Mairies communes du Pays de Fouesnant -php a-hujem
Mairies communes du Pays de Fouesnant -dw9cvj
1. RenéBLEUZEN
Contribution à l'histoire de Perguet
La commune de Bénodet est née le
15 mars 1878, par décret du Maréchal de
Mac Mahon, président de la République
française. Jusqu' à cette date, elle s’appelait
Perguet,
avant d'avoir été Berc'het,
qui est la
forme bretonne de Brigitte,
la sainte irlandaise à laquelle est dédiée son
église. C'est aussi ce nom de Berchet que
mentionne la carte de Bretagne du premier
atlas français publié en 1590 « avec
privilège du Roy ».
L’église de Perguet est réputée être
l'un des plus anciens édifices religieux de
la région. Plusieurs historiens datent la nef
du XII e siècle; Roger Grand, spécialiste de
l'architecture romane, la ferait même
remonter à la fin de l’époque
carolingienne.
Il est donc possible que l’église de
Perguet existait dès le début du deuxième
millénaire. Nous ne disposons cependant
de documents concernant le passé de la
paroisse qu'à partir du début du XIII e
siècle: un inventaire des biens de l’abbaye
augustinienne de Daoulas fait état d'un acte
de l'évêque de Quimper Raynaud, daté de
1231, par lequel Eudes de Fouesnant, ses
frères Rivoallon et Alain ses neveux
Robert Morvan, Eudes Grallon, Guy et
David, fils de Geffroy Guy, Grallon
Kerscoed et son épouse, donnent les dîmes
qu'ils levaient sur la paroisse de Perguet à l'
église Saint Thomas martyr bâtie à
Bénodet. L’évêque, avec le consentement
de son chapitre, donnait Bénodet et toute la
paroisse de Perguet à l'abbaye de Daoulas,
à condition que celle-ci se charge du
service divin dans l’église de Bénodet, et
que ses moines prient pour les donateurs. Il
est mentionné par ailleurs, dans l’énumération des biens de l'abbaye de Daoulas,
que « Perguet-Bénaudet est un prieurécure à trois lieues de Quimper, possédé
par un séculier et dont les bénéfices
dépendent de l'abbaye de Daoulas, du
diocèse de Quimper ».
Bénodet, asile ecclésiastique.
Arthur de La Borderie, membre de
l'Institut,
note dans 1 'histoire de
Quimper un fait curieux en l’année 1232 :
Le port de Saint- Thomas, en Bénodet,
était un véritable asile religieux où l' on ne
pouvait arrêter ni les hommes ni les
navires; nous voyons le sénéchal de
Cornouaille contraint par le tribunal
ecclésiastique de Tours de transiger assez
piteusement devant le prieur de l'abbaye de
Locmaria pour avoir enfreint ce privilège.
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2. Le 10 mai 1442, un testament de
Jacques, seigneur du Fou et Téphaine de
Saint Just, sa femme, fonde une messe à
perpétuité, chaque semaine, en l'église
Notre-Dame de Daoulas avec, pour
dotation, une donation du Duc de Bretagne
en la paroisse de Perguet du manoir de
Penanquernech et le village de Penfoul,
plus 10 sols d ' acquêt sur les terres de
Guillaume Isaac, du dit village de Penfoul.
En juillet 1575, on note une
transaction entre Alain Maucazre, prieur de
Bénodet, et les détenteurs de dîmes sur des
biens à Plougastel et à Loperhet : ces
derniers s’obligent à payer à l’abbaye de
Daoulas ces dîmes à la 18 ème gerbe.
De même source, nous apprenons
les noms de plusieurs prieurs qui se sont
succédé à l'église Saint-Thomas au cours
du XVI e siècle. Le 31 décembre 1506,
c'est la démission de Guillaume Kervéou,
prieur
commandataire,
remplacé
provisoirement par Louis Le Louet. En
1507, ce dernier permute avec le premier
nommé pour le prieuré de Saint- Thomas
de Landerneau. En 1535, François
Duduyer est prieur. En 1541, c'est Jean
Crédou, qui fait une résignation pour Yves
Le Coz. Sont également cités Guillaume
Jehan, Jean Lotz, Hervé Cann présenté par
l'abbé Jean Prédour, frère Alain de
Maucazré déjà cité, frère Hervé Rodellec,
frère Ollivier de Coataudon, Guillaume
Kerouatz.
