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Université Lille 3 2013 
Charles de Gaulle 
UFR DECCID 
Licence 3 Culture et Médias 
Médias, Culture et Société 
TD 
dirigé par 
Émilie Dalage 
Diane-Laure Gratier de Saint Louis & Carole Péraste
Table des matières 
Introduction..........................................................................................................................................3 
Présentation du terrain .........................................................................................................................5 
1.Maisons de Mode..........................................................................................................................5 
2.Le quartier Lille Sud ....................................................................................................................6 
Choix des outils d'enquêtes, difficultés rencontrées.............................................................................7 
Analyses...............................................................................................................................................8 
1.Les récits d'expériences du quartier..............................................................................................8 
2.Lille Sud en mouvement...............................................................................................................9 
2.1.Des flux entrants.................................................................................................................10 
2.1.1.La Maison des Modes..................................................................................................10 
2.1.2.Les nouvelles entreprises.............................................................................................10 
2.1.3.Les nouveaux logements.............................................................................................10 
2.2.Des flux sortants..................................................................................................................11 
3.A travers ces flux de personnes, un malaise: la COMMUNICATION.......................................11 
3.1.Entre les entrepreneurs du projet et les nouveaux arrivants................................................11 
3.2.Absence de communication source de vulnérabilité du quartier........................................12 
Conclusion..........................................................................................................................................13 
Annexe................................................................................................................................................14 
Bibliographie......................................................................................................................................18 
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Introduction 
Hier, les Hommes ont créé la ville, aujourd'hui, la ville conditionne les Hommes. La ville se doit 
d'être envisagée en terme de fait urbain, en tant que phénomène, mécanique. Elle est un produit de 
la modernité, le fruit d'une évolution économique et sociale. La métropole aussi est issue de 
transformations à la suite des révolutions industrielles comme numérique. Elles traversent les 
décennies, voire les siècles et s'autonomisent, se complexifient. La ville devient un organisme où 
s'organisent des dynamiques internes qui s'entrecroisent. Ce phénomène intéresse depuis plus d'une 
centaine d'années des sociologues qui s'interrogent sur ce fait urbain. 
Robert Ezra Park, sociologue américain à l'origine de l’École de Chicago dans les années 20/30, 
s'intéresse aux descriptions et à la compréhension des transformations des villes notamment après 
la guerre. Il s'arrête plus particulièrement sur le cas de la ville de Chicago, qu'il considère comme 
un « laboratoire social ». Il développe l'idée d'une écologie urbaine, expliquant les mouvements de 
foule, les flux, les phénomènes de migration ou de ségrégation, et cela en se référant à l'écologie 
animale et végétale. Penser en terme de phénomène urbain, c'est considérer les relations sociales 
dans un environnement urbain, les relations entre les gens mais aussi le rapport entre le citadin et 
son milieu de vie, les stratégies et systèmes d'action de chacun. « les structures sociales et 
sociétales ne peuvent être vraiment analysées et représentées que dans leur lien avec les données 
spatiales. »(Olivier Frey, 2012) 
La ville a créé ses citadins, les conditionnant à son rythme, à ses règles, elle a un impact social, 
notamment sur la manière dont s'organisent les hommes selon les espaces. Pour autant, il y a une 
lutte entre l'hôte et l'habitant, qui permet d'établir un équilibre. Les études sociologiques 
permettent de déterminer, d'observer où se jouent les mécanismes de la ville ou de la métropole, et 
la manière dont ses habitants y prennent leur marque ou en prennent possession. Des théories sur 
l'organisation urbaine, ont mis en avant l'existence d'un être urbain, qui s'intellectualise au cours du 
temps, il y aurait une forme de sociabilité propre aux citadins. La ville produit constamment de la 
culture, de la morale, des valeurs. C'est un super-organisme rempli de diversité. 
Le fait urbain ne peut se comprendre que parallèlement au facteur communication. Les valeurs que 
produit la ville ne se peuvent s'imprégner que par le biais de la communication, elle fait partie de 
la dynamique sociale. Communiquer c'est permettre la constitution des multiples aires d'une ville, 
les différentes couches qui la forme, et qui se caractérisent chacune avec leur morale, leurs valeurs, 
c'est que Park entend par l'idée de district moral. 
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Envisager les dynamiques qu'enferment la ville, c'est pouvoir observer ses mouvements, les flux 
qui la traversent et qui influent sur l'identité des quartiers qui la constituent, ainsi que celle de ses 
habitants. Le fait urbain reflète le phénomène de mondialisation en cours, c'est là où se déroulent 
les mécanismes de cette mondialisation, à travers les mobilités, les mouvements d'idées, 
d'hommes, de marchandises d'un lieu à un autre, d'un quartier à un autre, d'une ville à une autre et 
parfois même d'un quartier à un autre pays et vice versa. 
L'écologie urbaine sous entend des phénomènes naturels, pour autant les initiatives politiques et 
publiques peuvent influer sur cette écologie, la volonté d'agir s'applique aussi dans le cadre de la 
ville. En quoi et comment des interventions d'ordre publique interagissent avec les mécanismes 
urbains ? Quels types de conséquences peut-on observer ? 
4/18
Présentation du terrain 
1.Maisons de Mode 
Maisons de mode est un projet de la ville de Lille impulsé en 2006. Ce projet accompagne de jeunes 
créateurs à promouvoir leurs oeuvres textiles en mettant à disposition des boutiques à loyers 
modérés et gratuits les six premiers mois. Ils ont également accès à des logements de résidence. La 
municipalité guide les créateurs novices en création d’entreprise. 
Cela passe par : 
- aide à la recherche de financement, 
- coaching commercial et technique, 
- accompagnement pendant les étapes du sourcing1, de la production et de la 
commercialisation, 
- mise à disposition d’un bureau d’étude ainsi qu’une aide au prototypage, 
- mise en relation avec un réseau de professionnels et industriels, 
- profit des partenariats commerciaux, 
- accès aux partenariats d’image, 
- aide à la communication et aux relations-presse. 
Ce projet est financé à cinq niveaux différents : Lille Métropole Communauté urbaine, Villes de 
Lille et Roubaix, Conseil Général du Nord, Conseil Régional du Nord – Pas de Calais et Union 
Européenne. En 2008, il avait un budget fonctionnel de 1,83 millions d’euros avec une 
augmentation prévisionnelle de 42% pour 2009 suite à l’élargissement du projet à Roubaix. 
En 2006, onze boutiques-ateliers ont été créées à Lille ainsi que huit appartements destinés aux 
créateurs. En 2010, six autres boutiques ont été ouvertes. A Roubaix, ce sont quinze boutiques qui 
ont été inaugurées fin 2008. 
Le but de ce projet est de redynamiser les villes et que les jeunes créateurs participent à l’attractivité 
de ces deux quartiers en pleine mutation. Pour qu’ils puissent accéder à ces boutiques, les créateurs 
doivent être sélectionnés par un comité constitué de professionnels de la mode et de la création. Le 
contrat s’établit ensuite sur vingt-quatre mois. Ce projet municipal n’est pas réservé qu'aux Lillois 
1 Le Sourcing est employé dans le monde des affaires pour qualifier l'acte qui vise à réduire le coût général des achats, 
en automatisant les processus concernés. 
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et Roubaisiens. Il est ouvert aussi bien aux jeunes d’autres régions ou étrangers. La seule condition 
étant de s’implanter dans l’un de ces deux quartiers. 
Dans cette étude nous nous porterons uniquement sur la situation Lilloise du projet, dans le quartier 
Lille Sud. 
2.Le quartier Lille Sud 
Le quartier de Lille Sud compte un peu moins de dix pour cent de la population Lilloise. En 
effet, on comptabilise environ 20 000 habitants à Lille Sud pour 230 000 habitants à Lille. 
Géographiquement, le quartier couvre trois cent hectares donc dix hectares de friches industrielles. 
Depuis les années 1980, date de la construction de la voie rapide qui relie les autoroutes A1 et A25, 
le quartier est séparé du reste de la ville. Le sillon entre le quartier et le reste de la commune est 
amplifié par le pont du métro aérien qui constitue une barrière visuelle lorsqu’on passe d’un côté à 
l’autre. 
Ce quartier est très touché par le chômage. Alors qu’on compte en moyenne 12% de taux de 
chômage pour la ville de Lille, celui-ci monte jusqu’à 20% pour le quartier de Lille Sud. 
