des opérations de distribution de vivres aux populations en situation de crises alimentaires et le programme « vivres contre travail » ont été mis en place dans les zones à risque en collaboration avec les partenaires au développement. TP 4 PT Il s’agit de la Banque Islamique de Développement, du Fonds Arabe pour le Développement Economique et Social, du Fonds Saoudien de Développement et du Fonds Koweitien de Développement. TP 5 PT Les projets concernent les secteurs suivants : éducation, santé habitat social, énergie, eau, assainissement, infrastructures routières, élevage. Les financements des institutions financières arabes sont évalués à près de 370 millions de dollars US. TP 6 PT Les dépenses sociales (éducation, santé, eau et assainissement) se sont accrues de 14% du PIB en 2000 à 16% en 2004.
  • 18. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 18 Défis La persistance de la pauvreté à Djibouti tient principalement à plusieurs facteurs : le chômage, les conflits, les conditions climatiques, l’accès limité aux services sociaux de base, la structure de l’économie nationale, la faiblesse de la croissance et les inégalités dans la répartition des richesses. L’accroissement de la pauvreté est fortement associé au développement du UchômageU. Les résultats de l’EDAM-IS2 révèlent une véritable crise du marché du travail, avec un taux de chômage de 59,5%, en forte croissance par rapport à son niveau de 1996 (44,1%). Les taux de chômage sont plus élevés pour les femmes (68,5%) que pour les hommes (54,5%) en 2002. Le chômage concerne particulièrement les pauvres extrêmes (67,5%) ou relatifs (55,7%)TP6F 7 PT, et les jeunes de moins de 30 ans. Selon l’étude du Bureau International du Travail (BIT) réalisée en 2004, le taux de chômage frappe plus de sept personnes actives sur dix chez les moins de 24 ans, et on observe que 63% des chômeurs ont entre 12 et 29 ans, tandis que 45,5% appartiennent à la classe d’âge des 12-24 ans. De plus, l’enquête montre que la population des chômeurs englobe 85,4% de personnes n’ayant jamais travaillé. Cette situation résulte de la décélération de l’offre d’emploi (faible croissance économique, coût des facteurs élevé, faibles qualifications de la main d’œuvre), de l’inadéquation emploi/formation et du rythme soutenu de l’évolution de la population active notamment sous l’effet des pressions migratoires. Les Uconflits ouvertsU et l’instabilité politique dans la région, ainsi que le conflit interne ont eu comme conséquence les déplacements de populations et l’afflux massif de réfugiés. A Djibouti, les flux migratoires ont eu comme corollaire une forte pression sur les structures sociales de base accentuant leur dégradation. UL’aridité du climat Uaidant, la République de Djibouti a été confrontée ces dernières années à des cycles de sécheresse récurrents qui ont réduit les ressources naturelles (perte du cheptel, assèchement des points d’eau, dégradation des pâturages) et fragilisé le mode de vie nomade, accélérant le phénomène de l’exode rural. La pauvreté se caractérise principalement par Ules difficultés d’accès aux services sociaux de base.U Le système éducatif djiboutien continue de se heurter à des inégalités d’accès à l’instruction selon le genre et le niveau de vie des ménages en raison des capacités d’accueil relativement limitées et de la faiblesse des revenus permanents. Même si la couverture sanitaire apparaît satisfaisante, on observe de grandes disparités dans l’accès aux structures publiques de santé, notamment entre la capitale et le reste du pays. Les principales difficultés entravant le recours aux soins sanitaires semblent être le manque d’argent et la distance du centre de santé. La pauvreté s’explique fondamentalement par une Uinsuffisance des ressources financièresU. Sur la base des données de l’EDAM-IS2, la dynamique de la pauvreté est étroitement liée au rythme de la croissance économique et aux mesures de politique économique. De plus l’aggravation des inégalitésTP7F 8 PT indique que les mécanismes de redistribution et de protection, à travers la dépense publique, ont été inefficaces et ont limité considérablement l’impact des programmes économiques et sociaux du pays. Causes ULes causes immédiatesU de l’aggravation de la pauvreté sont principalement : i) les effets des politiques d’ajustement structurel ; ii) la faiblesse de l’activité économique ; iii) la rareté des opportunités d’emplois ; iv) la faible dotation en infrastructures de base ; v) l’exode rural et les flux migratoires. ULes causes sous-jacentesU résultent de : i) l’insuffisance des ressources financières ; ii) l’absence de qualification de la main d’œuvre ; iii) faibles capacités du secteur privé ; iv) l’extrême précarité des populations rurales, des réfugiés et des personnes déplacées. ULes causes profondesU sont essentiellement : i) la faible capacité des décideurs à concevoir et mettre en œuvre des politiques et stratégies adaptées ; ii) les coûts de facteurs de production élevés ; iii) les pesanteurs socioculturelles ; iv) la dureté des conditions climatiques ; v) l’insuffisance des investissements. TP 7 PT Le taux de chômage déclaré pour les familles non pauvres s’élève à 38,9% en 2002. TP 8 PT L’enquête EDAM-IS2 révèle que 20% des ménages les plus pauvres (1er quintile) ont des dépenses moyennes par équivalent adulte, 5 fois moins élevées que les 20% non pauvres (5ème quintile).
