2. Echelon : Dossier Spécial
Echelon
Système mondial d`interception des communications
privées et publiques
Dossier Spécial
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3. Echelon : Dossier Spécial
Dans le monde entier, les télécommunications
(téléphone, fax, courrier électronique) sont
massivement surveillées par un dispositif
nommé ÉCHELON. Les services secrets des
USA en tirent les ficelles avec l'appui formel de
quatre autres pays. Le parlement européen
s'apprête à rendre public un nouveau rapport
accablant.
"Big Brother is watching you." Orwell ne croyait pas si bien dire. Les États-Unis, pratiquent des
écoutes massives sur les communications du monde entier, en particulier celles des Français.
Telle est la conviction exprimée par le Parlement européen dans sa dernière note sur le sujet
(octobre 1998), de même que par nombre d'experts dans le domaine du renseignement militaire
et économique. Exemple: prononcez au téléphone le nom de l'une des entreprises européennes
les plus importantes : Airbus. C'est fait ! Vous êtes maintenant connus et surveillés par le réseau
Échelon.
Ce système intercepterait au minimum "un million de communications par minute", affirme le
professeur Alain Pompidou, député européen, président du Comité d'évaluation des choix
technologiques et scientifiques (STOA) au Parlement européen et professeur à l'université RenéDescartes. Le STOA est à l'origine de la première étude rendue publique sur le sujet (19971998), qui a alerté les responsables politiques et l'opinion. Elle reprend l'essentiel des
informations apportées par le livre Secret power du journaliste néo-zélandais pacifiste Nicky
Hager. Cet auteur a réussi à interviewer une cinquantaine de personnes très haut placées
apportant de nouveaux éléments et précisions. Mais l'étude financée par le STOA n'avait fourni
aucune preuve supplémentaire. Le Parlement européen s'apprête à pratiquer, en avril prochain,
une piqûre de rappel, à l'aide de deux "études complémentaires plus ciblées et complètes qui
portent l'une sur les risques d'abus des systèmes de surveillance vis-à-vis des libertés
individuelles et de la démocratie, l'autre sur les risques d'abus de l'information électronique à des
fins d'intelligence Économique", nous a confié Alain Pompidou.
Les Américains ont toujours justifié leurs surveillances secrètes de la même manière : la lutte
contre le terrorisme, la drogue, le crime organisé et le blanchiment de l'argent sale. Les services
secrets utilisent pour cela les technologies les plus innovantes. En réalité, qui pourrait penser que
les États-Unis, lancés dans la conquête des marchés mondiaux, s'empêchent de manier de tels
outils pour surveiller les grandes entreprises étrangères ? C'est désormais la principale raison
d'être d'Échelon.
Un vide juridique international
Dans le plus grand secret, les grandes oreilles de l'Oncle Sam traquent tout ce qui ressemble, de
près ou de loin, à un gros contrat. Elles sont à l'affût de ce qui se trame dans le calme feutré des
bureaux de La Défense ou le ronronnement climatisé des suites luxueuses des hôtels
internationaux. Et cela dans la plus parfaite impunité : seules les écoutes terrestres (qui
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4. Echelon : Dossier Spécial
s'appliquent aux télécommunications par fils et câbles) tombent sous le coup de la loi, les
interceptions électromagnétiques (télécommunications par ondes radio) correspondant à un vide
juridique international. "Il devient urgent de mettre en place une coopération judiciaire
internationale claire et transparente, un espace juridique mondial commun", scande Isabelle
Falque-Pierrotin, maître des requêtes au Conseil d’état, spécialisée dans les nouvelles
technologies.
Les États-Unis pratiquent l'art des écoutes célestes avec l'appui intéressé de leurs alliés. Et cette
collaboration ne date pas d'aujourd'hui. "Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en 1948, la
Grande-Bretagne et les États-Unis ont noué un accord extrêmement important, UKUSA, qui leur
faisait partager moyens et résultats", indique Olivier Forcade, professeur d'histoire du
renseignement à l'école militaire de Saint-Cyr et à l'Institut des études politiques de Paris. Dès
1948, en pleine guerre froide, UKUSA (dont la teneur exacte reste encore secret) a constitué
pour les Américains et les Britanniques la possibilité d'espionner l'URSS et l'hydre communiste à
grande échelle. Cette alliance a vite été rejointe par de nouveaux alliés : Canada , NouvelleZélande et Australie. Au lendemain de la chute du mur de Berlin, à la fin de la guerre froide, le
système a été transformé et rebaptisé Échelon, offrant aux USA et à leurs alliés une arme mieux
adaptée dans le domaine de l'intelligence économique. D'autres pays participent indirectement à
UKUSA, comme l'Allemagne, le japon, la Corée du Sud, la Norvège et la Turquie.
19 satellites surveillés
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5. Echelon : Dossier Spécial
Toutes les communications sont concernées - courriers électroniques, fax, télex et même les
conversations téléphoniques -, en particulier celles qui sont relayées par les 19 satellites du
consortium Intelsat.