On dénombre près de 25% de la population du quartier issue de l’immigration ainsi qu’une forte 
proportion de la population qui n’est pas ou peu qualifiée. 
Plusieurs projets ont été mis en place pour tenter d’améliorer les conditions de vie de ce « quartier 
off », en plus du Faubourg des Modes. Un nouvel hôtel de police a été construit et est opérationnel 
depuis 2008. On constate également une ligne a haut niveau de services de bus reliant toutes les 
communes alentours comme Ronchin, Saint André, Marquette, Wambrechies, Quesnoy sud Deûle et 
Comines. Cette ligne traverse Lille dans le sens Nord/Sud depuis environ deux ans. La mairie de 
Lille souhaite ainsi que d’ici quelques années, le quartier devienne un lieu de vie sociale, culturelle 
et économique. 
De plus, le quartier a été classé en Zone Franche Urbaine. Les zones franches urbaines (ZFU) sont 
des quartiers de plus de 10 000 habitants, situés dans des zones dites sensibles ou défavorisées. Ils 
ont été définis à partir des critères suivants : 
- taux de chômage ; 
- proportion de personnes sorties du système scolaire sans diplôme ; 
- proportion de jeunes ; 
- potentiel fiscal par habitant. 
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Les entreprises implantées ou devant s'implanter dans ces quartiers bénéficient d'un dispositif 
complet d'exonérations de charges fiscales et sociales durant cinq ans. 
Enfin, un blog a été créé spécialement pour le quartier, le « Blog de Lille-Sud ». Il a pour vocation 
de diffuser l’information à ceux qui ne savent pas où la trouver. Il donne l’actualité sociale et 
culturelle de la ville. 
Choix des outils d'enquêtes, difficultés rencontrées 
Au début de notre enquête, nous nous sommes rendues rue du Faubourg des postes, rue où se 
trouvent les ateliers de Maisons de Mode, afin de mieux comprendre la configuration du quartier, 
d’observer les liens, la proximité entre les ateliers et les autres commerces. Nous avons également 
tenté une brève approche avec quelques jeunes créateurs. Ceux-ci se sont révélés peu au courant de 
la raison pour laquelle ils se trouvaient dans ce quartier et après réflexion, nous avons pensé que ce 
ne serait pas la bonne manière de pouvoir comprendre les dynamiques et les mouvements dans la 
ville que crée la rue des modes. 
Nous nous sommes donc tournées vers l’entretien. Celui-ci permet de récolter le récit, le vécu des 
habitants par rapport aux transformations de leur quartier. Les expériences qu’ils ont eu dans ce 
quartier, l’impact que cela a pour eux au quotidien, les réactions qu’ils ont face aux changements. 
Autant de choses que les archives et les questionnaires ne révèlent pas. 
Nous avons ainsi produit différents types d’entretiens. Nous sommes dans un premier temps allées à 
la rencontre du rédacteur du blog « le blog de Lille-Sud ». Celui-ci nous a apporté un avis global sur 
la situation du quartier ainsi qu’un avis plus institutionnel. Nous avons également été à la rencontre 
de passants sur le Faubourg des Postes. Ceux-ci nous ont permis d’avoir un avis, un ressenti des 
principaux intéressés : les habitants du quartier. Evidemment, nous n’avons pas toujours rencontré 
des habitants de Lille-Sud. Nous avons rencontré des gens venus pour rendre visite à d’autres, des 
gens venus pour aller dans les boutiques, ou seulement des passants, qui vont d’un quartier à un 
autre à pied. 
Que ce soit pour l’entretien formel avec le rédacteur du blog ou les entretiens informels avec les 
passants, nous nous sommes confrontées au même problème : la déviation du sujet initial. Ce n’est 
pas une question de savoir tenir le fil conducteur de l’entretien mais les gens avaient envie de nous 
en dire plus… Au début, nous parlions donc toujours de la rue des modes mais par la suite, les gens 
nous parlaient d’autre chose donc nous finissions toujours avec un discours assez libre. Le fil 
conducteur s’efface petit à petit pour oublier la rue des modes et en venir à Lille-Sud, ce quartier en 
déclin. Il nous a été compliqué d’orienter complètement l’interview en raison de la diversité des 
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gens. Nous avons donc été au feeling, selon la manière dont s’orientait l’entretien. Cependant, ce 
dans quoi s’inscrit la rue des modes est toujours un évoqué : le Grand Projet Urbain. 
Nous avons vite compris que la rue des modes ne pouvait pas être pensée, envisagée seule mais bien 
dans un projet plus large qui comprend d’autres formes de modifications du quartier qui, à ce jour, 
affectent davantage ses habitants. Nous entendons par là la rénovation des façades, des immeubles, 
la démolition de structures, de travaux d’aménagements, de pistes cyclables, etc. C’est comme cela 
que nous avons donc affiné notre terrain et nos questions. Nous avons axé nos recherches sur le lien 
entre le Grand Projet Urbain et la rue des modes. 
Nous avons tenté de penser à l’influence et à l’impact des modifications du quartier par la ville sur 
les habitants qui vivent le projet. Comprendre ce que cela a changé dans leur vie quotidienne, leur 
rôle dans la démarche municipale. Sont-ils vraiment acteurs de l’évolution de leur quartier ou 
seulement « pantins » à qui on impose des changements ? 
Le Grand Projet Urbain a pour but de réactiver les atouts urbains et architecturaux urbains. 
Nous sommes donc parties du principe, comme nous le dit Robert Ezra Park, qu’il s’agit « plus 
qu’un simple agrégat de population ayant une configuration territoriale ». 
Analyses 
1.Les récits d'expériences du quartier 
Les différents témoignages que nous avons récoltés durant l'enquête nous laissent envisager les 
différentes manières de vivre, l'expérience que les habitants font de leur quartier. Des personnes 
récemment installées, des personnes qui ont vécu les différentes évolutions... Pour nous rendre 
compte de ce qui se passe dans le quartier, nous nous appuyons sur le vécu de ses habitants. Ainsi, 
il ne s'agit de données objectives allons-nous dire mais bien de données subjectives, chacun y 
allant de son sentiment, selon sa situation, son rôle, sa participation dans la vie de quartier. Ainsi il 
ne faut pas s'étonner si dans les discours, il y a des oppositions ou encore des paradoxes. 
« L’homme est agent, c'est-à-dire que son expérience « est initiative, intrusion dans le monde des 
choses et dans le monde des êtres, et modification incessamment active de ces mondes » 
(Meyerson, 1987, p. 88) » (Denise Jodelet, 2006). 
Les mécanismes observables dans le quartier ne sont pas qu'affaire de lieu ou de modifications 
d'ordre matériel mais bien aussi sujets aux comportements et agissements des habitants qui le font 
vivre. La rue des modes, action entrant dans le cadre du Grand Projet Urbain de Lille amène les 
habitants à modifier leur comportement au quotidien. Non seulement par rapport à la rue des 
modes mais à toutes autres actions menées pour la réhabilitation du quartier. Certains le vivent 
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avec plus d'engagement que d'autres dans la mesure où certains sont très affectés tous les jours, et 
d'autres moins, mais aussi d'autres personnes ne veulent pas y participer, font comme si rien n'avait 
changé, comme si ça ne les concernaient pas. 
Il s'agit ici de rendre compte de l'ordre des changements advenus dans leur lieu de vie, dans leur 
chez eux. En effet, les habitants interrogés n'ont pas simplement un logement dans le quartier, Lille 
Sud est leur jardin commun, du moins était leur jardin commun. Des personnes observent des 
changements d'ordre humain et comportemental d'autres des changements d'ordre économique ou 
politique. Ainsi chacun à sa manière de vivre et de rendre compte de l'environnement dans lequel il 
vit. « des systèmes de représentations de caractère holistique - méta-systèmes normatifs, modèles 
culturels, idéologies, « représentations hégémoniques » (Moscovici, 1982), etc. - peuvent avoir 
simultanément des effets sur la mise en forme du vécu et sur la sélection des connaissances, 
sciemment ou inconsciemment, valorisées en raison de leur pertinence pour le sujet ou de leur 
adéquation avec le système de valeurs. » (Denise Jodelet, 2006) 
2.Lille Sud en mouvement 
Le sentiment global chez les habitants est que les choses changent. Beaucoup comprennent que la 
mairie de Lille souhaite réhabiliter le quartier. Deux façons de voir les choses, certains y voit une 
amélioration pour eux pour leur bien être quotidien, d'autres plus pessimistes comprennent que 
ces changements visent la population future. 
