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La conférence internationale Rio+20, qui se tient dans la capitale écono-
mique brésilienne du 20 au 22 juin 2012, aura pour thèmes principaux la
mise en place d'une "économie verte" et la gouvernance mondiale du déve-
loppement durable.
Alors que le monde traverse une crise financière extrêmement grave, cette
notion d'économie verte alliant croissance et prise en compte des impéra-
tifs environnementaux suscite de nombreuses interrogations.
Que recouvre exactement ce concept de "Green Economy" défendu par la
plupart des grandes organisations internationales ?
Comment peut-il servir le développement durable, en particulier dans les
pays en développement ?
Et pourquoi suscite-t-il une telle levée de boucliers de la part de
nombreuses ONG ?
Ces questions étaient au cœur du débat organisé le vendredi 8 juin par la CTB, l'Agence belge de développement.
Avec pour thème "Rio+20 : les modèles économiques verts peuvent-ils soutenir le développement ?", il rassemblait
des représentants de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), des Nations Unies et
de la société civile.
Vingt ans après le Sommet de la Terre de 1992, force est
de constater que les engagements pris à cette occasion
n'ont été que très partiellement respectés.
Les menaces qui pèsent sur les ressources environne-
mentales, la biodiversité et les générations futures sont
de plus en plus lourdes.
Les études publiées sur ces questions, ainsi que les ren-
contres internationales organisées depuis (Johannesburg,
Copenhague, etc.), ont permis de dresser un diagnostic pes-
simiste de la santé de notre planète.
Ce constat sombre et largement partagé est à l'origine de
l'organisation par l'ONU de cette nouvelle Conférence sur le
Développement Durable Rio+20 au Brésil.
Il aura fallu des mois de négociations compliquées
pour que les chefs d'Etats, les ministres et les repré-
sentants d'institutions internationales impliqués dans
ces préparatifs finissent par s'entendre sur un texte de
compromis qui, au final, retient comme principaux
thèmes de ce nouveau rendez-vous mondial
"l'instauration d'une économie verte" et "le renforce-
ment de la gouvernance institutionnelle du développe-
ment durable".
Défendu par plusieurs Etats pionniers dans le domaine (la
Corée du Sud, en particulier), ce concept d'économie verte
n'est pas précisément défini mais une acceptation finit par
dominer, portée notamment par le PNUE et l'OCDE (qui
parle plutôt de "croissance verte").
Dans cette vision, l'économie verte est appréhendée
comme un modèle de développement dans lequel la pré-
servation du capital naturel est considérée comme un
facteur de croissance économique.
Ingénieur solaire, Nicaragua - Crédit : Ashden Awards
Eolienne - Crédit : Stevie Boyuk
Dans son rapport sur le sujet, l'OCDE explique qu' "une poli-
tique de croissance verte consiste à favoriser la croissance
économique et le développement tout en veillant à ce que
les actifs naturels continuent de fournir les ressources et les
services environnementaux sur lesquels repose notre bien-
être. À cette fin, elle doit catalyser l’investissement et l’inno-
vation qui étaieront une croissance durable et créeront de
nouvelles opportunités économiques."
Invité par la CTB à expliciter ce concept, Jon Lomoy, qui
pilote la Direction Coopération au Développement de
l'OCDE, a tenu à souligner la nécessité d'associer les impé-
ratifs environnementaux à une croissance rapide, en particu-
lier pour convaincre les pays en développement d'adopter
cette stratégie.
"La croissance verte ne pourra être acceptée par les
pays les plus pauvres en tant que véritable politique
alternative qu'à la condition qu'elle se combine à une
croissance économique rapide et à une réduction rapide
de la pauvreté. Ces pays ont besoin de croissance éco-
nomique rapide pour résoudre leurs problèmes les plus
fondamentaux."
Ce pragmatisme est l'un des fondements essentiels du
concept d'économie verte. Pour ses défenseurs, il n'existe
pas d'alternative à la croissance, mais celle-ci doit être ac-
compagnée d’une prise en compte systématique des im-
pacts environnementaux de l'activité économique.
L'OCDE invite les décideurs nationaux et internationaux à
s'inspirer des expériences locales les plus efficientes afin
de définir des politiques publiques globales beaucoup
plus écologiques et socialement inclusives.