"Les communications satellitaires peuvent être interceptées très facilement, rappelle l'amiral
Pierre Lacoste, ancien directeur de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure). Un
satellite, c'est comme une pomme de douche, il suffit de se mettre dessous et d'écouter ! Et ces
interceptions se pratiquent en toute impunité. Les prises de vues ultraprécises par satellite
bénéficient du même vide juridique alors qu'elles sont interdites depuis un avion, à plus faible
distance."
Des soupçons plus graves encore pèsent sur le réseau. Selon Pierre Lacoste, qui vient de publier
un ouvrage collectif, Le Renseignement à la Française, Échelon arrive également à "intercepter
les communications diplomatiques" qui empruntent les réseaux ondes courtes. Des ondes
hertziennes aux téléphones mobiles, il n'y a qu'un pas, que nombre d'experts franchissent
allègrement. Les communications GSM seraient écoutées, et cela quelle que soit la fréquence
utilisée, 1800 MHz chez Bouygues Télécom, 900 MHz chez les autres opérateurs, France
Télécom et SFR. Pirater des liaisons par fibre optique reste en revanche beaucoup plus délicat,
si ce n'est impossible, à réaliser. "Poser des "bretelles" sur leur trajet est très difficile. C'est en
revanche techniquement plus aisé aux extrémités", indique Pierre Lacoste.
Le contenu des communications interceptées par Échelon est systématiquement,
automatiquement et soigneusement analysé par les soins de la NSA (National Security Agency).
Ce service secret américain, doté d'un budget annuel supérieur à celui de la CIA - entre 5 et 6
milliards de dollars selon les sources -, rassemble, exploitent et distribuent les informations
provenant de "l'exploration électronique" pour le compte, entre autres, du département de la
Défense américain (DOD). Il emploie près de 40 000 personnes dans le monde dont la moitié à
son siège dans le Maryland.
Espionner les espions
Bien entendu, ceux à qui profite le crime ne se vantent pas de leurs exploits. Des exemples de
l'efficacité de cette arme circulent pourtant, mezza voce, dans les milieux du renseignement.
L'ancien patron de General Motors, José Ignacio Lopez, accusé d'être passé chez Volkswagen
muni d'une valise bourrée de secrets industriels, aurait ainsi été démasqué grâce à Échelon.
L'affaire s'est finalement soldée par un accord à l'amiable. Jean Guisnel, grand reporter au Point
et auteur de Guerres dans le cyberespace, indique même que, en 1993-1994, la NSA a ainsi
percé les conversations les plus secrètes du gouvernement français à propos du Gatt (General
Agreement on Tariffs and Trade). Les négociateurs, parmi lesquels Alain Juppé, alors ministre
des Affaires étrangères, conversaient régulièrement avec leur cabinet parisien depuis des avions
militaires Falcon sans que leurs communications soient cryptées. Échelon était là pour les
intercepter...
Toutefois personne ne parvient à estimer avec précision l'étendue des dégâts. Difficile de savoir
dans quelle mesure chaque type de télécommunication incriminé (satellite, câble et faisceaux
hertziens terrestres) est touché. Difficile aussi de déterminer la proportion des communications
mondiales acheminée par chacune des technologies. Aucune de ces questions n'a jusqu'ici
trouvé de réponse précise et argumentée. Seul TèleGeography Inc., un cabinet d'études
américain - discret quoique reconnu par l'IUT (Union internationale des télécommunications) - a
publié une information chiffrée éclairante : 1,5 millions de communications simultanées transitent
via les dizaines de satellites internationaux (Intersat, Imnarsat...), constituent autant de cibles
privilégiées et sans défense pour Échelon. Ce nombre gonflera encore à l’avenir, à mesure que
les constellations de satellites commerciaux - Iridium, Globalstar, Ico, Celestri, Skybridge... - se
mettront en marche et atteindront leur rythme de croisière dans la diffusion du téléphone et
d'Internet.
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7. Echelon : Dossier Spécial
La surdité française
Nous sommes donc tous, potentiellement, des victimes de l'Oncle Sam ! Dans notre pays, cette
affaire ne fait pourtant pas grand bruit, drapée dans l'indifférence quasi générale des pouvoirs
publics. "Je pense et j'ose espérer, confie Pierre Lacoste, que les dirigeants et les services
secrets français ont pris la juste mesure de l'existence et de l’ampleur d’Échelon, connues depuis
au moins 1992." Chez nos voisins britanniques, complices émérites des Américains, la tonalité
est toute autre. Le site Internet de la Chambre des communes britannique, par exemple, relate un
débat houleux lors duquel le secrétaire d’état aux Affaires étrangères et au Commonwealth a été
vertement apostrophé à ce propos. De nombreux quotidiens allemands, hollandais et même
américains ont également dénoncé ces atteintes à la vie privée.
Pourtant, comme dans toutes les affaires secrètes, aucune preuve ne peut être avancée.