Sentiment que la ville veut renouveler le quartier, c'est ainsi qu'elle entreprend des démarches des 
actions. Ces entreprises sont d'ordre matériel, des rénovations, l'implantation de la rue des modes, 
ceux sont des actions immédiates, et les autres sont d'ordre humaine, il s'agit d'un processus plus 
long, la population du quartier est visee, elle est l'objet du travail de la mairie de Lille. 
Il s'agit donc de mouvement, de changement. Burgess sociologue canadien explique que « la 
désorganisation sociale est préliminaire à la réorganisation des attitudes et conduites ». Les 
habitants du quartier voient dans l'implantation de la rue des modes la volonté de la mairie de faire 
venir des gens « qui ont de l'argent », ils ont le sentiment que la ville veut embourgeoiser le 
quartier, lui « changer son identité ». Pour faire évoluer Lille Sud, du mouvement s'engage, on 
peut commencer à observer des flux. 
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2.1.Des flux entrants 
2.1.1.La Maison des Modes 
Les habitants voient du « nouveau peuple » arriver dans leur quartier. D'abord la Maison des 
modes qui établit plusieurs boutiques entre les commerces existants. Se côtoient désormais, kébabs 
et boutiques branchées. Ce sont de jeunes créateurs qui ne sont pas issus du quartier mais qui 
sortent des écoles de stylisme de la région, voire d'ailleurs. Parallèlement à ces nouveaux arrivants, 
il y a aussi leurs clients, majoritairement des clientèles en fait qui viennent pour la plupart du 
centre-ville de Lille et qui ne sont que de passage dans ces boutiques. Elles ne s'attardent pas du 
tout dans le quartier ,les habitants réalisant selon eux qu'lls ne sont pas du même monde. Du moins 
en terme de milieu social et non par rapport à l'origine. 
2.1.2.Les nouvelles entreprises 
Comme nous le disions plus haut, Lille Sud est classée Zone Franche Urbaine, c'est pourquoi s'y 
sont implantées de nombreuses entreprises (300) qui emploient plus de 3000 personnes. Ces 
employés comme le constate les habitants du quartier ne sont pas du tout du quartier, personne ne 
connait quelqu'un qui travaille pour ces entreprises récemment installées, pourtant selon la mairie, 
ces emplois leur étaient destinés. Ceux sont des personnes extérieures au quartier qui viennent 
pour y travailler, tout comme les commerçants de la rue du Faubourg des Postes, ils arrivent le 
matin et vident les lieux le soir. Ce qui les sépare dans ce cas-là? « le niveau de qualification », 
« ce n'est pas que les entreprises ne veulent pas de nous pour travailler, c'est simplement qu'ici 
rares sont les personnes suffisamment qualifiées pour pouvoir prétendre à un poste » ainsi, certains 
regrettent ce problème, d'autres y voient une action volontaire de la ville pour que d'autres 
viennent investir les lieux. 
2.1.3.Les nouveaux logements 
Désormais, les habitants de Lille Sud voient s'installer des nouveaux voisins, certaines personnes 
refusent d'employer ce terme qui pour eux laisse entrevoir un certain rapport, une relation 
particulière, alors qu'il s'agit simplement de personnes qui habitent près de chez eux « pas de 
bonjour, rien ». Il y a beaucoup de nouvelles constructions, les prix sont attractifs, « du moins pour 
ceux qui ont de l'argent », « trop cher pour nous, mais accessible pour les autres », cela fait venir 
des nouveaux habitants, « malheureusement c'est des logements, mais pas pour des familles de 
quatre ou cinq personnes ». Les logements sont pensés pour des couples ou familles avec peu 
d'enfants, ils ne correspondent pas à la population locale, mais intéressent les gens de l'extérieur. 
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2.2.Des flux sortants 
Parallèlement à ces flux entrants, beaucoup d'habitants de Lille Sud sont amenés à quitter les lieux. 
« ils sont envoyés vers Fâches ou Wattignies ». La mairie rachète les commerces de la rue du 
Faubourg des postes et cela pour des sommes intéressantes, ainsi beaucoup acceptent de céder. 
Aussi ce sont des logements qui sont rachetés « ça nous permet d'acheter mieux ailleurs, ou au 
moins changer de cadre », ou des lotissements détruits. Les plus jeunes, ou ceux qui « s'en 
sortent » partent d'eux même, « ils sentent qu'il y a plus rien pour eux ici, ils ont raison ». « Peut-être 
pourraient ils quand même rester pour redonner de l'éclat au quartier ». Ce phénomène, Ezra 
Park le définit comme naturel, celui des couches externes de la ville, quitte son environnement 
pour tenter de s'y implanter ailleurs, dans un cadre qui lui correspond davantage. 
3.A travers ces flux de personnes, un malaise: la COMMUNICATION 
Lille Sud est un espace où se côtoient, se rencontrent, se croisent des gens d'ici et des gens de 
l'extérieur. Désormais un mixe entre les « anciens » et les « nouveaux », pour l'instant les 
« nouveaux » ne sont pas encore totalement ancrés dans le quartier dans la mesure où dans un 
premier temps ils ne viennent majoritairement que pour des raisons professionnelles (boutiques, 
emplois en entreprise). Ainsi pour établir un semblant de vivre ensemble, il s'agit de quelque chose 
de bien plus précieux qu'on ne pourrait le penser. Le souci ? La communication. 
3.1.Entre les entrepreneurs du projet et les nouveaux arrivants 
Pour Lille Métropole ou la mairie de Lille, il n’y a aucun discours clair dédié aux nouveaux 
habitants ou aux nouveaux commerçants. Même si la Maison des Modes par exemple ou les 
entreprises installées entre dans le cadre du Grand Projet Urbain, les personnes directement 
concernées ne comprennent pas exactement leur rôle là-dedans, du moins c'est qu'explique une 
vendeuse d'une des boutiques de mode. 
Tacitement, ils ont une responsabilité qui leur est assignée, la mairie et les investisseurs attendent 
d'eux d'investir le rôle des entrants qui vont participer au renouveau du quartier. Puisque le 
discours n'est pas clair, les « nouveaux » laissent les choses se faire c'est-à-dire qu'ils 
n'entreprennent rien, ne serait-ce qu'à travers des relations de voisinage. 
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3.2.Absence de communication source de vulnérabilité du quartier 
Parks identifie les trois ordres nécessaires au maintien de l'espace urbain, celui territorial, 
économique et culturel. À Lille Sud celui manquant serait l'ordre culturel, en effet sans 
communication, aucune transmission. Certains habitants regrettent le manque de partage et de 
connaissance de leurs nouveaux voisins, alors que d'autres de cette manière affirme la différence 
de « monde » dans lequel ils vivent. 
Pour autant de manière générale, ils ont conscience qu'un quartier soudé vaut mieux que des 
individualités éparpillées. Ne pas transmettre a pour conséquence la disparition de l'identité du 
quartier. « C'est dommage », « C'est la ville qui le veut bien ». Pour remédier à cet état de fait, 
certains proposent des activités d'ordre culturel pour stimuler, mais en vain « c'est trop tard ». « La 
ville nous méprise, comme si on était capable de rien ». 
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Conclusion 
La ville, à travers des politiques publiques et culturelles, impacte sur l'« écologie naturelle » dont 
parle Ezra Parks. Pour autant, il semblerait que ce soit les flux qui traversent le quartier ou la ville 
qui ont une véritable conséquence, sur les mécanismes internes. La lacune en communication que 
nous évoquions précédemment rend le quartier Lille Sud vulnérable. Cette fragilité est à 
comprendre dans le contexte que développe Parks, quand il explique que « la communauté a une 
durée de vie indéfinie: elle survit aux individus qui la composent ». En s'abstenant de 
communiquer et de transmettre on se laisse étouffer, pour survivre dans un espace commun, il 
s'agit d'un combat perpétuel entre individu et communauté. Dans le cas étudié, il n'y a plus de 
signe de lutte, ainsi les individus (les anciens) se font exclure et se voient remplacés par d'autres 
(ceux invités par la ville de Lille). 