Pour atteindre ces objectifs, les deux instruments principaux
sont l'innovation et les investissements, qui doivent être mas-
sivement mobilisés en faveur d'activités économiques per-
mettant de réduire la pollution et les émissions de CO2, d'op-
timiser la gestion des ressources naturelles et de prévenir les
pertes de biodiversité.
Formation de femmes à l’ingénierie électrique solaire en Inde - Crédit : UN Women / Gaganjit Singh
International Green Economy and Living Environment Forum, Changzhou, Wujin
Crédit : Peace Plus One
Depuis sa formulation dans le cadre des phases prépara-
toires, le concept d'économie verte fait l'objet de débats
passionnés au sein de la communauté internationale.
Un bloc important, composé principalement du Brésil, de la
Corée du Sud, des Etats-Unis, de l’Ethiopie, du Japon, de
l’Indonésie et de l’Union Européenne, a manifesté son adhé-
sion à l'économie verte, en soulignant toutefois le caractère
flexible du système qui doit pouvoir s’adapter aux spécificités
et besoins de tous les Etats.
A l'inverse, deux groupes de pays ont exprimé leur réti-
cence, voire leur opposition franche à ce modèle écono-
mique vert, pour des raisons presque opposées.
Le premier, Argentine, Chine et Egypte en tête, craint que ce
nouveau système ait des conséquences négatives sur la
compétitivité des pays en développement, qu'il ne s'agisse
au final que d'une structure permettant aux nations dévelop-
pées d’adopter arbitrairement des mesures commerciales
protectionnistes sous prétexte de préservation des res-
sources environnementales.
Enfin, un petit groupe de pays est farouchement opposé
à ce concept d'économie verte. Il s'agit de la Bolivie, de
Cuba et du Venezuela.
Depuis plusieurs années, la Bolivie s'illustre sur la scène
internationale par ses positions fortes en faveur des
droits naturels inaliénables de la "Terre-Mère" et de la
reconnaissance des limites des capacités de régénéra-
tion de ses cycles vitaux.
Portées par le président Evo Morales au sein du concert des
nations, les traditions indiennes ancestrales d'Amérique la-
tine appellent à une vision plus spirituelle du développement
et de l'exploitation des ressources naturelles.
Foursolaire,Bolivie-Crédit:AlterEco
Les critiques les plus virulentes à l'encontre de l'écono-
mie verte retenue comme thème central de la conférence
Rio+20 viennent des organisations de la société civile.
Nombreuses sont celles qui, tout d'abord, mettent en cause
l'absence d'une définition claire et acceptée par tous de cette
notion, sans laquelle il est difficile de concevoir des stratégies
globales.
Plus fondamentalement, les ONGs reprochent à ce con-
cept de ne pas remettre en cause les principes de base
de l'économie libérale et du commerce mondial (qui se-
raient à l'origine même de la surexploitation des res-
sources naturelles et des déséquilibres sociaux grandis-
sants), voire de les adouber pour les décennies à venir.
Plateforme alternative, le "Comité de la Société Civile Brési-
lienne pour Rio+20" précise que "le thème proposé pour la
conférence officielle, ladite « économie verte », (…) est con-
sidéré par les organisateurs du sommet des peuples comme
insatisfaisant pour affronter la crise planétaire, causée par
nos modèles de production et de consommation capitalistes."
Dans cette vision, le modèle d'économie verte est même
parfois perçu comme une opération de greenwashing de très
grande ampleur, qui n'aurait pour seul but que de permettre
aux multinationales de traiter l'ensemble des ressources na-
turelles comme des marchandises, en favorisant notamment
la brevetisation du vivant au détriment des droits des com-
munautés locales et de la biodiversité.
"Si l’économie verte est imposée sans un sérieux débat
intergouvernemental et la pleine participation des orga-
nisations représentatives des peuples et de la société
civile, le Sommet de la Terre (…) risque de devenir la
plus importante mainmise sur les ressources de la Terre
jamais vu en 500 ans", affirment ces organisations.
Crédit:LilyRothrock
Entre les visions dessinées par l'OCDE, les Etats-Unis,
l'Union Européenne, le Brésil et les grandes institutions
internationales, d'une part, et celles brandies par la ma-
jorité des organisations de la société civile et quelques
Etats, dont la Bolivie, d’autre part, ce sont deux modèles
qui s'affrontent.