  • 19. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 19 Lacunes de capacités des ayants droits et des ayants devoirs Les Utitulaires des droits Uou ayants droits sont Ules enfants, les femmes, les personnes âgées, les sans-emploi, les jeunes inactifs, les populations des zones rurales et périurbaines, les réfugiés et les déplacés.U Ils ont pour rôles de : i) participer à l’amélioration de leurs conditions de vie ; ii) exiger la mise en place de conditions favorables à l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail ; iii) revendiquer l’accès et l’égalité de chance sans discrimination, à l’emploi, à une éducation qualifiante et à des soins appropriés. Mais ils ne peuvent jouer pleinement leur rôle par manque d’information sur leurs droits et sur l’obligation des pouvoirs publics de mettre à leur disposition des services publics de qualité, à moindre coût. De plus, la capacité des ayants droits est limitée par leur extrême situation de précarité (manque de ressources matérielles et financières). ULes détenteurs d’obligations ou ayants devoirs sont respectivement l’Etat, le secteur privé, les communautés, la société civile et les partenaires au développementU. Ils ont pour rôles de : i) assurer un accueil et des services de qualité aux couches les plus vulnérables de la population ; ii) mettre en place un environnement propice à la création d’emplois ; iii) sensibiliser les populations à leurs droits en matière d’accès aux services publics ; iv) créer des emplois ; v) élaborer et de mettre en place des politiques adaptées à la lutte contre la pauvreté ; vi) de créer les conditions d’un accès équitable aux services publics ; vii) mobiliser les ressources nécessaires. Mais, les pouvoirs publics sont handicapés dans leurs actions par l’insuffisance des capacités matérielles, humaines et financières. Quant aux capacités et compétences des communautés et des organisations de la société civile, elles demeurent faibles, et la coordination des interventions et la mobilisation des ressources de la part des partenaires au développement restent encore insuffisante. 2.1.2 – Environnement Cette thématique vise à assurer un environnement sain et durable, UObjectif 7 du Millénaire pour le DéveloppementU qui vise à réduire de moitié d’ici à 2015 le pourcentage de la population qui n’a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable d’une part, et à améliorer sensiblement d’ici à 2020 la vie des habitants des taudis d’autre part, dans le respect des droits humains dont le droit à un environnement sain et durable, le droit aux services sociaux de base, le droit à un égal accès aux services publics nationaux, le droit à un logement convenable, etc. « Assurer les actions qui visent à contribuer à l’amélioration du cadre de vie des djiboutiens ; contenir et gérer la croissance urbaine ; s’engager dans une politique de sensibilisation qui permette de créer et d’entretenir un réflexe de propreté et d’hygiène individuelle et collective chez les djiboutiens de tous âges et de toutes conditions socioéconomiques ; mettre en œuvre la phase 2 de l’assainissement de la capitale et l’installation d’incinérateurs d’ordures ménagères dans chaque chef lieu des districts ; prendre les dispositions nécessaires pour consolider au sein d’un partenariat dynamique les associations de la société civile… ». (Extrait de la Feuille de route du Président de la République – mai 2005)
  • 20. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 20 Situation et tendances UL’approvisionnement en eau potableU demeure un problème majeur à Djibouti. Selon les données de l’EDIM-2006, les utilisateurs de sources d’eau potable améliorées s’approvisionnent à l’un des types de sources suivantes ; eau courante, fontaine publique, forage /pompe à eau, puits protégé, source protégée ou eau de pluie. Au total, 95,6% de la population ont accès à une source d’eau potable améliorée, avec 97,4% en zone urbaine et 52,5% en zone rurale. Il existe par conséquent de fortes disparités d’accès entre le milieu urbain et le milieu rural. La situation est cependant critique dans la capitale pour laquelle la production ne couvre plus que 75% des besoins estimés à près de 20 millions de mP 3 P/an, tandis que les taux de salinité dépassent largement les normes de l’OMSTP8F 9 PT. Les modalités d’approvisionnement en eau salubre sont variables d’une zone à l’autre. 