3. Crises pastorales et sécuritaires
s’alimentent mutuellement
1. Crise de développement
des zones rurales
Dont la crise du pastoralisme est
une des facettes
2. Crise sécuritaire
Exploitation par les groupes
armés: GANE, groupes
d'autodéfense, groupes armés
rebelles, bandits
3. Crise sociétale
Cohésion sociale détériorée: ethnicisation
des esprits, ciblage des communautés
pastorales (vol de bétail, arrestations,
exécutions sommaires)
5. Crise humanitaire
Restriction de la mobilité,
concentration des animaux,
déplacements forcés, commerce
dysfonctionnel
Décapitalisation accrue des éleveurs :
paupérisation des éleveurs,
inefficacité des stratégies
d’adaptation
6. Un avenir sombre pour
l’élevage et les éleveurs
Une jeunesse en perte de repère
Des éleveurs en recherche
d’alternatives (diversification, sortie
de l’élevage)
4. La triple dimension de la crise du
pastoralisme
Crise sociétale
porteuse de violence et
d’insécurité
Crise de
développement
Crise humanitaire
Cohésion sociale
renforcée qui réduit les
violences
Foncier pastoral
sécurisé
Meilleure assistance et
autonomisation des
éleveurs
6. Manifestations de la crise du pastoralisme
Economie politique du foncier défavorable aux éleveurs-pasteurs
Pouvoirs locaux perçus comme inégalitaires car « acquis à la cause » des sédentaires
Des mécanismes de résolution des conflits peu légitimes (commissions foncières)
Des populations pastorales peu représentées politiquement et institutionnellement
La disparition progressive du foncier pastoral
Remise en cause des droits d’usage pastoraux.
Extension continue des terres de culture
Extension des villes sur les campagnes, agrobusiness, ranching et exploitation minière.
Poids des facteurs naturels qui exacerbent la crise du pastoralisme :
Croissance démographique.
Migrations internes des populations, à vocation économique ou contraintes.
Changement climatique.
Contexte général de privation d’accès aux ressources et d’injustices
multiformes
7. Sécuriser le foncier pastoral
Appuyer les OP dans la négociation/conclusion de conventions locales de
gestion concertée des ressources
Soutenir la réalisation d’infrastructures pastorales dont les besoins ont été
exprimés à l’issue des dialogues locaux multiacteurs.
Développer une approche sensible aux conflits en matière de gouvernance du
foncier rural
Mieux appréhender les réalités de l’économie politique du foncier rural, très généralement
défavorable aux éleveurs-pasteurs
Tenir compte des usages concurrentiels des ressources dans l’élaboration des politiques et
programmes dans le cadre d’une approche Do No Harm.
Garantir la juste représentation des éleveurs dans l’ensemble des actions entreprises.
9. Les communautés pastorales sont de plus
en plus marginalisées
Rejet de plus en plus ouvert de la transhumance et dynamique de sédentarisation
Remise en cause de la transhumance transfrontalière par les Etats côtiers
Promotion d’un mode de production unique faisant abstraction de la diversité nécessaire des systèmes
et de la pluralité des aspirations des éleveurs
Ciblage des communautés pastorales et/ou de leur capital économique
Le vol de bétail est au cœur de l’économie de guerre impliquant jihadistes, bandits, groupes
d’autodéfense et FDS.
Déplacements forcés
Arrestations, exécutions sommaires (y compris de masse)
+19% de civils
tués lors de
violence contre les
civils (2021-2022)
Nombre annuel de
morts
(x 3.4) depuis
2018
Nombre de vols de
bétail rapportés (Mali,
Burkina Faso)
( x 2.8) entre 2019 et
2021
Sur 11 incidents
rapportant le nombre
de têtes volées: 4281
têtes de bétail volées
Incidents de vol de
plus en plus
meurtriers
Depuis 2021
+95% de personnes
tuées lors des
incidents de vols de
bétail
10. L’élevage mobile est de plus en plus rejeté
Rejet de plus en plus ouvert de la transhumance
et promotion de la sédentarisation
Remise en cause de la transhumance transfrontalière par les
Etats côtiers
Promotion d’un mode de production unique faisant abstraction de
la diversité nécessaire des systèmes et de la pluralité des
aspirations des éleveurs
Insoutenabilité d’un modèle uniquement sédentaire:
Tensions croissantes au sein des communautés
pastorales entre « locaux » et « étrangers »
Selon le CIRAD, les besoins
d’espace dans le cadre de la
sédentarisation
représentent:
20% du territoire en Côte
d’Ivoire
26% au Bénin
32% au Ghana
55% au Nigéria
37% au Togo.
11. Impact de la sécurité sur la mobilité
Victimes d‘abus et de
violence
En raison de l'insécurité
Liptako Gourma
20 000 Transhumants
791 000 animaux bloqués
Katsina-Maradi
16 000 Transhumants
286 000 animaux bloqués
Source:
DTM – OIM -
RBM
12. Restaurer la cohésion sociale autour du
partage des ressources
Organiser un dialogue multiacteurs entre acteurs du monde pastoral et acteurs
extérieurs (autorités, FDS, autres usagers etc…)
Rassurer les Etats côtiers en matière de mobilité pastorale en promouvant la
digitalisation des activités pastorales :
Accompagner la volonté des Etats de renforcer leur dynamique de coopération par des phases pilotes
sur la traçabilité du cheptel
Mettre à l’échelle des outils sur le comptage du cheptel pour aider à la prise de décisions
Numériser les CIT
Maintenir un dialogue constant entre les OP et les Etats qui suspendent la
transhumance pour trouver des solutions aux problèmes liés à la mobilité
pastorale.