Les premiers estiment que l'économie de marché à l'échelle
mondiale est le seul système qui permette de mobiliser l'en-
semble des forces vives (publiques et privées) de notre pla-
nète pour redresser la situation.
Dans cette optique, le pragmatisme est une vertu cardi-
nale et les leviers du changements sont essentiellement
économiques (l'innovation et les investissements).
A l'opposé, la plupart des organisations de la société civile
considèrent que le système mondial (incarné par l'Organisa-
tion mondiale du commerce, notamment) a atteint ses limites
et qu'il est entré dans un zone destructive, au point de cons-
tituer le cadre qui permet ces multiples dégradations de l'en-
vironnement et ces déchirures sociales.
Ces mouvements, organisés au sein de plateformes na-
tionales et internationales (à l'instar de la Coalition belge
Rio+20), estiment qu'il convient de traiter les ressources
naturelles comme autant de "biens communs" qui doi-
vent être mis hors du champ économique et de la mar-
chandisation qui "dépossèdent les peuples de leurs res-
sources et de leurs droits."
Déçus de voir le concept d'économie verte supplanter
celui de développement durable, les tenants de ce mo-
dèle défendent "un changement de paradigme vers un
monde durable."
Le Vietnam fait face à toutes sortes de défis environnemen-
taux majeurs, liés notamment aux effets du réchauffement
climatique et à la croissance rapide des agglomérations.
Forte demande en eau et énergie, insuffisance des infrastruc-
tures et de la planification, très faible conscience écologique…
les obstacles à affronter sont nombreux et compliqués.
Le gouvernement d'Hanoï est aujourd'hui décidé à mettre en
place des stratégies de développement qui tiennent compte de
ces difficultés et s'efforcent de les surmonter.
Inspirés par l'exemple sud-coréen, les responsables vietna-
miens misent aujourd'hui sur l'économie verte, clairement
appréhendée comme modèle de développement permettant
de corriger les excès du système productif actuel.
En effet, bien que le pays connaisse une forte croissance, les
pressions sur les ressources naturelles et les niveaux de pollu-
tion générés par les structures industrielles ont atteint des ni-
veaux plus que préoccupants pour les autorités.
Le pays vient d’adopter une Stratégie Economie Verte pour
l'horizon 2050 (elle sera prochainement approuvée officiel-
lement).
Cette stratégie vise 3 objectifs : réduire les émissions de C02 et
développer une économie bas-carbone, promouvoir les techno-
logies propres et encourager les efforts des citoyens vers un
mode de consommation plus durable.
La Belgique est le premier donateur a avoir accepté de con-
tribuer à cette stratégie par un don de 5 millions d'euros sur
5 ans sous la forme d'une intervention bilatérale gérée par
la CTB, l'Agence belge de développement.
Le projet vise à créer un fonds (Facility) géré par le partenaire
vietnamien (le Ministère du Plan et des Investissements) destiné
à financer des études, recherches, formations, études de cas,
projets -pilotes permettant d'appuyer la transition écologique de
l'économie vietnamienne.
L'efficacité énergétique, les énergies renouvelables, les techno-
logies propres, l'assainissement liquide et solide seront des
thèmes importants de cette stratégie.
Ce fonds pourra être alimenté par le Vietnam lui-même et par
d'autres donateurs internationaux.
TedXRio+20-crédit:HelcioNagamine
Fondamentalement, les deux systèmes de représentation paraissent difficilement conciliables. Il y a urgence pour-
tant. La plupart des indicateurs environnementaux sont à l'orange clignotant et certains d'entre eux sont mêmes pas-
sés au rouge (biodiversité, cataclysmes liés au changement climatique, etc.).
Pour aller de l’avant, la Colombie, rejointe par le Guatemala et le Pérou, soulignent ensemble que "seules les stratégies con-
crètes permettront de renouveler le compromis politique envers le développement durable".
Convaincus de l'opportunité historique que représente Rio+20 pour "renforcer l’engagement envers les trois dimen-
sions du développement durable", ces pays proposent de s'inspirer des Objectifs du Millénaire pour le développe-
ment (ODM) pour définir des Objectifs de Développement Durable qui fixeraient les caps à atteindre par l'ensemble de
la communauté internationale.