40% des ménages utilisent l’eau de robinet dans le logement comme source d’approvisionnement en eau potable, 39% d’entre eux utilisent l’eau de robinet dans la cour et 15% l’eau d’un robinet public. L’Etat continue à prendre en charge seul la gestion des ouvrages hydrauliques. A noter que les seules sources d’eau disponibles sont les nappes souterraines et les sous écoulements des oueds, qui subissent les contraintes de l’aridité du climat, de la faiblesse de la pluviométrie et des remontées du biseau salé issu du voisinage de la mer. ULe problème de l’assainissementU est l’une des principales menaces environnementales pour le pays et plus particulièrement pour la capitale qui concentre 68% de la population totale. Les résultats d’EDIM-2006 révèlent cependant que 65,9% des ménages vivent dans des maisons équipées d’installations sanitaires améliorées, soit 67,8% en zone urbaine et 18,8% en zone rurale. Le district de résidence est un des déterminants de l’utilisation de sanitaire pour l’élimination des excréments. Ils spont 67% à Djibouti-ville et 59,8% dans les autres districts. La population de la ville de Djibouti est essentiellement raccordée à un système individuel de type latrines sèches et fosses septiques, 75% en assainissement individuel et seulement 25% en assainissement collectif. Le développement du secteur de l’assainissement (liquide et solide) est marqué par une série de contraintes entravant son développement notamment la faiblesse du cadre institutionnel préalable à la mise en place des infrastructures, et l'absence ou l'inadéquation du système de recouvrement des coûts, indispensables pour l'exploitation et la pérennisation des équipements. Selon l’EDAM-IS 2002, 62% des déchets solides produits quotidiennement sont directement mis à la décharge sans tri ni traitement préalable, ce qui représentent un problème majeur à Djibouti. Les principales menaces pour la ressource en eau salubre émanent du développement de l’habitat collectif en périphérie de la ville, notamment à Balbala, qui peut entraîner une infiltration des eaux usées dans la nappe souterraine si un dispositif d’assainissement n’est pas en place. Les dysfonctionnements du réseau de collecte d’eaux usées occasionnent différents risques sanitaires. Les canaux d’eaux pluviales recevant une forte proportion d’eaux usées sont sources de risques d’autant plus importants qu’ils sont proches des quartiers habités. En dépit des efforts importants engagés, les principaux centres urbains du pays, notamment Djibouti-ville, enregistrent une expansion rapide de Uzones d’habitatsU précaires, dans lesquelles l’accès aux infrastructures de base demeure très insuffisant. Les populations flottantes participent à la dégradation des équipements publics insuffisants et surexploités et de l’environnement urbain. Les résultats de l’enquête EDSF/PAPFAM-2002 montrent que près de 65% des ménages urbains vivent dans les taudis, alors que la majorité des ruraux et nomades (93,9%) logent dans des toukouls ou tentes traditionnelles. La progression constante des populations urbaines (3% par an) et la faible capacité de réponse en terrains viabilisés et aménagés génèrent la prolifération des occupations illicites et précaires. Les coûts de construction étant élevés (prépondérance de matériaux importés et coût élevé de la main d’œuvre), la faible capacité d’épargne des ménages et l’absence de mode de financement adapté entravent sérieusement le développement du secteur du logement qui demeure toujours précaire. Selon le rapport sur le développement humain de l’an 2000, seulement 34% de logements sont en dur et seuls 50% des ménages sont propriétaires de logement qu’ils occupent. La Udégradation progressive des sols et du couvert végétalU constitue également une menace réelle contre l’environnement. La rareté des points d’eaux conjuguée aux fortes pressions exercées par l’homme sur l’environnement (déboisement, surpâturage) aboutissent à la désertification du milieu rural. Le phénomène de désertification touche près de 90% du territoire national et plus particulièrement les zones côtières qui regroupent plus de 70% de la population djiboutienne. De même, la disparition ou la régression de la couverture végétale aggravent les phénomènes des érosions hydrique et éolienne. La détérioration du couvert végétal est accentuée par l’action de l’homme et se traduit par la destruction intense de l’unique forêt du pays (Day). Les Uressources naturelles énergétiquesU étant limitées, le secteur de l’énergie est fortement tributaire des importations des produits pétroliers. Dans un contexte de prix pétroliers élevés au niveau mondial, les difficultés d’urbanisation dans les zones d’extension de la capitale renchérissent le coût de la distribution et limitent l’accès de l’électricité aux populations les plus défavorisées. La couverture de la population en électricité est de 40,4% d’après les données de l’enquête EDAM- Energie réalisée en 2004 (54% en milieu urbain et 0,2% en milieu rural). Pour les besoins de la cuisine, une grande majorité de la population a recourt au kérosène et à d’autres formes énergétiques, notamment le bois de chauffe. TP 9 PT Plus de la moitié des forages enregistrent une teneur inquiétante en chlorures supérieure à 900 mg/l, allant jusqu’à dépasser 1.200 mg/l, soit six fois la norme OMS souhaitable.
