La synthèse de l’atelier d’échange Agrumes qui a eu lieu le 28 Mars 2018
1. 1
Atelier d’échanges sur le secteur des agrumes en Tunisie, en Egypte, en
Turquie, au Maroc et en Europe
Ramada Plaza Gammarth –28 Mars 2018
Dans le cadre du Programme d'appui à l'initiative ENPARD en Tunisie, le CIHEAM, avec l’appui de la
DGEDA, a organisé le 28 mars 2018 un atelier d’échanges sur le secteur des agrumes en Tunisie, en
Egypte, en Turquie, au Maroc et en Europe à l’Hôtel Ramada Plaza Gammarth en Tunisie.
Cet atelier qui a rassemblé une trentaine de représentants des Ministères concernés, des
organisations de producteurs et du secteur privé, a permis de comparer la situation de la filière
agrumesenTunisie aveccesprincipaux concurrentsduSud de la Méditerranée que sont l’Egypte, la
Turquie etle Maroc qui ont fortementdéveloppéleursexportationsd'oranges,de petits agrumes ou
encore de citrons.
L’intervention de M. Mohamed Chiheb Ammar du Centre Technique des Agrumes, a permis de
dresser un aperçu de la filière agrumes en Tunisie et de son évolution depuis le début des années
2000, à la fois en termes de production et d’exportation. Il ressort de cette présentation que les
depuis 1995 les surfaces plantées ont augmenté et de nouvelles zones de culture se sont
développéesendehorsduCapBon.Par ailleurs,le renouvellementprogressif duvergerapermisune
amélioration de la productivité, ce qui a accentué l’augmentation de la production nationale
d’agrumes.Lesnouvellesplantationsprivilégientaujourd’hui les variétés Navels pour les oranges, la
clémentineet le citron au détriment de la variété Maltaise, notamment car cette variété est moins
productive et moins rémunératrice sur le marché national.
Ainsi,si laproductiontotale d’agrumesaprogressé de plus de 44% depuisle début des années 2000,
elle a diminué de 14% entre la campagne 2000/01 et la campagne 2017/18 pour la maltaise, mais
augmenté de 198% pour lesvariétésNavels,de 74% pour laclémentine et de 128% pour le citron. La
majeure partie de la production est destinée au marché locale où en moyenne 360 000 tonnes
d’agrumessontécouléesparansur une période de 9mois.Seulement20 000 tonnesd’agrumessont
exportées en moyenne, dont plus de 80% de maltaises et à plus de 80% sur le marché français, du
faitde relationscommercialeshistoriquesentre lesdeux pays.Cesexportations ont diminué de plus
de 20% depuis 2015 et de plus de 30% depuis 2008. Elles atteignent en 2017, 18 818 tonnes tous
agrumes confondus et restent très en deçà des quotas à droits nul ouvert sur le marché européen
pour les oranges (39 000 tonnes). Si à l’exportation la filière agrumes en Tunisie dispose d’un
avantage enterme gustatif,d’une diversité variétale,d’un emplacement géographique favorable et
de ce quota versle marché européen,elle doitfaire face à de nombreuses contraintes notamment :
le morcellement et le vieillissement des vergers, la concurrence du marché local, le manque de
logistique,lapressionsanitaire, la rareté de l’eau, une faible organisation de la filière, une difficile
gestion de la qualité notamment à la production et une forte concurrence des autres pays
producteurs méditerranéens.
2. 2
La présentation de Mme Incesu concernant la filière agrumes en Turquie, du Dr Hoda Ragab
concernant la filière agrumes en Egypte et de Mme Falk du CIRAD pour le cas marocain ont ensuite
permisde mettre enévidencelespointscommunsmais surtoutlesdivergences du cas tunisien avec
ces trois pays. Si la contrainte de l’eau est commune à tous ces pays, le développement de la
productiond’agrumesyestsanscommune mesure aveclaTunisie.Lessurfaces mises en culture ont
fortementprogresséetdépassentlargementles100 000 ha dans cestroispays, avecdesproductions
comprisentre 2 et plusde 4 millions de tonnes. Chacun de ces pays a mis en place une politique de
développement de la filière agrumes avec un objectif clair de conquête des marchés d’export. A la
différence de la Tunisie qui a continué à privilégier le marché français avec un produit unique (la
maltaise),cespaysontsudiversifierlagamme desproduitsexportés(différentesvariétés d’oranges,
petits agrumes, citrons…) et les marchés vers lesquels ils exportaient sans se limiter au marché
européen.
Pour conclure l’atelier, la présentation de Mme FALK, analyste des marchés au CIRAD, sur les
tendancesactuellesdumarché européenasuscité d’intensesdébatssurle positionnement comparé
des différents pays fournisseurs méditerranéens sur ce marché majeur au plan mondialet sur la
capacité de la Tunisie d'y promouvoir ses exportations. Or, le constat ne fait que confirmer les
présentationsprécédentes :le positionnementactuel de laTunisie essentiellement sur un marché et
un produit ne permet pas de lutter contre ses concurrents sur un marché européen qui connait
regain de croissance. Les attentes de consommateurs évoluent et la demande se tourne vers des
produitsinnovants,desproduitscertifiés,desproduis biologiques… Dans ce contexte, beaucoup de
participants se sont demandé quel pourrait être l’avenir de la Maltaise ?
De l’avis de tous les participants, l’élaboration d’une stratégie de développement de la filière
agrumes en Tunisie est doncune urgence pour répondre aux enjeux majeurs auxquels celle-ci est
confronté et pour préciser s’il s’agit avant tout de répondre au marché local ou de développer les
exportations d’agrumes. Si la Tunisie souhaite, à côté du marché national, développer ses
exportations, il est indispensable qu’elle tienne compte de l’évolution des attentes des
consommateursque ce soit sur le marché européen ou sur de nouveaux marchés, afin de proposer
desproduitsadaptés.Elle doitaussi tenircompte du positionnement de ses principaux concurrents
qui ont déjàanticipé l’évolutionde lademande européenne et mondiale et sans doute explorer des
marchés de niche, y compris pour la maltaise, en investissant aussi sur la communication et la
promotionde sesproduits.C’estsurlabase d’une telle stratégie que la Tunisiepourra tirer bénéfice
d’éventuels effets positifs de l’accord ALECA en cours de négociation avec l’Union Européenne.