Ces documents donnent la certitude que,
durant plus de quatre siècles, il y eut à
Perguet un recteur, une église paroissiale
avec un presbytère et un cimetière, tandis
qu’à Bénodet le service religieux était
assuré par des moines de Daoulas, logeant
peut -être dans un bâtiment situé à
l’emplacement de l’actuel hôtel « l’Ancre
de Marine ». L'administration, nous dit-on,
était collégiale, mais, nous l'avons vu, le
produit des dîmes revenait aux moines,
tout au moins celles qu'il est convenu
d'appeler « dîmes laïques » ou
encore
«dîmes inféodées », perçues habituellement par le seigneur tenant du fief.
La famille « de Fouesnant » est
depuis longtemps éteinte, après avoir
connu son heure de notoriété. Nous
ignorons malheureusement à peu près tout
de son histoire, tant de ses origines que des
circonstances de son extinction. Elle
blasonnait « de sable à l'aigle impériale
d'argent becquée et membrée de gueules ».
Ces armes figuraient en supériorité dans la
maîtresse vitre de l’église de Perguet
jusqu'en 1998 où l’architecte des
Bâtiments de France a fait déposer le
vitrail pour sa recomposition. On peut
légitimement penser que cette aigle est
celle de la seigneurie de Fouesnant toute
proche. Mais elle peut tout aussi bien
appartenir à la seigneurie de Bodinio, dont
les origines sont d'ailleurs tout aussi
obscures. Notons encore que cet écusson
était entouré de deux autres figures
héraldiques disposées symétriquement,
«d'azur au
lion d'argent armé et
lampassé de gueules », attribuées à la
seigneurie du Juch.
En ce qui concerne l'église SaintThomas, on peut s'interroger sur la
nécessité d 'une seconde église dans la
paroisse. Sans doute l’activité grandissante
du port a-t-elle entraîné le développement
de sa population, tandis que le « hâvre » de
Bénodet était une escale obligée pour les
navires de fort tonnage qui ne pouvaient
remonter l'Odet jusqu'à Quimper que par
marées assez fortes.
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3. Il fallait bien prévoir, pour les
équipages aussi, les secours de la religion.
Et l'église de Perguet se trouvait tout de
même à une lieue et demie par de mauvais
chemins...Nous verrons plus loin qu'une
conséquence de la construction de la
nouvelle église a été le partage de la vie
religieuse dans la paroisse en deux pôles.
Les premiers renseignements sur la
population de Perguet sont fournis par les
registres connus sous le nom de B.M.S.
(baptêmes, mariages, sépultures), dont la
tenue incombait aux prêtres de la paroisse.
Le plus ancien de ces registres, conservé
aux
Archives
Départementales
du
Finistère, a été ouvert en 1681 par Messire
Jan Collin, recteur, un peu avant l'époque
où les moines de Daoulas ont quitté
l’église Saint- Thomas. Mais la collection
de ces registres est incomplète: si le
premier a donc été ouvert en 1681, ceux de
1682 à 1700 font défaut.
Un examen de ces registres est
historiquement intéressant puisqu' on y
trouve les noms des familles et celui des
lieux qu’elles habitaient, dont certains ont
d' ailleurs disparu. Il arrive aussi qu'y
soient mentionnés des événements
insolites, mais les registres de Perguet ne
sont pas à classer dans la catégorie de ceux
que l'on qualifie de « bavards ». On peut
même accuser le clergé de l’époque de
négligence : manque de rigueur dans la
rédaction des actes, où parfois font défaut
la date, le domicile, les liens de parenté,
etc... Plus grave encore, sur le registre
délivré le 21 février 1701 par Charles
Lohéac, procureur du Roy a Concarneau,
le premier acte qui figure est celui du
baptême de Marie Le Lure en date du 1 er
janvier, et les pages suivantes mentionnent
des baptêmes et enterrements du mois
d'octobre 1700 !
Nous nous bornerons à survoler les
registres de la fin du XVII e et du début du
XVIII e siècles, en respectant l’orthographe
des noms de famille et des lieux-dits (dans
la mesure où l’écriture en est lisible!).