  • 21. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 21 L’EDIM-2006 montre que seulement 12,7% des ménages utilisent des combustibles solide pour la cuisson, mais cette consommation si elle est très faible en zone urbaine, elle est par contre très élevée en zone rural où plus de trois quarts des ménages (78,9% utilisent ce type de source d’énergétique. L’utilisation du bois a des conséquences désastreuses sur l’environnement dans la mesure où cette pratique accentue la désertification et contribue au réchauffement de l’atmosphère avec les émissions de CO2. Cette situation est très préoccupante dans la mesure où Ules impacts négatifs des changements climatiques Urisquent de se faire peser à brèves échéances. Réalisations La République de Djibouti a ratifié la quasi-totalité des conventionsTP9F 10 PT, protocoles et autres accords environnementaux internationaux et régionaux et les pouvoirs publics ont élaboré plusieurs plans sectorielsTP10F 11 PT et notamment un Plan d’Action National pour l’Environnement (PANE) pour la période 2001-2010 dont les principaux objectifs consistent à : i) intégrer la dimension environnementale dans l’élaboration et la mise en oeuvre des politiques économiques et sociales ; ii) assister et renforcer les capacités du gouvernement dans la gestion de l’environnement sur la base d’une large concertation entre les différents acteurs concernés ; iii) assurer le développement économique et social durable ; iv) répondre aux attentes des différentes composantes de la société et de concilier la lutte contre la pauvreté et la protection de l’environnement ; v) assurer la gestion rationnelle des ressources naturelles et de l’environnement ; vi) préserver la biodiversité, les milieux naturels terrestres et marins. Par ailleurs, Djibouti a élaboré une communication initiale pour respecter ses engagements vis-à vis de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. . En matière d’habitat et pour une meilleure cadre de vie des populations pauvres, la politique du Gouvernement vise à améliorer la procédure d’accession à la propriété en consolidant les conditions d’accès à la propriété à tous et en particulier aux plus démunis. Défis La République de Djibouti ne dispose pas d’un système performant de gestion et de suivi de ses ressources naturelles, ce qui prive les populations du droit à un environnement sain et durable. L’exploitation intensive des eaux souterraines depuis plusieurs décennies entraîne la surexploitation des nappes phréatiques, et par conséquent une dégradation de la qualité de l’eau. La question de l’eau se pose également avec acuité pour la population en termes de quantité disponible. En effet, la rareté des ressources en eau risque de s’amplifier encore plus à Djibouti en raison des changements climatiques. En milieu rural, le manque de moyens financiers ne permet pas d’assurer une maintenance suffisante des ouvrages existants. Les problèmes d’assainissement et d’hygiène résultent de la combinaison de plusieurs facteurs notamment l’absence d’une stratégie nationale appropriée en matière d’assainissement et la faiblesse des investissements alloués au secteur. La mauvaise gestion des infrastructures existantes et l’insuffisance de participation des usagers contribuent à faire de l’assainissement une des menaces environnementales majeures à Djibouti. L’accroissement rapide de la population, le surpâturage, l’usage du bois pour le chauffage et la cuisson par les ruraux contribuent à la dégradation du couvert végétal et des sols. De plus, les sécheresses récurrentes et les changements climatiques concourent à accélérer le processus de désertification qui constitue une menace immédiate aux conditions de survie de la population djiboutienne en général, et de la population nomade en particulier. Le développement de la sédentarisation des populations conjugué à la présence prolongée des troupeaux sur les parcours communautaires accentuent la pression sur le faible couvert végétal du pays et provoquent des dégâts irréversibles. Par ailleurs, la situation du logement demeure toujours précaire, en particulier pour les populations vulnérables. Seulement un tiers des besoins sont satisfaits actuellement par le parc immobilier existant, alors que les besoins annuels sont estimés à 2.500 logements, dont 2.000 pour Djibouti-ville. TP 10 PT Convention sur la diversité biologique, Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification, Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques TP 11 PT Stratégie et programme d’action national pour la diversité biologique, programme d’action national sur les changements climatiques, programme d’action national de lutte contre la désertification, plan de gestion intégrée de la zone côtière de Djibouti