Ce transfert de flux extérieurs, d'autres quartiers de Lille ou même d'ailleurs (les vendeurs des 
Maisons de Mode ne sont pas forcément du Nord-Pas-de-Calais) et de flux locaux (anciens 
commerçants et anciens habitants) se croisent et s'entrecroisent. C'est un phénomène 
caractéristique du processus de mondialisation qui encourent dans les villes. Elles mêmes 
cherchent et provoquent la multiplicité de ces flux, en tentant par exemple d'effectuer des 
jumelages entre villes européennes, en organisant des évènements ou encore en organisant de telle 
façon à séduire des gens de l'extérieur de manière à ce qu'ils envisagent de venir s'installer parmi 
eux. 
Ces entreprises et mécanismes publiques et politiques posent la question de la réelle autonomie de 
la ville comme mécanisme évoluant seul, selon ses règles et selon celles de chacun des « districts 
moraux » qui la constituent. D'après l'étude du quartier de Lille Sud, on a pu envisager un des 
impacts du phénomène de mondialisation qui s'installe petit à petit même là où on ne l'attend pas. 
Ce serait comme « Semer un graine qui se transformera naturellement en fleur mondiale. » 
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Annexe 
Entretien libre avec Abdé Kéta, intervenant SLAM, rédacteur du blog « leblogdelillesud » lille-sud. 
blog.fr, bénévole dans une association de quartier crée en 2005, auteur du livre « Le jardin des 
proses ». Les mauvaises conditions de la rencontre rendent le rapport moins précis, puisqu'il s'agit 
davantage de prise de notes et de quelques propos vraiment compréhensibles que d'une 
transcription méticuleuse. En effet, l'entretien s'est déroulé dans le local fourni par la mairie rue 
Wagner à Lille Sud, vers 19h30 horaire il y a beaucoup de passage avec de nombreux adolescents. 
CP: Bonsoir, merci de m'accorder cet entretien je sais que vous 
êtes pas mal occupé. Je voulais prendre, comment dire votre 
opinion, ou du moins votre expérience, la manière dont vous avez 
vécu l'implantation des boutiques Maison de Mode rue du Faubourg 
des modes. 
AK: déjà, l’implantation des boutiques de Mode entre dans le 
projet de la ville de désinfecter le quartier. Les habitants ne 
conviennent pas, ou plus, on va dire aux attentes de la ville en 
fonction de la « rénovation » ou « réhabilitation » du quartier. 
C'est tout. Ça c'est un projet qui fonctionne à l’usure, ouais 
regardez, comme ça a été le cas avec le Vieux-Lille, c’est un 
projet à long terme. 
CP:Et de manière plus large, pas seulement vous mais aussi vos 
connaissances, vos voisins, quel est le discours par rapport à ça? 
AK: Franchement,pas de réaction particulière par rapport aux 
habitants du quartier. Personnellement, je ne le prends pas mal, 
c’est normal, la ville voit le quartier pourrir je trouve normal 
qu’elle veuille le reprendre en main, après il n’est pas question 
des habitants, mais du quartier lui-même.. 
CP: mais d'un point de vue humain, des rapports entre ces vendeurs 
et les habitants du quartier, ça se passe comment? 
AK: On ne parle pas de sociabilité avec les vendeurs de ces 
boutiques, c’est de la cohabitation forcée. Je peux pas trop 
parler pour eux, rien pas de contact de rapport, rien. 
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CP: Mais ça ne gêne personne que des gens arrivent peut être 
prennent la place d'autres en quelque sorte? 
AK: Aucune réaction, tout comme quand la ville a supprimé et 
démolit les tours HLM: il n’y a pas pour autant eu d’association 
de défense des locataires. Ici, il n’y a pas de vie de quartier. 
Les gens ne réagissent pas parce qu’ils sont limités 
intellectuellement, ici c’est le quartier où il y a le plus haut 
niveau d’abstention. 
CP: cette inertie comment vous l'expliquez? 
AK:(Il cite Albert Jacquart) mais franchement je sais pas je me 
demande vraiment pourquoi, pourtant on propose des débats pour 
permettre aux gens de réagir, mais il n’y a pas ou plus de force 
d’opposition. La ville est plus forte que nous finalement. 
Tranquillement la ville rachète, c’est-ce qu’elle fait rue 
Faubourg des postes, les kebabs ferment les uns après les autres. 
Même si voila notre asso tente de bouger, la population ne suit 
pas. 
CP: Sinon vous me disiez qu'il y avait comme une frontière entre 
les vendeurs de ces boutiques et les habitants, qu'est ce qui pour 
vous les sépare exactement? 
AK: Avec cette rue, tout est question d’argent, si t’as pas 
d’argent, tu n’y vas pas. Voila c’est même pas une histoire de 
race, mais de catégorie sociale. Parce que voilà la ville que des 
gens d'une autre catégorie sociale viennent s'installer. Donc 
voila, que cette rue avec ses boutiques soit là ou pas franchement 
ça ne change rien pour les habitants. Et puis de toute façon, ils 
ne sont pas concernés par ce projet ou je ne sais pas peut-être 
que ça part d’une bonne intention pour les gens du quartier; mais 
en tout cas, la ville et la mairie ne font pas preuve de tact. 
CP: et les gens d'ici s'en rendent compte de tout ça? 
AK: Les habitants ne s’en rendent pas compte mais les immeubles 
dont ils rénovent les façades c’est plutôt en vue d’attirer des 
nouveaux habitants, des jeunes couples. Mais voila il y a bien un 
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contraste entre l’état extérieur et intérieur (insalubre) des 
logements. 
CP: vous, qu'est ce que vous attendez des actions de la mairie? 
AK: Tenez vous écouterez ça, tapez sur Google: « MAXIME BONDYBLOG 
LILLE ». Ils disaient que l’arrivée de cette rue des modes, 
l’implantation dans le quartier produirait des emplois mais on 
sait très bien que la population du quartier n’a pas le niveau, 
les qualifications nécessaires pour ces emplois. Les gens ne 
réagissent pas c’est comme ça que la ville parviendra à ses fins, 
aucune résistance, la seule qui existe n’est pas volontaire. Il 
n’y a que les dealers qui ne se laisseront pas envahir si 
facilement, voila même pas question d’engagement envers leur 
quartier mais juste par rapport à leur trafic. Les jeunes se 
désintéressent de tout. Il n’y a aucun lien de solidarité alors 
que le quartier est au plus bas. Notre asso tente de proposer des 
activités aux jeunes. On se plaint quand on n’a rien mais c’est 
pareil quand des choses sont proposées. Il y a un manque 
d’ouverture d’expression. 
CP:Vous me paraissez bien pessimiste... 
AK: Mais ouais mais ouais, la ville de Lille c’est comme un ogre 
qui bouffe tous les quartiers, c’est comme Marseille; les travaux 
c’est pas pour les habitants d’aujourd’hui mais ceux de demain. La 
mairie fait l’autiste face à la situation. Ici c’est la morosité 
qui règne, et plutôt que d’apporter ces boutiques, encore question 
de fric, ils devraient donner goût à l’art et à la culture qui 
sont des choses primaires; moi ici c’est-ce que j’essaie de faire. 
Après je ne suis pas en position de m’opposer à la mairie, elle 
finance mon asso, me donne des locaux: c’est la loi du silence.Ici 
on tente des initiatives mais ça ne prend pas, aucune conscience 
associative: notre but c’est de fédérer mais en vain, une 
explication: le chômage, depuis que plus d’activités 
professionnelles, plus de ferveur sociale, plus de soulèvement. On 
est face à un désoeuvrement intellectuel, comme psychologique, qui 
facilite l’intrusion dans le quartier. Ce lâcher-prise arrange la 
16/18
ville, pas question de résistance. Désolée mais je dois 
raccompagner Lamia maintenant. 
CP: Pas de soucis, je vous remercie. 
Vidéo citée par l'interviewé, réalisée par Nassira El Moaddem et Fethi Ichou, le 20 avril 2012: 
http://www.bondyblog.fr/201204201210/a-lille-sud-difficile-desp erer-encore-de-la-politique/ 
17/18
Bibliographie 
Oliver Frey, Sociologie urbaine ou sociologie de l`espace ? Le concept de milieu 
urbain , SociologieS [En ligne], Dossiers, Actualité de la sociologie urbaine dans des pays 
francophones et non anglophones, mis en ligne le 15 novembre 2012, consulté le 12 mai 2013. 
URL : http://sociologies.revues.org/4168 
Denise JODELET, Place de l’expérience vécue dans le processus de formation des représentations 
sociales.(2006) Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Valérie Hass, « Les savoirs du 
quotidien. Transmissions, Appropriations, Représentations », pp. 235-255. Rennes: Les Presses 
universitaires de Rennes, 2006, 274 pp. Collection: Didact - Psychologie sociale. 