Les représentants de ces trois pays d'Amérique latine propo-
sent 5 grands domaines pour lesquels ces Objectifs de Déve-
loppement Durable (ODD) doivent être établis : la sécurité
alimentaire, l'accès à l’énergie (y compris les sources renou-
velables), les océans (y compris la pêche), les établissements
humains durables (les villes) et la gestion intégrale de l’eau.
Outre son caractère à la fois concret et contraignant,
cette approche présente de nombreux avantages : cons-
truits sur la base de l'Agenda 21, ces Objectifs de Déve-
loppement Durable s'appliquent aussi bien au niveau in-
ternational qu'au niveau local, répondant ainsi aux priori-
tés et réalités de chaque pays.
Soigneusement coordonnés à chaque échelon, ces ODD per-
mettraient de catalyser les moyens de l'ensemble des acteurs
publics et privés autour de résultats qualitatifs et quantitatifs
précis à atteindre dans les trois dimensions du développe-
ment durable (économique, sociale et environnementale).
Enfin, un dernier point positif que relèvent les gouverne-
ments latino-américains à l'origine de cette initiative, c'est sa
cohérence (voire sa complémentarité) avec les Objectifs du
Millénaire pour le développement (ODM) fixés en 2000 à
New York pour réduire l’extrême pauvreté et la mortalité in-
fantile, lutter contre les grandes épidémies (dont le HIV/
SIDA), développer l'accès à l'éducation et favoriser l'égalité
des sexes, en particulier dans les pays les plus pauvres.
Globalement, les premiers échos de la communauté in-
ternationale et de la société civile par rapport à cette
proposition sont plutôt favorables.
Les principales réticences aujourd'hui portent sur les modalités
de fixation de ces objectifs (et du temps que cela prendrait) et
sur la remise en cause (au moins partielle) des thématiques
d'ores et déjà adoptées pour Rio+20 qu'implique ce projet.
Orateur invité par la CTB, Raymond Van Ermen, Directeur
exécutif de l'organisation Partenaires Européens pour l'En-
vironnement, promeut l'idée d'une mobilisation de l'en-
semble des "agents du changement", y compris des ac-
teurs privés, dans le cadre d'un "système d'intelligence
collective" seul capable de réaliser la transition attendue.
Pour ce faire, il préconise un "Accord des Nations-Unies sur les
Droits et Responsabilités des Acteurs du Marché" qui inciterait
toutes ces parties prenantes (à partir d'une visibilité claire de
leurs avantages respectifs) à utiliser tous les leviers à leur dispo-
sition "dans une chaîne de valeurs redéfinie pour partager res-
sources, moyens financiers et savoirs".
Structurée autour de 3 piliers opérationnels (la mobilisation
de tous autour d'objectifs fixés par la puissance publique, l'éva-
luation systématique et continue des activités de chaque acteur
et la récompense des initiatives vertueuses, notamment par la
commande publique), cette vision présente a priori comme
avantage indéniable de constituer un système cohérent
susceptible d'être entendu par tous.
Les représentants des Etats présents à Rio sauront-ils se mettre d’accord sur des objectifs ambitieux et contrai-
gnants pour éviter que les générations futures ne soient contraintes d'affronter des catastrophes écologiques et so-
ciales de plus en plus nombreuses et meurtrières ?
'GreenIsTheNewBlack'SymposiumOfferedSolutions
foraSustainablePlanet.-Crédit:GreenJobsNow
1 - Source : Organisation Internationale de la Francophonie, "Note de décryptage des enjeux de la Conférence Rio+20"
2 - Source : OCDE, "Vers une croissance verte - Résumé à l’intention des décideurs" - Mai 2011
3 - Source : Interview réalisée le vendredi 8 juin 2012 à la CTB.