  • 22. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 22 Causes ULes causes immédiatesU de la dégradation de l’environnement sont : i) la pression des actions humaines ; ii) la surexploitation des ressources en eau ; iii) l’absence de stratégies adaptées ; iv) l’insuffisance des capacités de gestion ; v) l’exode rural et les flux migratoires. ULes causes sous-jacentesU sont : i) l’insuffisance des ressources financières allouées à l’environnemnt dans le budget national ; ii) le manque de moyens matériels et la faiblesse des moyens humains des services techniques et, iii) la paupérisation des ménages. ULes causes profondesU sont : i) les effets des changements climatiques ; ii) la rareté de l’eau ; iii) le manque de civisme de la population ; iv) l’insuffisance du plaidoyer des décideurs et des ONG auprès des populations. Lacunes de capacités des ayants droits et des ayants devoirs Le droit à un environnement sain et durable concerne à la fois les décideurs mais aussi les populations elles-mêmes dans la mesure où ces dernières doivent prendre en charge de manière responsable la protection de leur propre environnement pour améliorer leur cadre de vie. Mais les questions environnementales sont malheureusement peu connues et peu érigées au titre des priorités nationales du fait de nombreuses faiblesses des acteurs et de leurs comportements inappropriés. Les acteurs ou Uayants droitsU les plus concernés par le non-respect du droit à un environnement sain et durable sont Ules populations rurales et urbaines et les populations riverainesU. Ils ont pour rôles de : i) participer à l’amélioration de leur cadre de vie ; ii) s’impliquer davantage dans la mise en oeuvre des programmes environnementaux ; iii) exiger la mise à disposition d’eau potable et des conditions d’accès à un système d’assainissement durable. Les ayants droits sont limités par leur faible capacité à influer sur les politiques en matière d’accès à une eau salubre et à des systèmes d’assainissement convenables. De plus, l’exercice de leurs droits est entravé par le manque d’information qui conduit à des pratiques néfastes, et par leur faible capacité d’organisation. ULes détenteurs d’obligations sont les communautés, l’Etat, le secteur privé, les organisations de la société civile et les partenaires au développement.U Leurs obligations sont de : i. prendre en charge la gestion de leur environnement et cadre de vie ; ii. mettre en place un cadre institutionnel adéquat ; iii. sensibiliser les populations sur leurs droits ; iv. favoriser la mise en oeuvre des pratiques moins défavorables à l’environnement ; v) faire respecter la réglementation ; v. participer à la mobilisation des ressources financières et au financement des projets environnementaux et, vi. appuyer les efforts des communautés et du gouvernement. Les communautés sont limitées par la faiblesse de leurs capacités matérielles, humaines et financières ainsi que par le manque de culture d’une gestion efficace de l’environnement. Bien qu’elles disposent de l’information et des ressources nécessaires, les entreprises répugnent à mettre en oeuvre des pratiques adéquates en raison de la faiblesse du contrôle exercé tant par les pouvoirs publics que par les communautés. L’efficacité des interventions des partenaires au développement est entravée du fait d’un manque de synergie et d’une mobilisation de ressources insuffisantes.
  • 23. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 23 2.2 – SANTE ET POPULATIONS VULNERABLES Ce thème vise les UObjectifs 4, 5 et 6 du Millénaire pour le DéveloppementU qui ciblent respectivement la réduction de deux tiers du taux de mortalité infantile, la réduction de trois quarts du taux de mortalité maternelle entre 1990 et 2015, l’arrêt de la propagation du VIH/SIDA et la maîtrise du paludisme et autres grandes maladies en inversant la tendance d’ici à 2015, dans le respect des droits humains dont le droit à la santé , le droit de la femme au soin spécial et à la protection, le droit de l’enfant, des adolescents et des jeunes au soin spécial, assistance et protection etc.. « Bien exécuter la politique de santé de manière à ce qu’elle permette la réalisation de l’ambition nationale pour une santé élargie à tous nos concitoyens ; l’accès aux soins et aux médicaments, de même que la lutte contre les maladies endémiques et épidémiques ainsi que la promotion de la santé de la mère et l’enfant… ». (Extrait de la Feuille de route du Président de la République – mai 2005) Situation et tendances Dans le cadre du Plan national de développement sanitaire 2002-2006, de nombreuses actions positives ont été entreprises par le Gouvernement en faveur de la santé de la mère et de l’enfant et de la lutte contre les maladies transmissibles (VIH/SIDA, rougeole paludisme et tuberculose). Les données de l’enquête EDIM-2006 révèlent que les Utaux de mortalité infantile et infanto-juvénileU ont régressé passant respectivement de 103,1 à 67 pour mille et de 124,4 à 94 pour mille entre 2002 et 2006.pour mille. Le sexe a une grande influence sur ce taux puisqu’il est de 76 pour mille pour les garçons contre 58 pour mille pour les filles