Ignace Meyerson, Écrits : 1920-1983, PUF, 1987 
Serge Moscovici, The coming era of representations, in Jean-Paul Codol, Jacques-Philippe Leyens 
(eds), Cognitive approaches to social behavior. The Hague, M. Nijhoff : 115-150. (Publié en 
français. 1986. L'ère des représentations sociales, in Willem Doise, Augusto Palmonari (eds), 
L'étude des représentations sociales. Neuchâtel, Delachaux et Niestlé : 34-80.) 
Robert Ezra Park, La ville phénomène naturel, 1952, La communauté urbaine, modèle spatial, 
ordre moral, dans Grafmeyer Y, Joseph I, L'École de Chicago 
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  • 1. Université Lille 3 2013 Charles de Gaulle UFR DECCID Licence 3 Culture et Médias Médias, Culture et Société TD dirigé par Émilie Dalage Diane-Laure Gratier de Saint Louis & Carole Péraste
  • 2. Table des matières Introduction..........................................................................................................................................3 Présentation du terrain .........................................................................................................................5 1.Maisons de Mode..........................................................................................................................5 2.Le quartier Lille Sud ....................................................................................................................6 Choix des outils d'enquêtes, difficultés rencontrées.............................................................................7 Analyses...............................................................................................................................................8 1.Les récits d'expériences du quartier..............................................................................................8 2.Lille Sud en mouvement...............................................................................................................9 2.1.Des flux entrants.................................................................................................................10 2.1.1.La Maison des Modes..................................................................................................10 2.1.2.Les nouvelles entreprises.............................................................................................10 2.1.3.Les nouveaux logements.............................................................................................10 2.2.Des flux sortants..................................................................................................................11 3.A travers ces flux de personnes, un malaise: la COMMUNICATION.......................................11 3.1.Entre les entrepreneurs du projet et les nouveaux arrivants................................................11 3.2.Absence de communication source de vulnérabilité du quartier........................................12 Conclusion..........................................................................................................................................13 Annexe................................................................................................................................................14 Bibliographie......................................................................................................................................18 2/18
  • 3. Introduction Hier, les Hommes ont créé la ville, aujourd'hui, la ville conditionne les Hommes. La ville se doit d'être envisagée en terme de fait urbain, en tant que phénomène, mécanique. Elle est un produit de la modernité, le fruit d'une évolution économique et sociale. La métropole aussi est issue de transformations à la suite des révolutions industrielles comme numérique. Elles traversent les décennies, voire les siècles et s'autonomisent, se complexifient. La ville devient un organisme où s'organisent des dynamiques internes qui s'entrecroisent. Ce phénomène intéresse depuis plus d'une centaine d'années des sociologues qui s'interrogent sur ce fait urbain. Robert Ezra Park, sociologue américain à l'origine de l’École de Chicago dans les années 20/30, s'intéresse aux descriptions et à la compréhension des transformations des villes notamment après la guerre. Il s'arrête plus particulièrement sur le cas de la ville de Chicago, qu'il considère comme un « laboratoire social ». Il développe l'idée d'une écologie urbaine, expliquant les mouvements de foule, les flux, les phénomènes de migration ou de ségrégation, et cela en se référant à l'écologie animale et végétale. Penser en terme de phénomène urbain, c'est considérer les relations sociales dans un environnement urbain, les relations entre les gens mais aussi le rapport entre le citadin et son milieu de vie, les stratégies et systèmes d'action de chacun. « les structures sociales et sociétales ne peuvent être vraiment analysées et représentées que dans leur lien avec les données spatiales. »(Olivier Frey, 2012) La ville a créé ses citadins, les conditionnant à son rythme, à ses règles, elle a un impact social, notamment sur la manière dont s'organisent les hommes selon les espaces. Pour autant, il y a une lutte entre l'hôte et l'habitant, qui permet d'établir un équilibre. Les études sociologiques permettent de déterminer, d'observer où se jouent les mécanismes de la ville ou de la métropole, et la manière dont ses habitants y prennent leur marque ou en prennent possession. Des théories sur l'organisation urbaine, ont mis en avant l'existence d'un être urbain, qui s'intellectualise au cours du temps, il y aurait une forme de sociabilité propre aux citadins. La ville produit constamment de la culture, de la morale, des valeurs. C'est un super-organisme rempli de diversité. Le fait urbain ne peut se comprendre que parallèlement au facteur communication. Les valeurs que produit la ville ne se peuvent s'imprégner que par le biais de la communication, elle fait partie de la dynamique sociale. Communiquer c'est permettre la constitution des multiples aires d'une ville, les différentes couches qui la forme, et qui se caractérisent chacune avec leur morale, leurs valeurs, c'est que Park entend par l'idée de district moral. 3/18
  • 4. Envisager les dynamiques qu'enferment la ville, c'est pouvoir observer ses mouvements, les flux qui la traversent et qui influent sur l'identité des quartiers qui la constituent, ainsi que celle de ses habitants. Le fait urbain reflète le phénomène de mondialisation en cours, c'est là où se déroulent les mécanismes de cette mondialisation, à travers les mobilités, les mouvements d'idées, d'hommes, de marchandises d'un lieu à un autre, d'un quartier à un autre, d'une ville à une autre et parfois même d'un quartier à un autre pays et vice versa. L'écologie urbaine sous entend des phénomènes naturels, pour autant les initiatives politiques et publiques peuvent influer sur cette écologie, la volonté d'agir s'applique aussi dans le cadre de la ville. En quoi et comment des interventions d'ordre publique interagissent avec les mécanismes urbains ? Quels types de conséquences peut-on observer ? 4/18
  • 5. Présentation du terrain 1.Maisons de Mode Maisons de mode est un projet de la ville de Lille impulsé en 2006. Ce projet accompagne de jeunes créateurs à promouvoir leurs oeuvres textiles en mettant à disposition des boutiques à loyers modérés et gratuits les six premiers mois. Ils ont également accès à des logements de résidence. La municipalité guide les créateurs novices en création d’entreprise. Cela passe par : - aide à la recherche de financement, - coaching commercial et technique, - accompagnement pendant les étapes du sourcing1, de la production et de la commercialisation, - mise à disposition d’un bureau d’étude ainsi qu’une aide au prototypage, - mise en relation avec un réseau de professionnels et industriels, - profit des partenariats commerciaux, - accès aux partenariats d’image, - aide à la communication et aux relations-presse. Ce projet est financé à cinq niveaux différents : Lille Métropole Communauté urbaine, Villes de Lille et Roubaix, Conseil Général du Nord, Conseil Régional du Nord – Pas de Calais et Union Européenne. En 2008, il avait un budget fonctionnel de 1,83 millions d’euros avec une augmentation prévisionnelle de 42% pour 2009 suite à l’élargissement du projet à Roubaix. En 2006, onze boutiques-ateliers ont été créées à Lille ainsi que huit appartements destinés aux créateurs. En 2010, six autres boutiques ont été ouvertes. A Roubaix, ce sont quinze boutiques qui ont été inaugurées fin 2008. Le but de ce projet est de redynamiser les villes et que les jeunes créateurs participent à l’attractivité de ces deux quartiers en pleine mutation. Pour qu’ils puissent accéder à ces boutiques, les créateurs doivent être sélectionnés par un comité constitué de professionnels de la mode et de la création. Le contrat s’établit ensuite sur vingt-quatre mois. Ce projet municipal n’est pas réservé qu'aux Lillois 1 Le Sourcing est employé dans le monde des affaires pour qualifier l'acte qui vise à réduire le coût général des achats, en automatisant les processus concernés. 5/18