4 - Source : Organisation Internationale de la Francophonie, "Note de décryptage des enjeux de la Conférence Rio+20"
5 - Source :Véronique SMEE, Novethic, "Rio+20 : concilier économie verte et éradication de la pauvreté", 24 mai 2012 - www.novethic.fr
6 - Source : ETC Group, "Nouveau rapport: Qui Contrôlera l'Economie Verte?", 15/12/2011 - www.etcgroup.org
7 et 8 - Source : Coalition belge Rio+20
9 - Source : Ministerio de Relaciones Exteriores República de Colombia, "Rio + 20: ODD - Mise à jour des gouvernements de Colombie, Guatemala et Pérou"
10 - Source : Raymond Van Ermen, EPE, " Rio+20 - Comprendre, innover et agir" - Comité21 - Palais Brongniart ‐ Paris, 4 Juillet 2011

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Rio+ 20 et l'économie verte enjeux et perspectives

  • 1. La conférence internationale Rio+20, qui se tient dans la capitale écono- mique brésilienne du 20 au 22 juin 2012, aura pour thèmes principaux la mise en place d'une "économie verte" et la gouvernance mondiale du déve- loppement durable. Alors que le monde traverse une crise financière extrêmement grave, cette notion d'économie verte alliant croissance et prise en compte des impéra- tifs environnementaux suscite de nombreuses interrogations. Que recouvre exactement ce concept de "Green Economy" défendu par la plupart des grandes organisations internationales ? Comment peut-il servir le développement durable, en particulier dans les pays en développement ? Et pourquoi suscite-t-il une telle levée de boucliers de la part de nombreuses ONG ? Ces questions étaient au cœur du débat organisé le vendredi 8 juin par la CTB, l'Agence belge de développement. Avec pour thème "Rio+20 : les modèles économiques verts peuvent-ils soutenir le développement ?", il rassemblait des représentants de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), des Nations Unies et de la société civile. Vingt ans après le Sommet de la Terre de 1992, force est de constater que les engagements pris à cette occasion n'ont été que très partiellement respectés. Les menaces qui pèsent sur les ressources environne- mentales, la biodiversité et les générations futures sont de plus en plus lourdes. Les études publiées sur ces questions, ainsi que les ren- contres internationales organisées depuis (Johannesburg, Copenhague, etc.), ont permis de dresser un diagnostic pes- simiste de la santé de notre planète. Ce constat sombre et largement partagé est à l'origine de l'organisation par l'ONU de cette nouvelle Conférence sur le Développement Durable Rio+20 au Brésil. Il aura fallu des mois de négociations compliquées pour que les chefs d'Etats, les ministres et les repré- sentants d'institutions internationales impliqués dans ces préparatifs finissent par s'entendre sur un texte de compromis qui, au final, retient comme principaux thèmes de ce nouveau rendez-vous mondial "l'instauration d'une économie verte" et "le renforce- ment de la gouvernance institutionnelle du développe- ment durable". Défendu par plusieurs Etats pionniers dans le domaine (la Corée du Sud, en particulier), ce concept d'économie verte n'est pas précisément défini mais une acceptation finit par dominer, portée notamment par le PNUE et l'OCDE (qui parle plutôt de "croissance verte"). Dans cette vision, l'économie verte est appréhendée comme un modèle de développement dans lequel la pré- servation du capital naturel est considérée comme un facteur de croissance économique. Ingénieur solaire, Nicaragua - Crédit : Ashden Awards Eolienne - Crédit : Stevie Boyuk
  • 2. Dans son rapport sur le sujet, l'OCDE explique qu' "une poli- tique de croissance verte consiste à favoriser la croissance économique et le développement tout en veillant à ce que les actifs naturels continuent de fournir les ressources et les services environnementaux sur lesquels repose notre bien- être. À cette fin, elle doit catalyser l’investissement et l’inno- vation qui étaieront une croissance durable et créeront de nouvelles opportunités économiques." Invité par la CTB à expliciter ce concept, Jon Lomoy, qui pilote la Direction Coopération au Développement de l'OCDE, a tenu à souligner la nécessité d'associer les impé- ratifs environnementaux à une croissance rapide, en particu- lier pour convaincre les pays en développement d'adopter cette stratégie. "La croissance verte ne pourra être acceptée par les pays les plus pauvres en tant que véritable politique alternative qu'à la condition qu'elle se combine à une croissance économique rapide et à une réduction rapide