1. « Free Culture », « Remix
Culture » et la mutation du
concept d’auteur et de son
œuvre, dans l’univers des
réseaux…
par Elsa Deliyanni
Professeur Associée
Département de Journalisme et de Communication – Université Aristote de
Thessalonique
2. Remarques préliminaires:
qu’est-ce le droit d’auteur?
• Un monopole d’exploitation accordé à l’auteur
d’une œuvre de l’esprit, permettant de contrôler
le marché de son œuvre (pouvoir d’autoriser ou d’interdire toute
exploitation de son oeuvre),
• Il est librement transmissible par voie
contractuelle,
• Il est assorti de privilèges d’ordre moral (non
transmissibles) qui visent à protéger la
personnalité de l’auteur, dont l’empreinte est
portée sur l’œuvre en question
3. Le problème:
La contestation contemporaine du droit d’auteur
Reproches Contestation… par qui?
• Extension abusif du Par les usagers de l’Internet et
monopole d’exploitation des réseaux, en général
• Restrictions de l’accès à
l’information Par les créateurs et les
• Obstacles à la liberté
artistes, mêmes,
artistique d’appropriation
⇒ obstacles à la création
lesquels il est censé
protéger !!! (le domaine
• Barrière à la production public dont ils tirent leur
artistique, politique et inspiration, se rétrécir
sociale de sens et considérablement.
d’information, dans une
« Société de
Communication»!
4. En fait, les auteurs, les artistes et les
usagers contestent le capitalisme et la
mondialisation, et le modèle économique
qu’il est convenu d’appeler
«Economie Mondiale du Savoir ».
Dans ce contexte, le droit d’auteur constitue
plus une hégémonie d’intérêts financiers,
qu’une institution humaniste qui protège les
auteurs et les artistes (entrave à leur liberté
de création).
5. Mutations provoquées par les TIC
et les Nouveaux Médias Interactifs.
• Dématérialisation des supports
• Malléabilité extrême des contenus
• Possibilité de produire de copies
« clones » des œuvres, susceptibles
d’être stockées dans des mémoires
d’ordinateur, et de circuler dans les
réseaux, sans perdre leurs qualités
initiales (Toute perception d’une œuvre,
commence et se termine par la production
d’une copie clone)
6. Conséquences
Réaction de l’l’industrie culturelle
-Risque de perte de contrôle sur le marché des œuvres
-pressions exercées auprès des autorités compétentes
-adoption de mesures garantissant mieux ses intérêts.
Résultat
-La légitimité du monopole, ainsi que sa compatibilité -par
rapport au principe de proportionnalité- sont contestées.
-L’équilibre entre le domaine réservé à l’auteur et le
domaine réservé au public et aux créateurs potentiels
perturbé.
Réaction du public, des artistes et des auteurs
- «Remix culture »,
- Movement de « Free culture ».
7. Par ailleurs…
• Bouleversement sans précédent du
système de production de reproduction et
de diffusion de la culture, en général.
• Impacts sur l’économie et la philosophie
du droit d’auteur: mutation de l’identité de
« l’auteur » d’une œuvre et, donc, du
« sujet » de la protection du droit d’auteur
9. A. Définitions
• Copyright et Copyleft (jeu de mots opposant droite et
gauche): copyright illustre l’hégémonie des intérêt
financiers dans le domaine de la culture, copyleft, illustre la
liberté de l’échange, d’utilisation et d’appropriation des
œuvres.
• Free Culture: le mouvement d’art libre initié par Lawrence
Lessig, fondé sur le partage des œuvres, et sur la
dimension collective du champ artistique, qui s’oppose au
modèle « propriétaire » de la culture.
• ‘Remix culture’, la culture des créateurs non
professionnels, qui ne se contentent plus d’être des
simples récepteurs de contenu, et, qui exigent, un droit
large de s’approprier des contenus protégés (cut, copy,
paste, sample etc.) de les assortir, de les compiler (remix,
mashup) à l’aide, notamment, de la technique.