  • 6. et Roubaisiens. Il est ouvert aussi bien aux jeunes d’autres régions ou étrangers. La seule condition étant de s’implanter dans l’un de ces deux quartiers. Dans cette étude nous nous porterons uniquement sur la situation Lilloise du projet, dans le quartier Lille Sud. 2.Le quartier Lille Sud Le quartier de Lille Sud compte un peu moins de dix pour cent de la population Lilloise. En effet, on comptabilise environ 20 000 habitants à Lille Sud pour 230 000 habitants à Lille. Géographiquement, le quartier couvre trois cent hectares donc dix hectares de friches industrielles. Depuis les années 1980, date de la construction de la voie rapide qui relie les autoroutes A1 et A25, le quartier est séparé du reste de la ville. Le sillon entre le quartier et le reste de la commune est amplifié par le pont du métro aérien qui constitue une barrière visuelle lorsqu’on passe d’un côté à l’autre. Ce quartier est très touché par le chômage. Alors qu’on compte en moyenne 12% de taux de chômage pour la ville de Lille, celui-ci monte jusqu’à 20% pour le quartier de Lille Sud. On dénombre près de 25% de la population du quartier issue de l’immigration ainsi qu’une forte proportion de la population qui n’est pas ou peu qualifiée. Plusieurs projets ont été mis en place pour tenter d’améliorer les conditions de vie de ce « quartier off », en plus du Faubourg des Modes. Un nouvel hôtel de police a été construit et est opérationnel depuis 2008. On constate également une ligne a haut niveau de services de bus reliant toutes les communes alentours comme Ronchin, Saint André, Marquette, Wambrechies, Quesnoy sud Deûle et Comines. Cette ligne traverse Lille dans le sens Nord/Sud depuis environ deux ans. La mairie de Lille souhaite ainsi que d’ici quelques années, le quartier devienne un lieu de vie sociale, culturelle et économique. De plus, le quartier a été classé en Zone Franche Urbaine. Les zones franches urbaines (ZFU) sont des quartiers de plus de 10 000 habitants, situés dans des zones dites sensibles ou défavorisées. Ils ont été définis à partir des critères suivants : - taux de chômage ; - proportion de personnes sorties du système scolaire sans diplôme ; - proportion de jeunes ; - potentiel fiscal par habitant. 6/18
  • 7. Les entreprises implantées ou devant s'implanter dans ces quartiers bénéficient d'un dispositif complet d'exonérations de charges fiscales et sociales durant cinq ans. Enfin, un blog a été créé spécialement pour le quartier, le « Blog de Lille-Sud ». Il a pour vocation de diffuser l’information à ceux qui ne savent pas où la trouver. Il donne l’actualité sociale et culturelle de la ville. Choix des outils d'enquêtes, difficultés rencontrées Au début de notre enquête, nous nous sommes rendues rue du Faubourg des postes, rue où se trouvent les ateliers de Maisons de Mode, afin de mieux comprendre la configuration du quartier, d’observer les liens, la proximité entre les ateliers et les autres commerces. Nous avons également tenté une brève approche avec quelques jeunes créateurs. Ceux-ci se sont révélés peu au courant de la raison pour laquelle ils se trouvaient dans ce quartier et après réflexion, nous avons pensé que ce ne serait pas la bonne manière de pouvoir comprendre les dynamiques et les mouvements dans la ville que crée la rue des modes. Nous nous sommes donc tournées vers l’entretien. Celui-ci permet de récolter le récit, le vécu des habitants par rapport aux transformations de leur quartier. Les expériences qu’ils ont eu dans ce quartier, l’impact que cela a pour eux au quotidien, les réactions qu’ils ont face aux changements. Autant de choses que les archives et les questionnaires ne révèlent pas. Nous avons ainsi produit différents types d’entretiens. Nous sommes dans un premier temps allées à la rencontre du rédacteur du blog « le blog de Lille-Sud ». Celui-ci nous a apporté un avis global sur la situation du quartier ainsi qu’un avis plus institutionnel. Nous avons également été à la rencontre de passants sur le Faubourg des Postes. Ceux-ci nous ont permis d’avoir un avis, un ressenti des principaux intéressés : les habitants du quartier. Evidemment, nous n’avons pas toujours rencontré des habitants de Lille-Sud. Nous avons rencontré des gens venus pour rendre visite à d’autres, des gens venus pour aller dans les boutiques, ou seulement des passants, qui vont d’un quartier à un autre à pied. Que ce soit pour l’entretien formel avec le rédacteur du blog ou les entretiens informels avec les passants, nous nous sommes confrontées au même problème : la déviation du sujet initial. Ce n’est pas une question de savoir tenir le fil conducteur de l’entretien mais les gens avaient envie de nous en dire plus… Au début, nous parlions donc toujours de la rue des modes mais par la suite, les gens nous parlaient d’autre chose donc nous finissions toujours avec un discours assez libre. Le fil conducteur s’efface petit à petit pour oublier la rue des modes et en venir à Lille-Sud, ce quartier en déclin. Il nous a été compliqué d’orienter complètement l’interview en raison de la diversité des 7/18
  • 8. gens. Nous avons donc été au feeling, selon la manière dont s’orientait l’entretien. Cependant, ce dans quoi s’inscrit la rue des modes est toujours un évoqué : le Grand Projet Urbain. Nous avons vite compris que la rue des modes ne pouvait pas être pensée, envisagée seule mais bien dans un projet plus large qui comprend d’autres formes de modifications du quartier qui, à ce jour, affectent davantage ses habitants. Nous entendons par là la rénovation des façades, des immeubles, la démolition de structures, de travaux d’aménagements, de pistes cyclables, etc. C’est comme cela que nous avons donc affiné notre terrain et nos questions. Nous avons axé nos recherches sur le lien entre le Grand Projet Urbain et la rue des modes. Nous avons tenté de penser à l’influence et à l’impact des modifications du quartier par la ville sur les habitants qui vivent le projet. Comprendre ce que cela a changé dans leur vie quotidienne, leur rôle dans la démarche municipale. Sont-ils vraiment acteurs de l’évolution de leur quartier ou seulement « pantins » à qui on impose des changements ? Le Grand Projet Urbain a pour but de réactiver les atouts urbains et architecturaux urbains. Nous sommes donc parties du principe, comme nous le dit Robert Ezra Park, qu’il s’agit « plus qu’un simple agrégat de population ayant une configuration territoriale ». Analyses 1.Les récits d'expériences du quartier Les différents témoignages que nous avons récoltés durant l'enquête nous laissent envisager les différentes manières de vivre, l'expérience que les habitants font de leur quartier. Des personnes récemment installées, des personnes qui ont vécu les différentes évolutions... Pour nous rendre compte de ce qui se passe dans le quartier, nous nous appuyons sur le vécu de ses habitants. Ainsi, il ne s'agit de données objectives allons-nous dire mais bien de données subjectives, chacun y allant de son sentiment, selon sa situation, son rôle, sa participation dans la vie de quartier. Ainsi il ne faut pas s'étonner si dans les discours, il y a des oppositions ou encore des paradoxes. « L’homme est agent, c'est-à-dire que son expérience « est initiative, intrusion dans le monde des choses et dans le monde des êtres, et modification incessamment active de ces mondes » (Meyerson, 1987, p. 88) » (Denise Jodelet, 2006). Les mécanismes observables dans le quartier ne sont pas qu'affaire de lieu ou de modifications d'ordre matériel mais bien aussi sujets aux comportements et agissements des habitants qui le font vivre. La rue des modes, action entrant dans le cadre du Grand Projet Urbain de Lille amène les habitants à modifier leur comportement au quotidien. Non seulement par rapport à la rue des modes mais à toutes autres actions menées pour la réhabilitation du quartier. Certains le vivent 8/18