Première constatation, les sacrements
étaient administrés et le culte exercé à
Perguet ou à Bénodet selon l'acte, le
domicile de la personne, et parfois le rang
social de celle-ci. A de très rares
exceptions, ces actes ne sont signés que du
prêtre qui les enregistre, ce qui témoigne
de l'analphabétisation de la population.
L'enregistrement des baptêmes,
mariages et sépultures, devenus actes de
naissance, mariage et décès, permet aussi
de constater que « Bénaudet » comptait
déjà des habitants de classes sociales bien
différentes; que le port, comme tous les
ports, pouvait être le théâtre de rixes où
l'on jouait du couteau
Les baptêmes
Ils sont tous faits dans l’église «
paroale » (abréviation pour paroissiale.) de
Perguet. L'intérêt de leur évocation est de
découvrir les prénoms de
l’époque, les
noms de famille, les noms de lieux.
Le registre ouvert en 1681, après
toute une série de bénédictions nuptiales,
mentionne à la date du 15 mai le baptême
de Janne Le Picard dont les parents sont
«ménagers» à Kerviorn. En cours d'année
suivent, Guillemette Fiou (Riou ?) ;
Magdelaine Collin, de Kerguill ;
Magdelaine Stéphan, de Trou ar dao ( ?) ;
Jan Quilfen dont les parents sont ménagers
à Kercariou ; Janne Fontennet, et plusieurs
autres dont le déchiffrement est hasardeux.
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4. Trois baptêmes au cours de l’année
1681 attirent l’attention par le soin
inhabituel apporté à leur rédaction les
noms des parents, parrains et marraines qui
signent.
Voici d'abord le baptême de «
Marie, fille de noble homme François de
Fraize, sieur de Montigny, chirurgien, et de
Janne du Guay son épouse, demeurant au
bourg de Bénodet. Parrain et marraine ont
été hauts et puissants seigneurs Messire
François de Kergroadès, seigneur marquis
du Kergroadès, et Dame Marie de SaintGeorges, dame des Bois Geffroy de
Kermorus... »
En 1681, le 12 septembre, deux
autres baptêmes :
Celui de « Janne, fille de Maître Thomas
Blouet et de Magde-leine Collin son
épouse, demeurant au manoir de Goérec.
Parain et marainne ont estez discret
Missire Jan Collin recteur et prieur
commandataire de Perguet et Bénodet, et
damoisselle Janne Ramon, dame de
Kerlonder... »
On peut faire un rapprochement
entre le nom du manoir de Gouérec et celui
que nous connaissons sous le nom de
Vouérec. N’est occupé par une dame dont
le nom de famille est aussi celui du recteur,
par ailleurs parrain. Le presbytère de
Perguet qui, à l’époque de la Révolution se
trouvait au Vouérec, y était-i1 déjà cent
ans plus tôt ?
Autre remarque: le recteur de
Perguet affiche sa qualité de « prieur
commandataire » de Bénodet. On peut en
déduire que les moines de Daoulas avaient
déjà quitté les bords de l'Odet, bien avant
la date de 1690 considérée comme
généralement admise.
Ce même jour, le recteur Jan Collin
baptise Catherine, fille de Maître BIaise le
Jametel et de Thomine Blaize sa femme...
Vingt ans après, le même recteur
Jan Collin, cette fois assisté d 'un nouveau
vicaire, Étienne Guillemot, entame un
nouveau registre délivré à Concarneau le
21 février 1701. Dans la suite des
baptêmes qui suivent, les bénodétois « de
souche » constateront que la plupart des
noms de famille ont perduré jusqu'à nos
jours, souvent dans les mêmes lieux-dits:
« Trois coups de cloche viennent de,
retentir au chef-lieu de la commune.
A ce signal, qui annonce la naissance
d'un petit paroissien, le curé s'est hâté
d’endosser le surplis et de passer
l'étole, puis s'est rendu sous le porche
de l’église pour y attendre le nouveau
chrétien qu'il va faire. Nous voyons le
pasteur au moment où, s’acquit tant
de son ministère, il met quelques
grains de sel consacré sur les lèvres de
l'enfant. A sa droite, le bedeau, qui
joint à ses fonctions celle de sonneur
de cloches, tient d'une main la
coquille où se trouve le sel mystérieux,
etde l'autre un cierge symbole du
flambeau de la foi... Vis a vis du curé
sont le parrain et la marraine».
BOUËT - PERRIN
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