de la pauvreté. Ces pays ont besoin de croissance éco- nomique rapide pour résoudre leurs problèmes les plus fondamentaux." Ce pragmatisme est l'un des fondements essentiels du concept d'économie verte. Pour ses défenseurs, il n'existe pas d'alternative à la croissance, mais celle-ci doit être ac- compagnée d’une prise en compte systématique des im- pacts environnementaux de l'activité économique. L'OCDE invite les décideurs nationaux et internationaux à s'inspirer des expériences locales les plus efficientes afin de définir des politiques publiques globales beaucoup plus écologiques et socialement inclusives. Pour atteindre ces objectifs, les deux instruments principaux sont l'innovation et les investissements, qui doivent être mas- sivement mobilisés en faveur d'activités économiques per- mettant de réduire la pollution et les émissions de CO2, d'op- timiser la gestion des ressources naturelles et de prévenir les pertes de biodiversité. Formation de femmes à l’ingénierie électrique solaire en Inde - Crédit : UN Women / Gaganjit Singh International Green Economy and Living Environment Forum, Changzhou, Wujin Crédit : Peace Plus One
  • 3. Depuis sa formulation dans le cadre des phases prépara- toires, le concept d'économie verte fait l'objet de débats passionnés au sein de la communauté internationale. Un bloc important, composé principalement du Brésil, de la Corée du Sud, des Etats-Unis, de l’Ethiopie, du Japon, de l’Indonésie et de l’Union Européenne, a manifesté son adhé- sion à l'économie verte, en soulignant toutefois le caractère flexible du système qui doit pouvoir s’adapter aux spécificités et besoins de tous les Etats. A l'inverse, deux groupes de pays ont exprimé leur réti- cence, voire leur opposition franche à ce modèle écono- mique vert, pour des raisons presque opposées. Le premier, Argentine, Chine et Egypte en tête, craint que ce nouveau système ait des conséquences négatives sur la compétitivité des pays en développement, qu'il ne s'agisse au final que d'une structure permettant aux nations dévelop- pées d’adopter arbitrairement des mesures commerciales protectionnistes sous prétexte de préservation des res- sources environnementales. Enfin, un petit groupe de pays est farouchement opposé à ce concept d'économie verte. Il s'agit de la Bolivie, de Cuba et du Venezuela. Depuis plusieurs années, la Bolivie s'illustre sur la scène internationale par ses positions fortes en faveur des droits naturels inaliénables de la "Terre-Mère" et de la reconnaissance des limites des capacités de régénéra- tion de ses cycles vitaux. Portées par le président Evo Morales au sein du concert des nations, les traditions indiennes ancestrales d'Amérique la- tine appellent à une vision plus spirituelle du développement et de l'exploitation des ressources naturelles. Foursolaire,Bolivie-Crédit:AlterEco Les critiques les plus virulentes à l'encontre de l'écono- mie verte retenue comme thème central de la conférence Rio+20 viennent des organisations de la société civile. Nombreuses sont celles qui, tout d'abord, mettent en cause l'absence d'une définition claire et acceptée par tous de cette notion, sans laquelle il est difficile de concevoir des stratégies globales. Plus fondamentalement, les ONGs reprochent à ce con- cept de ne pas remettre en cause les principes de base de l'économie libérale et du commerce mondial (qui se- raient à l'origine même de la surexploitation des res- sources naturelles et des déséquilibres sociaux grandis- sants), voire de les adouber pour les décennies à venir. Plateforme alternative, le "Comité de la Société Civile Brési- lienne pour Rio+20" précise que "le thème proposé pour la conférence officielle, ladite « économie verte », (…) est con- sidéré par les organisateurs du sommet des peuples comme insatisfaisant pour affronter la crise planétaire, causée par nos modèles de production et de consommation capitalistes." Dans cette vision, le modèle d'économie verte est même parfois perçu comme une opération de greenwashing de très grande ampleur, qui n'aurait pour seul but que de permettre aux multinationales de traiter l'ensemble des ressources na- turelles comme des marchandises, en favorisant notamment la brevetisation du vivant au détriment des droits des com- munautés locales et de la biodiversité. "Si l’économie verte est imposée sans un sérieux débat intergouvernemental et la pleine participation des orga- nisations représentatives des peuples et de la société civile, le Sommet de la Terre (…) risque de devenir la plus importante mainmise sur les ressources de la Terre jamais vu en 500 ans", affirment ces organisations. Crédit:LilyRothrock