  • 9. avec plus d'engagement que d'autres dans la mesure où certains sont très affectés tous les jours, et d'autres moins, mais aussi d'autres personnes ne veulent pas y participer, font comme si rien n'avait changé, comme si ça ne les concernaient pas. Il s'agit ici de rendre compte de l'ordre des changements advenus dans leur lieu de vie, dans leur chez eux. En effet, les habitants interrogés n'ont pas simplement un logement dans le quartier, Lille Sud est leur jardin commun, du moins était leur jardin commun. Des personnes observent des changements d'ordre humain et comportemental d'autres des changements d'ordre économique ou politique. Ainsi chacun à sa manière de vivre et de rendre compte de l'environnement dans lequel il vit. « des systèmes de représentations de caractère holistique - méta-systèmes normatifs, modèles culturels, idéologies, « représentations hégémoniques » (Moscovici, 1982), etc. - peuvent avoir simultanément des effets sur la mise en forme du vécu et sur la sélection des connaissances, sciemment ou inconsciemment, valorisées en raison de leur pertinence pour le sujet ou de leur adéquation avec le système de valeurs. » (Denise Jodelet, 2006) 2.Lille Sud en mouvement Le sentiment global chez les habitants est que les choses changent. Beaucoup comprennent que la mairie de Lille souhaite réhabiliter le quartier. Deux façons de voir les choses, certains y voit une amélioration pour eux pour leur bien être quotidien, d'autres plus pessimistes comprennent que ces changements visent la population future. Sentiment que la ville veut renouveler le quartier, c'est ainsi qu'elle entreprend des démarches des actions. Ces entreprises sont d'ordre matériel, des rénovations, l'implantation de la rue des modes, ceux sont des actions immédiates, et les autres sont d'ordre humaine, il s'agit d'un processus plus long, la population du quartier est visee, elle est l'objet du travail de la mairie de Lille. Il s'agit donc de mouvement, de changement. Burgess sociologue canadien explique que « la désorganisation sociale est préliminaire à la réorganisation des attitudes et conduites ». Les habitants du quartier voient dans l'implantation de la rue des modes la volonté de la mairie de faire venir des gens « qui ont de l'argent », ils ont le sentiment que la ville veut embourgeoiser le quartier, lui « changer son identité ». Pour faire évoluer Lille Sud, du mouvement s'engage, on peut commencer à observer des flux. 9/18
  • 10. 2.1.Des flux entrants 2.1.1.La Maison des Modes Les habitants voient du « nouveau peuple » arriver dans leur quartier. D'abord la Maison des modes qui établit plusieurs boutiques entre les commerces existants. Se côtoient désormais, kébabs et boutiques branchées. Ce sont de jeunes créateurs qui ne sont pas issus du quartier mais qui sortent des écoles de stylisme de la région, voire d'ailleurs. Parallèlement à ces nouveaux arrivants, il y a aussi leurs clients, majoritairement des clientèles en fait qui viennent pour la plupart du centre-ville de Lille et qui ne sont que de passage dans ces boutiques. Elles ne s'attardent pas du tout dans le quartier ,les habitants réalisant selon eux qu'lls ne sont pas du même monde. Du moins en terme de milieu social et non par rapport à l'origine. 2.1.2.Les nouvelles entreprises Comme nous le disions plus haut, Lille Sud est classée Zone Franche Urbaine, c'est pourquoi s'y sont implantées de nombreuses entreprises (300) qui emploient plus de 3000 personnes. Ces employés comme le constate les habitants du quartier ne sont pas du tout du quartier, personne ne connait quelqu'un qui travaille pour ces entreprises récemment installées, pourtant selon la mairie, ces emplois leur étaient destinés. Ceux sont des personnes extérieures au quartier qui viennent pour y travailler, tout comme les commerçants de la rue du Faubourg des Postes, ils arrivent le matin et vident les lieux le soir. Ce qui les sépare dans ce cas-là? « le niveau de qualification », « ce n'est pas que les entreprises ne veulent pas de nous pour travailler, c'est simplement qu'ici rares sont les personnes suffisamment qualifiées pour pouvoir prétendre à un poste » ainsi, certains regrettent ce problème, d'autres y voient une action volontaire de la ville pour que d'autres viennent investir les lieux. 2.1.3.Les nouveaux logements Désormais, les habitants de Lille Sud voient s'installer des nouveaux voisins, certaines personnes refusent d'employer ce terme qui pour eux laisse entrevoir un certain rapport, une relation particulière, alors qu'il s'agit simplement de personnes qui habitent près de chez eux « pas de bonjour, rien ». Il y a beaucoup de nouvelles constructions, les prix sont attractifs, « du moins pour ceux qui ont de l'argent », « trop cher pour nous, mais accessible pour les autres », cela fait venir des nouveaux habitants, « malheureusement c'est des logements, mais pas pour des familles de quatre ou cinq personnes ». Les logements sont pensés pour des couples ou familles avec peu d'enfants, ils ne correspondent pas à la population locale, mais intéressent les gens de l'extérieur. 10/18
  • 11. 2.2.Des flux sortants Parallèlement à ces flux entrants, beaucoup d'habitants de Lille Sud sont amenés à quitter les lieux. « ils sont envoyés vers Fâches ou Wattignies ». La mairie rachète les commerces de la rue du Faubourg des postes et cela pour des sommes intéressantes, ainsi beaucoup acceptent de céder. Aussi ce sont des logements qui sont rachetés « ça nous permet d'acheter mieux ailleurs, ou au moins changer de cadre », ou des lotissements détruits. Les plus jeunes, ou ceux qui « s'en sortent » partent d'eux même, « ils sentent qu'il y a plus rien pour eux ici, ils ont raison ». « Peut-être pourraient ils quand même rester pour redonner de l'éclat au quartier ». Ce phénomène, Ezra Park le définit comme naturel, celui des couches externes de la ville, quitte son environnement pour tenter de s'y implanter ailleurs, dans un cadre qui lui correspond davantage. 3.A travers ces flux de personnes, un malaise: la COMMUNICATION Lille Sud est un espace où se côtoient, se rencontrent, se croisent des gens d'ici et des gens de l'extérieur. Désormais un mixe entre les « anciens » et les « nouveaux », pour l'instant les « nouveaux » ne sont pas encore totalement ancrés dans le quartier dans la mesure où dans un premier temps ils ne viennent majoritairement que pour des raisons professionnelles (boutiques, emplois en entreprise). Ainsi pour établir un semblant de vivre ensemble, il s'agit de quelque chose de bien plus précieux qu'on ne pourrait le penser. Le souci ? La communication. 3.1.Entre les entrepreneurs du projet et les nouveaux arrivants Pour Lille Métropole ou la mairie de Lille, il n’y a aucun discours clair dédié aux nouveaux habitants ou aux nouveaux commerçants. Même si la Maison des Modes par exemple ou les entreprises installées entre dans le cadre du Grand Projet Urbain, les personnes directement concernées ne comprennent pas exactement leur rôle là-dedans, du moins c'est qu'explique une vendeuse d'une des boutiques de mode. Tacitement, ils ont une responsabilité qui leur est assignée, la mairie et les investisseurs attendent d'eux d'investir le rôle des entrants qui vont participer au renouveau du quartier. Puisque le discours n'est pas clair, les « nouveaux » laissent les choses se faire c'est-à-dire qu'ils n'entreprennent rien, ne serait-ce qu'à travers des relations de voisinage. 11/18
  • 12. 3.2.Absence de communication source de vulnérabilité du quartier Parks identifie les trois ordres nécessaires au maintien de l'espace urbain, celui territorial, économique et culturel. À Lille Sud celui manquant serait l'ordre culturel, en effet sans communication, aucune transmission. Certains habitants regrettent le manque de partage et de connaissance de leurs nouveaux voisins, alors que d'autres de cette manière affirme la différence de « monde » dans lequel ils vivent. Pour autant de manière générale, ils ont conscience qu'un quartier soudé vaut mieux que des individualités éparpillées. Ne pas transmettre a pour conséquence la disparition de l'identité du quartier. « C'est dommage », « C'est la ville qui le veut bien ». Pour remédier à cet état de fait, certains proposent des activités d'ordre culturel pour stimuler, mais en vain « c'est trop tard ». « La ville nous méprise, comme si on était capable de rien ». 12/18