10. B. Les origines du « copyleft » de « free
culture » et « remix culture »
Copyleft s’est développé d’abord, dans les
années’80, dans le domaine des programmes
d’ordinateurs, lors des, premières revendications
de la liberté d’accès au « code source » du
logiciel, ce dernier n’étant plus fourni, afin
d’empêcher la production de copies serviles de
celui-ci, à une époque où le logiciel devenait un
produit de masse, capable de fonctionner sur un
nombre indéfini d’ordinateurs. Il s’est étendu, par
la suite, au tout début de l’an 2000, dans le
domaine des arts.
Il met en exergue le travail collectif, ainsi que le
besoin de partage des connaissances.
11. C. Les nouveaux outils et techniques au
service de remix culture.
La question qui se pose est savoir, si, et à quelle mesure,
les auteurs doivent bénéficier d’une liberté illimitée de
s’approprier des œuvres déjà créées, en empruntant des
éléments de celles-ci, en vue de créer des œuvres
nouvelles.
Dans la mesure où, la technologie nous permet de
percevoir et de manipuler le contenu protégé, est-ce
juste que la loi vienne nous interdire cette possibilité?
N’est-ce pas une entrave excessive à notre droit de
participer librement à la « Société » dite de
« l ’Information » et aux bénéfices de celle-ci que l’on
nous a promis?
N’est-ce pas une entrave à notre liberté artistique?
12. Mashups
• Le mashup est un « remix », sonore ou
audiovisuel (video – website) qui remixe et
combine du contenu provenant de
sources differentes en vue de produire
une œuvre nouvelle et originale.
• Les mashups donnent la possibilité aux
internautes d’utiliser le matériel- le
contenu d’une façon crtéative.
13. Sampling en particulier
• Le mashup n’est pas un processus nouveau . Il
a existé depuis longtemps. Ses origines se
retouvent dans la musique hip-hop.
• Sampling, est un mashup sonore: il consiste
plus particulièrement, dans le « remix » et la
compilation de deux ou de plusieurs chansons,
en vue de produire une nouvelle, contenant les
éléments des chansons préexistantes.
• = music sampling où, dans le mumérique,
«digital sampling».
• logiciels qui facilitent ce processus;
14. Video mashups
Des examples de video mashups:
• Prendre des éléments du thriller classic de
Stanley Kubrick, « The Shining » le mixer
avec des séquences d’un film qui présente
une famille heureuse, qui s’aime.
• Prendre le thriller Jaws de Steven
Spielberg, lui ajouter des chansons
d’amour, et créer un film d’amour «Must
Love Jaws ».
15. Internet website mashups
• On peut trouver un grand nombre de website
mashups sur Internet.
• Il consiste à emprunter du contenu « live » d’un
website et le compiler avec celui d’autres sites.
• Exemple: prendre des données sur le traffic à
partir d’un site et les compiler avec les plans de
villes de Google, en vue de produire le traffic en
temps réel d’une ville sur des plans virtuels.
16. Hypertexte
• L'hypertexte, selon Le petit Robert, c'est un «procédé
permettant d'accéder aux fonctions ou informations liées
à un mot affiché à l'écran en cliquant simplement sur ce
mot»
• Les liens hypertextes ont deux aspects: l'un est visible,
comme par exemple et l'autre caché dessous, comme
par exemple. La partie visible ne sert qu'à titre
d'information visuelle pour le lecteur: c'est la partie
invisible qui contient l'information permettant d'accéder
aux autres sites.
• Un lien n'est pas composé uniquement de textes mais
peut également être composé d'images, de sons, etc.:
en ce cas, on parle d'hypermédia
17. Hypertexte (suite)
• Cette capacité de créer des liens, tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur, d'un document
et permettre l'organisation non linéaire
d'un texte, permet à l'usager -c'est du
moins le sentiment qu'il en a, d'explorer et
d'assimiler l'information suivant son propre
cheminement.
18. Interactive art
• Interactive art constitue un phénomène relativement récent.
• S naissance coincide avec Sis a very recent phenomenon. It is still
in its infancy. It will take a long time for
• it to mature as an Artform
• has coincided with the vogue for concepts such as "interactive
• media" and "interactive games",
Interactive art is the latest manifestation of the "death of the author".