en ce qui concerne la mortalité infantile et de 103 pour mille chez les garçons contre 81 pour mille chez les filles en ce qui concerne la mortalité infanto-juvénile. A noter cependant que les taux de mortalité, aussi bien infantile qu’infanto-juvénile, sont plus élevés en milieu urbain qu’en milieu rural. USur le plan nutritionnelU par contre, les résultats de l’EDIM-2006 révèlent qu’un enfant de mois de 5 ans sur quatre est modérément maigre (28,6%) contre 9,9% pour la catégorie des enfants sévèrement maigres. Par ailleurs, 30% des enfants ont un retard de croissance ou sont trop courts par rapport à leur âge, alors que 20% ont une déperdition ou sont trop maigres pour leur taille. En termes d’âge, le pourcentage de malnutrition, selon les trois indices (faible poids, déperdition et retard de croissance), est plus élevé chez les enfants de 12-23 mois que chez les tranches d’âge inférieures ou supérieures. Cette tendance correspond en fait à l’âge où beaucoup d’enfants sont sevrés du lait maternel et exposés à la contamination due à l’eau, aux aliments et à l’environnement. A notre par ailleurs que seulement 3,3% des enfants âgés de moins de 6 mois sont exclusivement nourris au lait maternel, un niveau largement inférieur au taux recommandé. A l’âge de 6-9 mois, 23,1% des enfants reçoivent du lait maternel et des aliments solides et semi-solides. Avant l’âge de 12- 15 mois, 53,5% des enfants continuent de téter le lait maternel. Avant 20-23 mois , 18,4% des enfants sont toujours allaités au sein. UL’allaitement exclusifU ( 1,3%) est plus probable chez les garçons que les chez les filles, tandis que l’apport d’aliments complémentaires à temps est plus élevé chez les filles. UEn terme de vaccination,U l’EDIM souligne que 46,4% des enfants possèdent des carnets de santé. Environ 87% des enfants âgés de 12-23 mois ont reçu le vaccin du BCG avant 12 mois tandis que 80,4% ont pris la première dose de DPT. Pour le deuxième et troisième dose le pourcentage baisse respectivement à 69,5% et à 56%. De même, 75,2% des enfants ont reçu le vaccin polio 1 avant l’âge de 12 mois mais ce taux baisse à 62,5% pour le polio 2 avant de devenir 45,8% pour la troisième dose. La couverture contre la rougeole avant 12 mois quant à elle est de 63,8%. Seuls 38,6% des enfants ont reçu la totalité de 8 vaccinations recommandées dont 31,4% avant leur premier anniversaire. Quant au taux de mortalité maternelle, il est estimé à 546 pour 100.000 naissances vivantes en 2002 au niveau national. Cependant, la forte concentration des populations et des structures de santé dans les milieux urbains laisse présupposer les situations qui prévalent dans les zones rurales. Au niveau des structures de santé, le taux de décès maternels intra- hospitaliers était estimé à 720 pour 100.000 naissances vivantes en 2000. Grâce notamment à la mise en œuvre du programme Maternité sans risque en 1998, ce taux a significativement diminué pour atteindre 172 pour 100.000 naissances vivantes en 2005 selon le rapport de routine du Ministère de la Santé.
  • 24. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 24 En matière de santé reproductive et en ce qui concerne les soins prénatals, les résultats de l’enquête EDIM montre que 96,3% des femmes âgées de 15-49 ans ayant accouché pendant les deux dernières années précédant de l’enquête ont reçu des soins prénatals au moins une fois pendant la grossesse (96,7% en milieu urbain et 84,3% en milieu rural). Parmi ces femmes 88% ont fait prendre leur tension, 87,5% ont été pesées, 78,5% ont fait un test sanguin et 77,6% un prélèvement d’urine. 53,6% des femmes enceintes ont fait un suivi de leur grossesse (60,6% en zones urbaines et 33,7% en zones rurales). Quant aux soins d’urgence obstétricaux (EmOC), la proportion d’accouchements assistés par du personnel qualifié s’élève à 60% des mères dont 93% en zones urbaines et 23% en zones rurales. A noter que Djibouti est l’un des six pays qui a bénéficié et accepté l’approche AMDD conjointement soutenue par le MENARO, l’UNFPA et l’Université de Columbia. Les besoins ont été évalués et un plan d’action national en faveur de la réduction de mortalité maternelle a été établi. Le programme de protection des femmes contre les grossesses non désirées et la planification familiale souffrent d’une insuffisance notoire marquée par une faible prévalence contraceptive (17,8% chez les femmes mariées âgées de 15-49 ans), un intervalle inter génésique très réduit (24 mois) et des besoins non satisfaits en matière de planning familial autour de 50%. Les grossesses répétées, la multiparité, les avortements, l’anémie et la malnutrition fréquente chez les femmes rendent leur précarité et leur vulnérabilité très critiques. A noter que la prévalence des contraceptifs est fortement liée au niveau d’éducation des femmes. Le pourcentage de femmes utilisant une méthode contraceptive passe de 12,6% chez les femmes non scolarisées à 20,8% chez celles qui ont