Comment démontrer la réalité d'un réseau qui n'a pas d'existence officielle et ne tomberait de
toute façon sous le coup d'aucune loi ? Des voix s'élèvent d'ailleurs çà et là afin de nier son
existence. "On n'en sait rien, il n'y a pas de preuves, tempête Philippe Caduc, directeur de l'ADIT
(Agence pour la diffusion de l'information technologique). Ça tient du roman. Je n'arrive pas à
prendre cela au sérieux. C'est énorme, indémontrable. Il n'y a rien dans ce dossier" Point de vue
que rejettent catégoriquement les experts du renseignement. "C'est le réflexe de 80 % des
Français et des énarques ! déplore Pierre Lacoste. Cela s'explique d'un côté par l'ignorance, de
l'autre par une certaine arrogance intellectuelle. L’instrument Échelon existe bien, c'est
indéniable. Il est aux mains de la NSA, dotée de moyens financiers gigantesques. Et maintenant
que la guerre froide est révolue, il peut servir d'autres objectifs... Il ne faut jamais perdre de vue
que le gouvernement américain fait constamment bénéficier le secteur privé des recherches
effectuées à l'aide de crédits militaires considérables."
Les Américains ne sont d'ailleurs pas les seuls. La DGSE excellerait même à ce petit jeu. En
accord secret avec les Allemands, les interceptions françaises effectuées depuis l'Hexagone, la
Nouvelle-Calédonie ou la Guyane viseraient les mêmes satellites : Intelsat, Inmarsat et même,
selon une source militaire haut placée, Arabsat. Les engins placés en orbite au-dessus du
territoire américain seraient également visés. "La production de ces interceptions, affirme Jean
Guisnel, est transmise confidentiellement aux PDG de quelques dizaines d'entreprises en
compétition sur les marchés internationaux." Mais les moyens techniques et financiers français
ne sont rien face à ceux de la NSA !
Une seule parade: crypter les communications
La cryptologie constitue aujourd'hui la seule parade pour ceux qui souhaitent se soustraire aux
oreilles indiscrètes qui les espionnent dans le monde merveilleux de la technologie. Cette
science, qui remonte à l'Antiquité, consiste à transformer un message en une suite de caractères
incompréhensibles. Seul celui qui détient la "clé" secrète pourra lire le message. Les logiciels
actuels de cryptographie chiffrent les messages (écrits, vocaux ... ) à l'aide de codes secrets
fondés sur des travaux mathématiques de haute volée. Dans tous les pays, ils sont assimilés à
des armes de guerre et font l'objet d'une réglementation très stricte. Aux États-Unis par exemple,
PGP (Pretty Good Privacv), l'un des systèmes réputés inviolables, est interdit d'utilisation et
d'exportation. En France, les cryptosystèmes dits forts (codage sur 124 bits, 256 bits ou plus)
tombent sous le coup de la loi : un double des clés secrètes doit être placé sous séquestre chez
des tiers de confiance agréés par l’état. Seuls les pouvoirs exécutif et judiciaire y ont
théoriquement accès dans le cadre d'affaires criminelles Les cryptosystèmes dits faibles (40 bits
ou 56 bits) nécessitent d'obtenir une autorisation.
Toute la question est maintenant de savoir si ces contraintes permettront que l'article 12 de la
Déclaration universelle des droits de l'homme soit respecté : "Nul ne sera l'objet d'immixtions
arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance." Ce texte a été
ratifié par les États-Unis et l'Angleterre l'année même où ils ont scellé l'accord UKUSA...
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Distribution des stations d'écoute du réseau ECHELON au 1er janvier 2004. Noter la disparition du site allemand de
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Sous leur radôme protecteur fait de kevlar, la vingtaine d'antennes du réseau ECHELON installées à Menwith Hill en
Angleterre ressemblent à autant de balles de golf. Mais ce réseau présente un handicap bien encombrant : il est hors
la loi. Selon un article du Sunday Times publié en 1998, 1400 personnes travailleraient sur ce site, comprenant des
ingénieurs, des physiciens, des mathématiciens, des linguistes et des informaticiens ainsi que 370 employés du
Ministère de la défense. 289 enfants âgés de moins de 4 ans vivaient sur le site à cette époque
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Le Parlement européen à Bruxelles. Il représente l'assemblée législative de 455 millions d'Européens de 25 pays soit
7.3% de la population mondiale. Le PIB de la nouvelle Europe s'élève à 9600 milliards d'Euros, soit 28% de la richesse
mondiale mais il est encore 13% inférieur à celui des Etats-Unis
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64. Echelon : Dossier Spécial
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1. Échelon : un réseau d`espionnage planétaire
Article tiré du magazine Eurêka, février 1999, no.40
De : Pascal Maupas
2. La NSA espionne le Monde
Hamada Abou Rayan
www.armees.com/La-NSA-espionne-le-Monde.html?suite=0
3. Du satellite espion à Echelon
Thierry Lombry, Luxorion
www.astrosurf.com/lombry/index.htm
4. Futura-Sciences.Com
www.furura-sciences.com/comprendre/d/dossier492-1.php
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