The "interactive artist" is
• merely a context-maker, who provides the basic incredients, sets up
the situation, and then
• disappears. The spectator-turned-into-the-user provides the
meanings, in a sense creates the
• work at the moment of the interaction
20. A. Remise en cause de la philosophie et de
l’économie du système de protection fondé
sur la propriété »
• Remise en cause de la philosophie (et de l’économie)
utilitariste du système « copyright » en tant qu’incitant
à la création (pas de création sans espoir d’une
rémunération).
• Prédominance du principe de communication et de
partage des connaissances et de la culture au sein
d’un modèle économique de don (exemple Linux).
Une conception différente de la notion de « progrès»
dans les deux systèmes.
• Dans ce contexte, une toute autre figure d’ « auteur »
émerge, assumant un nouveau rôle dans la société.
21. B. Remise en cause du concept
traditionnel d’auteur
• En conséquence: on s’éloigne bien de la
conception romantique de l’auteur qui vit de son
art et pour son art,
• Dans le cadre du mouvement de « free culture »
l’auteur dissimule volontairement son rôle
prépondérant dans la création de l’œuvre. Il
s’efface discrètement au profit de la création
collective, et de l’enrichissement de la société.
Sa figure et son rôle s’apparentent plus des
analyses de Barthes et de Foucault
22. C. Les caractéristiques de l’auteur
post-moderne (l’auteur, l’œuvre, l’utilisateur et le processus de
création: l’apport des analyses de Barthes et de Foucault)
1. Déconstruction des notions d’auteur et d’œuvre:
« C’est le langage qui parle ce n’est pas l’auteur»… =
l’oeuvre devient texte, un tissu de citations… =
nature évolutive du texte qui est ouvert au lecteur,
modifiable à l’infini.
Cette approche fait rompre l’unité de l’œuvre et abolit, en
même temps, la distance qui sépare l’auteur à
l’utilisateur (lecteur) de celle-ci:
dans ce contexte, l’auteur perd l’autorité absolue sur son
œuvre et le lecteur, de son côté, assume un rôle actif
dans la création -la production- de celle-ci.
23. 2. L’identité de l’auteur, en particulier: d’un
auteur source unique de l’œuvre…
• La théorie de l’auteur, sur laquelle le droit
d’auteur classique est fondé, considère l’auteur
comme « source » unique de l’œuvre.
• L’unité de l’œuvre résulte de l’unité de sa
source, et cette philosophie est exprimée dans
la phrase clé du système du droit d’auteur
définissant le concept d’originalité: « est
originale une œuvre qui porte l’empreinte de son
auteur » (l’originalité constituant la condition sine
qua non pour la protection d’une œuvre).
24. …à un auteur « fondateur de discursivité »
• Les analyses de Barthes (l’auteur est mort) et de
Foucault (il faut réévaluer la fonction auteur) font
éclater cette unité de la source de l’œuvre
L’identité d’auteur qui émane de ces analyses,
est tout à fait différente:
• Un auteur qui perd l’autorité absolue sur son
texte, puisque le texte est ouvert au lecteur –un
lecteur actif qui peut le modifier et créer son
propre texte portant un message distinct…
• Un auteur qui constitue plus un initiateur de
discours, un « fondateur de discursivité ».
25. …reflétant mieux l’espace de création qui se
profile dans les réseaux
• Or, cet image précité du processus de création
et des rapports entre auteur et utilisateur, reflète
exactement le processus de création et
d’échange des œuvres, et des contenus créatifs
qui a lieu actuellement au sein des réseaux.
• La question se pose, donc de savoir, si les
principes du mouvement de « free culture » ne
conviennent pas, mieux que le « copyright »,
l’espace contemporain (post-moderne) de
création.
26. Perspectives
• Un système alternatif de protection: les « Creative
Commons », ayant pour base le droit d’auteur a été mis
sur place.
• Conditions d’appropriation des œuvres au sein du
système traditionnel: le statut particulier des œuvres
dérivées / les exceptions au droit exclusif / les questions
de droit moral.
• (Pas de règle générale dans la législation sur les
conditions d’appropriation - jugée au cas par cas).
• a) L’affaire « Dean Gray »
• b) L’affaire du “Gray album » (« mash-up » à partir du
« White Album » de Beatles).