  • 4. Entre les visions dessinées par l'OCDE, les Etats-Unis, l'Union Européenne, le Brésil et les grandes institutions internationales, d'une part, et celles brandies par la ma- jorité des organisations de la société civile et quelques Etats, dont la Bolivie, d’autre part, ce sont deux modèles qui s'affrontent. Les premiers estiment que l'économie de marché à l'échelle mondiale est le seul système qui permette de mobiliser l'en- semble des forces vives (publiques et privées) de notre pla- nète pour redresser la situation. Dans cette optique, le pragmatisme est une vertu cardi- nale et les leviers du changements sont essentiellement économiques (l'innovation et les investissements). A l'opposé, la plupart des organisations de la société civile considèrent que le système mondial (incarné par l'Organisa- tion mondiale du commerce, notamment) a atteint ses limites et qu'il est entré dans un zone destructive, au point de cons- tituer le cadre qui permet ces multiples dégradations de l'en- vironnement et ces déchirures sociales. Ces mouvements, organisés au sein de plateformes na- tionales et internationales (à l'instar de la Coalition belge Rio+20), estiment qu'il convient de traiter les ressources naturelles comme autant de "biens communs" qui doi- vent être mis hors du champ économique et de la mar- chandisation qui "dépossèdent les peuples de leurs res- sources et de leurs droits." Déçus de voir le concept d'économie verte supplanter celui de développement durable, les tenants de ce mo- dèle défendent "un changement de paradigme vers un monde durable." Le Vietnam fait face à toutes sortes de défis environnemen- taux majeurs, liés notamment aux effets du réchauffement climatique et à la croissance rapide des agglomérations. Forte demande en eau et énergie, insuffisance des infrastruc- tures et de la planification, très faible conscience écologique… les obstacles à affronter sont nombreux et compliqués. Le gouvernement d'Hanoï est aujourd'hui décidé à mettre en place des stratégies de développement qui tiennent compte de ces difficultés et s'efforcent de les surmonter. Inspirés par l'exemple sud-coréen, les responsables vietna- miens misent aujourd'hui sur l'économie verte, clairement appréhendée comme modèle de développement permettant de corriger les excès du système productif actuel. En effet, bien que le pays connaisse une forte croissance, les pressions sur les ressources naturelles et les niveaux de pollu- tion générés par les structures industrielles ont atteint des ni- veaux plus que préoccupants pour les autorités. Le pays vient d’adopter une Stratégie Economie Verte pour l'horizon 2050 (elle sera prochainement approuvée officiel- lement). Cette stratégie vise 3 objectifs : réduire les émissions de C02 et développer une économie bas-carbone, promouvoir les techno- logies propres et encourager les efforts des citoyens vers un mode de consommation plus durable. La Belgique est le premier donateur a avoir accepté de con- tribuer à cette stratégie par un don de 5 millions d'euros sur 5 ans sous la forme d'une intervention bilatérale gérée par la CTB, l'Agence belge de développement. Le projet vise à créer un fonds (Facility) géré par le partenaire vietnamien (le Ministère du Plan et des Investissements) destiné à financer des études, recherches, formations, études de cas, projets -pilotes permettant d'appuyer la transition écologique de l'économie vietnamienne. L'efficacité énergétique, les énergies renouvelables, les techno- logies propres, l'assainissement liquide et solide seront des thèmes importants de cette stratégie. Ce fonds pourra être alimenté par le Vietnam lui-même et par d'autres donateurs internationaux. TedXRio+20-crédit:HelcioNagamine
  • 5. Fondamentalement, les deux systèmes de représentation paraissent difficilement conciliables. Il y a urgence pour- tant. La plupart des indicateurs environnementaux sont à l'orange clignotant et certains d'entre eux sont mêmes pas- sés au rouge (biodiversité, cataclysmes liés au changement climatique, etc.). Pour aller de l’avant, la Colombie, rejointe par le Guatemala et le Pérou, soulignent ensemble que "seules les stratégies con- crètes permettront de renouveler le compromis politique envers le développement durable". Convaincus de l'opportunité historique que représente Rio+20 pour "renforcer l’engagement envers les trois dimen- sions du développement durable", ces