fait des études primaires puis à 33% chez les femmes de niveau secondaire ou supérieur. De même le taux est plus élevé dans le district de Djibouti (19,2%) contre 10,6% dans les autres districts. S’agissant de l’excision et de l’infibulation ou mutilations génitales féminines (MGF), elles représentent un véritable problème socio-sanitaire. L’EDIM-2006 mentionne que 93,6% des femmes âgées de 15-49 ans ont déclaré es avoir subi une MGF. Parmi ces femmes 24,9 ont déclarées quelles ont subi une MGF de type I (sunna), 6,4% une MGF de type II (excison) et 67,2% une MGF de type III (infibulation) et 1,5% n’en ont pas précisé le type. A noter qu’elles sont 92,9% dans le district de Djibouti contre 94,9% dans les autres districts. Par ailleurs, une enquête scolaire menée auprès des jeunes par le UNFPA en 2006 révèle que la proportion de femmes et filles touchées est de 75,5%. La lutte contre ces pratiques à travers des actions d’information et de sensibilisation auprès des femmes mères et grands-mères, exciseuses et religieux (considérés comme responsable de la continuité des pratiques) n’a pas connu l’impact escompté, et le recours à la loi n’a pas encore porté ses fruits, l’article 333 du Code pénal sanctionnant les MGF n’ayant pas fait l’objet d’application. En matière de VIH/SIDA, la République de Djibouti avec un taux de prévalence de 2,9% fait face à une épidémie généralisée, d’après les normes de l’OMS. La position géographique du pays, le chômage massif des jeunes et les nombreux flux migratoires rendent le pays particulièrement vulnérable. On estime de même que 9.000 personnes vivent avec le VIH à Djibouti. Le taux de prévalence parmi les femmes enceintes âgées de 15-24 ans est également de 2,9%TP11F 1 PT. L’utilisation d’un préservatif lors du dernier rapport sexuel à haut risque est de 44% chez les 15-24 ans en 2005TP12F 2 PT . En ce qui concerne les adolescents et les jeunes, ils sont victimes d’une vulnérabilité grandissante liée à la pauvreté, au chômage, à l’analphabétisme, à l’abandon scolaire, aux IST/SIDA, à la violence, au tabac et aux grossesses précoces et avortements. A noter que le taux de prévalence est de près de 6% chez les moins de 25 ans. Ils constituent par conséquent un groupe cible vulnérable important d’autant plus que seuls 18% d’entre eux ont une bonne connaissance du VIH. Quant aux avortements clandestins, ils sont réels mais ne sont pas bien répertoriés. Par ailleurs, une enquête sur le tabagisme chez les jeunes menée en milieu scolaire en 2003 révèle que 19% des jeunes consomment toute forme de tabac (23,7% de garçons et 12,2% de filles). 11% fument couramment la cigarette (15% de garçons contre 10,5% de filles). A noter aussi que le nombre d’enfant orphelins du SIDA s’élève à 5.000, ce qui représente 15% du total des enfants orphelins du pays estimé à 33.000 en 2005 d’après une étude réalisée par l’Unicef en 2005. S’agissant du paludisme, le nombre de cas recensé en 2005 est estimé à 5.580 cas simples et 1780 cas graves. Le risque est estimé entre 10 et 15% soit entre 39.200 et 58.800 cas par an, alors que le nombre estimé de personnes à risque est de 392.000 soit plus de 50% de la population de Djibouti. La faiblesse du programme tuberculose et le manque de financement ont eu pour conséquence une résurgence dramatique de la maladie qui en fait de Djibouti le 2P ème P pays au plus fort taux de prévalence au monde après le Swaziland soit 1.137 cas sur 100.000 en 2004TP13F 1 PT et le taux de mortalité liée à cette maladie est de 121/100.000P 1 P . On estime à 4000 par an le nombre de tuberculeux toutes causes confondues avec plus d’hommes que de femmes. La prévalence du VIH chez les patients tuberculeux est estimée à 13,5% toutes formes confondues. TP 1 PT Enquête séro prévalence chez les femmes enceintes dans 8 CPN de Djibouti ville, Ministère de la santé, Crédès - 2002 TP 2 PT Enquête CAP Jeunes 2005, ministère de la jeunesse, UNICEF TP 1 PT Rapport global TB OMS 2006
  • 25. Bilan Commun de Pays CCA – République de Djibouti 25 Réalisations Parmi les efforts du Gouvernement en matière de santé de la population en général, de la femme et de l’enfant en particulier on peut retenir : (i) la mise en place du programme Santé de la reproduction par la fusion du projet équilibre familial et du programme Maternité sans risque ; (ii) la mise en place d’une Centrale d’achat de matériels et médicaments essentiels ; (iii) la mise en place des pharmacies communautaires offrant des médicaments génériques accessibles à des prix abordables ; (iv) la mise en place d’équipe médicale mobile dans les zones inaccessibles ; (v) la mise en œuvre du programme de lutte contre la violence fondée sur le genre en 2005 ; (vi) la mise en place du programme de besoins essentiels de développement (BED) aux niveaux des communautés défavorisées ; (vii) la formation des sages- femmes ; (viii) la mise en place des ressources humaines qualifiées au niveau des centres de santé (gynécologues, infirmiers et sages-femmes) ; (ix) l’exécution du plan d’élimination de la rougeole et du plan d’éradication de la polio ; (x) la consultation nationale fixant les orientations stratégiques du plan pluriannuel 2007-2011 en matière de vaccination ; (xi) la mise en place de la stratégie nationale de prise en charge intégrée des maladies de l’enfant (PCIME) ; (xii) le traitement de différentes pathologies dont les diarrhées (6958 cas), les pneumonies (6606 cas), le paludisme (4897 cas) et le problème de la malnutrition (5273 cas) ; (xiii) le plan cadre de lutte contre le VIH/SIDA-2003-2007 comprenant plusieurs axes stratégiques d’intervention dont l’approche multisectorielle (implication de 12 Ministères et de la société civile) ; la prise en charge des orphelins et enfants vulnérables ; xiv), la mise en place de structures de soutien et des comités régionaux de santé dans les 5 districts y compris 120 ONGs et associations locales exécutant depuis 2004 des activités de prévention soutenues par des agences d’encadrement (439 personnes infectées par le VIH ont eu accès au traitement ARV soit 25% de personnes nécessitant ce traitement depuis 2003 et près de 578 personnes vivant avec le virus du SIDA poursuivaient un traitement ARV fin décembre 2005 ; (xv) la stratégie de prévention de la transmission du VIH parent-enfant (PTPE) basée sur le conseil confidentiel et le test de dépistage volontaire des femmes enceintes ; (xvi) l’établissement d’un plan national en matière de lutte contre la tuberculose pour la période 2006-2010 ; (xvii) la distribution de 18000TP14F 2 PT moustiquaires pour lutter contre le paludisme ; (xviii) la mise en œuvre du protocole de prise en charge de la malnutrition au niveau des centres de santé communautaires et hôpitaux de Djibouti-ville et districts ; (xix) la mise en place d’une stratégie nationale pour l’abandon de l’excision et infibulation en collaboration avec le Ministère de la Promotion de la femme.. Défis Malgré les réalisations nombreuses, les indicateurs de moyens démontrent une faiblesse du système de santé, notamment en infrastructures et en ressources humaines. Plusieurs défis sont à relever : (i) l’insuffisance des ressources humaines qualifiées ; (ii) l’émergence des maladies non transmissibles ; (iii) l’intégration des services des soins de santé de base ; (iv) la pérennité et la prévisibilité des financements ; (v) le renforcement des capacités nationales; (vi) le renforcement du système de collecte de données, de la surveillance, du suivi-évaluation et de la participation communautaire ; (vii) le renforcement de la coordination et du partenariat au niveau national ; (viii) l’absence d’une stratégie nationale validée avec normes, directives et plan pour des interventions liées au VIH/SIDA ; (ix) l’inefficacité de la stratégie nationale de lutte contre les MGF malgré les nombreuses actions entreprises par les différents acteurs ; (x) l’inexistence de structures de loisirs pour les jeunes et les adolescents et les filles en particulier qui s’adonnent au qât devenu le seul divertissement dans le pays ; (xi) l’absence de structures d’accueil pour les enfants orphelins et vulnérables qui se retrouvent dans la rue exposés au VIH/SIDA et sans pièce d’identité faute de n’avoir pas été enregistré à la naissance. Causes En ce qui concerne la mortalité infantile : les causes immédiates sont : (i) la morbidité fréquente (diarrhées, infection respiratoires aiguës) ; (ii) le statut nutritionnel défaillant ; les causes sous-jacentes sont : (i) l’inaccessibilité et l’insuffisance de la couverture sanitaire ; (ii) le manque d’information ; (iii) les mauvaises conditions d’hygiène ; (iv) les habitudes socioculturelles et la non utilisation des méthodes contraceptives ; les causes profondes sont la pauvreté, l’analphabétisme et la faiblesse du système de santé. S’agissant de la mortalité maternelle, les causes immédiates sont : (i) l’inaccessibilité aux services de santé ; (ii) la qualité de soins insuffisante ; (iii) la faible prévalence contraceptive ; (iv) la malnutrition ; les causes sous-jacentes sont : (i) la planification familiale insuffisante (multiparité) ; (ii) la morbidité fréquente (anémies, malnutrition, MGF, VIH/SIDA) ; (iii) le manque d’information ; les causes profondes sont la pauvreté, l’analphabétisme et la faiblesse du système de santé. Pour ce qui est de la vulnérabilité des adolescents et des jeunes, les causes immédiates sont : (i) le chômage ; (ii) les abandons scolaires ; (iii) l’analphabétisme ; (iv) la violence ; (v) les grossesses précoces et les avortements ; (vi) le tabac ; (vii) les IST/SIDA ; la cause sous-jacente principale est l’insuffisance de services spécifiques d’information et d’éducation des jeunes contre les risques ; les causes profondes sont : (i) la pauvreté ; (ii) la situation familiale précaire ; (iii) l’absence de stratégies multisectorielles visant la réduction de la vulnérabilité des jeunes.