Louis Latraverse est Directeur de la communication de la ville de Sorel-Tracy au Québec et Président de l'Association des communicateurs municipaux du Québec (ACMQ).
Communication politique et réseaux sociaux en France et en Belgique
La communication publique au Québec : interview de Louis Latraverse
1. Cercle des communicants francophones
#Itw39
« Au Québec, il est impensable d’utiliser en communication publique
des anglicismes et des emprunts à l’anglais »
Louis Latraverse est Directeur de la communication de la ville de Sorel-Tracy au Québec et
Président de l'Association des communicateurs municipaux du Québec (ACMQ).
Au regard de votre connaissance du monde francophone, quelle est LA spécificité de
la communication publique au Québec ?
Louis Latraverse (L.L) : Le Québec est un territoire six fois grand comme la France. Près de
80 % de la population urbaine vit sur 10 % du territoire et 20 % de la population est dispersée sur
90 % du territoire. Le Québec compte 1110 municipalités dont la majorité (721) compte moins
de 2 000 habitants, 285 ont entre 2000 et 10 000 h, 59 entre 10 000 et 25 000 h, 35 entre 25 000
et 100 000 h et 10 de plus de 100 000 h. Parmi ces 1100 municipalités, 45 regroupent plus des
deux tiers de la population. Tous ces chiffres pour illustrer que pour le tiers de la population la
communication publique est prise en charge par les Municipalités régionales de comté
(l’équivalent des communautés d’agglomérations) et les gouvernements supérieurs alors que
pour les autres, la communication publique est assurée principalement par les villes que l’on
désigne comme les gouvernements de proximité.
Présentement, un projet de loi à l’étude (appelé « projet de loi 122 ») guidé par une volonté de
transparence risque d’avoir un impact majeur sur la communication municipale en rendant
obligatoire le mise en ligne de toute la réglementation, les décisions, les rapports, salaires,
comptes de dépenses, etc. Cela représente une véritable mise à nu de l’appareil municipal, élus et
employés compris. L’Association des communicateurs municipaux du Québec (ACMQ) n’est
pas contre la vertu, mais s’interroge sur l’application de cette loi et sur l’impact qu’aura la
circulation de ces données sur les réseaux sociaux.
Le Québec œuvre sans relâche pour la valorisation de la langue française. Comment
cela se traduit-il en matière de communication publique ?
(L.L) : Comme cela a été expliqué lors du récent forum Cap’Com, il est impensable au Québec
d’utiliser des anglicismes et des emprunts à l’anglais dans la communication publique, surtout à
l’écrit. Un « branding » comme OnlyLyon est impensable au Québec. Ce qui ne veut pas dire
pour autant que l’utilisation de l’anglais ne gagne pas du terrain dans la sphère de la publicité
privée, principalement par l’utilisation de chanson en anglais.
Auriez-vous 2 ou 3 exemples de campagnes de communication lancées au Québec et
que vous avez trouvées particulièrement réussies ?
(L.L) : En matière de communication municipale, l’ACMQ décerne des Plumes d’excellence
pour les meilleures initiatives. Vous pouvez consulter les lauréats des dernières années en
cliquant sur les liens ci-dessous :
http://vivedmv.com/
http://www.stbruno.ca/ruches
2. Aujourd'hui, en France, la communication publique passe majoritairement par les
outils numériques. Est-ce également le cas au Québec ? Les communicateurs publics
utilisent-ils beaucoup Twitter, Instagram, Tumblr, Snapchat, Périsocope dans leur
travail quotidien ?
(L.L) : Au Québec, c’est Facebook qui est omniprésent dans la vie des citoyens et qui est le
principal réseau social utilisé. Twitter est utilisé par les leaders d’opinion et les journalistes mais
pas par le grand public.
Au Québec, quel est en général le statut des professionnels de la communication
publique ? Les communicateurs publics du Québec disposent-ils d'un code de
déontologie ?
(L.L) : Les membres de l’ACMQ sont des fonctionnaires qui n’ont pas de rôle politique. Ils sont
donc à l’abri des changements de garde lors des élections municipales. Les municipalités de
100 000 et plus ont du personnel politique, mais ils ne peuvent pas faire partie de notre
association à cause de l’aspect partisan de leur travail. Vous trouverez notre code d’éthique en
suivant le lien suivant : http://www.acmq.qc.ca/assets/pdf/Code_ethique.pdf
Vous êtes Président de l'Association des communicateurs municipaux du Québec
(ACMQ). Quel est l'objectif de cette association ?
(L.L) : L'Association des communicateurs municipaux du Québec (ACMQ) regroupe les
professionnels de la communication qui travaillent pour une ville, un arrondissement, une
municipalité régionale de comté, un centre local de développement, une conférence régionale des
élus ou pour tout autre organisme para-municipal. Le mandat de l'ACMQ consiste
principalement à développer les compétences de ses membres en matière de communication
publique.
Sa mission est de :
- servir de lieu d’échange et de rencontre entre les responsables de la mise en place et du
fonctionnement des mécanismes de communication municipale relatifs à l’information,
aux relations publiques et à l’accueil;
- servir de véhicule et de porte-parole de ses membres auprès des institutions et des
personnes de la communauté québécoise;
- appuyer les efforts des gouvernements municipaux du Québec soucieux d’établir des
moyens de communication favorables à l’évolution de la démocratie municipale;
- fournir à ses membres et à leurs invités les services de toute nature en relation avec les
buts de l’Association.
Depuis 1978, l’Association permet aux communicateurs municipaux de se rencontrer lors de
sessions d’information et de formation afin de parfaire leurs connaissances et d’échanger sur
l’évolution constante de leur profession.
L'Association compte 250 membres.
Actuellement, nous travaillons sur la rédaction d’une version actualisée du Guide la
communication municipale au Québec ainsi que sur l’impact du projet de loi 122 (projet évoqué
à la question 1) sur la communication municipale.
3. Vous allez participer à La Route de la Com' lancée par le Cercle des communicants
francophones. Pensez-vous que nous devons tous apporter notre pierre à la
consolidation de la Francophonie ?
(L.L) : Tout à fait, considérant l’impérialisme culturel anglo-saxon et les effets de la
mondialisation, la Francophonie est une richesse du patrimoine humain que l’on doit protéger au
nom de la diversité, d’où l’on vient et de ce que nous sommes. Le langage structure la pensée et
la pensée guide nos actions, agissons pour la Francophonie
Interview réalisée par Damien ARNAUD (@laCOMenchantier) en mars 2017
Le Cercle des communicants francophones (le CCF) vise à
faire progresser la communication publique, la
communication politique et le marketing territorial dans le
monde francophone. C’est un espace de dialogue, de
partage d'expériences et de valorisation de tous.
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