pays proposent de s'inspirer des Objectifs du Millénaire pour le développe- ment (ODM) pour définir des Objectifs de Développement Durable qui fixeraient les caps à atteindre par l'ensemble de la communauté internationale. Les représentants de ces trois pays d'Amérique latine propo- sent 5 grands domaines pour lesquels ces Objectifs de Déve- loppement Durable (ODD) doivent être établis : la sécurité alimentaire, l'accès à l’énergie (y compris les sources renou- velables), les océans (y compris la pêche), les établissements humains durables (les villes) et la gestion intégrale de l’eau. Outre son caractère à la fois concret et contraignant, cette approche présente de nombreux avantages : cons- truits sur la base de l'Agenda 21, ces Objectifs de Déve- loppement Durable s'appliquent aussi bien au niveau in- ternational qu'au niveau local, répondant ainsi aux priori- tés et réalités de chaque pays. Soigneusement coordonnés à chaque échelon, ces ODD per- mettraient de catalyser les moyens de l'ensemble des acteurs publics et privés autour de résultats qualitatifs et quantitatifs précis à atteindre dans les trois dimensions du développe- ment durable (économique, sociale et environnementale). Enfin, un dernier point positif que relèvent les gouverne- ments latino-américains à l'origine de cette initiative, c'est sa cohérence (voire sa complémentarité) avec les Objectifs du Millénaire pour le développement (ODM) fixés en 2000 à New York pour réduire l’extrême pauvreté et la mortalité in- fantile, lutter contre les grandes épidémies (dont le HIV/ SIDA), développer l'accès à l'éducation et favoriser l'égalité des sexes, en particulier dans les pays les plus pauvres. Globalement, les premiers échos de la communauté in- ternationale et de la société civile par rapport à cette proposition sont plutôt favorables. Les principales réticences aujourd'hui portent sur les modalités de fixation de ces objectifs (et du temps que cela prendrait) et sur la remise en cause (au moins partielle) des thématiques d'ores et déjà adoptées pour Rio+20 qu'implique ce projet. Orateur invité par la CTB, Raymond Van Ermen, Directeur exécutif de l'organisation Partenaires Européens pour l'En- vironnement, promeut l'idée d'une mobilisation de l'en- semble des "agents du changement", y compris des ac- teurs privés, dans le cadre d'un "système d'intelligence collective" seul capable de réaliser la transition attendue. Pour ce faire, il préconise un "Accord des Nations-Unies sur les Droits et Responsabilités des Acteurs du Marché" qui inciterait toutes ces parties prenantes (à partir d'une visibilité claire de leurs avantages respectifs) à utiliser tous les leviers à leur dispo- sition "dans une chaîne de valeurs redéfinie pour partager res- sources, moyens financiers et savoirs". Structurée autour de 3 piliers opérationnels (la mobilisation de tous autour d'objectifs fixés par la puissance publique, l'éva- luation systématique et continue des activités de chaque acteur et la récompense des initiatives vertueuses, notamment par la commande publique), cette vision présente a priori comme avantage indéniable de constituer un système cohérent susceptible d'être entendu par tous. Les représentants des Etats présents à Rio sauront-ils se mettre d’accord sur des objectifs ambitieux et contrai- gnants pour éviter que les générations futures ne soient contraintes d'affronter des catastrophes écologiques et so- ciales de plus en plus nombreuses et meurtrières ? 'GreenIsTheNewBlack'SymposiumOfferedSolutions foraSustainablePlanet.-Crédit:GreenJobsNow 1 - Source : Organisation Internationale de la Francophonie, "Note de décryptage des enjeux de la Conférence Rio+20" 2 - Source : OCDE, "Vers une croissance verte - Résumé à l’intention des décideurs" - Mai 2011 3 - Source : Interview réalisée le vendredi 8 juin 2012 à la CTB. 4 - Source : Organisation Internationale de la Francophonie, "Note de décryptage des enjeux de la Conférence Rio+20" 5 - Source :Véronique SMEE, Novethic, "Rio+20 : concilier économie verte et éradication de la pauvreté", 24 mai 2012 - www.novethic.fr 6 - Source : ETC Group, "Nouveau rapport: Qui Contrôlera l'Economie Verte?", 15/12/2011 - www.etcgroup.org 7 et 8 - Source : Coalition belge Rio+20 9 - Source : Ministerio de Relaciones Exteriores República de Colombia, "Rio + 20: ODD - Mise à jour des gouvernements de Colombie, Guatemala et Pérou" 10 - Source : Raymond Van Ermen, EPE, " Rio+20 - Comprendre, innover et agir" - Comité21 - Palais Brongniart ‐ Paris, 4 Juillet 2011