  • 13. Conclusion La ville, à travers des politiques publiques et culturelles, impacte sur l'« écologie naturelle » dont parle Ezra Parks. Pour autant, il semblerait que ce soit les flux qui traversent le quartier ou la ville qui ont une véritable conséquence, sur les mécanismes internes. La lacune en communication que nous évoquions précédemment rend le quartier Lille Sud vulnérable. Cette fragilité est à comprendre dans le contexte que développe Parks, quand il explique que « la communauté a une durée de vie indéfinie: elle survit aux individus qui la composent ». En s'abstenant de communiquer et de transmettre on se laisse étouffer, pour survivre dans un espace commun, il s'agit d'un combat perpétuel entre individu et communauté. Dans le cas étudié, il n'y a plus de signe de lutte, ainsi les individus (les anciens) se font exclure et se voient remplacés par d'autres (ceux invités par la ville de Lille). Ce transfert de flux extérieurs, d'autres quartiers de Lille ou même d'ailleurs (les vendeurs des Maisons de Mode ne sont pas forcément du Nord-Pas-de-Calais) et de flux locaux (anciens commerçants et anciens habitants) se croisent et s'entrecroisent. C'est un phénomène caractéristique du processus de mondialisation qui encourent dans les villes. Elles mêmes cherchent et provoquent la multiplicité de ces flux, en tentant par exemple d'effectuer des jumelages entre villes européennes, en organisant des évènements ou encore en organisant de telle façon à séduire des gens de l'extérieur de manière à ce qu'ils envisagent de venir s'installer parmi eux. Ces entreprises et mécanismes publiques et politiques posent la question de la réelle autonomie de la ville comme mécanisme évoluant seul, selon ses règles et selon celles de chacun des « districts moraux » qui la constituent. D'après l'étude du quartier de Lille Sud, on a pu envisager un des impacts du phénomène de mondialisation qui s'installe petit à petit même là où on ne l'attend pas. Ce serait comme « Semer un graine qui se transformera naturellement en fleur mondiale. » 13/18
  • 14. Annexe Entretien libre avec Abdé Kéta, intervenant SLAM, rédacteur du blog « leblogdelillesud » lille-sud. blog.fr, bénévole dans une association de quartier crée en 2005, auteur du livre « Le jardin des proses ». Les mauvaises conditions de la rencontre rendent le rapport moins précis, puisqu'il s'agit davantage de prise de notes et de quelques propos vraiment compréhensibles que d'une transcription méticuleuse. En effet, l'entretien s'est déroulé dans le local fourni par la mairie rue Wagner à Lille Sud, vers 19h30 horaire il y a beaucoup de passage avec de nombreux adolescents. CP: Bonsoir, merci de m'accorder cet entretien je sais que vous êtes pas mal occupé. Je voulais prendre, comment dire votre opinion, ou du moins votre expérience, la manière dont vous avez vécu l'implantation des boutiques Maison de Mode rue du Faubourg des modes. AK: déjà, l’implantation des boutiques de Mode entre dans le projet de la ville de désinfecter le quartier. Les habitants ne conviennent pas, ou plus, on va dire aux attentes de la ville en fonction de la « rénovation » ou « réhabilitation » du quartier. C'est tout. Ça c'est un projet qui fonctionne à l’usure, ouais regardez, comme ça a été le cas avec le Vieux-Lille, c’est un projet à long terme. CP:Et de manière plus large, pas seulement vous mais aussi vos connaissances, vos voisins, quel est le discours par rapport à ça? AK: Franchement,pas de réaction particulière par rapport aux habitants du quartier. Personnellement, je ne le prends pas mal, c’est normal, la ville voit le quartier pourrir je trouve normal qu’elle veuille le reprendre en main, après il n’est pas question des habitants, mais du quartier lui-même.. CP: mais d'un point de vue humain, des rapports entre ces vendeurs et les habitants du quartier, ça se passe comment? AK: On ne parle pas de sociabilité avec les vendeurs de ces boutiques, c’est de la cohabitation forcée. Je peux pas trop parler pour eux, rien pas de contact de rapport, rien. 14/18
  • 15. CP: Mais ça ne gêne personne que des gens arrivent peut être prennent la place d'autres en quelque sorte? AK: Aucune réaction, tout comme quand la ville a supprimé et démolit les tours HLM: il n’y a pas pour autant eu d’association de défense des locataires. Ici, il n’y a pas de vie de quartier. Les gens ne réagissent pas parce qu’ils sont limités intellectuellement, ici c’est le quartier où il y a le plus haut niveau d’abstention. CP: cette inertie comment vous l'expliquez? AK:(Il cite Albert Jacquart) mais franchement je sais pas je me demande vraiment pourquoi, pourtant on propose des débats pour permettre aux gens de réagir, mais il n’y a pas ou plus de force d’opposition. La ville est plus forte que nous finalement. Tranquillement la ville rachète, c’est-ce qu’elle fait rue Faubourg des postes, les kebabs ferment les uns après les autres. Même si voila notre asso tente de bouger, la population ne suit pas. CP: Sinon vous me disiez qu'il y avait comme une frontière entre les vendeurs de ces boutiques et les habitants, qu'est ce qui pour vous les sépare exactement? AK: Avec cette rue, tout est question d’argent, si t’as pas d’argent, tu n’y vas pas. Voila c’est même pas une histoire de race, mais de catégorie sociale. Parce que voilà la ville que des gens d'une autre catégorie sociale viennent s'installer. Donc voila, que cette rue avec ses boutiques soit là ou pas franchement ça ne change rien pour les habitants. Et puis de toute façon, ils ne sont pas concernés par ce projet ou je ne sais pas peut-être que ça part d’une bonne intention pour les gens du quartier; mais en tout cas, la ville et la mairie ne font pas preuve de tact. CP: et les gens d'ici s'en rendent compte de tout ça? AK: Les habitants ne s’en rendent pas compte mais les immeubles dont ils rénovent les façades c’est plutôt en vue d’attirer des nouveaux habitants, des jeunes couples. Mais voila il y a bien un 15/18
  • 16. contraste entre l’état extérieur et intérieur (insalubre) des logements. CP: vous, qu'est ce que vous attendez des actions de la mairie? AK: Tenez vous écouterez ça, tapez sur Google: « MAXIME BONDYBLOG LILLE ». Ils disaient que l’arrivée de cette rue des modes, l’implantation dans le quartier produirait des emplois mais on sait très bien que la population du quartier n’a pas le niveau, les qualifications nécessaires pour ces emplois. Les gens ne réagissent pas c’est comme ça que la ville parviendra à ses fins, aucune résistance, la seule qui existe n’est pas volontaire. Il n’y a que les dealers qui ne se laisseront pas envahir si facilement, voila même pas question d’engagement envers leur quartier mais juste par rapport à leur trafic. Les jeunes se désintéressent de tout. Il n’y a aucun lien de solidarité alors que le quartier est au plus bas. Notre asso tente de proposer des activités aux jeunes. On se plaint quand on n’a rien mais c’est pareil quand des choses sont proposées. Il y a un manque d’ouverture d’expression. CP:Vous me paraissez bien pessimiste... AK: Mais ouais mais ouais, la ville de Lille c’est comme un ogre qui bouffe tous les quartiers, c’est comme Marseille; les travaux c’est pas pour les habitants d’aujourd’hui mais ceux de demain. La mairie fait l’autiste face à la situation. Ici c’est la morosité qui règne, et plutôt que d’apporter ces boutiques, encore question de fric, ils devraient donner goût à l’art et à la culture qui sont des choses primaires; moi ici c’est-ce que j’essaie de faire. Après je ne suis pas en position de m’opposer à la mairie, elle finance mon asso, me donne des locaux: c’est la loi du silence.Ici on tente des initiatives mais ça ne prend pas, aucune conscience associative: notre but c’est de fédérer mais en vain, une explication: le chômage, depuis que plus d’activités professionnelles, plus de ferveur sociale, plus de soulèvement. On est face à un désoeuvrement intellectuel, comme psychologique, qui facilite l’intrusion dans le quartier. Ce lâcher-prise arrange la 16/18
  • 17. ville, pas question de résistance. Désolée mais je dois raccompagner Lamia maintenant. CP: Pas de soucis, je vous remercie. Vidéo citée par l'interviewé, réalisée par Nassira El Moaddem et Fethi Ichou, le 20 avril 2012: http://www.bondyblog.fr/201204201210/a-lille-sud-difficile-desp erer-encore-de-la-politique/ 17/18
  • 18. Bibliographie Oliver Frey, Sociologie urbaine ou sociologie de l`espace ? Le concept de milieu urbain , SociologieS [En ligne], Dossiers, Actualité de la sociologie urbaine dans des pays francophones et non anglophones, mis en ligne le 15 novembre 2012, consulté le 12 mai 2013. URL : http://sociologies.revues.org/4168 Denise JODELET, Place de l’expérience vécue dans le processus de formation des représentations sociales.(2006) Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Valérie Hass, « Les savoirs du quotidien. Transmissions, Appropriations, Représentations », pp. 235-255. Rennes: Les Presses universitaires de Rennes, 2006, 274 pp. Collection: Didact - Psychologie sociale. Ignace Meyerson, Écrits : 1920-1983, PUF, 1987 Serge Moscovici, The coming era of representations, in Jean-Paul Codol, Jacques-Philippe Leyens (eds), Cognitive approaches to social behavior. The Hague, M. Nijhoff : 115-150. (Publié en français. 1986. L'ère des représentations sociales, in Willem Doise, Augusto Palmonari (eds), L'étude des représentations sociales. Neuchâtel, Delachaux et Niestlé : 34-80.) Robert Ezra Park, La ville phénomène naturel, 1952, La communauté urbaine, modèle spatial, ordre moral, dans Grafmeyer Y, Joseph I, L'École de Chicago 18/18