Mobiliser les FDS dans la sécurisation des parcours pastoraux ou dans la lutte
contre le vol d’animaux.
Renforcer le rôle des OP dans la promotion de la citoyenneté :
Renforcer l’accès des éleveurs à la justice pour défendre leurs droits.
Renforcer l’accès aux services de base (en particulier l’éducation et la formation professionnelle) et aux
services d’état-civil.
Veiller à ce que les éleveurs respectent les textes.
14. Manifestations de la crise de la
résilience pastorale
13 millions
d'enfants
impactés
par la
fermeture
des écoles
Jusqu' à 80
% de
centres de
santé
fermés
5 PV sur 40
ouverts dans
la région du
Sahel
> blocage des
transhumants
Réduction de la mobilité pastorale: fermeture des
frontières, baisse d’amplitude des déplacements,
manque d’accès aux pâturages, concentration du
bétail.
Eleveurs décapitalisés à cause de cette économie
pastorale fragilisée couplée à la hausse du prix
des intrants qui les obligent à déstocker
Impact du vol d’animaux
Familles d’éleveurs massivement déplacés et
privés d’activités génératrices de revenus
(mendicité)
Augmentation du nombre de veuves et
d’orphelins découlant des exécutions répétées
+42 % PDIs (zones du
Liptako-Gourma)
depuis mai 2021
Source: ACLED, bulletins de veille et d’alerte précoce RBM, ACF
15. Des stratégies d’adaptation de moins en
moins efficaces
Les stratégies ne sont plus à la hauteur des défis ou deviennent
inadaptées: la débrouille/survie remplace l’adaptation
Les éleveurs se retrouvent «entre le marteau et l’enclume» et ne
parviennent à garantir la neutralité qu’ils recherchent entre GAT, forces
armées et groupes d’autodéfense.
Résilience pastorale remise en question
16. Une jeunesse sans repère et sans
perspective d’avenir
L’immense majorité des éleveurs interrogés perçoivent très négativement
l’avenir de l’élevage.
L’élevage est associé aux «problèmes» pour les jeunes qui s’en
détournent.
Ceux qui sortent de l’élevage n’ont pas de perspective de reconversion.
Ceux qui aspirent à poursuivre dans l’élevage ont des aspirations
plurielles (élevage transhumant, semi-transhumant, fixe...).
17. Renforcer la résilience des éleveurs et
leur accès à l’assistance humanitaire
Valoriser la capacité des OP à toucher les éleveurs-pasteurs basés dans les zones
d’insécurité pour mieux les assister et les détourner des groupes armés :
En s’appuyant sur les OP pour mieux anticiper les besoins humanitaires
En développant avec les OP une méthodologie de ciblage inclusif et adaptatif
En développant les capacités de négociation d’accès humanitaire des OP
En recourant aux OP pour améliorer le ciblage des bénéficiaires
En externalisant certains services aux OP (vaccination, reconstitution de cheptel etc…)
Développer des actions de relèvement afin de renforcer la résilience des
communautés pastorales:
Favoriser l’accès des communautés pastorales à l’éducation et à la formation professionnelle
Aider à l’insertion économique des communautés pastorales par des appuis techniques et
l’amélioration des chaines de valeur
Accompagner les éleveurs dans leur sortie de l’élevage (reconversion, accès au crédit, etc.)
19. Injustices, découlant souvent de l’accès aux ressources et de la
vulnérabilité de certaines groupes sociaux
Jihadisation du banditisme
Politiques de prévention et/ou réponses anti-terroristes
contreproductives
Facteur religieux
Facteurs de contagion de l’extrémisme
violent
20. Adapter les réponses à la menace
terroriste
Adapter les politiques de prévention aux facteurs de contagion
Facteur religieux est secondaire
Marquer la présence de l’Etat ne signifie pas répondre aux injustices
Focaliser les efforts sur l’accès partagé et pacifique aux ressources
Limiter le recours à la force contre les civils et sanctionner les abus
pour éviter l’installation d’une culture d’impunité
Encadrer le recours aux groupes d’autodéfense:
Limiter la sollicitation de ces groupes à des missions défensives
Arrêter les auteurs d’abus
Favoriser le dialogue pour éviter la communautarisation des esprits.
22. Travailler davantage avec les organisations
pastorales
Pour avoir une meilleure compréhension du monde pastoral et des
besoins pluriels des éleveurs
Permet d’accéder aux populations pastorales dans les zones les
plus reculées
Permet de penser l’encadrement de la mobilité pastorale dans une
logique partenariale
Permet d’externaliser certains services (vaccination…)
23. Organiser un dialogue multiacteurs autour
de la question pastorale
Objectif :
Que des acteurs qui interagissent de moins en moins :
Se parlent et se comprennent
S’entendent sur des règles permettant un vivre ensemble durable (ex:
convention locale d’accès aux ressources par exemple)
Définissent consensuellement les besoins infrastructurels en matière
agropastorale (ex: balisage d’une piste à bétail)
24. Organiser un dialogue multiacteurs autour
de la question pastorale
Modalités :
Nécessité d’une très grande inclusivité de ces dialogues locaux:
Inclusivité horizontale (catégorie d’acteurs)
Inclusivité verticale (acteurs locaux – nationaux – sous-
régionaux (CEDEAO)
Approche transfrontalière, en valorisant l’existant (Katsina-
Maradi, Kebbi-Dosso-Alibori, SKBO…)
Opportunité d’initier ces dialogues dans les pays côtiers où
l’insécurité est moindre
25. Les étapes du dialogue multiacteurs
Sensibilisation
Formation
Dialogue informé
Formulation de propositions consensuelles
Climat apaisé entre les acteurs et contribution à la résolution des crises pastorale et
sécuritaire