Impacts des sondages d'opinion sur les elections ezzeddine mbarek
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IMPACTS DES SONDAGES D’OPINION
SUR LES ELECTIONS
Ezzeddine MBAREK
LES SONDAGES :
Ce sont des techniques statistiques utilisées pour collecter des données sur un sujet particulier et ce à partir d’un échantillon dont la taille est très faible par rapport à la taille de la population de référence. Le gain en temps et en argent est considérable sans pour autant perdre beaucoup au niveau de la précision quant aux résultats réalisés. L’extrapolation des résultats au niveau de la population mère est possible si on a bien choisi l’échantillon. Les deux méthodes exigées pour arriver au but souhaite sont :
- Méthodes aléatoires : qui nécessitent l’existence d’une base de
sondage pour pouvoir sélectionner les individus à enquêter comme le sondage aléatoire simple, le sondage stratifié, etc. ;
- Méthodes empiriques : qui sont guidées selon un choix
raisonné.
La méthode la plus utilisée s’appelle la méthode des quotas. Elle se base sur des proportions en effectifs compte tenu de certains critères ou variables comme le sexe, l’âge, la CSP, etc. C’est un échantillon représentatif de la population à travers des quotas à respecter au moment de l’enquête. C’est la méthode la plus utilisée en sondage d’opinion : coût faible (ne nécessite pas un plan de sondage), très pratique (grande liberté pour le choix des répondants), etc.
L’OPINION PUBLIQUE :
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En politique, l’opinion publique c’est à dire l’attitude de la population et en particulier les électeurs potentiels constitue une donnée fondamentale pour les politologues et les gouvernants. C’est une notion assez vague et peu saisissable d’une manière quantitative puisqu’elle entre dans le domaine du comportement et de l’intention. C’est en quelque sorte une agrégation des attitudes individuelles envers un sujet proposé à un moment donné. Cette opinion publique varie constamment d’un moment à l’autre sous l’effet de plusieurs phénomènes et contraintes. Les sondages comme les médias peuvent l’influencer et l’orienter et la manipuler via un jeu de rapport de forces mis en place dans la société (certains auteurs pensent en ces termes).
LES SONDAGES D’OPINION :
Ce sont les sondages de type plutôt empiriques en suivant la méthode des quotas auprès d’un échantillon de faible taille (quelques milliers) et en prenant comme critères pour les quotas : le sexe, l’âge, la catégorie socio-professionnelle (CSP), le revenu moyen, le milieu (urbain, rural). Ils sont utilisés pour mesurer l’opinion ou l’attitude de la population relative à un sujet donné comme le résultat attendu d’un scrutin électoral par exemple. Dans les pays démocrates comme les Etats-Unis d’Amérique ou l’Europe, cette pratique est très courante malgré les vives discussions et commentaires dans les médias. Les premiers sondages représentatifs remontaient déjà à l’année 1935 aux USA publiés par l’institut fondé par George Horace Gallup. En France, Jean Stoetzel a créé en 1938 l’institut français de l’opinion publique (IFOP).La création des instituts de sondage d’opinion est corrélée avec l’avènement de la démocratie et de la liberté d’expression. En effet, dans cette ambiance que les gens ordinaires puissent donner leurs avis sur les affaires publiques et peuvent alors influencer les décisions des gouvernants. Certains
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pensent en ce sens que les sondages d’opinion et en particuliers les sondages d’affaires publiques renforcent la démocratie. D’autres pensent que les sondages d’opinion augmentent le pouvoir de la classe dirigeante à travers le maintien de l’illusion et du mensonge que le peuple est aux commandes. La question fondamentale se pose alors au niveau de l’honnêteté des gouvernants et de leur attitude réceptive pour rectifier les politiques contestées ou gouverner autrement.
LES SONDAGES PREELECTORAUX :
Ce sont des sondages d’opinion qui sont réalisés au moment des compagnes relatives aux élections législatives, présidentielles et municipales. La question fondamentale posée est la suivante : les sondages d’opinion préélectoraux ont-ils un impact positif ou négatif sur le résultat attendu des élections ? Encore une fois de plus, les discussions qui sont très vives sur ce sujet, sont partagées entre deux tendances. Certains pensent qu’ils ont un effet négatif sur la participation des électeurs aux votes puisque les résultats sont connus d’avance et on ne peut rien changer (le sondage constitue un référendum) surtout si les écarts sont importants. Par contre, si les écarts sont serrés, la participation des électeurs aux votes sera grande (mobilisation intense).Les sondages électoraux inciteraient également les électeurs indécis à voter pour le candidat qui est en avance dans les sondages (effet bandwagon) ce qui pourrait nuire à la démocratie. Pour François Pétry (2011), il pense comme le cas d’autres auteurs ‘’D’une manière générale, les effets mobilisateurs et démobilisateurs de la lecture des sondages s’annulent mutuellement de telle sorte que l’effet net est faible’’. De ce fait et surtout pour les démocraties stables et enracinées, la participation électorale semble peu affectée par les sondages préélectoraux. De même, des recherches faites au Canada ont montré que l’effet bandwagon est
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rarement observé ce qui ne justifie pas l’interdiction de la publication des résultats des sondages d’opinion avant le scrutin.
LES SONDAGES D’OPINION ET LA DEMOCRATIE NAISSANTE :
Les grands vrais dangers qui guettent la démocratie naissante ou émergente comme le cas de la Tunisie sont les groupes d’influences et le manque de confiance entre le peuple (et surtout les jeunes) et les partis politiques et les gouvernants.
Les groupes d’influences qui disposent d’énormes potentiels d’argent et de moyens de pression peuvent orienter significativement l’opinion publique et les résultats du scrutin attendu en manipulant les médias en place et en mettant des pressions sur les instituts de sondage pour qu’ils posent des questions ciblées et publient des résultats dictés, biaisé et montés de toutes pièces. La technique des sondages d’opinion a démontré sa fiabilité quant aux résultats des intentions de vote dans les pays démocrates et pour une longue période comme le montre G. Gallup dans son article intitulé ‘’Sondages d’opinion et démocratie’’ (1939) surtout en se basant sur un échantillon représentatif et bien mené. La marge d’erreur observée est relativement faible ne dépassant pas les 5 %. Il est alors admis que les sondages d’opinion préélectoraux n’ont qu’une faible influence sur les résultats des votes. Les résultats des votes sont plutôt influencés par d’autres phénomènes comme les groupes d’influences, l’argent, l’abstention massive, le manque de confiance envers les partis politiques, etc. La manipulation des électeurs potentiels est une monnaie courante dans l’ère des démocraties naissantes en l’absence des institutions crédibles qui peuvent mettre en place des règles de jeux transparentes et en présence des moyens de pression sur les individus en période de crise, de forte pauvreté et un grand chômage. Les problèmes
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politiques, sociaux et économiques post révolutionnaire influenceront sans aucun doute les résultats dans une période de transition vers une démocratie naissante. Les sondages d’opinion techniquement neutres ne peuvent que renforcer la démocratie naissante à travers la participation des gens ordinaires et s’il y ait manipulation c’est à cause des interventions des effets externes comme les partis politiques ou les groupes d’influences.